Structure sociale et classes sociales (Docs ter

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CHAP 7 – LA STRUCTURE SOCIALE INFLUENCE-T-ELLE ENCORE LES INDIVIDUS ?
71 – COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ?
Introduction : structure sociale et classe sociale
1 – Les classes sociales, sur le plan historique, font leur apparition à la fin du XVIIIème siècle, et constituent un des effets de la
Révolution industrielle qui bouleverse l’ordre social existant. En France, la Révolution met à bas les ordres qui étaient le fondement
de la société d’Ancien Régime. La société d’ordres a été progressivement établie au cours de la féodalité et a d’abord distingué les
individus chargés de la prière (le clergé), de la guerre (la noblesse) et du travail (les paysans). […] L’organisation de la société en
termes de classes sociales signifie que ce n’est plus un statut juridique garanti par l’Etat ou la religion qui délimite l’appartenance à
un groupe social mais désormais l’activité économique exercée. Cela illustre l’importance prise par le travail dans la vie de
l’individu, comme dans son statut social. Dans la mesure où, comme le proclament les révolutionnaires français dans la Déclaration
des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), les individus naissent libres et égaux en droits, il ne saurait plus exister entre eux la
distinction d’aucune sorte a priori : ce n’est que dans la vie économique et sociale que des différences peuvent émerger. La notion
de classe sociale se propage au cours du XIXème siècle à un moment où en Europe, l’ordre social traditionnel a été souvent
radicalement remis en cause et où de nouveaux fondements de l’organisation sociale s’élaborent peu à peu.
(Source : Philippe Riutort, Précis de Sociologie, PUF coll. Précis, 2004, p398-399).
Q1 – Quelles sont les différentes sociétés qui apparaissent au cours de l’histoire européenne ?
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Q2 – Remplissez le tableau à partir du texte et du vocabulaire suivant : faible, inégalitaire, honneur défini par l’Etat ou la religion,
égalitaire en droit, fréquente, niveau des capitaux possédés
Société d’ordres
Société de classes
Critère qui hiérarchise les
groupes sociaux
Groupes sociaux en présence
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Relation entre les groupes
Mobilité sociale
Q3 – A partir du tableau, pouvez vous définir ce qu’est une structure sociale ?
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2 – Une "classe" au sens logique du terme, c'est une catégorie de gens ayant certaines caractéristiques : par exemple tous les
légumes "rouges" peuvent être classés dans une même catégorie (carottes, radis, tomates, etc.). De même un revenu de plus de
vingt-cinq mille francs par mois isole une catégorie de gens, qui peut réunir côte à côte des commerçants, des directeurs de
ministère, des grands propriétaires fonciers, des cadres d'entreprise.
Cette catégorie n'est qu'une simple classe de revenus et les gens qui la composent n'ont ni idées communes ni action
commune qui fassent d'eux un groupe social réel : c'est simplement une catégorie statistique commode. En d'autres termes, pour
qu'il y ait classes sociales, il faut qu'il y ait un regroupement de groupes sociaux réels et que ce groupement manifeste son unité de
quelque manière, que ce soit une unité d'action, si ce groupe a des intérêts communs et s'il s'organise pour les défendre ou du
moins réagit de façon identique à ces intérêts, selon sa conscience de classe ; ou bien simplement qu'il y ait une suffisante
similitude de situations pour qu'on puisse prévoir des réactions communes.
L'attribution des positions, même dans une société très rationalisée, n'est jamais une attribution purement individuelle, et les
différences entre les rôles reposent rarement sur un parfait consensus de l'ensemble de la société. Premier point : y aurait-il des
classes sociales s'il n'y avait aucune hérédité sociale ? Si le fils de médecin n'avait pas plus de chance de devenir médecin que le
fils d'ouvrier ?
(Source : H.Mendras, Eléments de sociologie, Armand Colin, 1975, pp.190-192)
Q1 – Qu’est-ce qu’un groupe social ?
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Q2 – Qu'est-ce qu'une classe sociale selon l'auteur ?
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Q3 – L'inégalité des revenus est-elle le facteur déterminant d'une classe sociale ?
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Q4 – Quels sont les critères qui permettent de définir une classe sociale ?
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Q5 – Complétez le schéma à l’aide du texte :
Classes sociales
A – L’analyse théorique des classes sociales
1 – L'analyse de Karl Marx
a) – Une conception réaliste des classes
1 – Marx développe une analyse que l’on peut qualifier de « réaliste » : les classes sociales sont des groupes sociaux réels en
conflit. Il montre que, dans la société capitaliste, les propriétaires des moyens de production et les prolétaires détenteurs de leur
seule force de travail ont des intérêts antagoniques. Pour lui les classes se définissent par une place commune dans le processus
de production, et par la conscience qu’elles prennent d’elles-mêmes au travers des conflits avec les autres classes.
(Source : F.Teulon, Sociologie et histoire sociale, PUF Major, 1996)
Q1 – En quoi Karl Marx a-t-il une conception “réaliste” des classes sociales ?
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b) – Une conception antagonique des classes
2 – Saisir en son point central la théorie de Marx, c'est comprendre sa définition de la classe : une place dans le processus de
production. L'importance de cette définition est qu'elle dit clairement ce qui définit une classe : un rapport avec d'autres classes. Ce
qui fait qu'il y a "classe", et non pas seulement des groupes professionnels avec une situation commune, c'est que les ouvriers ont
en commun d'être exploités par une autre classes sociale, la bourgeoisie. Cela revient à dire que la définition des classes n'est pas
séparable de la lutte des classes. On forcerait à peine les termes en disant que la définition des classes, c'est qu'elles sont en lutte.
L'opposition entre les deux classes peut se résumer dans l'opposition entre ceux qui n'ont pas de propriété et qui ne peuvent
vendre que leur force de travail, et ceux qui ont la propriété des moyens de production et qui s'approprient la plus-value produite
par les précédents.
Voilà le premier point ; le second tout aussi important, c'est que cette relation n'est pas stable, elle comporte une dynamique.
Le système économique se transforme, et notamment parce qu'il y a accumulation des capitaux du côté des capitalistes, et
prolétarisation des autres. Par conséquent la lutte des classes doit peu à peu s'accentuer jusqu'au point où ce système doit
finalement éclater, entraînant une révolution, et une transformation du système de classe lui-même.
Chez Marx, la classe est une notion globale qui regroupe toutes les diverses caractéristiques constitutives des inégalités. Les
modes de vie s'expliquent comme des comportements de classes, les idées sont aussi des phénomènes de classe : les idées
dominantes d'une société sont les idées de la classe dominante. De même, les phénomènes de pouvoir sont des phénomènes de
classes. Il n'y a pas de pouvoir distinct de celui de la classe sociale dominante à un moment donné. L'Etat, dans une société où la
classe bourgeoise est dominante, ne peut être qu'un Etat bourgeois, c'est-à-dire le moyen par lequel la bourgeoisie défend ses
privilèges et affirme ses droits.
Si dans certains ouvrages, Marx parle de diverses classes, alors qu'il affirme ailleurs qu'il y en a deux principales, cette
contradiction apparente est facile à lever. D'un côté, il s'agit d'une constatation de fait, alors que de l'autre, il s'agit de définir un
"modèle" dynamique d'une société. Selon ce modèle, les différents groupes autre que la bourgeoisie et la classe ouvrière, perdent
leur importance et se rattachent peu à peu à l'une ou à l'autre, soit parce qu'ils y sont effectivement englobés (par exemple, parce
que les paysans et les artisans deviennent salariés), soit parce qu'il y a une coalition autour des deux principaux groupes qui
deviennent les éléments dominants d'une lutte économique qui se transforme en lutte politique. Cette polarisation des classes est
liée à la dynamique même de la lutte : c'est la lutte qui entraîne la polarisation des classes.
(Source : Henri Mendras, Eléments de sociologie, Edition Armand Colin, Coll U, 1989, p. 183-185)
3 – A long terme, le développement progressif des rapports capitalistes voue ces groupes au déclin inéluctable. Telle est la
« loi de bipolarisation » selon laquelle la structure sociale s’achemine vers une forme simple dans laquelle ne subsisteraient
pratiquement que des représentants du capital et la masse du salariat. Sur ce point, il est évident que Marx n’a pu anticiper le
changement économique et social. S’il a bien pronostiqué le développement du salariat, il n’a pas ou peu prévu sa différenciation
spectaculaire ni prévu la résistance des travailleurs indépendants dans nombre de branches d’activité (agriculture, petit commerce,
production artisanale, services…)
« Une situation commune » rapproche les individus qui la partagent, « des intérêts communs » les rassemblent contre leur(s)
adversaire(s). Ils ne forment pas pour autant des classes « réelles ». Cette thématique est développée par Marx dans plusieurs
textes célèbres et s’applique aussi bien à la bourgeoisie, aux ouvriers ou aux paysans. Le passage de la classe virtuelle à la classe
réelle est subordonné à deux critères extra-économiques : l’existence ou la formation d’un lien social, l’auto-organisation politique
du groupe. Le passage consacré aux paysans parcellaires dans Le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte (1852) [comparés à un
sac de pommes de terre] dessine en creux les différents paliers de la réalité de classe. Les paysans constituent une classe [en soi],
dans la mesure où « les conditions économiques (…), leur genre de vie, leurs intérêts et leur culture les séparent des autres
classes de la société ». [Mais] ils n’en constituent pas une par défaut de « rapports variés » entre leurs membres, en l’absence de
« communauté ». Apparaît ici, par la négative, le critère du lien social sur lequel d’ailleurs Marx ne s’arrête pas. Ils ne forment pas
non plus une classe [pour soi] car ils n’ont « aucune liaison nationale », « aucune organisation politique ». […]
Le salariat engendre deux processus contradictoires : la concurrence des ouvriers entre eux (logique de marché) mais aussi la
coopération dans l’acte de production (logique de socialisation). La masse des travailleurs se constitue en classe à travers la lutte
économique (« même pensée de résistance coalition ») puis la lutte politique (entendue comme combat au niveau national avec
des objectifs sociétaux). A plusieurs reprises dans l’œuvre de Marx est évoquée la genèse de la classe ouvrière à travers les
tribulations de la lutte sociale et politique. Les défaites comme les victoires cimentent le groupe, lui donnent conscience de luimême, l’instituent en agent historique. Il faut ajouter que ces processus de constitution de classes ne sont pas isolés les uns des
autres : l’affirmation et le développement de la bourgeoisie, non seulement comme groupe social mais aussi comme agent
prétendant à l’hégémonie, conditionnent la formation et l’affirmation collective jouant sur plusieurs registres.
ème
(Source : Serge Bosc, « Stratification et classes sociales », 7
édition, Cursus Armand Colin, 2011, p.17-21.)
Q1 – Quels sont les trois critères qui déterminent une classe sociale selon Karl Marx ?
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Q2 – Remplissez le schéma suivant avec les termes : classe en soi, lutte des classes, conscience de classe, classe pour soi, place
dans le processus de production
Intérêts
antagoniques
Q3 – Quelles sont les deux principales classes sociales dans la société capitaliste selon Karl Marx ?
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Q4 – Pourquoi sont-elles en opposition ? Qu’est-ce que la plus-value marxiste ?
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Q5 – Quelles sont les conséquences de la lutte des classes dans l’évolution des sociétés capitalistes ?
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2 – L'analyse de Max Weber
a) – une conception nominaliste des classes
1 – A la conception « réaliste » de Marx, Max Weber oppose une vision que l’on peut qualifier de « nominaliste ». Pour lui, la
classe sociale ne correspond pas à une entité poursuivant des objectifs. Pour Max Weber, les classes sociales sont des agrégats
de personnes regroupés par l’observateur en fonction de critères logiques (approche nominaliste).
Elles ne représentent pas des groupes réels ayant une conscience de leur situation et prêts à défendre leurs intérêts
communs. Max Weber doute des possibilités de mobilisation des ouvriers contre le système capitaliste qui les exploite, parce que,
selon lui, toute société est caractérisée par la coexistence de trois hiérarchies qui correspondent à l’ordre économique (les classes
sociales), à l’ordre social (les groupes de statut fondés sur le prestige), à l’ordre politique (les partis). Même si des liens existent
entre ces trois hiérarchies, elles ne sont pas superposables. Des individus placés dans une même “situation de classe” peuvent
réagir différemment sur le plan culturel ou symbolique.
(Source : F.Teulon, Sociologie et histoire sociale, PUF Major, 1996)
Q1 – Que signifie avoir une conception nominaliste des classes sociales ?
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b) – La diversité de la stratification sociale
2 – En premier lieu, Max Weber cherche à donner une définition strictement économique de la situation de classe, en disant
que c'est la chance caractéristique pour un individu d'accéder aux biens. Autrement dit, le point de départ de Weber, c'est une
situation économique individuelle. Les individus, du fait de leur famille, de leur profession, des capitaux qu'ils possèdent, de la
région où ils habitent, ou de toute autre cause déterminante, ont des chances inégales, différentes, d'accéder aux biens. Ces
différences définissent des situations de classe différentes. La classe définie par Max Weber représente simplement des bases
possibles, fréquemment utilisées pour une action commune. Des gens dont la situation est commune peuvent prendre conscience
de cette situation et organiser une action commune. [...]
On peut donc parler de luttes de classes (au pluriel), à condition qu'il n'y ait pas seulement des intérêts de classes définis
objectivement, mais aussi une prise de conscience des intérêts. Pour Marx au contraire, c'est parce qu'il y a lutte que les classes
se définissent. Pour Weber, c'est parce qu'il y a une situation de classe sur le marché qu'il peut y avoir lutte de classes et ces luttes
se transforment avec l'évolution économique. [...]
La deuxième ligne d'analyse concerne ce que Weber appelle les status. Nous avons employé ce terme au sens beaucoup plus
général de position globale, notion liée à celle de rôle. Pour Weber, le status désigne une place dans une hiérarchie de prestige,
qui se caractérise par un mode de vie, une manière de consommer, de se loger, de se vêtir, de se marier, et aussi une certaine
forme d'éducation. Une situation de status est donc définie comme un certain accès à « l'honneur social », pour reprendre le mot
de Weber. [...]
Reste enfin pour Max Weber un troisième classement : la répartition des partis politiques. Un parti politique est une association
qui vise à assurer le pouvoir à un groupe de dirigeants, afin d'obtenir des avantages matériels et de prestige pour ses membres. Il
peut se former des partis pour défendre une classe déterminée, le phénomène n'est pas exceptionnel, il n'est pas non plus
universel. Dans un parti qui n'est pas un parti de classe, les intérêts de classe peuvent se manifester sans être le principal critère
qui pousse les gens à se regroupe dans ce parti.
En somme, il y a donc trois ordres différents : économique, social et politique. Le pouvoir, bien sûr, n'est pas réservé au
troisième ordre. En général, dit Weber, nous entendons par pouvoir les chances d'un homme ou d'un certain nombre d'hommes, de
réaliser leur volonté dans une action commune, même contre la résistance d'autres hommes qui participent à cette action. Avoir du
pouvoir c'est donc pouvoir imposer sa volonté, même contre une résistance. Le pouvoir peut avoir des sources économiques. Un
pouvoir économique peut avoir des conséquences politiques. Mais l'économie n'est pas la seule source de pouvoir et,
réciproquement, le pouvoir économique peut provenir d'autres pouvoirs. Enfin, le pouvoir politique n'entraîne pas forcément le
prestige. Les trois phénomènes sont bien distincts : les chances économiques des gens, la manière dont ils vivent, et leur place
dans l'ordre politique.
(Source : Henri Mendras, Eléments de sociologie, Edition Armand Colin, 1989, pp.197 à 199)
Q1 – Quelle définition de la classe Max Weber retient-il ?
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Q2 – L'existence de classes entraîne-t-elle automatiquement lutte des classes selon Max Weber ?
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Q3 – Quels sont les autres groupes sociaux selon Max Weber ? A quels niveaux se situent-ils ?
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Q4 – Max Weber fait-il le même lien que Karl Marx entre l'économique, le politique et le social ?
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3 – L'analyse de Pierre Bourdieu
a) – Classes sociales et domination symbolique
1 – La classe objective est un ensemble d’individus placés dans des conditions d’existence homogènes leur imposant des
conditionnements propres à engendrer des pratiques semblables. Ces individus possèdent un ensemble de propriétés communes :
la possession de biens, de pouvoirs, des habitudes de classe, etc.
Les individus occupant une même position de classe peuvent s’organiser pour mener des luttes communes, ils constituent, ils
constituent alors une classe mobilisée.
La lutte entre les classes sociales porte non seulement sur des enjeux économiques mais aussi, et surtout, sur des enjeux
symboliques. Pierre Bourdieu propose une synthèse des approches classiques. De l'analyse marxiste, il conserve le postulat de
base : la division entre dominants et dominés.
En faisant référence aux analyses wébériennes sur le concept de légitimité, il montre à travers une analyse fine des pratiques
sociales comment le rapport de domination peut être étendu hors de la sphère économique. Les acteurs donnent un sens à leurs
actions. Ce sens se caractérise par un souci de distinction. Se distinguer, c'est se nommer, tout en nommant les autres. C'est aussi
jouir de cette différence dans la mesure où la distinction s'établit dans une relation hiérarchisée.
Chaque participant au "jeu social" dispose non seulement de ressources matérielles mais aussi de ressources sociales
(relations, famille), culturelles (diplômes, connaissances) et linguistiques (maîtrise des usages légitimes de la langue). Ces
ressources peuvent être qualifiées de "capitaux" car elles sont soumises à la même loi d'accumulation que le capital économique et
ces capitaux différents peuvent, en dernière instance, être convertis en capital économique (une relation, un diplôme, le "savoir
parler" se monnaient).
Ces ressources sont investies dans différents "champs sociaux", correspondant aux différentes pratiques sociales : le sport, la
mode, les loisirs, le travail...La logique du fonctionnement interne de chacun d'eux peut être décrite en utilisant la métaphore du
marché. Sur les marchés décrits par la science économique s'échangent des marchandises, sur les "marchés sociaux", se crée et
se distribue du sens. Ce sens confère une identité sociale aux acteurs en les distinguant les uns des autres. Ce souci de distinction
mène le jeu social. Réussir dans un champ, c'est toujours plus que réussir matériellement. Tous les individus ne sont pas placés
avec les mêmes chances sur cette ligne de départ de cette course à la distinction. Ces chances sont conditionnées par leur
appartenance de classe.
Pour éviter les pièges tendus par la notion de conscience de classe, Pierre Bourdieu développe en le renouvelant le concept
d'habitus. Ce concept, dans la théorie générale de Pierre Bourdieu, joue un rôle fondamental. L'acteur social n'est ni totalement
déterminé par les structures sociales ni doté d'une capacité (d'où proviendrait-elle ?) de s'affranchir de ces déterminations.
(Source : Gilles Ferreol, Jean-Pierre Noreck, Introduction à la sociologie, Armand Colin, 1990, pp.92-93)
Q1 – Comment Pierre Bourdieu considère-t-il les classes sociales ? A qui emprunte-t-il ?
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Q2 – Quelle forme prend la lutte des classes selon lui ?
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Q3 - Quels moyens les acteurs mobilisent-ils pour agir ?
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Q4 - Qu’est-ce que l’habitus ?
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b) – L’espace des positions sociales selon Pierre Bourdieu
2 – Cet ensemble de principes d’analyse lui permet de définir un “espace des positions sociales” structuré suivant deux ou
plusieurs axes constitués par le volume de chaque type de capital possédé par les différents groupes.
La classe dominante est sans doute la plus hétérogène. Bourdieu y opposerait les « professeurs » et « cadres administratifs
supérieurs », plus dotés de « capital culturel » que de « capital économique », aux « professions libérales » et « industriels », en
situation inverse. Les premiers « s’orientent systématiquement vers les loisirs les moins coûteux et les plus austères ». Les
seconds « collectionnent les consommation les plus coûteuses (culturellement et/ou économiquement) et les plus prestigieuses ».
Bourdieu parlera d’ « aristocratie ascétique » dans un cas, de “goûts de luxe” dans l’autre.
Situées en position de dominés, les catégories petite-bourgeoises aspirent aux pratiques “légitimes”, c’est à dire les pratiques
des catégories supérieures qui détiennent, notamment par l’école, la capacité de faire reconnaître comme la norme légitime leurs
propres pratiques. Mais, tout en révérant ces pratiques, les catégories petite-bourgeoises les connaissent mal. Au sein de cette
classe, comme au sein de la classe supérieure, il conviendrait de faire des distinctions fondées dans le cas d’espèce, par le volume
global de capital (et non sa structure) et, aussi, de devenir (déclin ou ascension) de la catégorie. Chaque catégorie
socioprofessionnelle petite-bourgeoise, souligne Bourdieu, se particularise dans ce cadre général par sa position et ses pratiques.
Quant aux pratiques populaires, elles ont pour principe “le choix du nécessaire”, au sens à la fois de ce qui est techniquement
nécessaire, “pratique” (ou, dans un autre langage, fonctionnel) c’est-à-dire nécessaire pour être “comme il faut, sans plus”, et de ce
qui est imposé par une nécessité économique et sociale condamnant les “gens simples” et “modestes” à des goûts “simples “ et
“modestes”. Quant au reste, le “ce n’est pas pour nous” désigne ce qu’on se refuse ou qui vous est refusé.
(Source : Yves Lemel, “Peut-on conjuguer CSP et classes sociales ?” Sciences Humaines, juin 1992)
Q5 – Remplissez le tableau suivant sur les styles de vie de chaque classe : Elevé (x 2), Dominante économique (X 3), Luxe,
Aristocratisme ascétique, Moyen (x 2), Choix du nécessaire, Dominante culturelle (x 2), Imitation du luxe, Bonne volonté culturelle,
Faible.
Volume de capitaux
possédés
Classes dominantes économiques
Classes dominantes culturelles
Petite bourgeoisie économique
Petite bourgeoisie culturelle
Classe populaire
Structure des capitaux
possédés
Pratiques culturelles et
mode de vie
B – Peut-on parler d’une disparition des classes sociales aujourd’hui ?
1 – Comment peut-on appréhender la structure de classes ?
a) – Les PCS diffèrent des classes sociales
1 – Les CSP regroupent des individus possédant des attributs sociaux communs, tout particulièrement une position
socioprofessionnelle. Or, l'appartenance d'une personne à une classe sociale est doublement médiatisée. En premier lieu, par son
appartenance à une famille, voire à un ménage. En second lieu, par l'ensemble de sa trajectoire sociale : son origine et ses
positions sociales successives sont plus significatives que la position occupée au moment d'une enquête, qui ne peut être que
transitoire. D'autre part, les CSP sont forcément plus ou moins hétérogènes.
Dans une même profession se côtoient en effet des individus dont les positions dans les rapports de production, pour ne parler
que d'eux, peuvent être extrêmement diverses, voire franchement opposées. Inversement, des individus exerçant des professions
différentes relèvent pourtant d'une même position dans les rapports de production, et donc de classes.
(Source : Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Alternatives économiques, Hors-série n° 29, 1996)
2 – La correspondance entre le groupe socioprofessionnel "Ouvriers" et la classe ouvrière semble a priori aller de soi. Or, un
grand nombre d'employées de commerce et une partie des employées de bureau de sexe féminin, outre qu'elles connaissent des
conditions de travail assimilables à celles des travailleurs manuels de l'industrie, sont mariées à des ouvriers de sexe masculin. Par
ailleurs, des actifs classés dans le groupe des employés dans la nomenclature de 1954, tels que les conducteurs d'engins de
transport pouvaient être considérés comme ouvriers, ce qui a été fait dans la nomenclature en PCS.
Le groupe "Employés" ne peut être réparti unilatéralement dans une classe sociale. Certaines employées de bureau peuvent
être considérées comme appartenant aux classes moyennes en raison de leur formation et de leur mobilité professionnelle.
On ne peut souscrire à l'équivalence des cadres moyens ou des professions intermédiaires avec les classes moyennes
salariées. Ces dernières débordent sur le groupe "Employés" mais surtout englobent une majorité des actifs classés comme cadres
supérieurs ou comme cadres et professions intellectuelles supérieures. Les enseignants du secondaire et de l'université, la grande
majorité des cadres productifs et non productifs n'ont de "supérieur" que leur degré de formation et certaines caractéristiques
professionnelles (complexité des tâches, responsabilité). Le vocable "classes supérieures" a sans doute un sens plus large que
celui de "bourgeoisie" : il connote des positions de pouvoir indépendamment de la possession du capital économique. Cependant
la plupart des cadres - et bien sûr l'écrasante majorité des enseignants - sont éloignés de ces sources de pouvoir (économique ou
autre). A l'inverse, on a vu que des cadres ou des membres des professions libérales en possession d'un important patrimoine
économique rend leur position de classe ambivalente.
Plusieurs auteurs ont souligné que la bourgeoisie n'apparaît pas telle qu'elle dans le code des CSP. Notons provisoirement
que ses membres se recrutent pour l'essentiel dans une fraction des CSP " Patrons de l'industrie et du commerce" et "Professions
libérales et cadres supérieures".
(Source : Serge Bosc, Stratification et transformations sociales, Nathan Circa 1993)
Q1 – A partir des deux textes et du vocabulaire suivant, complétez le texte à trous : position, arbitraire, classes supérieures,
structure sociale, stratification, origine, trajectoire, zones frontière, automatisation, classes moyennes, relations, bourgeoisie,
hétérogènes, classes populaires, classe.
L'utilisation des PCS dans l'analyse des classes sociales est une tentation permanente du sociologue. Elles
offrent un ensemble statistique commode et riche en information. L'Insee propose ainsi de considérer que les cadres
et professions intellectuelles supérieures peuvent représenter les «……….……………………………….», les patrons
de l'industrie et du commerce et les professions intermédiaires, les «…………………………………………», et les
ouvriers, les employés et les agriculteurs les «……………………………………..».
Pourtant, les PCS présentent un certain nombre de limites dans l'analyse des classes sociales :
 Le classement des métiers dans une PCS contient toujours une part d'……………………………... Ainsi, un
manutentionnaire qui convoie des palettes sera considéré comme un employé s'il travaille dans un
supermarché et comme un ouvrier s'il travaille dans une usine. Un boucher salarié, qui était considéré comme
un employé avant 1982, est désormais dans la catégorie « ouvrier » (métier manuel). Les
«…………………………………………. » entre deux CSP peuvent être plus ou moins peuplées.
 Les PCS peuvent être…………………………………….socialement du point de vue des classes. Ainsi, un petit
commerçant figure dans la même PCS qu'un grand industriel alors qu'ils n'ont ni le même pouvoir
économique, ni la même position sociale, ni les mêmes pratiques culturelles. Classes sociales et PCS ne se
recouvrent pas. Il faut opérer d'autres regroupements pour passer des CSP aux classes sociales. Ainsi,
la………………………………..n’apparaît pas en tant que telle dans les PCS.
 La…………………………. sociale ne se limite pas à la profession occupée. L’Insee donne une vision de la
structure sociale limitée à la sphère professionnelle. Or, la position sociale d’un individu peut dépendre
également d’autres critères plus socioculturels (vie familiale, vie publique…). De plus, le critère de la
profession est de plus en plus insuffisant pour représenter la société à l’heure où la part des emplois
atypiques (CDD, intérim, contrats aidés) tend à augmenter et où le chômage frappe durablement ou à
répétition de plus en plus d’actifs. Un ouvrier intégré dans une grande entreprise n'a pas la même situation
sociale qu'un jeune ouvrier précaire d'une PME.
 La classification de l'Insee n'est que le reflet de la…………………………………de la société française à un
moment donné de son histoire. Son application à d'autres sociétés industrielles est difficile (le terme de
« cadre » n'a pas d'équivalent en GB ou en Italie). De même, la distinction ouvrier/employé, qui était nette au
début du XXème siècle (l’opposition entre les «cols bleus » et les « cols blancs »), a perdu une partie de sa
signification à la fin du siècle sous l'effet de l'………………………………, de l'informatisation et de
l'amélioration de la condition ouvrière. Enfin, les conflits catégoriels et de classe peuvent modifier la place
d'une profession dans une CSP (les instituteurs qui deviennent des "professeurs d'école"), ce qui oblige
l'Insee à modifier de temps en temps sa classification.
 Les PCS ne nous disent rien sur les…………………….. sociales qu'entretiennent ces différents groupes
sociaux. La hiérarchie entre les groupes ne peut être établie que pour les salariés. Les relations de
domination, de coopération ou de complémentarité entre les groupes sont occultés. Ainsi, en établissant la
PCS à partir de la profession du chef de famille, on occulte la profession du conjoint. Une employée de
bureau mariée à un médecin ne connait certainement pas le même univers social que l'employée de
commerce mariée à un ouvrier, par exemple. En conséquence, les PCS donnent une certaine image de la
structure sociale mais elles ne nous donnent pas de renseignement sur la………………………….sociale.
 L'appartenance de…………………..n'est pas donnée par une CSP : l'appartenance à un métier, à un moment
donné, ne nous dit pas quelle est l'………………………sociale de l'individu (la position sociale de sa famille et
de sa parenté), l'origine sociale de son conjoint (une employée peut être mariée à un cadre ou à un ouvrier, ce
qui modifie sa position de classe) et quelle est sa………………………….sociale (en ascension ou en
régression). La seule analyse des CSP ne permet donc qu'une approche sommaire de la logique d'ensemble
des comportements de classe. Tous les cadres supérieurs ne font pas partie de la Bourgeoisie, certains
artisans sont très influencés par leur origine ouvrière...
b) – Les PCS sont souvent utilisées pour analyser la structure des classes sociales
3 – Ici, il est possible d’utiliser les fameuses « Catégories socioprofessionnelles » (CSP2), qui permettent de suivre sur le long
terme, depuis quasiment les années cinquante, les mutations de la structure sociale. Ces CSP ont une qualité intéressante : elles
permettent de parler de classes sociales sans jamais en prononcer le mot. Le but des CSP est de parvenir à résumer en un jeu
réduit de catégories les principaux clivages sociaux résultants de trois notions : la hiérarchie, le statut (indépendant et salarié privé
ou public) et le secteur (primaire, secondaire, tertiaire). Weberiennes sans l’avouer, les CSP assemblent des groupes
professionnels connus pour avoir des caractéristiques semblables et des perspectives probables comparables. Elles sont aussi
marxistes, insidieusement, car le principe de regroupement retenu par ses concepteurs est le suivant : les groupes sont constitués
en se fondant sur les conventions collectives, et prennent donc en compte la conscience collective des groupes. Autrement dit, il
s’agit là d’un outil mixte, synthétique, réalisant un arbitrage tempéré entre des logiques distinctes, dont la force résulte de sa
capacité à s’adapter aux besoins des uns et des autres. La polarisation entre cadres et ouvriers (on devrait plus généralement leur
adjoindre les employés) permet de prendre la mesure de l’étendue du spectre social, entre d’une part une population relativement
privilégiée de petite taille sans être rare (13 % de la population active), et d’autre part les catégories sociales les plus modestes.
Evidemment, le problème des CSP est de ne pas faire apparaître directement une « bourgeoisie », même si à un degré plus
élaboré de détail, il est possible de repérer les chefs d’entreprise de plus de dix salariés, 0,5 % de la population, qui emploient la
moitié de la population active. Il n’existe pas non plus de catégorie « exclus » ni « rentiers ».
(Source : Louis Chauvel, Le retour des classes sociales ?, Revue de l’Ofce n° 79, 2001)
Q2 – Quels sont les arguments de l’auteur en faveur de l’utilisation des PCS dans l’analyse de classe ?
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2 – Les classes sociales semblent disparaître
a) – La société s’est moyennisée pendant les Trente glorieuses
1 – La société est-elle encore structurée en groupes sociaux clairement identifiables ? Le développement de la consommation
de masse, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, a provoqué une homogénéisation très nette des modes de vie. Cette
uniformisation a été permise par un partage des fruits de la croissance et le développement de la protection sociale. De
l’équipement de la maison au vêtement, en passant par les loisirs, dans de nombreux domaines, les distinctions sociales sont
moins accentuées. La télévision, par exemple, trône dans tous les foyers ; elle rassemble chaque soir une majorité de Français
devant deux ou trois programmes principaux.
Dans le même temps, on a assisté à une transformation profonde des univers professionnels. Le salariat englobe aujourd’hui
neuf actifs sur dix, tandis que la paysannerie et le petit commerce ont fortement décliné dans les années 50. Avec l’accès de
dirigeants salariés à la tête des firmes, ce phénomène a rendu moins déterminants le poids de la propriété du capital des
entreprises dans les rapports entre groupes sociaux, comme l’enseignait la théorie marxiste. Au sein de l’univers des salariés, le
monde ouvrier est en déclin, au profit des couches moyennes du tertiaire plus diversifiées. Un déclin en nombre, mais aussi en
identification, comme en témoigne l’affaiblissement des organisations ouvrières (Parti communiste et CGT).
Parallèlement à ces transformations, l’affirmation de l’individualisme s’est traduite par une liberté plus grande des choix de
comportement face au poids des normes familiales anciennes, de l’Église ou d’autres organisations. De nouvelles pratiques sont
apparues, aussi bien dans la sphère privée (telles l’évolution des formes de la famille) que dans les formes collectives
d’engagement (les partis politiques, les syndicats, déclinent, au profit d’autres types d’associations). Pour certains sociologues, ces
évolutions débouchent sur une transformation radicale : l’individu choisirait, en fonction d’aspirations indépendantes de ses origines
sociales, à la fois les personnes avec lesquelles il se regroupe et les relations qu’il met en place. L’Internet paraît être le support
par excellence de ces réseaux et autres tribus.
(Source : Alternatives économiques, Hors-série n° 46, Novembre 2000)
2 – Henri Mendras, dans La Seconde Révolution française, décrit le formidable processus de « moyennisation » qu’a connu la
société française de 1965 à 1984, faisant éclater les classes sociales traditionnelles. Car, au début du XXe siècle, la société
française est composée de quatre groupes sociaux : les paysans, la bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes. Chacun
possède ses caractéristiques propres, sa culture, ses modes de vie. Mais les Trente Glorieuses vont faire éclater ces groupes aux
revenus et aux styles de vie si différents. Vers quel type de société bascule-t-on alors ? À une perception marxiste de la société en
termes de classes sociales opposées, Henri Mendras propose de lui préférer une « vision cosmographique ». Le sociologue
organise la société française autour de deux constellations : la « constellation populaire » qui rassemble les ouvriers et les
employés, et la « constellation centrale » composée de cadres, d’enseignants et d’ingénieurs. Gravite autour des deux
constellations la galaxie des indépendants, et se positionnent aux extrémités les pauvres et l’élite. À elles seules, les deux
constellations occupent une majeure partie du ciel social français. Elles concentrent les trois quarts de la population totale, contre
15 % pour les indépendants, 7 % pour les pauvres et 3 % pour l’élite. Le noyau dur de la « constellation centrale » est constitué des
cadres.
(Source : P. Paradis, « Des classes sociales aux constellations », Sciences humaines, hors série n° 24, octobre-novembre 2001).
3 – Ce phénomène, généralement daté à partir de 1945, aurait pour cause principale la progression du pouvoir d’achat
enregistré au cours des « Trente glorieuses », l’essor considérable des emplois de service qui conduirait à l’avènement d’une
société postindustrielle, ainsi que l’homogénéisation progressive des modes de vie et des pratiques sociales. Henri Mendras,
principal défenseur de cette thèse, met en lumière dans La seconde Révolution française (1988) l’apparition d’une constellation
centrale, dont le groupe des cadres constituerait le symbole : l’une des nouveautés réside dans le fait que les normes sociales
seraient désormais véhiculées par ce groupe majoritaire et non plus, comme traditionnellement, par les classes dirigeantes. Cela
se vérifierait, par exemple, à travers la diffusion de styles de vie « trans-classistes », partagés par divers milieux sociaux, et
induisant un rapprochement objectif entre eux. Le nouveau rituel que constitue le barbecue, comme loisir et rassemblement
convivial, entre amis ou membres de la famille en témoignerait (« du haut en bas de l’échelle sociale le rite est le même : au bord
de la piscine de la luxueuse villa de la Côte d’Azur comme dans le pavillon de banlieue, sur la pelouse de la résidence secondaire
ou dans la cour de la ferme voisine » Mendras op.cit. pp.84-85)
(Source : Philippe Riutort, Précis de Sociologie, PUF coll. Précis, 2004, p. 423-424).
Q1 – Que veut montrer Henri Mendras lorsqu’il raisonne en termes de cosmographie ?
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Q2 – Quels sont les principaux indicateurs de la moyennisation de la société ?
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4 – Déclarations d’appartenance à une classe sociale selon la PCS
Q3 – Faites une phrase avec le chiffre souligné
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Q4 – Ce document va-t-il dans le sens de la moyennisation de la société ?
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b) – L’éclatement de la classe ouvrière
1 – Les dynamiques sociales des « trente glorieuses » sont marquées d’abord par les consolidations statutaires du salariat. La
généralisation de la sécurité sociale (1945), la mise en places d’instances de représentation (comités d’entreprise, délégués du
personnel), […] la stabilisation des statuts facilitée par le plein-emploi, concourent à rendre moins précaire la condition salariale. La
généralisation de la mensualisation des salaires ouvriers, dans les années 1960 met fin à un clivage symbolique entre les cols
bleus et les cols blancs (les premiers étant traditionnellement payé à la semaine). Surtout, le pouvoir d’achat enregistre une
évolution sans commune mesure avec les périodes précédentes. Toutes les catégories salariales bénéficient de fortes hausses
salariales (en termes réels) permises par les gains importants de productivité et un partage du surplus plus favorable aux salariés/
loin de réaliser dans la concorde (les conflits sur les salaires restent importants), cette logique fordiste s’impose malgré tout
progressivement. Avec la socialisation des risques, elle permet aux classes laborieuses d’échapper à la précarité générale et de
participer, à partir des années 1960, à la consommation dite de masse : desserrement des contraintes, accès aux normes
standards du logement (les HLM représentent à l’époque un progrès matériel par rapport aux classiques habitations populaires).
Parallèlement, d’autres évolutions importantes sont à noter : la hausse des départ en vacances d’été, une première poussée des
études secondaires parmi les enfants des classes populaires (scolarité obligatoire portée de 14 à 16 ans en 1959, développement
des CEG puis des CES). Incontestablement on peut déceler des tendances à la « déprolétarisation » d’une partie notable du
monde ouvrier et des catégories proches : la pauvreté recule la condition ouvrière n’est plus synonyme de précarité générale de
nombreux ménages ouvriers accèdent à un standing matériel proche de celui des employés et des salariés « moyens ». Ces
évolutions autorisent certains à parler, dès les années 1960 d’intégration aux classes moyennes voire d’embourgeoisement de la
classe ouvrière.
ème
(Serge Bosc, « Stratification et classes sociales » Cursus, Armand Colin, 7
édition, 2011, p. 155-156).
Q1 – Quels sont les indicateurs d’une déprolétarisation de la classe ouvrière ?
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2 – Le groupe ouvrier apparaît bel et bien comme le grand perdant de la crise, et plus généralement des mutations
économiques. Il ne s’agit pas seulement de sa perte de poids numérique. Sont en cause sa destructuration, l’effritement de son
identité, sa perte de visibilité, le déclin voire la fin du mouvement ouvrier tel qu’il s’était affirmé depuis la fin du XIXè siècle. […] en
termes catégoriels, on assiste à l’implosion des noyaux ouvriers typiques de la deuxième industrialisation française (entamée dès la
Belle Epoque et les années 1920, développée dans les années 1950 jusqu’aux années 1970). Le groupe ouvrier a ainsi perdu les
figures de proue qui le structuraient socialement et symboliquement : les mineurs ont disparu depuis longtemps, plus récemment
les sidérurgistes, les métallurgistes, les travailleurs de l’automobile aux effectifs fortement réduits, n’ont plus la place centrale qu’ils
occupaient dans les années 1960. Même les catégories ouvrières de certains grands services (les cheminots) n’échappent pas au
rétrécissement de leurs rangs. Ces évolutions brutales s’accompagnent d’autant de phénomènes qui minent l’identité ouvrière : la
destruction de cultures professionnelles (dans les entreprises du secteur privé, la cohésion des ouvriers professionnelles est
affaiblie par a montée des techniciens et des « nouveaux ouvriers », titulaires d’un bac technique ou d’un BTS, et issus, souvent,
d’autres milieux sociaux) ; […] la différenciation accrue des positions statutaires (stable/précaires, anciennes/nouvelles
générations).
ème
(Serge Bosc, « Stratification et classes sociales » Cursus, Armand Colin, 7
édition, 2011, p.193-194)
3 – La classe ouvrière en tant que telle a éclaté sous l’impact de différentes forces centrifuges : désindustrialisation ; perte de
ses bastions traditionnels (le Nord et la Lorraine, la Loire) ; informatisation de la production et chute de la demande de travail non
qualifié ; division géographique de l’espace ouvrier ; différenciation sexuelle ; déclin continu et accéléré du PCF ; perte de l’espoir
collectif et diminution corrélative du sentiment d’appartenance à « la » classe. Sans oublier le désintérêt désormais affiché des
intellectuels pour tout ce qui touche au monde ouvrier. Le monde ouvrier n’a pas disparu, mais la condition ouvrière s’est
profondément transformée au cours de ces vingt dernières années. Elle a perdu une partie de son assise dans le monde industriel
et s’est plutôt développée dans le secteur tertiaire, du fait de la prolétarisation des employé(e)s, dont l’exemple type est celui des
caissières.
(S. Beaud, « Les ouvriers après la classe ouvrière », Alternatives Économiques, n° 177, janvier 2000).
Q2 – Quels sont les signes du déclin de la classe ouvrière ?
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c) – Les comportements sont de moins en moins dictés par les classes sociales
4 – La société moderne est caractérisée par une montée de l’individualisme au sens sociologique du terme : l’individu
s’affranchie de plus en plus de son groupe social d’origine ou d’appartenance. Il devient un « homme pluriel » (Bernard Lahire),
multiplie des « expériences » (François Dubet) et échappe ainsi de plus en plus aux comportements prévisibles dictés par son
appartenance de classe. Ainsi, quelle que soit leur classe sociale, les femmes connaissent souvent des inégalités ou des
discriminations qui leur sont propres et n’ont pas les mêmes pratiques culturelles que les hommes. On parle alors d’inégalités
genrée. Donc, se limiter aux classes sociales et les prendre comme des ensembles cohérents, c’est oublier parfois certains critères
de différenciation importants. Par exemple, l’âge ou la génération apparaissent comme des variables qui semblent de plus en plus
importante. Les conséquences de la dégradation de la situation sur le marché du travail ont avant tout concerné les plus jeunes et
épargné la génération des « soixante-huitard ». Tous les jeunes ne connaissent toutefois pas les mêmes difficultés selon leur
origine sociale. Les logiques de genre, d’âge ou de classe sociale se complètent donc plus qu’elles ne s’excluent. En outre, il est
admis que l’origine des personnes, leur nom ou leur couleur de peau, sont autant de sources d’inégalités et de discriminations que
la logique de classe sociale ne peut résumer.
Le conflit central, lié aux rapports de classes, perd sa centralité pour des raisons qui tiennent autant à des transformations
objectives qu’à des représentations. […] La montée des clivages identitaires indexés sur l’origine concourt particulièrement au
brouillage des appartenances de classe. Dans certains espaces, les individus ont tendance à se définir davantage selon leur
communauté « ethnique » que par leur statut social et professionnel. Ce choix est d’ailleurs favorisé par l’ampleur du sous-emploi
dans les zones où se concentrent ces populations. Ces tendances participent à ce que les sociologues nomment une
« ethnicisation des rapports sociaux ». Même si le monde des cités, des quartiers difficiles ne représente somme toute qu’une part
minoritaire du paysage social (au double sens démographique et spatial), il occupe une place importante dans les attitudes et les
représentations. Dans les milieux populaires, le ressentiment d’un certain nombre de Français « de souche » vis-à-vis des
« étrangers » (perçus comme tels même s’ils sont nés en France de parents naturalisés) et les processus de démarcation opérés
par des immigrés ou des individus issus de l’immigration se nourrissent mutuellement. Ces évolutions amènent F. Dubet à parler de
découplage entre les différentes dimensions de la réalité de classe. La condition statutaire, les orientations culturelles, la
communauté d’appartenance, le rapport à l’action collective et le positionnement politique ne coïncident plus ou coïncident moins
que naguère tout en sachant qu’il n’y a jamais eu recouvrement systématique entre ces réalités.
ème
(Serge Bosc, « Stratification et classes sociales » Cursus, Armand Colin, 7
édition, 2011, p. 201).
Q3 – Quels sont autres appartenances qui peuvent dicter les conduites aux individus ?
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3 – Mutation et permanence des classes sociales
a) – Le processus de moyennisation s’est arrêté
1 – Les classes moyennes connaissent un "grand renversement". Elles avaient connu un sort particulièrement favorable sous
les "trente glorieuses", entraînant dans leur sillage d'autres groupes sociaux moins favorisés, les voilà qui vivent, désormais, dans
l'angoisse du sort réservé à leurs enfants. "Pour la première fois en période de paix, la situation globale de la jeune génération est
moins favorable que celle de ses parents", analyse le sociologue Louis Chauvel dans Les Classes moyennes à la dérive.
"Vue de satellite, explique l'auteur, spécialiste des dynamiques générationnelles, la société française reste riche, égalitaire,
homogène et maintenue par une sécurité statutaire encore exceptionnelle. Mais quand on descend dans la cale du navire, on
constate des voies d'eau particulièrement inquiétantes." Ces voies d'eau, M. Chauvel, qui se défend d'être un "déclinologue", les
identifie : raréfaction des places, démonétisation des titres scolaires et universitaires, déclassement des enfants, augmentation des
loyers pour les non-propriétaires, difficulté à "tenir son rang" si on ne peut pas compter sur un patrimoine familial.
Autant de mouvements qui s'inscrivent dans une "triple remise en cause de la dynamique ancienne". Economique avec le
ralentissement de la croissance ; sociale et professionnelle avec le chômage de masse, culturelle et politique avec la fin d'un
certain projet de société. De 1945 à 1975, souligne M. Chauvel, le salaire réel moyen a été multiplié par trois. Les vingt années
suivantes, "nous n'avons plus progressé que de 12 %, soit autant qu'en trois ans au rythme précédent", note-t-il. L'horizon d'un
possible enrichissement s'est éloigné : le doublement du salaire, possible autrefois en vingt ans, s'étalerait au rythme actuel sur
cent quarante ans. L'essentiel de la population, celle qui n'a d'autres ressources que son seul travail, vit une situation de "quasistagnation".
Parallèlement, l'accès à l'emploi - et à un emploi durable - est devenu problématique. Le nombre de places dans la fonction
publique a diminué de moitié en vingt ans. Les entreprises n'ont pas absorbé, tant s'en faut, le surcroît de candidatures. D'où ce
résultat : les enfants de plus en plus nombreux de la "nouvelle classe moyenne salariée des années 1970" ont de moins en moins
de place dans leur classe d'origine, et, parmi eux, une part plus considérable doit s'attendre à vivre un "vrai déclassement". " C'est
là un phénomène nouveau à l'échelle d'un demi-siècle", relève le sociologue.
Entre le chômage de masse et une concurrence exacerbée autour de "places raréfiées", les jeunes ont dû revoir leurs
prétentions salariales. En moyenne, en 1975, les salariés masculins de 50 ans gagnaient 15 % de plus que les trentenaires ; l'écart
a culminé à 40 % en 2002. Dur, dur d'être des enfants de soixante-huitards, et malheur à ceux qui ne sont pas soutenus par leur
famille. Sait-on seulement que, depuis 1984, pour louer ou acheter le même logement dans le même quartier que ses parents, les
jeunes générations doivent travailler deux fois plus longtemps ?
Parce que les classes moyennes ont été historiquement porteuses d'un projet de société et d'avenir, notamment en 1968, et
qu'elles constituent un large groupe social - deux Français sur trois, selon Valéry Giscard d'Estaing, plus probablement 40 à 50 %
de la population -, leur régression intéresse la société tout entière. Une société dans laquelle les exclus et les groupes populaires
pourraient bientôt se sentir moins seuls, note M. Chauvel, tant s'est étendu le cercle de la précarité.
(Claire Guélaud, Le Monde, du 17 octobre 2006)
2 – Pourquoi les classes moyennes sont-elles sous pression ? L’étude de la situation financière d’une personne qui se situe
au milieu de l’éventail des revenus en France permet d’illustrer le phénomène. Cette personne — assez représentative des
classes moyennes puisqu’on dénombre autant de personnes qui gagnent plus qu’elle et autant qui gagnent moins — vit avec
1467 € de ressources mensuelles une fois ses impôts payés. Cette personne pourrait être un conducteur d’engins du bâtiment,
un technicien informatique, une assistante comptable ou une infirmière, à des niveaux plus ou moins avancés de leur carrière.
Après avoir payé le loyer, les charges du logement, l’eau, le gaz, l’électricité, le téléphone et les assurances, il lui reste 910 €.
Plus du tiers de son revenu (38 %) est consacré à ce que l’on appelle les «dépenses contraintes», en raison du caractère « préengagé » de ces dépenses chaque mois. Lorsqu’on ajoute à cela d’autres frais incontournables tels que l’alimentation, le
transport, l’éducation et la santé, on retire encore 615 €. Si bien qu’il ne reste plus que 294 € par mois pour toutes les autres
dépenses, telles que les loisirs, les sorties, les vacances, l’habillement, les meubles, les biens d’équipement du foyer… et
essayer de mettre un peu d’argent de côté. Autant dire que les marges de manœuvres sont étroites. En 2008, près d’une
personne sur deux disposant d’un budget médian n’est pas partie en vacances (48% exactement) 37% ne sont jamais allés au
cinéma, 34% n’ont pas de voiture, 50% n’ont pas accès à Internet à domicile, 40% n’ont pas de produit d’épargne liquide de type
livret.
En comparaison, les 10% de la population les plus aisés, après avoir payé leurs impôts, vivent avec 4 213 € par mois en
moyenne ; après avoir fait face aux dépenses contraintes et aux frais de transport et d’alimentation, il leur reste encore 1474 €
chaque mois pour les vacances, les loisirs, l’habillement, l’équipement ménager et la possibilité de placer de l’argent. Dans ce
groupe, 97% des individus disposent d’une voiture, 91 % ont accès à Internet à domicile, 90% partent au moins une fois en
vacances dans l’année, 85% vont au cinéma. Chez les 10% les plus pauvres, il reste 80 € par mois une fois déduites les
dépenses contraintes et incontournables.
(Source : Régis Bigot, Les classes moyennes sous pression, Credoc Mars 2009)
Q1 – Quelles sont les principales mutations subies par les classes moyennes ?
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b) – La croissance des inégalités renforce les oppositions de classe
1 – Qui donc est ce grand homme aux cheveux dans le cou, bronzé comme les amateurs de soleils de tous hémisphères,
qui accueille le nouveau président de la République le soir du 6 mai, au 46 de l'avenue George-V ? C'est Dominique Desseigne,
l'homme qu'ils croisent entre deux transats de la piscine du Royal ou qu'ils saluent à une table du Majestic. Ce dimanche, c'est
en ami fidèle que le patron du groupe d'hôtels et de casinos a reçu Nicolas Sarkozy. Diane Barrière, sa femme aujourd'hui
disparue, avait connu Cécilia à l'âge où "elles bâtissaient des châteaux de sable", sur les très chics plages normandes.
Dominique et Nicolas, eux, se lient d'amitié quelques années plus tard, dans leur bonne ville de Neuilly.
Cette prudence explique en partie la bonne santé du premier groupe d'hôtellerie française : 38 casinos, 15 hôtels, 90
restaurants, 3 golfs, 8 000 employés et plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Les Barrière représentent une fortune
française qui figure à la cinquantième place. Une réussite familiale comme Nicolas Sarkozy les aime : après la fusion avec
Accor, en 2004, les Barrière ont conservé 51 % du capital du groupe.
"Dominique n'est ni un joueur ni un gourmet", confie Philippe Bouvard, ami et client des Barrière depuis un demi-siècle : "Il a
été ce qu'on appelait hier un play-boy." Depuis la mort de son épouse, on l'a vu s'afficher avec les femmes les plus riches, de
Corinne Bouygues, qu'il manqua d'épouser, à la fille du milliardaire canadien Paul Desmarais, sans oublier la richissime
Libanaise Mouna Ayoub. "Ce sont celles que je croise", se défend le PDG. Mais c'est encore au décorateur chouchou de sa
femme, Jacques Garcia, le roi du pastiche et des velours cramoisis, qu'il fait appel pour habiller sa nouvelle maison dans le 16e
arrondissement de Paris.
Il se défend de tout traitement de faveur que lui aurait valu son amitié avec Nicolas Sarkozy. Mais les mille citations
télévisées de son nouveau "quatre étoiles", le 6 mai, ont fait mieux que toutes les publicités du monde : le taux d'occupation de
son nouvel hôtel, inauguré il y a un an, est inespéré. Dans le hall du Fouquet's, il a affiché le portrait en noir et blanc d'un trio
signé d'Harcourt. Il y a lui, son fils Alexandre, étudiant aux Etats-Unis, et sa fille Joy, une "jeune populaire" convaincue de l'UMP.
Au milieu des gloires éternelles du cinéma.
(Ariane Chemin, Le Monde du 23 octobre 2007).
2 – Longtemps Françoise est allée pointer le matin à 7 h 25. Elle avait l’estomac noué “comme un chien qui est mené à la
chasse à coups de bâton”. “J’avais peur de ce boulot, peur de ne jamais tenir la cadence”. Quand elle faisait les vestes, la
cadence était de “vingt-six vestes et demie à l’heure”. Régulièrement des “chronométreurs” venaient derrière elle prendre le
temps de fabrication d’une pièce. “Certains s’arrangeaient pour fermer les yeux, mais ceux-là ils n’ont pas duré longtemps”. Par
n’importe quel moyen, “il fallait y arriver”. Et quand Françoise était dans les temps, elle touchait sa prime de production, environ
137 €, ce qui portait son salaire mensuel à 720 €. [...] Elle se souvient de cette peur de perdre le travail, de ces femmes, souvent
seules - veuves ou divorcées, - qui “ne pouvaient pas faire autrement d’être soumises”, de cette concurrence qui a fini par
s’établir parmi les ouvrières, “c’était à celle qui allait bouffer l’autre avec son meilleur rendement”. Il était interdit de se parler. [...]
Le 30 novembre 1992, François a reçu sa lettre recommandée. Françoise se doutait qu’elle ferait partie du lot. “Je n’étais pas
assez docile”, dit-elle. Dès l’été, elle avait appris que la direction du groupe envisageait de transférer la production de la Creuse
en Pologne. “Ils nous ont expliqué qu’avec notre salaire ils pouvaient payer cinq ouvrières en Pologne”. Pour Françoise,
l’argument était “clouant” : “C’était logique, on ne pouvait plus rien dire. On a réalisé que nous, nous étions déjà exploitées, mais
qu’il y avait plus bas dans l’échelle, on le découvrait, c’était impensable”. Françoise, licenciée comme cent soixante-dix-sept
collègues. Seuls cent vingt emplois ont été sauvegardés : “Le choix que nous avons dû faire a été difficile”, précise la lettre de la
direction.
(Source : Dominique Le Guilledoux, Le Monde, 18 mars 1993)
Q2 – Opposez le mode de vie bourgeois et le mode de vie ouvrier dans les deux premiers textes :
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3 – Inégalités de mode de vie selon les PCS en France
PCS en 2009
Agriculteurs exploitants
Artisans, Commerçants...
Cadres supérieurs
Professions intermédiaires
Employés
Ouvriers
Ensemble
(Source : Insee 2011)
Part des
PCS
en % de
l’emploi
Part des
femmes
en %
Titulaires
du Bac en
%
Part des
étrangers
en %
Connectés
à Internet
en %
Au moins
1 fois par
an au
théâtre
en %
Part des
enfants en
classes
prépa
en %
2,0
6,3
16,6
24,3
29,4
21,5
100
29,2
27,9
39,6
50,5
76,8
19,3
49,4
38
40
75
49
38
18
50
1
5
3
3
4
12
6
57,0
76,8
89,5
82,4
62,1
57,0
54,7
8,0
14,0
43,0
23,0
13,0
6,0
17
2,0
7,1
49,6
14,1
8,2
5,1
100
Q3 – Quelles sont les principales différences sociales que vous pouvez constater à partir de ce tableau ?
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Q4 – Que cherche à montrer ce tableau ?
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5 – Elle était définie comme un monde social non assujetti au travail (surtout manuel), bien pourvu en patrimoine, jouissant
d’un train de vie confortable, ayant accès aux biens et services les plus valorisés et disposant de relations sociales étendues. Cette
caractérisation dessine les contours d’un ensemble plus vaste que les seules élites. Si l’on entend transposer cette approche à la
réalité contemporaine, une différence essentielle s’impose : la très grande majorité de ses membres s’est professionnalisée. On
peut néanmoins retenir les autres éléments pour circonscrire, ne fût-ce qu’approximativement, les classes supérieures. Dans cette
perspective, il est possible de repérer trois pôles entre lesquels elles s’étendent : le pôle du pouvoir qui renvoie à la notion de
classe ou de catégorie(s) dirigeante(s), le pôle de la fortune que connote l’expression traditionnelle de « bourgeoisie possédante »,
enfin, en retrait sur l’axe vertical, un pôle de l’entre-deux caractérisé par les interférences réciproques du patrimoine et du statut
professionnel. Pour la bourgeoisie possédante, l’occupation professionnelle est somme toute secondaire par rapport à la fortune
héritée et consolidée. La priorité est accordée à la gestion et à la transmission patrimoniale. Si un certain nombre de ses membres
accède à des positions dirigeantes, beaucoup se contentent d’être des actionnaires ou des propriétaires vigilants. Les agents des
catégories dirigeantes peuvent être issus de grandes familles fortunées mais se recrutent également dans des milieux qui –
relativement – le sont moins (professions libérales, cadres supérieurs, professions intellectuelles). Ces catégories sont à la fois
diversifiées (administration d’État, grands groupes publics et privés, élites culturelles) et caractérisées par leur proximité (même
moule scolaire, celui des grandes écoles, flux internes, réseaux et lieux de rencontre). Le titre, la carrière font le statut et procurent
les avantages afférents (prestige, réseaux…). Au troisième pôle, l’établissement de positions salariales solides peut commander
l’accès au patrimoine » (cas des « cadres à haut potentiel », récompensés par l’attribution de stock-options pour leurs services). En
sens contraire, le patrimoine permet l’exercice de professions indépendantes mais facilite également l’accès à des postes élevés
dans le salariat via le capital social ou symbolique.
(Source : Serge Bosc, Groupes sociaux ou classes sociales ?, Cahiers Français n° 314, 2003)
6 – Les hebdomadaires économiques ou d’information générale publient régulièrement les palmarès des grandes fortunes. Les
“nouveaux riches” y tiennent les premières places.[...] Ces palmarès, en insistant sur les fortunes les plus récentes, sont cependant
trompeurs. Ils ignorent la permanence, au second rang ou sous d’autres patronymes, de lignées pouvant remonter au-delà du XIXe
siècle. Un examen attentif de la liste montre que parmi les régents désignés en leur sein, six sur sept portent des noms de
dynasties industrielles ou bancaires encore présentes aujourd’hui dans la haute société : Pierre Darblay, David David-Weill,
Édouard de Rothschild, François de Wendel, Jean Hottinger, Jacques Poupart de Neuflize...Mais la grande bourgeoisie ne se
réduit pas à sa richesse matérielle. Les fortunes, lorsqu’elles sont anciennes sont aussi synonymes de culture et de sociabilité. Plus
on est riche, plus on a de la chance d’être familier de l’univers, des biens de culture et de posséder tableaux et meubles de style.
Quant au capital de relations sociales de la bourgeoisie, il se manifeste dans ses réseaux familiaux et extra-familiaux, aux
ramifications internationales et aux échanges intenses. Au sein de l’aristocratie fortunée et de la bourgeoisie ancienne, les
patrimoines sont ainsi largement partagés à travers les usages multiples de la sociabilité. Les fortunes elles-mêmes sont
généralement gérées sous des formes collectives. Les grandes familles constituent une véritable confrérie, consciente de ses
intérêts communs et de la solidarité objective d’une classe qui ne saurait durer et se reproduire sans la vigilance de chacun. Cette
multidimensionnalité de la richesse et l’intensité des relations au sein du groupe sont des facteurs essentiels de la reproduction des
positions sociales dominantes.
(Source : Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Grande Bourgeoisie, une culture de l’entre-soi, La Découverte, 1997)
Q5 – Quels sont les éléments qui prouvent la permanence de la Bourgeoisie ?
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7 – Sentiment d’appartenance à une classe sociale 1966-2010 (En % de la population)
(Source : CEVIPOF – 2011)
Q6 – La conscience de classe a-t-elle disparue ?
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