Rôle des activités commerciales dans les grandes gares ferroviaires à Paris, Londres, Tokyo et Osaka.
Position de thèse
Université Paris IV-Sorbonne
Kae OKI-DEBAYLES
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La rénovation de la gare de Liverpool Street au cœur du quartier d’affaires de la City de
Londres, l’apparition de nombreuses boutiques dans une salle d’échange de la gare du Nord,
la reconversion de l’ancien bâtiment voyageurs en lieu de consommation de la gare de Ueno,
l’installation d’enseignes haut de gamme et d’un musée dans la gare de Kyoto ainsi que dans
la gare Termini de Rome… la dernière décennie constitue une vraie période « laboratoire »
pour la recherche de la mise en valeur des gares par les entreprises ferroviaires.
Après le succès économique et financier de ce laboratoire, il est devenu aujourd’hui
incontestable que les grandes gares se trouvent au cœur de la question de la régénération
urbaine dans les grandes villes. Cela signifie que les villes et les entreprises ferroviaires ont
enfin trouvé un intérêt commun et un consensus. A Paris, Londres, Tokyo et à Osaka, toutes
les grandes gares et leurs quartiers font plus ou moins l’objet de grandes interventions
urbaines à l’horizon 2010 – 2020. C’est déjà la deuxième phase de la valorisation des gares
qui est en cours. Par exemple, en 2007, la gare Saint-Lazare, la gare d’Austerlitz, la gare de
Saint-Pancras, la gare de Waterloo, la gare de Tokyo, la gare de Shinjuku et la gare d’Osaka
sont en chantier afin de renaître comme un nouveau « hub-urbain » à l’échelle internationale.
Elles seront équipées de galeries commerciales, d’hôtels de haut standing et d’autres services
variés tout en étant desservies au moins par le réseau international du TGV ou par une navette
ferroviaire reliant la gare et l’aéroport international.
Entre ces grandes villes, les contenus des offres commerciales et des services sont-ils
comparables ? En réalité, à présent, la qualité et le choix des offres commerciales et des
services disponibles varient encore beaucoup selon les gares. De nombreux ouvrages et
analyses portant sur les expériences de valorisation des gares dans le monde (la Gare Centrale
de New York ou la Gare de Shinjuku) témoignent d’une certaine frustration devant cet aspect
disparate du résultat de la mise en valeur des gares. Par exemple, ceux qui sont habitués à la
vie de Tokyo ou d’Osaka ont le réflexe de se rendre dans le quartier de la gare dans des buts
très divers : voyager, travailler, chercher des cadeaux ou des nouveautés, faire des courses,
prendre un repas, acheter des livres ou se faire soigner. Ceux qui habitent à Londres vont dans
les gares pour faire des courses rapides. Quant aux Parisiens, ils ne pouvaient se permettre,
jusqu’à une date récente, d’aller dans une gare avec ce genre de projet en tête...
Alors qu’on peut payer les factures des services publics dans un « Convenience Store », type
de superette offrant des produits variés sophistiqués, dans une gare à Tokyo, se faire bronzer
et coiffer à Londres, on trouve beaucoup moins de choix de services dans les gares
parisiennes. A une époque d’internationalisation du réseau ferré et des gares, d’où vient cette
différence ? De la culture locale, du profil et du goût des usagers, de l’organisation des
entreprises ferroviaires, de la politique de la ville ou du profil des opérateurs des
commerces… l’on peut énumérer quantité de raisons. Comme le mouvement de la
valorisation des gares est entré dans une phase plus mature et plus ambitieuse, la question de
la qualité des services et offres commerciales dans les gares mérite également d’être traitée de
manière plus approfondie. Notamment l’enjeu et le mécanisme de la valorisation commerciale
des gares au sein des entreprises ferroviaires n’ont pas encore été mis en lumière d’une
manière globale alors que c’est là que se concrétise la définition du contenu des services et
offres commerciales.