Fiche : socialisme, syndicalisme en Allemagne depuis 1875

Unifié en 1871, l’Empire allemand entre, à la fin du XIXème siècle, dans une phase d’intense développement économique
qui bouleverse son organisation sociale. Le nombre des ouvriers augmente rapidement à la faveur de l’industrialisation et de
l’urbanisation, mais les conditions de travail sont précaires. Les ouvriers constituent des syndicats et un parti politique unifié
se constitue, le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), au programme révolutionnaire. L’ensemble de ces organisations
forme le mouvement social-démocrate.
Social-démocratie = Forme de socialisme un parti de masse, soutenu par les syndicats, est à l’initiative de réformes
sociales.
1875-1945.
Socialisme et
syndicalisme :
de l’unité à la
division
1875-1914.
Naissance et
affirmation de la
social-démocratie
allemande
- L’industrialisation et l’urbanisation rapides de l’Allemagne entraînent le développement
d’une classe ouvrière nombreuse (1/3 de la population active), qui s’organise en
syndicats. Face aux conditions de travail très difficiles et aux inégalis entre la classe
bourgeoise et ouvrière (le prolétariat), en 1875, est créé un parti qui prend ensuite le nom
de SPD. Son programme, défini lors du Congrès de Gotha, en 1875, repose sur une
idéologie révolutionnaire et marxiste qui donne naissance à la social-démocratie.
Cependant, dès l’origine, partis et syndicats ouvriers sont traversés par 2 courants
opposés, l’un qui prône la volution et l’autre qui souhaite former la société par voie
légale.
Marxisme = Courant d’idées en Allemagne, reposant sur les travaux de Karl Marx et
qui insiste sur la nécessité de la lutte des classes et sur l’organisation du prolétariat en vue
d’établir le socialisme
- Entre 1878 et 1890, le chancelier conservateur Bismarck interdit le SPD et les
syndicats perçus comme révolutionnaires. Pour détourner les ouvriers du SPD, il
accorde des droits sociaux aux ouvriers, comme l’assurance maladie, un système de
retraite, sans parvenir à enrayer la progression électorale des socialistes qui se présentent
individuellement.
- A nouveau autorisé à partir de 1890, le SPD présente un nouveau programme au
congrès d’Erfurt, en 1891. Deux tendances s’affrontent alors : les réformistes, autour
d’Edouard Bernstein, qui sont pour améliorer les conditions des ouvriers par des
réformes ; les révolutionnaires et marxistes, autour de Rosa Luxembourg. Parallèlement,
les syndicats s’unissent au sein de la Confédération allemande des syndicats (DGB) en
1892 et obtiennent par leurs actions (grèves, comme celle de la Ruhr en 1905) des
avancées sociales.
Réformisme = Branche du socialisme favorable à des transformations sociales par
l’intégration du mouvement ouvrier à la vie politique légale et par des accords avec le
patronat.
1914-1933. Le
temps de la
division entre
socialistes et
communistes
- Le SPD progresse rapidement en nombre de voix et de militants et, en 1912, il devient la
1ère formation politique en Allemagne. Il encadre de nombreuses
organisations (syndicats, coopératives, associations de loisirs) et, contrairement à la ligne
fixée par la IIème Internationale (refus de la guerre, courants pacifistes), il participe à la
vie politique (à l’Union sacrée, où les divergences entre partis sont mises de côté) et
choisit de défendre l’effort de guerre.
- Les divisions du socialisme après la guerre sont particulièrement vives en Allemagne.
Une minorité révolutionnaire, la Ligue Spartakiste, fondée par Rosa Luxembourg et
Karl Liebknecht, se soulève en 1918 contre le nouveau régime, la république de Weimar
(une démocratie parlementaire). Elle soutient la révolution bolchévique russe, donne
naissance au Parti communiste (KPD) en 1918, et mène une agitation révolutionnaire dans
le pays (insurrection de Kiel en 1918).
- Le SPD, soutien de la république de Weimar, dont le 1er pdt est l’un de ses chefs,
Friedrich Ebert. Et il participe à la coalition gouvernementale qui réprime le mouvement
spartakiste ; lequel s’achève lors de la « semaine sanglante », du 5 au 12 janvier 1919, et
la mort de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg.
1933-1945.
L’anéantissement
du mouvement
ouvrier
- Entre 1918 et 1933, avec l’appui du DGB, le SPD est au cœur de la vie politique et il
obtient de nombreuses mesures en faveur des ouvriers, comme l’inscription du
syndicalisme dans la constitution, la journée de 8h, les conventions collectives chargées
de régir les droits des ouvriers dans le cadre d’une activité, l’assurance chômage.
- Toutefois, le SPD doit faire face à l’opposition très vive du KPD, qui suit le modèle
communiste soviétique. Or, cette division entre socialistes et communistes est exploitée
par les partisans du nazisme.
- Ainsi, à partir de 1933, le NSDAP au pouvoir entreprend d’anéantir le mouvement
ouvrier. Les partis et les syndicats sont interdits et socialistes, communistes et
syndicalistes sont arrêtés, internés ou contraints à l’exil. Un totalitarisme se met en
place, et le mouvement ouvrier est contrôlé par un syndicat unique nazi, le Front du
travail. Néanmoins, sans s’unir, les socialistes et communistes essayent de s’opposer au
nazisme dans la clandestinité.
Depuis 1945.
Un
mouvement
ouvrier en
quête
d’identité
En RFA, la social-
démocratie sans le
marxisme
- En 1945, l’Allemagne vaincue est divisée en 4 zones d’occupation : Etats-Unis, URSS,
RU, France. En 1949, dans le cadre de la Guerre froide, après le blocus de Berlin,
l’Allemagne est divisée en 2 pays : la RFA et la RDA.
- En RFA, le SPD, recréé au congrès d’Hanovre (1945), devient une force politique de 1er
plan en participant au nouveau modèle démocratique, tandis que le KPD décline avant
d’être interdit. La Confédération allemande des syndicats (DGB) participe à l’économie
sociale de marché avec les lois sur les conventions collectives et la cogestion
(participation active des employés dans la gestion de l’entreprise).
Economie sociale de marché = Modèle économique qui concilie le libéralisme
économique avec une politique sociale garantie par l’action des syndicats.
- Longtemps parti d’opposition, le SPD adapte son programme lors du congrès de Bad
Godesberg de 1959 permettant l’arrivée de Willy Brandt à la chancellerie en 1969. C’est
l’apogée de la social-démocratie l’Etat s’entend avec les organisations syndicales
et patronales pour garantir le progrès social. Malgré un terrorisme d’extrême gauche
dans les années 1970 et le retour des chrétiens-démocrates au pouvoir en 1982, ce modèle
subsiste jusqu’à la réunification, en 1990.
En RDA, un Etat
sous l’œil de
Moscou
- A l’Est, le SPD et le KPD fusionnent en 1946 au sein du SED (Parti socialiste
unitaire), qui devient un parti unique, un parti-Etat, dont le secrétaire général est le
dirigeant de la RDA (Walter Ulbricht jusqu’en 1971 / Honecker jusqu’en 1989). Il
applique le modèle soviétique, collectivise l’agriculture et l’industrie, l’objectif étant de
faire de la RDA une vitrine du bloc soviétique. Ce parti unique joue donc un rôle
central en RDA : il forme les fonctionnaires, interdit le droit de grève, supervise les
syndicats et contrôle l’ensemble de la population en imposant une morale socialiste et
grâce à sa police secrète, la Stasi, créée en 1950.
- La réalisation du « socialisme réel », sur le modèle soviétique, privilégie la classe
ouvrière, qui a fait de l’économie de la RDA la 1ère du bloc de l’Est. Cependant, le
contrôle totalitaire de la population conduit à l’échec. Les pénuries, le faible niveau de vie
(sauf pour les cadres du SED), provoquent des mécontentements et le départ de 3 millions
d’Allemands de l’Est vers l’Ouest, jusqu’à la construction du mur de Berlin en 1961.
- En définitive, la société est-allemande s’isole et son économie stagne avant de
s’effondrer dans les années 1980. Les contestations se multiplient en RDA en 1989 et, le
9 novembre, le mur de Berlin est ouvert et le SED est contraint d’organiser des élections
libres.
Depuis la
unification : une
nouvelle gauche ?
- En mars 1990, les Allemands de l’Est choisissent la unification et l’abandon du
« socialisme réel ». Le SED devient le PDS, un parti minoritaire aux élections, mais qui
reste important sur l’ancien territoire de la RDA.
- Le SPD réunit un tiers des voix dans tout le pays et retrouve le pouvoir en 1998 avec
l’arrivée à la chancellerie de Gerhard Schröder. Cependant, les difficultés économiques
entraînent des réformes qui renforcent la compétitivité allemande aux dépens de son
modèle social dans le cadre du programme Agenda 2010. Le parti est diviet perd les
élections fédérales de 2005. Dans un 1er temps membre d’une coalition menée par
Angela Merkel (chrétienne-démocrate), entre 2005 et 2009, le SPD redevient ensuite un
parti d’opposition, mais il doit composer avec un électorat plus divers et des tendances
de gauche plus radicales, comme les Verts et Die Linke.
Les Verts = Parti fondé en 1980, aux revendications écologistes et pacifiques
Die Linke = Part issu de la fusion entre le PDS, héritier du SED, et les sociaux-
démocrates opposés à Gerhard Schder.
Au total, durant la Guerre froide, les pays d’Europe orientale, comme la RDA, deviennent des démocraties
populaires. A l’Ouest, les partis socialistes se modernisent, acceptent l’économie libérale capitaliste, puis ils
s’adaptent à la mondialisation, poursuivant le tournant libéral (années 1990) tandis que des mouvements plus
radicaux se développent à gauche.
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