Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIX
ème
siècle à
nos jours
Chapitre 7 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
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Socialisme : ensemble des doctrines nées vers 1830 afin de résoudre la question sociale dans le sens d’une
plus grande égalité, soit par l’action révolutionnaire, soit par des réformes législatives.
Mouvement ouvrier : ensemble des militants issus des partis socialistes et des syndicats qui luttent pour
obtenir une amélioration de leur quotidien et une émancipation politique, économique et sociale.
Syndicat : organisation qui a pour but de défendre les droits d’une profession.
Au XIX
e
siècle, l’Europe s’industrialise et les ouvriers constituent une classe sociale en expansion, qui prend
conscience de ses spécificités et de sa condition. Dans un contexte de lutte contre l’exploitation ouvrière
dans un monde du travail où la réglementation sociale est inexistante, naît le socialisme, idéologie nouvelle
qui s’articule autour de la lutte des classes et de la révolution pour renverser l’ordre bourgeois.
Dans l’empire allemand, le socialisme, organisé autour d’un puissant parti et d’un syndicalisme de masse,
devient une force politique et sociale majeure. Au cours du XX
e
siècle, il se divise entre une branche
toujours révolutionnaire, le communisme, et un socialisme réformiste moins soucieux de révolution que
d’améliorations concrètes des conditions de vie des travailleurs.
Problématique : Comment s’adapte l’idéologie socialiste au contexte socio-économique d’une Allemagne
en transformation ?
Le monde ouvrier allemand de 1875 à 1914
L’Allemagne de la fin du XIX
e
siècle est un empire, appelé le II
e
Reich, proclamé lors de la victoire sur les
Français en 1871. Il est constitué de la Prusse et des Etats du sud de l’Allemagne comme la Bavière, le
Wurtemberg, ainsi que des départements annexés d’Alsace et de Lorraine (25 Etats souverains en tout). La
population est de 43 millions d’habitants
La croissance industrielle est impressionnante : la production de charbon triple entre 1870 et 1890 (70
millions de tonnes) ; l’Allemagne domine les marchés pour les constructions électriques (Siemens) et pour
l’industrie chimique (Bayer, Hoechst) ; le commerce allemand se place au second rang derrière le RU.
Les principales régions industrielles sont la Ruhr, la Sarre, la Saxe, ainsi que les grandes villes, Berlin
notamment. Les conditions de travail et de vie des ouvriers sont très dures, à l’image du reste de l’Europe et
les grèves sont récurrentes.
I. Le mouvement ouvrier sous l’empire : vicissitudes et affirmation
Comment le mouvement ouvrier, principale force d’opposition sous l’empire allemand, réussit-il à devenir
la première force politique allemande en 1912 ?
A. Le premier parti socialiste unifié d’Europe
En 1875, au congrès de Gotha (Thuringe), est fondé le Parti socialiste des ouvriers allemands (SAP pour
Sozialistische Arbeitpartei Deutschlands) ; il résulte de la fusion du parti de Ferdinand Lassalle à tendance
réformiste et du parti d’August Bebel et Wilhelm Liebknecht marqué par le refus de toute coopération avec
le pouvoir impérial et une volonté de conquête du pouvoir par la force. Malgré leurs divergences, les deux
tendances s’unissent pour ne pas affaiblir le mouvement ouvrier dans une Allemagne où le pouvoir est très
autoritaire. Officiellement marxiste
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, il prône la révolution armée. Mais, dans la pratique, il participe à la vie
parlementaire comme un parti d’opposition qui demande des réformes.
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Marxisme : doctrine philosophique, économique et sociale élaborée par Karl Marx et Friedrich Engels,
visant à créer une société égalitaire par la révolution armée afin d’arracher les pouvoirs que détient la classe
bourgeoise. Ces deux théoriciens sont à l’origine de la I
re
Internationale ouvrière regroupant tous les partis
socialistes sur les bases idéologiques du marxisme (1864).