démocratiques (élections, nouvelle législation). Contexte : développement des
aspirations démocratiques en Allemagne ; l’Empire allemand possède à l’époque
un parlement (Reichtag) élu au suffrage universel mais celui-ci peut être dissout
à tout moment par l’Empereur et le Chancelier.
En 1877, le premier succès électoral du SAP (un demi-million de voix et
12 sièges au Reichstag) alarme Bismarck (déjà opposé à l’ADAV et au SDAP)
et la majorité libérale qui craignent l’établissement d’un Etat socialiste.
Bismarck lutte contre le socialisme par deux moyens :
o Dès 1878, les « Lois socialistes » interdisent les organisations socialistes
(notamment le SAP) ; les chefs du parti partent en exil.
o Il met en place une série de réformes sociales ou « socialisme d’Etat »
qui propose une série de mesures sociales avancées pour couper l’herbe
sous les pieds du mouvement socialiste : il crée notamment le premier
système de sécurité sociale au monde (bien avant la France et les
réformes des années 1940). Cela permet de montrer aux ouvriers que
l’Etat peut les protéger et que le socialisme n’est pas la seule solution.
1883 : création des caisses d’assurance maladie
1889 : loi sur l’assurance vieillesse (retraite à 70 ans)
1891 : un jour de repos hebdomadaire
Le « socialisme d’État » n’emporte ni l’adhésion des masses − les plus humbles
voient leur salaire amputé − ni celle des élites réprimées et isolées. Il ne
parviendra pas à empêcher l’essor du socialisme et du syndicalisme Bismarck,
désavoué par l’empereur en 1890, quitte le pouvoir, et la même année la loi
antisocialiste est abrogée.
L’interdiction du SAP a pour effet de solidariser les ouvriers. Les candidats
socio-démocrates se présentent individuellement (sans parti, puisqu’il est
interdit) et remportent des élections à tous les niveau (usine, ville, Lander,
parlement).
En 1891, au Congrès d’Erfurt, le SAP devient le Parti social-démocrate
(SPD), qui s’inscrit encore dans la lignée marxiste tout en prônant clairement
le réformisme. Ce nouveau tournant est marqué par les théories réformistes de
Eduard Bernstein qui deviennent majoritaires au sein du parti. Il parle de
« révisionnisme » pour désigner le réformisme (sachez le si vous croisez ce mot
ou ce nom, mais ne pas confondre avec l’autre sens du révisionnisme qui
consiste à réécrire l’histoire, notamment pour faire du négationnisme). La
doctrine marxiste reste la doctrine officielle du SPD, bien qu’en pratique il
maintienne une volonté réformiste et démocratique. Cette contradiction entre
théorie et pratique est à nouveau la source de nombreuses divisions
internes : par exemple, les socialistes ne parviennent pas à se positionner par
rapport à la Weltpolitik de Guillaume II (années 1890) :
o La Weltpolitik vise à donner à l’Allemagne une place sur la scène
internationale en promouvant notamment les conquêtes coloniales. Elle
va amener à la 1e Guerre Mondiale.
o Karl Kautsky (socialiste révolutionnaire) rejette le patriotisme et la
conquête qu’il associe au monde capitaliste. Bebel, moins radical,
apparaît à la fois patriotique et antimilitariste. Dans le même temps se
développe un courant pacifiste à la gauche du SPD, influencé par la
IIe Internationale (pour les socialistes, l’ennemi, c’est le bourgeois, pas le
prolétaire français, ou d’un autre pays. Or, dans la guerre, ce sont les
travailleurs qui s’entretuent)