Thème 2 histoire – Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXe siècle à nos jours Chapitre 1 – Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875 Socialisme, communisme et syndicalisme sont des composantes du mouvement ouvrier qui naît avec l’industrialisation au XIXe siècle, c’est-à-dire les partis et syndicats où se retrouvent les travailleurs et tous ceux qui militent à leurs côtés en vue d’une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le socialisme entend réaliser cette amélioration par la lutte contre le libéralisme économique en vue d’une plus grande égalité sociale, soit par des réformes législatives (socialisme réformiste), soit par l’action révolutionnaire (socialisme révolutionnaire ou communisme). Les syndicats, organisations défendant les intérêts des travailleurs, se réclament le plus souvent du socialisme. Le cas de l’Allemagne est intéressant car le mouvement ouvrier y est ancien : c’est en 1875 que naît un grand parti socialiste (1905 en France, 1906 au Royaume-Uni) et l’affrontement entre réformistes et révolutionnaires y est particulièrement marqué. Comment socialisme et communisme ont-ils évolué dans une Allemagne qui a connu de grands changements politiques au cours du XXe siècle ? Entre 1875 et 1918, le mouvement ouvrier se renforce considérablement. Mais sa division pendant l’entre-deux-guerres lui est fatale face au nazisme (1918-1945). Pendant la guerre froide, cette division accompagne la celle de l’Allemagne et ne disparaît pas après la réunification (1945 à nos jours). I) Naissance et affirmation du mouvement ouvrier (18751914) C’est sous l’empire allemand (1871-1918) que se construit le mouvement ouvrier allemand, malgré les tentatives de Bismarck, chancelier de 1871 à 1890, pour le faire disparaître. En 1914, le parti socialiste est le premier parti allemand. Fiche « Naissance et affirmation du mouvement ouvrier allemand » Tableau à compléter à partir du Nathan Cote 1) La naissance du socialisme allemand Complétez le schéma en précisant à chaque fois si le courant de pensée ou le parti socialiste est réformiste ou révolutionnaire (justifiez brièvement et nuancez si nécessaire) (Cours p. 92 pour les trois premières cases, doc. 1 et 4 p. 88-89 pour la case du bas) K. Marx et F. Engels, auteurs du Manifeste du parti communiste (1848) : révolutionnaire (théoriciens de la lutte des classes ; appelle à l’union de la classe ouvrière pour renverser l’ordre économique et social bourgeois). F. Lassalle, fondateur de l’ADAV en 1863 : réformiste (amélioration de la condition ouvrière par l’action électorale et avec l’appui de l’Etat) A. Bebel et W. Liebknecht, fondateurs du SDAP en 1869 : révolutionnaire (inspiré par le marxisme, il entend conquérir le pouvoir par la force et opérer une mutation révolutionnaire de la société) SAP, fondé en 1875 au congrès de Gotha : tentative de synthèse entre socialisme révolutionnaire (idée d’une lutte des classes) et réformiste (« moyens légaux ») Le SAP devient le SPD en 1890 : s’affirme plus nettement comme réformiste, comme le montre son nom (Parti social-démocrate d’Allemagne) et l’importance donnée aux réformes démocratiques. 2) Bismarck contre le mouvement ouvrier Cours p. 92-93, doc. 2 p. 88, doc. 3 p. 89, doc. p. 116 - Pourquoi Bismarck cherche-t-il à lutter contre le mouvement ouvrier ? Pour Bismarck, partisan d’un pouvoir autoritaire et conservateur, le mouvement ouvrier constitue une menace révolutionnaire. Des attentats commis contre l’empereur Guillaume Ier lui fournissent un prétexte. - Quelle mesure adopte-t-il en 1878 ? En 1878, il fait adopter une loi qui interdit aux socialistes toute propagande, supprime leurs associations et journaux et force leurs dirigeants à l’exil. Le SPD conserve cependant le droit de présenter des candidats aux élections. - Quelles mesures adopte-t-il dans les années 1880 ? Dans les années 1880, Bismarck multiplie les réformes sociales pour détourner la classe ouvrière du SPD : assurance-maladie pour les ouvriers (1883), assurance contre les accidents du travail (1884) et contre l’invalidité et la vieillesse en 1889. - Quel est le résultat de ces mesures sur le mouvement ouvrier ? Cette stratégie est un échec, elle est abandonnée en 1890. La loi antisocialiste de 1878 a même resserré les rangs socialistes, autour de sociétés secrètes par exemple. Les lois sociales ont amélioré la condition des ouvriers, mais ne les ont pas détournés du socialisme. 3) L’affirmation du mouvement ouvrier au tournant du XXe siècle Cours p. 92-93, doc. 1 à 4 p. 90-91, doc. 5 p. 89 - Montrez que le mouvement ouvrier connaît un essor entre 1890 et 1914 : entre 1892 et 1913, le nombre de syndiqués passe de 350 000 à 3 millions. Des syndicats non socialistes, qui récusent l’idée de lutte des classes, apparaissent mais la grande majorité sont des syndicats socialistes. Il en résulte une augmentation des mouvements de grèves et un développement d’associations (chorales, théâtres, bibliothèques, coopératives de consommation permettant aux ouvriers de s’approvisionner à moindre coût). Le SPD progresse notablement au Reichstag : en 1912, il obtient 35 % des voix. Des intellectuels le rejoignent, il n’est plus un parti spécifiquement ouvrier. - Quelles sont les deux tendances (et leurs leaders) à l’intérieur du SPD ? De quelle tendance se rapproche la majorité des syndicats (justifiez) ? Cependant, le SPD voit coexister deux tendances : Eduard Bernstein est le théoricien du révisionnisme, courant socialiste réformiste qui se démarque du marxisme. Il s’agit d’améliorer le quotidien des prolétaires dans le cadre démocratique et non de renverser le régime : l’Etat, réformé et dirigé par une bourgeoisie soucieuse du peuple, peut devenir l’instrument de l’intérêt général. Au contraire, Rosa Luxembourg milite contre l’abandon de la ligne révolutionnaire. La majorité des syndicats allemands se rapproche du réformisme, luimême majoritaire à l’intérieur du SPD. Le mouvement ouvrier s’est donc considérablement renforcé à la fin du XIXe siècle en Allemagne comme dans les autres pays européens en cours d’industrialisation, dans lesquels coexistent également plusieurs courants. La domination du réformisme en Allemagne explique qu’en 1914 le SPD accepte l’Union sacrée proposée par l’empereur, c’est-à-dire soutenir le gouvernement dans la guerre par-delà les divergences d’opinion au nom de la défense de la patrie. Mais dès la fin de 1914, ce choix est remis en cause par l’aile gauche du SPD qui fonde en 1917 un parti socialdémocrate indépendant, l’USPD, hostile à l’Union sacrée. II) De la division du socialisme à la mise sous silence (19181945) La division de la gauche allemande tourne à l’affrontement en 1918-1919 et perdure dans l’entre-deux-guerres, ce qui facilite l’accession au pouvoir d’Hitler. 1) L’affrontement entre socialistes et communistes (1918-1919) Le 9 novembre 1918, la défaite et les mouvements de révolte qui éclatent dans les villes allemandes quasiment réduites à la famine, poussent l’empereur Guillaume II à abdiquer. Le SPD mené par Friedrich Ebert soutient la création d’un régime parlementaire : c’est Philipp Scheidemann (SPD) qui proclame la « République allemande ». Au contraire, les leaders du courant révolutionnaire, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, fondateurs pendant la guerre de la Ligue spartakiste (futur KPD, parti communiste d’Allemagne) veulent s’appuyer sur les mouvements de révolte pour établir un régime inspiré de la Russie bolchévique. Le 9 novembre 1918, Liebknecht proclame ainsi la « République socialiste ». Mais les insurgés ne reçoivent pas le soutien des syndicats suite à un accord signé en novembre 1918 entre le représentant du patronat, Hugo Stinnes, et le représentant des syndicats, Carl Liegen : les syndicats se sont engagés à ne pas soutenir la révolution en échange d’importantes concessions patronales comme la journée de 8 heures et les conventions collectives (accords branche par branche fixant les conditions de travail). Et c’est le socialiste Ebert, devenu chancelier, qui fait rétablir l’ordre dans Berlin par l’armée lors de la « semaine sanglante » (5-12 janvier 1919) qui se termine par l’assassinat de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Cette répression vaut aux dirigeants du SPD d’être considérés comme des traîtres par bien des travailleurs qui rejoignent le KPD ; socialistes et communistes sont durablement divisés. 2) Le mouvement ouvrier dans la République de Weimar (19191933) La République de Weimar, du nom de la ville où a été adoptée la nouvelle Constitution, est le régime démocratique qu’a connu l’Allemagne de 1919 à 1933. Ce régime est confronté d’emblée à une double opposition : celle du KPD et des syndicats communistes qui organisent des grèves insurrectionnelles comme celles de la Ruhr réprimées en 1920 ; celle des nationalistes qui, à l’image du NSDAP d’Hitler, lui reprochent d’avoir signé le traité de Versailles, suivant la thèse du « coup de poignard dans le dos », c’est-à-dire le mythe selon lequel l’armée allemande n’aurait pas été vaincue militairement en 1918 mais trahie par les civils, « poignardée » par les révolutionnaires qui firent s’effondrer l’empire allemand. Ces oppositions s’apaisent toutefois au milieu des années 1920 avec l’amélioration de la situation économique du pays. Les élections à l’Assemblée constituante en 1919 ont vu la victoire d’une coalition dominée par le SPD qui gouverne avec ses alliés du centre et du centre-droit. Ebert est élu président de la République (1919-1925). La Confédération générale syndicale allemande (ADGB), proche du SPD, obtient ainsi d’importantes avancées, telles que la création de l’assurance-chômage en 1927. Mais alors que la situation de l’Allemagne s’était améliorée dans les années 1920, la crise de 1929 touche très durement l’économie et favorise l’essor du nazisme. 3) Socialistes et communistes face au nazisme (1933-1945) Le KPD, suivant la consigne du Komintern (Internationale communiste créée en 1919 et regroupant l’ensemble des partis communistes soutenant l’URSS), refuse de s’allier au SPD face au parti nazi : les communistes considèrent que le SPD défend le capitalisme et ne vaut pas mieux que le fascisme. En 1932, le SPD fait campagne contre le parti nazi, mais en vain : il ne recueille que 20 % des voix, le KPD 17 % et le NSDAP 33% ; faute d’alliance de la gauche, Hitler remporte donc les élections et devient chancelier le 30 janvier 1933. Une fois au pouvoir, Hitler s’emploie à faire disparaître toute opposition politique. En février 1933, l’incendie du Reichstag attribué par les nazis à un « complot communiste » leur fournit le prétexte pour interdire le KPD. Entre mars et juillet 1933, tous les partis sont interdits ainsi que les syndicats. Les principaux dirigeants socialistes et communistes sont internés dans des camps de concentration ou doivent s’exiler. Pour encadrer et surveiller le mouvement ouvrier, les nazis remplacent les syndicats par une organisation de type corporatiste, le « Front du Travail » regroupant patrons et ouvriers ; la grève est interdite et les conflits dans l’entreprise sont réglés par des militants nazis élus par les ouvriers sur une liste dressée par le patron. L’organisation « La Force par la joie » subventionne les congés ouvriers et les manifestations culturelles et sportives. Des dirigeants politiques en exil tentent de faire subsister les partis à l’étranger (le SPD crée le SOPADE à Prague dès 1933) et de contrer la propagande nazie (diffusion clandestine du journal communiste Le Drapeau Rouge). Mais étant donné les risques de répression, les actes de résistance de la part des ouvriers sont limités (arrêt de travail, distribution de tracts). Sans être ralliés au régime nazi, les ouvriers allemands apparaissent pour la plupart résignés à la fin des années 1930. Pendant la Seconde guerre mondiale, le SPD, depuis Londres, et le KPD, depuis Moscou, créent cependant des réseaux de résistance : 70 % des tracts interceptés en Allemagne par la Gestapo viennent de ces partis. III) Socialisme et communisme dans l’Allemagne divisée puis réunifiée (1945 à nos jours) Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les partis renaissent en Allemagne. La guerre froide qui conduit en 1949 à la division de l’Allemagne consacre la division du socialisme : tandis que le communisme règne en maître en RDA, la social-démocratie est une des principales forces politiques de la RFA. Après 1989, la réunification bouleverse la donne mais les courants socialistes restent divisés face au libéralisme. 1) La RDA : une dictature entre les mains du SED Dès 1946, Moscou impose dans sa zone d’occupation la fusion du SPD et du KPD en un Parti socialiste unifié d’Allemagne, le SED dominé par des communistes fidèles à Staline. L’opposition est progressivement écartée si bien que la RDA créée en 1949 s’apparente aux autres démocraties populaires d’Europe de l’Est : un parti unique, le SED, contrôle les institutions de l’Etat ; le secrétaire général du parti, Walter Ulbricht de 1950 à 1971 puis Erich Honecker de 1971 à 1989, exerce le pouvoir. La société est encadrée par la propagande, la censure et une police politique, la Stasi, chargée d’espionner et d’arrêter les opposants potentiels. Les ouvriers sont réunis dans un syndicat unique (FDGB) dont le rôle est surtout de les stimuler au travail plutôt que de les défendre. La grève est d’ailleurs interdite. Le SED entreprend de créer une société communiste sur le modèle soviétique basée sur la planification (plans quinquennaux par lesquels l’Etat dirige l’économie), les nationalisations (industrie, banques, transports passent sous contrôle de l’Etat), la collectivisation des terres (les petits propriétaires doivent rejoindre des coopératives de production). Les ouvriers bénéficient de nombreuses institutions sociales (crèches, soins médicaux gratuits, centres de vacances…). Cependant, des mécontentements s’expriment de diverses manières. En 1953, les ouvriers de Berlin se révoltent contre la décision d’augmenter le temps de travail sans hausse de salaires ; ils sont brutalement réprimés par l’armée épaulée de chars soviétiques. Au cours des années 1950, près de trois millions d’Allemands de l’Est émigrent vers la RFA via Berlin-ouest, d’où la construction du mur de Berlin en 1961. L’émigration reprend en septembre 1989 via la Hongrie lorsque celle-ci ouvre le rideau de fer avec l’Autriche, tandis que les manifestations d’opposants se multiplient à Berlin-Est ; faute de soutien soviétique, Honecker démissionne et les autorités annoncent l’ouverture de la frontière avec la RFA, ce qui pousse les Berlinois de l’Est à se ruer vers le mur le 9 novembre 1989. 2) La RFA, une démocratie influencée par le SPD En 1946, le KPD réapparaît dans les zones occidentales mais dans le contexte de la guerre froide, son audience est très limitée ; en 1956, il est même interdit au même titre que les autres partis jugés antidémocratiques, avant de renaître en 1968. Le SPD, refondé au congrès de Hanovre en 1946, réaffirme son attachement à la démocratie, mais aussi au marxisme. Or cette référence au marxisme semble désormais inadaptée à un pays en pleine croissance économique et lié au bloc occidental. Lors des premières élections au Bundestag (Parlement de la RFA) en 1949, c’est la CDU (Union chrétienne démocrate, de droite) de Konrad Adenauer qui s’impose (chancelier de 1949 à 1963) et le SPD ne parvient pas à s’imposer dans les années 1950. La RFA n’en devient pas moins, sous l’influence de la DGB (principale centrale syndicale, proche du SPD et forte de 6 millions d’adhérents) le modèle de l’économie sociale de marché, système où l’Etat garantit la libre entreprise et la libre concurrence tout en promouvant une certaine compensation sociale. Ce système repose notamment sur l’adoption en 1952 du principe de la cogestion, qui associe des représentants du personnel, dont des délégués syndicaux, et des représentants des actionnaires à la tête des grandes entreprises. Le succès de ce « dialogue social » (rareté des grèves, plein emploi, forte croissance) pousse le SPD à changer de stratégie : lors du congrès de Bad-Godesberg en 1959, il renonce à ses références marxistes et se rallie explicitement à l’économie de marché. L’accent est mis sur la défense des libertés démocratiques et sur le rôle de l’Etat qui doit garantir plus de justice, notamment dans la répartition du revenu national. Le SPD progresse ainsi à nouveau, surtout avec l’arrivée à sa tête de Willy Brandt, le très populaire maire de Berlin-ouest. En 1966, le SPD participe au gouvernement en coalition avec la CDU puis remporte les élections en 1969. Deux chanceliers socialistes se succèdent alors au pouvoir : Willy Brandt (1969-1974) et Helmut Schmidt (1974-1982). Ils mènent des réformes importantes : extension de la cogestion à toutes les entreprises de plus de 2000 salariés, augmentation de la protection sociale, libéralisation du droit (divorce simplifié, libéralisation de l’avortement…). Cependant, les socialistes au pouvoir dans les années 1970, doivent faire face à une vague de terrorisme : une partie de l’extrême-gauche allemande choisit la lutte armée contre le capitalisme et le pouvoir économique et politique. Le groupe RAF (Fraction Armée rouge) est le plus connu de ces groupes terroristes. De plus, le ralentissement de la croissance économique au milieu des années 1970 pousse Helmut Schmidt à adopter une politique de rigueur (réduction des dépenses publiques) qui déçoit les électeurs du SPD. En 1982, les élections sont ainsi remportées par une coalition de la CDU et des libéraux, Helmut Kohl devient chancelier. Le SPD voit également sa base électorale se réduire avec le recul des effectifs ouvriers et la concurrence du parti écologiste des Verts. Le modèle social allemand défendu par le SPD n’est cependant pas remis en question. 3) La gauche après la réunification Après la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et la réunification allemande le 3 octobre 1990, les premières élections législatives de l’Allemagne réunifiée sont une défaite pour la gauche : le SPD ne recueille que 33,5 % des voix et le parti qui remplace le SED, le PDS composé d’anciens communistes estallemands attachés au marxisme, ne remporte que 2,4 % des suffrages. Les forces de gauche sont affaiblies par le discrédit des idées socialistes associées à la RDA ; la coalition de droite, dirigée par le chancelier sortant Helmut Kohl, est largement gagnante car on lui attribue, tant à l’Ouest qu’à l’Est, la victoire sur la dictature est-allemande. L’audience des syndicats décline également, dans une société de plus en plus tertiarisée et dominée par les classes moyennes. Les effectifs syndicaux, estimés à 12 millions en 1991, tombent à 7 millions dix ans plus tard. Mais l’usure touche aussi le gouvernement conservateur d’Helmut Kohl, qui perd les élections en 1998. Le SPD, en coalition avec les Verts, revient ainsi au pouvoir avec le chancelier Gerhard Schröder. Mais en 2002, celui-ci se maintient au pouvoir grâce à un programme de « nouveau centre », explicitement favorable au libéralisme. Face à la montée du chômage, il lance en 2003 une vaste réforme nommée « Agenda 2010 » : coélaborée avec Peter Hartz, PDG de Volkswagen, elle consiste à libéraliser les conditions de travail et à réduire la protection sociale. Ces lois dites « Hartz » qui remettent en cause le modèle social allemand fondé sur la cogestion jugée trop contraignante dans le contexte de la mondialisation, soulèvent l’indignation des syndicats et de nombreux partisans de gauche. Le chancelier Schröder perd ainsi les élections de 2005. Son opposante Angela Merkel (CDU) qui lui succède salue sa politique économique, c’est le signe d’un effacement du clivage droite/gauche et le début d’une crise idéologique du SPD. La nouvelle orientation donnée par le chancelier Schröder entraîne une recomposition de la gauche allemande. En 2005, des militants du SPD et des syndicalistes déçus de l’action du chancelier Schröder fondent le WASG (« Alternative électorale, travail, justice sociale ») ; le PDS devient le « Linkspartei » (Parti de gauche), rejoint par des membres du SPD hostiles à la politique menée par le pouvoir. En 2007, WASG et Linkspartei fusionnent pour donner naissance à « die Linke » (la Gauche). Son leader, Oskar Lafontaine, est un ancien dirigeant du SPD. Critique à l’égard de Schröder, il cherche à bâtir une « gauche de gauche ». Aux élections législatives de 2009, die Linke a obtenu un bon score (12 %) face au SPD (23 %).