Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, fondateurs pendant la guerre
de la Ligue spartakiste (futur KPD, parti communiste d’Allemagne)
veulent s’appuyer sur les mouvements de révolte pour établir un
régime inspiré de la Russie bolchévique. Le 9 novembre 1918,
Liebknecht proclame ainsi la « République socialiste ».
Mais les insurgés ne reçoivent pas le soutien des syndicats suite à
un accord signé en novembre 1918 entre le représentant du
patronat, Hugo Stinnes, et le représentant des syndicats, Carl
Liegen : les syndicats se sont engagés à ne pas soutenir la
révolution en échange d’importantes concessions patronales
comme la journée de 8 heures et les conventions collectives
(accords branche par branche fixant les conditions de travail). Et
c’est le socialiste Ebert, devenu chancelier, qui fait rétablir l’ordre
dans Berlin par l’armée lors de la « semaine sanglante » (5-12
janvier 1919) qui se termine par l’assassinat de Rosa Luxembourg
et Karl Liebknecht. Cette répression vaut aux dirigeants du SPD
d’être considérés comme des traîtres par bien des travailleurs qui
rejoignent le KPD ; socialistes et communistes sont durablement
divisés.
2) Le mouvement ouvrier dans la République de Weimar (1919-
1933)
La République de Weimar, du nom de la ville où a été adoptée la
nouvelle Constitution, est le régime démocratique qu’a connu
l’Allemagne de 1919 à 1933. Ce régime est confronté d’emblée à
une double opposition : celle du KPD et des syndicats communistes
qui organisent des grèves insurrectionnelles comme celles de la
Ruhr réprimées en 1920 ; celle des nationalistes qui, à l’image du
NSDAP d’Hitler, lui reprochent d’avoir signé le traité de Versailles,
suivant la thèse du « coup de poignard dans le dos », c’est-à-dire le
mythe selon lequel l’armée allemande n’aurait pas été vaincue