Universit´e de la Nouvelle Cal´edonie. Licence de math´ematiques, S5. Alg`ebre 5. Ann´ee 2011. Eric Edo.
1 G´en´eralit´es sur les groupes.
1.1 Mono¨ıdes, semi-groupes, groupes.
D´efinitions. Soit Eun ensemble.
1) Une loi interne sur Eest une application fde E×Edans E.
2) Si pour tous x, y E, on note f(x, y) = xy (resp. f(x, y) = x+y) on dit que la loi f(ou, par abus de
langage, que E) est not´ee multiplicativement (resp. additivement).
3) Soit fune loi interne sur E.
a) On dit que fest associative si pour tous x, y, z E, on a 1:f(f(x, y), z) = f(x, f(y, z)). Si fest not´ee
multiplicativement on a : (xy)z=x(yz) et si fest not´ee additivement, on a : (x+y) + z=x+ (y+z).
b) On dit que fest commutative si pour tout x, y Eon a : f(x, y) = f(y, x). Si fest not´ee multiplica-
tivement on a : xy =yx et si fest not´ee additivement, on a : x+y=y+x.
Remarque. La notation additive est r´eserv´ee (en g´en´eral) aux lois commutatives.
D´efinition. On appelle semi-groupe un ensemble Smuni d’une loi associative. On dit qu’un semi-groupe
est ab´elien si de plus la loi est commutative.
Propri´et´e. Soit Sun semi-groupe not´e mutiplicativement (resp. additivement). Soit nN r {0}et
soient x1, . . . , xnS. Il existe un ´el´ement unique not´e
n
i=1
xi(resp.
n
i=1
xi) tel que pour tout entier
k∈ {1, . . . , n 1}on ait :
n
i=1
xi=
k
i=1
xi
nk
i=1
xk+i(resp.
n
i=1
xi=
k
i=1
xi+
nk
i=1
xk+i).
Remarques.
1) On a :
1
i=1
xi=x1(resp.
1
i=1
xi=x1) et
2
i=1
xi=x1x2(resp.
2
i=1
xi=x1+x2). On note :
3
i=1
xi=x1x2x3
(resp.
3
i=1
xi=x1+x2+x3) et
4
i=1
xi=x1x2x3x4(resp.
4
i=1
xi=x1+x2+x3+x4).
2) Si la suite x1, . . . , xnest constante ´egale `a x, on note xn=
n
i=1
x(resp. nx =
n
i=1
x).
Propri´et´e. Soit Sun semi-groupe not´e multiplicativement (resp. additivement). Soient xEet m, n
N r {0}. Alors xmxn=xm+net (xm)n=xmn (resp. (m+n)x=mx +nx et m(nx) = (mn)x).
Propri´et´e. Soit Sun semi-groupe ab´elien not´e additivement. Soit nN r {0}, soient x1, . . . , xnSet
soit σune bijection de {1, . . . , n}dans lui mˆeme, on a :
n
i=1
xi=
n
i=1
xσ(i).
1. A propos de f(f(x, y), z) = f(x, f(y, z)), Artin ´ecrit dans [A] : This ugly formula illustrates the fact that functional
notation isn’t convenient for algebraic manipulation.
1
D´efinition. Soit Eun ensemble muni d’une loi interne f. Soit uE. On dit que uest un ´el´ement neutre
si pour tout xE, on a f(u, x) = f(x, u) = x.
Propri´et´e. Soit Eun ensemble muni d’une loi interne. S’il existe un ´el´ement neutre, il est unique.
Remarque. Si Eest not´e multiplicativement (resp. additivement) on note l’´el´ement neutre 1 (resp. 0).
D´efinition. On appelle mono¨ıde un semi-groupe muni d’un ´el´ement neutre.
D´efinition. Soit Mun mono¨ıde de loi fet d’´el´ement neutre u. On dit qu’un ´el´ement xMest
sym´etrisable s’il existe yEtel que f(x, y) = f(y, x) = u(on dit alors que yest un sym´etrique de x).
Propri´et´e. Soit Mun mono¨ıde. Soit xM. Si xest sym´etrisable alors le sym´etrique de xest unique.
Remarque. Si Mest not´e multiplicativement (resp. additivement), on dit inversible (resp. opposable) `a
la place de sym´etrisable et on note x1(resp. x) et on appelle inverse (resp. oppos´e) le sym´etrique de x.
Propri´et´e. Soit Mun mono¨ıde de loi f. Soient x, y Mdes ´el´ements sym´etrisables. Notons xet yles
sym´etriques respectifs de xet y. Alors f(x, y)est sym´etrisable et son sym´etrique est f(y, x).
Remarque. Si Mest not´e multiplicativement. On dit que le produit de deux ´el´ements inversibles est
inversible et que l’inverse du produit est le produit des inverses pris dans l’ordre inverse. C’est `a dire que
si x1et y1existent alors (xy)1existe et (xy)1=y1x1. Par une r´ecurrence imm´ediate, ceci s’´etend
`a un produit d’un nombre quelconque d’´el´ements inversibles.
Exemples (de mono¨ıdes).
1) Les ensembles de nombres positifs N,Q+et R+muni de l’addition.
2) Les ensembles de nombres Z,Q,Ret Cmuni de la mutiplication.
3) Soit Kun corps et nN r {0}. L’ensemble Mn(K) muni de la multiplication des matrices.
4) Soit Eun ensemble. L’ensemble F(E, E) muni de la composition des applications.
D´efinition. On appelle groupe un mono¨ıde Gtel que tout ´el´ement de Gsoit sym´etrisable. On dit que G
est un groupe ab´elien si de plus la loi est commutative.
Exemples (de groupes).
1) Les ensembles de nombres Z,Q,Ret Cmuni de l’addition.
2) Les ensembles de nombres non-nuls Q,Ret Cmuni de la mutiplication.
3) Soit Kest un corps et nN r {0}. L’ensemble Gln(K) muni de la multiplication des matrices (groupe
lin´eaire).
4) Soit Eun ensemble. L’ensemble S(E) des bijections de Edans Emuni de la composition des appli-
cations (groupe sym´etrique).
Remarque. Plus g´en´eralement, si Mest un mono¨ıde not´e multiplicativement, l’ensemble Mde tous
les ´el´ements inversibles de Mest un groupe. Les exemples 2, 3 et 4 ci-dessus sont de ce type.
D´efinition. Soit Gun groupe. Soient xG. Si Gest not´e multiplicativement (resp. additivement), on
pose x0= 1 (resp. 0x= 0) et, pour tout nZtel que n < 0, on pose xn= (xn)1(resp. nx = (n)(x)).
Propri´et´e. Soit Gun groupe. Soient xGet m, n Z. Alors xmxn=xm+net (xm)n=xmn (si Eest
not´e multiplicativement) (m+n)x=mx +nx et m(nx) = (mn)x(si Eest not´e additivement).
2
1.2 Sous-groupes, parties g´en´eratrices, ordre.
D´efinition. Soit Gun groupe de loi fet soit Hun sous-ensemble non vide de G. On dit que Hest un
sous-groupe de Gsi pour tout x, y H,ona:f(x, y)Ho`u yest le sym´etrique de y.
Remarque. Soient Gun groupe de loi fet Hun sous-ensemble de G. Alors Hest un sous-groupe de G
si et seulement si les trois propositions suivantes sont vraies :
i) l’´el´ement neutre de Gest dans H(poss`ede l’´el´ement neutre),
ii) pour tout x, y H, on a f(x, y)H(stable par la loi),
iii) pour tout xHle sym´etrique de xest dans H(stable par sym´etrie).
Propri´et´e. Soit Gun groupe de loi f. Soit Hun sous-groupe de G. Alors Hmuni de la restriction de
f`a H×Hest un groupe.
Th´eor`eme. Soit Gun groupe. Soient Het Kdeux sous-groupes de G.
1) Dans tous les cas, l’ensemble HKest un sous-groupe de G.
2) L’ensemble HKest un sous-groupe de Gsi et seulement si HKou KH.
Exemples (de sous-groupes).
1) Soit nN, l’ensemble nZdes multiples de nest un sous-groupe de Zmuni de l’addition.
2) Soit nN, l’ensemble Cn={zC;zn= 1}est un sous-groupe de Cmuni de la mutliplication.
3) Soit Kest un corps et nN r {0}.
a) L’ensemble Sln(K) = {MGln(K) ; et(M)=1}est un sous-groupe de Gln(K) muni de la multipli-
cation des matrices (groupe sp´ecial lin´eaire).
b) L’ensemble TSIn(K) des matrices triangulaires sup´erieures inversibles est un sous-groupe de Gln(K).
c) L’ensemble TSUn(K) des matrices triangulaires sup´erieures unitaires (avec des 1 sur la diagonale) est
un sous-groupe de TSIn(K)Sln(K).
4) Soit Eun ensemble et soit xE. L’ensemble {σS(E) ; σ(x) = x}est sous-groupe de S(E) muni
de la composition des applications.
Dans la suite de ce chapitre tous les groupes sont not´es multiplicativement.
D´efinition. Soit Gun groupe et soit Eun sous-ensemble de G.
1) L’intersection de tous les sous-groupes de Gqui contiennent Eest un sous-groupe appel´e sous-groupe
de Gengendr´e par E, il est not´e < E >G.
2) Si le sous-groupe engendr´e par Eest Gtout entier, on dit que Eest une partie g´en´eratrice.
Propri´et´e. Soit Gun groupe et soit Eun sous-ensemble de G. Notons E1={x1;xE}Alors :
< E >G={xG;nN,x1, . . . , xnEE1;x=
n
i=1
xi}.
Exemples. Soit Gun groupe.
1) Soit xG. Alors <{x}>G={xn;nZ}.
2) Soient x, y Gtels qu’il existe kNtels que yx =xky. Alors <{x, y}>G={xmyn;m, n Z}.
D´efinition. Soit Gun groupe.
1) On dit que Gest un groupe monog`ene s’il existe xGtel que <{x}>G=G. On dit alors (par abus
3
de langage) que xest un g´en´erateur de G.
2) On dit que Gest un groupe cyclique si Gest fini et monog`ene.
Th´eor`eme. Soit Gun groupe et soit Eune partie g´en´eratrice de G. Si pour tous x, y Eon a xy =yx
alors Gest ab´elien. En particulier : Si Gest monog`ene alors Gest ab´elien.
D´efinition. Soient Gun groupe et soit xG. On appelle ordre de xle cardinal du sous-groupe engendr´e
par x. On note ord(x) = card(<{x}>G). Par similitude, on appelle ordre de Gle cardinal de G.
Th´eor`eme. Soient Gun groupe. Soit xGet soit kZ. Alors :
1) ord(x) = min{nN r {0};xn= 1}. En particulier : ord(x) = 1 si et seulement si x= 1.
2) xk= 1 kord(x)Z.
3) ord(xk) = ord(x)
pgcd(k, ord(x)). En particulier :
a) ord(x1) = ord(x),
b) Si ord(x) = ab avec a, b Nalors ord(xa) = bet ord(xb) = a.
Exemple. Soit nN r {0}. Le sous-groupe Cn={zC;zn= 1}de Cest cyclique et d’ordre n. Les
g´en´erateurs de Cns’appellent les racines primitives n-i`emes de l’unit´e, ce sont les nombres complexes de
la forme ei2
navec kZpremier avec n. Le nombre de racines primitives n-i`emes de l’unit´e s’appelle
l’indicateur d’Euler de nsouvent not´e φ(n).
1.3 Classes modulo un sous-groupe, th´eor`eme de Lagrange, produit direct.
D´efinition. Soient Gun groupe, Hun sous-groupe de Get xG. On appelle classe `a gauche modulo
Hde x, l’ensemble xH ={xh ;hH}. On note [G:H] et on appelle indice de Hdans Gle nombre de
classes `a gauche modulo H.
Th´eor`eme (de Lagrange). Soient Gun groupe, Hun sous-groupe de Get x, y G.
1) On a : xH =yH ou bien xH yH =(les classes modulo Hsont confondues ou disjointes).
2) Il existe une bijection entre xH et yH (les classes modulo Hont le mˆeme cardinal).
3) On a : ord(G) = ord(H)[G:H]. En particulier, si l’ordre de Gest fini :
a) L’ordre de Hest un diviseur de l’ordre de G.
b) Pour tout xG,ord(x)est un diviseur de ord(G)et xord(G)= 1.
Exemples. 1) Soit Gun groupe dont l’ordre est un nombre premier alors Gest cyclique.
2) Soit Gun groupe d’ordre 15. Un ´el´ement non-neutre de Ga pour ordre 3, 5 ou 15.
3) Dans le groupe S3. On consid`ere π=123
213et ρ=123
231. Il y a trois classes `a gauche modulo < π > :
< π >,ρ < π > et ρ2< π >. Il y a deux classes `a gauche modulo < ρ > :<ρ>et π < ρ >. Remarque
(sur les classes `a droite) : < π > ρ ̸=ρ < π > mais < ρ > π =π < ρ >.
D´efinition. Soient Get Hdeux groupes. On appelle produit direct et on note G×Hle produit cart´esien
G×Hmuni de la loi interne not´e multiplicativement d´efinie par (g, h)(g, h) = (gg, hh) pour tout
g, gGet h, hH(produit composantes par composantes).
Th´eor`eme. Soient Get Hdeux groupes (resp. groupe ab´elien). Alors le produit direct G×Hest un groupe
(resp. groupe ab´elien) dont l’´el´ement neutre est (1,1) et dont l’ordre est le produit des ordres de Get de H.
Propri´et´e (Restes chinois). Soient Get Hdeux groupes. Soient gGet hH. Alors : ord((g, h)) =
ppcm(ord(g),ord(h)). En particulier G×Hest un groupe cyclique si et seulement si Get Hsont cycliques
4
et ont des ordres premiers entre eux.
1.4 Exercices.
Exercice 1. Inverse unilat´eral.
1) Soit Eun mono¨ıde not´e multiplicativement. Soit xE. On suppose qu’il existe y, yEtels que
xy =yx= 1. Montrer que y=y. Que peut-on dire de x?
2) Soit Ele mono¨ıde des applications de Ndans lui-mˆeme pour la composition des applications. D´eterminer
τ:NNet σ:NNtels que στ= Id mais τσ̸= Id. Comparer avec la question 1.
Exercice 2. Semi-groupe avec ´el´ement neutre et inverses `a droite.
Soit Sun semi-groupe not´e multiplicativement. On suppose qu’il existe un ´el´ement eStel que :
i) pour tout xSon a : xe =xet ii) pour tout xS, il existe yStel que xy =e.
1) Soient xSet yStels que xy =e. Montrer que yx =e.Indication : Il existe zStel que yxz =e.
2) Soit xS. Montrer que ex =x.
3) Conclure que Sest un groupe.
Exercice 3. El´ements simplifiables.
Soit Eun mono¨ıde not´e multiplicativement. Soit xE. On dit que xest simplifiable si pour tous
y, z E, on a : xy =xz y=zet yx =zx y=z.
1) Soit xE. On suppose que xest inversible. Montrer que xest simplifiable.
2) Dans le mono¨ıde multiplicatif Z, quels sont les ´el´ements simplifiables (resp. inversibles) ?
3) On suppose que Eest fini. Soit xE. On suppose que xest simplifiable. Montrer que xest inversible.
Indication : Consid´erer la multiplication par x.
Exercice 4. Transport de structure.
1) Soit Gun groupe not´e multiplicativement. Soit Eun ensemble (de mˆeme cardinal que G). Soit ϕune
bijection de Edans G. Sur E, on d´efinit une loi par ab=ϕ1(ϕ(a)ϕ(b)) pour tout a, b E. Montrer
que Emuni de est un groupe. A quelle condition est-il ab´elien ?
2) Soit E=R r {2}. Soit la loi sur Ed´efinie par ab=ab 2(a+b) + 6 pour tout a, b E. Montrer
que Emuni de est un groupe ab´elien.
Exercice 5. Condition suffisante pour qu’un groupe soit ab´elien.
Soit Gun groupe not´e multiplicativement.
1) On suppose que pour tous x, y Gon a (xy)2=x2y2, montrer que Gest ab´elien.
2) On suppose que pour tout xGon a x2= 1, montrer que Gest ab´elien.
3) Soit pun nombre premier impair. Montrer que quelque soit MTSU3(Fp) on a : Mp= Id. Le groupe
TSU3(Fp) est-il ab´elien ?
Indication : Calculer Mnpour une matrice MTSU3(Z) par r´ecurrence sur n.
4) On suppose que pour tous x, y Gon a (xy)1=x1y1, montrer que Gest ab´elien.
Exercice 6. Sous-groupes de Q.
On note D={a
10n;aZ, n N}. Soit pPun nombre premier, on note Zp={n
m;nZ, m ZrpZ}.
1) Montrer que Det Zpsont des sous-groupes de Qmuni de l’addition.
2) D´eterminer l’ensemble des ´el´ements inversibles de Det de Zp.
Exercice 7. Sous-corps quadratique de C.
Soient α, β Zet soit ζCrQ tels que ζ2=αζ +β. On note Q(ζ) = {a+;a, b Q}.
1) Montrer que Q(ζ) est un sous-Q-e. v. de Cdont (1, ζ) est une base.
2) Montrer que Q(ζ)r{0}est un sous-groupe de Cmuni de la multiplication.
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