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PRÉPARATION
Tenir compte de la question
• « Journal intime » : il faut que vous récapituliez avant tout les caractéristiques de ce genre autobiographique : quels indices formels ? quelle teneur ?
• « poétique » : vous incite à être attentif aux diverses caractéristiques de la
poésie, dans sa forme, mais aussi dans ses thèmes.
• « pouvoirs de la poésie » : il faut aller au-delà du sens premier du poème
et dégager ce que Musset veut faire comprendre – et applique dans son
poème même – sur le pouvoir transfigurateur de la poésie.
©HATIER
Trouver les axes
• Utilisez les pistes que vous ouvre la question, mais composez aussi la
« définition » du texte.
Poème en vers réguliers (genre) romantique (mouvement) qui ressemble à un journal intime (genre approché) qui décrit (type de texte :
descriptif) la vie en prison (thème), un peu pathétique, lyrique (registres), pittoresque (adjectif) pour donner une idée de la vie carcérale et
pour apaiser son mal, pour mettre en valeur les pouvoirs de la poésie
(buts de l’auteur).
• Utilisez les éléments de la question et de la « définition » pour trouver des
axes ou des idées directrices.
Dans chaque axe, introduisez un mot de la question.
PRÉSENTATION (PLAN DÉTAILLÉ)
Introduction
• Poètes en prison (se référer au corpus) : souvent inspirés par leur détention (êtres sensibles) ; un thème d’inspiration pour « soigner son mal »
(cf. Verlaine : « Mes prisons »).
• En même temps, pouvoir d’évasion et de transfiguration de la poésie qui
permet d’être ailleurs (poète voyageur).
• Musset : poète romantique, donc en révolte, refuse le service de la Garde
nationale à trois reprises. Ici, deuxième expérience de prison.
• « Le mie prigioni » (en italien : Musset très attaché à l’Italie ; vogue de « Le
mie prigioni » de Silvio Pellico, le carbonaro) rend compte de la « tristesse »,
du mal-être, mais, au fil du poème, l’état d’âme et la prison elle-même se
transfigurent : le poète les a faits siens (« mie »).
I. Une chronique de prison, le journal d’un prisonnier
1. Un lieu bien réel : la réalité carcérale
a) Bâtiments carcéraux
• Décrits comme si on y entrait, toujours en relief en fin de vers, vocabulaire
de la « prison » (v. 2) : « porte », « cachot », « fenêtre », « muraille », « toit »
(deux fois), « mur nu », « cachots ». Mouvement d’entrée, d’enfermement,
puis d’élargissement, puis de réenfermement.
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• Enfermement rendu par le choix du vers : octosyllabe, suivi d’un vers de
quatre pieds : Musset a coupé son alexandrin comme s’il n’avait pas sa
place, comme pour mieux l’enfermer.
b) Occupations
• Passivité (« je suis », verbe d’état) et ennui (« on bâille ») ; plutôt état d’âme
qu’occupation : « bouder à la fenêtre ».
• Pour tromper l’ennui, activité nocive (« en fumant »).
• Passivité de la sensation (« on aperçoit » # regarder).
• Puis plus rien… (devient simple observateur).
2. Le temps qui s’écoule et qui dure
a) Les repères, notations de temps
• « depuis une semaine », « de grand matin » (v. 18), « rayons de l’automne »
(valeur symbolique de l’automne, saison romantique).
• Du « matin » au « réseau d’or », image qui connote le coucher du soleil ou
de l’année (cf. « automne »).
• Adverbe : « tout doucement » (v. 16) ; impression de lenteur, avec rime
intérieure sourde en « ou » et sonorités dentales « t » et « d », et douceur de
« c (= ss) », « m ».
• Les verbes : le présent et les verbes d’état (« je suis ») ; verbes comme
« commence à » (v. 15).
b) Le vocabulaire
• L’expression : « séjour tranquille ».
• L’adjectif « long » utilisé deux fois, même s’il qualifie des distances, prend
une résonance temporelle (par contamination) ; sa répétition donne l’impression de monotonie. Même chose pour « plat et monotone » en groupe binaire
statique (pas de mouvement fluide ni d’émotion forte).
c) La versification fluide
• La régularité des strophes, par les enjambements (v. 1-2 ; 6-7… voir
notamment strophe 7, d’un seul trait).
• Les vers pairs, rythme régulier.
3. Le contraste avec le « dehors » met en relief les conditions
de détention
• Dedans : « très chaud » (idée d’excès, d’inconfort) ; solitude.
• Dehors : « le soleil », « les rayons », opposé à l’absence de couleur (« mur
nu »).
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• Les êtres du dehors : « les gens » (pluriel qui s’oppose au singulier, marque
de solitude) ; « ceux à qui ce séjour tranquille / Est inconnu » (pluriel encore ;
met en relief que le prisonnier est oublié…).
• L’activité : « font la lessive », oppposé à l’oisiveté.
II. Un journal mais… intime : l’expression du mal-être
et le lyrisme
1. Une réflexion sur la langue : un cliché revivifié qui reprend
tout son sens
Part d’un cliché, d’une comparaison galvaudée (« Triste comme la porte
d’une prison ») et lui redonne vie ; elle reprend sens pour celui qui en fait
l’expérience.
• Les guillemets présentent l’expression comme un cliché (reprise d’une
conversation banale) ; cf. le « on dit » : pronom indéfini + un verbe de parole
on ne peut plus plat.
• Les vers 3 et 4 la revivifient et lui redonnent son sens plein par : la présence du « je », le modalisateur (qui implique réflexion et non répétition
machinale) « crois », l’exclamation vigoureuse « que le diable m’emporte »
qui l’intensifie ; « on a raison » implique une réflexion et non plus un banale
prise de parole vidée de son sens.
2. Sous le signe du regret : le mea culpa de Musset
• Regret d’abord, (« il vaut mieux… »).
• Référence à sa situation particulière : « monter sa garde » (rappel de son
délit).
3. « Je » et « on » : Musset, frère de tous les prisonniers
et porteur de leur mal-être
a) La perte d’identité ?
« On » = « je » (sauf au 1er vers). Sensation que, tout en restant soi, on est
anonyme, on perd son identité (on n’est pas les « autres » du dehors, qui
n’ont pas fait l’expérience de la prison, v. 25-26, qui « ignorent »).
b) Le lyrisme
• Une 1re personne qui jalonne tout le texte : beaucoup d’occurrences
d’indices de la 1re personne, sous toutes ses formes (pronoms, adjectifs
possessifs : v. 3, 5, 6, 9, 13…) ; souvent en début de vers ou de strophe
(v. 9, 13, 29) ➞ lyrisme.
• Un retour sur soi, qui implique la réflexion : pronom réfléchi « (cru) moimême », « je crois » ; verbe pronominal (« je m’aperçois »).
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• Vocabulaire des sentiments ou leurs manifestations : « triste » ; « avec
peine » ; « bouder » ; « bâille »…
III. Les pouvoirs de la poésie, la transfiguration poétique
Inopiné, mais en fait progressivement amené, un « coup de théâtre » :
• signalé par le « pourtant » (v. 33) ;
• conforté par les négations : « n’ont rien (de triste) » (v. 37), qui fait écho, en
inversion, à « Triste comme une prison » ➞ magie de la poésie.
1. La prison transfigurée : elle devient tableau,
une fête pour les yeux
• Les sens, un tremplin vers la transfiguration ; la poésie est peinture.
– Vocabulaire de la vue prédominant : « paraître » ; « perspective » ; « aperçoit » ; « avoir vu ».
– De véritables tableaux : le vocabulaire graphique de la peinture.
– Différents plans : « perspective » ; « le lointain » (arrière-plan) ; « d’abord »
(1er plan).
• La transfiguration se marque aussi par le passage de la comparaison
(« comme la porte »…) à la métaphore, magie de la poésie : « rayons / un
réseau d’or ».
• L’effet de surprise est ménagé par l’enjambement et le renvoi du COD
(« réseau d’or ») en dernier vers de la strophe 9 (même mouvement de
surprise et d’attente dans l’enjambement « A d’imprévu » à la strophe
précédente).
2. Du « je » au « poète », à l’« artiste » : Musset redevient poète,
retrouve son regard et son identité de poète
• Après l’expérience de la prison, on n’est plus le même (moi d’autrefois
différent de moi prisonnier).
• En poète impénitent, il transfigure tout ce qu’il voit : de simples graffiti
deviennent des « vers »…
• Du « je » au « on » à « peintre », « poète, artiste » : l’identité retrouvée à
travers la composition du poème.
3. L’humour ? Le sérieux sous l’humour ?
a) L’humour
• Ton (faussement ?) détaché, prosaïque (conversation de rue) et moralisateur des deux premières strophes.
• Des euphémismes quelquefois doublés de périphrases (« séjour tranquille »).
• Périphrase « spectacle suprême » (ironie ?).
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• Des expressions à double sens ? « y met du sien » : contribue à l’œuvre
commune, au fait que la prison devienne un monde convivial ; ou se donne
du mal, s’adonne avec zèle à son occupation.
b) Le sérieux ?
• De fréquents changements de ton laissent le lecteur perplexe : de ce qui est
sérieux Musset parle avec humour (strophes 1-2) ; de ce qui est léger (« dessins, caricatures », qui ne sont pas des œuvres d’« artiste », peut-être des
dessins obscènes ?), il parle de façon grandiloquente (« vers »). Le lecteur ne
sait pas sur quel pied danser ➞ façon de dédramatiser.
• Une réflexion profonde sur la poésie : la poésie rend supportable l’insupportable, a un pouvoir de transfiguration, change le monde.
Cf. Baudelaire : « Tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or »… L’or c’est
le poème !
Conclusion
Poème finalement assez optimiste ; éloge paradoxal de la prison, sous le
signe de l’autodérision et de l’humour (distance prise par rapport à la
situation).
Le poète transforme tout ce qu’il voit et tout ce qu’il vit et marque la réalité
du sceau de la poésie.
ENTRETIEN
Voici une simulation d’entretien détaillée pour vous permettre de mieux
cerner l’exercice. Elle comprend plusieurs questions possibles et la réponse
développée qui pourrait être apportée à la première.
Questions
L’examinateur pourrait débuter l’entretien par la question suivante :
m Quelles
vous semblent être les fonctions de la poésie ?
• Il vous faut, pour répondre, battre le rappel des poèmes que vous avez
étudiés et les citer comme exemples (une idée sans exemple analysé n’a
pas de valeur).
• Vous devez aussi vous appuyer sur les arts poétiques que vous connaissez
et sur votre cours.
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L’entretien pourra se poursuivre dans diverses directions, par exemple :
m Quelle définition donneriez-vous du poète ?
m Quel est votre poète préféré ? Justifiez votre réponse.
m Préférez-vous les poèmes en vers ou les poèmes en prose ?
m Pouvez-vous me citer dix poètes ?
m Pouvez-vous me réciter un poème par cœur ?
Réponse développée à la première question
La poésie peut avoir plusieurs fonctions :
– décrire : le poète latin Horace définit la poésie comme une « peinture »
(exemples) ;
– mettre en valeur des idées, qui sont exprimées avec plus de force et
d’intensité que par la prose (exemples) ;
– traduire les sentiments et les émotions (poésie lyrique) (exemples) ;
– recréer le monde ou créer un monde nouveau, en « dévoilant » les faces
cachées du monde et des choses (le poète est « voyant ») (exemples) ;
– défendre des idées politiques ou sociales : c’est la poésie engagée
(exemples).
D’une façon générale, deux tendances majeures s’opposent, celle de l’art
pour l’art et celle de la poésie engagée (exemples).
©HATIER
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