CORRIGÉ
333
PRÉPARATION
Tenir compte de la question
« Journal intime » : il faut que vous récapituliez avant tout les caractéristi-
ques de ce genre autobiographique : quels indices formels ? quelle teneur ?
« poétique » : vous incite à être attentif aux diverses caractéristiques de la
poésie, dans sa forme, mais aussi dans ses thèmes.
« pouvoirs de la poésie » : il faut aller au-delà du sens premier du poème
et dégager ce que Musset veut faire comprendre – et applique dans son
poème même – sur le pouvoir transfigurateur de la poésie.
45_FRA060028_34C.fm Page 333 Mardi, 1. août 2006 2:19 14
© H A T I E R
CORRIGÉ
334
ORALSUJET 45
Trouver les axes
Utilisez les pistes que vous ouvre la question, mais composez aussi la
« définition » du texte.
Utilisez les éléments de la question et de la « définition » pour trouver des
axes ou des idées directrices.
Dans chaque axe, introduisez un mot de la question.
PRÉSENTATION (PLAN DÉTAILLÉ)
Introduction
Poètes en prison (se référer au corpus) : souvent inspirés par leur déten-
tion (êtres sensibles) ; un thème d’inspiration pour « soigner son mal »
(cf. Verlaine : « Mes prisons »).
En même temps, pouvoir d’évasion et de transfiguration de la poésie qui
permet d’être ailleurs (poète voyageur).
Musset : poète romantique, donc en révolte, refuse le service de la Garde
nationale à trois reprises. Ici, deuxième expérience de prison.
« Le mie prigioni » (en italien : Musset très attaché à l’Italie ; vogue de « Le
mie prigioni » de Silvio Pellico, le carbonaro) rend compte de la « tristesse »,
du mal-être, mais, au fil du poème, l’état d’âme et la prison elle-même se
transfigurent : le poète les a faits siens (« mie »).
I. Une chronique de prison, le journal d’un prisonnier
1. Un lieu bien réel : la réalité carcérale
a) Bâtiments carcéraux
Décrits comme si on y entrait, toujours en relief en fin de vers, vocabulaire
de la « prison » (v. 2) : « porte », « cachot », « fenêtre », « muraille », « toit »
(deux fois), « mur nu », « cachots ». Mouvement d’entrée, d’enfermement,
puis d’élargissement, puis de réenfermement.
Poème en vers réguliers (genre) romantique (mouvement) qui res-
semble à un journal intime (genre approché) qui décrit (type de texte :
descriptif) la vie en prison (thème), un peu pathétique, lyrique (regis-
tres), pittoresque (adjectif) pour donner une idée de la vie carcérale et
pour apaiser son mal, pour mettre en valeur les pouvoirs de la poésie
(buts de l’auteur).
45_FRA060028_34C.fm Page 334 Mardi, 1. août 2006 2:19 14
© H A T I E R
CORRIGÉ
335
ORALSUJET 45
Enfermement rendu par le choix du vers : octosyllabe, suivi d’un vers de
quatre pieds : Musset a coupé son alexandrin comme s’il n’avait pas sa
place, comme pour mieux l’enfermer.
b) Occupations
• Passivité (« je suis », verbe d’état) et ennui (« on bâille ») ; plutôt état d’âme
qu’occupation : « bouder à la fenêtre ».
Pour tromper l’ennui, activité nocive (« en fumant »).
Passivité de la sensation (« on aperçoit » # regarder).
Puis plus rien… (devient simple observateur).
2. Le temps qui s’écoule et qui dure
a) Les repères, notations de temps
• « depuis une semaine », « de grand matin » (v. 18), « rayons de l’automne »
(valeur symbolique de l’automne, saison romantique).
Du « matin » au « réseau d’or », image qui connote le coucher du soleil ou
de l’année (cf. « automne »).
Adverbe : « tout doucement » (v. 16) ; impression de lenteur, avec rime
intérieure sourde en « ou » et sonorités dentales « t » et « d », et douceur de
« c (= ss) », « m ».
Les verbes : le présent et les verbes d’état (« je suis ») ; verbes comme
« commence à » (v. 15).
b) Le vocabulaire
• L’expression : « séjour tranquille ».
L’adjectif « long » utilisé deux fois, même s’il qualifie des distances, prend
une résonance temporelle (par contamination) ; sa répétition donne l’impres-
sion de monotonie. Même chose pour « plat et monotone » en groupe binaire
statique (pas de mouvement fluide ni d’émotion forte).
c) La versification fluide
La régularité des strophes, par les enjambements (v. 1-2 ; 6-7… voir
notamment strophe 7, d’un seul trait).
Les vers pairs, rythme régulier.
3. Le contraste avec le « dehors » met en relief les conditions
de détention
Dedans : « très chaud » (idée d’excès, d’inconfort) ; solitude.
Dehors : « le soleil », « les rayons », opposé à l’absence de couleur (« mur
nu »).
45_FRA060028_34C.fm Page 335 Mardi, 1. août 2006 2:19 14
© H A T I E R
CORRIGÉ
336
ORALSUJET 45
Les êtres du dehors : « les gens » (pluriel qui s’oppose au singulier, marque
de solitude) ; « ceux à qui ce séjour tranquille / Est inconnu » (pluriel encore ;
met en relief que le prisonnier est oublié…).
L’activité : « font la lessive », oppposé à l’oisiveté.
II. Un journal mais… intime : l’expression du mal-être
et le lyrisme
1. Une réflexion sur la langue : un cliché revivifié qui reprend
tout son sens
Part d’un cliché, d’une comparaison galvaudée (« Triste comme la porte
d’une prison ») et lui redonne vie ; elle reprend sens pour celui qui en fait
l’expérience.
Les guillemets présentent l’expression comme un cliché (reprise d’une
conversation banale) ; cf. le « on dit » : pronom indéfini + un verbe de parole
on ne peut plus plat.
Les vers 3 et 4 la revivifient et lui redonnent son sens plein par : la pré-
sence du « je », le modalisateur (qui implique réflexion et non répétition
machinale) « crois », l’exclamation vigoureuse « que le diable m’emporte »
qui l’intensifie ; « on a raison » implique une réflexion et non plus un banale
prise de parole vidée de son sens.
2. Sous le signe du regret : le mea culpa de Musset
Regret d’abord, (« il vaut mieux… »).
Référence à sa situation particulière : « monter sa garde » (rappel de son
délit).
3. « Je » et « on » : Musset, frère de tous les prisonniers
et porteur de leur mal-être
a) La perte d’identité ?
« On » = « je » (sauf au 1er vers). Sensation que, tout en restant soi, on est
anonyme, on perd son identité (on n’est pas les « autres » du dehors, qui
n’ont pas fait l’expérience de la prison, v. 25-26, qui « ignorent »).
b) Le lyrisme
• Une 1re personne qui jalonne tout le texte : beaucoup d’occurrences
d’indices de la 1re personne, sous toutes ses formes (pronoms, adjectifs
possessifs : v. 3, 5, 6, 9, 13…) ; souvent en début de vers ou de strophe
(v. 9, 13, 29) lyrisme.
Un retour sur soi, qui implique la réflexion : pronom réfléchi « (cru) moi-
même », « je crois » ; verbe pronominal (« je m’aperçois »).
45_FRA060028_34C.fm Page 336 Mardi, 1. août 2006 2:19 14
© H A T I E R
CORRIGÉ
337
ORALSUJET 45
Vocabulaire des sentiments ou leurs manifestations : « triste » ; « avec
peine » ; « bouder » ; « bâille »…
III. Les pouvoirs de la poésie, la transfiguration poétique
Inopiné, mais en fait progressivement amené, un « coup de théâtre » :
signalé par le « pourtant » (v. 33) ;
• conforté par les négations : « n’ont rien (de triste) » (v. 37), qui fait écho, en
inversion, à « Triste comme une prison » magie de la poésie.
1. La prison transfigurée : elle devient tableau,
une fête pour les yeux
Les sens, un tremplin vers la transfiguration ; la poésie est peinture.
– Vocabulaire de la vue prédominant : « paraître » ; « perspective » ; « aper-
çoit » ; « avoir vu ».
De véritables tableaux : le vocabulaire graphique de la peinture.
– Différents plans : « perspective » ; « le lointain » (arrière-plan) ; « d’abord »
(1er plan).
La transfiguration se marque aussi par le passage de la comparaison
comme la porte »…) à la métaphore, magie de la poésie : « rayons / un
réseau d’or ».
L’effet de surprise est ménagé par l’enjambement et le renvoi du COD
réseau d’or ») en dernier vers de la strophe 9 (même mouvement de
surprise et d’attente dans l’enjambement « A d’imprévu » à la strophe
précédente).
2. Du « je » au « poète », à l’« artiste » : Musset redevient poète,
retrouve son regard et son identité de poète
Après l’expérience de la prison, on n’est plus le même (moi d’autrefois
différent de moi prisonnier).
En poète impénitent, il transfigure tout ce qu’il voit : de simples graffiti
deviennent des « vers »…
Du « je » au « on » à « peintre », « poète, artiste » : l’identité retrouvée à
travers la composition du poème.
3. L’humour ? Le sérieux sous l’humour ?
a) L’humour
Ton (faussement ?) détaché, prosaïque (conversation de rue) et moralisa-
teur des deux premières strophes.
• Des euphémismes quelquefois doublés de périphrases (« séjour tranquille »).
Périphrase « spectacle suprême » (ironie ?).
45_FRA060028_34C.fm Page 337 Mardi, 1. août 2006 2:19 14
© H A T I E R
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!