mission de connaissances liées à sa
discipline de référence.
- le formateur: il est légitimé par un
diplôme spécifique et une pratique
professionnelle dans la formation.
Son entrée dans le métier s'est ef-
fectuée lors d'un recrutement u clas-
sique u hors secteur travail social.
Ses pratiques professionnelles sont
centrées sur I'ingénierie.
Ces trois figures ne forment pas des
modèles types. Elles peuvent se com-
pléter, se croiser, évoluer et générer
des mouvements et des stratégies
identitaires individuelles mais aussi
collectives. Elles sont également à re-
garder différemment selon la généra-
tion de formateurs, le métier d'origine
et le type de structures d'écoles.
Une grande polyvalence
Lianalyse des pratiques profession-
nelles permet de repérer des évo-
lutions importantes dans le temps.
Initialement cantonné dans la trans-
mission des savoirs pratiques, l'ins-
tructeur/moniteur va progressivement
revendiquer le droit à la transmission
des savoirs théoriques (bien souvent
réservée aux médecins, jugés, avo-
cats..,). Toutefois, il restera toujours
aussi difficile de définir précisément
ses rôles et fonctions tant sa poly-
valence paraît grande et son champ
d'intervention sans limites. Comme
I'indique M. Christin en 1980, ( nous
voyons donc, ce formateur passer de la
coordination administrative et pédago-
gique à I'animation de groupes de tra-
vail, de I'enseignement de disciplines
en sciences humaines et sociales (psy-
chologie, psychologie sociale, sociolo-
gie. ..) à I'apprentissage de techniques
éducatives, de la guidance individuelle
et de la supervision pédagogique à
I'enseignement de la psychopédago-
gie etc. " (5) Actuellement, on note
encore des différences importantes
entre les pratiques selon le niveau et
le lieu de formation. la convention col-
lective en vigueur, la hiérarchisation
des activités,... Troisième hypothèse :
dans cette diversité, on peut repérer
une base commune qui permettra de
définir I'activité d'un formateur per-
manent en travail social.
Llanalyse des processus de profes-
sionnalisation s'appuie sur les carac-
téristiques propres du groupe, I'orga-
nisation de sa hiérarchie interne, le
positionnement dans le social et le
positionnement global dans le monde
du travail.
Quatrième hypothèse : le groupe pro-
fessionnel des formateurs en travail
social n'existe pas en tant qu'entité
autonome mais plutôt comme un
sous-monde du travail social consti-
tué par un conglomérat de profes-
sionnels s'identifiant d'abord par leur
métier d'origine avec, pourtant, des
processus d'organisation et de hié-
rarchisation à I'intérieur de ce sous-
monde (hiérarchie interne proche
de la hiérarchie des diplômes de TS,
hiérarchie entre les différents types
d'école...). Les formateurs construi-
sent leurs carrières en naviguant
entre ces diftrents niveaux et écoles.
Le métier de formateur
Peu reconnu
De plus, le métier de formateur ayant
une reconnaissance forte et une haute
valeur dans le social, I'accès à la for-
mation permet une ascension dans la
carrière qui passe par un circuit pa-
rallèle à la progression par l'échelle
hiérarchique traditionnelle (chef de
service, directeur,...), ascension par
le savoir, par refus du pouvoir.
En revanche, le métier de formateur
a peu de reconnaissance en dehors
du social. Le formateur n'existe que
par l'école dans laquelle il exerce ou
sur son nom propre s'il acquiert une
reconnaissance par I'expertise, ce qui
lui permet de quitter le secteur de la
formation en travail social pour accé-
der à I'université.
Enfin, on peut s'étonner de l'absence
de collectif de formateurs æuvrant
pour la reconnaissance de ce groupe
professionnel : défense d'un statut,
définition du métier, démarche de
légitimation, fermeture du marché
du travail. Au sein des différents co-
mités d'entente des écoles (6),les for-
mateurs avaient trouvé des espaces
On peut s'étonner de I'absence de collectif de formateurs
recherche
de revendication et de défense d'une
r$entité professionnelle spécifique.
A ce jour, ces espaces d'élaboration
collective n'existent plus, sans doute
est-ce là un signe supplémentaire de
la non-existence d'un groupe profes-
sionnel des formateurs permanents
en travail social?
Ainsi, comme j'ai tenté de le montrer,
beaucoup de questions restent ou-
vertes. IJenquête en cours auprès des
formateurs doit permettre d'en savoir
un peu plus sur ces professionnels.
Deux mille questionnaires ont été en-
voyes fin décembre 2010 dans 160 éta-
blissements de formation (7). Comme
pour toutes enquêtes par question-
naires auto-administrés, I'incertitude
principale concerne le taux de réponse.
Si cet article a pour premier objet dIn-
former sur une recherche en cours. il
a également pour but d'inciter les for-
mateurs à répondre au questionnaire.
Parce que n la question du profes-
sionnalisme rejoint la question de
la politique des organisations u (8),
avant de décider qui seront les for-
mateurs de demain. il est nécessaire
de mieux connaître ceux qui accom-
plissent cette tâche aujourd'hui.
ChristopheVerron
Doctorant en sociologie -ARS Brest
Formateur en travail social ARIFTS
PONANTS - Rezé
(5) Archives Cnahes, Fonds CEECFES
5C38, Journées d'étude des 8 et 9 mai
1980 à Dijon, Introduction par M. Christin
(6) Les Comités d'Entente des Ecoles
étaient des collectifs qui rassemblaient
les écoles par métier, en quelque sorte
les ancêtres de I'Aforts et du GNI
(7) Si vous êtes formateur dans
un établissement de travail social qui
prépare à I'un des 14 diplômes du travail
social et que vous n'avez pas reçu de
questionnaire, vous pouvez le télécharger
à cette adresse: https://sites. google.
corn /site/formateurentravailsocialhomd
telecharger-le-questionnaire
(8) H. S. Becker Préface, in Demaziere D.,
Gadea C. (2009), Op. Cit., p. 11
3 mars 20 | | - LIEN SOCIAL n" lO0S 23