3.3 LE LABORATOIRE
Il se compose traditionnellement d’une pièce où va se jouer la situation, modulable selon les
thématiques abordées et le contexte souhaité (chambre de patient, salle d’attente, box d’urgence),
d’une salle régie dans laquelle les formateurs vont observer les acteurs de la situation derrière une
glace sans tain, avec la possibilité de filmer les acteurs.
Enfin, certains laboratoires sont équipés d’une troisième pièce dans laquelle a lieu le débriefing réalisé
à l’issue de la situation simulée, qui peut aussi servir de salle de projection de la situation pour les
apprenants non acteurs.
4/ Les bénéfices et les limites
4.1 POUR LE PATIENT :
Le patient reste et restera bien entendu le premier à « tester » les actes de soins des
professionnels de santé. La simulation, même pleine échelle ou avec des mannequins haute fidélité,
ne recréé pas à l’identique la situation de soins à l’inverse de la simulation aéronautique par exemple.
D’autre part, compte tenu du nombre croissant d’étudiants dans les promotions d’infirmier(e)
et d’aides-soignants, il n’est pas possible de pratiquer toutes les situations de soins en atelier de
situation simulée avant d’aller sur les terrains de stage. De ce fait, les « premières fois » peuvent
parfois se pratiquer sur le patient.
Cependant, l’avantage majeur de cette technique de formation se résume dans le titre de
notre intervention : « jamais la première fois sur le patient ». En effet, l’étudiant se retrouve en
situation simulée, au plus proche de la réalité, sans pour autant risquer d’être délétère sur le patient.
Le patient va pouvoir bénéficier de l’expérience du soignant avant même que celui-ci n’ait
vécu la situation en activité professionnelle. Par exemple, la gestion des chutes en EHPAD, travaillée
et débriefée en laboratoire de simulation devrait permettre au soignant d’agir efficacement plus
rapidement.
4.2 POUR L’ETUDIANT :
L’étudiant peut se retrouver en difficulté du fait que les situations se rapprochent au plus près
de la réalité. Pour cela, Il est indispensable de lui rappeler, lors du briefing, que même si tout peut
laisser croire qu’ils sont dans une situation réelle, celle-ci n’est que factice.
Lors du débriefing, le formateur devra avoir une posture d’écoute et d’empathie vis-à-vis des
ressentis exprimés ou non par l’étudiant. Il peut aussi lui laisser la possibilité de le revoir à distance.
L’erreur peut être également source de sentiment d’échec, et de jugement de la part des
observateurs. Il est donc impératif de valoriser ce qui est bien, tout en utilisant les erreurs comme
source d’apprentissage et d’amélioration.
Le mannequin n’est pas un être humain et cela reste de la simulation avec tous les biais que
cela peut induire.
Enfin, l’étudiant peut se sentir en difficulté si la situation simulée lui fait revivre quelque chose
de douloureux de sa vie personnelle. Le formateur doit y être attentif et peut, s’il le faut, revoir
l’étudiant en dehors de la séquence pédagogique pour lui proposer une aide.
Une fois ces quelques inconvénients identifiés auxquels le formateur doit être très attentif, il
s’avère que les bénéfices de cette technique, sur un plan pédagogique, sont nombreux :
Le débriefing favorise la mise en lien dans la mesure où le formateur qui anime la séance
va aider les étudiants à mobiliser leurs connaissances, à comprendre l’intérêt de celles-ci
dans la compréhension et l’analyse des situations.
Ces séances permettent également une prise de recul de l’étudiant et une analyse critique
de ses gestes et comportements dans un but de perfectionnement de sa posture.
Les étudiants sont unanimes pour dire que le droit à l’erreur autorisé dans ces séances
permet de comprendre, de s’améliorer et, par ricochet, éviter de reproduire cette
« erreur » lorsqu’ils seront en situation réelle.
Enfin, l’absence de « risque » pour le patient lors des séances permet aux étudiants de
faire baisser le niveau de stress et d’être plus authentiques dans leur manière d’être et de
faire.