DÉSINDUSTRIALISATION, DÉLOCALISATIONS 137
5. France : solde courant et commercial
Source : INSEE.
D’autre part, lorsqu’on estime économétriquement la part de la perte
d’emplois industriels qui vient de la hausse des importations en provenance
des pays émergents, on trouve que seulement 12 ½ % de cette perte (sur la
période 1987-2002) peut être attribuée à cette hausse. Même si le constat
est nuancé à la fin du rapport par l’observation de la perte de qualité des
exportations de la France, de la faible part des nouvelles technologies dans
ces exportations, par la perte d’emplois de recherche dans le secteur des
hautes technologies, on pourrait conclure que les délocalisations sont, dans le
cas de la France, un phénomène peu important ayant peu d’effet sur l’emploi.
Il me semble qu’il faut prendre cette conclusion avec beaucoup de prudence :
• les délocalisations et la désindustrialisation sont un phénomène récent,
qui s’est accéléré après les dépréciations des devises des émergents d’Asie
en 1997-1998 et après l’élargissement de l’Union européenne (voir les évo-
lutions de l’emploi et de la production manufacturière sur le graphique 1) ;
l’analyse historique ne permet peut-être pas de prévoir les tendances futures ;
• le maintien de l’équilibre commercial qui sert de base, comme on l’a
vu plus haut, au calcul des pertes d’emplois dues aux délocalisations, résulte
aussi de l’affaiblissement de la demande intérieure, de la montée du chô-
mage (graphique 6) qu’on peut attribuer aussi aux délocalisations. Les cal-
culs présentés dans le rapport ignoreraient donc les effets macroécono-
miques (croissance faible) des délocalisations ;
• l’estimation de l’effet des délocalisations sur l’emploi industriel en
France est basée sur la seule hausse des importations en provenance des
pays émergents (graphique 7), qui n’est pas très impressionnante.
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1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
solde courant
Balance commerciale
En % du PIB