QUE SONT LES LOCALISATIONS ?
qUne notion difficile à cerner
Les délocalisations ont parfois été mesurées par les investissements directs à létranger.
Pourtant ce ne sont pas tous des délocalisations; ces dernières consistent à fermer une unité
de production sur le territoire national pour en ouvrir une autre à létranger. Et lorsquon
mesure lampleur des délocalisations par les effectifs que contrôlent les filiales françaises à
létranger, on amalgame les investissements réalisés pour conquérir de nouveaux marchés à
ceux réalisés pour se protéger de la concurrence de pays à faibles coûts de main-dœuvre.
qLes délocalisations « défensives »
La raison la plus évidente qui pousse les entrepreneurs à transférer leurs établissements
à létranger est la recherche de faibles coûts de production, en particulier celui de la main-
dœuvre, alourdi en Europe par le haut niveau de protection sociale. Comme le poids de la
fiscalité pesant sur les entreprises accentue les écarts entre pays et que les coûts des trans-
ports et des télécommunications ont diminué, les mouvements de délocalisations semblent
voués à saccélérer. Ils touchent désormais
tous les secteurs dactivité, y compris celui
des services (saisie de données, program-
mation informatique…). Dans un environ-
nement concurrentiel, la délocalisation est
le moyen de gagner la compétitivité-prix
cessaire pour conquérir des parts de
marchés, surtout lorsque la demande est
atone. Du reste, la crise économique et les
contraintes financières qui laccompagnent
poussent chaque agent économique à
rechercher les prix les plus faibles, ce quof-
frent précisément les délocalisations.
qLes délocalisations
« offensives »
Le transfert d’activités productives
hors du territoire national peut aussi cor-
respondre à la volonté des entreprises de
trouver des débouchés nouveaux dans
144
LES DÉLOCALISATIONS
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Dans le textile, l’industrie de la chaussure, celle du jouet ou encore de l’élec-
tronique grand public, les exemples sont nombreux d’entreprises ayant fer
leurs portes en France pour être transférées dans des pays « à bas
salaires ». Faut-il alors craindre les effets de ces délocalisations sur l’emploi ?
Un autre monde, contre
le fanatisme du marché
Dans son ouvrage,
Un autre monde,
contre le fanatisme du marché
, l’écono-
miste américain J. Stiglitz met l’accent
sur des conséquences inattendues des
délocalisations pour les pays à faible ct
salarial. Elles entraînent des difficultés
pour les producteurs locaux qui fournis-
saient le marché intérieur. Ils sont
concurrencés par les industriels qui four-
nissent les marchés occidentaux… et qui
peuvent obtenir des cts de production
leur donnant accès aux marchés du tiers-
monde. On assiste donc à une augmenta-
tion du cmage dans les pays d’accueil
mais sans système de protection sociale
en guise de filet de sécurité.
des zones en développement ou susceptibles de le devenir. Ainsi, l’émergence des pays
d’Asie dans les échanges internationaux a constitué une opportunité pour de nom-
breuses entreprises des pays velops. Aujourd’hui, le sir de conquérir les immenses
marchés de la Chine et de lInde passe par une production sur place beaucoup plus que
par lexportation. Dans le même esprit, la conversion de lEurope de lEst à l’économie de
marché laisse entrevoir des potentialités de développement que les firmes européennes
et américaines ont jà su saisir par des implantations en grand nombre.
CONSÉQUENCES DES DÉLOCALISATIONS
qLes conséquences
Les délocalisations détruisent les emplois, notamment peu qualifs, dans les sites de
production transfés. Cependant, elles en créent dans les zones où se réalisent ces trans-
ferts. De la sorte, par les distributions de revenus quelles réalisent, elles créent du pouvoir
dachat et par conséquent ouvrent des marchés à dautres entreprises. En me temps, le
transfert dactivités vers des zones à faibles cts de production permet limportation à
faibles prix de biens de consommation courante dans les pays dévelops. Cela constitue
un gain de pouvoir dachat, pour les consommateurs de ces pays, qui favorise lémergence
de nouveaux marcs (comme les loisirs par exemple).
qLes stratégies
Les accords sur le commerce interna-
tional empêchent des pays subissant les
transferts d’activis de se protéger des
importations en provenance des pays à
bas salaires par des mesures tarifaires.
Pourtant, de vieilles formes de protection-
nisme refont surface avec l’idée d’une
« clause sociale » qui limiterait les impor-
tations de pays ne garantissant pas les
droits minimaux fondamentaux des tra-
vailleurs et des hommes, ou qui émane-
raient de pays ne disposant pas d’une
protection sociale minimum. En paralle,
de nombreux efforts sont réalis par les
pays développés afin dadapter leur mar-
c du travail et leurs structures sociales
pour faire face au « dumping » social des pays à faible coût de main-dœuvre. Ainsi les sys-
tèmes de protection sociale sont-ils plus ou moins remis en cause et la croissance du coût
du travail, notamment peu qualifié, est contrôe. Cette solution est critiquable, car elle
engendre une forte croissance des inégalités salariales. En outre, la vocation dun pays
développé nest pas de chercher à devenir un pays à bas salaire. Enfin, la compétitivi
dépend dautres facteurs que du prix. Une politique active de formation permettra bien
davantage dadapter les sysmes productifs de ces pays à la nouvelle donne de la division
internationale du travail.
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Une nouvelle division
internationale du travail
Les délocalisations redessinent la divi-
sion internationale du travail. Elles don-
nent aux pays développés la maîtrise des
activités à forte valeur ajoutée (dans le
domaine de la haute technologie notam-
ment), nécessitant une main-d’œuvre
certes peu nombreuse mais très quali-
fiée. En contrepartie, elles poussent les
pays qui disposent d’un avantage compa-
ratif en terme de ct de main-d’œuvre
moins qualife à se scialiser dans les
activités à faible valeur ajoutée.
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