SUJET Les pays développés tirent-ils avantage de leurs échanges avec les pays en développement à forte croissance ? DOCUMENT 1 Pour les pays industrialisés, et particulièrement pour la France, une « montée en gamme » en se positionnant sur le haut de la chaîne de valeur technologique et sur les activités innovantes est le plus sûr moyen d’éviter de se laisser entraîner dans une spirale de concurrence par les prix qu’il sera de toute façon difficile de tenir face aux pays émergents dans les secteurs traditionnels. Cela suppose évidemment de continuer à augmenter le niveau de qualification moyen et d’investir dans la recherche et le développement (R & D). Cette solution ne résout toutefois pas la question de l’offre excédentaire de travailleurs non qualifiés. Bon nombre d’observateurs estiment qu’il est nécessaire de développer parallèlement des emplois dans « les secteurs protégés » de la concurrence internationale, et en particulier dans les services dits de proximité. Une telle politique risque cependant de creuser encore plus les écarts entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés si elle se traduit pour ces derniers par la création de « bad jobs »1. (1) « mauvais emplois » ou « petits boulots » Source : T. MADIÈS, « Quelles stratégies de politique économique face à la mondialisation dans les pays industrialisés ? », Cahiers français, n° 335, novembre-décembre 2006 DOCUMENT 2 Source : Statistiques du commerce international 2010, OMC DOCUMENT 3 La délocalisation au Sud peut avoir des effets bénéfiques pour le commerce des pays du Nord. Si l’Allemagne est le premier exportateur mondial, le fait d'avoir délocalisé, surtout dans les PECO, à peu près le tiers de la valeur ajoutée qui entre dans ces exportations manufacturières participe vraisemblablement à la compétitivité remarquable de ses exportations, malgré le cours de l'euro et malgré le prix de sa main-d'œuvre. Du fait que les pays du Nord produisent moins de produits manufacturés, la nouvelle géographie économique tend à les transformer en centre de design, de R-D1 et de marketing. [...] En conséquence, le commerce entre les deux zones sera constitué de produits manufacturés finis et de composants dans le sens Sud-Nord, et de biens d'équipement sophistiqués et de transferts de technologie et de savoir-faire dans le sens Nord-Sud. Le souci de la protection industrielle deviendra essentiel, succédant à la primauté de la liberté des échanges puis à celui de la maîtrise de la gestion. (1) recherche et développement Source : C.-A. MICHALET, Mondialisation, la grande rupture, La Découverte, Paris 2007 DOCUMENT 4 La désindustrialisation en France Volume annuel moyen d’emplois vers le secteur des Volume annuel Effet externalisation moyen d’emplois vers le secteur des industriels détruits services 1980-2007 71000 25% 2000-2007 65000 5% Effet des gains de productivité 29% 65% Effet de la concurrence internationale (d’après le contenu en emploi des échanges) 13% 28% Source : La désindustrialisation en France, Lilas Demmou, Cahiers de la Direction Générale du trésor, 2010. Clé de lecture : sur la période 80-2007, les gains de productivité expliquent 29% des suppressions d’emploi industriel. Note : La somme des trois effets est différente de 100 %, la décomposition effectuée ne prétendant ni à l’exhaustivité, ni à l’indépendance des effets pris en compte. DOCUMENT 5 [...] les conservateurs soutiennent que, pour rester compétitif à l'échelle mondiale, il faut réduire les impôts et la protection sociale. C'est ce qui a été fait aux Etats-Unis, où les impôts sont devenus moins progressifs, et où des avantages fiscaux ont été accordés aux vainqueurs, c'est-à-dire à ceux qui bénéficient à la fois de la mondialisation et de l'évolution technologique. Résultat, les Etats-Unis et leurs disciples sont en train de devenir des pays riches aux populations pauvres. Les pays scandinaves ont cependant montré une autre voie. Certes, le gouvernement, comme le secteur privé, doit rechercher une efficacité maximale. Mais des investissements dans le secteur de l'éducation et de la recherche, assortis d'une bonne protection sociale, peuvent stimuler une économie plus productive et plus compétitive, avec plus de sécurité et un niveau de vie plus élevé pour tous. Une bonne protection sociale et un marché proche du plein-emploi créent un climat qui incite tous les acteurs - travailleurs, investisseurs et entrepreneurs - à prendre les risques nécessaires pour l'investissement et la création d'entreprise. Source : J. E. STIGLITZ, « Pour une mondialisation réussie », lesechos.fr, le 18 septembre 2006 DOCUMENT 6 Indice des prix à la consommation (année de base 1998 = 100) 1998 100 Appareils de lavage Vêtements 100 de sport Vêtements 100 2000 94,6 2002 90,1 2004 81,8 2006 76,7 2008 70,9 2010 67,8 99,7 98,6 96,6 94,1 95,6 96,8 100,3 101,1 100,3 100,3 101,2 102,1 Source : INSEE, bulletin statistique.