LE ‘‘REVENUE MANAGEMENT’’ : DE LA GESTION OPTIMISEE DES REVENUS A LA GESTION DES CONFLITS. Noureddine SELMI ATER Docteur IUT d’Annecy, Université de Savoie. IREGE EA 2426 9 rue de l'Arc en Ciel. BP 240. 74942 Annecy le Vieux. Tél Bu :(+33) 04 50 09 22 98. Tél Po :(+33) 06 74 84 82 18. e-mail : [email protected] 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 1 Le ‘‘REVENUE MANAGEMENT’’ : de la gestion optimisée des revenus à la gestion des conflits. Noureddine SELMI Docteur, ATER – IUT d’Annecy, Université de Savoie. [email protected] Résumé : le concept de Revenue Management est développée au milieu des années 80. Depuis cette date, la littérature a passée par trois étapes différentes : la modélisation pour une meilleure gestion de la capacité dans les services, l’examen du possible transfert de ces pratiques dans des activités autre que le transport aérien, et enfin le vif débat récent sur les implications de ces pratiques sur le client et par conséquence sur l’intérêt stratégique de l’organisation. Dans cet article, Ces étapes sont tout d’abord présentées. Ensuite, elles sont suivies par une synthèse. Cette synthèse témoigne qu’une application optimale de la mise en oeuvre des techniques de Revenue Management est conditionnée par l’aptitude de l’entreprise à gérer les probables conflits qui peuvent générer avec sa clientèle. Enfin, pour parvenir à une pratique pertinente du Revenue Management et assurer une gestion optimisée de la capacité des recommandations managériales sont proposées. Mots-clés : ‘‘Revenue Management’’, services, gestion de la capacité, gestion des conflits. INTROUCTION : Depuis plus de deux décennies, les techniques du Revenue Management (ou Yield Management) continuent à attirer l’attention des académiciens et des praticiens dans toutes les activités de services. Elles utilisent un système d’information sophistiqué et une modélisation mathématique et statistique importante pour assurer une meilleure gestion de l’offre et de la demande dans les activités de services. Cela repose essentiellement sur une politique de tarification flexible. D’après Desiraju et Shugan (1999), « le principal objectif du ‘‘Yield Management system’’ est l’ajustement par le prix, pour remplir toute la capacité disponible avec le temps ». Cette approche innovante est qualifiée par Liberman (1993) de stratégie. Cette stratégie a modifiée d’une manière fondamentale le fonctionnement de l’entreprise de services, les habitudes concernant la vente, le marketing, la philosophie de la prise de décision et surtout les relations avec la clientèle. Tout au long des années 80, la littérature portant sur le ‘‘Revenue Management’’ était majoritairement axée sur la modélisation pour mieux gérer la capacité dont dispose les 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 2 compagnies aériennes (Bitran et Mondschein, 1995). Ensuite, l’accent a été mis sur les possibilités de transférer ces techniques à d’autres activités (Kimes, 1989). On assiste ces dernières années à l'émergence d'un nouveau champ d’investigation, une attention de plus en plus considérable étant portée sur les conséquences de ces pratiques sur la satisfaction des clients (Bowen et Shoemaker, 1998 ; Shoemaker et Lewis, 1999 ; Reinartz et Kimes, 2002 ; Noone et al., 2003 ; Choi et Mattila, 2003) et sur la fidélité et les relations durables (Noone et Griffin, 1999 ; Kimes, 2002 ; Lieberman, 2003 ; Reinartz et Kumar, 2002 ; Noone, Kimes et Renaghan, 2003 ; Wirtz et al., 2003). Un constat qui fait l’objet d’un consensus entre les chercheurs (Desmet, 2000 ; Kimes et Wirtz, 2002 ; Kimes, 2003 ; Noone et al., 2003 ; Shoemaker, 2003 ; Wirtz et al., 2003 ; Selmi, 2007) est que la justification du prix auprès des clients est critique pour la réussite de la pratique du ‘‘Revenue Management’’, c’est la meilleure procédure pour empêcher des problèmes qui peuvent avoir lieu avec les clients. L’objectif de notre travail est double. D’une part, il s’agit de faire la synthèse de la littérature portant sur le concept du ‘‘Revenue Management’’, depuis son apparition jusqu’à nos jours. D’autre part, nous essayons de présenter les conflits qui peuvent avoir lieu avec la clientèle d’une entreprise pratiquant les techniques de ‘‘Revenue Management’’, et de proposer des recommandations permettant de les réduire. Après avoir présenter la problématique de la gestion de la capacité dans les services, nous montrerons en quoi le ‘‘Revenue Management’’ permet une gestion optimisée des revenus dans les activités où est pratiquée. Ensuite, nous discutons des conséquences de ces pratiques sur l’entreprise et ses clients. Nous formulons aussi des recommandations managériales permettant une pratique pertinente du ‘‘Revenue Management’’ conforme aux principes de la satisfaction et de la fidélité des clients. LA GESTION DE LA CAPACITE DANS LES SERVICES Dans le souci d’améliorer la rentabilité, les entreprises des services disposant d'une capacité fixe essayent souvent d’augmenter le taux d’occupation. Un taux de remplissage faible est en effet certainement associé à une capacité partiellement utilisée. Une sous-exploitation de la capacité disponible présente un coût excédentaire, cela engendrant des retombées inévitables sur le résultat de l’entreprise. La performance de l’entreprise est donc directement affectée par la gestion de la capacité. Pour les services, les fluctuations de la demande rendent la gestion de la capacité plus difficile et plus compliquée. Dans un restaurant, par exemple, il est difficile de prévoir le nombre de clients qui se présenteront, la taille des groupes de clients, l’heure de leur arrivée, leur consommation et la durée de leur repas. Plus ces variables sont incertaines et plus il s’avère difficile de maintenir un taux d’occupation satisfaisant durant une longue période. Aussi, la périssabilité des services est à l’origine de deux situations de manque à gagner. La première est associée à une capacité sous-utilisée, il s’agit des unités disponibles ou des possibilités de servir des clients supplémentaires qui ne peuvent pas être conservées pour des occasions ultérieures. La seconde situation est vécue lorsque l'on est contraint de refuser des clients supplémentaires car toute la capacité disponible a été vendue. Pour éviter ces deux situations souvent vécues par les entreprises de services, et afin de garantir le meilleur rendement possible pour chaque unité de capacité disponible, l’entreprise doit agir simultanément sur la demande d’une part et l’offre d’autre part. Ces actions peuvent être 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 3 efficaces et engendreront des résultats immédiats si l’entreprise adopte le prix comme variable de régulation. L’action sur la demande Plusieurs actions peuvent être menées pour agir sur la demande. L’entreprise peut stimuler les clients en périodes creuses par la pratique de réductions. Cette action assure une grande souplesse dans la gestion, soit en déplaçant une partie de la demande lors des périodes de pointe vers des périodes « calmes », soit en s’adressant à de nouvelles cibles de consommateurs non encore clients si la demande est faible. Cette méthode est fréquente dans quelques activités telles que l’hôtellerie et le transport aérien. Un autre moyen pour agir sur la demande est le développement des systèmes de réservation, ce qui permet par exemple aux restaurants et aux sociétés de transport de réduire les fluctuations dans le temps. D’autres moyens sont également envisageables comme par exemple le développement de services complémentaires de façon à diminuer la perception de l’attente et à créer un climat plus favorable à la prestation du service. Certes, la réservation permet de résoudre le problème des files d’attente qui constitue une grande source de frustration pour le client et une dégradation de la qualité de service pour l’entreprise prestataire (Fisk et Young, 1985). Cependant, la réservation peut aussi engendrer des phénomènes pervers. Il s’agit surtout des situations vécues lorsqu’un ou plusieurs clients ayant réservé ne se présentent pas par la suite. Le taux de non présentation (no show) est particulièrement élevé dans quelques activités comme les restaurants, les hôtels ou le transport aérien, celui-ci pouvant dépasser 20% sur un seul vol. L’action sur l’offre Les actions d’ajustement de la capacité portent également sur l’offre. L’entreprise peut adapter ses ressources humaines aux différents niveaux d’activité, de manière à recruter occasionnellement à temps partiel, au cours des périodes de pointe, des agents supplémentaires. Cela peut également se faire par l’externalisation d’une partie du traitement de la demande. C’est le cas par exemple des compagnies aériennes qui ont recours aux agences de voyage ou qui pratiquent le « code sharing » (le partage de codes) (Guilloux, 2000). Certes, il est rare qu’une entreprise de services augmente sa capacité (renouvellement du parc pour une société de location de voitures, construction d’un étage ou de chambres supplémentaires pour un hôtel…). Toutefois, si une telle démarche stratégique est justifiée, il faut s’assurer de minimiser plusieurs risques qui y sont rattachés. Les procédures classiques d’ajustement de la capacité, par l’action sur l’offre ou la demande, ne pallient que partiellement le dysfonctionnement qu’entraîne la périssabilité des services. De même, elles ne permettent pas de résoudre l’ensemble des problèmes de gestion des capacités. Les entreprises se sont rendues compte que la variable prix présente de grandes possibilités d’action. Ce facteur clé permet de saisir de grandes opportunités avant qu’elles ne soient perdues. La supériorité d’une action par la modulation tarifaire est reconnue pour plusieurs raisons dont les principales sont sa facilité et sa rapidité de mise en œuvre, son coût négligeable en tant que tel et son impact immédiat sur les ventes. 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 4 Le prix, régulateur de l’offre et de la demande L’offre de l’entreprise de services est limitée par sa capacité rigide. La demande est souvent saisonnière, varie de manière aléatoire, est influencée par de nombreux facteurs et est difficile à prévoir. Si le prix à payer et la date (d’achat et/ou de consommation) sont des facteurs décisifs dans la décision d’achat pour la grande majorité des clients, la gestion simultanée des prix et des capacités disponibles constitue la meilleure réponse pour faire face à la difficulté de l’adaptation de l’offre à la demande. Une meilleure adéquation entre l’offre et la demande nécessite un système de tarification souple et bien étudié. Un tel système doit assurer par une modulation tarifaire le suivi rigoureux et en temps réel de la vente des unités restantes. Il s’agit aussi de concilier les actions, souvent entreprises séparément, sur l’offre et la demande. La mise en œuvre de ces mécanismes devient aujourd’hui essentielle, non seulement pour surmonter les problèmes liés à la capacité limitée et la périssabilité de l’offre, mais aussi pour résoudre le problème de tarification des services et garantir une meilleure rentabilité. Fitzsimmons et Fitzsimmons (1999) regroupent toutes les actions possibles, aussi bien sur l’offre que sur la demande, et les présentent en tant que composantes indispensables d’une approche de ‘‘Revenue Management’’. D’après ces auteurs, le ‘‘Revenue Management’’ agit de deux manières simultanées. D’une part, une action sur la demande permet d’augmenter l’utilisation de la capacité disponible. Cette action peut se faire par le biais de systèmes de réservations bien établis et d'une segmentation fine de la demande. Un marché correctement segmenté représente un terrain très favorable aux actions promotionnelles, cela permet d’identifier la clientèle sensible aux variations de prix. Pour les segments peu ou pas sensibles au prix, l’entreprise doit développer des services complémentaires. Il est possible donc, et dans tous les cas des figures, d’exploiter les hausses de la demande et de générer des recettes supplémentaires. En outre, différentes actions sur l’offre sont aussi envisageables pour ajuster la capacité à la demande (Lovelock, Wirtz et Lapert, 2004). Il s’agit essentiellement de l’organisation et la répartition des tâches et de l’ajustement du temps de travail du personnel pour mieux gérer les pics de la demande. Il s’agit aussi d’impliquer le consommateur et d'accroître sa participation dans le processus de servuction. Ces actions engendrent un effet double : réduction des coûts de la prestation et diminution du temps d’attente du client. Il en résulte donc qu’un système de ‘‘Revenue Management’’ combine une action sur l’offre et sur la demande. Cette approche intègre les informations portant sur la capacité à vendre et la demande fluctuante. Cela permet une meilleure gestion des unités disponibles. L’application de ces techniques de ‘‘Revenue Management’’ permet la vente du bon service au bon client au bon moment et au bon prix (Cross, 1998). ‘‘REVENUE MANAGEMENT’’, UNE GESTION OPTIMISEE DES REVENUS Définition du ‘‘Revenue Management’’ Formuler une définition précise du terme ‘‘Revenue Management’’ se révèle assez difficile (Lieberman, 1993). Toutefois, il est possible de se référer à la définition de Jauncey, Mitchell et Slamet proposée en 1995. Cette définition est basée sur une revue de littérature et des 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 5 entrevues avec des responsables du ‘‘Revenue Management’’ : « Le Revenue Management peut être défini comme une approche intégrée, continue et systématique pour maximiser le revenu de chaque unité par la manipulation des tarifs en réponse aux modèles de prévisions de la demande ». De même, la définition proposée par Smith, Leimkuhler, Darrow et Samules (1992) est aussi reprise par nombreuses chercheurs, selon ces auteurs il s’agit d’une « forme sophistiquée de gestion de l’offre et de la demande par l’action simultanée sur les tarifs et la capacité disponible, c’est un processus d’allocation du meilleur service au meilleur client, au meilleur prix et au meilleur moment ». Le ‘‘Revenue Management’’ a modifié en profondeur les stratégies de tarification dans plusieurs secteurs des services. Mise au point par les compagnies aériennes au début des années 80, cette stratégie est adoptée aujourd’hui par diverses activités. Le ‘‘Revenue Management’’ a récemment été qualifié « d’approche de tarification la mieux adaptée aux caractéristiques des services » (Durrande-Moreau, 2002). Son succès tient à deux raisons principales. Tout d’abord, cette technique permet d’agir simultanément sur l’offre et la demande. Depuis longtemps, les entreprises de services prennent des mesures, parfois strictes, et les appliquent à la demande ou à l’offre. Toutefois, ces mesures restent souvent insatisfaisantes car le problème d’ajustement de la capacité à la demande reste non résolu. L’équilibre, quand il est atteint, est généralement provisoire. Le ‘‘Revenue Management’’ permet de s’approcher au plus près et durablement de cet équilibre en assurant un suivi rigoureux de la vente des unités disponibles par l’action simultanée sur l’offre et la demande (Fitzsimmons et Fitzsimmons, 1999). La seconde raison justifiant la réussite des techniques du ‘‘Revenue Management’’ est l’action par une tarification flexible. Rappelons qu’une action sur le prix présente, pour un coût faible, l’avantage d’avoir un effet immédiat sur la demande, notamment lorsqu’elle est sensible au prix. La tarification flexible permet l’ajustement de la capacité disponible aux variations de la demande et par conséquent une meilleure rentabilité de l’offre. Cette rentabilité découle de tarifs différenciés en fonction de la date de la vente, du service vendu et de la catégorie du client, ce qui permet d’optimiser le rendement de chaque unité de la capacité. Partons du principe que l’entreprise doit proposer à chaque client le prix équivalent à la valeur qu’il accorde à l’offre (Rao et Monroe, 1989) et de deux définitions proposées ci-dessus, nous pouvons en déduire que cette approche de tarification flexible (Cross, 1998 ; Desiraju et Shugan, 1999) permet une meilleure gestion de la capacité pour maximiser la recette globale (Daudel et Vialle, 1989). Si nous admettons que le ‘‘Revenue Management’’ permet d’améliorer l’utilisation de la capacité et maximise le rendement de chaque unité disponible, une question logique en découle : ces techniques s’appliquent-elles à toutes les activités de services ? Si non, quelles sont les conditions nécessaires à son l’adoption ? Conditions d’application Après le transport aérien, le ‘‘Revenue Management’’ est maintenant utilisé dans le secteur ferroviaire (Dubois et Frendo, 1995), l’hôtellerie (Jones, 1999, 2000), les télécommunications (Ancian, Jallat et Steyer, 1996), la location de voitures (Geraghty et Johnson, 1997), la publicité (Lodish, 1980), les centrales électriques (Ashworth, 1997), dans des services émergents comme Internet ou le câble (Desiraju et Shugan, 1999, Marmorstein, Rossomme et 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 6 Sarel, 2003), mais aussi dans le transport de colis, les parcs de loisirs, les clubs de beauté, les services de réparation, les séminaires... (Berman, 2005). Malgré la large diffusion de ces techniques, la réponse à la question, ces techniques s’appliquent-elles à toutes les activités ? évoquée par plusieurs études (Kimes, 1989 ; Lieberman, 1993 ; Dubois et Frendo, 1995 ; Lehu, 2000 ; Guilloux, 2000 ; Netessie et Shumsky, 2002 ; Berman, 2005) est évidement non, ces techniques ne s’appliquent pas à toutes les formes de vente, ni à tous les secteurs d’activités. Selon Kimes (1989) les techniques de ‘‘Revenue Management’’ s’appliquent lorsque l’offre est périssable, la demande est saisonnière ou fluctuante, le marché peut être segmenté, la firme a une capacité fixe et exploite des systèmes de réservation pour vendre ses prestations en avance, et enfin les coûts (de vente et de production marginaux) sont faibles et les coûts de changement de capacité sont élevés. Ces six conditions ont été citées dans de nombreuses recherches. Récemment, Berman (2005) a proposé une classification plus détaillée et plus ample des caractéristiques nécessaires pour l’adoption des techniques de « Revenue Management pricing ». Il s’agit des caractéristiques liées à la demande, aux coûts, à la capacité et l’existence des réservations. Caractéristiques de la demande Variation significative de la demande quotidienne, hebdomadaire (weekends vs. Jours de la semaine) ou saisonnière. Demande segmentable. Différence significative de l’élasticité prix entre différents segments. Existence des réservations Demande relativement prévisible. Service pouvant être réservé par le client dans différentes périodes (très en avance ou juste avant l’expiration du service) Usage réel incertain même avec la prise des réservations, il est possible d’avoir des sièges invendus. D’où, il est souvent intéressant de pratiquer des sur réservations pour se protéger contre les non présentations (no-show). Caractéristiques des coûts Faibles coûts marginaux de ventes en comparaison avec les revenus marginaux. Coûts fixes très élevés. Caractéristiques liées à la capacité Capacité relativement fixe. Le nombre limité d'unités de l’offre nécessite une meilleure allocation de la capacité. Dans certaines périodes la capacité excède l’offre et dans d’autres l’offre excède la capacité. Dans les périodes de pic de la demande, il faut mettre des contraintes et des conditions pour l’accès au service. Offre périssable. Elle n’est pas stockable. Tableau 1. : Conditions d’une application idéale du ‘‘Revenue Management’’ (adapté de Berman, 2005) Nous exposerons avec davantage de détails dans ce qui suit les conditions d’application des techniques de ‘‘Revenue Management’’ (Selmi, 2003). Cette présentation se réfère essentiellement aux conditions décrites par Kimes (1989) et approuvées par des études antérieures : 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 7 La périssabilité de l’offre : Pour plusieurs auteurs, la périssabilité est la caractéristique la plus importante des services car elle pose un vrai problème de gestion de l’offre d’une entreprise de services. D’ailleurs, depuis 1988, Parasuraman et Varadajan insistent sur le « perishability problem ». Le ‘‘Revenue Management’’ concerne normalement des services pouvant être périmés, sans valeur après une date donnée. Il contribue à limiter les risques de perte pour les prestations invendues (Desiraju et Shugan, 1999), et c’est par la réduction de l’incertitude à propos des comportements de la demande. La pratique des techniques de ‘‘Revenue Management’’ permet de prévoir avec une plus grande précision les variations de la valeur perçue d’un service par les différents segments composant les diverses classes tarifaires. Demande irrégulière : La plupart des entreprises de services sont confrontées à une demande saisonnière et fluctuante. Etant donné que la capacité est souvent rigide, un déséquilibre saisonnier se manifeste, la demande étant tantôt supérieure et tantôt inférieure à l’offre. De ce fait, le ‘‘Revenue Management’’ utilise la variable prix comme levier pertinent. Il s’agit de pratiquer des réductions et proposer des tarifs promotionnels pour attirer les consommateurs et les inciter à choisir les horaires ou les jours caractérisés par une demande faible. Il permet aussi de tirer profit des périodes de pointe par une augmentation des tarifs. On parvient ainsi non seulement à basculer la demande vers les moments les plus calmes, mais aussi à générer un revenu supplémentaire. Un marché segmentable : Logiquement, l’entreprise doit faire une discrimination tarifaire, sinon pourquoi faire payer un service au même prix pour tout le monde alors que la valeur de ce service varie d’un individu à l’autre ? (Rao et Monroe, 1989). Compte tenu de la différence de valeur perçue par les clients composant le marché de l’entreprise, le ‘‘Revenue Management’’ permet une meilleure exploitation des opportunités offertes. La valeur associée à tout produit ou service diffère en effet d’un client à un autre. Toute entreprise de services qui propose des tarifs fixes gaspille l’occasion de faire payer plus cher les clients pas ou peu sensibles au prix. Elle gaspille aussi des occasions de marges plus importantes dans les périodes à forte demande. Cela prouve qu’une entreprise ne pratiquant pas une segmentation de la demande perd deux types d’opportunités. Capacité rigide : La contrainte d’une capacité fixe ou limitée représente une condition importante pour l’application du ‘‘Revenue Management’’ (Desiraju et Shugan, 1999). Le volume de l’offre est le plus souvent fixe alors que la demande peut fluctuer de façon significative. Lorsque la demande dépasse l’offre fixe, les prestataires ne peuvent dépasser un nombre limité de prestations. Le ‘‘Revenue Management’’ assure la résolution de ce problème et offre à l’entreprise la possibilité de contourner cette limite et de la transformer en un avantage. Au lieu de chercher à vendre plus il s’agit de vendre mieux. Possibilité de réservation : L’application du ‘‘Revenue Management’’ suppose la possibilité de réservation et d’achat avant la date d’usage. Le ‘‘Revenue Management’’ agit sur deux variables afin de remplir la capacité disponible : le prix et le temps. Il s’agit de proposer, pour des services semblables, 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 8 des tarifs différenciés pendant différents intervalles du temps, ce qui suppose la possibilité de réserver avant la date de consommation. Prédominance des coûts fixes : Pour les entreprises de services, les coûts supportés sont dominés par des investissements en locaux, équipements et personnel. Une prestation supplémentaire engendre un coût variable unitaire souvent très faible voire nul pour quelques activités. Donc, une transaction de vente supplémentaire dans les services peut avoir un impact négligeable sur les coûts totaux. C’est la raison pour laquelle le ‘‘Revenue Management’’ permet à l’entreprise de bénéficier de toutes les prestations supplémentaires possibles, bien évidemment sans dégrader la valeur de l’offre. Si les conditions exposées ci-dessus sont réunies, on est devant un contexte idéal pour la mise en oeuvre d’un sustème ‘‘Revenue Management’’. Depuis fin des années 80, une large littérature a en effet confirmé la possibilité d’adoption avec succès des techniques de ‘‘Revenue Management’’ dans des activités autres que le transport aérien, et en particulier dans l’industrie hôtelière (Orkin, 1988 ; Bradley et Ingold, 1993 ; Donaghy, McMahon et McDowell, 1994), mais aussi dans la restauration, la location des voitures, les croisières, le transport ferroviaire, etc. Récemment, l’impact positif de l’application des techniques de ‘‘Revenue Management’’ a ainsi été démontré dans divers pays : aux Etats-Unis par Kimes (1989), au Royaume-Uni par Jauncey et al. (1995) et Jones (1999), en Italie par Luciani (1999), en Turquie par Emeksiz, Gursoy et Icoz (2005), en Tunisie par Selmi (2006c). Cependant, une littérature abondante est apparue ces cinq dernières années sur les conséquences à long terme de l’application de ces techniques du ‘‘Revenue Management’’. Un vif débat théorique porte sur le futur des pratiques de ‘‘Revenue Management’’ (Ryzin, 2005), sur leurs implications dans la relation avec les consommateurs (Bowen et Shoemaker, 1998 ; Desmet, 2000 ; Kimes, 2002 ; Kimes et Wirtz, 2002 ; Reinartz et Kumar, 2002 ; Choi et Mattila, 2003 ; Noone, Kimes et Renaghan, 2003 ; Wirtz, Kimes, Theng et Patterson, 2003 ) et sur la performance de l’organisation (Carroll et Grimes, 1995 ; Cross, 1998 ; Barth, 2002 ; Kimes, 2003 ; Rannou et Melli, 2003 ; Gorin et Belobaba, 2004 ; Emeksiz et al., 2005 ; Lieberman et Raskin, 2005 ; Selmi, 2006a, 2006b). UNE APPROCHE STRATEGIQUE DU ‘‘REVENUE MANAGEMENT’’ Depuis peu, la littérature en marketing s’interroge sur le futur de cette approche (Kimes et Chase, 1998). Il s’agit d’appeler à une pratique raisonnée et raisonnable du ‘‘Revenue Management’’. Celui-ci doit, certes, garantir la rentabilité de l’entreprise, mais également offrir un niveau minimum de qualité acceptable par le client (Kimes, 1994, 2002), s’assurer de la fidélité de ce dernier et ne pas déprécier l’offre de l’entreprise (Noone et al., 2003 ; Reinartz et Kumar, 2002). Impacts de la pratique du ‘‘Revenue Management’’ sur la performance Plusieurs études ont montré l’effet positif de l’adoption du ‘‘Revenue Management’’ sur la performance de l’entreprise (Cross, 1998 ; Barth, 2002 ; Rannou et Melli, 2003; Lieberman et Raskin, 2005). D’après Smith, Leimkuhler et Darrow (1992), American Airlines à obtenu un surcroît de résultat de 1.4 milliard de dollars en trois ans (1989-1992) grâce à l’implantation 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 9 d’un système de ‘‘Revenue Management’’. Pour Delta Airlines, dès la première année, la mise en œuvre du ‘‘Revenue Management’’ a engendré un surcroît de chiffre d’affaires de plus de 300 millions de dollars. Ces mêmes techniques ont été appliquées à d’autres activités telles que l’hôtellerie, la chaîne Mariott par exemple dégageant chaque année plus de 100 millions de dollars de profit (Netessine et Shumsky, 2002, p. 34). Emeksiz, Gursoy et Icoz (2005) ont mené une étude sur l’implantation du ‘‘Revenue Management’’ dans les hôtels cinq étoiles en Turquie. Cette étude a montré que ces techniques de tarification ont un effet positif important sur la performance opérationnelle et financière de l’hôtel. Esse (2003) montre que le ‘‘Revenue Management’’ permet à l’entreprise de se concentrer sur les clients à haute contribution, ce qui engendre une performance plus élevée. Selon Dubois et Frendo (1995), le ‘‘Revenue Management’’ est un système qui permet l’optimisation du revenu global. L’objet du ‘‘Revenue Management’’ est donc la segmentation de la demande pour être en mesure de proposer des tarifs différents afin de remplir les capacités disponibles et de s’assurer d’un revenu maximisé Autissier (2001). Wirtz, Kimes, Theng et Patterson (2003) montrent que le ‘‘Revenue Management’’ et l’orientation client ne sont pas contradictoires et ont proposé des solutions permettant d’aboutir à un accroissement des revenus et de la rentabilité tout en améliorant la satisfaction du client. Selon Donaghy et Mc Mahon (1998), le ‘‘Revenue Management’’ ne devrait être introduit que lorsque cinq pratiques de marketing sont effectives. La plus importante d’après ces auteurs, est l’existence d’une segmentation détaillée de la clientèle. Huyton et Peters (1997) eux aussi lient la maximisation des revenus par le ‘‘Revenue Management’’ à la pré-existence d’une segmentation du marché basée essentiellement sur la sensibilité au prix. Néanmoins, pour Dunn et Brook (2000), une segmentation basée uniquement sur la sensibilité au prix serait sous-optimale. Ces auteurs estiment ainsi que les données portant sur la demande actuelle et potentielle doivent être impérativement complétées par d'autres éléments essentiels tels que les besoins et attentes des clients. Farell et Whelan-Ryan (1998) notent que le ‘‘Revenue Management’’ pour qu’il soit bénéfique, doit être intégré dans la culture de l’entreprise. Manifestement, le ‘‘Revenue Management’’ permet une meilleure gestion de l’offre de l’entreprise de services. Toutefois, n'est-il pas légitime de s’interroger sur la position du consommateur dans cette démarche qui vise essentiellement le rendement maximal des unités disponibles ? Peut-on dire que faire payer au client le tarif le plus élevé n’est qu’une application « sauvage » du ‘‘Revenue Management’’ traduisant un manque de formation du personnel et/ou une vision de court terme ? Ou bien ce comportement n’est-il en réalité que la vérité de cette pratique ? Impacts de la pratique du Revenue Management sur le consommateur Une littérature, dont les principaux représentants sont Kimes et Wirtz, s’interroge sur l’impact de la pratique du ‘‘Revenue Management’’ sur le consommateur et sur l’organisation. La principale recommandation est de procéder à une application conforme aux principes marketing (Wirtz, Kimes, Theng et Patterson, 2003). Afin d’éviter des effets pervers, ces techniques doivent être adoptées dans une vision stratégique (Shoemaker, 2003) conforme à la morale (Jallat, 1999) et à l’éthique (Desmet, 2000), dans le cadre d’une culture focalisée sur la satisfaction des consommateurs (Shoemaker et Lewis, 1999 ; Reinartz et Kimes, 2002 ; Noone et al., 2003). 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 10 Selon Desmet (2000), les deux conditions de base pour la mise en œuvre de la tarification par le ‘‘Revenue Management’’ sont, d’une part, l’acceptation par l’acheteur d’un tarif plus complexe et donc plus difficile à traiter et, d’autre part, l’existence de différences de prix non justifiées par des différences de coûts. En plus des conséquences négatives vécues par certains clients (Peterson, 2005), la pratique du ‘‘Revenue Management’’ a ses limites. Il y a un problème moral (Flipo, 1999 ; Desmet, 2000) lié au fait de faire payer pour la même prestation deux prix différents par deux clients différents. L’illisibilité des tarifs et le manque de la transparence incitent les clients à juger le ‘‘Revenue Management’’ comme une pratique injuste. Une synthèse des impacts de la pratique du ‘‘Revenue Management’’ sur le consommateur est exposée dans le tableau figurant sur la page suivante. 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 11 Problème Impact Sentiment de frustration Suite à de mauvaises prévisions, l’entreprise se trouve parfois contrainte de refuser un client ayant déjà réservé. Cela engendre un écart considérable entre la qualité attendue par le client et la qualité proposée par l’entreprise (Wirtz, Kimes, Theng et Patterson, 2003). Même si les entreprises proposent souvent des indemnisations financières, celles-ci ne permettent pas généralement d’atténuer le mécontentement du client. Un problème moral Des études récentes s’interrogent si ces pratiques tarifaires n’ont pas pour simple et unique objectif de faire payer au client le prix le plus élevé (Flipo, 1999). Dans ces conditions, les consommateurs peuvent les interpréter comme immorales (Desmet, 2000 ; Kimes, 2002 ; Kimes et Wirtz, 2002 ; Wirtz et al., 2003). Un problème d’équité. Selon Capiez (2003) le ‘‘Revenue Management’’ est fondamentalement une forme de discrimination tarifaire, donc, une interrogation s’impose à propos de la justice distributive de ces pratiques (Kimes et Wirtz 2002 ; Reinartz et Kumar, 2002 ; Noone et al., 2003 ; Wirtz et al., 2003). La justice distributive est présentée par Deutsch (1985) comme ayant trois composantes : l’équité, l’égalité et l’utilitarisme. Les différences de tarifs trop importantes peuvent influencer les jugements réalisés par les consommateurs (Kimes et Wirtz, 2002 ; Wirtz et al., 2003) qui comparent les offres présents à leurs transaction passées et aux transactions réalisées par d’autres clients [notion des prix de référence, internes et externes] (Zollinger, 1993, 1995, 2004). Contradictions possibles. Au travers d’un système de ‘‘Revenue Management’’, la gestion dynamique en temps réel des tarifs rend tout à fait possible de rouvrir une classe à « tarif réduit » à une date donnée, cela après sa fermeture. Le cas échéant, la firme accepte des clients à tarifs réduits après en avoir refusé d’autres qui avaient été présents pour le même tarif, voire pour un tarif plus élevé. Ces décisions peuvent être perçues comme « contradictoires » voir injustes par les clients. Complexité des tarifs. Berry et Yadav (1996) ont souligné l’importance d’avoir un système de tarification lisible et compréhensible par les consommateurs. Or, l’adoption du ‘‘Revenue Management’’ crée une complexité du système tarifaire. En effet, le client se trouve souvent obligé de traiter une énorme quantité d’informations liées à une multitude d’offres avec plusieurs tarifs associés à celles-ci (Dubois et Frendo, 1995). Transparence tarifaire Dans ces conditions, les changements des tarifs par la pratique du ‘‘Revenue Management’’, souvent non justifiés pour les clients, risquent de réduire la confiance et renforcer l’incertitude des consommateurs par rapport à la transparence du prestataire. Tableau 2. : Impacts des pratiques du Revenue Management sur les consommateurs 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 12 RECOMMANDATIONS MANAGERIALES Conformément aux réflexions de plusieurs auteurs (Noone et Griffin, 1999 ; Kimes, 2002 ; Lieberman, 2003 ; Reinartz et Kumar, 2002 ; Noone, Kimes et Renaghan, 2003 ; Wirtz et al., 2003) les techniques associées à l’optimisation de la gestion de la capacité par un système de ‘‘Revenue Management’’ peuvent engendrer des effets pervers sur la rentabilité de l’entreprise. D’ailleurs, comme le signale Urbain (2003), ces pratiques suscitent un fort sentiment d’iniquité chez tous les clients, notamment ceux qui payent le tarif le plus élevée et supportent des pénalités (la colère des sous-rétribués) mais aussi ceux qui profitent des tarifs promotionnels et bénéficient des avantages (la culpabilité des sur-retribués) (Homans, 1961). Il est par conséquent nécessaire que les entreprises pratiquant le ‘‘Revenue Management’’ soient très attentives aux sentiments d’injustice et à la perception de l’iniquité engendrées par ces pratiques. La justification des différences des prix auprès des clients est une condition sine qua non pour la réussite de la pratique du ‘‘Revenue Management’’ (Desmet, 2000 ; Kimes et Wirtz, 2002 ; Kimes, 2003 ; Noone et al., 2003 ; Shoemaker, 2003 ; Wirtz et al., 2003 ; Selmi, 2007) . Suite à notre revue de littérature et aux développements théoriques précédents, nous reformulons les recommandations suivantes : Kimes (1994, 2002, 2003) rejoint les idées de nombreux chercheurs sur la difficulté pour les clients d’accepter la différenciation des tarifs (Flipo, 1999 ; Desmet, 2000 ; Urbain, 2003). L’acceptation des différences de prix par les clients doit être accompagnée d’une meilleure distinction entre les différentes offres. Conformément aux suggestions de Rao et Monroe (1989) nous supposons que la clé pour arriver à une meilleure fixation des prix est de relier de manière claire le prix payé par le client à la valeur qu’il reçoit, car le consommateur veut sentir qu’il obtiendra au moins autant que ce pour quoi il paie (Berry et Yadav, 1996). La réussite d’un système ‘‘Revenue Management’’ dépend largement des conditions de vente fixées par l’entreprise et de l’efficacité des barrières tarifaires pour influencer les décisions d’achat et contourner les comportements imprévus des consommateurs. Le principe général consiste à imposer certaines restrictions à une demande correspondante à certaines classes tarifaires (Kimes, 1989). les restrictions fondées sur l’offre des avantages aux clients (bénéfices) sont plus pertinentes que la pratique des pénalités. Nous partageons à Schoemaker (2003) et Wirtz, Kimes, Theng et Patterson (2003) l’idée que les prestataires de services doivent présenter leurs offres de manière à refléter des gains et non des pertes. Le client n’est pas nécessairement intéressé par un gain financier (prix plus réduit), c’est pour cette raison l’entreprise de service doit proposer diverses avantages pour justifier les variations du prix. Schoemaker (2003) propose un gain temporel (réduire l’attente), un gain fonctionnel (disponibilité d’un site Web), un gain émotionnel (une expérience plus agréable) ou un gain social (relation d’amitié avec le personnel). Généralement, le client est disposé à dépenser plus d’argent lors de la réservation que plus tard. Les entreprises de services doivent le solliciter à s’engager sur plus des services avant son arrivée. Les techniques de ‘‘Revenue Management’’ doivent être bien communiquées par l’entreprise. Il faut que le client les perçoive comme des situations gagnant-gagnant. Selon 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 13 Wirtz et al,. (2003) toute restriction ou variation de prix doit être claire et bien justifiée au yeux du client. La perception de l’iniquité par le client est issue de la comparaison de son expérience à un ou plusieurs référants. Il s’agit essentiellement des prix de références (internes et externes) (Adaval et Monroe, 1995 ; Zollinger, 1995, 2004) et/ou des transactions de références (Kimes, 2002 ; Kimes et Wirtz, 2003). Cela dit, l’entreprise doit mettre en avant des barrières tangibles pour que les différences des prix soient justifiées. Pour arriver au même objectif, les entreprises ont intérêt à pratiquer le ‘‘bundling’’ pour empêcher les comparaisons des tarifs par les clients. Pour que le ‘‘Revenue Management’’ soit une stratégie de tarification profitable aux deux parties, il faut que l’entreprise focalise son intérêt sur la satisfaction et la fidélité des clients (Bowen et Shoemaker, 1998). Le ‘‘Revenue Management’’ recherche la maximisation du profit à long terme. Il faut pour cela adopter une orientation vers le client (Kimes et Wirtz 2002 ; Reinartz et Kumar, 2002 ; Noone, Kimes et Renaghan, 2003, Selmi, 2006b). Il s’agit de veiller à l’équilibre entre les besoins et les attentes des clients d’une part et la valeur de l’offre du service d’autre part (Desmet, 2000 ; Kimes, 2002 ; Wirtz et al., 2003). Aussi, comme le suggère Okumus (2004), les responsables et le personnel concernés doivent être formés et convaincus de l'équité des pratiques de ‘‘Revenue Management’’, cela étant indispensable pour qu’ils informent et convainquent les clients des avantages de ces pratiques. C’est pour cette raison nous insistons sur le fait que ces techniques doivent tout d’abord être acceptées et acquises par le personnel de l’entreprise de service. Cela représente une réelle condition pour qu’ils les représentent de manière positive et convaincante aux clients. CONCLUSION Nombreuses sont les études et les recherches qui prouvent que les techniques de ‘‘Revenue Management’’ permettent de maximiser les recettes de l’entreprise. Toutefois, une littérature récente témoigne que les résultats réalisés et les bénéfices dégagés ne durent pas si l’entreprise ne fixe pas comme premier objectif la satisfaction du consommateur. La pratique des techniques de ‘‘Revenue Management’’ n’est légitime que si elle n'a pas de conséquences négatives sur l’appréciation globale du service par les clients. La perception d’un prix injuste peut en effet conduire le client à interrompre la relation d’échange avec l’entreprise. Il faut que le ‘‘Revenue Management’’ fusionne différentes bases de données essentiellement pour identifier plus précisément ce que veut le client et lui assurer une valeur supérieure à celle proposée par la concurrence. Les interrogations portant sur la conformité des pratiques de ‘‘Revenue Management’’ à l’éthique (Desmet, 2000 ; Kimes et Wirtz, 2002 ; Kimes et Wirtz, 2003) remettent en question la performance de l’entreprise dans le moyen et long terme (Shomaker, 2003 ; Wirtz et al., 2003). Selon Autissier (2001), la performance d’une entreprise de services réside dans sa capacité à détecter les attentes des clients et à les satisfaire au moindre coût. Une bonne gestion de la demande consiste donc à analyser les segments de telle manière que les prestations proposées satisfassent au mieux les attentes des clients pour garantir une valeur supérieure à toutes les offres concurrentes, ce qui transforme tout client en un client satisfait sans perdre de vue l’objectif de rentabilité. 2ème Journée du Marketing IRIS « La relation client dans les activités de service ». Lyon, 15 mars 2007 14 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Adaval, R et Monroe, K. B (1995), The Moderating Effects of learning goals and the acquisitions of product information on the limits of price acceptability, Advances in Consumer Research, 22, 225-229. Ancian P, Jallat F. et Steyer A. 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