Sous-produits de désinfection

publicité
Sous-produits de désinfection
Quelques généralités…
La désinfection peut être réalisée par des méthodes physico-chimiques (prépondérance
de la chloration et de l’ozonation) ou par voie physique (U.V.). Pour réduire la quantité
de chlore nécessaire à une bonne désinfection de l’eau potable, on a souvent recours à la
cumulation de ces divers procédés. C’est pour cette raison que, même si l’on a souvent
tendance à parler de sous-produits de chloration (SPC), on parle plus souvent de sousproduits de désinfection de l’eau, englobant ainsi l’ensemble des phénomènes physicochimiques qui surviennent.
On peut considérer que l’un des grands accomplissements du début du 20 ème siècle en
matière de santé publique est la généralisation de la désinfection de l’eau de boisson,
grâce au chlore et à ses dérivés. Cela a permis d’éliminer et d’éviter de nombreuses
épidémies dues à la contamination microbiologique. Ce que l’on peut regretter, au vu de
la « simplicité » de la désinfection par le chlore, est incontestablement le fait que les
pays en voie de développement n’y est pas un accès démocratisé.
La présence de chloroforme et d’autres sous-produits de la désinfection par le chlore
(SPC) a été signalée dans l’eau potable pour la première fois dans les années 70 (Harris
en 1974).
Les désinfectants comme le chlore, l’ozone et le dioxyde de chlore jouent un rôle
prépondérant dans la protection de l’eau potable contre les microbes et dans la
prévention des maladies transmissibles par l’eau. Cependant, ces désinfectants peuvent
également réagir avec des substances présentes naturellement dans l’eau et former
certains sous-produits indésirables, ce qui peut poser un problème du point de vue
sanitaire. Malheureusement, tous les désinfectants forment des sous-produits et ils sont
tous différents les uns des autres ce qui accroît la difficulté quant aux évaluations des
effets sur la santé des nombreux sous-produits de désinfection créés. Tous ces
désinfectants forment donc des sous-produits qui sont loin d’avoir tous été bien
caractérisés.
A titre d’exemples en ce qui concerne les sous-produits générés, on peut citer le chlore
qui peut former des sous-produits halogénés (c’est-à-dire qui comprennent du chlore ou
du brome dans leur structure) tels que les trihalométhanes (THM) ou les acides
haloacétiques, l’ozone qui peut former du bromate, le dioxyde de chlore qui peut former
du chlorite et du chlorate.
Produits et procédés de traitement de l’eau
Conformément aux dispositions de l’article R1321-48 du code de la santé publique,
l’utilisation de produits et procédés de traitement d’eau destinée à la consommation
humaine, à l’exclusion d’eau minérale naturelle et d’eau de source, est soumise à
autorisation du ministre chargé de la santé, donnée après avis de l’Afssa (Agence
française de sécurité sanitaire des aliments) devenue, au 1 er juillet 2010 Anses (Agence
nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
http://www.sante-sports.gouv.fr/produits-et-procedes-de-traitement-de-l-eau.html
Voici quelques exemples récents d’avis de l’Afssa :
Avis de l’Afssa concernant des fluides pouvant être utilisés dans les installations
de traitement thermique des eaux destinées à la consommation humaine
fonctionnant en simple échange
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX2010sa0063.pdf
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX2010sa0061.pdf
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX2010sa0048.pdf
Avis de l’Afssa relatif à l’inocuité du module d’ultrafiltration série AC300 utilisé
pour le traitement de l’eau destinée à la consommation humaine
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX2009sa0219.pdf
Avis de l’Afssa relatif à l’nocuité sanitaires des résines échangeuses d’anions ….
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX2009sa0217.pdf
Voici quelques rapports de l’Afssa
Lignes directrices pour l’évaluation des échangeurs d’ions utilisés pour le
traitement d’eau destinée à la consommation humaine – décembre 2009
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX-Ra-Resines.pdf
Modalités d’évaluation des fluides caloporteurs pouvant être utilisés dans les
installation de traitement thermique des eaux destinées à la consommation
humaine fonctionnant en simple échange – juin 2008
http://www.afssa.fr/Documents/EAUX-Ra-FluidesCaloporteurs.pdf
Avis du PNSE 1
« La morbidité attribuable aux différentes utilisations et qualités des eaux de
consommation humaine et des eaux minérales reste à évaluer, surtout vis-à-vis des
risques sanitaires à moyen et à long terme. Cela concerne aussi bien des éléments
minéraux (fluor, arsenic) que des mélanges de composés organiques (sous-produits de
désinfection). »
Effets sur la santé
Les effets potentiels sur la santé de l’homme dépendraient de la concentration des sousproduits de désinfection dans l’eau mais également de la durée et du moment
d’exposition.
L’organisation mondiale de la santé a déterminé des doses maximales admissibles pour la
plupart des désinfectants et de leurs sous-produits.
Des études épidémiologiques ont mis en évidence un risque de cancer de la vessie pour
des populations exposées à de grandes quantités de chlore et de sous-produits pendant
de longues périodes de leur vie (Morris et al., 1992).
Les résultats des études épidémiologiques sur le cancer concordent : elles montrent une
association entre l’exposition aux THM et le cancer de la vessie. Certains résultats au
sujet du colon et du rectum sont plus contradictoires. D’ailleurs à ce sujet, l’EPA
(Environmental Protection Agency) a conclu qu’à la lumière de l’ensemble des données
sur l’épidémiologie du cancer, les données sur l’association entre l’exposition à l’eau
potable chlorée et le cancer sont plus probantes dans le cas du cancer de la vessie que
dans le cas des autres types de cancer.
L’EPA a également reconnu que l’existence d’une relation causale entre l’exposition à
l’eau potable chlorée et le cancer de la vessie n’a pas encore été établie de façon
concluante dans des études épidémiologiques, mais a conclu que l’hypothèse d’une
relation causale possible est étayée par des données toxicologiques et épidémiologiques.
Les études de Kurokawa et al. (1990 et 1996) administrant par voie orale une solution de
bromate de potassium à des rats et des souris ont permis de mettre en évidence
l’apparition de tumeurs rénales à des concentrations différentes selon la sensibilité des
espèces. Les résultats de génotoxicité sont contradictoires. Cependant, ces résultats ont
conduit le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) à classer le bromate
de potassium dans le groupe 2B (la catégorie B correspond aux composés
cancérigènes probables (B) : Preuves limitées provenant d'études épidémiologiques
sur l'homme (B1) et/ou preuves suffisantes provenant d'études menées sur des animaux
(B2)) des cancérogènes potentiels chez l’homme.
Ces diverses données, ajoutées aux nombreuses études toxicologiques réalisées sur
l’animal, ont conduit à la proposition par de nombreuses instances internationales (OMS
et UE) et nationales de CMA* pour les trihalométhanes : chloroforme, bromo dichlorométhane, chloro-dibrométhane et bromoforme.
Mais l’on reproche également aux sous-produits de désinfection d’être à l’origine
d’avortements spontanés, de malformations congénitales ou bien de l’insuffisance du
poids à la naissance. Malheureusement, comme l’on a trop souvent tendance à le dire,
les données épidémiologiques, réalisées à ce sujet, font l’objet de nombreuses
controverses et ne permettent donc pas de conclure sur ces effets.
La chloration ne doit pas faire l’objet de débats inconsidérés, elle a permis en effet
d’endiguer de nombreuses épidémies. En ce sens, on ne doit pas se positionner en tant
que partisans de la chloration ou non, le problème ne se situe pas à ce niveau. Bien
entendu, l’eau sans chlore en réseau de distribution existe dans de nombreuses villes
européennes mais elles disposent d’une ressource de très grande qualité ou ont su
mettre en œuvre une filière de traitement d’une très grande sophistication.
Enfin, il est inévitable de constater qu’il faut mener d’urgence des études
épidémiologiques et toxicologiques pour trouver des preuves fermes concernant la nature
de l’association entre l’exposition aux sous-produits de désinfection dans l’eau potable et
les effets indésirables comme les cancers, les avortements spontanés et les troubles de
la reproduction.
L'Association française de normalisation (Afnor) a publié diverses normes concernant
l’eau.
http://www.afnor.org
Pour en savoir + :
« Evaluation des risques sanitaires des sous-produits de chloration de l’eau potable Partie 1 - Caractérisation des dangers : effets sanitaires et valeurs toxicologiques de
référence » - INVS, novembre 2004
http://www.invs.sante.fr/publications/2004/chloration_eau_161204/index.html
« Evaluation des risques sanitaires des sous-produits de chloration de l’eau potable Partie 2 – Estimation de l’exposition, caractérisation du risque et faisabilité d’une
surveillance épidémiologique des pathologies liées à la surchloration dans la population
générale » - INVS, décembre 2004
http://www.invs.sante.fr/publications/2007/chloration_eau_potable/index.html
Aluminium et dérivés
www.ineris.fr/substances/fr/substance/getDocument/2707
Aluminium quels risques pour la santé ? Synthèse des études épidémiologiques
InVS novembre 2003
http://www.invs.sante.fr/publications/2003/aluminium_2003/index.html
Les trihalométhanes (THM) font partie des sous-produits de désinfection de l’eau –
complexité de l’estimation de l’exposition aux THM dans les enquêtes épidémiologiques.
Bulletin de veille scientifique de l’Anses n° 14
http://www.anses.fr/ET/DocumentsET/Anses_bulletin_veille_scientifique_14_BVS_14_web.pdf
P 46 et suivantes
Téléchargement