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LIBÉRALE
Si l’alimentation n’est pas la cause directe de
maladies comme les maladies cardiovascu-
laires, le diabète, etc., son rôle est essentiel
dans le développement et/ou la prévention de ces
dernières. Lors du colloque organisé en fin d’année
dernière par l’Institut français pour la nutrition, le
Pr Gilles Brucker, vice-président du Haut Comité de
santé publique rappelait que «les Français s’écartent
assez sensiblement des recommandations qui sont
émises avec, notamment, une alimentation trop riche
en graisses saturées, une insuffisance de consommation
de glucides complexes, un excès de certains glucides
simples... ». Encore faut-il qu’ils sachent ce que ces
mots veulent dire et à quoi les rattacher. Les com-
portements alimentaires se sont calqués sur l’offre
commerciale des industriels. Ils ne sont plus dictés
par des besoins réels et naturels. Ainsi, les enfants,
les adolescents, les femmes enceintes ou les per-
sonnes âgées qui n’ont pas les mêmes besoins doi-
vent faire face, dans une société d’abondance, à cer-
taines carences (fer, calcium, vitamine D).
Santé et alimentation : un lien qui s’apprend
Une bonne alimentation se fonde sur trois cri-
tères : la qualité des aliments (processus de certi-
fication), leur sécurité (biologique, physicochi-
mique, hygiène), leur diversité. Il n’y a pas de
bons ou de mauvais aliments. Il n’y a que des
régimes alimentaires dont la variété est le premier
critère pour la santé. En effet, la diversité satisfait
les besoins journaliers en nutriments et en micro-
nutriments. Il faut donc se garder de la revendica-
tion “santé” de certains produits alimentaires dont
les allégations ne sont pas prouvées. A ce sujet, les
consommateurs ont parfois un comportement
irrationnel. Ainsi, le mot “vitamine” fait vendre,
de même que la mention “minéraux”, sans que
beaucoup en connaissent l’utilité.
Le premier lieu d’apprentissage est la famille.
L’ aliment est certes la composante des repas, qui
doivent être équilibrés et rythmés dans le temps,
mais ces derniers doivent également garder leur
dimension sociale.
Le soignant qui veut faire entendre son avis nutri-
tionnel doit adapter ses messages selon son interlo-
cuteur (enfant, personne âgée, malade chronique).
Le dialogue doit être ouvert. Il n’est pas interdit de
faire découvrir de nouveaux aliments, des modes
de préparation différents pour susciter l’appétence.
Compte tenu de l’abondance et de la diversité des
aliments, l’acte alimentaire est déterminé par le
choix. Mais comment choisir ? Les professionnels
doivent se former eux-mêmes pour comprendre la
fonction de choix. Qu’est-ce que la faim, l’appétit,
le goût, l’aversion et quelles en sont les causes ?
Même si l’infirmière n’est pas formée à la nutrition,
elle doit pouvoir aiguiller ses patients, notamment
les personnes âgées, qui souffrent parfois de dénu-
trition due surtout à des mauvais comportements.
Il semble que les pouvoirs publics s’intéressent
enfin à la dimension nutritionnelle en l’intégrant
dans une politique de santé publique.
Lucie Galion
Paradoxe des pays industrialisés : les grandes maladies liées aux
carences alimentaires ont disparu mais l’abondance crée d’autres
problèmes. Éduquer le patient sur la façon de s’alimenter devient
un devoir de santé publique.
Nutrition
Alerter sur les comportements
Les missions de l’AFSSA
La loi du 1er juillet 1998 a permis de créer l’AFSSA
(Agence française de sécurité sanitaire des aliments) char-
gée de l’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires
sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production
au consommateur final, y compris les eaux de boisson.
L’alinéa 6 de l’article L794-2 du Code de la santé
publique confie aussi à l’AFSSA la mission d’évaluation
des propriétés nutritionnelles et fonctionnelles des ali-
ments (courants ou diététiques) et des substances, à
visée technologique ou nutritionnelle, ajoutées volontai-
rement aux aliments. Un Comité de nutrition humaine
est en charge de l’évaluation des risques nutritionnels,
des propriétés et de l’intérêt nutritionnel et fonctionnel
des substances et denrées entrant dans l’alimentation
humaine.
L’AFSSA met un outil à la disposition de tous pour
mieux connaître les aliments : le CIQUAL, centre infor-
matique sur la qualité et la composition des aliments qui
publie les tables de composition des aliments.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No24 - mars 2001