LA POLITIQUE
A_ L’INSOCIABLE SOCIABILITE
I_ Absence d’instincts sociaux chez l’Homme
1) La société animale
Caractéristiques du comportement instinctif
2) chez l’homme
Théorie de l’évolution naturelle des espèces de Darwin
Quels ont été les mécanismes de l’évolution de l’homme ?
II L’homme est-il naturellement sociable ?
1 ) Homo homini lupus
2) La sociabilité est naturelle
Un animal politique ?
Une société harmonieuse, où tout le monde puisse être heureux, est-elle possible ou n’est-
ce qu’un utopie ?
Le simple fait de poser cette problématique suppose que la société dans laquelle nous vivons
n’est pas harmonieuse.
Pourtant, la sociabilité est de fait : elle est possible puisqu’elle est. Mais la société
humaine est caractérisée par la violence, les conflits, les guerres… C’est pourquoi on parle de
l’insociable sociabilité des Hommes.
La violence, c’est le fait de porter atteinte à la raison et à la liberté, méconnaître ce qui
fait de l’Autre un Homme : tous les Hommes ont une raison (en tant que faculté à discerner le
vrai du faux, le bien du mal, en tant que capacité à l’abstraction, à forger des concepts, à lier
des idées abstraites, à juger) même s’ils se différencient pour l’usage qu’ils en font. En cela,
ils sont dignes de respect.
De même, il existe différents usages de la liberté : on peut se laisser conduire par ses
passions, ou imposer aux pulsions l’ordre de la raison. L’Homme, en usant de sa liberté
éclairée par la raison, se distingue des animaux, guidés par leurs instincts (cf. Rousseau :
L’homme se distingue de l’animal par sa liberté, p259-260).
A_ L’INSOCIABLE SOCIABILITÉ
I_ Absence d’instincts sociaux chez l’Homme
1) La société animale
On y trouve des modèles de sociétés harmonieuses à l’intérieur d’une même espèce.
Qu’est-ce qui détermine le comportement social de l’animal ?
Le comportement animal est déterminé par l’instinct, celui de l’Homme par la pensée.
Autrement dit, l’animal, se comportant de manière instinctive, ne sait pas ce qu’il fait. Les
animaux ne sont donc pas violents comme le sont les Hommes parce qu’ils sont « bornés et
stupides », guidés par l’instinct.
Caractéristiques du comportement instinctif
● Innéité : le comportement instinctif est prescrit par le code génétique. Par exemple, des
tisserins élevés en captivité, n’ayant jamais vu de nid, puis relâchés, sauront exactement
comment construire leur nid.
● Identité : le comportement est le même à l’intérieur d’une même espèce (les tisserins font
des nids identiques).
● Universalité : tous les individus de l’espèce suivent ce comportement.
● Nécessité : quand la situation cause est présente, l’animal ne peut pas ne pas produire la
réponse pour laquelle il est génétiquement programmé.
Exemple chez le loup :
Attaque
Situation cause Effet
Lorsque les trois facteurs sont réunis, le loup ne peut pas ne pas attaquer. C’est
pourquoi un loup attaquant un troupeau tue toujours plusieurs brebis alors qu’une seule
suffirait à le nourrir.
Chez l’animal, l’instinct détermine également les comportements sociaux : ruches,
fourmilières, meutes de loup…
2) chez l’homme
L’homme, lui, n’a pas d’instinct :
Et l’instinct maternel ?
Un instinct maternel signifierait que dans n’importe quelle situation, une femme se
comporterait nécessairement avec douceur, tendresse et affection avec un enfant, qu’il
soit le sien ou non.
Les cas d’abandons, d’enfants maltraités et battus sont innombrables. Donc l’homme
n’a pas d’instinct maternel. A noter que si la notion « d’instinct maternel » chez l’homme s’en
trouve dépoétisée, celle « d’amour maternel » prend une grande valeur, car il s’agit d’un
amour librement consenti, et non d’un comportement nécessaire.
L’instinct de survie ?
Faim
+ Chute ou fuite de la proie
+ Distance n
Certains hommes se donnent volontairement la mort. D’autres préfèrent mourir plutôt
que de transgresser une morale qu’ils se sont imposée. Ainsi, après le crash d’un avion dans la
Cordillère des Andes (Pérou), les rescapés n’avaient d’autre solution que de se nourrir des
corps des victimes, conservés par le froid. Certains ont refusé de se livrer au cannibalisme et
sont morts de faim.
De même, l’homme ne possède pas d’instinct social :
« L’homme n’est pas gouverné au dedans par des instincts, il est gouverné du dehors par des
institutions »(Emile Durkheim).
Sa liberté s’enracine donc dans une ouverture du code génétique, il n’a pas de
« camisole chimique » qui déterminerait son comportement.
Déterminisme : les mêmes causes produisent toujours nécessairement le même effet.
A l’origine, l’homme était un animal. Comment a-t-il perdu ses instincts ?
Théorie de l’évolution naturelle des espèces de Darwin
Selon Charles Darwin, tous les individus vivants ont trois luttes à mener :
- une lutte contre la nature (évènements climatiques, telluriques…)
- une lutte contre les individus d’espèces différentes (prédateurs…)
- une lutte pour la vie à l’intérieur de sa propre espèce.
Mais ces trois luttes sont inégales : certains individus possèdent des caractéristiques
avantageuses. En conséquence, ces individus vivent plus longtemps, donc se reproduisent
plus, donc transmettent plus de caractère à leurs descendances ; tandis que les autres vivants
moins longtemps ont moins souvent l’occasion de transmettre leurs caractères.
Sur une longue période, les caractères avantageux prolifèrent et les caractères
désavantageux tendent à disparaître.
Au 20ème siècle, la connaissance de l’hérédité (génétique) nous apprend que ces
caractères sont les fautes de mutations qui se produisent au hasard et sont dupliquées si elles
sont avantageuses.
Exemple : dans une ville du Royaume-Uni, où il y avait beaucoup de bouleaux, on trouvait
de nombreux papillons à ailes blanches (camouflage idéal pour passer inaperçu sur le bois
blanc) et quelques individus à ailes noires, très visibles et donc souvent victimes des
prédateurs.
Lorsque l’installation d’une usine à proximité de la ville à noirci les tronc, on a pu
constater que les proportions se sont inversées : les papillons noirs sont devenus beaucoup
plus nombreux que les blancs, car le caractère « ailes blanches » était devenu désavantageux.
L’homme est le produit de l’évolution naturelle, le caractère avantageux qui l’a
démarqué est la bipédie – c’est pourquoi on dit que « l’Humanité commence par les pieds »
La bipédie apparaît chez l’australopithèque il y a six millions d’années.
Le premier homme, Homo Habilis, apparaît il y a 2,5 millions d’années.
Quels ont été les mécanismes de l’évolution de l’homme ? (HS)
Yves Coppens, palé anthropologue, constate que la plupart des ancêtres humains ont été
retrouvés dans une zone de l’Afrique de l’Est où une forêt équatoriale avait disparu (et donc,
avec elle, des espèces liées à la vie en forêt).
Selon Coppens, les singes qui ont subsisté après la disparition de la forêt sont ceux qui ont
bénéficiés de la bipédie.
Avantages de la bipédie
Libération des mains :les parents peuvent désormais tenir leurs petits pour les protéger
Voir sans être vu , voir au dessus des herbes (le premier homme faisait 70 cm)
Refonte de la boîte crânienne : alors que le quadrupède, dont la tête subit la pesanteur
de plein fouet, a besoin d’un arrière crâne très solide, dur et épais, laissant peu de place au
cerveau, le bipède a l’arrière crâne totalement déverrouillé.
L’encéphale peut donc grossir car de la place s’est libérée dans le crâne. Le
cerveau devient alors capable d’opérations.
A partir de ce stade, la sélection naturelle avantage le premier homme, qui tire sa survie de
son aptitude à transformer le milieu naturel (apparition de l’outil).
Corrélativement à la montée en puissance de la raison humaine, il y a une disparition de
l’instinct qui est la rigidité, par rapport à l’intelligence humaine qui permet de s’adapter et de
réagir.
II L’homme est-il naturellement sociable ?
1 ) Homo homini lupus (l’homme est un loup pour l’homme)
Références : Freud , « homo homini lupus » (p419)
Spinoza, « l’homme est un loups pour l’homme (p225)
Kant, « l’insociable sociabilité » (p299)
Examen de la thèse de Freud
Selon Freud, l’insociabilité est naturelle à l’homme car il est habité d’un
penchant inné pour l’agression, un besoin d’agression. La satisfaction de ce besoin lui procure
du plaisir, il y a une véritable jouissance psychologique à être violent.
Freud utilise un raisonnement inéluctable : partant de l’observation d’un grand nombre
de cas particuliers, il déduit son hypothèse grâce à généralisation : « qui donc, d’après toutes
les expériences de la vie et de l’histoire, a le courage de contester cette maxime ? »
Chacun a , un jour, souhaité tuer quelqu’un.
Il ajoute que le besoin d’agression de l’homme est latent, il attend la moindre
provocation pour se libérer (on ne manque jamais de volontaires en temps de guerre pour
constituer des milices paramilitaires).
L’attitude spontanée est d’être violent envers l’autre, donc l’homme n’est pas
naturellement sociable.
2) La sociabilité est naturelle
Référence : Aristote, « l’homme est un animal politique » (p112)
Rousseau, « l’homme et les relations sociales » (p265)
On peut constater que l’homme a besoin de s’associer à ses semblables pour subsister,
ce qui tendrait à dire que l’homme est naturellement sociable.
Un animal politique ?
La nature d’une chose : sa fin, ce qu’elle est quand elle s’est développé, quand elle a
réalisé le projet qu’elle contient originellement.
Pour Aristote, il s’agit de montrer que la société est la nature même de l’homme, qu’il
n’est pleinement humain que lorsqu’il est en société.
Tout d’abord, l’homme a la parole, il peut communiquer ses jugements. La parole lui
permet de palier l’absence de dispositions naturelles (instinct) pour s’accorder avec son
semblable. Si la nature, qui « ne fait rien en vain », lui a donné la parole, c’est qu’elle le
destine à la sociabilité.
De plus, l’homme est social de fait : où qu’on le trouve, il fait toujours partie d’une cité.
L’homme pris indépendamment de la société, le « bon sauvage » n’est pas humain : il
a un corps d’homme mais pas de parole, pas de pulsions d’agression ni de pulsions sexuelles.
« Il n’y a pas de nature humaine sans la culture » Claude Lévi-Strauss)
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