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Pour nous, la vidéo est avant tout un outil au service de la communication, et celle-ci
s’exprime à toutes les étapes de la réalisation : au moment de l’élaboration des idées de
reportage, au moment du tournage (avec tous ses problèmes techniques), entre les rési-
dents - « vedettes du petit écran » - et lors de la projection, dont tous peuvent bénéficier, y
compris nos résidents alités, grâce au circuit interne.
- La communication semble vraiment être le maître mot de votre projet...
C. Debret : Oui, tout à fait. Nous avons cette responsabilité institutionnelle de favoriser l’art
d’être soi-même et nous devons, nous institutions, être des « facilitateurs d’expression ».
Même si nous sommes passés par les étapes obligatoires de la maîtrise de l’outil audiovi-
suel et de la production d’émissions internes, nous croyons fondamentalement que c’est la
communication entre les résidents qui est à privilégier.
Communiquer, prendre la parole est en effet un besoin fondamental, c’est manifester notre
liberté, c’est exister. Nous avons tous quelque chose à dire que personne ne peut dire à
notre place. Nous avons tous cette réelle nécessité de sortir de nous, de manifester nos
sentiments, nos pensées, nos projets, nos tempéraments. Et puis, découvrir le plaisir de
communiquer permet de dépasser certains a-priori, la peur d’être jugé, d’être critiqué, car
s’impliquer simplement, c’est le contraire de la neutralité.
Communiquer, c’est aussi accueillir l’autre, avec un regard positif, c’est l’écouter, lui don-
ner la primauté. C’est se faire comprendre, et nous savons tous ce que veut dire n’être
pas compris.
Et enfin, communiquer est également une excellente et efficace thérapie dans la vie rela-
tionnelle de chacun. « Vivre à l’écran », c’est donner une image de soi. Par le sourire,
l’humour, chacun est amené à s’ouvrir aux autres, à se positiver, à s’émouvoir. Cette dé-
marche de se montrer engage les acteurs, nos résidents, à se livrer, à s’impliquer. C’est
un apprentissage vivifiant pour nos anciens, qui très souvent n’ont pas eu l’habitude
d’exprimer leur ressenti.
Vous manifestez un tel enthousiasme lorsque vous parlez de cette réalisation, qu’à vous
entendre, on a un peu l’impression que c’est tout à fait simple à mettre en place et à orga-
niser.
C. Debret : Je ne voudrais pas donner l’impression que cela va tout seul ! Il nous faut, en
effet, réaliser avec nos résidents tout un travail en profondeur pour les amener à se révé-
ler, à se mettre en scène ou en image, à communiquer entre eux. Ils doivent se motiver,
s’entraîner pour se dépasser. Cela leur demande des efforts, de la concentration, de la
mémorisation, qu’il nous faut soutenir pour ne pas leur donner un sentiment d’échec.
Positiver leur démarche, construire avec eux leur image, c’est un véritable travail de rela-
tion. Il faut donc du temps, de la patience et beaucoup de sérénité. Il nous faut également
créer un climat de confiance.
Et puis nous devons aussi compter avec leur fatigue, leurs indispositions, leurs humeurs.
Par l’écoute, l’accueil, nous voyons des résidents qui se « donnent » et tout cela fonc-
tionne beaucoup sur le mode du faire-plaisir. Alors, nous sommes dans une relation
d’échange. Au niveau du personnel, la disponibilité de l’équipe d’animation doit être per-
manente.