émilie paillot graphiste - © Arno Declair
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EN ALLEMAND SURTITRÉ EN FRANÇAIS
20<24 NOVEMBRE 2015
{AU THÉÂTRE DE LA VILLE}
SCHAUBÜHNE BERLIN
ROMEO CASTELLUCCI
FRIEDRICH HÖLDERLIN
DAPRES SOPHOCLE CRÉATION
Dossier pédagogique SAISON 2016 I2017
ÉTABLI PAR LA COMPAGNIE PANDORA
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CORNEILLE
BRIGITTE JAQUES-WAJEMAN
PolyeucteCRÉATION
MISE EN SCÈNE Brigitte Jaques-Wajeman
CONSEILLERS ARTISTIQUES François Regnault &Clément Camar-Mercier
SCÉNOGRAPHIE & COSTUMES Emmanuel Peduzzi
ACCESSOIRES Franck Lagaroje
LUMIÈRES Nicolas Faucheux
MAQUILLAGES ET COIFFURES Catherine Saint-Sever
ADMINISTRATION & PRODUCTION Dorothée Cabrol
POLYEUCTE SEIGNEUR DARMÉNIE, GENDRE DE FÉLIX Clément Bresson
NÉARQUE SEIGNEUR DARMÉNIE, AMI DE POLYEUCTE Pascal Bekkar
PAULINE FILLE DE FÉLIX, FEMME DE POLYEUCTE Aurore Paris
STRATONICE CONFIDENTE DE PAULINE Pauline Bolcatto
FÉLIX SÉNATEUR ROMAIN, GOUVERNEUR DARMÉNIE Marc Siemiatycki
ALBIN CONSEILLER DE FÉLIX Timothée Lepeltier
FABIAN DOMESTIQUE DE SÉVÈRE Timothée Lepeltier
SÉVÈRE CHEVALIER ROMAIN, FAVORI DE LEMPEREUR Bertrand Suarez-Pazos
COPRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris et Compagnie Pandora.
AVEC LA PARTICIPATION ARTISTIQUE du JTN ET LE SOUTIEN FINANCIER de la DRAC Île-de-France.
DÉSIRS D’EXCÈS
Une tragédie de la passion religieuse, dont la violence iconoclaste angoisse
autant qu’elle fascine!
La splendide tragédie de Corneille où l’on voit des luttes magnifiques entre le désir amoureux et le désir du
martyre, entre le goût de la vie et l’attraction de la mort, peut nous aider aujourd’hui à nous approcher de
cette passion religieuse qui nous angoisse autant quelle nous fascine. Désir d’excès, désir de mort des
jeunes gens se découvrent eux-mêmes capables d’actes effrayants contre les forces de l’amour, quitte à les
sacrifier. Désir d’excès, de briser les « idoles », qui aliène beaucoup plus qu’il ne libère.
Car nous sommes aujourd’hui, dans un temps de ténèbres, et ici et là, exposés à la terreur. Corneille, dans
Polyeucte, s’approche d’un gouffre.
Le poète est en avance, toujours, et la tradie assez riche pour quaucune réponse univoque ne soit satisfai-
sante. Mais la mise en scène de ce « mystère » peut nous faire mieux comprendre ce qu’il en est de cette pas-
sion effrayante!
Brigitte Jaques-Wajeman
© COSIMO MIRCO MAGLIOCCA
DURÉE 2 H
3
SOMMAIRE
«Ce zèle est trop ardent…» p. 4
Pourquoi monter Polyeucte ? p. 5
Polyeucte, Saint ou Héros ? p. 6
Polyeucte et Jésus p. 7
Le Résumé scène par scène p. 8
Les personnages dans Polyeucte p. 11
Extrait p. 13
Mémento sur l’alexandrin p. 15
Article de presse AFP ...
La destruction des statues ... p. 17
Dramaturgie p. 18
Corneille p. 23
Les codiens ILe metteur en sne p. 24
Tournée IÀ lire I
Le Voyage de Benjamin p. 26
4
«Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger. » Pascal
«Les martyrs furent un grand malheur dans l’Histoire: ils séduisirent. » Nietzsche
« CE ZÈLE EST TROP ARDENT »
Destructeur d’idoles, martyr prêt au sacrice pour faire triompher le seul vrai
Dieu à ses yeux: pour Brigitte Jaques-Wajeman, le Polyeucte de Corneille
est d’une « grande actualité ».
SOUVENT, QUAND JE DIS À QUELQU’UN QUE TU VAS MONTER POLY-
EUCTE, MON INTERLOCUTEUR LÈVE LES YEUX AU CIEL AVEC UN AIR
PIEUX ET MURMURE: « AH, POLYEUCTE ! » POURQUOI ?
BRIGITTE JAQUESWAJEMAN : C’est l’histoire d’un martyr
chrétien, jeune marié comblé, qui, à peine baptisé, se
rend au temple pour y briser les idoles païennes et
faire triompher le seul vrai Dieu, l’unique, à ses yeux.
Presde le rejoindre, il na désormais qu’une hâte:
celle du sacrifice, du renoncement à l’amour terres-
tre et un goût pressant de la mort. « Vous voulez donc
mourir? » lui demande son ami Néarque, effrayé, lui
qui pourtant l’avait initié. « Vous aimez donc à
vivre? » lui rétorque Polyeucte. La messe est dite!
DE QUI CORNEILLE FAIT-IL LE PORTRAIT : D’UN SAINT ? D’UN FANA-
TIQUE (COMME LE DIT VOLTAIRE, QUI ADMIRE LA PIÈCE) ? D’UN
HÉROS?
B. J.W.: Ce martyre inconnu que Corneille est allé
chercher dans les débuts du christianisme ressemble
plus à un « héros » tel qu’ Horace, qu’à Saint Jean de
la Croix! On cherche en vain un peu de douceur évan -
gélique! Le martyr est pour Polyeucte l’occasion de
se donner une destinée hors série.
POURQUOI CORNEILLE A-T-IL INVENTÉ LE PERSONNAGE DE SÉVÈRE ?
B. J.W. : Avec Sévère, Corneille introduit le désir, la
chair, lamour contrarié, qui deviennent des ingré-
dients essentiels de la pièce. Sévère est un héros
mélancolique. Ancien amant de Pauline, toujours
ardemment aimé, et toujours insatisfait. Il est le seul
protagoniste mesuré de la pièce, bienveillant avec les
religions, quelles quelles soient. Il offre un contraste
poignant avec l’excès et la radicalité de Polyeucte.
ET PAULINE?
B. J.W.: Pauline est une fille trop obéissante. Elle a
aimé Sévère de toute son âme ; son père Félix, une
canaille, a exigé qu’elle renonce à cet immense
amour. Par devoir, pour lui obéir, elle a épousé
Polyeucte, qu’elle aime désormais, mais sans oublier
l’autre, on le verra ! chirée entre ces deux
hommes, sa soumission au père, au devoir qu’elle dit
« inexorable », est un mystère. Cela crée chez elle
des abîmes de souffrance et de renoncement.
Propos recueillis par François Regnault
5
POURQUOI MONTER POLYEUCTE ?
Après les créations des pièces du «Théâtre colonial»
de Corneille dont lactualité et la pertinence politique
nous avaient éclairés, voici un chef-d’œuvre qu’il ma
paru urgent de monter.
Avec Polyeucte, Corneille met en scène un jeune
converti chrétien dont lardeur iconoclaste et le désir
de mort peuvent éclairer ici et maintenant notre plus
proche actualité.
En effet, la pièce nous conte l’histoire d’un jeune hom -
me charmant qui, à peine baptisé, cherche le martyre
et décide de s’attaquer, au nom du Dieu unique qui
lui a été révélé, aux statues des dieux romains qu’il con -
sidère comme des idoles païennes qu’il faut détruire.
La destruction des bouddhas de Bâmyan en Afgha nis -
tan, celle plus récente des statues antiques du musée
de Mossoul en Irak, enfin, la destruction des temples
de la cité antique de Palmyre en Syrie, offre une ana-
logie frappante, avec les actes de Polyeucte qui veut
faire triompher son Dieu, et éradiquer toutes traces
d’autres croyances:
« Allons briser ces dieux de pierre ou de métal,
Faisons triompher Dieu, qu’il dispose du reste. »
Les déclarations des Talibans qui tendaient à justi-
fier leurs destructions, semblent tout droit sorties de
la pièce de Corneille:
« Ces statues ont été utilisées auparavant comme des
idoles et des divinités par les incroyants qui leur rendaient
un culte…. Seul Dieu, le tout puissant, doit être vénéré
et toutes les fausses divinités doivent être annihilées. »
Au regard de ces événements, la tragédie de Corneille
prend une actualité exceptionnelle.
Quand la pièce commence, on voit littéralement Poly -
eucte sortir du lit conjugal, heureux, épanoui, et -
clarer à son ami chrétien Néarque, qui le presse dal-
ler se faire baptiser:
«Mais vous ne savez pas ce que c’est qu’une femme !
Vous ignorez quels droits elle a sur toute l’âme
Quand après un long temps qu’elle a su nous charmer
Les flambeaux de l’Hymen viennent de s’allumer. »
Durant la nuit, Pauline, sa jeune femme – ils se sont
mariés il y a quinze jours a vu la mort de Polyeucte
dans un mauvais rêve et lui demande instamment de
rester auprès d’elle. Polyeucte y consentirait volon-
tiers, mais c’est le jour de son baptême, et Néarque,
son mentor et ami, qui l’a fait chrétien, le sermonne
et lui enjoint de ne se préoccuper que de Dieu dé -
sormais.
Ayant entendu et intériorisé la prescription de Né ar -
que, son mentor de négliger, pour plaire à ce Dieu
unique, « et femme et biens et rang », et dêtre prêt pour
lui « à verser tout son sang », Polyeucte revient de son
baptême, plus radical que son maître, et an non ce sa
décision de fracasser les statues des dieux romains, au
cours d’une cérémonie officielle afin d’instaurer le
triomphe de son Dieu unique.
Arrêté, il se voue à la mort avec allégresse.
Il na qu’une te, celle d’échanger la volup heureuse
qu’il goûtait auprès de sa jeune femme contre une
jouissance plus intense qu’il vient de découvrir: celle
du sacrifice, du renoncement, d’un goût pressant de
la mort. Il dit à Pauline, qu’il aimerait convertir :
« Si vous pouviez comprendre et le peu qu’est la vie
Et de quelles douceurs cette mort est suivie! »
Il ne fait plus couple avec elle, il fait couple avec Dieu!
La mort est désirée! Il s’agit d’une certitude : Dieu
l’attend impatiemment pour lui décerner la palme
des martyrs:
« Du premier coup de vent il me conduit au port
Et sortant du baptême il menvoie à la mort. »
La soudaineté de ce désir qui le pousse à s’arracher
brutalement à sa femme aimée, à se livrer à une vio-
lence iconoclaste digne d’un fanatique et à souhaiter
le plus tôt possible la mort, comme promesse d’éter-
nité, surprend même et inquiète Néarque:
« Ce zèle est trop ardent, souffrez qu’il se modère.»
Il y a une telle radicalité dans ce saut à corps perdu
dans la religion, un tel excès !
Que sest-il passé pour que ce doux et paisible prince
devienne brutalement un fanatique? Pourquoi cette
promesse de mort lui apporte-t-elle tant de joie? Quest-
ce qui est à l’œuvre dans cette métamorphose? Le gt
du sacrifice? Le sacrifice de quoi? De soi? De lautre?
La violence d’un tel sacrifice est-t-elle salutaire? Pour -
quoi est-il plus fort que l’amour ?
La splendide tragédie de Corneille met en scène une
lutte sans merci entre le désir amoureux et le désir du
martyre, entre le goût de la vie et lattraction de la mort.
Corneille, dans Polyeucte, s’approche d’un gouffre.
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