le plus souvent la conséquence d’un urètre trop court [4]. A
l’heure actuelle, on est incapable d’expliquer comment ces
anomalies peuvent se produire au cours du développement.
Clinique
Dans la plupart des cas, l’incompétence sphinctérienne est
associée à une incontinence permanente ou intermittente
avec une capacité à stocker de l’urine. Lors du recueil des
commémoratifs, le propriétaire peut donc décrire un animal
capable de réaliser des mictions volontaires mais qui est
incontinent depuis sa naissance ou son acquisition en cas
d’adoption. Il est alors très important de dissocier l’inconti-
nence juvénile de la malpropreté ou de pertes conséquence d’
une phase d’excitation ou de stress [7] et d’établir le bilan de
l’ensemble des anomalies présentes [6].
Diagnostic
Dans le cas présent, il s’agissait d’une incompétence
sphinctérienne associée à une dilatation de l’urètre et des
anomalies génitales. Le diagnostic a été clinique, radiolo-
gique et échographique. La réalisation d’une urétrographie
rétrograde avec un produit de contraste est habituellement
recommandée dans ces cas [3, 6, 8, 12] et a permis de visua-
liser l’importance de la dilatation urétrale.
Ici, la réalisation en parallèle d’une échographie de l’appa-
reil urinaire et d’un examen radiographique a permis de mon-
trer une bonne concordance des observations fournies par les
deux méthodes d’imagerie. L’examen nécropsique a
confirmé les conclusions de la radiographie et de l’échogra-
phie. En pratique, le vétérinaire suspectant une malformation
urogénitale pourrait donc se satisfaire de l’un de ces deux
examens pour son diagnostic [11]. L’échographie présente
l’intérêt de ne pas être invasive mais elle nécessite la pré-
sence d’un échographiste qualifié et d’un appareil de qualité.
Un profil urodynamique aurait été un examen de choix
pour mettre en évidence une réelle incompétence sphincté-
rienne, permettant de mesurer la pression intra-vésicale,
d’étudier le volume et l’écoulement d’urine au niveau de la
vessie et de l’urètre au cours des différentes phases de la mic-
tion. Dans ce cas, il a été impossible de le réaliser.
Traitement
Dans les cas d’incompétence sphinctérienne associée ou
non à une dilatation de l’urètre, un traitement médical et ou
chirurgical peuvent parfois être proposés. Un traitement
médical à base de bromure d’Emepromium a permis le
contrôle (durant les 8 ans de suivi) d’un cas d’incontinence
urinaire associée à une dilatation urétrale [1]. Un traitement
chirurgical de l’incompétence sphinctérienne sans dilatation
urétrale consiste à fixer les canaux déférents à la paroi abdo-
minale, comme lors d’une déférentopexie, ce qui ramène la
prostate et la vessie crânialement [13]. Par cette technique, 7
des 8 chiens traités redevinrent continents (3 sans traitement
médical associé). Ces résultats sont comparables a ceux de
l’étude de Power et al. qui ont montré que, comme chez les
femelles, la position de la vessie chez le mâle (abdominale ou
intra-pelvienne) influe sur l’existence d’une incompétence
sphinctérienne [9].
Mais, les anomalies congénitales de l’appareil urinaire sont
très souvent multiples. Il est donc primordial, avant de pro-
poser un traitement, de s’assurer de l’absence d’une autre
anomalie [4, 6, 10, 12] ainsi que de lésions fonctionnelles
associées à la malformation initiale comme c’était le cas chez
ce chien.
Conclusion
Tout cas d’incontinence urinaire nécessite un examen com-
plet de l’appareil urogénital. Les malformations et les incom-
pétences sphinctériennes congénitales sont les principales
origines de ces troubles. Les explorations échographiques ou
radiographiques, en fonction des compétences de chacun, et
le profil uro-dynamique sont les examens permettant de
mettre en évidence l’origine de l’incontinence et donc de pro-
poser le traitement le plus adapté. Dans le cas présent, l’asso-
ciation d’anomalies des appareils urinaire et génital a conduit
à s’interroger sur la sécrétion de testostérone et le caryotype
qui se sont révélés normaux.
Remerciements
Nous remercions le Docteur Lamour-Leyssol C., le
Professeur Berthelot X., le Docteur Semin M.O., le Docteur
Monnereau L. et le laboratoire de cytogénétique de l’ENVT
pour nous avoir aidés à mener à bien nos investigations.
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