Professions Santé Infirmier Infirmière - No23 - janvier-février 2001
Dédramatiser les situations
Il suffit souvent d’en parler.
C’est pourquoi l’Association
d’aide aux personnes inconti-
nentes (AAPI) lance une cam-
pagne d’information, livret d’ex-
plications à l’appui*.
L’incontinence n’est pas une mala-
die mais un symptôme commun à
plusieurs maladies. Un symptôme
qui fait souffrir avec, notamment,
tous les fantasmes qui l’entourent.
Le Pr Alain Pigné précise : « Il ne
faut pas être âgé pour être inconti-
nent. Il y a de nombreux(ses) incon-
tinent(e)s en France et la personne
doit savoir qu’elle n’est pas un un cas
isolé. Il n’y a pas un traitement de
l’incontinence mais des traitements,
et il est exceptionnel que l’on ne
puisse, à défaut de guérir totalement,
au moins essayer de rendre la vie
plus confortable. » L’incontinence
est une perte involontaire d’urine
lors d’un effort important ou
même minime. Une consultation
médicale et des examens doivent
toujours précéder un éventuel trai-
tement. L’incontinence atteint sur-
tout les femmes (70 %) car, chez
elles, le plancher pelvien, plus vul-
nérable en raison de l’existence du
vagin, devient fragile, notamment
sous l’effet de la pesanteur et des
accouchements.
Diagnostic
Après un questionnement appro-
fondi, l’examen urodynamique
(UD) peut être prescrit. Il s’agit
d’analyser ce qui se passe lorsque
la vessie se remplit et lorsqu’elle se
vide. Grâce à une sonde introduite
dans la vessie par l’urètre et reliée
à des instruments de mesure, les
variations de pression sont enre-
gistrées de façon constante pen-
dant les phases de remplissage et
de vidange, au niveau de la vessie
et de l’urètre. L’examen comporte
plusieurs phases comme la débit-
métrie (mesure des flux urinaires),
la cystomanométrie (comporte-
ment de la vessie au cours de son
remplissage progressif), la sphinc-
térométrie (mesure des pressions
dans l’urètre au repos, à l’effort et
en retenue). Les résultats, qui
concernent à la fois la vessie,
l’urètre et le sphincter, sont inter-
prétés par le médecin qui peut
prescrire d’autres examens plus
approfondis.
Solutions
La rééducation périnéale et
sphinctérienne est souvent un
traitement de première intention.
Ce traitement, qui fait appel à un
rééducateur spécialisé, a pour but
la connaissance, la maîtrise et l’ef-
ficacité des muscles du périnée.
Trois techniques sont utilisées :
la rééducation manuelle, la sti-
mulation électrique et le biofeed-
back. Elles ne doivent pas être
douloureuses. La technique ma-
nuelle permet de localiser l’en-
droit précis à contracter afin de
faire travailler progressivement
les muscles. La stimulation élec-
trique se pratique à l’aide d’un ap-
pareil qui délivre de petites im-
pulsions électriques par une
électrode. Elle est contre-indi-
quée en cas d’infection urinaire
ou gynécologique.
La technique du biofeedback (dite
active) permet de visualiser, à
l’aide de voyants lumineux ou so-
nores, l’intensité de la contraction
volontaire des muscles entourant
la sonde qui peut être identique à
celle utilisée pour l’électrostimu-
lation (dite passive). On combine
souvent ces deux méthodes. Le pa-
tient doit s’exercer tout seul et
poursuivre les exercices commen-
cés avec son kinésithérapeute.
Afin de mieux comprendre com-
ment contracter le périnée, des
méthodes sont utilisées, notam-
ment en gériatrie. C’est l’intérêt
du “stop-pipi”, dont le but n’est
pas de rééduquer. Il doit être di-
rigé, car il comporte certains
risques contraires à l’objectif.
Le calendrier mictionnel consiste,
lui, à observer et à permettre de
retarder progressivement le mo-
ment d’aller aux toilettes. Son
principe est d’étudier le compor-
tement spontané du patient et,
éventuellement, de déterminer les
médicaments appropriés.
En cas de dysfonctionnement
grave, l’autosondage intermittent
est une méthode enseignée par l’in-
firmière à son patient. Son but est
d’assurer une vidange complète de
la vessie chez des patients ayant une
rétention urinaire chronique. L’en-
seignement doit se fonder sur celui
du respect d’une hygiène rigou-
reuse, selon un protocole précis. La
sonde à demeure est, elle, l’ultime
recours, avec tous les risques in-
fectieux que cela comporte.
Selon l’origine de l’incontinence,
des médicaments peuvent être
prescrits : ils diminuent ou aug-
mentent l’activité de la vessie, le
tonus de l’urètre. Ce sont aussi les
estrogènes ou les médicaments du
système nerveux central. Et, en
dernier recours, la chirurgie peut
réparer un périnée, mais une ré-
éducation s’impose toujours en-
suite pour le remuscler.
Lucie Galion
* Le petit livret est disponible à l’AAPI,
5, av. du Maréchal-Juin, 92100 Boulogne.
Tél. : 01 46 99 78 99.
Bien que n’étant pas toujours un grave handicap,
l’incontinence urinaire est souvent mal vécue. Trois
millions de personnes sont concernées en France, dont
seulement un tiers sont âgées de plus de 65 ans. Le
sujet est encore tabou alors que des solutions existent
dans plus de deux cas sur trois.
Incontinence urinaire
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