Compte-rendu des journées d`information de l`ALIG

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Association Luxembourgeoise des Intolérants au Gluten asbl
Compte-rendu
des journées d’information de l’ALIG
Panel médical
en présence de généralistes et de spécialistes
en gastro-entérologie et pédiatrie-endocrinologie
(15 juin 2003)
Exposé
présenté par Dr Monique Bamberg, gastro-entérologue :
La réintroduction du gluten à l’adolescence et son suivi médical
(20 juin 2004)
Publié avec le concours du
Ministère de la Santé de Luxembourg
Direction de la Santé,
Division de la Médecine Préventive et Sociale
INTRODUCTION
Après avoir salué les invités, M.Nicolas Steil, président de l’ALIG, remercie les membres du Conseil d’administration du travail fourni pendant l’année 2002
La journée le poursuit avec l’assemblée générale extraordinaire et l’ordinaire avec leurs ordres
du jour respectifs.
Panel médical
Composition du panel
Mme Dr Monique Bamberg,
gastro-entérologue
Mme Dr Carine de Beaufort,
pédiatre-endocrinologue
Mme Dr Geneviève Jadoul,
médecin-généraliste, coeliaque
Mme Dr Maryse Flammang,
médecin-généraliste, coeliaque
M. Steil propose de se pencher sur des problèmes que peut rencontrer un coeliaque
-
le colon irritable
le diabète
les problèmes psychologiques
les aspects dermatologiques
Nous allons voir s’il y a des liens entre la maladie coeliaque et d’autres types
d’affections. Nous essayerons d’éclaircir si un comportement typique peut se présenter
chez le coeliaque sans vouloir l’enfermer dans une fiche signalétique. Nos pistes de
réflexions sont basées sur les expériences que nos invitées ont pu faire et ce qu’elles
ont pu lire.
2 COMPTE RENDU 2003
M. Steil pose les premières questions à
Mme Dr Bamberg :
Y a-t-il un lien entre le colon irritable et la maladie
coeliaque ?Quelles sont les manifestations du colon
irritable ?
Le colon irritable est une entité bien définie par
un congrès à Rome et qui définit ce qu’on appelle
les critères de Rome II. Ces critères définissent cette
pathologie comme étant des troubles digestifs, survenant pendant au moins 12 semaines (pas nécessairement consécutives) au cours des 12 mois écoulés. Le
patient rencontre des douleurs abdominales ou une
douleur qui présente 2 de ces 3 caractéristiques :
1. soulagement par la défécation et/ou
2. changement dans la fréquence des selles
(plus de 3 par jour ou moins de 3 par semaine)
3. changement dans la forme et l’apparence des
selles (dures, sèches, molles ou liquides)
D’autres symptômes confortent le diagnostic :
- émission de sang
- passage de mucus
- défécation douloureuse, sensation de vidange
incomplète, effort de défécation
- ballonnement ou sensation de distension de
l’abdomen.
lèmes diététiques, des problèmes de vie, de stress. Il
n’y a pas de cause réelle puisque sinon on les retirera de ce groupe de colon irritable. On a toujours des
troubles du transit et la caractéristique principale est
qu’ils sont soulagés par la défécation.
Si un coeliaque diagnostiqué fait son régime et
continue à avoir des problèmes, on peut en envisager beaucoup d’autres étiologies. Il faut retenir surtout
les facteurs psychologiques et les facteurs de stress.
Il faut exclure toutes les autres maladies concomitantes, un déficit en IgA, ainsi que toutes les pistes
infectieuses. Il ne faut pas négliger que le coeliaque
peut être atteint de deux maladies.
Les coeliaques se plaignent effectivement beaucoup plus souvent d’une sensibilisation au niveau
de leur intestin que les autres. Il est vrai que dans
la pathologie du colon irritable, on ne trouve pas de
pathologie organique.
Dans le colon irritable il y a de nombreux essais thérapeutiques qui ont été faits. Il y a surtout les
spasmolytiques qui sont prescrits, des régimes au
niveau diététique et actuellement il y a tendance à
prescrire des anti-dépresseurs.
Tout coeliaque peut dans un premier temps être
pris pour un patient souffrant d’un colon irritable et
tous les colons irritables sont potentiellement des
maladies coeliaques.
Evidemment notre rôle en tant que médecin, est
d’éliminer toutes les autres pathologies digestives
chroniques aussi bien chez les enfants que chez les
adultes et d’en extraire ceux qui n’ont pas de maladie structurelle de l’intestin. On arrive à éliminer les
coeliaques de ce groupe parce qu’on a une pathologie organique : une atrophie villositaire et la présence
d’anti-corps.
Comme la maladie coeliaque est trop peu diagnostiquée on pourrait se poser la question si tous
les colons irritables ne sont pas des maladies coeliaques non détectées. Effectivement il y a des études
qui montrent qu’à peu près 10% des colons irritables
sont des maladies coeliaques et aussi que dans les
maladies coeliaques qui ne suivent pas le régime, il
reste à peu près 10 fois plus de colons irritables que
dans la population générale. 20 à 30% de la population peuvent souffrir de ce problème.
Est-ce que le fait d’utiliser régulièrement ou de
prendre abusivement ces médicaments ne peut pas
entraîner d’autres problèmes ?
En général les médecins préconisent de faire le
traitement pendant six mois et d’essayer de diminuer ensuite. On accompagne ce traitement de mesures
diététiques avec une alimentation riche en fibres et
surtout des boissons abondantes ce que beaucoup
de gens oublient. Il n’y a pas une dépendance qui
s’installe car après un certain temps les gens ont
tendance à arrêter eux-mêmes la cure. Les patients
arrivent à gérer la maladie parce qu’ils arrivent à
reconnaître les facteurs qui la déclenchent ; ils essaient de limiter le stress et évitent certains aliments qui
sont plus flatulogènes.
Il y a une dizaine d’années, dans les grands congrès internationaux, on a encouragé les gastro-entérologues à prescrire plus d’anti-dépresseurs surtout pour
la symptomatologie du colon irritable. On a obtenu un
bon résultat avec le Redomex®. Mais les patients ont
souvent du mal à accepter ce genre de traitement,
parce qu’ils se voient malades d’un organe abdominal
et ne comprennent pas pourquoi on leur prescrit un
anti-dépresseur. La meilleure solution serait une psychothérapie de longue haleine, mais c’est un peu illusoire au Luxembourg.
Les causes du colon irritable ?
Comme le dit la définition, il n’y a pas de maladie
structurelle dans le colon irritable, ce sont des prob-
L’aspect psychologique de la maladie coeliaque ?
Dr Jadoul, notre interlocuteur pour le domaine psychologique, prend la parole :
COMPTE RENDU 2003 3
Le beau-frère de Mme Jadoul est neuro-psychiatre à l’Hôpital Universitaire St Luc à Bruxelles et a
fait une étude de la littérature sur les problèmes psychologiques et neurologiques qui peuvent être liés à
la maladie coeliaque surtout avant le diagnostic.
Ces différentes études ont montré la présence de
symptômes comme
- la dépression nerveuse
- les troubles anxiotiques
- la schizophrénie
La dépression nerveuse chez la personne coeliaque est probablement due à la sécrétion de cytotoxines qui peuvent agir en différents endroits du corps,
et donc notamment au niveau du cerveau. D’ailleurs
des études manquent pour déterminer à long terme si
le régime sans gluten suffit seul à enrayer ces problèmes ou bien s’il faut continuer avec un accompagnement psychiatrique.
Ce qui est intéressant à relever c’est que l’annonce
du diagnostic à une personne coeliaque peut
déboucher sur différents types d’attitudes en fonction de l’histoire et de la personnalité de chaque individu. :
- Certaines personnes vont être soulagées qu’on ait
trouvé enfin la cause de leur problème. Ces personnes
vont être rassurées de savoir que c’est une maladie
qui peut être traitée « simplement » par un régime
sans prise de médicaments à long terme.
- D’autres personnes plus attachées à l’aspect alimentaire de leur vie vont vivre ça comme une catastrophe.
Pourtant on ne peut pas tirer des conclusions unilatérales, chaque personne va réagir en fonction de sa
personnalité propre. Il est important de ne pas mettre
une étiquette au coeliaque. Il y a tant de coeliaques
différents que de non-coeliaques et on ne peut pas
déterminer un type psychologique précis pour la personne coeliaque.
Les cytotoxines disparaissent totalement avec le
régime sauf en cas d’ écarts au régime. Il se pourrait que ces cytotoxines aient déjà produit des dégâts
irréversibles au niveau du système nerveux central .
Parfois les symptômes régressent totalement, mais
il est difficile d’établir un lien direct avec la maladie
coeliaque, parce que la personne coeliaque comme
toute autre personne peut être confrontée à d’autres
problèmes psychologiques.
4 COMPTE RENDU 2003
Est-ce qu’il y a des cas d’autisme qui sont dus
entièrement à la maladie coeliaque et qui ont été
réversibles par un régime sans gluten ?
Jusqu’à présent un tel cas n’a pas été détecté.
Dans le domaine de l’autisme les médecins raisonnent différemment ; pour certains autistes il y a
intérêt à suivre un régime sans gluten, mais malheureusement on ne cherche pas à avoir un diagnostic
de la maladie coeliaque. Il y a des témoignages de
parents qui étaient tout à fait surpris de l’évolution
favorable de leur enfant autiste par le régime sans
gluten, mais on ne sait pas s’il s’agissait d’un enfant
coeliaque au départ ou pas. Il reste tout un champ à
explorer par des études pour éclaircir cette question.
Les études dans le domaine de la médecine sont
pour la plupart financées par des firmes pharmaceutiques. Sur le domaine de la maladie coeliaque il n’y
a pas beaucoup d’intérêt car il n’y a pas d’enjeu pour
l’industrie pharmaceutique. Au contraire si on mettait
en évidence que beaucoup de dépressions nerveuses
seraient dues à la maladie coeliaque, les firmes vont
plutôt y perdre.
Il est recommandé aux personnes qui souffrent
d’un colon irritable de faire de la relaxation ou simplement de pratiquer un sport, bénéfiques par la sécrétion d’endorphines.
Chaque coeliaque est un individu à part entière
et on ne peut pas lui désigner un profil bien spécifique. Une personne qui suit son régime n’est pas
un malade coeliaque, mais une personne coeliaque.
On peut la comparer avec un myope qui retrouve ses
lunettes. Une fois qu’on suit son régime on doit pouvoir retrouver une vie tout à fait normale même s’il
reste bien sûr le handicap social. Mais au niveau
physiologique, il faut se considérer comme une personne en bonne santé.
Y a-t-il des liens entre le diabète et
la maladie coeliaque ?
Dr de Beaufort prend position :
Il faut commencer à différencier les formes de diabète avec lesquelles on est confrontées.
Le diabète qu’on voit le plus fréquemment est
celui de l’adulte, de la personne qui a une surcharge
pondérale, qui est obèse et qui à ce moment-là développe une insulinorésistance. Si pour cette forme de
diabète on peut mettre en cause notre façon de vivre,
ça ne compte pas pour le diabète de l’enfant.
On ne connaît pas la cause exacte de ce type
de diabète, qui provoque une réaction au niveau
du système de défense immunitaire, probablement
aussi par l’intermédiaire des cellules T. Cette réaction pourrait déjà se faire à une phase précoce au
moment de l’allaitement ou de l’introduction des
protéines de lait de vache ou de caséines. On sait
qu’il y a une susceptibilité génétique avec quelque
chose dans l’environnement qui provoque chez ces
enfants un changement immunitaire, qui provoque
la destruction des cellules qui produisent l’insuline.
L’hormone insuline manque d’une façon absolue chez
ces enfants.
Ces enfants ont besoin d’injections d’insuline à vie
3 – 4 fois par jour et des contrôles glycémiques tous
les jours. Beaucoup d’enfants présentent d’autres
problèmes médicaux induits par leurs écarts alimentaires car c’est très dur pour eux d’accepter qu’ils ne
sont pas comme les autres enfants de leur âge. On
ne peut pas faire croire à ces petits patients que c’est
comme si on mettait des lunettes.
Depuis 1978 on a des statistiques qui montrent
que 12 à 13 enfants entre 0 – 14 ans par l00.000
enfants développent un diabète par an. Pour les
intolérants au gluten c’est beaucoup plus difficile à
évaluer, mais dans les familles d’enfants diabétiques
il y a régulièrement des personnes qui présentent le
diagnostic d’une maladie coeliaque. Au Luxembourg
des statistiques montrent que 3% des enfants diabétiques ont une maladie coeliaque associée, alors que
la littérature parle de 0,3 à 16%. Contrairement aux
autres pays de l’Europe, on n’a pas pu observer une
augmentation au Luxembourg.
C’est bien reconnu par tous les pédiatres-endocrinologues qui s’occupent des enfants diabétiques
qu’un contrôle annuel des auto-anticorps pour un certain nombre de maladies autoimmunes est opportun.
Il y a des enfants qui ont toujours été négatifs, chez
qui on trouve à un certain moment des anticorps.
Le diabète aussi bien que la maladie coeliaque
sont des maladies immunitaires. Il y a deux systèmes
immunitaires qui collaborent : les anti-corps dans le
sang mais c’est le groupe de cellules T qui est surtout impliqué dans la cause. Ce qui est très frappant,
en tout cas pour le diabète, est qu’on parle dans les
hypothèses de la caséine et des protéines de lait de
vache dans une phase très précoce.
Comment les malades conjuguent-ils les deux
problèmes ? Pour certains la culture de manger ne
prédomine pas, pour d’autres surtout dans la phase
d’adolescence, toutes ces restrictions sont éprouvées comme une dure punition. Il y a des familles
qui vivent difficilement la maladie et qui ont besoin
de beaucoup plus de soutien qu’on ne puisse leur en
offrir.
A côté du régime, dues aux variations du taux du
sucre, il y a encore énormément de problèmes à signaler :
- maux de tête
- fatigue
- envie de ne rien faire
- agressivité
- esprit très négatif
- perte de connaissance.
On peut observer des changements de caractère
purement induits par les changements au niveau du
sucre dans le sang.
A la clinique pédiatrique on a l’avantage de pouvoir
avoir un accès direct à l’équipe pédo-psychiatrique
mais ceci pas encore systématique.
Association des maladies de la peau avec la maladie coeliaque !
Dr Flammang et Dr Bamberg se penchent vers les
problèmes dermatologiques :
Il faut d’abord faire la différence entre intolérance
et allergie.
Une vraie allergie passe par d’autres médiateurs
notamment par les immunoglobines IgE. Par contre
une intolérance est une réaction plus complexe qui
dans la maladie coeliaque s’associe à une complète
disparition des villosités. Dans le cadre des maladies
de la peau, on sait qu’effectivement dans l’intolérance
au gluten il y a aussi des urticaires qui sont décrits.
La seule maladie de la peau reconnue où il y a une
association avec la maladie coeliaque est la dermatite herpétiforme.
Certaines personnes font un eczéma horrible et
vont bien quand ils suivent un régime sans gluten,
alors même que les tests des anticorps sont négatifs. Après avoir dosé les IgE, afin d’exclure une allergie on peut recommander à ces personnes de continuer le régime sans gluten, s’ils se sentent mieux.
Il y a un certain nombre de formes latentes qui se
déclenchent par des abus momentanés de gluten
dans l’alimentation. Si le patient se sent bien sans
qu’il y ait des lésions au niveau de l’intestin grêle
ni de lésions cutanées, il est recommandé de suivre
le régime sans gluten, même si malheureusement il
n’obtient pas le remboursement de la Caisse de Maladie.
Est-ce que l’intolérance au gluten entraîne un certain
nombre d’autres intolérances ?
Dans la maladie coeliaque on a une atteinte de la
barrière de la muqueuse intestinale donc on a une
fragilité et une perméabilité augmentées. On entre en
contact avec de grosses molécules qui n’entreraient
pas en contact avec l’organisme si on n’avait pas la
maladie coeliaque et donc on se sensibilise automatiquement à un certain nombre d’aliments. Il y a des
gens qui ont des sensibilisations à des aliments qu’ils
n’ont jamais mangés, il s’agit ici d’allergies croisées.
Une partie de ces sensibilisations vont disparaître.
COMPTE RENDU 2003 5
On le sait très bien avec l’intolérance au lactose qui
existe en début de la maladie coeliaque qui avec la
récupération fonctionnelle de la muqueuse a tendance à disparaître. Il reste une mémoire des IgG dans
le corps qui peut durer quelques années.
Souvent malgré le régime, le problème ne disparaît
pas entièrement. La première explication se trouve
évidemment dans les écarts de régime inconscients,
inavoués. Dans des études de sprue réfractaire il y a
effectivement 60% d’erreurs de régime sous formes
cachées, sous forme de contamination des aliments
et ceci indépendamment de la volonté des gens. Certaines sprue réfractaires deviennent sensibles à la
corticothérapie. Il y aussi des cas où le régime ne
marche pas, il faut alors se méfier de l’apparition d’un
lymphome.
M. Steil demande la prise de position au public :
Est-ce que la maladie coeliaque a entraîné avant ou
après le régime des troubles psychologiques ou un
comportement psychologique typique chez vous ?
Tous les auditeurs qui témoignent confirment
d’avoir été nerveux, dépressifs et fatigués avant le
diagnostic et que cette situation s’est améliorée rapidement après l’introduction du régime sans gluten.
Les enfants qui se réveillaient souvent la nuit avant le
diagnostic dorment calmement déjà deux jours après
l’introduction du régime.
Une dame de 60 ans s’inquiète car après un an
de régime rien n’a changé au niveau de la nervosité
et de l’insomnie. A ce sujet il faut signaler qu’il faut
deux ans jusqu’à ce que la muqueuse soit restaurée
complètement et il en va de même pour les symptômes cliniques.
La fin de la conférence est réservée aux questions
du public :
Qu’est-ce qu’il faut penser des tests ImuPro300
faits par les Laboratoires Lieners, Kutter, Hastert ?
Mme Bamberg pense qu’il est prématuré de s’y
fier. Elle n’a pas pu obtenir une étude scientifique
concernant ces tests. Jusqu’à présent elle a vu 10 à
15 personnes ayant fait les tests et où il y a des anticorps de classe 4, mais elle n’a pas trouvé de maladie
coeliaque ou d’inflammation au niveau de l’intestin
grêle. Sur les 800 personnes qui ont été testées on
devrait, selon les statistiques internationales, trouver
au moins 2 ou 3 personnes coeliaques. Mme Bamberg n’en a pas vu.
Mais c’est vrai qu’il y a dans la population beaucoup de coeliaques qui s’ignorent. Une équipe norvégienne ou finlandaise est en train de doser les anticorps dans la salive et si cela se confirme, c’est un
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rêve de faire un screening de masse au Luxembourg
pour détecter chez les enfants d’un certain âge les
maladies coeliaques
Y a-t-il des signes caractéristiques sur la peau pour
la maladie coeliaque ?
Il n’y a pas d’atteinte spécifique de la peau. On ne
connaît que la dermatite herpétiforme qui donne des
lésions comme des petites pustules sur la face dorsale des bras, sur les épaules, mais qui peuvent se
situer à n’importe quel endroit du corps. Il y a aussi le
syndrome de Sjögren qui donne des sècheresses surtout au niveau de la bouche et des yeux.
Chez les personnes qui décrivent des poussées
d’éruptions, ressemblant à des vascularites ou des
urticaires, il faut penser à un écart de régime inconscient.
Il faut noter que les troubles d’émail dentaire et
les troubles au niveau des cheveux ainsi que le déficit de fer sont souvent signe d’une malabsorption et
méritent d’être recherchés dans le cadre d’une maladie coeliaque
Y a-t-il un rapport entre une hypoglycémie et la maladie coeliaque ?
Une hypoglycémie induite par un manque de
résorption dû à une atteinte de l’intestin est peu documentée dans la maladie coeliaque, car il y a beaucoup de systèmes correcteurs dans le corps pour
préserver un taux de sucre correct au niveau sanguin.
Avec les molécules différentes qui sont présentées
au système immunitaire dans les maladies autoimmunes, on pourrait imaginer une réaction qui donnerait des anticorps anti-insuline et qui pourrait donner une hypoglycémie. C’est ce qu’on voit dans les
grandes gastro-entérites chez les enfants surtout en
bas âge.
Y a-t-il un lien entre la migraine et la maladie coeliaque ?
Il existe des études relatant l’association entre maladie coeliaque et poussées de migraines incontrôlables qui sont devenues contrôlables sous régime sans
gluten.
On considère qu’à peu près 5% des personnes qui
ont des migraines répétées souffrent d’une maladie
coeliaque non-diagnostiquée.
Existe-t-il un premier pas vers une évolution
thérapeutique ?
On a fait des essais thérapeutiques avec des per-
fusions destinées aux malades de Crohn, mais des
études supplémentaires sont en cours.
Ce qui représente actuellement un espoir, c’est
une pilule qui agirait par une enzyme bactérienne,
qui permettrait de détruire une partie de la molécule
du gluten. Une prolyl-endopeptidase bactérienne
permettrait une digestion complète de cette chaîne
d’acides aminées. Une fois qu’un médicament sera
trouvé l’industrie pharmaceutique se lancera dans la
recherche sur la maladie coeliaque, qui actuellement
ne rapporte rien à personne.
Y a-t-il une relation entre la maladie coeliaque et les
maladies dégénératives de la cornée ?
Il y a des choroïdites et des uvéites décrites, ainsi
que la maladie de Behçet qui donne aussi des ulcérations au niveau de la cornée, mais Dr Bamberg n’a
jamais étudié particulièrement ce problème.
Est-ce qu’un écart de régime pendant la grossesse
pose un risque pour le bébé ?
Il n’y a pas de différence significative entre une
grossesse chez une personne non-coeliaque et une
personne coeliaque qui suit son régime. Un écart
isolé ne met pas en jeu le pronostic du bébé.
Avant le diagnostic on connaît de nombreux problèmes de stérilité et de troubles hormonaux qui
s’arrangent sous régime.
Peut-on diagnostiquer la maladie coeliaque en déterminant l’ADN ?
Dans les examens génétiques on a parlé à un
moment du chromosome 6. D’autres études sont en
cours.
Le système HLA n’est pas spécifique, c’est un
argument qui permet de déterminer la probabilité de
la maladie coeliaque, mais ce n’est pas un diagnostic. C’est un groupe génétique pour lequel la maladie
s’exprime plus facilement, mais ce n’est pas exclusif.
Pas tous les HLA DQ2 et DQ8 présentent une maladie coeliaque.
C’est encore trop précoce de recourir à d’autres
moyens diagnostics, de sorte qu’on reste aux choses
tout à fait classiques : le dosage des anticorps et la
biopsie.
maladie coeliaque a changé ces dernières années.
Auparavant on ne parlait que d’une atrophie. Actuellement on parle d’un stade 1 où il y a une infiltration des cellules lymphocytaires, d’un stade 2 où les
cryptes commencent à se raccourcir. Il y a encore
le stade 3 qui est même subdivisé en 3 stades et le
stade 4.
Dans ce cas-là on était peut-être au début de la
symptomatologie. Il faut en tout cas faire une analyse
des anticorps. Il faut savoir que dans 5% des cas les
anticorps restent négatifs, mais si la biopsie montre
une atrophie villositaire il n’y a pas de problèmes à
le passer à la Caisse de Maladie comme une maladie
coeliaque authentique s’il y a une amélioration sous
régime sans gluten.
Pourquoi est-ce que les médecins hésitent parfois si
longtemps avant de faire les analyses ?
Les médecins doivent d’abord écouter puis interpréter et faire enfin les analyses. C’est sûr que chez
chaque enfant qui a des douleurs abdominales ou un
manque de prise de poids ou bien une cassure de la
courbe de croissance on ne fait pas immédiatement
les analyses. Il faut d’abord analyser les problèmes
qui se posent et cela prend du temps. Les médecins
doivent avoir l’esprit grand ouvert sans faire des analyses partout pour n’importe quoi.
Conclusions :
Les discussions ont montré la complexité de la situation et également les nombreux paramètres qui
entrent en ligne de compte. Il ne faut pas tirer des
conclusions trop hâtives, car il y a des liens qui ne
sont pas encore établis. Toute une série d’études doit
encore être faite dans ce sens.
L’objectif de notre association restera d’informer
le corps médical, de conscientiser le grand public et
surtout d’accompagner et d’aider les patients coeliaques.
Le régime strict est absolument indispensable
parce qu’à chaque fois qu’on récidive, la muqueuse
est à nouveau lésée ; l’organisme est stimulé et il en
résulte les problèmes mentionnés lors de cette conférence. Le seul traitement de la maladie coeliaque
est un régime strict sans gluten.
Est-ce qu’un enfant qui a une duodénite chronique
risque de développer une maladie coeliaque ?
Un enfant qui a de la diarrhée et une duodénite
chronique a probablement une maladie coeliaque. Il y
a dix ans ces tests n’ont pas été effectués d’office.
Effectivement la classification histologique de la
COMPTE RENDU 2003 7
EXPOSE SUR LA REINTRODUCTION DU GLUTEN
A L’ADOLESCENCE ET SON SUIVI MEDICAL
Dr Monique Bamberg, gastro-entérologue évoque la problématique de la réintroduction du gluten à l’adolescence. En effet, beaucoup de parents d’enfants coeliaques sont confrontés tôt ou tard
par ceux-ci à la demande d’arrêter le régime sans gluten. Bien que ce désir soit naturel et tout à
fait compréhensible, il faut pourtant s’attendre dans la grande majorité des cas à des déceptions.
Et même les cas très rares de « guérison » ne constituent vraisemblablement pas une garantie à
vie.
En ce qui concerne les adultes, Dr Bamberg recommande aux patients diagnostiqués après l’âge
de 35 ans de poursuivre le régime sans gluten à vie.
Vous trouverez ci-après des graphiques qui illustrent les aspects de cette thématique.
8 COMPTE RENDU 2003
COMPTE RENDU 2003 9
10 COMPTE RENDU 2003
COMPTE RENDU 2003 11
12 COMPTE RENDU 2003
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14 COMPTE RENDU 2003
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Association Luxembourgeoise des Intolérants au Gluten asbl
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16 COMPTE
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