Association Luxembourgeoise des Intolérants au Gluten asbl Compte-rendu des journées d’information de l’ALIG Panel médical en présence de généralistes et de spécialistes en gastro-entérologie et pédiatrie-endocrinologie (15 juin 2003) Exposé présenté par Dr Monique Bamberg, gastro-entérologue : La réintroduction du gluten à l’adolescence et son suivi médical (20 juin 2004) Publié avec le concours du Ministère de la Santé de Luxembourg Direction de la Santé, Division de la Médecine Préventive et Sociale INTRODUCTION Après avoir salué les invités, M.Nicolas Steil, président de l’ALIG, remercie les membres du Conseil d’administration du travail fourni pendant l’année 2002 La journée le poursuit avec l’assemblée générale extraordinaire et l’ordinaire avec leurs ordres du jour respectifs. Panel médical Composition du panel Mme Dr Monique Bamberg, gastro-entérologue Mme Dr Carine de Beaufort, pédiatre-endocrinologue Mme Dr Geneviève Jadoul, médecin-généraliste, coeliaque Mme Dr Maryse Flammang, médecin-généraliste, coeliaque M. Steil propose de se pencher sur des problèmes que peut rencontrer un coeliaque - le colon irritable le diabète les problèmes psychologiques les aspects dermatologiques Nous allons voir s’il y a des liens entre la maladie coeliaque et d’autres types d’affections. Nous essayerons d’éclaircir si un comportement typique peut se présenter chez le coeliaque sans vouloir l’enfermer dans une fiche signalétique. Nos pistes de réflexions sont basées sur les expériences que nos invitées ont pu faire et ce qu’elles ont pu lire. 2 COMPTE RENDU 2003 M. Steil pose les premières questions à Mme Dr Bamberg : Y a-t-il un lien entre le colon irritable et la maladie coeliaque ?Quelles sont les manifestations du colon irritable ? Le colon irritable est une entité bien définie par un congrès à Rome et qui définit ce qu’on appelle les critères de Rome II. Ces critères définissent cette pathologie comme étant des troubles digestifs, survenant pendant au moins 12 semaines (pas nécessairement consécutives) au cours des 12 mois écoulés. Le patient rencontre des douleurs abdominales ou une douleur qui présente 2 de ces 3 caractéristiques : 1. soulagement par la défécation et/ou 2. changement dans la fréquence des selles (plus de 3 par jour ou moins de 3 par semaine) 3. changement dans la forme et l’apparence des selles (dures, sèches, molles ou liquides) D’autres symptômes confortent le diagnostic : - émission de sang - passage de mucus - défécation douloureuse, sensation de vidange incomplète, effort de défécation - ballonnement ou sensation de distension de l’abdomen. lèmes diététiques, des problèmes de vie, de stress. Il n’y a pas de cause réelle puisque sinon on les retirera de ce groupe de colon irritable. On a toujours des troubles du transit et la caractéristique principale est qu’ils sont soulagés par la défécation. Si un coeliaque diagnostiqué fait son régime et continue à avoir des problèmes, on peut en envisager beaucoup d’autres étiologies. Il faut retenir surtout les facteurs psychologiques et les facteurs de stress. Il faut exclure toutes les autres maladies concomitantes, un déficit en IgA, ainsi que toutes les pistes infectieuses. Il ne faut pas négliger que le coeliaque peut être atteint de deux maladies. Les coeliaques se plaignent effectivement beaucoup plus souvent d’une sensibilisation au niveau de leur intestin que les autres. Il est vrai que dans la pathologie du colon irritable, on ne trouve pas de pathologie organique. Dans le colon irritable il y a de nombreux essais thérapeutiques qui ont été faits. Il y a surtout les spasmolytiques qui sont prescrits, des régimes au niveau diététique et actuellement il y a tendance à prescrire des anti-dépresseurs. Tout coeliaque peut dans un premier temps être pris pour un patient souffrant d’un colon irritable et tous les colons irritables sont potentiellement des maladies coeliaques. Evidemment notre rôle en tant que médecin, est d’éliminer toutes les autres pathologies digestives chroniques aussi bien chez les enfants que chez les adultes et d’en extraire ceux qui n’ont pas de maladie structurelle de l’intestin. On arrive à éliminer les coeliaques de ce groupe parce qu’on a une pathologie organique : une atrophie villositaire et la présence d’anti-corps. Comme la maladie coeliaque est trop peu diagnostiquée on pourrait se poser la question si tous les colons irritables ne sont pas des maladies coeliaques non détectées. Effectivement il y a des études qui montrent qu’à peu près 10% des colons irritables sont des maladies coeliaques et aussi que dans les maladies coeliaques qui ne suivent pas le régime, il reste à peu près 10 fois plus de colons irritables que dans la population générale. 20 à 30% de la population peuvent souffrir de ce problème. Est-ce que le fait d’utiliser régulièrement ou de prendre abusivement ces médicaments ne peut pas entraîner d’autres problèmes ? En général les médecins préconisent de faire le traitement pendant six mois et d’essayer de diminuer ensuite. On accompagne ce traitement de mesures diététiques avec une alimentation riche en fibres et surtout des boissons abondantes ce que beaucoup de gens oublient. Il n’y a pas une dépendance qui s’installe car après un certain temps les gens ont tendance à arrêter eux-mêmes la cure. Les patients arrivent à gérer la maladie parce qu’ils arrivent à reconnaître les facteurs qui la déclenchent ; ils essaient de limiter le stress et évitent certains aliments qui sont plus flatulogènes. Il y a une dizaine d’années, dans les grands congrès internationaux, on a encouragé les gastro-entérologues à prescrire plus d’anti-dépresseurs surtout pour la symptomatologie du colon irritable. On a obtenu un bon résultat avec le Redomex®. Mais les patients ont souvent du mal à accepter ce genre de traitement, parce qu’ils se voient malades d’un organe abdominal et ne comprennent pas pourquoi on leur prescrit un anti-dépresseur. La meilleure solution serait une psychothérapie de longue haleine, mais c’est un peu illusoire au Luxembourg. Les causes du colon irritable ? Comme le dit la définition, il n’y a pas de maladie structurelle dans le colon irritable, ce sont des prob- L’aspect psychologique de la maladie coeliaque ? Dr Jadoul, notre interlocuteur pour le domaine psychologique, prend la parole : COMPTE RENDU 2003 3 Le beau-frère de Mme Jadoul est neuro-psychiatre à l’Hôpital Universitaire St Luc à Bruxelles et a fait une étude de la littérature sur les problèmes psychologiques et neurologiques qui peuvent être liés à la maladie coeliaque surtout avant le diagnostic. Ces différentes études ont montré la présence de symptômes comme - la dépression nerveuse - les troubles anxiotiques - la schizophrénie La dépression nerveuse chez la personne coeliaque est probablement due à la sécrétion de cytotoxines qui peuvent agir en différents endroits du corps, et donc notamment au niveau du cerveau. D’ailleurs des études manquent pour déterminer à long terme si le régime sans gluten suffit seul à enrayer ces problèmes ou bien s’il faut continuer avec un accompagnement psychiatrique. Ce qui est intéressant à relever c’est que l’annonce du diagnostic à une personne coeliaque peut déboucher sur différents types d’attitudes en fonction de l’histoire et de la personnalité de chaque individu. : - Certaines personnes vont être soulagées qu’on ait trouvé enfin la cause de leur problème. Ces personnes vont être rassurées de savoir que c’est une maladie qui peut être traitée « simplement » par un régime sans prise de médicaments à long terme. - D’autres personnes plus attachées à l’aspect alimentaire de leur vie vont vivre ça comme une catastrophe. Pourtant on ne peut pas tirer des conclusions unilatérales, chaque personne va réagir en fonction de sa personnalité propre. Il est important de ne pas mettre une étiquette au coeliaque. Il y a tant de coeliaques différents que de non-coeliaques et on ne peut pas déterminer un type psychologique précis pour la personne coeliaque. Les cytotoxines disparaissent totalement avec le régime sauf en cas d’ écarts au régime. Il se pourrait que ces cytotoxines aient déjà produit des dégâts irréversibles au niveau du système nerveux central . Parfois les symptômes régressent totalement, mais il est difficile d’établir un lien direct avec la maladie coeliaque, parce que la personne coeliaque comme toute autre personne peut être confrontée à d’autres problèmes psychologiques. 4 COMPTE RENDU 2003 Est-ce qu’il y a des cas d’autisme qui sont dus entièrement à la maladie coeliaque et qui ont été réversibles par un régime sans gluten ? Jusqu’à présent un tel cas n’a pas été détecté. Dans le domaine de l’autisme les médecins raisonnent différemment ; pour certains autistes il y a intérêt à suivre un régime sans gluten, mais malheureusement on ne cherche pas à avoir un diagnostic de la maladie coeliaque. Il y a des témoignages de parents qui étaient tout à fait surpris de l’évolution favorable de leur enfant autiste par le régime sans gluten, mais on ne sait pas s’il s’agissait d’un enfant coeliaque au départ ou pas. Il reste tout un champ à explorer par des études pour éclaircir cette question. Les études dans le domaine de la médecine sont pour la plupart financées par des firmes pharmaceutiques. Sur le domaine de la maladie coeliaque il n’y a pas beaucoup d’intérêt car il n’y a pas d’enjeu pour l’industrie pharmaceutique. Au contraire si on mettait en évidence que beaucoup de dépressions nerveuses seraient dues à la maladie coeliaque, les firmes vont plutôt y perdre. Il est recommandé aux personnes qui souffrent d’un colon irritable de faire de la relaxation ou simplement de pratiquer un sport, bénéfiques par la sécrétion d’endorphines. Chaque coeliaque est un individu à part entière et on ne peut pas lui désigner un profil bien spécifique. Une personne qui suit son régime n’est pas un malade coeliaque, mais une personne coeliaque. On peut la comparer avec un myope qui retrouve ses lunettes. Une fois qu’on suit son régime on doit pouvoir retrouver une vie tout à fait normale même s’il reste bien sûr le handicap social. Mais au niveau physiologique, il faut se considérer comme une personne en bonne santé. Y a-t-il des liens entre le diabète et la maladie coeliaque ? Dr de Beaufort prend position : Il faut commencer à différencier les formes de diabète avec lesquelles on est confrontées. Le diabète qu’on voit le plus fréquemment est celui de l’adulte, de la personne qui a une surcharge pondérale, qui est obèse et qui à ce moment-là développe une insulinorésistance. Si pour cette forme de diabète on peut mettre en cause notre façon de vivre, ça ne compte pas pour le diabète de l’enfant. On ne connaît pas la cause exacte de ce type de diabète, qui provoque une réaction au niveau du système de défense immunitaire, probablement aussi par l’intermédiaire des cellules T. Cette réaction pourrait déjà se faire à une phase précoce au moment de l’allaitement ou de l’introduction des protéines de lait de vache ou de caséines. On sait qu’il y a une susceptibilité génétique avec quelque chose dans l’environnement qui provoque chez ces enfants un changement immunitaire, qui provoque la destruction des cellules qui produisent l’insuline. L’hormone insuline manque d’une façon absolue chez ces enfants. Ces enfants ont besoin d’injections d’insuline à vie 3 – 4 fois par jour et des contrôles glycémiques tous les jours. Beaucoup d’enfants présentent d’autres problèmes médicaux induits par leurs écarts alimentaires car c’est très dur pour eux d’accepter qu’ils ne sont pas comme les autres enfants de leur âge. On ne peut pas faire croire à ces petits patients que c’est comme si on mettait des lunettes. Depuis 1978 on a des statistiques qui montrent que 12 à 13 enfants entre 0 – 14 ans par l00.000 enfants développent un diabète par an. Pour les intolérants au gluten c’est beaucoup plus difficile à évaluer, mais dans les familles d’enfants diabétiques il y a régulièrement des personnes qui présentent le diagnostic d’une maladie coeliaque. Au Luxembourg des statistiques montrent que 3% des enfants diabétiques ont une maladie coeliaque associée, alors que la littérature parle de 0,3 à 16%. Contrairement aux autres pays de l’Europe, on n’a pas pu observer une augmentation au Luxembourg. C’est bien reconnu par tous les pédiatres-endocrinologues qui s’occupent des enfants diabétiques qu’un contrôle annuel des auto-anticorps pour un certain nombre de maladies autoimmunes est opportun. Il y a des enfants qui ont toujours été négatifs, chez qui on trouve à un certain moment des anticorps. Le diabète aussi bien que la maladie coeliaque sont des maladies immunitaires. Il y a deux systèmes immunitaires qui collaborent : les anti-corps dans le sang mais c’est le groupe de cellules T qui est surtout impliqué dans la cause. Ce qui est très frappant, en tout cas pour le diabète, est qu’on parle dans les hypothèses de la caséine et des protéines de lait de vache dans une phase très précoce. Comment les malades conjuguent-ils les deux problèmes ? Pour certains la culture de manger ne prédomine pas, pour d’autres surtout dans la phase d’adolescence, toutes ces restrictions sont éprouvées comme une dure punition. Il y a des familles qui vivent difficilement la maladie et qui ont besoin de beaucoup plus de soutien qu’on ne puisse leur en offrir. A côté du régime, dues aux variations du taux du sucre, il y a encore énormément de problèmes à signaler : - maux de tête - fatigue - envie de ne rien faire - agressivité - esprit très négatif - perte de connaissance. On peut observer des changements de caractère purement induits par les changements au niveau du sucre dans le sang. A la clinique pédiatrique on a l’avantage de pouvoir avoir un accès direct à l’équipe pédo-psychiatrique mais ceci pas encore systématique. Association des maladies de la peau avec la maladie coeliaque ! Dr Flammang et Dr Bamberg se penchent vers les problèmes dermatologiques : Il faut d’abord faire la différence entre intolérance et allergie. Une vraie allergie passe par d’autres médiateurs notamment par les immunoglobines IgE. Par contre une intolérance est une réaction plus complexe qui dans la maladie coeliaque s’associe à une complète disparition des villosités. Dans le cadre des maladies de la peau, on sait qu’effectivement dans l’intolérance au gluten il y a aussi des urticaires qui sont décrits. La seule maladie de la peau reconnue où il y a une association avec la maladie coeliaque est la dermatite herpétiforme. Certaines personnes font un eczéma horrible et vont bien quand ils suivent un régime sans gluten, alors même que les tests des anticorps sont négatifs. Après avoir dosé les IgE, afin d’exclure une allergie on peut recommander à ces personnes de continuer le régime sans gluten, s’ils se sentent mieux. Il y a un certain nombre de formes latentes qui se déclenchent par des abus momentanés de gluten dans l’alimentation. Si le patient se sent bien sans qu’il y ait des lésions au niveau de l’intestin grêle ni de lésions cutanées, il est recommandé de suivre le régime sans gluten, même si malheureusement il n’obtient pas le remboursement de la Caisse de Maladie. Est-ce que l’intolérance au gluten entraîne un certain nombre d’autres intolérances ? Dans la maladie coeliaque on a une atteinte de la barrière de la muqueuse intestinale donc on a une fragilité et une perméabilité augmentées. On entre en contact avec de grosses molécules qui n’entreraient pas en contact avec l’organisme si on n’avait pas la maladie coeliaque et donc on se sensibilise automatiquement à un certain nombre d’aliments. Il y a des gens qui ont des sensibilisations à des aliments qu’ils n’ont jamais mangés, il s’agit ici d’allergies croisées. Une partie de ces sensibilisations vont disparaître. COMPTE RENDU 2003 5 On le sait très bien avec l’intolérance au lactose qui existe en début de la maladie coeliaque qui avec la récupération fonctionnelle de la muqueuse a tendance à disparaître. Il reste une mémoire des IgG dans le corps qui peut durer quelques années. Souvent malgré le régime, le problème ne disparaît pas entièrement. La première explication se trouve évidemment dans les écarts de régime inconscients, inavoués. Dans des études de sprue réfractaire il y a effectivement 60% d’erreurs de régime sous formes cachées, sous forme de contamination des aliments et ceci indépendamment de la volonté des gens. Certaines sprue réfractaires deviennent sensibles à la corticothérapie. Il y aussi des cas où le régime ne marche pas, il faut alors se méfier de l’apparition d’un lymphome. M. Steil demande la prise de position au public : Est-ce que la maladie coeliaque a entraîné avant ou après le régime des troubles psychologiques ou un comportement psychologique typique chez vous ? Tous les auditeurs qui témoignent confirment d’avoir été nerveux, dépressifs et fatigués avant le diagnostic et que cette situation s’est améliorée rapidement après l’introduction du régime sans gluten. Les enfants qui se réveillaient souvent la nuit avant le diagnostic dorment calmement déjà deux jours après l’introduction du régime. Une dame de 60 ans s’inquiète car après un an de régime rien n’a changé au niveau de la nervosité et de l’insomnie. A ce sujet il faut signaler qu’il faut deux ans jusqu’à ce que la muqueuse soit restaurée complètement et il en va de même pour les symptômes cliniques. La fin de la conférence est réservée aux questions du public : Qu’est-ce qu’il faut penser des tests ImuPro300 faits par les Laboratoires Lieners, Kutter, Hastert ? Mme Bamberg pense qu’il est prématuré de s’y fier. Elle n’a pas pu obtenir une étude scientifique concernant ces tests. Jusqu’à présent elle a vu 10 à 15 personnes ayant fait les tests et où il y a des anticorps de classe 4, mais elle n’a pas trouvé de maladie coeliaque ou d’inflammation au niveau de l’intestin grêle. Sur les 800 personnes qui ont été testées on devrait, selon les statistiques internationales, trouver au moins 2 ou 3 personnes coeliaques. Mme Bamberg n’en a pas vu. Mais c’est vrai qu’il y a dans la population beaucoup de coeliaques qui s’ignorent. Une équipe norvégienne ou finlandaise est en train de doser les anticorps dans la salive et si cela se confirme, c’est un 6 COMPTE RENDU 2003 rêve de faire un screening de masse au Luxembourg pour détecter chez les enfants d’un certain âge les maladies coeliaques Y a-t-il des signes caractéristiques sur la peau pour la maladie coeliaque ? Il n’y a pas d’atteinte spécifique de la peau. On ne connaît que la dermatite herpétiforme qui donne des lésions comme des petites pustules sur la face dorsale des bras, sur les épaules, mais qui peuvent se situer à n’importe quel endroit du corps. Il y a aussi le syndrome de Sjögren qui donne des sècheresses surtout au niveau de la bouche et des yeux. Chez les personnes qui décrivent des poussées d’éruptions, ressemblant à des vascularites ou des urticaires, il faut penser à un écart de régime inconscient. Il faut noter que les troubles d’émail dentaire et les troubles au niveau des cheveux ainsi que le déficit de fer sont souvent signe d’une malabsorption et méritent d’être recherchés dans le cadre d’une maladie coeliaque Y a-t-il un rapport entre une hypoglycémie et la maladie coeliaque ? Une hypoglycémie induite par un manque de résorption dû à une atteinte de l’intestin est peu documentée dans la maladie coeliaque, car il y a beaucoup de systèmes correcteurs dans le corps pour préserver un taux de sucre correct au niveau sanguin. Avec les molécules différentes qui sont présentées au système immunitaire dans les maladies autoimmunes, on pourrait imaginer une réaction qui donnerait des anticorps anti-insuline et qui pourrait donner une hypoglycémie. C’est ce qu’on voit dans les grandes gastro-entérites chez les enfants surtout en bas âge. Y a-t-il un lien entre la migraine et la maladie coeliaque ? Il existe des études relatant l’association entre maladie coeliaque et poussées de migraines incontrôlables qui sont devenues contrôlables sous régime sans gluten. On considère qu’à peu près 5% des personnes qui ont des migraines répétées souffrent d’une maladie coeliaque non-diagnostiquée. Existe-t-il un premier pas vers une évolution thérapeutique ? On a fait des essais thérapeutiques avec des per- fusions destinées aux malades de Crohn, mais des études supplémentaires sont en cours. Ce qui représente actuellement un espoir, c’est une pilule qui agirait par une enzyme bactérienne, qui permettrait de détruire une partie de la molécule du gluten. Une prolyl-endopeptidase bactérienne permettrait une digestion complète de cette chaîne d’acides aminées. Une fois qu’un médicament sera trouvé l’industrie pharmaceutique se lancera dans la recherche sur la maladie coeliaque, qui actuellement ne rapporte rien à personne. Y a-t-il une relation entre la maladie coeliaque et les maladies dégénératives de la cornée ? Il y a des choroïdites et des uvéites décrites, ainsi que la maladie de Behçet qui donne aussi des ulcérations au niveau de la cornée, mais Dr Bamberg n’a jamais étudié particulièrement ce problème. Est-ce qu’un écart de régime pendant la grossesse pose un risque pour le bébé ? Il n’y a pas de différence significative entre une grossesse chez une personne non-coeliaque et une personne coeliaque qui suit son régime. Un écart isolé ne met pas en jeu le pronostic du bébé. Avant le diagnostic on connaît de nombreux problèmes de stérilité et de troubles hormonaux qui s’arrangent sous régime. Peut-on diagnostiquer la maladie coeliaque en déterminant l’ADN ? Dans les examens génétiques on a parlé à un moment du chromosome 6. D’autres études sont en cours. Le système HLA n’est pas spécifique, c’est un argument qui permet de déterminer la probabilité de la maladie coeliaque, mais ce n’est pas un diagnostic. C’est un groupe génétique pour lequel la maladie s’exprime plus facilement, mais ce n’est pas exclusif. Pas tous les HLA DQ2 et DQ8 présentent une maladie coeliaque. C’est encore trop précoce de recourir à d’autres moyens diagnostics, de sorte qu’on reste aux choses tout à fait classiques : le dosage des anticorps et la biopsie. maladie coeliaque a changé ces dernières années. Auparavant on ne parlait que d’une atrophie. Actuellement on parle d’un stade 1 où il y a une infiltration des cellules lymphocytaires, d’un stade 2 où les cryptes commencent à se raccourcir. Il y a encore le stade 3 qui est même subdivisé en 3 stades et le stade 4. Dans ce cas-là on était peut-être au début de la symptomatologie. Il faut en tout cas faire une analyse des anticorps. Il faut savoir que dans 5% des cas les anticorps restent négatifs, mais si la biopsie montre une atrophie villositaire il n’y a pas de problèmes à le passer à la Caisse de Maladie comme une maladie coeliaque authentique s’il y a une amélioration sous régime sans gluten. Pourquoi est-ce que les médecins hésitent parfois si longtemps avant de faire les analyses ? Les médecins doivent d’abord écouter puis interpréter et faire enfin les analyses. C’est sûr que chez chaque enfant qui a des douleurs abdominales ou un manque de prise de poids ou bien une cassure de la courbe de croissance on ne fait pas immédiatement les analyses. Il faut d’abord analyser les problèmes qui se posent et cela prend du temps. Les médecins doivent avoir l’esprit grand ouvert sans faire des analyses partout pour n’importe quoi. Conclusions : Les discussions ont montré la complexité de la situation et également les nombreux paramètres qui entrent en ligne de compte. Il ne faut pas tirer des conclusions trop hâtives, car il y a des liens qui ne sont pas encore établis. Toute une série d’études doit encore être faite dans ce sens. L’objectif de notre association restera d’informer le corps médical, de conscientiser le grand public et surtout d’accompagner et d’aider les patients coeliaques. Le régime strict est absolument indispensable parce qu’à chaque fois qu’on récidive, la muqueuse est à nouveau lésée ; l’organisme est stimulé et il en résulte les problèmes mentionnés lors de cette conférence. Le seul traitement de la maladie coeliaque est un régime strict sans gluten. Est-ce qu’un enfant qui a une duodénite chronique risque de développer une maladie coeliaque ? Un enfant qui a de la diarrhée et une duodénite chronique a probablement une maladie coeliaque. Il y a dix ans ces tests n’ont pas été effectués d’office. Effectivement la classification histologique de la COMPTE RENDU 2003 7 EXPOSE SUR LA REINTRODUCTION DU GLUTEN A L’ADOLESCENCE ET SON SUIVI MEDICAL Dr Monique Bamberg, gastro-entérologue évoque la problématique de la réintroduction du gluten à l’adolescence. En effet, beaucoup de parents d’enfants coeliaques sont confrontés tôt ou tard par ceux-ci à la demande d’arrêter le régime sans gluten. Bien que ce désir soit naturel et tout à fait compréhensible, il faut pourtant s’attendre dans la grande majorité des cas à des déceptions. Et même les cas très rares de « guérison » ne constituent vraisemblablement pas une garantie à vie. En ce qui concerne les adultes, Dr Bamberg recommande aux patients diagnostiqués après l’âge de 35 ans de poursuivre le régime sans gluten à vie. Vous trouverez ci-après des graphiques qui illustrent les aspects de cette thématique. 8 COMPTE RENDU 2003 COMPTE RENDU 2003 9 10 COMPTE RENDU 2003 COMPTE RENDU 2003 11 12 COMPTE RENDU 2003 COMPTE RENDU 2003 13 14 COMPTE RENDU 2003 COMPTE RENDU 2003 15 ALIG Association Luxembourgeoise des Intolérants au Gluten asbl Siège 16 COMPTE social: RENDU Centre 2001Thermal et de Santé B.P. 52 L-5601 Mondorf-les-Bains Correspondance: 4a, rue de la Paix L-3541 Dudelange Grand-Duché de Luxembourg Tél/Fax: (352) 52 02 79 Compte bancaire: Dexia-BIL IBAN LU 95 0022 1258 0095 6900 Email: [email protected]