COMPTE RENDU 2003 3
M. Steil pose les premières questions à
Mme Dr Bamberg :
Y a-t-il un lien entre le colon irritable et la maladie
coeliaque ?Quelles sont les manifestations du colon
irritable ?
Le colon irritable est une entité bien définie par
un congrès à Rome et qui définit ce qu’on appelle
les critères de Rome II. Ces critères définissent cette
pathologie comme étant des troubles digestifs, surve-
nant pendant au moins 12 semaines (pas nécessaire-
ment consécutives) au cours des 12 mois écoulés. Le
patient rencontre des douleurs abdominales ou une
douleur qui présente 2 de ces 3 caractéristiques :
1. soulagement par la défécation et/ou
2. changement dans la fréquence des selles
(plus de 3 par jour ou moins de 3 par semaine)
3. changement dans la forme et l’apparence des
selles (dures, sèches, molles ou liquides)
D’autres symptômes confortent le diagnostic :
- émission de sang
- passage de mucus
- défécation douloureuse, sensation de vidange
incomplète, effort de défécation
- ballonnement ou sensation de distension de
l’abdomen.
Tout coeliaque peut dans un premier temps être
pris pour un patient souffrant d’un colon irritable et
tous les colons irritables sont potentiellement des
maladies coeliaques.
Evidemment notre rôle en tant que médecin, est
d’éliminer toutes les autres pathologies digestives
chroniques aussi bien chez les enfants que chez les
adultes et d’en extraire ceux qui n’ont pas de mala-
die structurelle de l’intestin. On arrive à éliminer les
coeliaques de ce groupe parce qu’on a une patholo-
gie organique : une atrophie villositaire et la présence
d’anti-corps.
Comme la maladie coeliaque est trop peu diag-
nostiquée on pourrait se poser la question si tous
les colons irritables ne sont pas des maladies coeli-
aques non détectées. Effectivement il y a des études
qui montrent qu’à peu près 10% des colons irritables
sont des maladies coeliaques et aussi que dans les
maladies coeliaques qui ne suivent pas le régime, il
reste à peu près 10 fois plus de colons irritables que
dans la population générale. 20 à 30% de la popula-
tion peuvent souffrir de ce problème.
Les causes du colon irritable ?
Comme le dit la définition, il n’y a pas de maladie
structurelle dans le colon irritable, ce sont des prob-
lèmes diététiques, des problèmes de vie, de stress. Il
n’y a pas de cause réelle puisque sinon on les retire-
ra de ce groupe de colon irritable. On a toujours des
troubles du transit et la caractéristique principale est
qu’ils sont soulagés par la défécation.
Si un coeliaque diagnostiqué fait son régime et
continue à avoir des problèmes, on peut en envisag-
er beaucoup d’autres étiologies. Il faut retenir surtout
les facteurs psychologiques et les facteurs de stress.
Il faut exclure toutes les autres maladies concomi-
tantes, un déficit en IgA, ainsi que toutes les pistes
infectieuses. Il ne faut pas négliger que le coeliaque
peut être atteint de deux maladies.
Les coeliaques se plaignent effectivement beau-
coup plus souvent d’une sensibilisation au niveau
de leur intestin que les autres. Il est vrai que dans
la pathologie du colon irritable, on ne trouve pas de
pathologie organique.
Dans le colon irritable il y a de nombreux essa-
is thérapeutiques qui ont été faits. Il y a surtout les
spasmolytiques qui sont prescrits, des régimes au
niveau diététique et actuellement il y a tendance à
prescrire des anti-dépresseurs.
Est-ce que le fait d’utiliser régulièrement ou de
prendre abusivement ces médicaments ne peut pas
entraîner d’autres problèmes ?
En général les médecins préconisent de faire le
traitement pendant six mois et d’essayer de diminu-
er ensuite. On accompagne ce traitement de mesures
diététiques avec une alimentation riche en fibres et
surtout des boissons abondantes ce que beaucoup
de gens oublient. Il n’y a pas une dépendance qui
s’installe car après un certain temps les gens ont
tendance à arrêter eux-mêmes la cure. Les patients
arrivent à gérer la maladie parce qu’ils arrivent à
reconnaître les facteurs qui la déclenchent ; ils essai-
ent de limiter le stress et évitent certains aliments qui
sont plus flatulogènes.
Il y a une dizaine d’années, dans les grands con-
grès internationaux, on a encouragé les gastro-entéro-
logues à prescrire plus d’anti-dépresseurs surtout pour
la symptomatologie du colon irritable. On a obtenu un
bon résultat avec le Redomex®. Mais les patients ont
souvent du mal à accepter ce genre de traitement,
parce qu’ils se voient malades d’un organe abdominal
et ne comprennent pas pourquoi on leur prescrit un
anti-dépresseur. La meilleure solution serait une psy-
chothérapie de longue haleine, mais c’est un peu illu-
soire au Luxembourg.
L’aspect psychologique de la maladie coeliaque ?
Dr Jadoul, notre interlocuteur pour le domaine psy-
chologique, prend la parole :