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 La Caravelle DPI Cie de création DOSSIER PEDAGOGIQUE Monsieur, Blanchette et le Loup D’après le conte « la chèvre de M. Seguin » de Alphonse Daudet Texte et mise en scène de José Pliya Avec : Lotfi Yahya Karine Pedurand Vincent Brayer 1 2 MONSIEUR, BLANCHETTE et le LOUP Texte et mise en scène de José PLIYA à partir de 7 ans Avec : Lotfi Yahya Karine Pédurand Vincent Brayer Durée du spectacle 60 mn Création : janvier 2014 à l’Artchipel, scène nationale de la Guadeloupe. Tournée à partir de février 2014 ………………………… Coproduction : la caravelle DPI, l’Artchipel, scène nationale de Guadeloupe (en cours) le Varia, CDN de Bruxelles, … avec l’aide de l’ADAMI Tournée à partir de février 2014 (en cours) : le Tarmac, scène théâtrale francophone, le CMAC de la Martinique, l’ENCRE/scène nationale de la Guyane, Scène nationale de Martigues, Maison de la culture d’Amiens/scène nationale, le grand R/scène nationale de la Roche-­‐sur-­‐Yon, L’espace des arts/scène nationale de Chalon sur Saône, théâtre municipal de Bastia, théâtre du marché/centre dramatique de l’océan indien, TNG/centre dramatique jeune public de Lyon, La Criée/centre dramatique national de Marseille, La coursive scène nationale de la Rochelle, L’union, CDN de Limoges… 3 1. le conte d’Alphonse Daudet Pierre Gringoire, ami de Daudet, refuse la place de chroniqueur qu’on lui offre dans un journal parisien, et préfère rester libre de toutes contraintes. Son ami lui raconte alors l’histoire de la chèvre de monsieur Seguin. Ce dernier avait eu six chèvres, toutes mangées par le loup car elles étaient allées dans la montagne. Blanquette, la septième petite chèvre, est bien traitée par son maître, mais commence à s’ennuyer. Un jour, elle dit à son maître qu’elle voudrait partir dans la montagne, mais monsieur Seguin le prend mal. Il l’enferme dans une étable, mais oublie de fermer la fenêtre par laquelle Blanquette s’évade. Elle découvre alors les joies de la montagne et de la liberté…Mais le soir tombe ; Blanquette entend la trompe de monsieur Seguin qui l’appelle, mais compte ne pas revenir pour éviter d’être de nouveau enfermée. Elle décide alors de rester dans la montagne, et se bat vaillamment contre le loup toute la nuit ; au lever du jour, Blanquette, épuisée par un combat inégal, finit par se laisser dévorer. 4 2. extrait de la pièce BLANCHETTE : Qu’est ce que c’était ? Qu’est ce que c’était ? Qu’est ce que c’était ? Qu’est ce que c’était ? MONSIEUR : Chut ! Ne parle pas si fort Blanchette, tu vas abîmer ta voix et tu sais bien que tu as la plus belle voix du monde, n’est ce pas ? BLANCHETTE : Je sais Monsieur, mais dites, qu’est ce que c’était ? MONSIEUR : Tu as fait ta toilette de midi ? BLANCHETTE : Oui Monsieur. MONSIEUR : Tu t’es brossée les dents ? BLANCHETTE : Oui Monsieur. MONSIEUR : Tu t’es vernie les sabots ? BLANCHETTE : Oui Monsieur. MONSIEUR : Tu es formidable ma Blanchette, une bonne fifille bien obéissante. Tu as bien mérité une récompense : Viens là, viens dans mes bras que je te brosse tes longs poils blancs. BLANCHETTE : Merci, merci, merci Monsieur. MONSIEUR : Tu aimes ? BLANCHETTE : Oh oui, j’adore…Mais dites Monsieur… MONSIEUR : Oui mon trésor ? BLANCHETTE : Qu’est ce que c’était ce bruit dehors ? MONSIEUR : C’était un coup, un coup de fusil. BLANCHETTE : Ca sert à quoi un coup de fusil ? MONSIEUR : Un coup de fusil ? Ca sert à plein de choses…Ca sert à dire qu’on est heureux d’avoir une Blanchette si blanche, si pure, si exotique, ramenée bébé du pays lointain et rien que pour soi. BLANCHETTE : Ca sert à quoi encore un coup de fusil ? MONSIEUR : Ca sert à prévenir le voisinage qu’on a changé, qu’on n’est plus le Monsieur poli, qu’on ne se laissera plus faire à présent qu’il y a ma perle d’occident, ma Blanchette des pays froids, bien au chaud, à la maison. BLANCHETTE : Ca sert à quoi d’autre un coup de fusil ? MONSIEUR : Ca sert à chasser les mauvais garçons, ça sert à blesser les rôdeurs et s’il le faut à tuer les voisins qui s’aviseraient de venir la baratiner ma Blanchette, lui conter balivernes et carabistouilles. 5 BLANCHETTE : C’est quoi une carabistouille ? MONSIEUR : C’est un mensonge, un vilain mensonge, un méchant mensonge que les voisins-­‐rusés racontent aux petits cochons, aux agneaux et aux chèvres pour leur faire du mal. BLANCHETTE : Mais moi, je ne suis pas un cochon… MONSIEUR : Tu n’es pas un cochon. BLANCHETTE : Je ne suis pas un agneau… MONSIEUR : Tu n’es pas un agneau. BLANCHETTE : Je ne suis pas une chèvre… MONSIEUR : Tu n’es pas une chèvre. BLANCHETTE : Moi, je suis une vache ! MONSIEUR : Toi tu es la plus belle des vaches. BLANCHETTE : Moi, je suis Blanchette, la vache de Monsieur et je n’ai peur de personne ! MONSIEUR : Toi tu es ma Blanchette, ma précieuse vache, bien sage, bien obéissante et qui m’a promis de ne jamais écouter les carabistouilles des voisins-­‐menteurs. Parole de vache ? BLANCHETTE : Parole de vache ! 6 3. Les intentions de l’auteur Dans Monsieur, Blanchette et le Loup, Monsieur est un éleveur prospère propriétaire de belles chèvres au pelage varié. Monsieur n’a qu’un seul objectif dans la vie : vivre heureux avec ses chèvres. Mais Monsieur a un problème : son voisin, le Loup, voyou vagabond qui lui n’a qu’un seul but, séduire les chèvres de Monsieur. Et il y parvient avec trop de facilité. Un jour pourtant, de retour d’un lointain voyage, Monsieur ramène Blanchette. Une vache pas comme les autres. L’un et l’autre ont décidé de tout mettre en œuvre pour l’avoir en exclusivité. Mais c’est sans compter la curiosité, la peur de l’ennui et la soif de liberté de Blanchette. L’écriture de cette pièce s’inscrit dans le diptyque de théâtre jeune public que j’ai amorcé avec Mon petit poucet. Dans le « paradis » qu’a été mon enfance, « la chèvre de M. Seguin » a été la première histoire qui m’a fait touché du doigt, inconsciemment, confusément le sens du tragique, cette faculté à savoir dès le début, que ça finit mal. Dans cette adaptation, j’ai voulu décliner, un trio d’amour, de désir et d’obsession. Trois figures du tragique. Celle de MONSIEUR tout d’abord. Elle m’est fortement inspirée d’un personnage du chef d’œuvre du grand écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma, « Les soleils des indépendances » (éditions du seuil, 1968). Le roman narre les mésaventures de Fama Doumbouya, dont le commerce a été ruiné par les indépendances africaines. Dernier héritier d'une chefferie traditionnelle que les indépendances ont placé de l'autre côté de la frontière, sans descendance mâle, le héros tentera, sans succès, de contrecarrer la funeste prédiction faite aux temps précoloniaux à ses ancêtres, qui annonçait la déchéance de sa dynastie lorsque viendrait un soleil qui semble être maintenant arrivé. Une autre source d’inspiration a été les peulhs : ce peuple de pasteurs, nomade sahélo-­‐saharien éleveurs de vaches. La vache 7 tient une grande place, non seulement dans l'alimentation et l'économie des ménages, mais aussi dans les relations sociales et dans la mythologie. La vache est considérée comme un animal de prestige, chaque famille tentant d'en avoir le plus possible et refusant de s'en séparer comme bêtes à viande. MONSIEUR est donc un noble, un aristocrate, enfermé dans la lâcheté, la peur, le mensonge, l’irrésolution. Il est prisonnier de sa position sociale et dans une relation complexe avec son bétail. Une complexité tragique qui convoque tout à la fois l’Arnolphe de L’école des femmes (pièce de théâtre de Molière 1662) et la Me de Merteuil des Liaisons dangereuses (roman épistolaire de Choderlos de Laclos 1782). Il est pris entre le devoir dû à son rang et la passion obsessionnelle qui le lie à son bétail. Celle du LOUP ensuite. Dans la pièce il est le séducteur, le mauvais garçon, le voyou vagabond objet de tous les fantasmes, de toutes les projections. Monsieur le craint mais ne peut se passer de sa présence. En effet, en mangeant ses chèvres, Loup incarne l’assouvissement, la consommation, au sens propre, la transgression du tabou qui est interdit à Monsieur. De leur côté, les chèvres sont « folles » de LOUP car il représente pour elles, l’interdit, le danger, la liberté. Enfermé dans sa condition de prédateur, le LOUP aimerait changer de vie, s’inventer un autre destin. A l’instar de Valmont il se retrouve prisonnier de son voisinage et du couple qu’il forme avec Monsieur et malgré l’arrivée d’un tiers et malgré l’effraction du désir amoureux il ne pourra échapper à sa prédestination de sang et de mort. Celle de BLANCHETTE enfin. Dans son conte, Daudet développe l’histoire de Blanquette afin d’illustrer à son ami Gringoire, « ce que l’on gagne à vouloir vivre libre ». Si la démonstration de Daudet vise à mettre en garde, la mienne serait plutôt une incitation à prendre sa liberté, en tout cas pour Blanchette à en faire le choix en toute lucidité, « une lucidité tragique ». 8 Blanchette c’est la joie, l’enthousiasme. C’est les rires aux éclats. C’est la pureté de l’enfance qui entre dans le monde les mains – ou les pattes – pleines d’innocence, de confiance et qui, comme l’Agnès de Molière se retrouve séquestrée. Elle est victime d’un mensonge fondateur : celui de Monsieur qui lui fait croire, depuis sa prime enfance qu’elle est une vache et non pas une chèvre. C’est sur cette croyance qu’elle se construit, qu’elle construit son rapport au monde. Le paradoxe veut que ce soit celui qui l’aime plus que tout et qui veut la protéger presque malgré elle, Monsieur, qui est à l’origine de cette trahison, tandis que c’est le Loup, son bourreau, qui sera le révélateur de sa vérité. Blanchette, se retrouve ainsi précipitée dans la complexité de la vie adulte. Face à cette violence, elle choisit, tout comme Iphigénie (Iphigénie de Racine 1794), son destin tragique, trouvant dans la mort sa liberté. La pièce a pour ambition de rappeler à tous, adultes et enfants, la phrase de Albert Camus : « La lucidité tragique n’interdit pas l’exigence d’humanité ». 9 4. La chèvre de M. Seguin, contextualisation La chèvre de M. Seguin écrit par Alphonse Daudet est publié en 1869 dans la collection de ses œuvres intitulée « Lettres de mon Moulin ». Daudet a écrit que ce conte est une histoire vraie ; il faut en tenir compte, avec notamment des remarques complémentaires. On peut remarquer que, dans certains manuels scolaires, au chapitre du style et sous des titres du genre : A. Daudet et le merveilleux dans La chèvre de monsieur Seguin, on cite les descriptions des paysages dans lesquels gambade la petite chèvre des ruisseaux qui l’éclaboussent au passage, les rochers qui émergent au-­‐dessus des arbres et desquels on voit la plaine et le mas tout petit, les châtaigniers qui la caressent au passage, les campanules bleues et les digitales pourpres. Or, cette végétation n’est pas celle qu’on trouve en Provence du côté du fameux moulin que Daudet possédait à Fontvieille. Pourtant, on demande à l’élève d’admirer le pouvoir créateur de l’écrivain qui touche au féerique, au merveilleux. C’est que, de fait, l’histoire ne se passe pas en Provence. Et pourtant Daudet n’a rien inventé : le site où se passe l’histoire existe. Il est situé au pied de la montagne, à Concoules (Gard), d’où vient Daudet. Celui-­‐ci est bien né à Nîmes mais son père est né à Concoules, exactement au hameau de La Bise-­‐Haute, dans une maison au nom évocateur de « Heurte-­‐
Bise », bâtie sur un replat rocheux à flanc de montagne, offrant une vue sur ce qui fut la maison Seguin (il y avait une famille Seguin à Concoules) et sur l’enclos situé derrière l’église. Quant au reste du paysage, il suffit de prendre les sentiers qui montent dans la montagne, pour retrouver tout ce que décrit Daudet. Ce qui est advenu au père de Daudet après avoir quitté Concoules dans l’espoir de faire fortune est bien connu. Après seulement quelques années de prospérité passées à Nîmes, c’est la ruine, alors qu'Alphonse a juste neuf ans. La famille a tout perdu, précisément mangée par les « loups » des manufactures lyonnaises. Il se peut donc que La chèvre de monsieur Seguin soit une allégorie, et qu'Alphonse nous parle ici de son propre père : il 10 choisit précisément de ne pas écrire la dernière phrase en français, ni en provençal, mais en « patois » languedocien tel qu’il se parlait et se parle encore quelquefois dans les environs. La chèvre de monsieur Seguin, histoire dramatique, puise probablement sa source dans la réalité et peut être vu comme l'expression du drame qui a marqué un Alphonse Daudet hanté toute sa vie par l’échec de son père. Le texte se présente d’abord comme une lettre. Une lettre que Daudet adresse à un de ses amis poète, Pierre Gringoire. Il lui reproche de ne pas avoir accepté une position de chroniqueur dans un bon journal parisien pour préserver sa liberté de poète. En faisant allusion à ces vêtements miséreux Daudet essaie de le convaincre de changer de style de vie en lui racontant une « véritable histoire ». En fait d’histoire vraie, Daudet va utiliser, comme La Fontaine, tout le registre de la fable : les animaux qui parlent, l’utilisation de métaphores, la morale à la fin de l’histoire. La chèvre, tout comme l’agneau ou la brebis sont perçus dans l’imaginaire populaire, comme des animaux faibles, démunis, sans défense et innocents. Le parallèle avec le poète est ainsi fait. Tout comme la chèvre, Gringoire inconscient, veut vivre libre. La ferme de M. Seguin est une métaphore de la sécurité et de la position que Gringoire pourrait avoir dans ce journal parisien. A l’opposé, la montagne où Blanquette rêve d’aller se balader, est métaphore de la liberté totale que revendique le poète. Enfin Daudet peut être identifié à M. Seguin, celui qui prévient, qui met en garde contre le danger. Pour ce qui est de la morale : « les chèvres ne tuent pas le loup », elle peut être traduite de la façon suivante : en dépit du courage que l’on peut mettre à défendre son idéal, celui ci ne peut résister au bout du compte face aux normes de la société. Le système reste et demeure le plus fort face aux individus. 11 5. Les thématiques abordées dans le conte et dans la pièce Si José Pliya s’inspire des trois personnages et des principaux thèmes du conte de Daudet, il les transforme pour les besoins spécifiques de la dramaturgie et surtout pour une morale radicalement différente. Il est impératif de les identifier avec les élèves pour faire valoir ce qui fait la différence entre une simple adaptation du conte et sa pleine réinvention par un auteur contemporain. 5.1 Les personnages et leurs objectifs Si comme dans le conte, l’objectif de Monsieur et celui de la chèvre sont relativement similaires que dans la pièce, le Loup acquière au théâtre une dimension différente. On s’attachera à trouver cet objectif et à le mettre en relation avec celui des deux autres protagonistes. 5.2 L’emprisonnement/La liberté à tout prix Cette thématique double qui est à l’origine de l’écriture du conte de Daudet est également la source d’inspiration de la pièce. On fera le point sur la manière dont elle se traduit pour chacun des personnages. D’autre part, Pliya apporte une grande variante dans la décision de Blanchette. Une décision liée à un mensonge « fondateur » commis par Monsieur. On tachera de reconnaître ce mensonge pour comprendre le sens que Blanchette donne à sa liberté. 5.3 La géographie, la nature, le territoire On retrouve dans les deux histoires le rapport des personnages à la nature. La pièce apporte cependant une variante avec les thèmes de voisinage, de nomadisme, de sédentarisation, de voyage…On y travaillera pour aborder les notions d’espace et de scénographie au théâtre. 12 5.4 La tragédie, le tragique Le conte de Daudet qui est écrit comme une fable avec son apologue en forme de Cassandre « Tu verras ce que l’on gagne à vouloir être libre », et en réalité une fable tragique. On relèvera le champs lexical du tragique dans le conte, et dans la pièce, comment est traité à la scène 12, l’accomplissement de la tragédie. 13 6. Pistes pédagogiques Afin de profiter au mieux de l’intérêt du spectacle, nous vous proposons quelques pistes d’activités. L’intérêt pédagogique est bel et bien de redécouvrir ces récits incontournables en les parcourant et en dégageant leur structure qui est constante, mais il est également impératif de comparer le texte d’origine ainsi que sa structure avec le point de vue qu’a adopté l’adaptateur, dans ce cas-­‐ci José Pliya. 6.1. Le quiz de reconnaissance des contes Le conte fait partie de notre culture, de notre patrimoine, pour bien s’en rendre compte, distribuer un extrait de conte à chaque enfant sans mentionner son titre. Les enfants les lisent à tour de rôle et devinent ensuite de quel conte il s’agit. Le professeur alors précise l’auteur et l’année de parution. 6.2. La structure narrative du conte Le conte peut être divisé en trois parties : l’avant, le pendant et l’après. Après la lecture du conte d’origine, diviser le récit en trois parties et retrouver dans l’histoire quel est l’événement déclencheur et quelle est la résolution. A partir du texte de Pliya, refaire cette division et la comparer à celle faite pour le conte d’origine. L’auteur garde-­‐t-­‐il la structure du conte de base ? Quel est l’élément déclencheur ? Comment se résout l’histoire ? La situation finale est-­‐elle différente ? Oui et non : dans le conte d’origine comme dans la pièce la chèvre est dévorée par le loup, mais dans la pièce il y a une autre fin… 6.3. Le schéma narratif du conte Un conte contient toujours plusieurs types d’actants : le sujet, l’objet, les adjuvants et opposants. Cette détermination se base sur le modèle narratif de Greimas que nous pouvons schématiser comme suit : Destinateur : Force qui pousse le héros à agir Destinataire : Personne pour qui le héros agit Objet : Ce que le héros cherche à obtenir Adjuvant : Personnage aidant le héros 14 Sujet : le héros Opposant : Personnage s’opposant au héros Il s’agira ensuite de remplir ce schéma avec d’une part, les personnages du conte d’origine et d’autre part les personnages de la pièce de Pliya. Des conclusions concernant le sens des deux textes pourront ensuite être faites. Les relations entre les personnages sont-­‐elles les mêmes ? Quels sont leurs buts ? 6.4. L’adaptation d’un conte au théâtre ? Dans cette activité, vous poserez la question de l’intérêt de porter un texte comme le conte sur scène aux élèves. Qu’est-­‐ce qui est facile dans cette démarche ? Qu’est-­‐ce qui pose problème ? D’une part, la tâche est facile car il s’agit d’un récit court, fait d’actions précises, d’un nombre de personnages limité, d’autre part c’est difficile car on passe d’une histoire racontée à postériori par un narrateur, à une action devant être montrée au public dans le présent. A partir de là, vous pourrez faire réfléchir les élèves sur la manière dont les deux versions sont racontées : qui est le narrateur ? Comment parle-­‐t-­‐il de l’histoire ? A-­‐t-­‐il un point de vue différent d’une version à l’autre ? Des conclusions quant au choix de Pliya de mettre les trois personnages au centre du récit pourront être faites. 6.5. Jouer quelques saynètes Après cela, il est possible de réfléchir avec les élèves à l’adaptation du conte au théâtre : le conte est à la base un récit populaire porté à l’écrit, l’adapter au théâtre est donc une double adaptation et une manière de lui redonner une nouvelle oralité. A partir de là, diviser la classe en groupe et leur présenter des extraits de pièces basées sur des contes : Mon Petit Poucet de José Pliya, Le Petit Chaperon rouge de Joël Pommerat (Actes Sud Papier), La fille aux oiseaux de Maurice Yendt (Lansman), La vraie fiancée, La Jeune Fille, le Diable et le Moulin, L'eau de la vie d’Olivier Py (Ecole des Loisirs et Actes Sud Papier), etc. Appuyer l’activité sur la différence entre lire une histoire et la voir jouée au théâtre. 15 6.6. Ecrire sa propre version d’un conte Adapter un conte, c’est en donner son interprétation. Proposer aux élèves de choisir un conte parmi un choix que vous aurez préalablement restreint et leur demander d’imaginer une « revisitation » de l’histoire : un autre contexte, une autre époque, etc. 16 7. Conclusion Le conte adapté au théâtre donne une nouvelle oralité au récit. Il place l’action dans le présent et donne la parole aux personnages qui sont normalement silencieux. Dans Monsieur, Blanchette et le Loup de José Pliya, on découvre une nouvelle version de ces personnages emblématiques, du récit de Daudet. Il place les trois protagonistes, à égalité, au cœur de sa dramaturgie afin de leur donner un point de vue inédit. Selon Christelle Bahier-­‐Porte, le conte au théâtre devient l’hyperconte qui se joue des ficelles du conte et, réciproquement, le théâtre mettant en scène le conte devient l’hyperthéâtre car il oblige le théâtre à réfléchir sur ses conditions d’existence et sur sa capacité à renouveler l’émerveillement de son public. C’est pour cela que les contes sont régulièrement repris à la scène. Le conte est un moyen de remettre en question notre rapport à l’imaginaire et à l’enfance. 17 8. L’auteur/metteur en scène et les comédiens L’auteur/metteur en scène José PLIYA (www.josepliya.com) Né en 1966 à Cotonou au Bénin, José Pliya a obtenu en 2003, le Prix du jeune théâtre André Roussin de l’Académie Française pour Le Complexe de Thénardier et l’ensemble de son œuvre. Auteur, il a écrit une vingtaine de pièces de théâtre traduites et créées sur les cinq continents par des metteurs en scène tel Denis Marleau (Québec), Jean-­‐Michel Ribes (France), Hans Peter Cloos (Allemagne). Il est metteur en scène de nombreuses pièces créées en Afrique, dans la Caraïbe et aux Etats-­‐Unis. En France, il a dirigé les comédiens de la troupe de la Comédie Française dans sa pièce Les effracteurs au studio théâtre en 2004 et mis en scène le discours De la race en Amérique de Barack Obama au théâtre du Rond Point (janvier 2009). En janvier 2011 il met en scène son premier texte pour le jeune public Mon petit poucet. Il dirige depuis 2005, l’Artchipel, Scène Nationale de la Guadeloupe. Sa compagnie, « la Caravelle DPI » se veut un laboratoire de création traverser par la question séminale qui structure toute son œuvre dramatique : le vivre ensemble. Un questionnement à la fois politique et métaphysique. Comment faire de la scène ce territoire des origines, ce commencement premier où les hommes et les femmes peuvent s’asseoir, tranquilles, sur le rivage du monde ? Lorsque les corps, froissés par les blessures de l’enfance, n’arrivent plus à s’exprimer, quelle(s) langue(s) faut-­‐il inventer pour se retrouver ? Et même lorsqu’on a trouvé une langue commune, quelle musicalité lui donner pour être certain de ne pas être dans l’incommunicabilité ? Car l’ambition de ce théâtre du 18 vivre ensemble est grande : il s’agit bien de convoquer sur le plateau les vivants et les morts. Les comédiens Lotfi YAHYA JEDIDI (Maroc) Naissance à Tanger le 18/07/1963. Diplômé de l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle) en interprétation Dramatique (Bruxelles). Au théâtre, il a notamment travaillé sous la direction de : Amid Chakir, Bernard Decoster, Armand Delcampe, Michel Dezoteux, Roman Kozak, Xavier Lukomski, Isabelle Pousseur, Philippe Van Kessel, Martine Wijckaert, José Pliya. Avec Michel Dezoteux, il partagera sur plusieurs saisons une expérience de troupe au Théâtre Varia. Il abordera avec lui Shakespeare, Müller, Strindberg, Schwab, Brecht. Plus récemment il a interprété Monsieur Benjamenta dans L’Institut Benjamenta, d’après le roman de Robert Walser, adapté et mis en scène par Nicolas Luçon au Théâtre Océan Nord (Bruxelles). Il a également joué dans L’Opéra du pauvre de Léo Ferré sous la direction de Thierry Poquet. Au cinéma, il a travaillé sous la direction, entre autres, de P.P. Renders, Jean-­‐Pierre Jeunet et Marc Caro, Harry Cleven, Alain Robbe-­‐Grillet, Ridley Scott. En 2005, il signe au Théâtre Varia sa première mise en scène La fille de Abbas, d’après des entretiens de Abdelmalek Sayad, extrait de La misère du monde, ouvrage publié sous la direction de Pierre Bourdieu (Ed. du Seuil). En 2012, il joue dans Mon petit poucet de José PLIYA. Karine PÉDURAND (Guadeloupe/France) Diplômée d’études théâtrales, cycle spécialité Art Dramatique du Conservatoire Jean Wiener de Bobigny (professeur Christian Croset), elle fait de la publicité, de la télévision et du cinéma. Au théâtre elle joue dans Chroniques du bord de, scène, saison V adaptation de « American Tabloid » de James Ellroy, mise en 19 scène de Nicolas Bigards, Le petit silence d’Elisabeth mise en scène de Philippe Faure, Médée Kali de Laurent Gaudé, mise en scène de Margherita Bertoli, le bouc de W.R. Fassbinder, mise en scène de Cyril manetta, Conte à mourir debout de Frantz Succab, mise en scène de Antoine Léonard Maestratti. Elle est également danseuse. Vincent BRAYER (France/Suisse) Comédien formé à l’HETSR – la manufacture de Lausanne entre 2007 et 2010, il fait de la publicité, du cinéma et est également metteur en scène. Au théâtre, voici son parcours : 2012 : Noéplanète, création, mes Árpád Schilling, Théâtre de Chaillot, Paris, Comédie de Reims 2012: Le Menteur, Carlo Goldoni, mes François Marin, Théâtre Kleber Méleau, Lausanne, Théâtre Beno Besson, Yverdon, Théâtre du Passage, Neuchâtel, Théâtre Valère, Sion, Théâtre du Crochetan, Monthey 2011: Keep Cool 1 & 2, écriture et mes Gianni Schneider, Parc de Mon-­‐Repos, LausannEstivale 2011: Titus Andronicus, William Shakespeare, mes Cédric Dorier, Théâtre du Grütli, Genève 2010: Rosa seulement, Mathieu Bertholet, mes Mathieu Bertholet et Cindy Van Acker, Festival d’Avignon 2010: Modernization vs zombification, mes Audrey Cavelius, Théâtre Sévelin 36, Lausanne 2009: L’Orestie cadavre exquis, Eschyle, mes Romain Aury-­‐
Galibert, Cie Parle à un Ange, Théâtre 2.21, Lausanne 2009: Keep Cool, écriture et mes Gianni Schneider, Parc de Mon-­‐
Repos, LausannEstivale 20 
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