Philippe Darreau Macroéconomie dynamique (09/09/2013)
Chapitre 1 : Le modèle à générations imbriquées et l’ inefficience dynamique
paniers, elle y gagne et personne n'y perd ! Evidement il est peu raisonnable de supposer à une
date donnée une infinité de biens et d'agent, mais cette hypothèse devient très raisonnable en
macroéconomie dynamique. A long terme on suppose que la durée de l’économie est infinie,
et donc le nombre de biens et d'agents dont on parle n’est pas borné.
Samuelson (1958) présente le problème dans une économie d'échange à durée infinie,
où existe un bien périssable qui ne peut être stocké et deux catégories d'agent, des jeunes et
des vieux. Seuls les jeunes sont dotés d'une unité du bien. La dotation intertemporelle des
agents au cours de leur vie est donc (1,0). Comme les préférences sont convexes les agents
préfèreraient consommer ½ à chaque période :
. Normalement, dans ce cas
où les dotations ne satisfont pas les agents, la microéconomie nous enseigne que l'échange
concurrentiel est profitable à tous et conduit la société à l'optimum de Pareto. Mais on est ici
dans un cas de figure :
a) où l'échange concurrentiel est impossible, on est donc à l’équilibre.
b) où il existe une amélioration au sens de Pareto (ASP), possible.
Comme par définition une économie est à l’OP s’il n’y a pas d’ASP possible, on en conclu
que dans ce cas, l’ECG n’est pas OP.
a) L'échange consisterait à ce que le vieux obtienne ½ bien du jeune, contre la
promesse de lui restituer ½ à la période suivante. Malheureusement, à la période suivante, le
vieux sera mort et ne pourra tenir sa promesse. Il n'y a pas d'échange possible pour améliorer
l'utilité de chacun. Chacun garde en concurrence pure et parfaite le niveau d’utilité
,
alors que l'optimum est
. L'équilibre concurrentiel n'est pas un optimum de Pareto,
car il existe une amélioration au sens de Pareto, possible.
b) Il existe en effet une amélioration au sens de Pareto, possible. Par exemple pour
régler ce problème le dictateur bienveillant peut créer une institution qui tienne ses promesses.
Par exemple : 1) L'Etat prélève à chaque période ½ bien aux jeunes et verse ce ½ bien aux
vieux. 2) L’Etat crée de la monnaie, (réserve de valeur stockable) et distribue cette monnaie
au vieux. Le vieux peut dès lors, acheter du bien au jeune, qui à son tour quand il sera vieux,
pourra acheter du bien au nouveau jeune. 3) Une caisse de retraite ou 4) une dette publique
sont des institutions qui font aussi l’affaire. Tout le monde gagne à ces arrangements
coopératifs, c’est une ASP.
En effet le problème et sa solution vient du fait que le nombre de bien et d'agent est
infini. Si l’économie était finie, il n’y aurait pas de différence entre l’équilibre et l’optimum.
Si l’économie était finie, il n’existerait pas d’ASP possible, car la dernière génération perdrait
à cet arrangement : les jeunes donneraient ½ aux vieux mais personne ne leur donnerait ½ à la
période suivante. Donc dans ce cas l’équilibre concurrentiel serait optimal, et il n’y aurait pas
de problème.
En résumé il existe un problème d’inefficience dynamique à cause de l’hypothèse de
durée de vie infinie de l’économie, hypothèse dont voit mal comment on pourrait se passer.
1. La possibilité d’inefficience dynamique lorsque l'épargne est exogène
Dans le modèle de Solow1 à l'état régulier, on s'intéresse aux effets du taux d'épargne
exogène sur le bien-être. À l'état régulier, s ne détermine pas la croissance mais les niveaux de
k*, y*, c*, r*, w*. Ainsi, divers taux d'épargne ou diverses politiques d'épargne mèneront à
des états réguliers présentant le même taux de croissance mais avec des niveaux différents de
consommation, donc de bien-être.
1 Nous reprenons les notations et le cadre présenté dans «Croissance et politique économique » Darreau (2003)