Qualité de vie des malades atteints de schizophrénie : étude de 100

L’Encéphale
(2012)
38,
111—117
Dis
ponib
le
en
l
igne
sur
www.science
d
irect.com
journal
h
omepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
MÉMOIRE
ORIGINAL
Qualité
de
vie
des
malades
atteints
de
schizophrénie
:
étude
de
100
cas
Quality
of
life
in
patients
with
schizophrenia:
A
study
of
100
cases
L.
Zouari,J.
Ben
Thabet,
Z.
Elloumi,
M.
Elleuch,
N.
Zouari,
M.
Maâlej
Service
de
psychiatrie
«
C
»,
CHU
Hédi
Chaker,
route
El
Aïn
km
1,
Sfax
3029,
Tunisie
Rec¸u
le
28
avril
2010
;
accepté
le
22
novembre
2010
Disponible
sur
Internet
le
25
mai
2011
MOTS
CLÉS
Facteurs
de
risque
;
Psychose
;
Qualité
de
vie
;
Schizophrénie
;
SF-36
Résumé
Objectif.
Évaluer
la
QDV
de
malades
atteints
de
schizophrénie,
traités
à
titre
externe,
et
identifier
les
facteurs
corrélés
à
une
QDV
altérée
chez
eux.
Sujets
et
méthodes.
Étude
sous
forme
d’enquête
auprès
de
100
malades
traités
à
titre
externe
en
psychiatrie.
Leur
QDV
a
été
évaluée
par
la
SF-36.
Résultats.
Le
taux
des
malades
ayant
une
QDV
altérée
était
de
34
%.
Les
dimensions
les
plus
touchées
étaient
:
la
santé
psychique,
la
santé
perc¸ue,
la
vitalité,
les
limitations
dues
à
la
santé
physique
et
les
limitations
dues
à
la
santé
psychique.
L’analyse
par
régression
linéaire
multiple
a
montré
quatre
facteurs
fortement
corrélés
à
une
QDV
altérée
:
l’inactivité
professionnelle,
le
cours
évolutif
épisodique
avec
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes,
la
présence
d’effets
indésirables
influenc¸ant
modérément
la
vie
quotidienne
et
un
score
de
la
psychopathologie
générale
d’au
moins
26.
Conclusion.
La
connaissance
des
facteurs
d’altération
de
la
QDV
permettrait
d’optimiser
la
prise
en
charge.
Les
antipsychotiques
atypiques
apportent
une
contribution
précieuse
dans
ce
sens.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
KEYWORDS
Psychosis;
Quality
of
life;
Risk
factors;
Schizophrenia;
SF-36
Summary
Objective.
The
aim
of
the
present
study
was
to
evaluate
the
quality
of
life
(QOL)
in
outpatients
with
schizophrenia,
and
to
identify
factors
correlated
to
an
impaired
QOL
among
them.
Subjects
and
methods.
A
transversal
study,
in
the
form
of
an
inquiry,
was
conducted
in
100
outpatients,
during
seven
months,
in
the
psychiatric
department
of
the
Hedi
Chaker
teaching
hospital
in
Sfax
Tunisia.
We
used
the
‘‘36
item
Short-Form
Health
Survey’’
(SF-36)
to
assess
the
QOL;
this
has
been
considered
as
impaired
when
the
global
medium
score
was
inferior
to
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
lobna
(L.
Zouari).
0013-7006/$
see
front
matter
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
doi:10.1016/j.encep.2011.03.005
112
L.
Zouari
et
al.
66.7.
For
the
global
assessment
of
functioning
and
the
global
assessment
of
the
interfe-
rence
by
existing
side
effects
with
the
patient’s
daily
performance,
we
have
used
respectively
the
Global
Assessment
of
Functioning
scale
(GAF)
and
the
Udvalg
of
Kliniske
Underso-
gelser
(UKU)
side
effect
rating
scale.
The
positive
and
negative
symptoms
added
to
the
general
psychopathology
were
assessed
using
the
Positive
and
Negative
syndrome
scale
(PANSS).
Results.
The
QOL
was
impaired
in
34%
of
the
cases.
The
analysis
of
the
scores
of
the
eight
dimensions
by
the
scale
SF-36
has
shown
that
the
most
affected
dimensions
were,
in
decrea-
sing
order:
mental
health
(MH),
general
health
perceptions
(GH),
vitality
(VT),
role
limitations
due
to
physical
health
problems
(RP)
and
role
limitations
due
to
emotional
problems
(RE).
The
standardization
revealed
that
six
dimensions
were
impaired;
these
were,
in
decreasing
order:
mental
health
(MH),
social
functioning
(SF),
role
limitations
due
to
emotional
problems
(RE),
role
limitations
due
to
physical
health
problems
(RP),
general
health
perceptions
(GH)
and
physical
functioning
(PF).
The
standardization
has
also
revealed
an
impairment
of
the
psycholo-
gical
component,
while
the
physical
component
has
been
conserved.
After
analysis
by
multiple
linear
regression,
four
factors
appeared
strongly
correlated
with
the
impaired
QOL:
the
profes-
sional
inactivity,
the
episodic
course
with
interepisode
residual
symptoms,
the
presence
of
side
effects
moderately
influencing
the
daily
performance,
and
a
general
psychopathology
score
for
26
at
least.
These
four
factors
affected,
in
decreasing
order
of
importance,
social
functio-
ning
(SF)
(related
to
two
factors),
general
health
perceptions
(GH)
and
role
limitations
due
to
emotional
problems
(RE)
(each
related
to
one
factor).
None
of
the
factors
appeared
to
affect
the
other
dimensions:
physical
functioning
(PF),
role
limitations
due
to
the
physical
health
problems
(RP),
bodily
pain
(BP),
mental
health
(MH)
and
vitality
(VT).
The
bivariate
analysis
revealed
three
other
factors
correlated,
to
a
lesser
degree,
to
the
impairment
of
the
QOL:
the
disorganized
sub-type,
a
score
of
(GAF)
inferior
or
equal
to
30
and
the
negative
type
of
schizophrenia.
Conclusion.
Management
of
schizophrenic
patients
should
go
beyond
the
remission
of
the
symptoms;
it
has
also
to
target
the
improvement
in
QOL.
This
needs
an
action
over
the
factors
that
affect
the
QOL,
among
which
residual
symptoms
and
side
effects.
The
atypical
antipsy-
chotics
would
contribute
preciously
in
this
way,
due
to
their
efficacy
on
negative
symptoms
and
their
better
tolerance
than
the
conventional
ones.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
Introduction
La
schizophrénie,
par
sa
prévalence
élevée
(0,4
à
1
%)
[4,11],
son
évolution
chronique
et
ses
répercussions
sociales,
constitue
un
enjeu
majeur
pour
les
professionnels
de
la
santé
[23].
Elle
est
classée
par
l’OMS
parmi
les
dix
pathologies
les
plus
préoccupantes
pour
le
xxiesiècle.
Des
progrès
conséquents,
notamment
l’avènement
des
neuro-
leptiques
atypiques
qui
ont
permis
de
mieux
faire
face
non
seulement
aux
symptômes
positifs
mais
aussi
et
sur-
tout
aux
symptômes
négatifs
de
la
maladie,
ont
amélioré
la
prise
en
charge
des
patients
atteints
de
cette
patholo-
gie.
Cependant,
les
critères
d’évaluation,
dont
dispose
le
thérapeute,
ne
rendent
pas
toujours
pleinement
compte
des
symptômes
et
de
leur
intensité.
C’est
justement
que
réside
l’intérêt
de
l’évaluation
de
la
qualité
de
vie
(QDV).
Celle-ci
constitue
un
outil
précieux,
à
côté
des
critères
cliniques,
biologiques
ou
d’imagerie,
pour
l’appréciation
de
l’impact
de
la
maladie
et
l’ajustement
des
mesures
thérapeutiques
[23].
L’objectif
de
notre
étude
était
d’évaluer
la
QDV
d’une
population
hospitalière
ambulatoire
de
malades
atteints
de
schizophrénie
et
d’identifier
les
facteurs
corrélés
à
une
QDV
altérée
chez
eux.
Sujets
et
méthodes
Type
et
lieu
de
l’étude
Notre
étude
était
de
type
transversal,
sous
forme
d’enquête
au
cours
de
laquelle
une
fiche
a
été
remplie
par
l’examinateur
à
partir
des
données
recueillies
auprès
du
malade
et
de
l’examen
du
dossier
médical.
Elle
a
été
réa-
lisée
sur
une
période
de
sept
mois,
du
1er juillet
2007
au
31
janvier
2008.
Population
étudiée
L’étude
a
concerné
100
malades
atteints
de
schizophrénie,
suivis
à
l’unité
des
consultations
externes
de
psychiatrie
au
CHU
Hédi
Chaker
à
Sfax
en
Tunisie.
Ces
100
malades
ont
été
choisis
au
hasard
parmi
les
consultants
atteints
de
schizo-
phrénie
répondant
aux
critères
d’inclusion
et
d’exclusion
de
l’étude.
Critères
d’inclusion
Accord
préalable
du
patient
;
âge
compris
entre
20
et
65
ans
;
diagnostic
nosographique
établi
en
référence
au
Qualité
de
vie
des
malades
atteints
de
schizophrénie
113
manuel
diagnostique
et
statistique
des
troubles
mentaux
de
l’Association
américaine
de
psychiatrie,
IVeédition,
Texte
Révisé
(DSM-IV-TR)
[1]
;
durée
d’évolution
de
la
maladie
d’au
moins
deux
ans.
Critères
d’exclusion
Présence
d’une
affection
organique
sévère
décompensée,
d’un
retard
mental
ou
de
troubles
cognitifs
majeurs
(en
se
basant
sur
le
dossier
et
sur
une
appréciation
clinique
lors
de
l’interview),
d’un
épisode
de
décompensation
sévère
(indi-
quant
l’hospitalisation)
au
moment
de
l’enquête.
Méthodes
Tous
les
patients
de
l’étude
ont
été
rencontrés
par
l’examinateur.
Pour
chaque
patient
ont
été
recueillies
les
données
sociodémographiques
(âge,
sexe,
situation
familiale,
mode
de
vie,
niveau
d’études,
situation
profes-
sionnelle,
niveau
socioéconomique,
zone
de
résidence),
et
cliniques
(âge
de
début
de
la
maladie,
type
de
la
schizophré-
nie
selon
le
DSM-IV-TR,
cours
évolutif
de
la
maladie,
durée
d’évolution
de
la
maladie,
nombre
d’hospitalisations,
durée
cumulée
des
hospitalisations,
durée
et
nature
du
traitement
médicamenteux).
Outils
d’évaluation
utilisés
:
l’échelle
«Positive
and
Negative
Symptom
Scale
»
(PANSS)
pour
l’évaluation
de
la
sévérité
de
la
pathologie
et
des
symptômes
positifs
et
négatifs
[10]
;
l’échelle
«
36-item
Short-Form
Health
Survey
»
(SF-36)
pour
l’évaluation
de
la
QDV
[27].
Le
questionnaire
a
été
traduit,
de
sa
forme
originale
en
langue
anglaise,
à
l’arabe
littéraire.
Cette
échelle
comporte
36
questions
réparties
en
huit
dimensions
:
D1
:
activité
physique
;
D2
:
limitations
dues
à
l’état
physique
;
D3
:
douleur
physique
;
D4
:
santé
psychique
;
D5
:
limitations
dues
à
l’état
psychique
;
D6
:
vie
et
relations
avec
les
autres
;
D7
:
vitalité
;
D8
:
santé
perc¸ue.
Les
huit
dimensions
sont
regroupées
en
une
composante
physique
(D1,
D2,
D3,
D8)
et
une
composante
psychique
(D4,
D5,
D6,
D7).
Les
réponses
aux
questions
sont
cotées
de
0
à
100.
Un
score
moyen
est
calculé
pour
chaque
dimension.
Le
score
moyen
global
(SMG)
est
obtenu
par
le
calcul
de
la
moyenne
des
réponses
aux
36
questions.
Selon
Léan
et
al.
[18],
la
QDV
est
considérée
comme
altérée
si
le
SMG
est
inférieur
à
66,7
:
l’échelle
d’évaluation
globale
du
fonctionnement
(EGF)
[1]
;
l’échelle
UKU
des
effets
secondaires
pour
l’évaluation
globale
de
l’interférence
des
effets
indésirables
avec
la
vie
quotidienne
du
patient
[20].
Analyse
statistique
Les
données
ont
été
codées
et
saisies
grâce
au
logiciel
«
SPSS
»
dans
sa
version
15.
L’étude
statistique
a
comporté
une
étape
descriptive
et
une
étape
analytique
dans
laquelle
les
scores
moyens
des
huit
dimensions
de
la
SF-36
ont
fait
l’objet
d’une
analyse
bivariée,
par
croisement
avec
les
variables
sociodémographiques
et
cliniques
ainsi
qu’avec
les
scores
obtenus
à
la
PANSS
et
l’EGF,
en
utilisant
chaque
fois,
pour
les
comparaisons
statistiques,
le
test
Chi2(2).
Le
seuil
de
signification
retenu
était
de
5
%.
Ensuite,
nous
avons
effectué
une
analyse
multivariée,
de
type
régression
linéaire
multiple,
afin
de
préciser
les
corrélations
entre
les
scores
moyens
des
dimensions
de
la
SF-36
et
les
différentes
variables
étudiées.
Les
coefficients
de
régression
multiple
ß
et
R2,
ainsi
que
les
significations
statistiques,
visaient
à
déterminer
les
facteurs
les
plus
incriminés
dans
l’altération
de
la
QDV
des
malades
de
notre
étude.
Résultats
Profil
général
de
la
série
Les
patients
de
notre
étude
avaient
une
moyenne
d’âge
de
41
ans
six
mois,
un
sex-ratio
de
3,54
et
un
niveau
d’instruction
bas
dans
66
%
des
cas
;
ils
étaient
mariés
dans
34
%
des
cas,
inactifs
ou
irréguliers
sur
le
plan
professionnel
dans
68
%
des
cas
;
leur
niveau
socioéconomique
était
bas
dans
93
%
des
cas
et
ils
résidaient
en
zone
urbaine
dans
54
%
des
cas.
L’âge
moyen
de
début
de
la
maladie
était
de
25
ans
trois
mois,
et
l’ancienneté
moyenne
de
la
maladie
était
de
16,4
ans.
Il
s’agissait
de
schizophrénie
de
type
para-
noïde
dans
75
%
des
cas,
et
le
cours
évolutif
était
de
type
épisodique
sans
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes
dans
53
%
des
cas.
Le
nombre
moyen
des
hospitalisations
était
de
3,65
avec
une
durée
cumulée
des
hospitalisations
de
82,5
jours
;
90
%
recevaient
une
association
de
psycho-
tropes
et
52
%
ont
signalé
des
effets
indésirables.
Le
niveau
de
sévérité
des
symptômes
était
faible
pour
90
%
(score
de
psychopathologie
générale
à
la
PANSS
inférieur
à
25)
et
le
score
de
l’EGF
était
d’au
maximum
70
pour
85
%.
Évaluation
de
la
QDV
Les
scores
moyens
globaux
(SMG)
de
la
SF-36
de
l’ensemble
des
patients
variaient
entre
27,54
et
92,87,
avec
une
moyenne
de
68,77
et
un
écart-type
de
15,71.
Trente-quatre
pour
cent
avaient
une
QDV
altérée
(SMG
inférieur
à
66,7).
L’analyse
des
scores
des
huit
dimensions
de
l’échelle
SF-36
a
montré
que
les
dimensions
les
plus
touchées
étaient,
par
ordre
décroissant
:
la
santé
psychique
(D4),
la
santé
perc¸ue
(D8),
la
vitalité
(D7),
les
limitations
dues
à
la
santé
phy-
sique
(D2)
et
les
limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5)
(Tableau
1).
Pour
une
meilleure
interprétation
de
nos
résultats,
nous
avons
procédé
à
la
standardisation
des
scores
moyens
ini-
tiaux
des
huit
dimensions
de
la
SF-36
à
une
moyenne
de
50,
et
un
écart
type
de
10,
conformément
à
l’étude
en
population
générale
«
USA
98
»
[26].
La
standardisation
a
114
L.
Zouari
et
al.
Tableau
1
Répartition
de
la
série
selon
les
scores
moyens
initiaux
et
standardisés
de
la
SF-36.
Dimension
Score
moyen
initial
Score
standardisé
Santé
physique
(D1)
82,50
49,79
Limitations
dues
à
la
santé
physique
(D2)
64,75
46,26
Douleur
physique
(D3)
80,50
54,38
Santé
psychique
(D4)
60,09
41,51
Limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5)
68,66
45,33
Vie
et
relations
avec
les
autres
(D6) 70,80
44,42
Vitalité
(D7) 64,20
53,43
Santé
perc¸ue
(D8)
63,52
46,92
Composante
physique 72,98
50,96
Composante
mentale 65,76
44,54
montré
que
seulement
deux
dimensions
de
la
SF-36
étaient
non
altérées
:
la
vitalité
(D7)
et
la
douleur
physique
(D3)
;
les
altérations
touchaient,
par
ordre
décroissant
:
la
santé
psychique
(D4),
la
vie
et
relations
avec
les
autres
(D6),
les
limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5),
les
limitations
dues
à
la
santé
physique
(D2),
la
santé
perc¸ue
(D8)
et
la
santé
physique
(D1).
La
standardisation
a
aussi
montré
une
altéra-
tion
de
la
composante
psychique,
alors
que
la
composante
physique
était
conservée.
Facteurs
associés
à
l’altération
de
la
QDV
L’analyse
bivariée
a
montré
que
l’altération
de
la
QDV,
chez
nos
malades,
était
corrélée
à
sept
facteurs
:
l’inactivité
pro-
fessionnelle
(p
=
0,02),
le
sous-type
désorganisé
(p
=
0,04),
le
cours
évolutif
épisodique
avec
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes
(p
=
0,003),
la
présence
d’effets
indésirables
influenc¸ant
modérément
la
vie
quotidienne
(p
=
0,001),
un
score
de
l’EGF
inférieur
ou
égal
à
30
(p
=
0,03),
le
sous-
type
négatif
de
la
symptomatologie
psychotique
(p
=
0,00)
et
un
score
de
la
psychopathologie
générale
d’au
moins
26
(p
=
0,00).
Après
analyse
par
régression
linéaire
multiple,
quatre
facteurs
étaient
apparus
fortement
corrélés
à
une
QDV
altérée
:
l’inactivité
professionnelle,
le
cours
évolutif
épi-
sodique
avec
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes,
la
présence
d’effets
indésirables
influenc¸ant
modérément
la
vie
quotidienne
et
un
score
de
la
psychopathologie
générale
d’au
moins
26.
Ces
quatre
facteurs
touchaient,
par
ordre
d’importance
décroissante,
les
dimensions
suivantes
:
la
vie
et
relations
avec
les
autres
(D6)
(qui
étaient
liées
à
deux
facteurs),
la
santé
perc¸ue
(D8)
et
les
limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5)
(qui
étaient
liées
chacune
à
un
fac-
teur).
Aucun
facteur
ne
touchait
la
santé
physique
(D1),
les
limitations
dues
à
la
santé
physique
(D2),
la
douleur
physique
(D3),
la
santé
psychique
(D4)
et
la
vitalité
(D7)
(Tableau
2).
Discussion
Les
limites
de
l’étude
Notre
étude
était
de
type
transversal.
Ce
type
d’étude,
rela-
tivement
facile
à
réaliser,
ne
permet
toutefois
pas
d’assurer
une
vision
longitudinale
de
l’impact
de
la
schizophrénie
sur
la
QDV,
sachant
qu’une
telle
vision
est
essentielle
pour
la
recherche
étiologique
et
des
facteurs
de
risque
qui
peuvent
être
mis
en
cause
dans
l’altération
de
la
QDV.
Pour
la
mesure
de
la
QDV,
nous
avons
utilisé
un
ins-
trument
générique
multidimensionnel,
en
l’occurrence,
la
SF-36,
en
considérant
ses
avantages
et
sa
pertinence.
C’était
initialement
un
autoquestionnaire
devant
être
rempli
par
le
sujet
lui-même,
après
lecture
des
consignes
dans
des
conditions
aussi
standardisées
que
possible,
permettant
une
utilisation
simple,
répétée
si
besoin,
sans
distorsion
des
réponses
dues
au
jugement
d’un
tiers
comme
les
échelles
d’hétéroévaluation
;
elle
est
devenue
une
entrevue
semi-
dirigée,
en
raison
de
sa
traduction
de
sa
langue
d’origine
à
l’arabe
littéraire.
Ce
point
soulève
le
problème
important
de
l’adaptation
de
cet
instrument
à
notre
contexte
socio-
culturel
:
à
notre
connaissance,
cette
échelle
n’a
pas
été
validée
dans
une
population
maghrébine,
du
moins
jusqu’à
la
date
de
notre
étude
;
ce
qui
constitue
l’une
des
limites
de
l’étude.
Concernant
la
spécificité
de
cette
échelle
pour
l’évaluation
de
la
QDV
chez
les
malades
atteints
de
schizophrénie,
Reine
et
al.
[22]
ont
montré
que
l’utilisation
d’un
instrument
générique
tel
que
la
SF-36
était
appropriée
pour
de
tels
patients.
Il
n’en
demeure
pas
moins
que
la
SF-36,
comme
toutes
les
échelles
génériques,
pose
le
problème
du
manque
de
spécificité
pour
de
tels
malades
;
par
exemple,
elle
manque
d’items
relatifs
aux
fonctions
cognitives,
à
la
sexualité
et
aux
ressources
financières,
dont
l’évaluation
est
importante
chez
les
malades
atteints
de
schizophrénie.
Il
existe
des
instruments
plus
spécifiques
telle
la
Schizophrenia
Quality
of
Life
(S-QoL).
Discussion
des
résultats
Mesure
de
la
QDV
Dans
notre
étude,
34
%
des
malades
avaient
une
QDV
altérée.
L’analyse
des
scores
des
huit
dimensions
de
l’échelle
SF-36
a
montré
que
les
dimensions
les
plus
touchées
étaient,
par
ordre
décroissant
:
la
santé
psychique
(D4),
la
santé
perc¸ue
(D8),
la
vitalité
(D7),
les
limitations
dues
à
la
santé
physique
(D2)
et
les
limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5).
Nous
avons
confronté
nos
résultats
à
ceux
de
cinq
études
ayant
utilisé
la
SF-36
pour
l’évaluation
de
la
QDV
des
patients
atteints
de
schizophrénie
(Tableau
3).
L’analyse
des
résultats
de
ces
différentes
études
montre
que
la
santé
physique
(D1)
était
la
dimension
la
plus
pré-
Qualité
de
vie
des
malades
atteints
de
schizophrénie
115
Tableau
2
Corrélation
entre
les
variables
étudiées
et
les
scores
moyens
des
dimensions
de
la
SF-36.
Variable
corrélée
à
une
QDV
altérée D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8
Inactivité
professionnelle R210,6
ß
0,337
p
0,008
Cours
évolutif
épisodique
avec
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes
R211,4
ß
0,243
p
0,029
Présence
d’effets
indésirables
influenc¸ant
modérément
la
vie
quotidienne
R29,4
ß
0,304
p
0,042
Psychopathologie
générale
(Score
26)
R239,56
ß
0,47
p
0,000
Total
R20
0
0
0
9,4
50,16
0
11,4
servée
dans
la
plupart
des
études,
y
compris
la
nôtre.
La
dimension
la
plus
touchée
dans
notre
étude
était
la
santé
psychique
(D4)
;
alors
qu’il
s’agissait
des
limitations
dues
à
la
santé
psychique
(D5)
dans
les
autres,
à
l’exception
de
celles
de
Pukrop
et
al.
[21]
et
de
Fleischhacker
et
al.
[9],
c’était
la
vitalité
(D7).
Ces
deux
dernières
dimensions
figu-
raient
parmi
les
cinq
dimensions
les
plus
altérées
dans
notre
étude.
La
standardisation
des
scores
moyens
initiaux
des
huit
dimensions
de
la
SF-36,
de
notre
étude,
à
une
moyenne
de
50,
et
la
répartition
de
ces
dimensions
en
deux
compo-
santes
:
physique
et
mentale,
a
montré
que
la
composante
psychique
était
altérée
(46,32),
alors
que
la
composante
physique
était
conservée
(50,14).
Dans
les
études
de
Kaneda
et
Ohmori
[13,14,15],
la
composante
psychique
ainsi
que
la
composante
physique
étaient
altérées.
Facteurs
corrélés
à
l’altération
de
la
QDV
L’analyse
par
régression
linéaire
multiple,
dans
notre
étude,
a
montré
quatre
facteurs
(fortement)
corrélés
à
une
QDV
altérée
:
l’inactivité
professionnelle,
un
cours
évolutif
épi-
sodique
avec
symptômes
résiduels
entre
les
épisodes,
la
présence
d’effets
secondaires
influenc¸ant
modérément
la
vie
quotidienne
et
un
score
de
la
psychopathologie
générale
d’au
moins
26.
Dickerson
[7]
et
Browne
et
al.
[3]
ont
trouvé
aussi
une
corrélation
entre
l’inactivité
professionnelle
et
une
QDV
altérée
chez
des
malades
atteints
de
schizophrénie.
Kapfer
et
Singer
[16],
dans
une
étude
sur
des
schizophrènes
tra-
vaillant
aux
centres
d’aide
par
le
travail,
ont
observé
une
amélioration
nette
des
troubles
chez
la
majorité,
avec
une
diminution
considérable
du
nombre
de
rechutes
et
de
réhos-
pitalisations
et,
par
conséquence,
un
changement
dans
la
QDV
de
ces
malades.
Concernant
les
effets
indésirables,
des
études
ont
rap-
porté
que
leur
intensité
était
corrélée
aux
doses
cumulées
du
traitement.
Dans
ce
sens,
Verdoux
et
Bourgeois
[25]
ont
fait
remarquer
que
la
plurithérapie
psychotrope,
souvent
nécessaire,
entraînait
un
risque
accru
d’effets
indésirables,
ce
qui
majorait
l’altération
de
la
QDV
des
patients.
Cer-
tains
auteurs
[8,22]
ont
rapporté
une
corrélation
négative
entre
les
effets
indésirables
neurologiques
et
la
QDV
dans
les
groupes
recevant
des
neuroleptiques
classiques.
D’autres
auteurs
[29]
ont
constaté
une
amélioration
de
la
QDV
sous
neuroleptiques
atypiques.
L’évaluation
de
la
symptomatologie
psychotique,
dans
notre
étude,
a
montré
qu’un
score
de
la
psychopatholo-
gie
générale
d’au
moins
26
était
corrélé
à
une
altération
de
la
QDV.
Des
résultats
comparables
ont
été
rap-
portés
dans
plusieurs
autres
études
utilisant
la
même
échelle
[2,3,12].
L’analyse
bivariée,
dans
notre
étude,
a
montré
que
l’altération
de
la
QDV,
chez
nos
malades,
était
corré-
lée,
mais
de
fac¸on
moins
forte
que
les
quatre
facteurs
susmentionnés,
au
sous-type
désorganisé,
à
un
score
de
l’EGF
30
et
au
sous-type
négatif
de
la
symptomatologie
psychotique.
Quant
à
l’EGF,
les
données
de
la
littérature
[12,28]
indiquent
l’existence
d’une
corrélation
très
significative
entre
son
score
et
la
QDV
;
ce
qui
paraît
évident
compte
tenu
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