Evaluation de la qualité de vie : généralités dans les états

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CAPACITÉ D’ÉVALUATION ET DE TRAITEMENT DE LA DOULEUR
Programme 2010-2011
Evaluation de la qualité de vie : généralités dans les états
douloureux, dans les soins palliatifs
Eric Dudoit
Docteur en Psychologie Clinique
Service d’oncologie médicale, CHU de la Timone
Lionel Dany
Maître de conférences en psychologie sociale de la santé
Université de Provence
La qualité de vie
Une définition multidimensionnelle
« La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de
la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses
objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes » (OMS, 1993).
PERCEPTION

Etat physique (fonctionnement organique)
+
Etat émotionnel (état psychique)
+
Etat social (aptitude à engager des relations avec autrui).
La qualité de vie
Un concept intégrant de manière complexe la santé physique de la personne, son état
psychologique, son niveau d’indépendance, ses croyances personnelles, ses relations
sociales, ainsi que sa relation aux éléments essentiels de son environnement.
La qualité de vie est dépendante de la subjectivité de l’individu et du contexte social.
La QDV occupe une position existentielle. Elle n’est rien de moins que la perception de
soi dans le monde (Morin, 2004).
La qualité de vie entre subjectivité et objectivité
QDV OBJECTIVE
QDV SUBJECTIVE
Conditions de vie objective dans les
différents domaine de la vie. Ces
conditions sont censées élever le niveau
de QDV.
La satisfaction du sujet par rapport à ses
conditions de vie ou à sa vie dans son
ensemble.
L’évaluation dépend des normes
culturelles.
L’évaluation dépend des normes propres
à l’individu.
La qualité de vie entre subjectivité et objectivité
QDV OBJECTIVE
QDV SUBJECTIVE
La dimension objective relève de la
satisfaction des exigences culturelles et
sociétales en matière de richesse matérielle,
de statut social et de bien-être physique.
La dimension subjective renvoie au fait que
la QDV ne peut être correctement comprise
qu’en se plaçant dans la perspective du
patient (cf. douleur, limitations fonctionnelles,
contraintes).
Chaque culture valorise des qualités, des
capacités, des vertus, des dons, en somme
des signes de réussite, qui sont pour les uns
et les autres des mutations de valeur
favorisées par l’évolution historique et
technique des sociétés humaines (Ropert,
1998).
Prendre en compte l’appréciation et la
satisfaction du patient en ce qui concerne son
niveau « réel de fonctionnement » comparé
à ce qu’il considère comme possible ou idéal
(cf. fait référence aux valeurs personnelles
des patients).
 Contextualisation de la QDV
 Limite : la transparence du soi au soi
Contexte d’émergence de la qualité de vie
Le concept de QDV s’est développé dans un courant humaniste en réaction au succès
de la médecine moderne et à la déshumanisation / technicisation des soins.
1.
Augmentation des maladies chroniques et dégénératives pour lesquelles on ne
dispose pas de mesures curatives  préservation de la QDV.
2.
Evolution des actions médicales  redéfinition de la santé.
3.
Concurrence dans le milieu pharmaceutique.
4.
La QDV permet de questionner l’intérêt de certaines actions médicales dont
les bénéfices ne sont pas toujours apparents.
5.
Place active du patient dans le parcours de soins.
6.
Un intérêt pour les organismes financeurs (maîtrise des coûts tout en maintenant
la qualité des soins).
Mesurer la qualité de vie (Leplège, 1999)
Mesurer la qualité de vie  Fournir une représentation quantitative du réel
Les instruments n’ont pas pour ambition de mesurer directement des entités (ex. santé,
QDV, satisfaction) mais de quantifier certains de leurs attributs caractéristiques identifiés
grâce aux définitions opérationnelles (cf. définie en fonction des objectifs que l’on
veut atteindre.
- Quantification de la répercussion de la pathologie ;
- Production d’informations contrôlées, reproductibles et fiables ;
- Orientation de la recherche, des soins ;
- Information des décideurs ;
- Amélioration du bien-être et de la satisfaction de la population vis-à-vis des traitements
et du système de santé.
Les domaines/caractéristiques à prendre en compte pour mesurer la QDV
Selon Nordenfelt (1994), pour évaluer la QDV, il s’agit de considérer :
1. L’ensemble des perceptions, des sensations, des émotions et des idées d’une
personne ;
2. L’ensemble de ses actions et de ses activités ;
3. L’ensemble de ses réussites ;
4. L’ensemble des évènements et des actions qui l’affectent.
Les domaines/caractéristiques à prendre en compte pour mesurer la QDV
Pour Bergner (1994), les principaux domaines à prendre en compte sont…
1. Les symptômes ;
2. Le statut fonctionnel ;
3. Les activités liées au rôle social ;
4. Le fonctionnement social ;
5. La cognition ;
6. Le sommeil et le repos ;
7. L’énergie et la vitalité ;
8. L’état ou le statut émotionnel ;
9. La perception de la santé ;
10. La satisfaction générale à l’égard de la vie.
Qualité de vie globale vs. liée à la santé
Le concept de QDV liée à la santé est définie par Patrick et Erickson (1993) comme
« la valeur qui est attribuée à la durée de la vie en fonction des handicaps, du niveau
fonctionnel, des perceptions et des opportunités sociales modifiées par la maladie, les
blessures, les traitements ou les politiques de santé ».
Les instruments évaluant la QDV liée à la Santé  moindre prise en compte de la
complexité de l’expérience humaine.
Qualité de vie globale vs. liée à la santé
Pour la QDV liée à la Santé, on retrouve souvent 4 dimensions principales explorant :
1.
L’état physique du sujet (autonomie, capacités, physiques) ;
2.
Sensations somatiques (symptômes, conséquences des traumatismes ou
des procédures thérapeutiques, douleurs) ;
3.
État psychologique (émotivité, anxiété, dépression) ;
4.
Relations sociales et rapport à l’environnement familial, amical ou
professionnel.
Mesurer la qualité de vie : mesures globales vs. mesures spécifiques
Mesure globale - Le SF 12
Mesurer la qualité de vie : mesures globales vs. mesures spécifiques
Mesure spécifique : Le QLQ-C30 / Cancer
Mesurer la qualité de vie : mesures globales vs. mesures spécifiques
Mesure spécifique : Impact de la Polyarthrite Rhumatoïde (Guillemin et al, 1997)
Illustration
Recherche sur la douleur chronique
Matrice de corrélation QDV, stratégies d’ajustement, niveau de précarité, age, intensité de la douleur
et durée de la douleur (patients douloureux chroniques, n = 264)
Les domaines/caractéristiques à prendre en compte pour mesurer la QDV
Les domaines/caractéristiques à prendre en compte pour mesurer la QDV
Illustration
Sexualité et QDV
(9)
(10)
(11)
(12)
(13)
(14)
(15)
(16)
(17)
(1) BISW – Pensées, désir
.12
.16
.28
.09
.12
.02
.08
.16
.44*
(2) BISW - Excitation
.23
.24
.36*
.15
.35**
.08
.25
.11
.36
(3) BISW - Fréquence activité
.19
.33
.35*
.15
.24
.02
.22
.15
.32
(4) BISW – Réceptivité, initiative
.19
.17
.21
.20
.50**
.14
.17
.12
.18
(5) BISW – Plaisir, orgasme
.23
.27
.17
.18
.32
-.06
.21
.27
.38*
(6) BISW - Satisfaction relationnelle
.30
.34*
.28
.30
.58**
.14
.26
.07
.25
-.06
-.04
.08
-.08
-.16
-.33
-.15
.19
.50**
(8) BISW - Score composite
.40
.51*
.56*
.16
.53*
.19
.26
.27
.22
(9) SF12 - Activité physique
1
.70**
.51**
.52**
.34
.28
.53**
.38*
.14
1
.77**
.52**
.50**
.46**
.66**
.40*
-.02
1
.32*
.38*
.53**
.59**
.20
-.13
1
.51**
.21
.60**
.26
.11
1
.54**
.63**
.20.
-.24
1
.61**
.05
-.62**
1
.33
-.08
(7) BISW - Problèmes
(10) SF12 – Limitations dues à l’état physique
(11) SF12 - Douleurs physiques
(12) SF12 - Santé perçue
(13) SF12 - Vitalité
(14) SF12 – Vie et relation avec les autres
(15) SF12 – Limitations dues à l’état psychique
(16) SF12 – Santé psychique
(17) BIS
1
.13
1
Illustration
Recherche sur la douleur en oncologie
Quand les patients se « réapproprient leur trajectoire de maladie »
Donner sens à son expérience
Entretiens (n = 16) réalisés avec des patients d’un service d’oncologie sous traitement opioïdes.
« C'est grâce à cette douleur que je suis consciente, que je peux dormir, alors je veux dormir mais dormir en
me tournant et être consciente que je me tourne. Le fait de partir, de pas savoir, de pas être moi même, voilà
ça se résumera à ça, l’impression de pas être moi-même… »
(femme, 56 ans, morphiniques forts)
« Ben je sais pas, parce qu’après, après je suis obligé d’y venir, je me dis si des fois ça passe sans cachet,
c’est bien, je suis un peu, anti, anti cachet, anti de me soigner, pas anti de me soigner, d’avoir toujours
l’espoir que le corps il va prendre le dessus sur le tout quoi… »
(homme, 60 ans, morphiniques faibles)
« Y’en a qui dirait quatre cinq (SUR L’ÉCHELLE VISUELLE DE LA DOULEUR) bon moi je vais dire deux,
parce que pour éviter les médicaments (RIT) je vais tricher » « Euh oui, comme ça au moins bon ben je
prendrai moins de médicaments… »
(femme, 58 ans, morphiniques faibles)
BIBLIOGRAPHIE
Beaufils, B. (1996) Qualité de vie et bien-être en psychologie. Gérontologie et société, 72, 39-50.
Bergner, M. (1989). Quality of life, health status and clinical research. Medical Care, 27, 148-156.
Bonardi, C., Girandola, F., Roussiau, N., & Soubiale, N. (2002). Psychologie Sociale appliquée.
Environnement, Santé, Qualité de vie. Paris : In press éditions.
Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la Santé. Modèles concepts et méthodes. Paris :
Dunod.
Fischer, G. N., & Tarquinio, C. (2002). Traité de psychologie de la santé. Paris : Dunod.
Leplège, A (1999). Les mesures de la qualité de vie. Paris : PUF.
Morin, M (2004). Parcours de santé. Paris : Armand Colin.
Nordenfelt, L. (1994). Concept and measurement of quality of life in health care. Boston: Kluwer
Academic Publishers .
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