78. Dopage
Objectifs :
- Connaître les principales substances utilisées à des fins de dopage dans la pratique
du sport.
- Connaître les circonstances du dépistage, la prise en charge médicale de l’utilisateur
et les principes de la lutte contre le dopage dans le sport.
I. Principales substances utilisées à des fins de dopage dans la pratique du sport
I.1. Données générales
- Selon le Comité International Olympique (CIO, 1999), le dopage est
défini par :
o l’usage d’une substance ou d’une méthode potentiellement dangereuse pour
la santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leur performance.
o la présence dans l’organisme de l’athlète d’une substance ou la constatation
de l’application d’une méthode qui figure sur la liste annexée au présent code
- L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) tient à jour annuellement une liste des
substances et méthodes interdites (disponible annuellement sur http://list.wada-
ama.org/fr/)
- L’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) propose un moteur de
recherche pour vérifier si un médicament est
interdit (https://www.afld.fr/finder/produits-dopants)
- En France, près de 4% des contrôles anti-dopage réalisés en 2012 contenaient
des substances interdites (avant vérification d’une éventuelle Autorisation
d’Utilisation Thérapeutique).
I.2. Différentes substances
- Il existe actuellement 10 catégories de substances interdites :
o cannabinoïdes (≈ un contrôle positif sur 3),
o glucocorticoïdes (≈ 25% des contrôles positifs),
o agents anabolisants (≈ un contrôle positif sur 6),
o stimulants (≈ un contrôle positif sur 10),
o diurétiques et autres agents masquants (≈ 8%),
o bêta-2 agonistes (≈ 5%)
o hormones peptidiques, facteurs de croissance et substances apparentées
o antagonistes et modulateurs hormonaux
o narcotiques,
o classe S0 (substances non approuvées, non incluses dans les 9 autres catégories et
non approuvées pour une utilisation thérapeutique chez l’homme (exemple :
médicaments en développement préclinique ou clinique).
- Certaines de ces substances sont interdites en permanence, d’autres uniquement pendant
les périodes de compétition,
- L’alcool est interdit pour certains sports : aéronautique, automobile, karaté, motocyclisme,
motonautique et tir à l’arc. La détection sera effectuée par éthylométrie et/ou analyse
sanguine. Le seuil de violation est équivalent à une concentration sanguine d’alcool de
0,10 g/L.
- Les bêta-bloquants sont interdits dans les sports suivants : automobile, billard, fléchettes,
golf, ski, tir et tir à l’arc.
Cannabinoïdes
Glucocorticoïdes
Agents anabolisants
- Δ9-
tétrahydrocannabinol
(THC) : principe
psychoactif
- Cannabis naturel et
cannabinoïdes de
synthèse (Spice,
JWH018, JWH073)
- Améliore le
relâchement musculaire,
diminue l’anxiété et
améliore le sommeil.
- Augmentation du
seuil de positivité du
marqueur urinaire (11-
Nor-Δ8-THC-9-COOH,
métabolite du THC), à 150
ng/mL depuis le 18 Juin
2013
- Glucocorticoïdes
(cortisol, cortisone) et
glucorticorticoïdes de
synthèse (prednisone,
prednisolone)
- Psychostimulants
- Augmentent la
performance en
endurance et la tolérance
à la douleur.
- Hormone de croissance :
augmente la masse
musculaire et la
résistance à la fatigue.
- Stéroïdes (testostérone et
analogues synthétiques) :
augmentent la masse
musculaire, la
performance de manière
directe pour les exercices
de force et de puissance
et de manière indirecte
pour les exercices
d’endurance
Stimulants
Bêta-2 agonistes
- Amphétamines,
cocaïne, nouveaux
produits de synthèse
- Réduisent la fatigue,
améliorent les temps de
réaction
- Augmentent
l'attention et la
concentration
- Bupropion, caféine,
nicotine et synéphrine non
interdits
- Masquent d'autres
produits dopants
- Nécessité de délivrance
d’une autorisation
d’usage à des fins
thérapeutiques
spécifiques pour toute
substance, en ou hors
compétition, outre celle
obtenue pour le
- Amélioration de la fonction
respiratoire et
augmentation de la
capacité d'effort et de
résistance
- Tous sont interdits sauf les
3 formes inhalées
suivantes : salbutamol
(max. 1600 mcg/24h),
formotérol (max. 54
mcg/24h), salmétérol
- Substance soumise à un
niveau seuil - formotérol,
salbutamol, cathine,
éphédrine,
méthyléphédrine et
pseudoéphédrine -
conjointement avec un
diurétique ou un autre
agent masquant
- Il existe des seuils
urinaires pour ces derniers
au-delà desquels il ne
s’agit pas d’une utilisation
thérapeutique
intentionnelle
- Une étude de
pharmacocinétique
contrôlée réalisée chez le
sportif peut confirmer une
utilisation thérapeutique
Hormones peptidiques,
facteurs de croissance et
substances apparentées
Narcotiques
Antagonistes et
modulateurs hormonaux
- Erythropoïétine
(EPO)
- Augmentation de
l'érythropoïèse qui accroit
la capacité de transport
de l'oxygène et améliore
l'endurance.
- Classé comme
substance dopante en
1990 par le CIO
- La prise d’EPO peut
être associée à la
manipulation de sang à
des fins de dopage
- Analgésiques dérivés
des opiacés
- Diminution de la
sensation de douleur
- Effet sédatif
- Effet euphorisant
- Acadésine (AICAR,
« nouvel EPO »)
- augmente la masse
musculaire et brûle les
graisses
- difficilement détectable
car naturellement
présente chez l’homme
- effets indésirables mal
connus
- Interdite en France,
commercialisée sur des
sites internet comme
thérapeutique cardio-
protectrice
I.3. Principales méthodes utilisées à des fins de dopage et interdites par l’AMA
L’exception à la règle : la procédure d’Autorisation d’Usage à des fins Thérapeutiques (AUT)
afin de permettre à certains sportifs d’avoir recours à certains traitements pour prendre en
charge un problème de santé intercurrent aigu ou chronique (exemple : sportif diabétique
nécessitant un traitement par insuline ; prescription orale de corticoïdes ; traitement en cas
d’urgence médicale)
I.3.1. La manipulation de sang ou de composants sanguins
- Interdit par le CIO
- Transfusion de prélèvements sanguins réinjectés avant l'épreuve : procédé consistant en
la transfusion d'érythrocytes allogéniques et diminuant la fréquence cardiaque en situation
d'hypoxie.
- En association, après un mois de traitement, avec l’EPO, il s’agit de prélever le sang, de
le stocker, puis de le réinjecter avant l'épreuve : ce protocole améliore la captation et le
transport de l'oxygène de 5 à 10% pendant au moins 3 semaines après la dernière
injection
- Des micro-doses d'EPO, plus difficiles à détecter, donnent des résultats équivalents, en
association à des injections intraveineuses (IV) de fer.
- Pour les transfusions autologues, il n'existe aucun test direct de détection
- Les risques sont cardiovasculaires (suite à l’augmentation de l’hématocrite et de la tension
artérielle) et inhérents aux transfusions pratiquées hors contexte hospitalier.
I.3.2. Les manipulations chimiques et physiques
- Falsification ou tentative de falsification des échantillons recueillis lors d’un contrôle
antidopage
- Perfusions ou injections IV de produits
I.3.3. Le dopage génétique
- Transfert de polymères d’acides nucléiques ou d’analogues d’acides nucléiques
- Utilisation de cellules normales ou génétiquement modifiées
II. Connaître les circonstances du dépistage, la prise en charge médicale de
l'utilisateur et les principes de la lutte contre le dopage dans le sport.
II.1. Circonstances de dépistage du dopage
La détection du dopage repose principalement sur 2 stratégies
II.1.1. Une mesure directe : les contrôles antidopage
Tout sportif participant à une compétition ou à une manifestation agréée par une
fédération sportive peut être contrôlé, qu'il soit professionnel ou amateur (les contrôles
peuvent aussi avoir lieu au cours des entraînements à ces compétitions ou
manifestations).
- Détection des substances interdites ou de leurs métabolites dans les échantillons du
sportif
- Mise en place des contrôles antidopage par L’AFLD
- Réalisé par une personne habilitée (ex. : médecin assermenté, infirmier, technicien), muni
d'un ordre de mission, avec l'aide d'un délégué fédéral
- Notification à signer par le sportif qui doit se soumettre à un contrôle
- Temps d’une heure pour se présenter au contrôle.
- Le sportif convoqué ne peut se soustraire au contrôle. Dans le cas contraire, il est
sanctionné comme si le dépistage était positif.
- Echantillons recueillis sous la surveillance du médecin, pour éviter les tentatives de
tricherie: prélèvements urinaires mais aussi parfois sanguins dans des conditions de
repos répartis dans 2 flacons)
- Analyse dans le Département des Analyses de l’AFLD à Chatenay-Malabry (seul
laboratoire français agréé par l’AMA)
- Résultat de l'analyse transmis à la fédération dont le sportif dépend, qui notifie ce résultat
au sportif. Si le contrôle est positif, le résultat est transmis à l’AMA, à l’AFLD et à la
fédération internationale.
II.1.2. Une mesure indirecte : l’utilisation des données du Passeport biologique de
l’athlète
- Passeport biologique de l’athlète basé sur le suivi au fil du temps de variables biologiques
sélectionnées, permettant de mettre en évidence le dopage par ses effets sur l’organisme.
- 2 modules : hématologique (vise à dépister les méthodes d’amélioration du transport de
l’oxygène) et endocrinien (vise à détecter certains stéroïdes anabolisants androgènes
endogènes)
Module hématologique
Module endocrinien
- Hématocrite
- Hémoglobine
- Numération érythrocytaire, numération
et pourcentage des réticulocytes
- VGM
Teneur corpusculaire moyenne en
hémoglobine (TCMH)
- Concentration corpusculaire moyenne
en hémoglobine (CCMH)
- Mesure des concentrations urinaires de
testostérone, d’épitestostérone,
d’androstérone, d’étiocholanolone, de
5αAdiol et de 5βAdiol
- Densité relative de l’échantillon d’urines
- 3ème module, visant à dépister le dopage par hormone de croissance, en cours
d’élaboration.
- Passeport biologique utile pour dépister les effets hématologiques des transfusions
autologues et des injections d’EPO, dans la mesure la modification des paramètres
biologiques permet de déterminer si les changements constatés sont de nature
physiologique ou non
- Méthode ne permettant pas cependant de dépister toutes les situations de dopage
II.2. Prise en charge médicale de l’utilisateur
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