LAVILLE Romain
RACHED Hadrien
Médecine du sport, P. Rochcongar, Le médecin face au dopage
Le médecin face au dopage
I-Historique
Le dopage ne date pas d’aujourd’hui. Comme le montre l’exemple de Kornelin Ender,
athlète d’Allemagne de l’Est, qui remporta 4 médailles d’or aux jeux olympiques de Montréal
en 1976 et dont le physique montrait l’évidence d’une prise de dopants. Plus proche de nous,
l’affaire Festina, en 1998 fit l’effet d’une bombe dans le milieu sportif. L’une des dernières en
date est l’affaire Puerto (médecin espagnol) où de nombreux sportifs y étaient impliqués.
II- Définition du dopage
C’est l’usage d’un artifice (substance ou méthode) potentiellement dangereux pour la
santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leurs performances, ou la présence dans
l’organisme de l’athlète d’une substance ou la constatation de l’application d’une méthode qui
figure sur une liste annexée au code antidopage du mouvement olympique.
Conférence mondiale Lausanne 1999
Cette définition s’applique à tous les sportifs qui participent à des compétitions même
sans licence.
Une conduite addictive est une conduite dopante : consommation pour affronter un
obstacle réel ou ressenti dans le but d’améliorer ses performances.
Tous les sports, tous les niveaux, tous les âges sont concernés.
Un exemple probant : enquête réalisée en Lorraine en 1999 : 2000 amateurs concernés,
9,5% d’entre eux ont reconnu avoir eu recours à des conduites dopantes (utilisation de
stimulants pour la moitié d’entre eux, de stupéfiants pour 25% ou de corticoïdes pour 10%)
III-Aspects légaux
En France, deux lois régissent le dopage :
-loi Buffet de 1999
-loi Lamour de 2006
Ces deux lois sont annexées au code de santé publique et au code du sport.
Elles insistent sur :
-la visite d’aptitude
-la prescription de substances interdites (information écrite)
-l’utilisation d’usage à des fins thérapeutiques
La visite d’aptitude : tout médecin suspectant une conduite dopante chez un patient ne
doit pas lui délivrer de licence. Si un médecin se pose des questions (dues à des modifications
anormales de la morphologie ou du comportement), il doit, selon la loi, adresser le sportif à
une antenne médicale de prévention et de lutte contre le dopage (une par région).
L’organisme qui régule en France la lutte contre le dopage est l’Agence Française de
Lutte contre le Dopage, agence indépendante de l’Etat., qui a tout pouvoir de contrôle et de
sanction sur toutes les compétitions nationales.
Au niveau international, le CIO a été un puissant moteur de la création de l’AMA
(Agence Mondiale Antidopage), structure de droit privé, indépendante, qui va gérer la liste
des substances interdites et le contrôle des athlètes sur les compétitions internationales.
Information écrite : lorsqu’un médecin prescrit à un sportif un médicament susceptible
d’induire une réaction positive à un contrôle antidopage, il doit l’indiquer sur l’ordonnance.
Néanmoins il existe une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques lorsque le
patient est atteint d’une maladie chronique. Dans le cas présent, il doit soumettre un dossier à
une autorité composée de 3 experts qui délibéreront. Ex : diabète, greffe cardiaque…
IV- Liste des substances/méthodes interdites
Substances :
Stimulants
Narcotiques/cannabinoïdes
Anabolisants
Diurétiques (utilisés pour les sports de poids tels que le judo)
Hormones peptidiques (EPO, GH) et facteurs de croissance
Agents ayant une action anti-oestrogénique
Agents masquants
Remarque : les facteurs de croissance ne sont pas interdits en injection dans les muscles et les
tendons.
Méthodes :
Amélioration du transport de l’oxygène
Manipulations chimiques et physiques (perfusions)
Dopage génétique (transfert, cellules)
Substances non approuvées : concernent les substances utilisées à des fins dopantes
mais n’ayant pas de caractère curatif (médicaments vétérinaires). Cette nouvelle clause vient
d’être écrite en 2010.
On distingue deux grands groupes de substances interdites :
-interdites en permanence (notamment les agents anabolisants endogènes, exogènes et autres,
l’EPO la GH, les facteurs de croissance)
-interdites uniquement en compétition : stimulants, narcotiques, cannabinoïdes, corticoïdes
par voie générale, alcool et bêta-bloquants.
Il existe des substances soumises à restriction : ce sont les bêta2 agonistes, administrés
par inhalation tel que le salbutamol.
Il existe une substance, la THG (Tétrahydrogestrinone) qui est un stéroïde non
commercialisé et qui a été découvert sur dénonciation d’un sportif auquel on avait proposé la
prise de ce composé dans le but d’améliorer ses performances.
V-Substances non interdites
Sont très consommées.
C’est le cas de la créatine qui n’est pas autorisée sur le marché mais non interdite à la
consommation…
Il faut une consommation de 20 à 25g de créatine quotidienne pour prendre de la masse
musculaire. Cette consommation correspond à un équivalent de 4 à 5 kg de viande rouge par
jour ! La prise de créatinine entraîne un risque non négligeable de contamination par le prion
(particule protéique infectieuse) de l’ESB.
De plus, de nombreux produits pharmaceutiques (compléments alimentaires notamment)
orientent vers une démarche addictive mais aussi vers des dérives dopantes.
VI- Les contrôles
Contrôles antidopage :
Ces contrôles peuvent être diligentés par l’AMA (au niveau international) et par l’AFLD (au
niveau national).
Ils peuvent être urinaires, sanguins et se faire aussi à partir des phanères (cheveux, poils). On
cherchera l’érythropoïétine dans le sang et les urines, toutes les autres substances se cherchant
seulement dans les urines.
Ils peuvent être réalisés lors de compétitions mais aussi durant les entraînements !
Remarque : l’affaire Puerto a mis en évidence des plans de prise de produits dopants qui se
faisait uniquement hors compétition, pendant les périodes d’entraînement du sportif dopé.
On a une harmonisation des sanctions pour tous les sports.
Autres moyens de contrôle :
-les sportifs de haut niveau doivent indiquer à quel endroit ils se trouvent toute l’année.
-Passeport sanguin pour les cyclistes : 5 à 6 prises de sang dans l’année qui permettent de
détecter des modifications anormales du bilan sanguin…
Ces moyens ne permettent pas d’établir des sanctions (comme le contrôle antidopage) mais de
cibler certains sportifs soupçonnés de se doper qui seront alors plus contrôlés.
VII- Limites
Plus la médecine devient sophistiquée et plus le risque de déviance vers le dopage
augmente. Ainsi, des facteurs de croissance, utilisés pour soigner des patients atteints de
lésions tendineuses ou cartilagineuses par exemple, risqueront d’être utilisés par certains
sportifs avides de parfaire, illégalement, leurs performances.
Le dopage est un réel problème de santé publique qui touche tous les âges, tous les
niveaux et tous les sports et qu’il est important de combattre.
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