LA NEPHRECTOMIE PARTIELLE LAPAROSCOPIQUE (REVUE

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J Maroc Urol 2007 ; 7 : 6-16
MISE
AU POINT
LA NEPHRECTOMIE PARTIELLE LAPAROSCOPIQUE
(REVUE BIBLIOGRAPHIQUE)
J.E. EL AMMARI, S. MELLAS, M.J. EL FASSI, M.H. FARIH
Service d’Urologie, Hôpital El Ghassani, CHU Hassan II, Fès, Maroc
RESUME
ABSTRACT
La confirmation par la littérature des résultats carcinologiques
de la chirurgie conservatrice au moins comparables à ceux
de la chirurgie radicale en ce qui concerne les tumeurs
rénales de petite taille, a ouvert la voie au développement
de techniques qui devront permettre par leur caractère miniinvasif de réduire la morbidité liée à l’acte chirurgical. Dans
cette optique, la laparoscopie a connu ces dix dernières
années un essor considérable. La néphrectomie partielle
laparoscopique (NPL) a alors émergé comme une technique
chirurgicale de préservation néphronique fiable et
reproductible entre les mains des équipes expérimentées.
Utilisée au début pour des pathologies bénignes puis pour
des tumeurs malignes de petite taille périphériques et
exophytiques, la maîtrise de la technique chirurgicale a
permis d’élargir les indications à des tumeurs plus
volumineuses (T1b) et de localisation plus complexe avec
des résultats carcinologiques comparables à la voie ouverte.
L’utilisation de nouvelles formes d’énergie et de produits
pharmacologiques hémostatiques a contribué de façon
considérable à réduire la morbidité de cette technique
chirurgicale qui rejoint celle de la voie ouverte tout en gardant
les avantages du choix laparoscopique. La NPL paraît donc
une technique d’avenir, et le nombre croissant de publications
la concernant au cours de cette dernière décennie tendent
à la simplifier et contribuent à sa standardisation et sa plus
large diffusion.
LAPAROSCOPIC PARTIAL NEPHRECTOMY (LITERATURE
REVIEW)
Mots clés : néphrectomie partielle ; laparoscopie ; tumeur
rénale
Key words : partial nephrectomy ; laparoscopy ; renal tumour
The confirmation by the literature of the carcinological results
of the nephron sparing surgery at least comparable with
those of the radical surgery as regards small renal tumours,
have favoured developing techniques permiting by their low
invasive character, to reduce considerably morbidity related
to the surgical act. Accordingly, the laparoscopy made these
ten last years considerable great strides. Laparoscopic partial
nephrectomy then emerged like a reliable and reproducible
surgical nephron sparing technique with experienced teams.
Used at the beginning for benign pathologies then for small
peripheral and exophytic malignant tumours, the control of
the surgical technique made it possible to widen the
indications to a larger and more complex localization tumours
with comparable carcinological results with the open surgery.
The use of the new types of energy and haemostatic
pharmacological products contributed considerably to reduce
the morbidity of this surgical technique which joined that of
open way the while keeping the advantages of the laparoscopic
choice. Laparoscopic partial nephrectomy thus appears a
technique of a future, and the growing number of publications
relating to it during this last decade tend to simplify it and
contribute consequently to its standardization and its largest
diffusion.
Correspondance : Dr. J.E. EL AMMARI,1596, 4ème tranche,
Hay oued Fès, Fès, Maroc. e-mail : [email protected]
INTRODUCTION
chirurgical. Dans cette optique, la laparoscopie a connu
ces dix dernières années un essor considérable. Les
résultats carcinologiques très encourageants de la
néphrectomie partielle laparoscopique (NPL) ainsi que
la maîtrise de la technique chirurgicale par ces équipes
tendent à élargir le champ des indications aux tumeurs
rénales malignes de plus en plus volumineuses. Aussi,
le développement parallèle de techniques d’exploration
rénale per-laparoscopique (échographie), de nouvelles
formes d’énergie et d’agents pharmacologiques
La confirmation soutenue par la littérature de
l’équivalence des résultats oncologiques entre chirurgie
de préservation néphronique et chirurgie radicale pour
les tumeurs de petite taille a ouvert une nouvelle aire
dans la pathologie tumorale rénale. Cette nouvelle
réalité a favorisé le développement de techniques
devant permettre, par leur caractère « mini invasif »,
une réduction notable de la morbidité liée à l’acte
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La néphrectomie partielle laparoscopique
J.E. EL AMMARI et coll.
prédisposition génétique rend le risque de récidive
au niveau du parenchyme restant après néphrectomie
partielle toujours présent. D’où l’intérêt de préserver
le maximum de capital néphronique.
hémostatiques permettent de mieux contrôler le geste
opératoire et d’en limiter les complications. Le nombre
croissant de publications concernant la NPL au cours
de cette dernière décennie tendent à simplifier la
technique chirurgicale et contribuent par conséquent
à sa standardisation et sa plus large diffusion.
• Indications électives :
* Tumeurs inférieures ou égales à 4 cm de diamètre
avec un rein controlatéral normal : l’absence de
différence significative en terme de résultats
carcinologiques et de survie entre la NP et la chirurgie
radicale, fait que la chirurgie conservatrice est une
indication idéale pour les petites tumeurs, uniques et
franchement localisées, d’autant plus que la NP permet
de mieux préserver la fonction rénale [2]. D’abord
recommandée dans les tumeurs inférieures ou égales
à 4 cm de localisation corticale à développement
exophytique avec rein controlatéral sain, les indications
se sont actuellement élargies –pour les équipes
entraînées– aux tumeurs de localisation centrale et
hilaire avec des résultats comparables aux tumeurs
de localisation périphérique [3, 4].
INDICATIONS DE LA NPL
1. Indications de la néphrectomie partielle (NP)
La NP est indiquée en général chez tout patient risquant
de devenir anéphrique suite à une néphrectomie totale
avec comme conséquence un recourt immédiat à la
dialyse [1, 2]. Ces indications peuvent être
schématiquement réparties en deux groupes : indications
dans la pathologie cancéreuse du rein, et indications
dans la pathologie bénigne et intermédiaire.
1.1 Indications dans la pathologie cancéreuse du rein
Peuvent être classées en trois catégories :
* Tumeurs de plus de 4 cm et de moins de 7 cm dans
leur plus grande dimension limitées au rein (T1b) :
constituent la perspective actuelle de la NP. Certaines
études comparant cette dernière à la chirurgie radicale
ne trouvent pas de différence en terme de taux de
récidive locale ou à distance, ni en terme de durée
moyenne de survie entre les deux types de chirurgie
[1]. Une autre étude retrouve une incidence de
métastases moindre avec la NP qu’avec la
néphrectomie totale [1].
• Indications absolues :
* Tumeurs rénales bilatérales synchrones : nécessitant
la réalisation d’une néphrectomie partielle bilatérale
quand c’est possible, en commençant par le côté où
la tumeur est moins évoluée et se prêtant bien à cette
chirurgie. Quand la tumeur est trop volumineuse d’un
côté, ou en présence de facteurs anatomiques
indiquant la néphrectomie radicale, cette dernière
est réalisée en différé après un premier temps de
néphrectomie partielle controlatérale. Novick [2]
justifie cette chronologie par l’éventuelle survenue
d’une nécrose tubulaire suite à l’hémodialyse
postopératoire après néphrectomie partielle qui impose
souvent de reréfléchir l’attitude radicale pour le côté
controlatéral.
1.2 Indications dans la pathologie bénigne et
intermédiaire :
• Pathologies bénignes : constituaient le sujet des
premières publications de la NP et de la NPL [1, 5, 6],
il s’agissait de :
* Tumeurs sur rein unique fonctionnel ou anatomique.
- Tumeurs bénignes solides
* Chez l’insuffisant rénal.
- Kystes simples du rein.
• Indications relatives : intéressent
- Pathologie congénitale : une néphrectomie polaire
supérieure laparoscopique bilatérale en un temps a
été rapportée par Pages et coll. pour une duplicité
urétérale complète avec abouchement ectopique des
uretères chez une patiente de 49 ans [7]. Sydorak et
coll. [8] ont rapporté dernièrement une série de 7
enfants âgés de 5 à 15 mois ayant subi une NPL pour
urétérocèle (5 patients), reflux vésico-urétéral sévère
(1 patient) et ectopie urétérale (1 patient) avec de très
bons résultats fonctionnels et esthétiques.
- Les patients avec une tumeur rénale unilatérale, le
rein controlatéral fonctionnant normalement. Mais la
fonction de ce dernier risque d’être altérée par une
pathologie sous jacente tels un calcul rénal, une
pyélonéphrite chronique, une sténose de l’artère
rénale, un reflux vésico-urétéral, ou une maladie
systémique tel un diabète ou une néphrosclérose.
Chez ces patients, le risque et le bénéfice doivent
être considérés en fonction de l’âge, de l’état général,
des facteurs de co-morbidité, le risque de progression
de la maladie et la possibilité que ces conditions
peuvent altérer la fonction rénale.
- Hydrocalice et lithiases récidivantes sur un calice mal
drainé.
• Pathologie intermédiaire : il s’agit essentiellement
de kystes atypiques du rein (stades 2 à 3 de la
classification de Bosniak). Une évaluation du kyste
sous vision laparoscopique, son aspiration pour examen
cytologique, et des biopsies de sa paroi avec examen
extemporané sont faites avant une éventuelle NPL [9].
- Les formes héréditaires du cancer du rein : maladie
de Von Hippel-Lindau, sclérose tubéreuse de
Bourneville, syndrome de Birt-Hogg-Dube et
léiomyomatose cutanée familiale. Dans ce contexte,
les formes bilatérales sont fréquentes, et la
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J Maroc Urol 2007 ; 7 : 6-16
TECHNIQUES CHIRURGICALES DE LA NPL
2. Indications de la technique laparoscopique
Les indications de la NPL sont celles de la NP à ciel
ouvert. En effet, Il s’agit d’un choix technique qui
dépend de l’équipement et surtout de l’expérience de
l’opérateur. La NPL quand il y a indication, permet de
bénéficier de l’intérêt de la chirurgie de préservation
nephronique en terme de gain de la fonction rénale,
et des avantages de la chirurgie laparoscopique, à
savoir un moindre recours postopératoire aux
narcotiques, un séjour hospitalier plus court, et un
retour plus rapide à l’activité habituelle sans surajout
de morbidité pour les équipes entraînées [10, 11].
Winfield et al. avaient rapporté la première série de
NPL (6 patients) en 1993. Peu après, Gill et coll. ont
décrit la première NPL par voie rétropéritonéale [13].
Depuis, des séries de plus en plus considérables (500
NPL constituent la série de Haber et Gill [10]) sont
publiées. La NPL connaît actuellement une évolution
rapide grâce au développement de moyens techniques
dont le but est de répondre aux principaux défis de
cette chirurgie que représentent les marges de résection
(de point de vue oncologique), l’hémostase, et la
restauration de l’étanchéité de la voie excrétrice quand
celle-ci est ouverte. Les techniques présentées par les
différents auteurs visent à reproduire les principes de
la NP par voie ouverte (NPO). Deux approches ont été
décrites, la première par voie transpéritonéale et la
seconde par voie rétropéritonéale.
CONTRE-INDICATIONS DE LA NPL
Les contre-indications peuvent être divisées en deux
catégories [12] :
1. Contre-indications relatives
1. Préparation du patient
Dépendent de l’expérience de l’opérateur :
Une cystoscopie permet de monter une sonde urétérale
externe 5Fr dont l’extrémité supérieure ouverte est
placée dans le bassinet et l’extrémité externe est
raccordée à une tubulure stérile permettant d’injecter
par voie rétrograde en per-opératoire du bleu de
méthylène dilué [10].
- Les antécédents multiples de chirurgie abdominale
par le risque d’adhérence.
- L’obésité (IMC > 30).
- Les tumeurs de plus de 4 cm (en dehors des cas
d’exérèse de nécessité sur rein unique qui sont discutés
au cas par cas).
- La localisation médiorénale.
2. Voie d’abord
• Choix de la voie d’abord
2. Contre-indications absolues
Les patients candidats à une NPL doivent avoir au
préalable une tomodensitométrie (TDM) hélicoïdale
avec des coupes de 3 mm et reconstitution
tridimensionnelle. Cette TDM permet d’avoir des
informations sur la taille de la tumeur, sa localisation,
son extension parenchymateuse, ses rapports avec les
cavités pyélo-calicielles, et sur la vascularisation rénale
détaillée (nombre des vaisseaux, leur localisation,
d’éventuelles anomalies, et les rapports dans l’espace
entre artères et veines). Le choix de la voie d’abord,
s’il s’agit d’une question de préférence pour certains
auteurs [12], est essentiellement dicté par la localisation
et la complexité technique de la masse tumorale pour
d’autres [10, 14, 15]. Pour les tumeurs antérieures,
antéro-latérales et latérales, la voie transpéritonéale est
préférable. Pour les tumeurs postérieures, postérolatérales et postéro-médianes, l’approche doit être
rétropéritonéale.
Sont les mêmes que pour toutes les interventions par
voie coelioscopique à savoir :
- Les coagulopathies incontrôlables.
- L’insuffisance respiratoire obstructive sévère.
- Antécédent d’anévrysme cérébral.
Albqami N. et coll. [1] notent qu’il n’y a aucune contreindication absolue de la NPL par rapport à la chirurgie
radicale laparoscopique, et que l’obésité n’est pas un
facteur de morbidité surajouté dans ce type de chirurgie.
L’ANESTHESIE DANS LA NPL
Comme toute intervention laparoscopique, la NPL est
réalisée sous anesthésie générale avec intubation
trachéale, curarisation et ventilation artificielle. Cette
intervention n’est pas très douloureuse et les doses
d’analgésiques administrées sont modestes. En cas
d’intervention par voie rétropéritonéale, l’insufflation
de gaz carbonique (CO2) dans l’espace rétropéritonéal
expose à un risque d’acidose respiratoire car il existe
une diffusion importante du CO2 de l’espace
rétropéritonéal vers le sang. Ce qui nécessite l’adaptation
de la ventilation artificielle en augmentant parfois de
100 à 150% le volume expiré par minute.
• Avantages et inconvénients de chaque voie d’abord
Chaque voie présente des avantages et des inconvénients
(tableau I).
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La néphrectomie partielle laparoscopique
J.E. EL AMMARI et coll.
muscle psoas jusqu’à ce que la veine rénale soit
visualisée.
Voie transpéritonéale
Voie rétropéritonéale
Tableau I. Avantages et inconvénients de chaque voie d’abord
Avantages
Inconvénients
- Elimination des risques
inhérents à
l'établissement du
pneumopéritoine et des
trocarts.
- Réduction du temps
opératoire en évitant le
temps de libération des
organes digestifs.
- Suppression de l'iléus
post-opératoire.
- Conversion facile lors
de l'abord de la loge
rénale si nécessaire.
- L'espace de travail est limité.
- Le maniement de l'endosac
est difficile.
- L'exérèse du rein en cas de
néphrectomie nécessite
d'agrandir un des sites de
trocart en position
inesthétique.
- La résorption du CO2 est
plus importante qu'au cours
de la voie transpéritonéale.
- Espace de travail large
- Maniement de
l'endosac plus facile
- La résorption du CO2
est moins importante.
- Présence de risques
inhérents à l'établissement
du pneumopéritoine et des
trocarts.
- Temps opératoire plus
important en rapport avec
la libération des organes
digestifs.
- Iléus post-opératoire plus
manifeste.
- Conversion plus difficile lors
de l'abord de la loge rénale
si nécessaire.
- Les vaisseaux du rein sont disséqués en bloc au niveau
du hile.
- Le rein est mobilisé et dégraissé en dedans du fascia
de Gérota tout en maintenant la graisse péritumorale.
- Une sonde d’échographie laparoscopique flexible
avec doppler couleur introduite à travers le trocart
de 10/12 mm, permet de délimiter la tumeur, évaluer
son extension parenchymateuse, étudier ses rapports
avec les cavités excrétrices, et assurer par conséquence
une marge de section parenchymateuse correcte (de
0,5 cm environ).
- Injection intraveineuse de 12,5 g de mannitol 30
minutes avant le clampage des vaisseaux.
- Les vaisseaux du hile sont alors clampés en bloc par
une pince de Satinsky laparoscopique tout en prenant
le soin de ne pas prendre l’uretère. D’autres auteurs
préfèrent les clamps bulldog laparoscopiques pour
une meilleure mobilité et manoeuvrabilité [2].
- Quand la durée prévue de l’ischémie chaude excède
30 minutes, une hypothermie rénale doit être établie
grâce à un endosac de type « Endocath II-bag »
introduit par le trocart de 12 mm et placé autour du
rein mobilisé. 600 à 750 ml de glace fondue y est
injectée rapidement.
2.1. Approche transpéritonéale
- La tumeur est excisée par un bistouri froid
laparoscopique dans un champ presque exsangue.
La section est développée préférentiellement en se
dirigeant de la ligne médiane vers la latérale.
Nous avons considéré comme technique de NPL de
référence celle décrite par Gill et coll. [10, 14]. Des
particularités techniques décrites par d’autres auteurs
seront notées et référencées au fur et à mesure ou
mentionnées en tant que notes techniques.
- Des biopsies ciblées du lit tumoral doivent être
effectuées en cas de doute sur les marges chirurgicales
et la section, et envoyées pour examen anatomopathologique extemporané.
Installation du patient : le patient est installé en position
latérale de 45° à 60°, table cassée. Cette position doit
permettre d'effacer du champ opératoire les organes
digestifs après qu'ils aient été décollés.
- L’étanchéité de la voie excrétrice est vérifiée et
confirmée par l’injection répétée par voie rétrograde
du bleu de méthylène dilué. Quand elle est ouverte,
elle est suturée au vicryl rapide 2-0 aiguille CT-1.
L’intervention comporte les étapes suivantes :
- Création du pneumopéritoine par une aiguille de
Veress ou de Palmer.
- Des fils repères au 1-0 polyglatin à aiguille GS-25
sont mis au niveau du parenchyme rénal.
- Quatre ou cinq trocarts sont mis en place selon les
opérateurs.
- Un tissu biologique hémostatique à base de gelatinmatrix-thrombin (FloSeal) est appliqué sur la tranche
de section rénale en dessous de la mèche de Surgicel.
- Le trocart de l’optique est introduit en premier à
travers une incision sous ombilicale. Une optique de
30° est utilisée pour une meilleure vision à différents
angles.
- Trois à cinq sutures arrêtées sont placées à travers des
mèches de Surgicel prépréparées qui sont positionnées
au dessus de la tranche de section rénale. Des clips
résorbables de type Hem-o-lok sécurisent les sutures
évitant leur dénouement.
- Deux autres trocarts de 5 mm sont mis en place au
niveau de la ligne axillaire moyenne sous contrôle
optique.
- Un autre clip Hem-o-lok est appliqué sur la suture
de rapprochement des deux tranches rénales, visant
à effacer la concavité du lit tumoral et comprimer le
rein.
- Le côlon est mobilisé et récliné.
- Un trocart de 10 mm est mis en place au niveau de
la ligne axillaire antérieure.
- L’uretère et la veine génitale sont identifiés et rétractés
latéralement.
- La suture est ensuite fortement attachée à travers une
mèche maintenant une bonne compression du
parenchyme rénal.
- Dissection du rein le long de la face antérieure du
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J Maroc Urol 2007 ; 7 : 6-16
système d’étanchéité qui prévient la fuite de gaz et la
création de lésion cutanée durant la procédure. Le
trocart de l’optique ne doit pas être placé trop près de
la crête iliaque qui pourra alors limiter sa mobilité.
- La pince de Satinsky est déclampée et n’est retirée
que lorsque l’hémostase est confirmée.
- 12,5 g de Mannitol et 10 à 20 mg de furosémide sont
administrés par voie intraveineuse juste avant le
déclampage.
Après placement des trocarts, l’artère et la veine rénales
sont disséquées individuellement pour faciliter la mise
en place de clamps Bulldog laparoscopiques : 2 clamps
pour l’artère et 1 clamp pour la veine. Le reste de
l’intervention respecte les mêmes étapes que pour la
voie transpéritonéale. Le clamp bulldog de la veine
rénale est enlevé en premier, puis celui de l’artère. Un
drain de « Penrose » est laissé quand la voie excrétrice
a été ouverte.
- La pièce tumorale est mise dans l’endosac (EndoCatch),
puis retirée.
- La cavité abdominale est réinspectée 5 à 10 minutes
après l’évacuation du pneumopéritoine.
- Un drain est laissé chez les patients dont la voie
excrétrice était ouverte.
2.2. Approche rétropéritonéale [10, 16]
2.3. Autres techniques opératoires (hybrides)
Depuis la première néphrectomie par voie
laparoscopique rétropéritonéale réalisée par Gaur en
1993, les premiers temps de cette voie sont bien codifiés.
• La NPL manu-assistée (hand-assisted LPN) [1, 17]
Le patient est installé en décubitus latéral légèrement
incliné de 45 à 60°. L’intervention commence par une
incision pararectale. Une dissection soigneuse sépare
la paroi postéro-latérale de l’abdomen du péritoine qui
ne doit pas être ouvert. Un Lap-disk est inséré et la
main est introduite dans l’espace rétropéritonéal.
Successivement, un trocart de 12 mm puis de 5 mm
sont insérés sous contrôle manuel. Le fascia de Gérota
est ouvert et disséqué autour du rein tout en préservant
la graisse qui coiffe la tumeur. Les vaisseaux rénaux
sont ensuite isolés. Les étapes suivantes sont les mêmes
que pour la NPL pure.
Installation du patient : le patient est installé en position
de lombotomie avec un billot fortement cassé,
permettant d’ouvrir la loge lombaire ; les jambes et les
cuisses sont fléchies d’environ 20°. Les jambes étant
placées au niveau de la partie avant des appui-jambes.
Les repères osseux sont représentés par le rebord costal
vers le haut et la crête iliaque vers le bas.
Le nombre de trocarts est variable selon les opérateurs,
de 3 à 5 trocarts. Sera décrite la technique utilisant 5
trocarts, 2 pour les instruments de l’opérateur, 2 pour
ceux de l’aide et 1 pour l’optique. Ces 4 trocarts
«opérateurs» se rapprochant des 4 mains existant dans
la chirurgie à ciel ouvert.
Pietrow et coll. [1] recommandent cette technique pour
les chirurgiens débutants du fait de sa facilité et la
manœuvrabilité qu’elle permet. La morbidité, les
complications et les marges chirurgicales sont
comparables à celles de la NPL pure [1]. Cependant,
cette technique nécessite une large incision pour pouvoir
introduire la main de l’opérateur, qui est source de
morbidité ajoutée à la procédure.
La position des trocarts est marquée sur la peau avant
badigeonnage : 2 trocarts (un de 10 mm et l’autre de
12 mm) au niveau de la ligne axillaire postérieure pour
les instruments de l’opérateur (un sous la côte et un
au-dessus de la crête iliaque), 2 trocarts de 5 mm au
niveau de la ligne axillaire antérieure pour les
instruments de l’aide (un en avant de la côte et un au
niveau de la crête iliaque) et un trocart de 10 mm au
niveau de la ligne axillaire moyenne au-dessus de la
crête iliaque pour l’optique. Les trocarts sont éloignés
le plus possible les uns des autres.
• La NPL assistée par robot (Robotic-assisted LPN)
[1, 18]
Cette technique qui utilise le « daVinci telerobotic
surgical system » mime de façon parfaite les différentes
étapes et principes de la NPL conventionnelle et de la
NPO. Phillips et coll. [1] ainsi que Gettman et coll.
[18] ont conclu que c’est une technique fiable et
reproductible. Cependant la moyenne du temps
opératoire, des pertes sanguines, de l’ischémie chaude
ou froide ainsi que la durée de séjour hospitalier sont
comparables à celles de la NPL pure. Aucun avantage
effectif n’est noté en faveur de la NPL assistée par robot
[1].
Une incision de 2 cm sous-costale sur la ligne axillaire
postérieure permet d’ouvrir les muscles de la paroi
abdominale, jusqu’au niveau de la loge lombaire. Le
fait de glisser sous la face postérieure de la douzième
côte indique que l’on se trouve dans le bon plan de
dissection. Le rétropéritoine est abordé à l’aide d’un
doigt qui repousse le péritoine en avant pour libérer
les zones correspondant à l’emplacement des trocarts.
La mise en place des trocarts peut se faire sous contrôle
digital ou sous contrôle optique. Un doigtier protège
l’index de l’opérateur pendant la mise en place des
trocarts sous contrôle digital.
2.4. Notes techniques
• L’hémostase dans la NPL
- L’utilisation de la « gelatin matrix thrombine sealant
(FloSeal) » avant la fermeture du lit tumoral sur mèche
de surgicel diminue de façon considérable le
Le trocart de 12 mm est mis en place au niveau de
l’incision initiale. Ce trocart doit être entouré d’un
-10-
La néphrectomie partielle laparoscopique
J.E. EL AMMARI et coll.
la grande majorité des cas, et le saignement est
généralement moindre (154 ml en moyenne).
saignement et les complications hémorragiques postopératoires de la NPL dont le risque devient équivalent
à celui de la chirurgie ouverte [19].
- La comparaison de différentes méthodes d’hémostase
(colle de fibrine, granules de thrombine-gélatine, le
composite de colle de fibrine et d’éponge de gélatine,
et les sutures sur mèche) dans différents volumes de
résection a permis de conclure que la colle de fibrine
(Tisseel) et les granules de thrombine-gélatine (FloSeal)
sont très efficaces dans les résections de petits volumes.
Le composite de colle de fibrine-éponge de gélatine
(Tisseel plus Gelfoam) sont très efficaces dans les
volumes de résection moyens. Tandis que les sutures
sur mèche hémostatique restent les plus efficaces dans
les grands volumes de résection [20].
• L’hypothermie rénale dans la NPL
Il est actuellement connu que le temps maximum
tolérable de l’ischémie chaude est de 30 minutes [1,
14, 22], délai à partir duquel une altération partielle
ou totale de la fonction rénale peut se voir. L’hypothermie
rénale est la technique la plus utilisée pour protéger le
rein. L’obtention et le maintien d’une température rénale
entre 20° et 25°C permet de prolonger le temps de
clampage artériel jusqu’à 3 heures. Plusieurs techniques
sont utilisées pour assurer cette hypothermie :
* La technique laparoscopique de glace fondue « IceSlush », telle qu’elle a été décrite par Gill et coll.
[19]. L’hypothermie rénale est assurée par l’injection
dans un sac de laparoscopie « Endocatch II bag »
inséré à travers le trocart pararectal de 12 mm et mis
en place autour du rein de 150 à 300 ml de glace
fondue. La fermeture du sac est assurée par un clip
type Hem-O-Lock.
- Le clampage de l’artère rénale peut être assuré par
un dispositif fait d’une bande élastique en silastic
(Surg-I- Loop) de 15 cm de long environ dont les deux
bouts sont introduits à travers un cylindre en latex
d’un centimètre de long constitué par un fragment
d’une sonde de Foley (16 ch) formant ainsi une boucle
en « U ». Ce dispositif facilement introduit à travers
un trocart de 10 mm, sert à clamper de façon efficace,
rapide et atraumatique l’artère rénale. Le cylindre en
latex sert de frein pour la boucle et peut être renforcé
par un clip laparoscopique de 11 mm en Titanium
(Ligaclip) pour éviter son déploiement. Ce dispositif
a l’avantage de ne pas nécessiter la mise en place
d’un trocart supplémentaire, tel est le cas pour la
pince de Satinsky, et permet l’application d’une force
modulable jusqu à avoir un clampage efficace, ce qui
n’est pas toujours le cas avec les clamps type bulldog
[21].
* La perfusion rétrograde par voie endoscopique d’une
solution saline froide est décrite récemment par
Landman et coll. [10, 23]. Cette technique consiste
en la mise en place préalable d’une gaine d’accès
urétérale de 12/14 F sous contrôle fluoroscopique,
puis perfusion rétrograde à travers une sonde urétérale
7,1F -dont l’extrémité est placée dans le bassinet- du
sérum salé 9‰ froid à - 1,7°C provenant d’une poche
d’irrigation de 3 litres mise à 120 cm de hauteur.
Cette méthode permet d’avoir une hypothermie
parenchymateuse rénale efficace, mais qui peut être
compromise en cas d’ouverture de la voie excrétrice
avec fuite du liquide dans l’espace périrénal.
- Les petites lésions périphériques peuvent être réséquées
sans clampage hilaire [11]. L’hémostase est assurée
par l’application de la matrice granulaire de gélatinethrombine après résection de la lésion et avant la
reperfusion du rein. Une légère pression est appliquée
pendant 1 à 2 minutes par une éponge humide.
* L’hypothermie rénale trans-artérielle est décrite
initialement dans la NPL par Janetschek et coll. [12,
23]. Le radiologue cathétérise l’artère rénale par voie
transfémorale. L’occlusion de l’artère rénale peut être
assurée par voie endovasculaire par le ballonnet du
cathéter intra-artériel ou par un clamp vasculaire
externe. Le mannitol est administré au préalable par
voie intraveineuse 15 minutes avant le clampage
artériel. L’hypothermie rénale est alors réalisée par
la perfusion de 1000 ml d’une solution de Ringer
lactate réfrigérée à 4°C à un débit de 50 ml/min.
Cette technique aussi attirante soit elle, expose au
risque de dissection de l’artère rénale et de lésions
de l’artère fémorale et nécessite la présence d’un
radiologue expérimenté.
- En cas de NPL sans ischémie (sans clampage artériel),
différentes techniques de section et d’hémostase
utilisant la cautérisation bipolaire, les ultrasons, la
dissection à jet d’eau, les micro-ondes et la radiofréquence sont testées avec des résultats encourageants
[1].
- La coagulation tissulaire par micro-onde [10]: des
antennes à micro-onde équipées d’aiguilles à différente
longueur sont utilisées. La coagulation est effectuée
selon une ligne circonscrivant la tumeur et distante
d’elle de 6-7 mm. L’aiguille à micro-onde est implantée
tous les 6 à 7 mm. Une coagulation de 45 secondes
à 65 watts d’énergie et 15 secondes de dissociation
est délivrée. Quand le saignement persiste, une
deuxième coagulation à micro-ondes est effectuée à
proximité, sinon une coagulation à la pince bipolaire
est entretenue. La coagulation par micro-onde évite
le clampage vasculaire et donc l’ischémie rénale dans
* Un autre système laparoscopique de préservation de
froid décrit comme étant simple et efficace par Herrel
et coll. [13, 23]. Ce système est constitué d’un sac
préservateur à deux chambres avec une entrée et une
sortie placée autour du rein et reliée à une pompe
qui fait circuler une solution saline stérile réfrigérée
à (3-5°C).
-11-
J Maroc Urol 2007 ; 7 : 6-16
Albqami et coll. [1] croient que les facteurs les plus
importants permettant d’éviter la positivité des marges
chirurgicales sont d’exciser avec le minimum de
saignement permettant une meilleure visibilité, et le
bon placement de l’aiguille quand la technique de
repérage à l’aiguille est utilisée. La biopsie du lit
tumorale négative à l’examen extemporané n’exclue
pas une excision chirurgicale incomplète.
* Wickham et coll. [in 15] proposent tout simplement
d’injecter 2 g d’inosine nucléotide dans 80 ml de
trophycardyl (diluent) 10 minutes avant le clampage
artériel. L’inosine permet de protéger le parenchyme
rénal contre les radicaux libres produits par le
métabolisme en anaérobiose.
•Traction-suspension du rein dans la NPL par voie
transpéritonéale
Cependant, la récidive tumorale locale est considérée
comme le meilleur indicateur de l’efficacité
carcinologique. La NPL a démontré dans la majorité
des séries un très bon résultat oncologique avec absence
de récidive locale, ou sur les orifices de trocarts ou à
distance [1, 10]. Les deux cas de récidive homolatérale
dans la série d’Allaf et coll. [1, 36] étaient en rapport
avec une prédisposition génétique dans un cas (maladie
de Von Hippel-Lindau), et une récidive homolatérale
mais à distance du premier site tumoral dans l’autre
cas. Cependant un recul plus important et des séries
plus larges sont nécessaires pour appuyer ces résultats.
Le large espace de travail dans l’approche
transpéritonéale permet l’utilisation d’un système de
suspension traction pour faciliter l’intervention [22].
Ce système consiste en la charge dès le début de
l’intervention, juste après dissection de la graisse
périrénale et du hile et avant le clampage vasculaire,
des fils de suture et des mèches hémostatiques. Quatre
fils polysorb 0-0 à aiguille CT1, quatre fils polysorb 20 à aiguille SH avec clips résorbables type Lapra-Ty et
trois surgicels sont chargés dans la cavité péritonéale
et placés sur la paroi abdominale latérale à la hauteur
du pôle supérieur ou inférieur du rein pour éviter
l’interférence avec le champ de travail. Ainsi
positionnées, les aiguilles peuvent être accrochées
directement à 90° par le porte aiguilles sans besoin
d’ajustement. Ces mesures permettent d’après les auteurs
[22] un gain de temps de 4 minutes environ.
Tableau II. Résultats de la NPL
Haber et Gill
Wille et coll.
500 patients [10] 44 patients [11]
Diamètre
tumoral (cm)
Pour garder le rein en face de la caméra et dans la
bonne orientation, des tractions-sutures au fils polysorb
2-0 sont placées dans le rein. Les fils sont passés à 2
mm de profondeur et 15 mm de longueur au niveau
de la surface du rein. Le point d’amarrage au niveau
rénal et de sortie au niveau de la paroi abdominale
dépend de la localisation tumorale. 2 cas de saignement
parenchymateux mineurs spontanément résolutifs sont
décrits avec ce système.
Abukora et coll.
78 patients [24]
2,9 (0,5-10,3)
2,82 (± 1,01)
-
Temps
opératoire (min)
192
210 (± 59)
216
Temps
d’ischémie (min)
32 (0-60)
21 (± 9,3)
39
Pertes
sanguines (ml)
125
-
212
Conversion (%)
0
0
6
2,5 (2,2-2,9)
7,7
-
Durée de séjour (J)
• Garantir une marge chirurgicale saine
Résultats fonctionnels
Albqami et coll. [1] proposent une technique pour
optimiser les chances d’avoir une marge chirurgicale
saine. Il s’agit de l’implantation sous guidage
échographique d’une aiguille TP1 dont la courbure suit
les contours de la tumeur en respectant une marge
saine de 5 à 6 mm. Cette aiguille marque la limite de
la résection.
- La NPL sur rein unique : dans la NPL avec clampage
artériel, il est difficile de savoir si l’altération de la
fonction rénale est due à la perte parenchymateuse
ou à l’ischémie. La méthode d’évaluation de la fonction
rénale la plus utilisée est le dosage sérique de
créatinine. Dans la série de Haber et Gill constituée
initialement de 430 patients [10], 22 avaient une
indication absolue de NP pour rein unique faite par
laparoscopie. La valeur de la créatininémie a augmenté
de 33% et la filtration glomérulaire a diminué de 27%
ce qui reste proportionnel à la moyenne de 23% du
parenchyme excisé. Les résections importantes du
parenchyme rénal (hémi-néphréctomies) peuvent
nécessiter une hémodialyse post-opératoire transitoire
pendant quelques jours ou semaines.
RESULTATS DE LA NPL
Les résultats de la NPL de trois plus importantes séries
publiées récemment (2005-2006) sont rapportés à titre
indicatif dans le tableau II.
Résultats oncologiques
- En cas de NPL élective avec un rein controlatéral sain,
l’évaluation de la fonction rénale ne peut se faire que
par le dosage sélectif de la clairance de créatinine
pour chaque rein ou par la scintigraphie rénale avec
injection du (Tc-MAG3). Inoue et coll. [1, 35] ont
Le problème de marges chirurgicales positives a été
traité par les différentes publications. Leur taux varie
de 0% à 3,5% selon les auteurs [1, 10, 17, 28, 29, 30].
-12-
La néphrectomie partielle laparoscopique
J.E. EL AMMARI et coll.
marges chirurgicales étaient comparables chez les
deux groupes.
montré qu’il y a une altération aiguë de la fonction
du rein concerné par la NP au cours de la phase postopératoire précoce.
* Les tumeurs de localisation hilaire : 25 patients parmi
362 opérés par Gill et coll. [10] avaient une tumeur
hilaire ayant un contact direct avec le pédicule rénal.
Le diamètre tumoral moyen était de 3,7 cm (1 à 6,7
cm), le temps moyen d’ischémie chaude était de 36,4
minutes, et les pertes sanguines étaient de 231 ml en
moyenne. Aucun patient n’a été converti en chirurgie
ouverte, aucun rein n’a été perdu pour des raisons
techniques et les marges chirurgicales étaient toujours
négatives. Pour Reisiger et coll. [4], la NPL est une
option acceptable pour les tumeurs hilaires, mais qui
nécessite des opérateurs expérimentés. Parmi les 8
patients de leur série, 4 ont développé des fuites
urinaires. Ces fuites d’après les mêmes auteurs
pourraient être évitées par l’utilisation de la technique
de sonde urétérale avec injection peropératoire de
colorant pour repérer les brèches de la voie excrétrice,
et par le placement systématique d’une prothèse
endourétérale en fin d’intervention qui doit être laissée
en place pendant quelques jours ou quelques
semaines.
179 patients de la série de Haber et Gill [10] étaient
évalués par scintigraphie postopératoire. La durée
moyenne d’ischémie chaude était de 31 min (4 à 55
min). La perte fonctionnelle du rein opéré était estimée
à 29%, ce qui correspondait à la quantité du
parenchyme excisé. La préexistence d’une insuffisance
rénale et l’âge avancé augmentent le risque d’altération
postopératoire de la fonction rénale d’autant plus si
le temps d’ischémie chaude excède 30 minutes.
Résultats comparatifs
- NPL versus NP à ciel ouvert (NPO) :
Haber et Gill [10] ont comparé une série de 100 patients
ayant subi une NPL avec une deuxième série de 100
patients ayant subi une NPO. La NPL était associée à
un temps opératoire plus court (3h vs 3,9h pour la
NPO), à des pertes sanguines moindres (125 ml vs 250
ml), et à un temps moyen d’ischémie chaude plus long
(28 min vs 18 min). Le groupe ayant subi une
intervention laparoscopique a nécessité moins
d’analgésie post-opératoire, un séjour hospitalier plus
court et une convalescence plus rapide. Les
complications peropératoires étaient plus fréquentes
avec la NPL (5% vs 0%). Les complications
postopératoires et le devenir fonctionnel étaient
similaires dans les deux groupes. Trois patients dans le
groupe de la NPL avaient une marge chirurgicale
positive alors qu’il n’y avait aucun dans le groupe de
la NPO. Fergany [in 26] quant à lui présentait un taux
de récidives locales de 4% à 6 ans pour la NPO.
COMPLICATIONS DE LA NPL
Les complications de la NPL sont fréquentes, surtout
en début d’expérience [1]. Ces complications peuvent
être urologiques ou non urologiques, spécifiques ou
non à la NPL (tableau III).
Tableau III. Complications de la NPL
Haber et Gill
Wille et coll. Abukora et coll.
200 patients [10] 44 patients [11] 78 patients [24]
- Résultats selon la localisation tumorale :
* Les tumeurs de localisation centrale : 154 NPL pour
tumeurs centrales et 209 pour tumeurs périphériques
ont été réalisées par Gill et coll. [3, 10]. Les tumeurs
centrales étaient de plus grand diamètre (3,0 vs 2,4
cm pour les tumeurs périphériques) ayant nécessité
une NPL plus large (43g vs 22g). Le temps d’ischémie
chaude (33,5 min vs 30 min), le temps opératoire
(3,5h vs 3h) et le séjour hospitalier (2,8 vs 2,4 jours)
étaient plus longs. Plus de complications
postopératoires précoces ont été notées (6% vs 2%).
Les complications peropératoires et postopératoires
tardives, le devenir clinique et fonctionnel, et les
Complications
non spécifiques
La voie transpéritonéale est associée à un temps
opératoire, à une reprise du transit et à un séjour
hospitalier significativement plus longs [10, 15, 25].
Les pertes sanguines, moins importantes en cas d’abord
rétropéritonéal pour certains auteurs [15], sont pour
d’autres [19, 26] comparables dans les deux voies
d’abord, de même que les complications périopératoires,
les résultats fonctionnels postopératoires, et les résultats
oncologiques.
Urologiques
18%
14%
11,5%
Non urologiques
15%
2%
18%
Total
33%
16%
29,5%
Complications
Spécifiques à la NPL
- Voie transpéritonéale versus la voie rétropéritonéale :
Hémorragie
10,5%
9%
4%
Fuites d’urines
4,5%
5%
6%
Insuffisance
rénale
0,5%
-
-
Complications non spécifiques [16]
Il s’agit de complications générales inhérentes à toute
chirurgie laparoscopique
- Complications médicales :
* L’embolie gazeuse : souvent due à l’insufflation intravasculaire accidentelle du CO2 par l’aiguille de
Palmer, mais aussi lors de la section d’une grosse
veine avec des pressions intra-cavitaires élevées (>
12 mmHg) par défaut de réglage des pressions ou
-13-
J Maroc Urol 2007 ; 7 : 6-16
grêle), les organes pleins (foie, rate, rein) ou l’arbre
urinaire (uretère, vessie). Elles peuvent être secondaires
à une section directe ou un traumatisme par un
écarteur ou le plus souvent à un traumatisme
électrique. Quand elles sont méconnues, la
symptomatologie est souvent atypique. Une douleur
élective située sur un orifice d’un trocart, une diarrhée
et un météorisme doivent évoquer le diagnostic, le
tableau classique d’une péritonite est plus rare. Les
plaies coliques sont de plus mauvais pronostic.
par une curarisation insuffisante. Le diagnostic repose
sur la capnographie, l’auscultation cardiaque (bruit
de rouet). Une désaturation et une hypotension
artérielle surviennent rapidement. Le traitement repose
sur l’exsufflation immédiate et l’arrêt d’insufflation,
la mise en position du patient en décubitus latéral
gauche tête en bas prononcée et tentative d’aspiration
de la bulle de gaz par le cathéter de voie veineuse
centrale s’il a été mis en place.
* Les perturbations métaboliques :
• L’hypoxie : est due essentiellement à la diminution
du jeu diaphragmatique par le pneumopéritoine.
L’adaptation du respirateur est suffisante pour palier
à ce problème.
Complications post-opératoires de la laparoscopie
* La douleur scapulaire : plus fréquente avec la voie
transpéritonéale. Elle est due à l’irritation du péritoine
des coupoles diaphragmatiques par le CO2. Une
exsufflation la plus complète possible permettrait de
l’éviter.
• L’hypercapnie : est secondaire à la réabsorption du
CO2 par le système vasculaire en raison du gradient
de pression ainsi que le stockage de ce gaz par les
tissus. La prévention et le traitement reposent sur la
surveillance continue de la capnographie. En cas
d’hypercapnie, il faut accompagner l’augmentation
de fréquence respiratoire d’une exsufflation
temporaire.
* Les éventrations sur site de trocart sont rares. La
prévention repose sur la fermeture des orifices de
trocarts.
* Les adhérences post-opératoires : sont plus rares
après laparoscopie qu’en laparotomie.
* Le risque thrombo-embolique : la réduction
considérable du flux du retour veineux des membres
inférieurs par la compression liée au pneumopéritoine
ainsi que par la position de trendlembourg constituent
un facteur de risque thrombo-embolique. Il n’y a pas
de consensus sur les mesures prophylactiques à
prendre au cours de la chirurgie laparoscopique.
Mais la plupart des auteurs recommandent la
prévention thrombo-embolique par héparine de bas
poids moléculaire prolongée plusieurs jours après
la sortie.
* Les étirements neurovasculaires par mauvaise
installation du patient.
Complications oncologiques
L’implantation néoplasique sur les orifices de trocarts
a été rapportée par de nombreux auteurs. Une étude
exhaustive de la littérature faite par Pearlstone [16, 29]
a conclu à ce que cet événement reste rare, et n’est
pas plus fréquent que les métastases pariétales après
laparotomie, et que ce phénomène est plutôt associé
aux conditions tumorales qu’aux conditions techniques.
* Autres complications : un emphysème sous-cutané,
un pneumoscrotum, un pneumothorax et un
pneumomédiastin sont rapportés.
Complications spécifiques à la NPL
* Plaies vasculaires : fréquentes en début d’expérience,
et responsables d’un pourcentage important de
conversions. Si les plaies artérielles sont souvent
évidentes en peropératoire, une manifestation tardive
sous forme de pseudoanévrysme de l’artère rénale
est plus rare. Les plaies veineuses peuvent ne se
manifester que tardivement après exsufflation à cause
de la contre-pression qu’exerce le pneumopéritoine
sur la paroi des veines. D’où l’intérêt de faire une
révision systématique à pression basse (après
exsufflation). La conduite immédiate en cas de plaie
vasculaire est d’essayer de pincer le vaisseau laisé,
puis essayer de le réparer par suture ou clips, sinon
la conversion en laparotomie reste une attitude logique.
Les pseudoanévrysmes de l’artère rénale sont souvent
traités par embolisation sélective.
* L’hémorragie de la tranche de section : peut se voir
aussi bien en peropératoire qu’en postopératoire
précoce ou tardif. Le clampage de la veine rénale
quand le contrôle sélectif de l’artère rénale est
initialement utilisé peut aider au contrôle du
saignement. Un saignement important en
postopératoire précoce par un drain laissé dans la
loge rénale peut inciter une réexploration
laparoscopique ou par voie ouverte. Une hématurie
ou une diminution continue de l’hématocrite doit
faire suspecter un pseudoanévrysme de l’artère rénale
et faire une exploration angiographique. Une
embolisation sélective peut être envisagée en cas de
confirmation de cette complication. La conversion à
la voie ouverte en cas d’impossibilité de contrôle du
saignement reste une attitude logique dans tous les
cas. La néphrectomie d’hémostase est une issue
actuellement rare.
* Plaies viscérales : peuvent se voir avec toutes les voies
d’abord, et peuvent intéresser l’intestin (le gros ou le
* Les fuites d’urine : peuvent se voir en postopératoire
précoce ou se manifester tardivement par une fistule
Complications techniques
-14-
La néphrectomie partielle laparoscopique
J.E. EL AMMARI et coll.
consecutive patients : the Cornel experience. BJU Int
2005 ; 96 : 811-4.
urinaire. Elles sont l’expression d’un défaut
d’étanchéité de la voie excrétrice supérieure. La mise
en place en peropératoire d’une sonde urétérale
externe avec injection de colorant permet de repérer
et traiter les solutions de continuité de l’arbre urinaire.
En cas de doute ou de fuites évidentes en
postopératoire, la mise en place d’une prothèse
endourétérale « double J » permet de les prévenir et
les traiter dans la grande majorité des cas.
Haber et Gill [10] ont comparé deux groupes de
patients ayant subi une NPL ; le premier (68 patients)
sans usage du Floseal, et le deuxième (63 patients)
avec usage du Floseal. Les auteurs ont rapporté la
diminution du taux général de complications de
36,8% chez le premier groupe à 16% chez le
deuxième groupe, avec notamment une chute du
taux des complications hémorragiques à 3,2% versus
11,8% chez le premier groupe et celui des fuites
d’urines à 1,5% versus 5,9% chez le groupe sans
Floseal.
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La néphrectomie partielle laparoscopique est une
technique émergente qui a prouvé sa faisabilité, son
efficacité et sa faible morbidité. La maîtrise de la
technique chirurgicale conditionnée par une courbe
d’apprentissage suffisamment longue est nécessaire
pour l’obtention de résultats acceptables. Aussi L’usage
d’outils techniques récents et adaptés contribuent à la
consolidation des bon résultats de la NPL et à élargir
davantage son champ d’indications.
2.
7.
11. Wille AH, Tüllmann M, Roigas J, Loening SA, Deger S.
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* L’insuffisance rénale : se voit surtout en cas de rein
unique fonctionnel ou anatomique. Elle peut être due
à une lésion de la paroi artérielle lors du clampage
pédiculaire (décollement d’une plaque
d’athérosclérose, lésion intimale..), à une perte
parenchymateuse importante, à une nécrose tubulaire
secondaire, ou à une durée d’ischémie chaude
excessive. Cette durée, initialement limitée à 30
minutes par la plupart des auteurs, est actuellement
débattue [1, 21].
1.
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