E11-TD 01 - La notion de modèle en communication
Texte 1
Le meilleur transmetteur est […] celui qui code le message de sorte que le signal ait précisément les caractéristiques
statistiques optimales qui soient le mieux adaptées au canal à utiliser, ce qui en fait maximalise l’entropie du signal (ou du
canal pourrait-on dire) et rend ce dernier égal à la capacité du canal. Shannon et Weaver (1949 :108)
Texte 2
« C’est une bien pauvre science, disait Lord Kelvin, celle qui n’est pas capable de s’exprimer dans des mesures » ; s’il est
abusif de vouloir réduire toute science à une mesure, car le but de la science est de comprendre, et la mesure n’aide pas
toujours à comprendre, il est bien certain que la proposition faite par Shannon de mesurer l’information a été essentielle.
Même si cette « information » ne coïncide avec le processus de communication que dans des conditions bien définies, bien
particulières, finalement assez étroites, et qui ont dues être fortement revues et étendues depuis, la Science de la
communication n’a pu se proclamer, s’ériger en discipline autonome qu’à partir du moment où Shannon a proposé cette
mesure de ce qui se trouvait « transporté » de l’émetteur jusqu'au récepteur, qu’il a appelée précisément information,
mesure à caractère statistique, indépendante de la communication particulière qu’elle considérait, mais par contre
dépendante des probabilités d’utilisation des signes dans le « comportement » global du récepteur, qu’il soit homme ou
machine. […]
Ce qui, chez Leibniz avait été une proposition philosophique était devenu, entre les mains de ce jeune ingénieur des
télégraphes, une véritable grandeur mesurant ce qu’on appelle maintenant le « message », à savoir l’objet matériel qui est
transmis de l’émetteur au récepteur.
Ainsi Shannon, sans le marquer explicitement, se trouvait reprendre une tradition antérieure de la philosophie scientifique,
celle du refus provisoire de la signification, du fond au profit de la forme, du contenu au profit du message, du médium au
profit du canal. Il faisait triompher une démarche méthodologique importante : le refus de la spécificité d’un message au
profit exclusif de ses caractéristiques physiques observables, et, en cela, mettait au point, par une série d’élargissements
successifs, un modèle de communication partant de l’échange de signes parfaitement définis dpus u point jusqu’à un autre
(comme le courant électrique dans une ligne télégraphique en fournit un exemple parfait), pour s’élargir progressivement
à la théorie du transfert de formes globales : la musique, la parole, l’image, d’un lieu ou d’un temps à un autre.
A. A. Moles, « Préface à la Théorie mathématique de la communication, de W. Weaver et C. Shannon, Retz-CEPL, Paris, 1975.
E11-TD 01 - La notion de modèle en communication
Texte 1
Le meilleur transmetteur est […] celui qui code le message de sorte que le signal ait précisément les caractéristiques
statistiques optimales qui soient le mieux adaptées au canal à utiliser, ce qui en fait maximalise l’entropie du signal (ou du
canal pourrait-on dire) et rend ce dernier égal à la capacité du canal. Shannon et Weaver (1949 :108)
Texte 2
« C’est une bien pauvre science, disait Lord Kelvin, celle qui n’est pas capable de s’exprimer dans des mesures » ; s’il est
abusif de vouloir réduire toute science à une mesure, car le but de la science est de comprendre, et la mesure n’aide pas
toujours à comprendre, il est bien certain que la proposition faite par Shannon de mesurer l’information a été essentielle.
Même si cette « information » ne coïncide avec le processus de communication que dans des conditions bien définies, bien
particulières, finalement assez étroites, et qui ont dues être fortement revues et étendues depuis, la Science de la
communication n’a pu se proclamer, s’ériger en discipline autonome qu’à partir du moment où Shannon a proposé cette
mesure de ce qui se trouvait « transporté » de l’émetteur jusqu'au récepteur, qu’il a appelée précisément information,
mesure à caractère statistique, indépendante de la communication particulière qu’elle considérait, mais par contre
dépendante des probabilités d’utilisation des signes dans le « comportement » global du récepteur, qu’il soit homme ou
machine. […]
Ce qui, chez Leibniz avait été une proposition philosophique était devenu, entre les mains de ce jeune ingénieur des
télégraphes, une véritable grandeur mesurant ce qu’on appelle maintenant le « message », à savoir l’objet matériel qui est
transmis de l’émetteur au récepteur.
Ainsi Shannon, sans le marquer explicitement, se trouvait reprendre une tradition antérieure de la philosophie scientifique,
celle du refus provisoire de la signification, du fond au profit de la forme, du contenu au profit du message, du médium au
profit du canal. Il faisait triompher une démarche méthodologique importante : le refus de la spécificité d’un message au
profit exclusif de ses caractéristiques physiques observables, et, en cela, mettait au point, par une série d’élargissements
successifs, un modèle de communication partant de l’échange de signes parfaitement définis dpus u point jusqu’à un autre
(comme le courant électrique dans une ligne télégraphique en fournit un exemple parfait), pour s’élargir progressivement
à la théorie du transfert de formes globales : la musique, la parole, l’image, d’un lieu ou d’un temps à un autre.
A. A. Moles, « Préface à la Théorie mathématique de la communication, de W. Weaver et C. Shannon, Retz-CEPL, Paris, 1975.