Modèles de communication François Guillemette, professeur titulaire, Département des sciences de l’éducation Céline Leblanc, conseillère pédagogique, Bureau de pédagogie et de formation à distance Katia Renaud, auxiliaire de recherche, Département des sciences de l’éducation 2017 Enseignement Efficace-liens avec les théories de l’apprentissage de F. Guillemette, C. Leblanc & K. Renaud est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Les modèles de la communication : du télégraphe à l’orchestre Le modèle « télégraphique » de Shannon & Weaver Shannon (ingénieur à la Bell) et Weaver (mathématicien, considéré comme le père de la cybernétique) ont, les premiers, théorisé les phénomènes de communication, il y a plus de cinquante ans. Shannon avait travaillé sur la transmission du signal électrique sur les lignes téléphoniques. Weaver s’appliqua à élargir cette théorie à la communication humaine. Le modèle « télégraphique » se focalise sur le circuit d’encodage et les mécanismes de transfert de l’information. Il met l’accent sur les perturbations possibles (bruits). Malgré sa popularité, il comporte une illusion fondamentale : il suffirait d’émettre correctement un message pour être compris d’un récepteur. Simple question de codage bien ajusté et de minimisation des « bruits ». Ce schéma, trop linéaire, suppose la passivité du récepteur, assimilé à une sorte de cible et l’information à un projectile, dont on optimise la trajectoire Le modèle « orchestral » et l’approche systémique Une autre conception est née avec le courant de « la nouvelle communication». Elle est fondée sur l’idée que la communication est un processus complexe dans lequel les individus sont plongés en permanence. « En permanence » réflète le principe : « On ne peut pas ne pas communiquer ». Pratiquement contemporaine de Shannon, l’École de Palo Alto, en Californie, réunit, autour de l’anthropologue Gregory Bateson, des psychiatres comme Paul Watzlawick. Un modèle « orchestral» de la communication interpersonnelle est issu de ce courant : nous participons tous à un «orchestre invisible», sans chef, dans lequel chacun joue en s’accordant sur l’autre. La partition collective que nous jouons dépend de la culture du groupe auquel nous appartenons, avec ses normes, ses rituels, ses règles, qui nous rendent «prévisibles» pour autrui. Notre communication dans cet orchestre passe par des canaux multiples : la voix, les regards, les gestes, les silences, l’apparence et les postures de notre corps, l’utilisation que nous faisons de l’espace et notre relation au temps, etc. L’ensemble de ces signes nous aide à construire, dans l’échange, un sens commun. Quelques notes sur « Soutenir la communication » : Poser des questions, demander des commentaires, valoriser les interventions des étudiants Laisser du temps pour réfléchir seul avant de partager, Laisser le temps de répondre, Tolérer le silence, Laisser la liberté à chacun Comment passer d’un modèle télégraphique à l’autre? - Adopter la pédagogie active - Faire peu d’exposés et les faire toujours dans la troisième phase - Faire des exposés de maximum 15 minutes - Faire des exposés efficaces (nous allons le voir) - Prise de notes efficaces (fournir les notes pour la rétention, faire prendre des notes sur la compréhension (modèle orchestral) - Ne jamais viser la rétention (ni dans l’exposé, ni dans l’alignement constructif) - Inclure des stratégies de participation active dans les exposés. - Adopter la « vraie » pédagogie inversée (Cycle de Kolb, enseignement explicite)