Les modèles de la communication : du télégraphe à l’orchestre
Le modèle « télégraphique » de Shannon & Weaver
Shannon (ingénieur à la Bell) et Weaver (mathématicien, considéré comme le père de la cybernétique) ont, les
premiers, théorisé les phénomènes de communication, il y a plus de cinquante ans. Shannon avait travaillé sur la
transmission du signal électrique sur les lignes téléphoniques. Weaver s’appliqua à élargir cette théorie à la
communication humaine.
Le modèle « télégraphique » se focalise sur le circuit d’encodage et les mécanismes de transfert de
l’information. Il met l’accent sur les perturbations possibles (bruits). Malgré sa popularité, il comporte une illusion
fondamentale : il suffirait d’émettre correctement un message pour être compris d’un récepteur. Simple question
de codage bien ajusté et de minimisation des « bruits ».
Ce schéma, trop linéaire, suppose la passivité du récepteur, assimilé à une sorte de cible et l’information à
un projectile, dont on optimise la trajectoire
Le modèle « orchestral » et l’approche systémique
Une autre conception est née avec le courant de « la nouvelle communication». Elle est fondée sur l’idée que la
communication est un processus complexe dans lequel les individus sont plongés en permanence. « En
permanence » réflète le principe : « On ne peut pas ne pas communiquer ».
Pratiquement contemporaine de Shannon, l’École de Palo Alto, en Californie, réunit, autour de l’anthropologue
Gregory Bateson, des psychiatres comme Paul Watzlawick. Un modèle « orchestral» de la communication
interpersonnelle est issu de ce courant : nous participons tous à un «orchestre invisible», sans chef, dans lequel
chacun joue en s’accordant sur l’autre.
La partition collective que nous jouons dépend de la culture du groupe auquel nous appartenons, avec ses
normes, ses rituels, ses règles, qui nous rendent «prévisibles» pour autrui. Notre communication dans cet orchestre
passe par des canaux multiples : la voix, les regards, les gestes, les silences, l’apparence et les postures de notre
corps, l’utilisation que nous faisons de l’espace et notre relation au temps, etc. L’ensemble de ces signes nous aide
à construire, dans l’échange, un sens commun.