Comment travailler les compétences dans le manuel ? Les programmes prévoient que chaque discipline contribue à la mise en œuvre du Socle commun. Des compétences relatives à l’histoire et à la géographie sont pointées et décrites en préambule des repères de progressivité par niveau. Nous avons souhaité favoriser un traitement systématique de ces compétences dans chacun des chapitres. Nous avons réservé une place de choix au travail des deux premières compétences de l’historien et du géographe : se repérer dans le temps et dans l’espace. Chaque chapitre est introduit par une ou deux doubles-pages qui visent à construire des repères historiques et géographiques dans le même mouvement. Les élèves pourront donc comprendre le contexte dans lequel les études s’inscrivent, avant de les aborder précisément. Ensuite, nous avons placé les compétences au cœur des questionnaires de chaque étude. Ainsi, dans le bandeau inférieur de la double-page, les questions sont réparties de gauche à droite, en trois ou quatre compétences hiérarchisées. Il s’agit d’une montée progressive en complexité. À titre d’exemple, nous pourrons d’abord trouver des questions qui permettent de situer le phénomène travaillé, puis d’autres qui viseront à analyser et comprendre des documents avant de conclure par une question complexe qui met en œuvre la compétence raisonner. Dans ces bandeaux, nous avons également souhaité donner une place à des compétences transversales relevant notamment de la maitrise de la langue. Les pages Apprendre ont vocation à mobiliser la compétence pratiquer différents langages. La trace écrite traditionnelle jouxte une carte mentale. Ces deux outils permettent une approche différenciée de l’effort de synthèse et de mémorisation des connaissances. Enfin, des exercices concluent les chapitres. Ils correspondent aux pages S’entrainer. Chacun permet de travailler une compétence spécifique. Nous avons souhaité accompagner les élèves dans l’appropriation des compé‑ tences de l’historien et du géographe. Le travail régulier de l’année leur offre ainsi la possibilité d’une construction progressive. 4 9782210106178_001-128_LDP4.indb 4 Les auteurs © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Co m Géographie Histoire es nc s te pé itre ap Ch Se repérer dans le temps : construire des repères historiques Raisonner, Se repérer justifier dans l'espace : une construire démarche des repères et les choix géographiques effectués Pratiquer différents S'informer Coopérer langages dans le et en histoire monde du mutualiser et en numérique géographie Analyser et comprendre un document p. 22, 23, 24, 26, 28, 29, 34, 35 Chapitre 1 p. 18, 22, 24, 26 p. 21, 24, 26 p. 22, 27 p. 23, 25, 27, 29, 35 Chapitre 2 p. 38, 40, 42, 44 p. 42, 45 p. 41, 43, 44 p. 41, 43, 45, 51 p. 43 Chapitre 3 p. 55, 58, 60, 62, 66, 68, 71, 75 p.56-57, 58, 62, 68 p. 58, 62, p. 61, 63, 67, 69, 77 p. 59 Chapitre 4 p. 80, 86, 95 p. 82, 86 p. 85, 89, 91 p. 85, 87, 89, 95, 97 p. 84, 86, 88, 90, 91, 96, 97 p. 109, 111 p. 104, 109, 111, 113, 117, 119 p. 117 p. 104, 106107, 108, 110, 112, 117, 118, 119 p. 125, 127, 129, 135 p. 125, 129 p. 143 p. 102, 106 p. 40, 42, 49, 50, 51 p. 69 Chapitre 5 p. 100, 110 Chapitre 6 p. 122, 126, 133 Chapitre 7 p. 138, 140 p. 143, 145, 147 p. 141, 143, 145, 147, 153 Chapitre 8 p. 156, 158, 164 p. 159, 162 p. 159, 161, 163, 165, 171, 183 Chapitre 9 p. 176, 178, 183, 184-185, 190 p. 172, 179, 181 p. 177, 182, 189, 191 Chapitre 10 p. 198, 200-201, 205, 206 p. 205 p. 195, 197, 207 p. 194, 195, 196, 197, 198, 199, 207 Chapitre 11 p. 210, 212, 216-217 p. 213, 221 p. 215, 222, 223 p. 210, 211, 212, 214, 215, 223 Chapitre 12 p. 226, 228, 230, 232, 234-235 p. 249 p. 227, 231, 233, 241 Chapitre 13 p. 244, 246, 250251, 255 p. 245, 247, 255, 257 p. 244, 245, 246, 247, 248, 255, 256, 257 Chapitre 14 p. 260, 262, 264, 266, 268-269, 273 p. 267 p. 261, 263, 267, 273, 275 p. 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 273, 274, 275 Chapitre 15 p. 278, 280, 282, 284, 286-287, 291 p. 281, 283, 285 p. 279, 281, 283, 285, 291, 293 p. 227 p. 117 p. 58, 60, 63, 66, 68, 70, 75, 76, 77 p. 124, 126, 128, 133, 134, 135 p. 143 p. 140, 142, 144, 146, 151, 152, 153 p. 159, 165 p. 158, 160, 162, 163, 164, 169, 170, 171 p. 179, 181 p. 173, 176177, 178, 180, 182, 183, 189, 190, 191 p. 229 p. 265 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 5 p. 226, 228, 230, 233, 239, 240, 241 p. 278, 280, 282, 284, 291, 292, 293 5 19/07/2016 18:24 HISTOIRE Benjamin Stora Interview lienmini.fr/hgemc4-002 pages 14-15 du manuel R É P O NS E S A U X Q U E S T I O N S 1 Le siècle des Lumières a modifié la façon de penser des Européens par la culture et la raison et fait naitre la Révolution française, la notion de laïcité avec la séparation de l’Église et de l’État. 2 Le monde des lumières et la Révolution ont mis fin à la monarchie absolue et introduit la République. 3 La révolution industrielle c’est l’exode rural et le début du monde urbain. 4 Le développement des moyens de communication, et en particulier le chemin de fer, a permis de nouvelles relations au monde, de grandes vagues de migrations, une nouvelle économie et la réduction des inégalités. Découvrez une autre interview dans la partie Histoire : • Côme Fabre, conservateur au musée du Louvre (chapitre 3, p. 65). Interview lienmini.fr/hgemc4-012 • Les questions sur ces interviews sont téléchargeables au format PDF au lien suivant : EXOS lienmini.fr/hgemc4-033 Retrouvez-les aussi à la fin de ce livre du professeur. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 7 7 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 1 – HISTOIRE L’expansion européenne au XVIIIe siècle p. 16 à 35 La mise en œuvre du programme Thème 1 : Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions L’étude des échanges liés au développement de l’économie de plantation dans les colonies amène à interroger l’enri‑ chissement de la façade atlantique, le développement de la traite atlantique en lien avec les traites négrières en Afrique et l’essor de l’esclavage dans les colonies. Le chapitre 1 répond à la notion d’expansion autour de laquelle est articulé le premier thème du programme « Bour‑ geoisies marchandes, négoces internationaux, traites né‑ grières et esclavage au XVIIIe siècle ». L’utilisation du pluriel souligne la polysémie du terme. L’expansion européenne au XVIIIe siècle est avant tout commerciale : dans le nouveau système économique qui se met alors en place, les marchands deviennent les maitres d’œuvre de la croissance économique en s’enrichissant grâce au contrôle des profits de la production (agricole en particulier). ▶▶ La première étude « Être marchand à Londres » (p. 22- ▶▶ Comme le suggère le programme, le chapitre est centré 29) étudie l’expansion politique qui se déroule dans un contexte de rivalités politiques en Europe et hors d’Europe pour la conquête et le contrôle des colonies. Elle bénéficie tout particulièrement aux grandes puissances maritimes (Angleterre, France, Espagne) et à la bourgeoisie marchande de leurs façades atlantiques. sur l’espace atlantique (carte p. 20-21) afin de mettre en perspective les problématiques de la traite et de l’escla‑ vage avec celle de l’expansion européenne, deux faces opposées d’un XVIIIe siècle ambigu, à l’image des portraits alors en vogue, dans lesquels les riches Européens posent en compagnie de leurs « négrillons » (p. 16-17). 23) montre que l’Europe marchande s’ouvre au monde sous l’impulsion du risqué mais fructueux négoce maritime. ▶▶ La deuxième étude « L’Afrique, terre d’esclaves » (p. 24- 25) démontre que l’expansion européenne est insépa‑ rable de l’intensification des flux d’esclaves organisés entre l’Afrique et les Amériques où les esclaves sont indispensables à l’économie de plantation. La traite négrière vide dramati‑ quement l’Afrique de millions d’hommes. ▶▶ La troisième étude « Une plantation à Saint-­ Domingue » (p. 26-27) démontre que l’expansion euro‑ péenne est agricole. Tandis que les exportations vers les colonies stimulent l’agriculture européenne, une économie de plantation s’organise au sein des vastes espaces du conti‑ nent américain, dans les Antilles en particulier, où débute le règne du « roi sucre » grâce au travail des esclaves africains. ▶▶ La quatrième étude « Le port de Bordeaux » (p. 28- Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages généraux • Mauro F., L’expansion européenne (1600-1870), © Éditions PUF, 1964. L’ouvrage propose une approche thématique de l’expansion européenne. Il est axé sur les aspects économiques pour la période de l’essor du capitalisme mercantile au XVIIIe siècle. À lire en particulier, le chapitre « L’expansion commerciale ». • Lebrun F., L’Europe et le monde (XVIe-XVIIIe siècle), © Éditions Armand Colin, 2002. Un ouvrage qui donne la trame événementielle de base et permet de placer l’étude du XVIIIe siècle dans le temps long d’une hégémonie européenne sur le monde qui débute avec les grandes découvertes du XVIe siècle. Deux chapitres à lire en particulier : « La croissance économique en Europe au XVIIIe siècle » et « Les problèmes coloniaux au XVIIIe siècle ». • Muchembled R. (dir.), Le XVIIIe siècle (1715-1815), © Éditions Bréal, 1994. Un manuel de référence sur le XVIIIe siècle. Lire en particulier le chapitre « L’essor européen » par Didier Terrier. 8 9782210106178_001-128_LDP4.indb 8 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 ▶▶Ouvrages spécialisés La France • Chaline O., La France au XVIIIe siècle (1715-1787), © Éditions Belin, 2004. Lire en particulier les chapitres « La France saisie par la croissance » et « La France dans le monde ». • Asselain J.-C., Histoire économique de la France du XVIIIe siècle à vos jours, vol. 1, © Éditions Seuil, 1984. La première partie, « Le premier élan de la croissance au XVIIIe siècle », apporte d’utiles références chiffrées. La traite et l’esclavage : • Pétré-Grenouilleau O., « Les Traites négrières », La Documentation photographique n° 8032, © Éditions La Documentation française, 2003. Une partie « Le point sur » pour une courte synthèse de la question et de nombreux documents analysés dans la seconde partie. • Pétré-Grenouilleau O., Les Traites négrières, © Éditions Gallimard, 2004. L’ouvrage de référence, très complet. • Dorigny M., Atlas des premières colonisations, et, avec Gainot B., Atlas des esclavages, © Éditions Autrement, 2013. Une approche cartographique précieuse avec de nombreuses études de cas. Clair, rapide à consulter et très utile. ▶▶Sites internet • h ttp://exposvirtuelles.charente-maritime.fr/fr/ expositions/la-traite-negriere-rochelaise-au-xviiiesiecle Site du département de la Charente-Maritime, « La traite négrière rochelaise au XVIIIe siècle », Les expositions virtuelles, mise en ligne en 2013. Une infographie très complète, riche de nombreux documents organisés en chapitres thématiques, sur la traite négrière au XVIIIe siècle à partir de La Rochelle. Une source possible pour un travail d’élèves (exposés, étude de cas…). • http://memorial.nantes.fr/ Site de la ville de Nantes, Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Onglet « esclavage et lutte pour la liberté ». Des chiffres utiles. ▶▶À destination des élèves • Une revue : Textes et documents pour la classe (TDC), Afrique, esclavage et traite, n° 1036, 2012. Disponible en CDI et par le réseau Canopé. • Un site Internet : www.chateaunantes.fr/fr/traitenegriere-atlantique Ville de Nantes, Château des ducs de Bretagne/Musée d’Histoire de Nantes, dossier Traite négrière atlantique. Onglets : Le musée / Les grandes thématiques / « Traite négrière atlantique » : sept thèmes composés d’un texte court et d’un document central. Les corrigés des questions et des exercices Ouverture p. 16-17 Une étude minutieuse du Portrait de Madame du Barry à sa toilette peut porter sur deux éléments qui éclairent le thème de l’expansion européenne. Le domestique Zamor (1762 ?-1820). L’histoire du page présent sur cette œuvre témoigne du regard que portent les Européens du XVIIIe siècle sur les peuples non européens. Capturé en Inde par des marchands d’esclaves anglais, le jeune Zamor passe par Madagascar où il est revendu. Il est acheté par Louis XV et devient le « négrillon » de la comtesse du Barry, c’est-à-dire son domestique déguisé en africain selon la mode alors en vigueur dans les milieux très aisés. Édu‑ qué et christianisé malgré sa condition d’esclave, il découvre la philosophie de Rousseau et prend part à la Révolution de 1789, participant aux réunions du Club des Jacobins. La tasse de café. Originaire d’Éthiopie, le café est diffusé au XVe siècle dans le monde arabe. Les Européens le découvrent à partir du XVIe siècle à Istanbul. C’est très progressivement, au cours du XVIIe siècle, que la boisson commence à être consommée en Europe. Elle est alors réservée aux élites, qui apprennent à la préparer, à l’accommoder par l’ajout de sucre et de lait, et découvrent les ustensiles pour sa préparation et son service. La consommation de boissons exotiques (café, thé, chocolat) se généralise véritablement au XVIIIe siècle. Comme sur cette œuvre, elles sont servies dans de précieuses porcelaines comme celles de la manufacture royale de Sèvres à partir de 1756, créée pour concurrencer les porcelaines d’Orient (Chine, Japon) et d’Europe du Nord (Saxe, Hollande). La tasse est posée sur un cabaret, petit plateau, qui donnera par extension son nom à un lieu où l’on consomme des boissons. Se repérer dans le temps Q Le Code noir attribue aux esclaves un statut d’exception : alors que la France interdit l’esclavage sur son sol, il permet de vendre et d’acheter des esclaves qui ne sont pas considérés comme des personnes mais comme des biens meubles. W Les grandes puissances européennes, comme le Royaume-Uni et la France, se tournent vers les autres continents, Amérique et Asie en particulier, pour étendre leur domination. E En 1768, la suppression des taxes sur le commerce des esclaves en France a pour conséquence l’augmentation rapide du nombre d’esclaves dans les colonies françaises des Antilles. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 9 p. 18-19 9 19/07/2016 18:24 Se repérer dans l’espace p. 20-21 Q En Afrique, l’implantation européenne est très réduite. Elle se limite à quelques zones du littoral : le débouché de grands fleuves comme le Zambèze et des forts côtiers. En Amérique au contraire, l’implantation européenne est importante. Les grandes puissances européennes se partagent de vastes territoires dont ils exploitent les richesses agricoles et minières. Là aussi cependant, l’intérieur des terres échappe au contrôle européen. W Les colonies françaises sont situées dans les iles des Antilles : une partie de Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe. La France possède également la Guyane en Amérique du Sud. Étude Être marchand à Londres p. 22-23 Je situe Q Les Anglais importent du coton d’Asie et d’Amérique. W La richesse se concentre dans le quartier proche de la bourse. On y trouve les boutiques des marchands les plus riches de Londres. J’extrais des informations E Les Anglais consomment une partie des produits colo‑ niaux mais surtout ils les revendent, en particulier dans le reste de l’Europe, et ainsi s’enrichissent. R Les verres à la main des marchands, le personnage attablé, les tables couvertes de nappes montrent que l’action se passe dans une auberge – appelée alors coffe-house à Londres. Je réalise une production T Londres, le port fluvial 4 3 2 5 1 6 1. La Tamise / 2. Londres / 3. Navires en construction / 4. Navires de haute mer / 5. Chargement/déchargement / 6. Navires fluviaux Y Les marchands de Londres sont des acteurs essentiels de la prospérité de Londres au XVIIIe siècle. Ils gèrent leurs affaires dans les nombreuses coffee-houses de la ville ou dans des clubs privés pour les plus importants. Les principales boutiques sont installées dans le riche 10 9782210106178_001-128_LDP4.indb 10 quartier de la bourse. C’est là qu’ils concluent leurs tran‑ sactions et négocient avec les financiers et les banquiers. Les marchands londoniens importent des produits du monde entier et s’enrichissent en les revendant dans toute l’Europe. Ce commerce se fait grâce aux nombreux navires qui remontent la Tamise jusqu’au port de Londres. eil Cons et b r ev Analyser un document Exemple de réponse : Londres est un port fluvial par lequel les Anglais commercent avec le monde entier. Ils importent des marchandises en provenance des colo‑ nies d’Asie et d’Amérique, essentiellement des produits agricoles (café, coton, thé, sucre, épices) et miniers (or, argent, diamants). Ils achètent aux autres pays d’Europe des produits fabriqués et agricoles. Ils exportent par la Tamise les produits anglais fabriqués et agricoles mais ils revendent aussi une grande partie des produits coloniaux qu’ils importent. Étude Le port de Bordeaux p. 24-25 Je situe Q Au départ de Bordeaux, les marchandises proviennent majoritairement de l’Aquitaine, la région de Bordeaux. Bordeaux revend également des produits venus de toute l’Europe, comme d’Irlande ou de Hollande. Au retour, les marchandises arrivent de Saint-Domingue, une ile des Antilles. W Depuis 1716, les marchands devaient payer une taxe pour le commerce des esclaves : 20 livres par esclave vendu. À partir de 1768, la taxe est supprimée ce qui augmente les bénéfices des marchands et encourage le développement de ce commerce. J’extrais des informations E Le document 1 apporte un élément d’explication à la présence de navires hollandais que l’on observe sur le document 4. Les marchands bordelais achètent des pro‑ duits hollandais comme le poisson séché (doc. 1). Ils le transportent et le revendent dans les Antilles. Les navires hollandais (doc. 4) repartent chargés de marchandises bordelaises : produits agricoles de la région de Bordeaux et produits antillais, de Saint-Domingue en particulier. R Tandis que Jean-Élie Gautier gère la société depuis Bor‑ deaux, son frère Pierre-Antoine est envoyé sur l’ile de Saint-Domingue. Il est ainsi en contact direct, pour mieux négocier, avec les planteurs qui lui achètent des esclaves et lui vendent les produits agricoles comme le sucre ou le café que les frères Gautier revendent dans toute l’Europe. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Je rédige T La réussite sociale de Jean-Élie Gautier s’exprime par les alliances familiales successives qui l’introduisent pro‑ gressivement dans le monde des très grandes familles de négociants bordelais comme les Laffon de Ladébat. Lui-même, par ses activités dans le commerce avec les Antilles, amasse une immense fortune. Son anoblisse‑ ment par le roi couronne une réussite exceptionnelle. e r is e d M a it n g u e la la Je rédige • Les alliances – Nicolas Sageran : en épousant sa fille et en s’associant avec lui dès ses débuts, il quitte vite le statut de petit négociant pour devenir important. – La famille Laffon de Ladébat : en épousant une fille de cette riche famille, il entre dans le cercle des très riches négociants. Il bénéficie d’appuis solides. – Son frère Pierre-Antoine : par cette alliance familiale, il s’assure un appui fiable et peut dédoubler ses activités entre Bordeaux et Saint-Domingue où il envoie son frère. • Les lieux – L’Europe : Bordeaux est sa ville. Il y fait ses débuts comme modeste négociant. Progressivement, il déve‑ loppe son commerce en exportant les produits d’Aqui‑ taine et d’Europe. – L’Amérique : la réussite de Jean-Élie Gautier repose sur le commerce avec les Antilles, en particulier Saint-Do‑ mingue. Il y exporte les produits européens et importe les produits coloniaux comme le sucre, revendus à prix d’or dans toute l’Europe. – L’Afrique : à partir de 1785, Jean-Élie Gautier diversifie ses activités en se lançant dans la traite négrière. Depuis la décision du roi de supprimer les taxes en 1768, ce commerce est devenu plus rentable. • Les activités – Le commerce : la base des activités de Jean-Élie Gau‑ tier est constituée par l’exportation de produits euro‑ péens, surtout bordelais, et l’importation de produits coloniaux en provenance des Antilles, essentiellement Saint-Domingue. – Les activités financières : grâce à l’argent accumulé, il peut pratiquer « l’assurance maritime » qui garantit la cargaison de navires contre les risques. En cas de succès, il encaisse une partie des bénéfices. C’est une activité très risquée, car les navires coulent fréquemment, comme c’est le cas pour le Comte de Vergennes (doc. 1), mais aussi très lucrative. – La traite négrière : même si elle constitue une part réduite de ses activités, la traite négrière permet à Jean-Élie Gautier de diversifier ses activités, de répondre à la demande des planteurs de Saint-Domingue et donc de s’enrichir comme en 1789 où l’un de ses navires débarque 580 Noirs à Saint-Domingue. Étude L’Afrique, terre d’esclaves Je situe Q 6,5 millions d’esclaves africains font ce que les histo‑ riens nomment « le passage du milieu », la traversée de l’Atlantique. Mais 15 % environ des esclaves n’arrivent pas à destination, victimes des terribles conditions de la traversée. W Les forts européens sont construits sur le littoral atlan‑ tique. Sur la gravure, on aperçoit les navires négriers qui attendent leur cargaison d’esclaves. Sur la carte, on voit l’emplacement des principaux forts comme le fort britannique de Cape Coast. J’extrais des informations E Les esclaves sont acheminés soit dans des canots sur les fleuves et rivières, soit par des marches forcées sous le contrôle des marchands esclavagistes. Dans les deux cas les conditions sont très dures. R Les marchands européens pratiquent le troc en apportant d’Europe des marchandises qu’ils échangent contre les esclaves. Le document 2 montre des tonneaux et un marchand européen présentant une sorte de bouteille. Il s’agit probablement de vin ou d’alcool fort. La légende de la carte donne d’autres exemples : armes, tissus et métal. Je raisonne T L’Afrique a une tradition esclavagiste antérieure à l’arrivée des Européens. Aussi, lorsque les Européens offrent en échange d’esclaves de nombreux produits convoités par les Africains comme le métal ou les armes, des peuples africains comme les Fang (doc. 4) mettent en place toute une organisation esclavagiste pour alimenter la demande européenne. Sur la carte on voit que la zone de capture couvre un vaste espace à l’intérieur des terres où les Européens ne s’aventurent pas. Sur le document 2, on remarque que l’interlocuteur du marchand européen est un marchand noir. À l’inverse, 6,5 millions d’Africains sont victimes de ce système dans des conditions très dures (cf. la légende du document 2). Y La légende du document 2 précise que les esclaves sont examinés en vue du « travail auquel ils vont être condamnés ». La gravure du document 3 montre des navires européens sur l’Atlantique et le texte précise que les esclaves sont enfermés dans le fort dans l’attente d’être « entassés dans des navires négriers ». On peut © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 11 p. 26-27 11 19/07/2016 18:24 donc en déduire que les esclaves capturés traversent l’Atlantique pour aller travailler comme esclaves hors d’Afrique. L’Europe ayant pris possession de terres en Amérique depuis le XVIe siècle, ces esclaves sont desti‑ nés à servir de main-d’œuvre pour exploiter ces terres : agriculture, mines. e r is e d M a it n g u e la la Je définis un mot – La traite – lettre de change – Une traite – trajet sans étape – D’une traite – asservissement Étude Une plantation à Saint-Domingue p. 28-29 J’extrais des informations Q La culture de la canne à sucre occupe une place essen‑ tielle. Le document 1 décrit une plantation type dans laquelle la surface la plus importante est utilisée par les champs de canne à sucre. À l’arrière-plan du document 2, on voit les esclaves coupant la canne, et le moulin où le sucre est fabriqué. W Les deux documents montrent que les esclaves subissent le fouet. Le texte insiste sur la violence des coups portés jusqu’au « sang ». Le texte précise également qu’ils sont bâillonnés avec un « instrument de fer ». Ils ne peuvent ainsi ni crier quand ils sont fouettés ni boire quand ils travaillent durement dans les champs de canne à sucre. J’analyse E Le peintre met en valeur la richesse et la réussite du planteur en le représentant au premier plan, en grand et bien visible. Il porte une tenue entièrement blanche qui le valorise et qu’il n’a pas peur de salir puisqu’il ne travaille pas. La décoration symbolise sa réussite sociale et un bâton fait dans une tige de canne à sucre, la source de sa richesse. L’arrière-plan est sombre pour mieux souligner le contraste entre le propriétaire et ses esclaves : on les distingue à peine affairés dans un champ de canne à sucre et, plus loin, près du moulin où ils fabriquent le sucre. R 12 9782210106178_001-128_LDP4.indb 12 Je fais des hypothèses T Au cours du XVIIIe siècle, les esclaves noirs sont beaucoup plus nombreux à Saint-Domingue que les Européens blancs : en 1778, ils représentent 85 % de la population. Les planteurs font donc régner une discipline de fer pour non seulement obtenir le travail forcé des esclaves mais aussi éviter des révoltes dangereuses. L’auteur présente ainsi un « bon » esclave, prêt à obéir à son maitre et un « mauvais » esclave, peut-être refusant de travailler à son arrivée ou ayant cherché à fuir dans les montagnes, ce qui était très fréquent. Y Le navire permet de rappeler que Saint-Domingue est une ile et qu’elle a besoin des navires pour être reliée à l’extérieur. Ce navire est sans doute un navire négrier qui conduit de force, durant le XVIIIe siècle, des milliers d’esclaves d’Afrique vers les Antilles. Il peut aussi être une évocation des échanges entre Saint-Domingue et la France : l’ile y exporte ses productions comme le sucre et le cacao. e r is e d M a it n g u e la la J’identifie un champ lexical Les termes de la violence dans le document 4 : coups de fouet – déchire – musèle – comprime la bouche – cris – fouette – coups de fouet – gémissements – cruauté – fouet – attachés face contre terre – sans émotion – sang – ruisseler – longues lanières de peau – malheureux. Deux termes, par exemple, expriment le point de vue de l’auteur sur cette violence : « cruauté » témoigne de son rejet de la violence faite aux esclaves ; « malheureux » indique sa compassion. L’auteur dénonce l’esclavagisme et l’inhumanité. Apprendre p. 30-31 1 La Marie Séraphique de Nantes Cette vue en plan d’un navire négrier est une partie d’un ensemble de deux images aquarellées conservées par le musée d’Histoire de Nantes. Ces dessins constituent un témoignage unique de la traite négrière par la représen‑ tation détaillée qu’elle donne de l’entassement des captifs africains à bord d’un navire. Une observation attentive permet de rendre sensible la réalité concrète de la traite atlantique. Navire de faible tonnage (150 tonneaux et 39 hommes d’équipage), La Marie Séraphique n’en transporte pas moins 340 captifs lors de son 3e voyage entre Nantes et SaintDomingue en 1772, dont 333 seulement arrivent aux Antilles. Cette vue de l’entrepont révèle la dureté des condi‑ tions du transport : l’entassement est extrême, plusieurs © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 corps sont enveloppés de linge, probablement des malades. Les hommes sont alignés au même titre que les vivres visibles à gauche et au centre, faisant écho au Code noir de 1685 qui fait des esclaves de simples biens « meubles ». Le négociant propriétaire du navire, Jacques Barthélemy Gruel, grâce à la vente de plus de 4 000 esclaves durant 12 ans, parvient à s’élever au sommet de la hiérarchie des négociants de Nantes et achète une charge qui l’anoblit en 1777. Au même titre que les dessins du navire négrier anglais Brookes, ce document a contribué à faire prendre conscience de l’inhumanité de la traite négrière. S’entrainer p. 33 1. J’analyse une œuvre sur le regard des Européens porté sur les Africains au XVIIIe siècle La pendule est ornée d’un esclave noir adossé à un ballot, probablement de coton. Un petit tonneau et une ancre évoquent le transport maritime et font penser que cet esclave travaille au chargement et déchargement des navires qui transportent les marchandises entre les colonies des Antilles et les ports européens. La scène sur le socle renvoie également au même thème : on y voit un navire en cours de chargement avec des tonneaux et une balance qui évoque le commerce. La scène est ici idéalisée : l’esclave est paisiblement accoudé, près d’un sac de pièces d’or. De petits angelots, sur la scène du socle, assurent le chargement. On est loin de la réalité de l’esclavage dans les colonies antillaises comme SaintDomingue où les planteurs européens font régner la vio‑ lence pour imposer un travail pénible aux milliers d’esclaves. Ce type d’objet décoratif luxueux est destiné certainement à un riche marchand désireux d’exposer dans son hôtel parti‑ culier l’origine de sa richesse : le commerce avec les Antilles. Comme les mascarons qui ornent les façades (doc. 3 p. 24), l’art est mis au service des riches marchands qui aiment montrer leur réussite. Ce document est révélateur de l’image qu’ont les Européens des colonies américaines : ce sont des terres à exploiter et dont les ressources servent à enrichir l’Europe. Les esclaves, définis par le Code noir de 1685 comme des « meubles », sont au service des Européens qui minimisent les souffrances qu’ils leur infligent. Méthode Analyser une carte p. 34 Q Carte thématique : sujet/période/espace géographique. Elle porte sur le « trafic négrier », c’est-à-dire le commerce d’une main-d’œuvre d’esclaves noirs africains, progres‑ sivement organisé par des négociants européens, de façon légale et soutenue par les États, au départ des ports européens et à destination des plantations coloniales, en particulier en Amérique. La carte porte sur une période d’environ trois siècles, du début du XVIe siècle au début du XIXe siècle. L’étude porte sur les façades maritimes du continent européen, en particulier la façade atlantique. W Les cercles représentent les principaux ports européens qui pratiquent la traite. La taille est proportionnelle au nombre d’expéditions enregistrées pour chaque port. Les chiffres précisent le nombre exact d’expéditions pour chaque port, permettant d’effectuer un classement. E On peut repérer trois zones principales où se concentrent les grands ports négriers : – La Grande-Bretagne : Liverpool, Londres, Bristol… – La façade atlantique de la France : Nantes, Bordeaux, La Rochelle… – La façade hollandaise de la mer du Nord : Zélande, Amsterdam, Rotterdam… • La hiérarchie des ports négriers européens : les ports britanniques constituent, de très loin, le principal en‑ semble de ports négriers. Liverpool est le premier port négrier de toute l’Europe. À lui seul, il représente autant d’expéditions que tous les ports français. Les trois ports britanniques arrivent en tête de tous les ports d’Europe avec, à eux trois, plus de 9 662 expéditions. • Cette écrasante domination britannique s’explique par la puissance du pays qui, à la fin du XVIIIe siècle, s’impose comme la première puissance coloniale et maritime mondiale. Grâce à leurs nombreux navires, les négociants britanniques transportent et vendent des esclaves non seulement pour leurs propres colonies mais aussi pour celles d’autres pays, en particulier les Espagnols qui n’ont pas de grand port négrier à l’exception de Cadix. Les ports français constituent le second ensemble de ports négriers. L’activité y est plus dispersée et équilibrée que chez les Britanniques, même si Nantes domine assez largement cet ensemble avec 1 784 expéditions. • Le trafic négrier est une source d’enrichissement pour quelques grands armateurs. C’est le cas de Jean-Élie Gau‑ tier à Bordeaux dont la richesse provient en partie de la vente des esclaves africains contre le sucre des planteurs de la colonie de Saint-Domingue. Les « iles à sucre » font ainsi la fortune des ports français. Les ports hollandais forment le dernier ensemble, échelonnés le long de la mer du Nord. Amsterdam et Rotterdam dominent alors que la Zélande constitue un ensemble de petits ports très actifs. En dehors de ces deux grandes façades maritimes, on trouve quelques ports isolés dont le trafic est faible. Les ports du littoral méditerranéen comme Barcelone sont peu concernés même si Marseille constitue une exception. Le Danemark, très au nord, est isolé et n’est pas une puissance coloniale. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 13 13 19/07/2016 18:24 • Le trafic négrier est contrôlé par un petit nombre de pays, à l’ouest de l’Europe. Ce trafic enrichit leurs ports sur la façade de l’océan Atlantique et de la mer du Nord. Sujet guidé p. 35 Exercice 1 Analyser et comprendre un document Cette carte a comme thème les exportations du port de Bordeaux vers l’Europe à la fin du XVIIIe siècle. Bordeaux est une ville française alors particulièrement dynamique : sa population passe de 55 000 habitants en 1715 à 109 000 en 1790. Ce dynamisme s’explique par l’activité de son port situé sur l’estuaire de la Garonne, face à l’Atlantique. La carte ne traite que de la partie exportation des activités bordelaises, c’est-à-dire les marchandises qui quittent le port, et n’aborde pas la partie importations (les marchan‑ dises qui arrivent dans le port). Elle se limite également aux exportations vers les ports européens et ne prend pas en compte les autres ports français ou les ports extra européens comme ceux des colonies. La carte met en évidence le contraste entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Bordeaux exporte massivement vers les ports d’Europe du Nord comme le montrent le nombre et la taille des cercles permettant de mesurer l’intensité du trafic bordelais. Il s’agit de l’Europe riche et puissante dont la population aisée est demandeuse de produits importés. Au sein de cette Europe du Nord, on peut distinguer un sous-ensemble formé des partenaires privilégiés de Bordeaux : les cercles les plus gros et les plus nombreux se concentrent sur le littoral de la mer du 14 9782210106178_001-128_LDP4.indb 14 Nord, avec les ports hollandais et allemands. Amsterdam et Hambourg sont les deux piliers de la zone. Le reste de cette Europe du Nord, avec les iles britanniques et les pays scandinaves est en contact avec Bordeaux de façon plus diffuse. Les relations avec l’Europe du Sud sont beaucoup plus réduites. Seuls les ports espagnols, par leur proximité, sont véritablement concernés. La carte met en valeur le rôle de plaque tournante de Bor‑ deaux en Europe. Si les Bordelais exportent vers la riche Europe du Nord, c’est parce qu’ils lui achètent aussi de nom‑ breux produits : poisson séché hollandais, bœuf irlandais… Il s’agit donc d’un partenariat réciproque. L’importance de Bordeaux s’explique également par la double origine des produits exportés. Bordeaux est la porte de sortie des pro‑ ductions de la riche région agricole d’Aquitaine : vin, alcools, jambons, farine… Mais Bordeaux revend également, dans toute l’Europe, une grande partie des produits coloniaux importés des Antilles, en particulier le sucre ou le cacao de Saint-Domingue. Exercice 2 Maitriser différents langages pour raisonner Introduction rédigée La traite négrière européenne désigne le commerce et le déplacement forcé d’esclaves organisé par de grandes puissances européennes pour alimenter en main-d’œuvre leurs colonies. Les Européens capturent les esclaves en Afrique : 6,5 millions d’esclaves au XVIIIe siècle, apogée de la traite européenne. Comment les marchands organisent-ils cette traite en Afrique ? © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 2 – HISTOIRE L’Europe des Lumières p. 36 à 51 La mise en œuvre du programme Le siècle des Lumières est un siècle de paradoxes dont l’un, et non des moindres, concerne l’ordre politique et social. Après le Grand Siècle qui a vu triompher l’absolu‑ tisme, il semble être celui de l’apparente continuité : les valeurs politiques (droit divin, privilèges…) et sociales (grande noblesse, clientélisme…) restent dominantes et bien établies. En France, le règne de Louis XV incarne cette stabilité apparente. Pourtant, une nouvelle génération d’hommes aspire à un renouvellement. Les Lumières érigent la raison en instrument civique et contestent les fonde‑ ments politiques, sociaux et religieux. Les scientifiques bousculent les certitudes par une démarche renouvelée, des horizons nouveaux s’ouvrent à la faveur des voyages lointains. Face à l’ordre royal encore solidement ancré mais sur la défensive grâce à l’usage de la censure, l’affirmation d’une opinion publique est une manifestation essentielle des changements qui s’annoncent avec le transfert de la souveraineté du roi à la nation. ▶▶ L’ouverture du chapitre sur le Literary Club (p. 36-37) sou‑ ligne l’importance du modèle anglais d’une monarchie tempérée par cet espace de liberté que sont les clubs et les cafés où s’épanouit la liberté d’expression (Repères p. 38) qui s’impose progressivement au XVIIIe siècle. S’y diffusent, grâce à la parole et à l’écrit (Étude p. 44-45), les idées des philosophes (Étude p. 40-41) et les savoirs scientifiques renouvelés par l’ouverture au monde (Étude p. 42-43), annonciateurs des révolutions de la fin du siècle, tant sur le plan des idées que sur celui des techniques (Repères p. 39). ▶▶ La dimension européenne des mutations du XVIIIe siècle, soulignée par l’intitulé du programme, est mise en valeur dans ce chapitre par de nombreux exemples euro‑ péens (S. Johnson, S. Crompton, J. Cook, C. von Linné), sans cependant négliger les exemples emblématiques français tels que Montesquieu, J. J. Rousseau, Voltaire, D. Diderot. ▶▶ De même, l’étude portant sur un homme de lettres, Rousseau (Étude p. 40-41) et celle portant sur un scienti‑ fique, Cook (Étude p. 42-43), permettent de répondre aux attentes du programme concernant la double dimension littéraire et scientifique du mouvement des Lumières. Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages • Viguerie J. de, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières (1715-1789), coll. Bouquins, © Éditions Robert Laffon, 1995. Une partie « Histoire » très complète sur les problématiques liées au sujet : évènements en France et hors de France, culture, sciences et techniques, opinion publique ; une utile partie « Dictionnaire ». • Muchembled R. (dir.), Le XVIIIe siècle (1715-1815), coll. Grand Amphi, © Éditions Bréal, 1994. Un manuel de référence sur le XVIIIe siècle. Lire en particulier les chapitres « Les Lumières en France, idées, sensibilités, lettres et arts » par R. Muchembled et « Le despotisme éclairé », « Prusse et Autriche » par C. Michaud. • Chaline O., La France au XVIIIe siècle (1715-1787), © Éditions Belin Sup, 2004. Lire en particulier le chapitre « Le triomphe des Lumières ? » sur la question des rapports entre les Lumières et les pouvoirs (politiques et religieux) et sur celle de l’opinion publique. • Baecque de A. et Mélonio F., Histoire culturelle de la France, vol. 3 : Lumières et liberté, Les dix-huitième et dix-neuvième siècles, coll. Points Histoire, © Éditions Seuil, 2005. La première partie, portant sur le XVIIIe siècle, est structurée de façon pratique pour répondre aux attendus du programme de 4e : « La culture des Lumières», « Les usages de la culture », « La politisation de la culture ». • Boutier J., Atlas de l’histoire de France, La France moderne, coll. Atlas-Mémoires, © Éditions Autrement, 2006. Une approche cartographique précieuse avec de nombreuses études de cas. Clair et rapide à consulter. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 15 15 19/07/2016 18:24 ▶▶Ouvrages spécialisés sur les sciences à l’époque moderne • Mauzaric S., Histoire des sciences à l’époque moderne, Coll. U, © Éditions Armand Colin, 2009. Un panorama des transformations des pratiques savantes au cours des trois siècles de l’époque moderne. 3e partie : « Les sciences à l’époque des Lumières ». • Sanchez J.-C., « Histoire des sciences et des techniques », Historiens et géographes, n° 407 (première partie) et n° 409 (seconde partie), 2010. Une mise au point utile à l’occasion du nouveau programme de Seconde sur la question. ▶▶Ouvrage sur l’opinion publique • « L’opinion publique », Textes et documents pour la classe (TDC), n°941, 2007. Une mise en perspective de la notion du Moyen Âge à aujourd’hui. ▶▶Sites internet • http://expositions.bnf.fr/lumieres/ Le site de la Bibliothèque nationale de France offre une infographie très complète sur le thème des Lumières, riche de nombreux documents. • www.histoire-image.org/ L’Histoire par l’image (HPI) propose de nombreuses œuvres analysées qui peuvent être des supports pour un travail d’élève (exposé, approfondissement…). Exemples : l’affaire Calas (Louis de Carmontelle, La malheureuse famille Calas, sanguine, 1761), innovation et progrès scientifiques au XVIIIe siècle (Ascension d’une montgolfière aux Tuileries en 1783, huile sur toile anonyme), les salons au XVIIIe siècle (Henri Lemoine, Le salon de Madame Geoffrin, huile sur toile)… • http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Chatelet.pdf Un dossier sur Émilie du Châtelet. Les corrigés des questions et des exercices Ouverture p. 36-37 La gravure de John Sartain, The Literary Club, d’après une peinture de James William Edmund Doyle, représente les neuf premiers membres, réunis en 1781 chez J. Reynolds, l’initiateur du Club. Le groupe se réunit par la suite dans des auberges et accueille des nouveaux et illustres membres comme l’économiste Adam Smith. De gauche à droite sur la gravure : 1. James Boswell : écrivain écossais, admirateur et défen‑ seur du projet de Pascal Paoli d’une Corse démocratique. 2. Samuel Johnson : l’un des principaux hommes de lettres anglais, auteur d’un dictionnaire de la langue anglaise, en 1755, qui fait référence. 3. Sir Joshua Reynolds : peintre anglais réputé, premier président de l’Académie royale de peinture britannique. 4. David Garrick : auteur de théâtre et surtout l’acteur le plus célèbre du XVIIIe siècle en Angleterre. 5. Edmund Burke : philosophe irlandais. 6. Pascal Paoli : homme politique, militaire, philosophe, il lutte pour la reconnaissance de la Corse comme nation souveraine face à Gênes. Il crée la Constitution corse sur la base des idées des Lumières en 1755. 7. Charles Burney : Compositeur de musique, auteur d’une Histoire générale de la musique en 1789. 8. Thomas Warton : homme de lettres anglais. 9. Oliver Goldsmith : écrivain irlandais. Au XVIIIe siècle, la prospérité de l’Angleterre et de sa capitale Londres, grâce à leur commerce et à leur activité financière, 16 9782210106178_001-128_LDP4.indb 16 font naitre de nouvelles sociabilités. Tandis que l’élite éco‑ nomique des banquiers et négociants se réunit dans les coffee-houses du quartier de la Bourse dès le début du siècle (doc. 2 p. 22), les intellectuels privilégient des espaces privés, généralement situés dans le West End, plus propices à une sélection des membres. Ainsi naissent les clubs qui se mul‑ tiplient dans la 2e moitié du XVIIIe siècle. S’y constituent des règles de savoir-vivre, reposant sur l’art de la conversation entre gens cultivés mais aussi sur un cérémonial tournant autour du repas et de la boisson (aspect souvent tourné en dérision par les caricaturistes comme Henry William Bunbury). Parmi la grande diversité de clubs de Londres (politiques, littéraires, de jeu…), celui fondé par l’écrivain Samuel John‑ son et le peintre Joshua Reynolds en 1764, se distingue par sa volonté de rassembler l’élite intellectuel du pays, sur le modèle de l’Académie française et des salons littéraires français. Les invités sont sélectionnés pour l’excellence de leurs compétences dans leurs spécialités respectives afin que les discussions autour de la table fassent naitre une émulation intellectuelle et participent au rayonnement culturel du pays. Se repérer dans le temps p. 38-39 Q Le café Procope à Paris est un des lieux où les philosophes peuvent se rencontrer et échanger leurs idées. W Montesquieu critique l’organisation de la France de son époque : politique (la monarchie absolue), religieuse (l’Église catholique) et sociale. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 E Diderot et d’Alembert veulent que l’Encyclopédie soit un outil de diffusion du savoir et de l’esprit critique. R La mule-jenny a permis de fabriquer du fil de coton de qualité de façon plus rapide et moins couteuse qu’auparavant. Étude Jean-Jacques Rousseau et la monarchie absolue p. 40-41 J’identifie Q En 1760, le roi Louis XV dirige la France. La main de justice posée près de la couronne symbolise son pouvoir de droit divin, c’est-à-dire un pouvoir que les partisans de ce modèle politique affirment venir de dieu. L’épée qu’il porte symbolise le principe de force et de puissance sur lequel repose ce type de régime politique. W Pour Rousseau, c’est le peuple qui doit être souverain. C’est lui qui doit décider des lois qui forment le contrat social par lequel chaque homme accepte librement de se conformer à l’intérêt commun. J’analyse E La première valeur citée par Rousseau est le « bonheur commun ». Selon lui, seule la souveraineté du peuple fait naitre des lois conformes à l’intérêt commun et donc permet à l’ensemble des hommes d’être heureux. La seconde valeur est la liberté. Dans la démocratie, la loi est faite librement par le peuple et non imposée par le pouvoir autoritaire d’un roi. La loi faite par le peuple pour le peuple permet aux êtres humains de se sentir libres. R La gravure nous montre la France sous la forme d’un globe aux couleurs de la monarchie (couronne, fleurs de lys) soutenue par les trois ordres de la société : la noblesse avec l’armure et l’épée (à gauche) ; le tiers état sous les traits d’un paysan avec sa pelle (au centre) ; le clergé en la personne d’un évêque avec sa crosse et sa mitre (à droite). L’auteur souligne l’infériorité du tiers état qui porte, seul, le lourd fardeau du globe symbolisant la France. Je raisonne T Pour Rousseau, la monarchie absolue n’est pas légitime. C’est un mode de gouvernement dans lequel le roi affirme que le pouvoir lui est attribué par Dieu (droit divin). Il se place ainsi au-dessus de la loi qui n’est alors plus la loi sou‑ veraine du peuple mais la loi divine. Rousseau dit qu’alors « il est impossible […] que l’État soit bien gouverné ». Y Selon Rousseau, celui qui ne travaille pas n’a pas sa place dans la société. Pour lui, la « nature » a fait les êtres humains égaux et c’est la société qui a introduit les différences de richesse. Rousseau ne réclame pas la disparition des inégalités sociales mais il considère que l’absence totale de travail est contraire à l’ordre social. Le travail qui permet de produire des biens est donc « indispensable » à la société. Au regard de la société du XVIIIe siècle, ce point de vue est très provocateur : le document 3 montre que le clergé et la noblesse, à la différence du tiers état qui porte le globe, ne travaillent pas. Rousseau critique la société d’ordres. rise M a iet l a d ue lang – La France de Louis XV est une monarchie absolue. – J. J. Rousseau est favorable à un gouvernement démocratique. Étude Les savants des Lumières explorent Tahiti Je situe Q C’est en 1767 que le Britannique Samuel Wallis découvre Tahiti. Il est suivi l’année suivante par le Français LouisAntoine de Bougainville. En 1769, James Cook est le troisième navigateur européen à explorer l’archipel. W James Cook est accompagné d’un astronome, Charles Green, et de deux naturalistes : Joseph Banks et Daniel Solander. J’extrais des informations E Charles Green est chargé d’observer le transit de Vénus, phénomène astronomique rare. Il dispose pour cela d’instruments que l’on distingue sur la gravure : lunette astronomique et globe céleste. Ces instruments com‑ plexes et l’attention portée par Charles Green aux astres ne peuvent qu’intriguer les Tahitiens. R Les botanistes identifient la perruche de Tahiti, espèce rare car ne vivant que sur cette ile. L’espèce est réperto‑ riée et classifiée par le naturaliste John Latham en 1790. Elle disparait au XIXe siècle. Je raisonne T La gravure montre un fort fièrement dominé par un grand drapeau, l’Union Jack britannique. On aperçoit sur la droite des canons. Le fort est installé sur le littoral. James Cook a pour mission d’affirmer la présence et la puissance britannique dans les iles du Pacifique. Le fort symbolise cette puissance et marque la présence britannique sur un archipel dont l’Angleterre revendique la possession. L’enjeu des explorations n’est pas que scientifique mais aussi politique. La rivalité avec la France est forte comme en témoigne le passage à Tahiti de l’explorateur français Louis-Antoine de Bougainville l’année précédant celle du séjour de James Cook. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 17 p. 42-43 17 19/07/2016 18:24 Y Le premier objectif des scientifiques est de compiler un maximum d’informations scientifiques dans les domaines des sciences naturelles (botanique, zoologie, minéralo‑ gie), et humaines (ethnographie, géographie). James Cook évoque sa volonté de décrire la contrée, […] ses habitants, […] leurs mœurs et coutumes. Les naturalistes ont pour objectif de décrire une grande quantité d’animaux […] qu’on ne connaissait qu‘imparfaitement, ou pas du tout. Le second objectif est d’organiser cette masse de connaissances nouvelles en créant une classification, nouvelle méthode de travail scientifique née au XVIIIe siècle pour différencier chaque être vivant au sein d’une espèce : le doc. 4 parle de classe des mollusques, référence à la classification scientifique des espèces animales et végétales de Carl von Linné (doc. 2 p. 47) dont Daniel Solander est un élève. E PI P i s tier e - A r t s T H i s ttoi q u e s - S V plas Les planches illustrées de Sydney Parkinson, dessinateur et botaniste qui accompagne l’expédition de James Cook, sont un témoignage exceptionnel sur les êtres humains, les territoires, les plantes et les animaux découverts au cours de l’expédition, à la fois sur le plan historique, sur le plan esthétique et sur le plan scientifique. L’étude d’une sélection d’entre elles peut donner lieu à une analyse croisée en particulier les planches d’animaux : photographie de l’animal – analyse de la planche cor‑ respondante – réalisation d’un dessin « à la manière de ». Étude Le livre et les Lumières Je raisonne E Au XVIIIe siècle, le mode de fabrication des livres est encore très artisanal. La technique n’a guère évolué depuis Gutenberg en 1450. Il faut beaucoup d’ouvriers pour que les ateliers d’imprimerie puissent faire face à la demande croissante de livres. On imagine donc que leur cout de fabrication, faisant appel à une main-d’œuvre nombreuse, reste élevé. Aussi, il n’est pas étonnant de voir se développer des modes d’utilisation du livre qui permettent d’éviter de les acheter grâce à une utilisation commune. Dans les cabinets de lecture, chaque livre est consulté par plusieurs lecteurs. R Au XVIIIe siècle, le pouvoir royal cherche à limiter la diffusion des idées de philosophes comme Voltaire et 9782210106178_001-128_LDP4.indb 18 Je réalise une production T Alors qu’elle est proche du pouvoir royal par ses liens personnels avec le roi, Madame de Pompadour n‘hésite pas à se fait représenter entourée de ses livres, dont certains sont écrits par les philosophes que la censure a condamnés. Elle témoigne ainsi de son soutien à ceux qui aspirent à la liberté d’expression et provoque ouver‑ tement l’ordre politique. Y Économie : les nombreux ouvriers dans les ateliers d’im‑ primerie ; une production qui génère des revenus ; un objet encore couteux, signe extérieur de richesse. Politique : un objet contrôlé par la censure ; un objet par lequel se diffusent les idées nouvelles (liberté, rejet de l’absolutisme). Société : un objet qui témoigne de l’appartenance à une élite intellectuelle ; « L’arme » des Lumières. Exemple de carte mentale p. 44-45 Je situe Q L’Encyclopédie est censurée entre 1752 et 1753. W Les cabinets de lecture se multiplient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. 18 Diderot qui le critiquent. Par la censure, il contrôle la diffusion de leurs livres, pouvant les interdire totalement ou partiellement. C’est ainsi le cas pour l’Encyclopédie de 1752 à 1753. rise M a iet l a d ue lang Le sens courant de « lumière » désigne ce qui agit sur notre œil pour rendre les choses visibles. Au sens figuré, ce que l’on voit (avec les yeux) est aussi ce que l’on com‑ prend (avec le cerveau). Le mouvement philosophique du XVIIIe siècle se donnant comme objectif de mieux comprendre le monde par l’usage de la raison et les savants de la même époque faisant reposer leurs connaissances sur l’observation méthodique, l’emploi du mot « Lumières » pour les désigner s’est progressivement imposé. Dès la fin du XVIIIe siècle, les philosophes allemands désignent le mouvement par le terme d’Aufklärung (du verbe aufklären = éclairer). Voltaire écrit en 1767 : « Je vois avec plaisir qu’il se fait dans l’Europe une république immense d’esprits cultivés : la lumière se communique de tous côtés. » © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 S’entrainer p. 49 1. J’analyse un document sur la découverte du monde au siècle des Lumières – Le texte parle de son voyage, des mers qu’il a parcourues et d’une autre contrée. Ces éléments montrent que LouisAntoine de Bougainville est un navigateur et explorateur qui participe alors aux progrès dans la connaissance géo‑ graphique du monde. Comme le britannique James Cook (étude p. 42-43), il explore l’océan Pacifique et en particulier l’archipel de Tahiti en 1768 (doc. 3 p. 43). – Diderot fait l’éloge de la démarche de Bougainville repo‑ sant sur une observation minutieuse et scientifique qui permet de faire progresser les connaissances. Ainsi, il par‑ court les océans la sonde à la main, c’est-à-dire en observant avec précision la profondeur des espaces maritimes. Cette démarche rigoureuse de l’observation scientifique est la définition même des savants des Lumières qui veulent « éclairer » le monde par la raison et la rigueur scientifique. – Diderot cite de nombreux domaines scientifiques qui bénéficient des observations menées par Bougainville et les savants qui l’accompagnent : géographie (cartographie en particulier), philosophie (comparaison entre le mode de vie des peuples qu’ils rencontrent et celui des Européens), mathématiques et astronomie (liées à la navigation aux instruments), sciences naturelles. – Diderot est enthousiaste. Il fait dire à l’un des personnages du texte : Le voyage de Bougainville est le seul qui m’ait donné du goût pour une autre contrée que la mienne. Ce texte rédigé par Diderot a pour titre : Supplément au voyage de Bougainville. Il s’agit donc d’un texte dans lequel Diderot imagine une sorte de prolongement au récit fait par Bougainville lui-même. Le voyage de Bougainville stimule sa réflexion intellectuelle et l’incite à écrire ses réflexions philosophiques nourries du récit de Bougainville. 2. J’analyse une carte historique sur les périodiques français – La publication d’un nombre élevé (463 de 1620 à 1790) de périodiques de toute sorte (gazettes, journaux scientifiques et littéraires), dans lesquels intellectuels et savants écrivent en langue française témoigne de la place centrale qu’occupe la France dans la culture en Europe à l’époque moderne. Le français est alors la langue des élites. Il est parlé et utilisé par de nombreux savants européens qui peuvent lire les publications françaises. – Le grand nombre de publications dans les pays proches de la France comme les Provinces-Unies, la Belgique, la Suisse ou encore l’Angleterre s’explique par la conjonction de plusieurs causes : – On peut imaginer dans ces pays la présence de nombreux Français qui ont fui la France où règnent la censure et le manque de tolérance religieuse : écrivains à la recherche d’une tribune libre, protestants. Ainsi, Rousseau, à la suite de publications comme l’Émile en 1762, sur les conseils de ses éditeurs hollandais, se réfugie en Suisse puis dans la principauté de Neuchâtel sous l’autorité de la Prusse. – Dans ces pays, au contraire, règne une réelle liberté d’opi‑ nion (doc. 1 p. 50) qui permet de fabriquer et publier des ouvrages qui seront vendus plus ou moins clandestinement en France. – Dans cette Europe très francophone, plusieurs princes sont des protecteurs pour des écrivains français. Certains, comme Frédéric II de Prusse ou l’impératrice de Russie, sont des despotes éclairés, s’inspirant pour gouverner de certaines idées des Lumières. De 1750 à 1753, Voltaire, figure majeure des Lumières, réside ainsi à Berlin auprès de Frédéric II (doc. 3 p. 47). Méthode Lire un texte en histoire Q Le texte est un « essai », terme qui désigne ici un ouvrage de réflexion philosophique. Son auteur est un des principaux philosophes britan‑ niques du XVIIIe siècle, l’Écossais David Hume. Le texte est publié en 1752, au cœur du siècle des Lumières. Dans une Europe où dominent les régimes autoritaires, de nombreux philosophes revendiquent la liberté de parole et d’écriture afin de faire connaitre leurs idées. Le combat intellectuel fait rage entre les partisans de cette liberté d’expression dont David Hume est un défenseur et ceux qui en assurent le contrôle par le pou‑ voir politique et religieux. En France, 1752 est l’année au cours de laquelle d’ailleurs l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est censurée. La liberté, en particulier la liberté de pensée et sa mani‑ festation, la liberté de la presse, est le sujet central du texte. W Trois thèmes sont abordés dans le texte. Le premier thème, qui peut faire l’objet d’un premier paragraphe dans le développement, est la comparaison faite par l’auteur entre l’Angleterre et la France. David Hume oppose deux conceptions de la monarchie : d’un côté la monarchie parlementaire anglaise, respectueuse des libertés et droits de l’homme ; de l’autre l’absolutisme qui règne en France et qui se caractérise par le refus par le roi de toute forme de critique. Le second thème, pour un second paragraphe, est celui de la liberté de la presse. David Hume fait de cette liberté l’un des piliers de la monarchie parlementaire anglaise. Il explique que cette liberté y est totale et qu’elle constitue un contre-pouvoir indispensable pour éviter toute tentative d’autoritarisme de la part de ceux qui gouvernent. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 19 p. 50 19 19/07/2016 18:24 Pour conclure, David Hume élargit sa pensée et associe la liberté de la presse à une conception philosophique plus vaste qui est celle de la raison. David Hume appartient au courant intellectuel des Lumières qui revendique la liberté, pour chaque homme, de penser par lui-même et d’être un acteur central du système politique et social (le « Corps social » pour Rousseau) dont il est membre. Cette conception de l’homme libre penseur n’est pas compatible avec une grande partie des régimes poli‑ tiques qui règne en Europe, et en France en particulier. David Hume fait des allusions indirectes à des faits his‑ toriques qu’il faut connaitre pour bien comprendre le texte. Il évoque la censure de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1752. L’article « Autorité politique » rédigé par Diderot, en particulier, est une attaque directe contre le pouvoir divin et autoritaire du roi Louis XV. Pour l’Angleterre, le choix d’une monarchie parlementaire est la conséquence de la Glorieuse Révolution de 1688 : le roi est contraint de partager son pouvoir avec la chambre des communes élue et les droits fondamentaux sont reconnus progressivement : droit à une justice équitable (1679) et liberté d’expression (1695). E Ce texte est une illustration du combat qui oppose, au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières aux partisans d’un ordre politique et social autoritaire. Centré sur le thème de la liberté, il montre le rôle central des Lumières dans l’affirmation de valeurs qui seront au cœur de la Révolution française quelques années plus tard. Sujet guidé p. 51 Exercice 1. Analyser et comprendre un document – Le texte est une « satire », terme qui désigne un texte dont l’auteur fait la critique de son époque en la tournant en ridicule. On utilise également l’expression de pamphlet. Son auteur est un des principaux philosophes français du XVIIIe siècle, François-Marie Arouet, dit Voltaire. Chef de file des Lumières en France, il dénonce en particu‑ lier l’intolérance religieuse et l’arbitraire de la monarchie absolue. Malgré ses difficultés régulières avec la censure, l’importance de son œuvre littéraire et philosophique ainsi que ses soutiens politiques, comme ceux de Madame de Pompadour, favorite du roi Louis XV ou de Frédéric II de Prusse, lui assurent une vie aisée et en font l’une des grandes figures, reconnue, de son époque. – Le texte est publié en 1765, au cœur du siècle des Lumières. Dans une France où règne la censure sous le contrôle du pouvoir politique absolu du roi Louis XV et du pouvoir religieux de la puissante Église catholique, de 20 9782210106178_001-128_LDP4.indb 20 nombreux philosophes comme Voltaire revendiquent la liberté de parole et d’écriture. Comme l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert censurée en 1752, Voltaire est une nouvelle fois victime de la censure en 1765 : son Dictionnaire philosophique portatif est condamné par le Parlement de Paris mais aussi mis à l’index à Rome. La liberté, en particulier la liberté d’expression, est le sujet central du texte. Cette satire est une réponse directe à la censure dont est victime Voltaire en 1765. Le développement spectaculaire de l’imprimerie au XVIIIe siècle accompagne la diffusion des idées nouvelles. La production de livres est stimulée d’une part par l’offre nom‑ breuse de la part des écrivains, philosophes et scientifiques qui souhaitent faire publier leurs écrits et d’autre part par la demande croissante de la part de lecteurs avides d’idées nouvelles. En France, alors qu’environ 1 000 livres par an sont publiés au début du siècle, ils sont plus de 4 000 en 1775. À côté des ateliers d’imprimerie qui se multiplient en France, de nombreux auteurs font imprimer leurs ouvrages dans les pays voisins, comme les Pays-Bas, pour échapper à la censure. Les livres et autres publications telles que les gazettes, journaux scientifiques ou littéraires, sont « consommés » par de riches lecteurs ou lectrices telle que la marquise de Pompadour, protectrice de Voltaire, mais aussi par une élite éclairée moins fortunée qui fréquente les cafés littéraires, les clubs ou encore les cabinets de lecture où l’on peut consulter les ouvrages contre un abonnement. Voltaire doit lutter toute sa vie contre la censure. Dans cette satire, il place son récit dans un contexte imaginaire, celui d’un État oriental inspiré de l’Empire ottoman, ce qui lui permet de critiquer l’arbitraire français indirectement et non ouvertement, même si personne n’est dupe de l’astuce. Il peut ainsi utiliser le procédé littéraire d’antiphrases qui lui permettent d’écrire qu’il faut condamner l’imprimerie alors même que la façon de l’écrire montre qu’il condamne… la condamnation. Voltaire use de bien d’autres moyens pour contourner la censure. Il publie clandestinement à l’étranger, désavoue ses textes quand les attaques sont trop menaçantes. Il s’appuie sur des soutiens politiques comme celui de la marquise de Pompadour qui intervient en sa faveur auprès du roi dont elle est la favorite ou comme celui du roi de Prusse Frédéric II chez qui il peut se réfugier. Il réussit à se faire élire à l’Académie française en 1746 où il est soutenu par une partie des académiciens. À la fin de sa vie, il s’installe à quelques kilomètres de la République genevoise où il peut se réfugier en cas de menace de la part du pouvoir royal. – Ce texte est une illustration du combat qui oppose, au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières aux partisans d’un ordre politique et social autoritaire. Centré sur le thème de la liberté d’expression, il montre le rôle central de Voltaire dans ce combat, lui qui fut si souvent victime de la censure. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Exercice 2. Maitriser différents langages pour raisonner L’Encyclopédie est une entreprise de publication savante d’une ambition inédite au XVIIIe siècle. Durant un quart de siècle, elle mobilise un millier d’ouvriers pour imprimer 28 volumes, dont 11 volumes de gravures de grande qualité. Au total, près de 160 auteurs sont mobilisés pour rédiger quelque 72 000 articles. L’ouvrage joue un rôle clé dans la diffusion des connais‑ sances des savants des Lumières. On y trouve des articles couvrant tous les domaines du savoir comme les sciences mais aussi les techniques. Par des illustrations soignées sous forme de planches gravées et des articles de vulgarisation scientifique, elle répond à l’idéal des Lumières de rendre le savoir accessible au plus grand nombre. Sous l’impulsion de Denis Diderot, l’Encyclopédie aborde les questions politiques et religieuses et remet en cause l’absolutisme et l’autorité religieuse. Ainsi, l’article « auto‑ rité politique » rédigé par D. Diderot lui-même, critique avec force le principe de droit divin et l’autorité du roi. Ces attaques provoquent la réaction du pouvoir qui censure l’ouvrage en 1752 et 1753. Malgré ces difficultés, l’ouvrage est un succès comme en témoigne la marquise de Pompa‑ dour, favorite du roi Louis XV. Celle-ci se fait peindre par Quentin de la Tour avec ses livres, parmi lesquels le volume censuré de l’Encyclopédie. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 21 21 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 3 – HISTOIRE La Révolution française et l’Empire, 1789-1815 p. 52 à 77 La mise en œuvre du programme On caractérise les apports de la Révolution française, dans l’ordre politique aussi bien qu’économique et social, non seulement en France mais en Europe, dans le contexte des guerres républicaines et impériales. On peut à cette occasion replacer les singularités de la Révolution française dans le cadre des révolutions atlantiques. On rappelle l’importance des grandes réformes administratives et sociales introduites par la Révolution puis l’Empire. ▶▶ Conformément aux attendus du programme, le chapitre s’articule autour des deux axes majeurs que sont la France « Cours 1 » (p. 64) et l’Europe « Cours 2 » (p. 72). Afin de proposer des repères chronologiques indispensables, mais centrés sur l’essentiel pour répondre aux contraintes de temps et à l’esprit du programme, chaque cours correspond à un temps fort de la période révolutionnaire : 1789-1799 (p. 64) puis 1799-1815 (p. 72). Pour chacun, le premier paragraphe est consacré à une contextualisation rapide : succession de régimes politiques instables dans la France de 1789 à 1799 puis restauration monarchique après 1799 avec le Consulat et l’Empire. ▶▶ Deux doubles pages consacrées aux repères fondamen‑ taux chronologiques « Se repérer dans le temps » (p. 54-55) et spatiaux « Se repérer dans l’espace » (p. 56-57) peuvent utilement être associées à cette phase de contextualisation. ▶▶ Pour illustrer, comme le précise le programme, la situation de guerres permanentes qui marque la période, outre le document d’ouverture consacré au thème de la Nation en arme (p. 52-53), deux études portent sur les guerres républicaines « Fleurus » (p. 62-63) et impériales « Leipzig » (p. 68-69). Une étude consacrée à Danton (p. 60-61) permet d’insister sur la violence politique exacerbée de la période. ▶▶ Le cœur de la problématique suggérée par l’intitulé du programme porte sur la rupture majeure que représente la période révolutionnaire, tant en France qu’en Europe, sur le plan de l’organisation politique et sociale. Pour répondre à cette approche thématique, le chapitre met l’accent sur l’affirmation des grands principes révolutionnaires fonda‑ teurs d’une France nouvelle puis d’une Europe nouvelle : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (p. 5859), Code civil (p. 66-67) voulu par la Révolution et instauré par Napoléon en France puis dans une partie de l’Europe, sentiment national et droit des peuples en Espagne (HDA, p. 70-71) ou encore en Allemagne (p. 68-69). ▶▶ Le choix des documents repose sur un équilibre entre les documents patrimoniaux, comme le Sacre de Napoléon I er par David ou le Tres de mayo de Goya, et le recours à des documents plus inédits. Ainsi, le texte de la Déclaration des droits de Virginie permet de faire le lien entre la Révolution française avec l’ambition d’universalité qui en fait sa sin‑ gularité et les révolution atlantiques (p. 58-59). L’œuvre de David Friedrich ou le thème d’Hermann et Germania (p. 6869) permettent une analyse sur les symboles nationaux en Allemagne qui fait écho au document d’ouverture où l’on retrouve la symbolique révolutionnaire française (p. 52-53). Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages généraux • Furet F., La Révolution (1770-1880), coll. Histoire de France, © Éditions Hachette, 1988. Les cinq chapitres de la Partie 1 « La Révolution française (1770-1815) ». La synthèse de l’approche de François Furet sur la Révolution dans laquelle il analyse le processus révolutionnaire dans le temps long, de l’Ancien Régime au début de la IIIe République. • Jessenne J.-P., Révolution et Empire (1783-1815), coll. Carré histoire, © Éditions Hachette, 2014, 3e édition revue et augmentée. Un ouvrage récent qui englobe les problématiques historiques actuelles. Cartes, schémas, chronologie et bibliographie. • Boudon J.-O., L’époque de Bonaparte, coll. Licence histoire, © Éditions PUF, 2009. Prenant comme fil conducteur Napoléon, l’ouvrage englobe une période de 50 ans, de 1769 (naissance de Napoléon) à 1815, associant étroitement les mutations françaises et européennes qui en découlent. 22 9782210106178_001-128_LDP4.indb 22 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 ▶▶Revues • La Révolution française, dix années qui ont changé le monde, Les Collections de L’Histoire, n° 60, juillet 2013. Une série d’articles thématiques illustrés et en lien avec les problématiques actuelles. Bibliographie. • Martin J.-C., « La Révolution », La Documentation photographique n° 8054, © Éditions La Documentation française, 2006. ▶▶Ouvrages spécialisés • Nouvelle Histoire de la France contemporaine, coll. Points © Éditions du Seuil – Vovelle M., La Chute de la monarchie (1787-1792), vol. 1. – Dupuy R., La République jacobine (1792-1794), vol. 2. – Woronoff D., La République bourgeoise (1794-1799), vol. 3. – Bergeron L., L’Épisode napoléonien (1799-1815), vol. 4. ▶▶Sites internet • http://frda.stanford.edu/?locale=fr Archives numériques de la Révolution française, Bibliothèque nationale de France (BNF) et Université de Stanford. Une collection très riche de sources relatives à la Révolution française. Accès chronologique, thématique et moteur de recherche interne. • http://revolution-francaise.net/ Collectif d’historiens universitaires. De nombreux articles sur tous les aspects de la Révolution. • À destination des élèves : www.histoire-image.org/hors-series/revolution-francaise Hors-série Révolution française, L’Histoire par l’image (HPI). Un dossier de plus de cent études d’œuvres, classées par thèmes, qui peuvent être des supports pour un travail d’élève (exposé, approfondissement…). Exemple : album « La réorganisation administrative ». Les corrigés des questions et des exercices Ouverture p. 52-53 Le thème de la nation en arme est emblématique de la période révolutionnaire à plusieurs titres. Il illustre la violence qui s’installe durablement dans une Europe déstabilisée par l’irruption des principes nou‑ veaux affirmés par les patriotes et auxquels s’opposent les contre-révolutionnaires. Il témoigne de l’ancrage de nouveaux principes comme celui du devoir, pour tout Français, de défendre sa patrie. Un principe longtemps contesté et qu’instaure la loi Jourdan en septembre 1798. Il souligne la dimension européenne de la Révolution fran‑ çaise avec ici l’allusion, par les navires à l’arrière-plan, à la menace anglaise, l’ennemi constant de la révolution française. Le site L’Histoire par l’image (HPI) propose une analyse détaillée de l’œuvre : www.histoire-image.org/etudes/ patrie-danger. Contexte historique : les difficultés des armées républi‑ caines françaises, en 1799, sous la menace d’une invasion tout à la fois par la voie terrestre (Autrichiens, Russes) et maritime (flotte anglaise). 200 000 hommes sont appelés sous les drapeaux pour sauver, une nouvelle fois, la Répu‑ blique, consacrant le rôle clé du « citoyen-soldat » comme acteur central de la Révolution. Analyse du tableau : le quai d’un port imaginaire sous la protection tutélaire d’une statue tenant dans une main la Liberté et la Justice (ou la Loi) et dans l’autre main un fais‑ ceau guerrier. Une foule de volontaires prêts à répondre à la proclamation de la patrie en danger réclamée par Jourdain début septembre 1799. Un prolongement de l’étude de ce tableau peut être mené en comparant l’œuvre à d’autres œuvres sur le même thème, glorifiant l’héroïsme républicain face aux forces contre-révolutionnaires : – Jean-Baptiste Mauzaisse, La bataille de Valmy, 20 septembre 1792, huile sur toile, 296 cm (H) × 678 cm (L), 1835, musée national du château de Versailles. – Léon Cogniet, La Garde nationale de Paris part pour l’armée, septembre 1792, huile sur toile, 189 cm (H) × 76 cm (L), 1836, musée national du château de Versailles. – Thomas Couture, L’Enrôlement des volontaires de 1792, huile sur toile inachevée, 480 cm (H) × 915 cm (L), 18481852, musée départemental de l’Oise (MUDO), Beauvais. Se repérer dans le temps Q Le 17 juin 1789, une partie des députés conteste la sou‑ veraineté du roi en se proclamant Assemblée nationale. W En septembre 1792, l’élection de la Convention fait suite à l’échec de la monarchie constitutionnelle que deux © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 23 p. 54-55 23 19/07/2016 18:24 évènements symbolisent : la tentative de fuite du roi en juin 1791 et la prise des Tuileries, où le roi était en résidence surveillée, le 10 août 1792. E La bataille de Leipzig, en octobre 1913, marque la libéra‑ tion de la nation allemande après des années de domi‑ nation française. Se repérer dans l’espace p. 56-57 Q La Révolution française débute dans deux « foyers » : Versailles où une partie des députés convoqués pour les états généraux s’oppose au roi et où est proclamée, le 17 juin 1789, la première Assemblée nationale (doc. p. 54) ; Paris, où le peuple se révolte contre le pouvoir royal avec, par exemple, la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 (élément clé p. 65). W Le Code civil français est adopté dans les pays dominés par la France comme, par exemple, le royaume d’Espagne (Histoire des arts p. 70-71). Étude La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août 1789 p. 58-59 Je situe Q La Virginie se trouve en Amérique du Nord. C’est l’une des 13 colonies anglaises d’Amérique du Nord. Elle se pro‑ clame indépendante en 1776. Sa Déclaration des droits devient un modèle pour ceux qui refusent l’absolutisme et exigent la mise en place des droits de l’homme. W La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est adoptée, après une semaine de débats, le 26 août 1789 par l’Assemblée nationale constituante. J’analyse E Jean Sylvain Bailly parle d’un « acte solennel », c’est-àdire une déclaration symbolique destinée à énoncer les grands principes sur lesquels reposera la future « Consti‑ tution française » que doit rédiger l’Assemblée. R L’artiste veut montrer que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen constitue une rupture majeure entre un passé sombre, celui de l’Ancien Régime, et un avenir radieux, celui de la France bâtie sur les idéaux énoncés dans la Déclaration. Visuellement, le texte sépare ainsi nettement la partie gauche et la partie droite de la gravure. Je raisonne T On peut constater une grande similitude entre les deux textes dans lesquels on retrouve les mêmes thèmes de la liberté et de la souveraineté nationale. La Déclaration des droits de Virginie étant antérieure (1776) à celle 24 9782210106178_001-128_LDP4.indb 24 rédigée en France (1789), on peut en déduire qu’elle a certainement influencé les auteurs du texte français. Y La gravure de Niquet le Jeune date de 1789 et a pour sujet la rupture que représente la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dans la société française. Le texte de Condorcet qui est antérieur (1786), évoque l’influence de la révolution américaine sur les intellectuels européens avec l’affirmation, dès 1776, des droits de l’homme. On peut en déduire que les philosophes des Lumières, comme Condorcet, ont diffusé le modèle américain et exercé une influence sur la Révolution française de 1789. Étude Danton, un républicain au cœur de la violence révolutionnaire p. 60-61 Je situe Q Danton débute sa carrière politique à la tribune des clubs, lieu de débats politiques où son physique imposant et ses talents d’orateur lui permettent de s’imposer rapidement comme un des chefs des Montagnards. W Danton meurt le 5 avril 1794, guillotiné en compagnie de Camille Desmoulins. J’analyse E Danton, par son discours du 9 mars 1793 à la Conven‑ tion nationale, a joué un rôle décisif dans la création du Tribunal révolutionnaire mis en place dès le lendemain de son discours. Avec Robespierre, il devient l’un des Montagnards qui soutiennent activement l’action de ce tribunal responsable de l’exécution de 16 000 personnes. R Danton est accusé de s’être enrichi. Il réfute cette accu‑ sation en affirmant posséder une « petite portion » de la « fortune colossale » dont parlent ses ennemis mais le document nous précise (note 2) que cet enrichissement est réel. Pour les Montagnards comme Robespierre, cet enrichissement est incompatible avec les valeurs répu‑ blicaines d’égalité et de justice et constitue une trahison envers les idéaux de 1789. Je réalise une production T Georges Danton (1759-1794) : Danton débute sa carrière dans les clubs politiques grâce à ses talents d’orateur. C’est un Montagnard, ardent partisan des idéaux révolu‑ tionnaires de 1789. En 1793, il est avec Robespierre l’un des principaux artisans de la Terreur. Il est en particulier à l’origine de la création du Tribunal révolutionnaire, responsable de l’exécution de 16 000 personnes. En 1794, jugé trop modéré par Robespierre et traitre à la Révolu‑ tion, il est à son tour guillotiné sur ordre du Tribunal qu’il avait lui-même créé. Y De 1789 à fin 1793, Danton et Robespierre sont, côteà-côte, d’ardents partisans de la Révolution. D’abord © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 au sein des clubs politiques comme celui des Jacobins puis membres de la Convention, ils luttent ensemble pour instaurer la république. En 1793, ils font le choix de la Terreur pour sauver la République menacée par la guerre civile et les invasions. Ils soutiennent activement l’action du Tribunal révolutionnaire créé à la demande de Danton au début de 1793. À partir de la fin de l’année 1793 pourtant, les deux hommes s’éloignent l’un de l’autre. Robespierre s’impose comme le leader incontestable et fait le choix de poursuivre la Terreur. Danton commence à être marginalisé dans son propre camp à cause de son attitude, en particulier son enrichissement, mais surtout de ses choix politiques. Avec Camille Desmoulins, il fait en effet partie des « indulgents » qui veulent arrêter la Terreur. Sous l’accusation de trahison, avec l’accord de Robespierre, le Tribunal révolutionnaire fait exécuter Danton le 5 avril 1794. rise M a iet l a d ue lang Le mot « club » a plusieurs sens. Le premier sens du mot est « gros bâton ». On l’utilise encore pour désigner la crosse servant à lancer la balle dans des jeux comme le golf. Au sens de « groupement, association » de personnes (en anglais, to club = regrouper) le mot est utilisé en Angleterre pour différencier les associations privées des lieux de discussion publics comme les coffee-shops. Il apparait en France au xviiie siècle mais reste peu usité. Son utilisation se généralise sous la Révolution avec la liberté d’expression pour désigner les lieux de discussion politique. C’est dans ce dernier sens, celui de lieu de discussion politique, qu’il est utilisé dans le document 1. Étude Fleurus (1794), une bataille de la Révolution p. 62-63 Je situe Q Jean-Baptiste Jourdan est un républicain qui s’engage très tôt dans l’armée pour défendre ses idéaux. Général à l’âge de 31 ans, il est nommé en 1794 à la tête de l’armée de Moselle, en charge de protéger la frontière du Nord. W À Fleurus, les troupes françaises sous les ordres du général Jourdan affrontent les armées autrichienne et prussienne commandées par le prince Frédéric de Saxe-Cobourg. Je raisonne E L’auteur veut d’abord montrer que la bataille de Fleurus est remportée par les troupes françaises du général Jourdan. On le voit ainsi infliger une correction au prince Frédéric de Saxe-Cobourg. L’auteur veut également tourner en ridicule le prince qui subit une sévère fessée comme on le faisait alors pour des enfants. Le document est en effet une caricature de propagande en faveur de la République et de ses généraux. R Le Chant du départ est un hymne à la gloire des soldats de la République qui sont des citoyens volontaires recrutés pour faire face à la menace d’invasion. C’est une œuvre de propagande patriotique destinée à entretenir le moral des troupes et l’enthousiasme de la population. Je confronte un document à des connaissances T Le ballon surplombe le camp français auquel il est relié par des câbles. On peut imaginer que les hommes qui sont dans le ballon, à quelques dizaines de mètres d’alti‑ tude, peuvent observer les mouvements ennemis et transmettre les informations par des messages envoyés grâce aux câbles. Y Les soldats français auxquels Le Chant du départ rend hommage sont, pour un tiers d’entre eux, des soldats pro‑ fessionnels et, pour les deux tiers, des « volontaires ». Ces volontaires sont des citoyens patriotes qui ont répondu à l’appel du gouvernement républicain pour sauver la République menacée. Si certains sont réellement volon‑ taires, d’autres, en réalité, sont recrutés de force. Étude Le Code civil, une même loi pour tous p. 66-67 Je situe Q Le Code civil prend le nom de Code Napoléon en 1807. Napoléon associe son nom au Code civil car il veut en faire un outil de propagande en le diffusant dans les territoires conquis par la France en Europe. W Le Code civil, traduit en italien, est diffusé dans le royaume d’Italie dont Napoléon est roi depuis 1805. J’analyse E Le Code civil a comme objectif de rendre la loi simple et accessible aux citoyens. L’adjectif « simple » se re‑ trouve dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ainsi que dans la loi sur l’organi‑ sation judiciaire de 1790. J.-J.-R. de Cambacérès précise, pour sa part, qu’il fallait « épurer » et « abréger » les lois. Le Code civil doit aussi instaurer « l’unité » entre les Fran‑ çais : la loi doit être la même pour tous, contrairement au système de l’Ancien Régime. C’est ce qu’indique la Constitution de 1791 : « lois civiles communes à tout le royaume ». R Napoléon considère que le Code civil est l’une de ses principales réalisations. Dès 1800, il reprend le projet révolutionnaire alors au point mort et le fait aboutir (doc. 1). Dans l’esquisse d’une fresque de 1811, il se fait représenter tendant le Code à une allégorie de Rome. Il utilise le Code civil pour diffuser le modèle politique fran‑ çais en Europe (doc. 2). Dans le tableau de propagande © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 25 25 19/07/2016 18:24 qu’il fait réaliser par Jacques-Louis David (doc. 5), il fait placer, bien en évidence, sur son bureau, une liasse de papiers avec l’inscription « Code ». Il se présente comme un législateur, un chef d’État soucieux de la loi. À la fin de sa vie, c’est la réalisation dont il est le plus fier (doc. 4). Je réalise une production T Un monarque – Éléments du tableau : le lieu (château des Tuileries, rési‑ dence des rois de l’Ancien Régime), les symboles monar‑ chiques (abeilles sur le velours du fauteuil, décorations), la pose (évocation des portraits officiels de l’Ancien Régime), la richesse du mobilier. – Idée : Napoléon se présente comme un chef qui décide, qui gouverne seul, presque comme un roi. Un chef de guerre – Éléments du tableau : l’habit de soldat, l’épée, la tête de lion (pied du bureau). – Idée : Napoléon veut montrer qu’il est un chef de guerre et qu’il a fait de la France une nation conquérante en Europe. Un travailleur – Éléments du tableau : les papiers sur le bureau (dont le Code civil), la carte au sol, le livre sous le bureau, la, le lieu (cabinet de travail), l’heure tardive de la nuit (4 h 13 du matin à la pendule et chandelle presque consumée de la lampe). – Idée : Napoléon se présente comme un grand travailleur, chef d’État dévoué à son peuple pour lequel il travaille durement une partie de la nuit. l’Antiquité. Il est devenu, dans la mythologie allemande, un héros légendaire, élément clé de l’identité allemande symbolisant la force du peuple et l’attachement au passé. R Le soldat est un Français. C’est l’ennemi du peuple alle‑ mand comme l’étaient les Romains dans l’Antiquité. Face aux sapins qui symbolisent le peuple allemand, il est tout petit car le peintre veut montrer qu’il est condamné à être vaincu, dominé par la force de la nation allemande symbolisée par la forêt menaçante des sapins. Je coopère et je mutualise T Peuple allemand Ennemi français D O C. 2 – La forêt de sapins : elle évoque le territoire alle‑ mand tel qu’il était dans l’Antiquité lorsqu’Arminius fut vainqueur des Romains. Désormais, chaque arbre représente un Allemand et l’ensemble forme le peuple allemand, fier de son passé légendaire et plus fort que l’ennemi français. – Le corbeau : symbole de mort, il évoque les morts allemands tombés pour libérer le pays. – Le soldat : tout petit et bien impuissant face à la grande et solide forêt de sa‑ pins qui symbolise la nation allemande, il est condamné à se perdre et à disparaitre, donc à mourir, face à cette force bien supérieure. C’est un Français mais il subit le même sort que celui des légions romaines, vain‑ cues dans l’Antiquité par Arminius dans les forêts de Germanie. D O C. 3 – Hermann : il est repré‑ senté sous les traits d’un guerrier germanique de l’Antiquité avec son man‑ teau de fourrure, sa cuirasse et son épée. Son nom est indiqué sur ses cuisses musclées, évoquant la puissance surhumaine de ce héros antique. Hermann est le nom allemand d’Ar‑ minius, héros légendaire germanique qui a vaincu les légions romaines qui venaient envahir son ter‑ ritoire au ier siècle. – Germania : sous les traits d’une femme en‑ chainée par l’ennemi, elle est l’allégorie de la nation allemande dominée par la France au sein de la Confé‑ dération du Rhin. – Le pays (ville, fleuve, plaine) à l’arrière-plan, re‑ couvert de cadavres alle‑ mands à cause des Français. – Les insignes militaires au sol : l’aigle est à la fois l’insigne de l’empire ro‑ main et celui de l’empire de Napoléon Ier. L’auteur fait ainsi un parallèle entre la bataille de Teutobourg qui avait vu la victoire des peuples germaniques contre les Romains et la bataille de Leipzig qui voit la victoire des Allemands aux côtés des Russes et des Prussiens contre la France de Napoléon. rise M a iet l a d ue lang unité : cohésion, fraternité, union, harmonie égalité : équité, harmonie, justice présider à : guider, déterminer établissement : rédaction, installation, mise en place Exemple : que la fraternité et l’équité guident la rédaction de notre Code civil Étude La bataille de Leipzig : l’éveil du sentiment national allemand p. 68-69 Je situe Q Leipzig est à l’est de la Confédération du Rhin, ensemble d’États allemands autonomes placés sous le contrôle de la France depuis 1806. W La bataille de Teutobourg a lieu en l’an 9 après J.-C. Leipzig a lieu en 1813. J’analyse E Hermann est le nom allemand d’Arminius, chef de guerre germanique vainqueur de légions romaines dans 26 9782210106178_001-128_LDP4.indb 26 P i s t eI EP Pistes : analyse de la forme musicale du lied à l’époque ro‑ mantique, de l’opéra (Fidelio de Beethoven, Der Freischütz de Carl Maria von Weber). © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Histoire des arts El tres de mayo, Francisco de Goya p. 70-71 J’identifie le sujet Q Cette scène représente des hommes fusillés par un peloton d’exécution composé de soldats. W La scène se déroule à Madrid, le 3 mai 1808. Des soldats français exécutent des patriotes espagnols qui se sont révoltés la veille contre les troupes de Murat. J’analyse l’œuvre E Le groupe 1 est formé par les patriotes espagnols exé‑ cutés. Ils sont représentés désarmés et impuissants. L’un d’eux en particulier, les bras en croix, présente son corps aux soldats. Il évoque la figure du christ souffrant sur la croix. Le peintre les représente de face et montre la diversité de leur réaction face à la mort : certains se tordent les mains de rage, d’autres se masquent le visage de peur. Le peintre veut mettre en valeur l’humanité de ces hommes qui montrent leurs sentiments et subissent la violence pour avoir voulu défendre leur liberté. Le groupe 2 est constitué par les soldats français. Ils forment une masse compacte et inhumaine. On ne voit pas les visages des soldats. De dos, ils offrent le spectacle d’une force brutale qui s’exprime à travers leurs armes, elles, bien visibles. R Le peintre cherche à guider le regard du spectateur vers les victimes. Pour cela, il place l’éclairage du tableau au centre : c’est la grosse lanterne posée au sol. La masse des soldats fait écran et plonge la partie droite du tableau dans la pénombre qui symbolise le mal, le mauvais côté des hommes. À gauche, les victimes sont en pleine lumière, en particulier l’homme vêtu d’une chemise blanche. Tel le Christ sur la croix, il symbolise le peuple espagnol martyrisé. La clarté met aussi en évidence le sang répandu au sol. Je situe l’œuvre dans son contexte T Lorsqu’il peint ce tableau en 1814, Goya ne cache pas ses idées politiques. Sa phrase « [J’ai voulu] perpétuer par les pinceaux […] notre glorieuse insurrection contre le tyran d’Europe. » montre qu’il veut, par sa peinture, exalter l’héroïsme des révoltés de 1808 et contribuer à la nais‑ sance d’un sentiment national espagnol qui se construit alors en opposition à l’occupation française avec une guerre d’indépendance particulièrement violente (doc. 1). [La numérotation des documents a été ajoutée. Il manque l’indication que les questions 1 à 4 portent sur le doc. 2. Pour répondre à la question 5, il faut utiliser les infos du doc. 1 et de la citation dans « Repères ».] Passé/Présent Dans son tableau Massacre en Corée, peint en 1951, Pablo Picasso rend hommage à Francisco de Goya qu’il considère comme l’un des maitres de la peinture espagnole. Pour cela, tout en adaptant l’œuvre de Goya à sa propre sensibilité, il s’inspire du Tres de mayo dont il reprend : – La composition : deux groupes se font face. À gauche et de face, les victimes ; à droite et de côté, les bourreaux. Picasso remplace les patriotes espagnols par des femmes et enfants. Les personnages sont nus, les formes sont arrondies pour souligner leur humanité et leur fragilité. Les bourreaux ont des armes imaginaires d’anéantissement. Les formes sont anguleuses, agressives. Ce sont presque des robots et non des hommes. À l’arrière-plan, un paysage à peine ébauché évoque les destructions de la guerre. Comme la lanterne chez Goya, qui sépare les deux groupes, un fleuve évoque chez Picasso la division de la Corée (Nord et Sud). – Le jeu sur les couleurs : Picasso utilise des couleurs froides et ternes comme le gris ou le vert qui évoquent la mort et la froideur du métal des armes modernes. Les victimes, comme pour Goya, sont cependant plus dans la lumière tandis que les soldats sont plus sombres. – Le message politique : Picasso, comme Goya, dénonce la violence des armées sur les populations civiles et la déshumanisation provoquée par les atrocités de la guerre. S’entrainer 1. J’analyse une peinture de la période napoléonienne Q Le tableau comporte un grand nombre de personnages qui entourent les deux acteurs principaux placés au centre : Napoléon Ier et l’impératrice Joséphine. Les per‑ sonnages forment des groupes distincts. Leurs gestes, leur position et leur tenue laissent deviner leur rôle dans la scène : dames d’honneur de l’impératrice avec leurs robes et leurs diadèmes fastueux, hommes d’Église dont des évêques portant chasuble et mitre, puissants membres de la noblesse portant décorations, épées et riches vêtements brodés d’or. Plusieurs d’entre eux tiennent dans leurs mains les objets liés à la cérémonie du sacre : la longue traine pourpre de Joséphine, les symboles monarchiques (couronne, main de justice, globe impérial, sceptre, épée), les symboles religieux (croix du Christ, crosse d’évêque). Tous sont richement vêtus (bijoux, plumes, tissus) ce qui montre le faste de la cérémonie. Les acteurs de la cérémonie sont au premier plan tandis qu’à l’arrière se pressent les spectateurs. Presque tous les personnages ont un visage bien visible et réaliste : le peintre a cherché à les rendre identifiables. Le lieu, lui, n’est pas identifiable immédiatement car un décor spé‑ cifique est installé : imposant tapis vert au sol, tentures, © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 27 p. 75 27 19/07/2016 18:24 tribunes des spectateurs. Cependant, l’autel surmonté de cierges et d’un christ en croix sur la droite ou le vitrail à l’arrière-plan permettent d’identifier la cathédrale NotreDame de Paris. W Le tableau révèle la nature monarchique du régime politique de Napoléon Ier. Au centre, le peintre a placé la couronne tenue par Napoléon et une croix catholique. Par cette cérémonie, le 2 décembre 1804, Napoléon Ier s’inscrit dans la tradition des rois de France dont le pou‑ voir est de droit divin : il est sacré empereur par le pape, comme l’avait été Charlemagne. Cependant, Napoléon tourne le dos à l’autel et au pape. Il couronne lui-même l’impératrice, face à l’assistance, montrant sa volonté d’indépendance vis-à-vis de l’Église et l’originalité de son régime politique, synthèse entre la tradition monarchique (droit divin, soutien de l’Église) et les idées nouvelles de la Révolution (pouvoir qui émane de la volonté populaire). E Le tableau de J.-L. David est une œuvre majeure exposée au musée du Louvre. Les sites du musée permettent d’identifier avec précision les détails du tableau : – La fonction des principaux groupes de personnages : le clergé, la famille impériale, la cour, les ambassadeurs, les proches du peintre. – Le nom et la fonction des personnages principaux : • Clergé : le pape Pie VII • Famille : les frères de Napoléon, Joseph et Louis, ses sœurs (Caroline, Pauline, Elisa), sa mère (Letizia Bona‑ parte) qui, en réalité, n’a pas assisté au sacre… • Cour : Lebrun (second consul), Cambacérès (archichancelier)… • Ambassadeurs : Espagne, États-Unis, Italie… • Le peintre et ses proches : J.-L. David, son épouse… – Le nom et la signification des symboles monarchiques et impériaux, les « regalia » : • À gauche, symboles monarchiques rattachant le régime à Charlemagne : épée, couronne, sceptre. • À droite, symboles impériaux : main de justice, globe impérial, sceptre. – Le choix de l’artiste pour la composition de l’œuvre (tapis au sol, place des personnages, des objets, dont la couronne, point focal du tableau), faisant dire à Napoléon, admiratif de l’œuvre du peintre : « Quel relief, quelle vérité ! Ce n’est pas de la peinture ; on marche dans ce tableau ». 2. J’associe des acteurs de la Révolution à une date et à un évènement Georges Danton (1759-1794) Jean-Baptiste Jourdan (1762-1833) Napoléon Bonaparte (1769-1821) 1793 1794 (26 juin) 1804 28 9782210106178_001-128_LDP4.indb 28 Création du Tribunal révolutionnaire et début de la Terreur. Bataille de Fleurus. Victoire française contre une coalition austro-prussienne. Méthode Confronter deux documents Instauration du Code civil. p. 76 Q Le premier document est un organigramme, c’est-à-dire un document construit à partir d’informations tirées de la Constitution de l’an III. Le second document est un document source : c’est un pamphlet du révolutionnaire radical François-Noël Babeuf, publié dans le journal contestataire Le Tribun du peuple. Les deux documents datent de 1795, débuts du « Directoire », régime politique qui voit le retour des républicains modérés au pouvoir. C’est une période au cours de laquelle les Français sont très divisés. W Les documents font référence à l’égalité en droits définie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Cette valeur pose comme principe que les citoyens, égaux entre eux devant la loi, peuvent participer à l’élection des représentants qui siègent aux Assemblées représentatives. L’organigramme met en valeur l’inégal accès au vote des citoyens en fonction de leur situation. Plusieurs termes liés à cette valeur servent de fil conduc‑ teur au texte de Babeuf : « égaux » (l.3), « inégalité » (l.4), « égalité » (l.6). Le texte de Babeuf est une violente critique des choix faits par les auteurs de la Constitution de l’an III décrits dans le document 1. La Constitution distingue des citoyens « passifs », exclus du vote, et des citoyens « actifs » qui peuvent voter. Parmi les citoyens actifs, seuls les plus riches votent directement pour élire les membres des deux assemblées. Le principal critère qui distingue les deux catégories de citoyens est celui de la richesse : seuls les « contribuables », les citoyens payant des impôts, peuvent participer à la vie politique. En excluant éga‑ lement les femmes, cela ne représente qu’une minorité des 28 millions de Français. De telles critiques contre le régime en place ne peuvent qu’entrainer des relations très conflictuelles entre Babeuf et les républicains modérés du Directoire. Le Directoire souhaite réconcilier les Français tandis que F. N. Babeuf affirme que « la Révolution n’est pas finie ». L’introduction du document 2 rappelle la tentative de complot fomentée par Babeuf, la « Conjuration des Égaux » et son épilogue : l’exécution de l’intransigeant Babeuf en 1797. E Les républicains modérés au pouvoir défendent une conception limitée de l’égalité : celle de l’égalité en droits, excluant l’égalité sociale. Tout citoyen est sur un pied d’égalité pour accéder au droit de vote en respectant les conditions fixées par la loi. Payer des impôts est une de © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 ces conditions. Pour ces républicains, seuls les hommes ayant fait preuve de la capacité à bien gérer leurs propres affaires, donc à gagner correctement leur vie, sont aptes à voter et à choisir avec discernement des représentants. Ce système se nomme le suffrage censitaire. Babeuf n’accepte pas cette discrimination par l’argent et, selon lui, cette trahison des idéaux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il dénonce le principe de la propriété individuelle, source d’inégalités sociales qui se traduisent par l’accaparement du pouvoir politique par les « riches » alors que les « pauvres » sont, pour lui, de « véritables esclaves ». F. N. Babeuf réclame l’égalité sociale et le suffrage universel. Sujet guidé p. 77 Exercice 1. Analyser et comprendre des documents Q Portalis est le ministre des Cultes dans le gouvernement qui dirige la France sous l’autorité de Napoléon. En 1806, il propose l’instauration de « deux grandes fêtes » à la gloire de l’empereur. Ses relations avec Napoléon sont donc excellentes, à l’opposé de celles avec l’Angleterre, pays constamment opposé à la France napoléonienne (carte p. 57). L’auteur de la caricature illustre ces relations conflictuelles en représentant Napoléon comme l’enfant du diable. W Pour justifier la création de deux journées de fêtes natio‑ nales en l’honneur de l’empereur, Portalis rappelle les apports politiques de Napoléon qui, selon lui, ont permis de protéger les acquis de la révolution : – Il fait référence au Code civil (« un code nouveau adapté aux progrès des idées »), grand projet de simplification du droit né sous la Révolution et mis en place par Napoléon en 1804 en France puis, à partir de 1807, dans une partie de l’Europe (Étude p. 66-67). – Il évoque également « une organisation nouvelle de tout l’ordre social » qui est une allusion aux « masses de granit » (élément clé p. 72), institutions comme les lycées ou la Banque de France, qui contribuent au redressement économique et social d’une France très affaiblie par des années d’instabilité. – Portalis fait aussi allusion aux guerres menées en Europe par Napoléon (« mémorable victoire d’Austerlitz ») contre les grandes puissances comme l’Angleterre, la Prusse, la Russie. La caricature anglaise souligne cet aspect guerrier de Napoléon qui met le feu à l’Europe par ses ambitions territoriales et cherche à lui imposer sa domination par des guerres permanentes (carte p. 57). E Alors que le texte de Portalis est un discours tout entier dédié à la gloire de Napoléon, la caricature de Thomas Rowlandson présente d’empereur de façon très négative, sous les traits d’un monstre qui a fait régner la violence (le feu de l’enfer) sur l’Europe. Aucun des deux docu‑ ments n’est objectif : Portalis est dévoué à celui dont il est ministre et Thomas Rowlandson est anglais, pays constamment adversaire de la France napoléonienne. Exercice 2. Maitriser différents langages pour raisonner W La Révolution française a eu une influence considérable sur l’ensemble de l’Europe, mélange complexe de séduc‑ tion et de rejet. Comme en France, elle a d’abord fait naitre d’immenses espoirs auprès des peuples soumis à des régimes auto‑ ritaires. Elle a ensuite ouvert une période de guerres meurtrières qui se sont soldées par la victoire des princes opposés aux idées de la Révolution. Cependant, elle a diffusé dans toute l’Europe les idéaux de 1789. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 29 29 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 4 – HISTOIRE L’Europe de la révolution industrielle p. 78 à 97 La mise en œuvre du programme ▶▶ Dans ce premier chapitre du thème 2 « L'Europe de la « révolution industrielle », il s’agit d’exposer le processus d’industrialisation qui bouleversa l’Europe et l’Amérique du Nord de la fin du xviiie siècle au milieu du xixe siècle et ses conséquences économiques, sociales et idéologiques. D’autre part, dans cette l’Europe qui s’industrialise les popu‑ lations migrent de la campagne vers la ville puis vers les « Nouveaux Mondes ». Il convient enfin de présenter la condition ouvrière et la « question sociale », et d’aborder la Révolution de 1848 qui traverse l’Europe. ▶▶ En ouverture de chapitre (p. 78-79) la peinture montre des ouvriers en grève. Le tableau de Robert Koehler pré‑ sente les tensions sociales entre ouvriers et patrons avec en arrière-plan les lieux du travail : l’usine. ▶▶ La double page « Se repérer dans le temps » (p. 80-81) insiste sur les quatre thèmes essentiels du chapitre : l’industria‑ lisation, la Révolution de 1848 et le « printemps des peuples », la question sociale et les conditions de vie des ouvriers, et enfin l’émigration massive des Européens outre Atlantique. ▶▶ La double page « Se repérer dans l’espace » (p. 82-83) localise les lieux de cette industrialisation en Europe, les régions les plus dynamiques à la fin du xixe siècle. La carte principale est étayée par une carte des voies ferrées à cette même période puisque le rail est l’un des piliers de la première industrialisation. La carte met aussi l’accent sur les migrations intercontinentales et bien sûr sur les contestations. ▶▶ La première étude « Le Creusot » (p. 84-85) insiste sur la « révolution » des techniques (surtout dans le domaine de la sidérurgie) qui a engendré une nouvelle organisation de l’économie, une transformation des paysages. « Nouvelle organisation de la production, nouveaux lieux de produc‑ tion, nouveaux moyens d'échanges : l'Europe connait un processus d'industrialisation qui transforme les paysages, les villes et les campagnes ». ▶▶ La seconde étude « 1848 et le « printemps des peuples européens » (p. 86-87) s’attache à éclairer la vague révolu‑ tionnaire qui bouleverse l’Europe et « fait évoluer à la fois l'idée de nationalité et celle du droit au travail ». ▶▶ La troisième étude « Nouvelle société, nouvelles idéo‑ logies » (p. 88-89) présente les transformations du xixe siècle. L’âge industriel consacre aussi le triomphe de la grande bourgeoisie d’affaires et plus globalement l’avènement d’une nouvelle société urbaine. Parallèlement, de nouvelles idées politiques accompagnent ce processus d’industria‑ lisation. Les deux grandes idéologies qui s’opposent, le libéralisme et le socialisme, sont deux réponses à ces trans‑ formations économiques et sociales. L’une propose un projet de société individuel dont la principale stimulation est la concurrence et l’autre au contraire propose un projet collectif dont le but est une plus grande justice sociale. ▶▶ La dernière étude « L’immigration italienne aux États- Unis » (p. 90-91) explique l’une des conséquences de la forte croissance démographique européenne : l’émigration. ▶▶ La double page « Apprendre » (p. 92-93) permet aux élèves d’accéder au résumé de la leçon et d’apprendre les notions clés de différentes manières : soit en utilisant la leçon, soit en utilisant la carte mentale selon leurs préférences. Ils peuvent ensuite valider leurs apprentissages avec le quiz. Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages • Verley P., La Première Révolution industrielle 1750-1880, © Éditions Armand Colin, 2016. • Rioux J.-P., La Révolution industrielle, coll. Points Histoire, © Éditions Seuil, 2015. • Rocteur J., « Les Révolutions industrielles ou la naissance du monde moderne. La métamorphose par le progrès », coll. 50 minutes, Grands Évènements, 2015. • Asselain J.-C., Histoire économique de la France du xviii e siècle à nos jours, tome 1 : De l'Ancien Régime à la Première Guerre mondiale, coll. Points Histoire, © Éditions Seuil, 2015. 30 9782210106178_001-128_LDP4.indb 30 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 ▶▶À destination des élèves • Aprile T., Pendant la révolution industrielle : Joseph, Le Creusot, 1868-1872, © Éditions Gallimard Jeunesse, 2005. • Godart P., La vie des enfants pendant la révolution industrielle, © Éditions du Sorbier, 2009. ▶▶Site internet • http://education.francetv.fr/matiere/developpement-durable/video/l-homme-et-son-environnement-dans-larevolution-industrielle. Le site de France TV éducation : « L'homme et son environnement dans la révolution industrielle ». Les corrigés des questions et des exercices Se repérer dans le temps p. 80-81 Q L’invention qui permet l’industrialisation est la machine à vapeur. W L’industrialisation commence en Angleterre. E Les mineurs d’Anzin obtiennent, à l’issue de leur grève, le vote d’une loi autorisant les syndicats. R Les principales destinations des émigrants européens au xixe siècle sont les « nouveaux mondes », c’est-à-dire les États-Unis, le Brésil ou l’Argentine mais aussi l’Australie. Se repérer dans l’espace p. 82-83 Q Les principales régions industrielles sont situées au Nord ouest de l’Europe. W Les révolutions du « printemps des peuples » partent de France et d’Autriche-Hongrie. E Les principaux ports d’émigration sont situés sur le littoral Atlantique ou de la mer du Nord, au Nord-Ouest de l’Europe. Étude Le Creusot p. 84-85 J’extrais des informations Q Les usines Schneider du Creusot produisent du métal et des constructions mécaniques. W Le site bénéficie du charbon et du minerai de fer comme matières premières. Je comprends E La ville du Creusot s’organise autour des usines Schneider qui produisent du métal et des constructions mécaniques à l’aide de hauts fourneaux. Celles-ci sont dominées par le château de la Verrerie qui est la résidence de la famille Schneider. Tout autour, sont construits des logements pour les ouvriers. Le paysage urbain est marqué par les cheminées et les fumées qui noircissent les murs. R Les Schneider encadrent la vie de leurs ouvriers par le paternalisme. Ils offrent à leurs employés la possibilité d’être logés, soignés, d’accoucher dans de bonnes condi‑ tions et d’éduquer leurs enfants. Je raisonne T Avec un tel encadrement, les dirigeants de l’entreprise peuvent s’assurer que leurs ouvriers vont travailler pour eux dans des conditions favorables et leur rester fidèles. C’est également un moyen de les contrôler. Y Le peintre montre la colère des ouvriers : ils chantent ou crient des revendications. Ouvrières et ouvriers montrent leur solidarité en se tenant par les bras. Toute la ville semble rassemblée lors de cette manifestation. rise M a iet l a d ue lang La sidérurgie est l’ensemble des techniques qui per‑ mettent d’élaborer et de mettre en forme le fer, les fontes et l’acier. La métallurgie est un terme plus général qui définit l’extraction, la mise en forme des métaux et de leurs alliages. La sidérurgie est donc la métallurgie du fer et de ses alliages. Étude 1848 : un « printemps des peuples » européen Je situe Q La IIe République est proclamée en France en 1848. W Les peuples se soulèvent au printemps 1848 dans plusieurs pays européens : États allemands et italiens, Hongrie. J’extrais des informations E La République proclame pour les citoyens les plus pauvres les droits d’être éduqués, d’être secourus et d’avoir un travail. R Sur cette estampe, on observe des ouvriers et leurs familles qui sont venus trouver du travail sur les ate‑ liers nationaux du Champ de Mars. Au premier plan, on observe une pelle, démontrant qu’une partie de ce travail est orientée sur le terrassement. Les ateliers nationaux © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 31 p. 86-87 31 19/07/2016 18:24 sont des chantiers de grands travaux dans lesquels les chômeurs peuvent trouver un travail fourni par l’État. Je rédige T La scène représentée décrit des combats et des barri‑ cades sur l’Alexanderplatz, à Berlin, dans la nuit du 18 au 19 mars 1848. Ces affrontements se déroulent de nuit avec, au premier plan, les forces officielles prussiennes et, au second plan, les révoltés qui brandissent le drapeau de l’unité allemande (à cette époque, l’Allemagne est divisée en de nombreux États). Les manifestants luttent pour obtenir davantage de libertés et l’unité de la nation allemande. Y En 1848, les peuples entrent en révolution pour obtenir des libertés (politiques avec le suffrage universel) et le droit de se constituer en nations indépendantes. P i s t eI EP La peinture du xixe siècle représente les mouvements sociaux et les révolutions politiques qui éclatent en Eu‑ rope. À cette époque, la photographie est une invention récente et ne peut tout retranscrire. Les grands musées européens (le Prado à Madrid ou le musée d’Orsay à Paris) exposent des œuvres très représentatives de ces mouvements. Étude Nouvelle société, nouvelles idéologies p. 88-89 J’identifie Q Les ouvriers vivent misérablement : ils sont logés au der‑ nier étage et n’ont qu’une pièce pour toute leur famille, souvent nombreuse. Il peut être intéressant de travailler avec les élèves sur des extraits simples de Germinal de Zola en comparant le réveil chez les Maheu (les mineurs) et chez les Grégoire chapitre 1 (deuxième partie). W Les bourgeois demeurent aux étages dits nobles, c’està-dire le premier ou le deuxième ; ils disposent d’appar‑ tements très spacieux et ont des domestiques. J’extrais des informations E Le caricaturiste critique particulièrement le désordre et la violence. C’est la loi du plus fort qui l’emporte dans cette société libérale. R Selon le caricaturiste et les auteurs, la société commu‑ niste est organisée : chacun a une part égale à celle de son voisin puisque la propriété bourgeoise n’existe pas. Je raisonne T Les idées des penseurs communistes connaissent un vif succès auprès des ouvrières et des ouvriers puisque la 32 9782210106178_001-128_LDP4.indb 32 plupart du temps ils ne sont pas propriétaires et ils n’ont que leur force de travail pour vivre. Une société dans laquelle la propriété bourgeoise n’existe plus et dans laquelle le projet est collectif (et non individuel) ne peut que leur plaire. Le projet communiste prévoit le renver‑ sement de la bourgeoisie et la conquête du pouvoir par le prolétariat (représenté par les ouvriers). Un tel projet de société permettrait aux ouvriers de sortir de la misère chronique dans laquelle ils sont. Les bourgeois quant à eux sont effrayés par ce projet de société puisqu’ils per‑ draient tous les éléments de leur domination, le capital et la propriété. rise M a iet l a d ue lang Dans la Rome antique, le prolétaire était recensé dans la dernière classe et n'était considéré comme utile à l'État que par les enfants qu'il engendrait. Au xixe siècle, le prolétaire n’est « utile » que pour la force de travail qu’il produit. Étude L’immigration italienne aux États-Unis p. 90-91 J’identifie Q Les causes de l’immigration des Italiens sont la pauvreté, l’extrême misère source de maladies, d’habitations insa‑ lubres et de nourriture insuffisante. W De 1892 à 1954, les migrants en provenance d’Europe qui débarquent aux États-Unis le font à Ellis Island. J’extrais des informations E À l’issue d’une traversée en paquebot d’un mois, les plus pauvres entassés dans les classes inférieures, dans une chaleur étouffante les migrants arrivaient à Ellis Island. Les immigrants devaient montrer leurs papiers, répondre à un questionnaire sur leur nom, leur métier (au total 29 questions) ; ils devaient passer des tests de santé (les médecins avaient mis en place un examen de 6 secondes pour déceler les maladies les plus évidentes). Certains étaient placés en quarantaine (puis finissaient par gagner le sol américain) et d’autres (environ 2 %) n’atteignaient jamais la terre américaine : ceux qui avaient une mala‑ die contagieuse ou qui représentaient un risque pour la société. L’ensemble de ces étapes durait entre 3 et 5 heures et parfois plus en fonction du test de santé. Pour compléter le sujet, il convient d’utiliser le site d’Ellis Island qui permet d’entrer les patronymes de tous les migrants et donc de connaitre le parcours de millions d’Européens qui ont migré vers les États-Unis. www.libertyellisfoundation.org/ © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 R L’intégration de la population italienne est difficile car ils doivent faire appel à un intermédiaire pour obtenir un travail en échange d’un pourcentage du salaire. Je raisonne T Les dangers qui menacent les Italiens installés à New York sont nombreux. Concernant leur intégration, ils doivent faire confiance au « padrone » qui est souvent un escroc. De plus, l’intégration est difficile puisqu’ils restent entre eux et recréent l’espace d’un quartier leur pays d’origine ou leur ville natale. Y La vie réelle des immigrants est loin du « rêve américain » : ils vivent toujours pauvrement, sont parfois à la merci de membres de leur communauté peu scrupuleux, et ils recréent les quartiers insalubres qu’ils avaient quittés. eil Cons et b r ev La photographie représente une ruelle du quartier italien de Little Italy à New York avec quatre entrées d’immeubles insalubres. Au premier plan, on observe deux hommes debout, dont l’un est armé d’un fusil ; en face d’eux, deux tonneaux remplis de déchets ou d’ordures. Au second plan, on distingue deux entrées d’immeuble avec quatre escaliers en bois : à gauche deux hommes sur le perron, à droite un homme assis sur la balustrade et une femme appuyée sur cette dernière. Aux fenêtres de ce rez-dechaussée surélevé, des habitants de l’immeuble (femmes et hommes) fixent l’objectif. Un tas d’immondices jonche le sol de la ruelle. À l’arrière-plan, la scène se répète avec en plus du linge qui sèche sur des cordes. Cette ruelle est insalubre, ses habitants (les hommes au premier plan) sont vêtus d’un costume élimé mais portent des chapeaux, et leurs regards, leurs mines et surtout le fusil ne laissent présager rien de bon. Tous ces hommes sont oisifs. Les éléments qui montrent la pauvreté et les conditions de vie difficiles : l’état général de la ruelle, les tonneaux remplis d’immondices, le linge suspendu. Tous ces gens ne semblent pas travailler et surtout l’un d’entre eux est armé et personne ne semble s’en étonner ou s’en effrayer. S’entrainer p. 95 1. Je connais les repères clés de la révolution industrielle. La machine à vapeur . 1769 Le « Printemps des peuples » . 1848 La grève d’Anzin . 1884 La vague d’émigration européenne . 1820-1914 2. J’analyse un texte sur la révolution industrielle Q et W Manchester, ville industrielle britannique Les transformations urbaines (les quartiers) Certaines rues sont pavées avec de pauvres maisons dotées de caves. C’est dans celles-ci que sont héber‑ gés les ouvriers. Les transformations économiques (les usines) Les usines sont qualifiées de « palais de l’in‑ dustrie » et sont équipées de hauts-fourneaux et de cheminées qui crachent de la fumée. Beau‑ coup de bruit et de chaleur dans ces usines et une épaisse fumée noire au-dessus de la ville. Méthode Étudier une œuvre d’art p. 96 Q Claude Monet a réalisé cette œuvre. Le sujet est la gare parisienne Saint-Lazare peinte en 1877, à l’époque de la révolution des chemins de fer. Le tableau est conservé au musée d’Orsay, à Paris (musée consacré au xixe siècle). W Le tableau représente l'activité fourmillante de la gare Saint-Lazare. Au premier plan, les rails qui semblent venir vers nous nous invitent au voyage. Ils se croisent, sont parallèles et perpendiculaires aux armatures d'acier du plafond et de la verrière. À l’arrière-plan on distingue à gauche comme à droite les immeubles parisiens. L’élément principal du tableau est le train (la locomotive au centre) qui arrive ou qui part (qui est en mouvement). Il crache un épais nuage de fumée au contraire du wagon à gauche qui, lui, semble à quai, immobile. Le premier plan est plus sombre puisqu’il décrit la partie de la gare abritée sous la verrière métallique, tandis que l’arrière-plan est plus clair, il disparait derrière la vapeur. L’auteur a représenté le mouvement et l’agitation grâce aux nombreuses per‑ sonnes présentes sur le quai : des voyageurs mais aussi des cheminots qui attendent ou circulent. E Interprétez Ce tableau peut être un symbole de la révolution industrielle car son thème est le chemin de fer. Ce dernier se développe en France à partir des années 1820. Rapidement, les voies ferrées fleurissent dans Paris. Les locomotives et la vapeur sont les symboles de la révolution industrielle. L’architec‑ ture métallique n’est pas sans rappeler celle de la tour Eiffel (construite 12 ans plus tard). Monet et les impressionnistes © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 33 Les transformations sociales (les ouvrières et les ouvriers) 30 000 ouvriers qui n’ont plus de véritables figures humaines vivent et travaillent dans des conditions difficiles. Des « créatures hu‑ maines qui s’entassent pêle-mêle ». Des créatures qui vivent dans un jour in‑ complet (à cause de la fumée noire) et surtout qui travaillent dans la chaleur extrême et le bruit. 33 19/07/2016 18:24 rompent avec la tradition de la peinture en atelier ; le peintre se rend in situ, en plein air, observe et reproduit sur la toile ses « impressions » (le bruit, l’agitation, le mouvement des trains, la fumée) par des touches de couleur. En cela il est un peintre résolument moderne. Sujet guidé p. 97 Exercice 1. Analyser et comprendre un document Q Le tableau présenté est une œuvre de Jean Béraud qui représente le boulevard des Capucines à Paris en 1875. Il s’agit d’une artère commerçante de Paris au moment de l’industrialisation W L’animation est représentée grâce aux nombreux personnages sur le tableau : le boulevard grouille de monde, des voitures à cheval, des passants traversent, des badauds lisent le journal, le cantonnier nettoie le trottoir… La chaussée est tout aussi encombrée que le trottoir. Le groupe social représenté au premier plan est la bourgeoisie. E Cette peinture témoigne des profondes transformations qui ont affecté les villes et les sociétés au xixe siècle. Avec l’industrialisation, une partie de la société s’est enrichie : c’est la bourgeoisie. La ville quant à elle s’est profondé‑ ment transformée : les rues pavées se sont élargies pour laisser la place à la circulation, les trottoirs se sont équipés de mobilier urbain. On aperçoit au premier plan un banc et au second plan une colonne Morris. Ces colonnes servaient initialement à des fins publicitaires pour les 34 9782210106178_001-128_LDP4.indb 34 spectacles de théâtre auxquels s’adonnait la bourgeoisie, mais elles permettaient aussi aux cantonniers d’entre‑ poser leur matériel pour entretenir la voierie (avec la modernisation des villes apparaissent des préoccupations hygiénistes). Cependant, le Paris représenté est celui des beaux quartiers et de la bourgeoisie qui flâne devant les vitrines des premiers grands magasins. Le peintre n’a pas cherché à montrer les transformations industrielles et les quartiers ouvriers. Exercice 2. Maitriser différents langages pour raisonner Pistes pour le développement construit. – L’industrialisation est marquée par une nouvelle organi‑ sation de la production et le développement d’usines qui nécessitent une main-d’œuvre nombreuse. – L’exode rural entraine le développement des villes qui se transforment et s’agrandissent. – Elles sont mieux reliées entre elles grâce au développe‑ ment du chemin de fer. Des gares apparaissent au cœur des villes avec une architecture particulière, comme la gare Saint-Lazare à Paris. – Certains patrons mettent en place des politiques pater‑ nalistes qui leur permettent d’accompagner et d’encadrer leurs ouvriers. – Ainsi, certaines villes industrielles, comme Le Creusot, se développent autour des usines et se dotent d’équipements tels que logements, hôpitaux, maternités et écoles. Ce système profite à l’ouvrier-ère mais le-la place dans une situation de dépendance par rapport au patron. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 5 – HISTOIRE Conquêtes et sociétés coloniales au XIXe siècle p. 98 à 119 La mise en œuvre du programme Le programme incite à traiter les conquêtes coloniales entreprises par les Européens au XIXe siècle qui renforcent leur domination sur le monde. Deux études portent sur le fonctionnement des sociétés co‑ loniales, dans l’empire des Indes britanniques et en ­Algérie. Elles permettent de comprendre comment les puissances coloniales assoient leur domination sur les peuples colonisés, créant les conditions de sociétés violentes et inégalitaires qui suscitent souvent l’opposition voire la rébellion des peuples colonisés, alors même que la Grande-Bretagne et la France sont à la pointe du combat international contre l’esclavage. ▶▶ La frise chronologique (p. 100-101) permet de repérer les évènements en s’appuyant sur les conquêtes effectuées par les Français et les Anglais. ▶▶ La carte des emires coloniaux dans le monde en 1914 (p. 102-103) permet d’aborder le partage du monde entre les puissances impériales, et de constater la suprématie anglo-française. ▶▶ Les conquêtes sont envisagées en mettant en perspective l’affaire du Tonkin (p. 104-105). Cette étude permet de mettre en avant les logiques de la colonisation et de rappeler que la critique de la colonisation est aussi ancienne que la colonisation elle-même. ▶▶ Deux études sur le fonctionnement des sociétés colo‑ niales sont proposées. Comment la société en Algérie (p. 106-107) est-elle transformée par la présence française ? Comment la société coloniale fonctionne en Inde, placée sous la domination anglaise ? ▶▶ La troisième étude (p. 110-111) présente l’aboutisse‑ ment du processus d’abolition de la traite et de l’escla‑ vage qui est concomitant de l’extension des empires coloniaux et de développement du statut de l’indigénat. ▶▶ La double page Histoire des arts (p. 112-113) permet de traiter de la domination coloniale sous l’angle de l’image du colonisé avec le clown Chocolat. Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages • Dorigny M. et Gainot B., Atlas des esclavages. Traites, sociétés coloniales, abolitions de l’Antiquité à nos jours, coll. Atlas/Mémoires © Éditions Autrement, 2006. • Liazu C. (dir.) Colonisation, droit d’inventaire, © Éditions Armand Colin, 2004. Une mise au point historiographique sur l’histoire coloniale de la France. • Markovits C. (dir.), Histoire de l’Inde moderne, 1480-1950, © Éditions Fayard, 1994. Notamment les chapitres sur la colonisation anglaise. • Noiriel G., Chocolat clown nègre. L’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, © Éditions Bayard, 2012. Une biographie du premier artiste noir mise en contexte. • Stora B., Histoire de l’Algérie coloniale (1830-1954), © Éditions La Découverte, 2004. Une synthèse sur l’Algérie au temps de la colonisation française. • Wesseling H., Les Empires coloniaux européens 1815-1919, © Éditions Gallimard, 2009. Une synthèse pour remettre en perspective le colonialisme dans le temps et l’espace. ▶▶À destination des élèves • Bancel N., Blanchard P., Vergès F., La colonisation française, Les Essentiels Milan, 2007. • Garry G. et Otto T., Petite histoire des colonies françaises, © Éditions FLBLB, 2009. • Jordi J., L’Algérie. Des origines à nos jours, © Éditions Autrement Junior, 2003. ▶▶Site internet • www.histoire-image.org Plusieurs études iconographiques sont consacrées à l’histoire coloniale ainsi qu’à l’abolition de l’esclavage en France. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 35 35 19/07/2016 18:24 Les corrigés des questions et des exercices Ouverture p. 98-99 L’estampe d’Émile Mas parue en 1885 illustre l’entrée du général Amédée Courbet à Formose un an auparavant. C’est un des principaux protagonistes de la conquête de l’Indochine. Promu vice-amiral en mars 1884, il dirige les opérations décidées contre la Chine à la suite de l’affaire de Lang Son. Il attaque les forts de Fou-Tchéou, fait détruire par ses torpilleurs une partie de la flotte chinoise puis débarque à Formose et s’empare de Kelung, de Makung et en mai des iles Pescadores. Courbet meurt à bord de son navire-amiral, le Bayard, en rade de Makung, le 11 juin 1885. L’estampe n’illustre pas la conquête en elle-même mais plu‑ tôt la découverte réciproque de l’autre : la population locale qui observe la troupe de soldats et ces derniers qui, pour certains, ont le regard tourné vers elle. Elle permet d’amorcer avec les élèves l’idée de conquête (les soldats) mais aussi des sociétés coloniales (interaction des personnages). Se repérer dans le temps p. 100-101 Q La conquête de l’Algérie commence en 1830 et s’achève en 1870. W En 1858, l’Inde devient l’empire des Indes. Le Raj britan‑ nique est le régime colonial que connait le sous-continent indien de 1858 à 1947. Il débute en 1858 par le transfert des possessions de la Compagnie des Indes orientales à la couronne britannique. E En 1885, les pays européens se réunissent pour établir des règles internationales de la colonisation. L’Afrique est alors le théâtre de toutes les convoitises coloniales. R L’esclavage est aboli en 1833 en Angleterre et en 1848 par les Français. Se repérer dans l’espace p. 102-103 La carte des Empire coloniaux en 1914 permet d’aborder le partage du monde entre les puissances impériales, et de dégager la suprématie anglo-française dans le processus de la colonisation. On peut aussi aborder les tensions coloniales. Q La domination coloniale s’exerce sur l’Asie et sur l’Afrique ainsi que sur l’Océanie et sur une partie de l’Amérique (Caraïbes). W Les deux plus grands empires coloniaux sont l’Angleterre et la France. E C’est sur le continent africain que la France possède le plus de colonies. 36 9782210106178_001-128_LDP4.indb 36 Étude La France au Tonkin en 1885 p. 104-105 J’extrais des informations Q La colonisation, selon Jules Ferry, a trois objectifs : créer un débouché tout en disposant de matières premières, trouver des points d’ancrage pour que l’armée soit sur tous les continents et enfin, permettre à la France de diffuser son modèle de civilisation pour « civiliser les races inférieures ». W Clemenceau répond que l’argument de civilisation ne tient pas : à preuve, les savants allemands justifient ainsi leur victoire de 1870. Dans le même discours, Clemenceau donne les arguments suivants : la conquête coloniale coute cher en vies et en argent. Elle est source de tensions à l’extérieur (guerres) et à l’intérieur (oubli des problèmes des Français). J’analyse E Ferry est habillé à la mode asiatique. Il est porté par des hommes qui représentent la commission du budget et tient sous ses bras des sacs d’argent. On lui reproche de faire passer ses intérêts en premier : c’est parce que sa famille a des mines au Tonkin qu’il est partisan de la conquête. R L’estampe illustre la violence de la conquête : c’est une véritable scène de guerre qui est représentée. Des armes particulièrement meurtrières sont utilisées. aller Pour loin plus Un soldat témoigne de la violence de la conquête « Sous le beau prétexte de civiliser et de pacifier, nous avons mis une contrée entière, dans ces belles plaines du delta, à feu et à sang […]. Tout le long de notre marche rapide, les villages flambaient, d’immenses colonnes de fumée noire s’élevaient dans les airs. On pouvait voir les champs dévastés par les courses folles des hommes et des bestiaux, bœufs et cochons fuyant, éperdus, à la vue des flammes. Parfois des cadavres d’Annamites jonchaient les chemins. […] Dans les villages déserts, alors les sections, les escouades se transformaient en bandes de pillards. […] Pour tous les Annamites capturés, c’était la fusillade sans merci. » Frédéric Garcin, Au Tonkin pendant la conquête. Lettres d’un sergent 1884-1885. © Éditions Chapelot, 1903. Je rédige T Pour Clemenceau, l’argument tenu par Jules Ferry à propos de races supérieures supposées civiliser les races inférieures est fallacieux. En effet, c’est le même argu‑ ment qui a été utilisé par les Allemands pour justifier © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 leur victoire sur la France en 1870. Autrement dit, cela reviendrait à dire que les Français sont inférieurs aux Allemands, ce qui est inacceptable pour Clemenceau. Y En France, il existe des divisions politiques suscitées par la colonisation de l’Indochine. En effet, il y a des désaccords autour de la question économique, politique et morale. Certains, comme Jules Ferry, pensent que la colonisation peut créer un débouché tout en disposant de matières premières, trouver des points d’ancrage pour que l’armée soit sur tous les continents et enfin, permettre à la France de diffuser son modèle de civilisation. D’autres, comme Clemenceau, critiquent ces arguments : la conquête coloniale coute cher en vies et en argent. Elle est source de tensions à l’extérieur (guerres) et à l’intérieur (oubli des problèmes des Français). De plus, l’argument de civilisation ne tient pas : les savants allemands justifient ainsi leur victoire de 1870. Étude Une société coloniale : l’Algérie française p. 106-107 J’identifie Q Les colons vont s’installer principalement sur le littoral algérien. Au début de la colonisation, ils sont encore minoritaires dans les campagnes et sont surtout installés dans les villes. W Les terres sont confisquées : le gouvernement attribue un lot aux colons. Les Algériens perdent donc leur terre. J’extrais des informations E La France exploite la terre : les productions agricoles principales sont le blé, la vigne et les agrumes. Elle exploite aussi les ressources du sous-sol : le fer, le zinc, le charbon et l’étain. R Les populations locales résistent à la domination colo‑ niale : les paysans expulsés de leurs fermes se réfugient dans les montagnes et deviennent « des révoltés » (doc. 2). La résistance se fait parfois en arme : des Algériens sont accusés d’avoir tué des représentants de l’administration coloniale (doc. 3). J’analyse T Doc. 2 : Maupassant dénonce la spoliation des terres par les colons. Doc. 3 : Ferry critique l’attitude des colons qui exploitent les indigènes « corvéables et taillables à merci ». Il est par ailleurs surpris de voir que peu de colons se soucient de la mission civilisatrice : ils sont censés selon lui apporter les bienfaits de la civilisation. Y La domination française se fait par : l’appropriation des terres et des ressources (doc. 1 et 2) et par la soumission des populations indigènes (doc. 3 et 4). Étude Une société coloniale : l’Inde britannique J’extrais des informations Q Les Britanniques optent pour l’administration indirecte (indirect rule). Après la révolte des Cipayes (1857), ils choisissent d’associer les autorités indigènes à la ges‑ tion du territoire. Il existe deux types de territoires : les territoires sous administration directe dirigés par le vice-roi des Indes et les 562 États princiers dirigés par un Maharadja qui est, de fait, sous contrôle d’un repré‑ sentant britannique. W Les Indiens et les Britanniques vivent dans des mondes séparés. En ville, les Britanniques vivent dans des quartiers différents et ne fréquentent pas la population indigène. Je comprends E Les Anglais associent les populations indigènes à l’admi‑ nistration, ce qui leur permet de la contrôler. Rappelons que la mise en place de l’administration directe s’est faite non par principe mais par pragmatisme après la révolte des Cipayes. R Seule une partie de la population est associée, il s’agit de l’élite indienne. La société coloniale reste très hiérarchi‑ sée : les colons britanniques, peu nombreux, fréquentent peu les élites indiennes qu’ils méprisent. Je raisonne T Ce qui pousse ces Indiens à se révolter est la situation d’infériorité dans laquelle vit la population indigène. En effet, les meilleurs postes dans l’administration sont attribués aux Anglais, leur niveau de vie est bien meilleur. Y La domination anglaise se fait par : la participation réduite des élites locales au gouvernement (doc. 1 et 2) ; la sou‑ mission de la population indigène (doc. 3 et 4). Étude L’abolition de la traite et de l’esclavage p. 110-111 Je situe Q Il faut replacer l’abolition de la traite et l’esclavage dans un contexte international et montrer qu’elle s’est réalisée sur un temps long. C’est un long combat qui commence dès le début du XIXe siècle (abolition de la traite en 1807 par les Anglais) et couvre tout le siècle (abolition de l’esclavage par le Brésil en 1888). W Dans les colonies françaises, l’esclavage est aboli en 1848 après avoir été aboli une première fois en 1794. 1794 : 4 février (16 pluviôse an II). La Convention abolit l’esclavage dans les colonies françaises. Le décret ne sera © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 37 p. 108-109 37 19/07/2016 18:24 pas appliqué à la Martinique, livrée aux Anglais par les colons, ni à La Réunion, aux mains de propriétaires blancs. 1802 : Napoléon rétablit l’esclavage en Guadeloupe : résistance héroïque et sans succès de Delgrès (environ 10 000 victimes guadeloupéennes). Envoi vers SaintDomingue d’une expédition coloniale de reconquête : 35 000 hommes dirigés par le général Leclerc, beau-frère de l’empereur. 27 avril 1848 : décret d’abolition de l’esclavage en France. On peut aussi faire référence au texte de Jean Cocteau : Je comprends E Le chevalier de Jaucourt dénonce l’esclavage car il est contraire au droit fondamental que possède tout être humain : la liberté. R L’abolition a donné lieu à toute une floraison de textes et de peintures, exaltant la générosité de la République octroyant la liberté aux Noirs des colonies. Ici, le peintre met en avant les symboles républicains vers lesquels la population noire est tournée et vers lesquels elle semble reconnaissante. Je mets en relation l’artiste et son contexte T Foottit est en train de frotter le visage de Chocolat avec force afin de le blanchir. Cette publicité illustre les mentalités de l’époque et les rapports entre populations colonisées et colonisateurs. Ce sont des rapports de domination très inégalitaires. Je raisonne T La Grande-Bretagne a joué un rôle majeur car elle a initié le mouvement d’abolition. En effet, après avoir aboli la traite au début du XIXe siècle, les Anglais créent le West Africa Squadron pour lutter contre la traite qui perdure. Y L’émancipation n’est pas totale. Les inégalités entre les Blancs et les Noirs persistent. Ces derniers sont l’objet du mépris et de la haine des populations blanches. Histoire des arts Le clown Chocolat, premier artiste noir en France p. 112-113 « Ce qui était beau, c’était le cirque ; alors il y avait Foottit et Chocolat ; Foottit qui était comme une duchesse folle et Chocolat, le nègre qui recevait des claques. » D’après Jean Cocteau, Portraits souvenir, Grasset, 1984. R Le duo a révolutionné les arts du cirque : pour la première fois, les sketchs sont parlés. C’est aussi la première fois qu’est mis en scène un duo composé d’un homme blanc et d’un homme noir. « Le clown blanc et le clown nègre incarnent sur la scène parisienne la relation coloniale élaborée dans les récits d’actualité. On bat le Nègre, on lui donne des claques mais il fait bonne figure et attire les rires. » Gérard Noiriel, Chocolat, clown nègre : l’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, © Bayard Presse, 2012. aller Pour loin plus On peut visionner des extraits du spectacle de Footit et Chocolat filmés par les frères Lumière : www.circopedia. org/Foottit_et_Chocolat_Video_-_Chair_%281897%29 www.circopedia.org/Foottit_et_Chocolat_Video_-_ William_Tell_%281897%29 http://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes 00790/footit-et-chocolat.html Cette étude enrichit le thème de la domination coloniale à travers l’étude du premier artiste noir en France. S’entrainer J’identifie le sujet Q Le clown Chocolat s’est rendu célèbre en France en mettant au point avec le clown Foottit un duo associant un clown blanc et un auguste noir. George Tudor Hall (George Footit) et Rafael (Chocolat) forment ce duo. Foottit est le clown blanc, le maitre de la piste, autoritaire et sérieux, et le plus ancien type de clown. Chocolat, giflé par Foottit au moindre prétexte, culbute, virevolte et danse sur la piste. W C’est l’art du cirque qui est pratiqué par le clown. 1. J’analyse une œuvre sur le travail des missionnaires au XIXe siècle Q La photographie a été prise en 1910 au Congo belge. W On voit une religieuse entourée de jeunes femmes noires qui apprennent à broder. E Les missionnaires appuient la conquête en organisant des écoles et des hôpitaux qui participent à la mission civilisatrice. R La photographie montre que les Blancs sont actifs sur le terrain pour améliorer la vie des populations indi‑ gènes. L’image montre une scène paisible, où les Noirs apprennent un travail. J’analyse la carrière de l’artiste E Chocolat connait la célébrité. Il est choisi avec Foottit pour illustrer une publicité pour du savon. Il fréquente des artistes parisiens comme Toulouse-Lautrec qui le dessine à plusieurs reprises. 38 9782210106178_001-128_LDP4.indb 38 p. 117 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Méthode Étudier une affiche p. 118 Q La nature du document est une affiche publiée dans la revue satirique L’Assiette au beurre en avril 1911. Le sujet est la critique de la mission civilisatrice menée par les colonisateurs. W Les deux groupes de personnages sont les colonisateurs et les colonisés : – des Noirs (identifiés comme « nègres ») nus et aux yeux exorbités lorsqu’ils sont adultes, vêtus d’un pagne lorsqu’ils sont enfants scolarisés ; – le colon : casque et costume colonial, armé d’un fouet ; – le maitre d’école en costume noir, main sur le cœur. Scène 1 : le Noir écrasé par le poids des impôts. Impôts lourds et obligatoires pour payer la colonisation d’État (corvée de portage pour l’acheminement des marchandises, la construction de voies de communication). Scène 2 : critique de l’apport de la culture européenne : un homme noir détruit par l’alcool (absinthe). Scène 3 : le maitre d’école montre le slogan inscrit au mur. Il est en hauteur, derrière son bureau. Scène 4 : le colon avec casque et costume colonial, armé d’un fouet, montre le cimetière avec des croix. E L’auteur critique l’exploitation économique des colonies mais aussi la violence de la colonisation. Le Noir subit cette violence avec soumission (travail forcé). Il critique aussi la mission civilisatrice : les colonisés ne seront jamais citoyens français, en contradiction avec le slogan de principe inscrit sur le mur. L’auteur insiste sur le détournement de la mission civilisatrice de la colonisation à des fins d’exploitation économique et d’asservissement humain. À noter : il y a peu de dénonciation de la colonisation avant la Première Guerre mondiale. Quelques critiques, notamment dans L’Assiette au beurre, sur les excès de la colonisation et la violence « du joug colonial ». On peut rappeler les débats sur le système colonial (J. Ferry / G. Clemenceau en 1885) Sujet guidé Exercice 1. Analyser et comprendre un document Q Il s’agit de l’illustration d’une couverture de cahier scolaire qui date de 1900. Le sujet est l’éloge de la colonisation à travers la mission civilisatrice de la France. W Le personnage central représente Marianne (allégorie de la France républicaine) entourée de symboles valorisant l’entreprise coloniale : le rameau d’olivier pour la paix, le bouclier et l’armure pour la protection, la couronne de laurier pour le prestige et la victoire, le drapeau tricolore pour la nation française. Marianne est accompagnée d’explorateurs de diffé‑ rentes époques. Cela souligne l’ancienneté de l’entreprise coloniale. Les colonisés sont identifiés selon leur origine : il faut souligner ici le caractère archétypal de la représentation des indigènes (chapeau chinois par exemple). E L’auteur fait l’éloge de la colonisation : elle apporte aux populations considérées comme inférieures le progrès, la civilisation et le développement du pays par le commerce. Exercice 2. Maitriser différents langages pour raisonner Plan possible 1. Les raisons économiques/commerciales : débouchés commerciaux, fourniture de matières premières 2. La colonisation justifiée par « un devoir de civilisation ». © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 39 p. 119 39 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 6 – HISTOIRE Une difficile conquête : voter en France de 1815 à 1870 p. 120 à 135 La mise en œuvre du programme Le thème 3 du programme « Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle » débute par la conquête du vote en France. Cette expérience du vote doit faire découvrir les divers régimes politiques, et comment les Français vont faire l’apprentissage du suffrage universel à partir de 1848. ▶▶ L’ouverture du chapitre (p. 120-121) propose une image classique, illustrant un paradoxe au cœur du cha‑ pitre : l’acculturation de la pratique politique par les ci‑ toyens à travers le suffrage universel masculin au moment où ce vote est instrumentalisé par le pouvoir (le Second Empire). L’image permet de mettre en évidence l’existence d’une vie politique avant l’établissement d’une démocra‑ tie. Celle-ci est certes surveillée par le pouvoir (à travers le gendarme, le maire et le buste de l’empereur) mais elle permet aux citoyens de maitriser cet acte essentiel de la citoyenneté. ▶▶ La double page « Se repérer dans le temps » (p. 122- 123) présente de façon synthétique la pluralité des régimes politiques qui caractérisent la France de 1815 à 1870, tout en mettant à l’honneur quatre actes politiques majeurs et symboliques de la fondation de ces régimes. ▶▶ La première étude « Le suffrage censitaire, 1815- 1848 » (p. 124-125) montre la focalisation du débat politique autour de la question du suffrage, censitaire ou universel, masculin ou véritablement universel. Il s’agit d’examiner les prises de position en faveur des différents types de scrutin et des critiques qui émergent sous la monarchie de Juillet en particulier. ▶▶ La deuxième étude « Le suffrage universel masculin en 1848 » (p. 126-127) revient sur un moment fondateur, un « lieu de mémoire » républicain. L’intérêt de cette étude réside d’une part dans l’observation des modalités de la politisation, entre citoyenneté armée voire révolutionnaire et citoyenneté désarmée et s’exprimant au moment du vote ; et d’autre part dans la description d’une évolution contrastée de la Seconde République. ▶▶ La troisième étude « Le vote sous le Second Empire » (p. 128-129) vient enfin préciser comment l’obtention du suffrage universel ne suffit pas à fonder de façon durable la République, et peut être utilisé par un régime autoritaire. La politisation n’en existe pas moins et s’exprime à travers l’expression du vote et la réflexion politique. Bibliographie ▶▶Ouvrages • April S., 1815-1870 la Révolution inachevée, coll. Histoire de France, © Éditions Belin, 2010. • Barjot D., Figeac M., Citoyenneté, République et démocratie en France, 1789-1899, coll. Horizons, © Éditions Armand Colin, 2014. • Berstein S., Winock M. (dir.), L’Invention de la Démocratie, 1789-1914, © Éditions Seuil, 2002. • Huard R., Le Suffrage universel en France, 1846-1946, coll. Historique © Éditions Aubier, 1990. • Offerlé M., Un homme, une voix. Histoire du suffrage universel, coll. Découvertes, © Éditions Gallimard, 2002. • Rosanvallon P., Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, © Éditions Gallimard, 1992. • Rosanvallon P., Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, © Éditions Gallimard, 2000. • Rosanvallon P., La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France, © Éditions Gallimard, 2000. 40 9782210106178_001-128_LDP4.indb 40 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Les corrigés des questions et des exercices Se repérer dans le temps p. 122-123 Q Avec le retour de la monarchie en France en 1815, le vote censitaire se met en place. W La IIe République adopte deux mesures majeures : le suffrage universel masculin (SUM) et l’abolition de l’esclavage. E Le suffrage universel masculin est reconnu par la IIe Répu‑ blique et par le Second Empire. Étude Le suffrage censitaire, 1815-1848 p. 124-125 J’extrais des informations Q Le suffrage universel est l’objet du débat politique sous la monarchie de Juillet. W Les femmes sont exclues de la capacité du vote, de même que les ouvriers. J’analyse E Le vote censitaire est réservé aux « riches notables », c’est-à-dire à la bourgeoisie. R La caricature montre des bourgeois qui se font remettre des récompenses (en particulier la légion d’honneur) car ils ont voté pour les candidats soutenant la monarchie de Juillet. Je rédige T Le journal La Femme libre expose les revendications poli‑ tiques des femmes. Il s’agit en effet pour elles d’obtenir la fin de la « tyrannie » et de « l’exploitation », afin de ne plus être des citoyennes « passives ». Elles revendiquent donc la « Liberté », « l’émancipation sociale » qui doivent se traduire par des « droits ». Y Le Journal de la Côte d’Or associe le suffrage universel à la République. Les banquets sont en effet des réunions qui portent sur l’élargissement du corps électoral. Mais ils sont marqués par « l’audace des républicains » et par le « succès que les républicains [y] ont remporté ». en se rangeant par ordre alphabétique ; ils partent « en‑ semble » au lieu où se déroule le scrutin ; le candidat prononce un discours à leur attention avant d’arriver au lieu de scrutin ; le scrutin se déroule et tous votent au même moment. R L’élection présidentielle de décembre 1848 oppose quatre candidats : Louis-Napoléon Bonaparte, Ledru Rollin (pour la gauche socialiste-démocrate), Lamartine (à l’origine du suffrage universel masculin) et Cavaignac (pour l’aile droite des républicains). Je rédige T La gravure intitulée Le vote ou le fusil montre un homme qui agit dans le combat politique avec son vote, et non plus avec le fusil. L’adoption du suffrage universel mas‑ culin le 2 mars 1848 semble donc mettre fin aux journées révolutionnaires. Cependant, les « Journées de Juin » montrent que ce suffrage n’empêche pas ces journées révolutionnaires : les ouvriers continuent en effet d’utiliser la révolte pour exprimer leurs revendications. Étude Le vote sous le Second Empire, 1852-1870 p. 128-129 J’identifie Q Le Second Empire met à l’honneur le plébiscite, un vote par lequel les citoyens répondent oui ou non à une ques‑ tion posée sur le régime politique ou sur son dirigeant. W Le résultat des élections de 1863 est très favorable aux candidats bonapartistes, c’est-à-dire ceux qui soutiennent le Second Empire. 5 355 000 votes se sont exprimés en leur faveur, sur un total de 7 290 000. Je situe Q L’adoption du suffrage universel masculin constitue l’une des lois majeures de la Seconde République. W Cette loi est proclamée le 5 mars 1848. Je comprends E Les opposants au régime utilisent le bulletin de vote pour exprimer leur mécontentement. Ils y écrivent des messages rappelant les révolutions du XIXe siècle et la conquête de la liberté. R Le programme de Belleville propose plusieurs mesures majeures. Il s’agit d’appliquer le suffrage universel pour l’élection de tous les « maires et des conseillers munici‑ paux » et même « de tous les fonctionnaires » pour que le vote devienne vraiment démocratique. Mais il faut également obtenir de véritables libertés publiques : « la liberté de la presse », « la liberté de réunion », « la liberté d’association » et « l’instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire ». J’extrais des informations E La journée de vote est marquée par plusieurs étapes : les hommes du village (les électeurs) forment un cortège Je m’informe sur internet T Plusieurs sites internet peuvent être utilisés, tels que https:// blogs.mediapart.fr/edition/l-appel-du-2-decembre- Étude Le suffrage universel masculin, 1848 p. 126-127 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 41 41 19/07/2016 18:24 pour-baudin/article/291111/lhistoire-dalphonse-baudinet-ses-mult pour Alphonse Baudin, http://expositions.bnf. fr/hugo/expo.htm pour Victor Hugo, et http://www.19e. org/biographies/G/gambetta.htm pour Léon Gambetta. Plusieurs aspects de la lutte politique peuvent être envisagés : le refus de la suppression de la République avec Alphonse Baudin, le refus de la limitation des libertés avec Victor Hugo et la définition d’un programme politique d’opposition avec Léon Gambetta. S’entrainer p. 133 1. Expliquer l’échec de la IIe République à établir la démocratie Proclamation de la IIe République (février 1848) Suffrage universel masculin (mars 1848) Parti de l’Ordre (avril 1848) Journées de juin (juin 1848) Élections présidentielles (décembre 1848) Coup d’État (décembre 1851) 2. Analyser un texte sur le Second Empire Q Pour Gambetta, la souveraineté nationale correspond à l’exercice des « affaires politiques » par un parlement élu « par la participation de tous les citoyens », donc au suffrage universel masculin. W La gauche du corps législatif soutient cette position. E Pour Gambetta, le Second Empire fait « semblant d’accep‑ ter le suffrage universel ». R Ce discours est une critique de l’Empire car Gambetta indique que le pouvoir « ruse avec le suffrage universel », qu’il se met dans la position « de l’entraver, de le diriger, de le corrompre ». Tous ces verbes renvoient en effet à un vocabulaire critique. Méthode Étudier un dessin de presse p. 134 Q Ce dessin date du 27 août 1835. Il a pour auteur Honoré Daumier. Son titre fait référence à la révolution de 1830, les Trois Glorieuses. Il a été publié dans un journal dont les lecteurs doivent être des partisans de cette révolution. W La révolution de 1830 est ici symbolisée par les écrits sur les tombes : « Morts pour la liberté 27 28 29 juillet 1830 » et « Morts pour la liberté ». Les ouvriers sortant des tombes semblent incapables de réagir et même terrifiés face à ce qu’ils découvrent. La religion et la noblesse sont de nou‑ veau au cœur de la société, comme avant la Révolution française, alors qu’en 1835, la monarchie de Juillet est censée suivre la Charte. E Le dessin de presse d’Honoré Daumier met en évidence l’échec de la révolution de 1830. Celle-ci défendait une conception de la liberté qui ne semble plus exister en 1835. Les anciens ordres (le clergé, la noblesse) occupent 42 9782210106178_001-128_LDP4.indb 42 les premiers rôles. De plus, la noblesse n’hésite pas à réprimer la liberté d’expression. La monarchie de Juillet n’est donc pas une avancée vers la liberté. Sujet guidé p. 135 Exercice 1. Analyser et comprendre un document Q Le document est une caricature du XIXe siècle. W La caricature présente deux personnages : à gauche, le roi Charles X tient un bâton et regarde une femme représentant le peuple à droite ; celle-ci tient le texte de la Charte. Le roi semble vouloir taper le peuple ; celui-ci cherche à mettre en avant ses libertés. E Le caricaturiste critique le régime de Charles X pour sa violence envers le peuple. Le roi cherche en effet à faire tomber la Charte pourtant mise en place par la monarchie. Il veut donc revenir à la monarchie sans Charte, c’est-à-dire à la monarchie absolue. R D’après le document, les citoyens peuvent participer à la vie politique avec des droits et en particulier la liberté de la presse. Parmi ces droits, il faut évoquer le droit de vote même si celui-ci est censitaire sous la Restauration. Charles X tente de supprimer ces droits et cette liberté comme le montre la caricature. Le peuple se soulève alors : c’est la révolution de 1830 qui met fin à la Restauration. Exercice 2. Maitriser plusieurs langages Lors de la Restauration de la monarchie en 1815, le roi n’accepte qu’un suffrage censitaire à travers la Charte. Le nombre d’électeurs est très réduit. Le cens est ensuite un peu modifié sous la monarchie de Juillet. Mais le suffrage reste censitaire. Les oppositions à la monarchie se concentrent donc sur le vote : des banquets sont par exemple organisés pour récla‑ mer la mise en place d’un suffrage universel. Ce dernier est en particulier revendiqué par les partisans de la République. C’est pourquoi, après la révolution de février 1848, l’une des premières mesures adoptées par la Seconde République est la mise en place d’un suffrage universel masculin en mars de la même année. Celui-ci exclut donc les femmes de la vie politique. De plus, il ne porte pas au pouvoir des défenseurs de la République. À la suite d’un coup d’État en décembre 1851, la République est remplacée par le Second Empire. Celui-ci laisse en place le suffrage universel masculin mais le surveille de façon étroite. Les candidats officiels bénéficient du soutien du gouvernement : la population est fortement incitée à voter pour ces candidats. L’utilisation du plébiscite permet aussi à l’empereur de mesurer sa popularité auprès d’électeurs qui sont influencés par les notables. Toutefois, l’opposition au Second Empire se développe : les républicains sous la conduite de Léon Gambetta réclament ainsi avec le programme de Belleville en 1869 un suffrage universel masculin vraiment démocratique. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 7 – HISTOIRE La IIIe République au XIXe siècle p. 136 à 153 La mise en œuvre du programme Le sous-thème « La Troisième République » est intégré dans le thème du programme intitulé « Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle ». Il est consacré à un moment fondateur de la culture républicaine et du modèle démocratique de la France. Il ne s’agit pas de mythifier ce moment, car il n’a jamais constitué un âge d’or, mais de l’aborder de façon nuancée, en montrant les débats qui agitèrent la France et les oppositions que durent affronter les républicains. ▶▶ La double page d’ouverture (p. 136-137) expose, à travers l’œuvre du peintre Alfred Roll, Inauguration du monument à la République le 14 juillet 1880, une mise en scène des valeurs républicaines qui mêle monumentalité et fête du régime, au moment où les républicains viennent de s’emparer de tous les leviers du pouvoir. ▶▶ La première étude « L’année terrible, septembre 1870 – mai 1871 » (p. 140-141) nous ramène cependant à « l’An‑ née terrible » qui marqua la naissance de la IIIe République. Née d’une défaite militaire et d’un sursaut patriotique, la IIIe République est rapidement contrôlée par les royalistes. La guerre de 1870 laisse de lourdes séquelles qu’on a pen‑ dant longtemps sous-évaluées. L’étude est aussi l’occasion d’aborder la Commune et un autre projet républicain, celui d’une république démocratique, sociale et anticléricale. Après leur arrivée au pouvoir, les républicains engagent en effet un vaste programme de libéralisation politique et d’émancipation qui passe par l’école, mais refusent de prendre en compte la question sociale. ▶▶ La deuxième étude « L’enracinement de la ­République » (p. 142-143) évoque les moyens d’acculturation des Français à la République : pour écarter définitivement le danger monarchique ou bonapartiste, les républicains fondent une culture républicaine commune qui rassemble les citoyens. Il n’en demeure pas moins que les forces hostiles à la Répu‑ blique, comme l’Église catholique, continuent à menacer son existence. ▶▶ Les contestations s’expriment dans des affrontements violents, dont « L’affaire Dreyfus » (p. 144-145) et la « Loi de Séparation des Églises et de l’État » (p. 147) forment des acmés. Les débats qui agitent le Parlement, la presse et les citoyens témoignent alors d’une politisation de la société et des courants qui la fracturent. Ces crises de la IIIe République doivent être replacées dans un processus historique qui permet de comprendre les fondements des choix effectués et des positions prises par les différents acteurs. C’est aussi pour cette raison que la présentation de la loi de 1905 est située dans le contexte plus large de « La laïcisation de la société et de l’État » (p. 146-147). Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages • Duclert V. et Prochasson Ch., Dictionnaire critique de la République, © Éditions Flammarion, 2007. • Duclert V., La République imaginée, 18701914, © Éditions Belin, 2010. • Houte A.-D., « La France sous la IIIe République, 1870-1914 », La Documentation Photographique n° 8101, © Éditions La Documentation Française, septembre-octobre 2014. • Larkin M., L’Église et l’État en France. 1905 : la crise de la Séparation, coll. Bibliothèque historique universelle, © Éditions Privat, 2004. • Chanet J.-F., L’école républicaine et les petites patries, © Éditions Aubier, 1996. ▶▶Sites internet • www.dreyfus.culture.fr/fr/index.htm et www.affairedreyfus.com Deux sites consacrés à l’Affaire Dreyfus. – Le premier, site institutionnel du ministère de la Culture et de la Communication, propose à la fois un commentaire historique du contexte politique, économique, militaire de l’Affaire, une galerie de portraits de dreyfusards et d’antidreyfusards et des documents d’archives accompagnés de notices. – Le second propose des ressources complémentaires. Il est administré par deux historiens ayant collaboré avec le SHD (Service historique de la Défense) afin de numériser le procès de Rennes de 1899, ainsi que le dossier secret militaire à charge contre Dreyfus. • gallica.bnf.fr Le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France permet d’accéder aux collections numérisées de la presse. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 43 43 19/07/2016 18:24 Les corrigés des questions et des exercices Étude « L’Année terrible », septembre 1870-mai 1871 p. 140-141 Je situe Q Les élèves doivent ordonner les évènements évoqués de septembre 1870 à mai 1871 : – la guerre contre la Prusse (1) qui commence le 19 juil‑ let 1870 et qui se termine par la convention d’armistice signée le 28 janvier 1871 (2) ; – le siège de Paris du 19 septembre 1870 au 28 jan‑ vier 1871 (2) ; – les élections législatives du 8 février 1871 ; – la Commune du 26 mars 1871 au 28 mai 1871 (4), la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871 (5). On leur demandera aussi de marquer la proclamation de la IIIe République, le 4 septembre 1870. Ils peuvent remarquer la densité des évènements dramatiques que vivent les Français en quelques mois. J’analyse W Des combats meurtriers se déroulent entre les troupes allemandes et françaises et ces dernières ne parviennent pas à briser l’encerclement de Paris. La capitale est bombardée et n’est plus ravitaillée, la famine s’installe. E Une convention d’armistice met fin aux combats, en attendant qu’une assemblée élue décide de la poursuite de la guerre ou de la conclusion d’une paix. Le territoire français est en partie occupé par les troupes prussiennes (34 départements). Les électeurs votent majoritairement pour des royalistes, partisans de la paix. Les républicains sont particulièrement en minorité dans les territoires ruraux. Globalement, seuls les départements de l’Est de la France et les grandes villes votent en majorité pour les républicains. La République est donc aux mains des royalistes. R La Commune de Paris veut établir une république démocratique, sociale et anticléricale. On peut la consi‑ dérer comme la dernière révolution du XIXe siècle. Les communards combattent le gouvernement officiel de la République française. Le gouvernement dirigé par Thiers et replié sur Versailles décide d’envoyer les troupes armées pour réprimer la Commune. C’est bien un combat entre les habitants d’un même pays qui se déroule. Le document 3, appel des communards aux soldats ver‑ saillais, insiste sur la dimension fratricide de ce combat. 44 9782210106178_001-128_LDP4.indb 44 Je rédige T Les élèves doivent rassembler les différents éléments pour montrer la densité des évènements dramatiques qui touchent les Français : – La guerre contre la Prusse est perdue et le territoire français est en partie occupé par les troupes ennemies. Les conditions de la paix sont humiliantes. – Les républicains qui ont proclamé la République le 4 septembre et qui tentent de poursuivre le combat patriotique contre la Prusse, se retrouvent en minorité. La République est entre les mains des royalistes à l’issue des élections législatives de février 1871. – Une lutte fratricide met aux prises les communards qui forment un gouvernement révolutionnaire et le gouvernement officiel de la République. Elle se termine par une répression sanglante de la Commune. Étude L’enracinement de la République p. 142-143 J’identifie Q Le document 1 s’adresse aux écoliers. W La devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité », sur la façade de la mairie ; les couleurs du drapeau fran‑ çais : bleu, blanc, rouge en haut du fronton. J’analyse E Le sens de l’effort, l’amour de la patrie : l’écolier doit travailler dans l’intérêt général de la patrie et lui être reconnaissant de l’instruction qu’elle lui offre. R L’armée est un creuset où se rencontrent toutes les catégories sociales de citoyens. Pendant le temps du service militaire, les jeunes hommes vivent ensemble et apprennent à défendre leur patrie. Ils sont tous en prise avec les valeurs républicaines, même ceux qui n’ont pas été instruits au sein de l’école publique et qui ont fréquenté les écoles privées catholiques. La peinture montre une séance de vaccinations : les jeunes appelés bénéficient donc concrètement du progrès médical. La République montre par là qu’elle est une tenante des progrès scientifiques et techniques. T Van Gogh met en scène un moment essentiel des fêtes républicaines. L’image est saturée des couleurs emblé‑ matiques de la République française et la foule, com‑ posée de personnages issus de différentes catégories de la population, se fond dans la manifestation rituelle. Les mouvements ascendants semblent transcender les particularités des personnages pour les porter vers un idéal supérieur et unificateur, la République. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Je raisonne Y L’école et le service militaire permettent d’éduquer le futur citoyen et de lui transmettre les valeurs de la Répu‑ blique. L’adhésion à la République se construit aussi par la célébration de rites et de cérémonies mettant en scène les symboles républicains. C’est ainsi que les Français élaborent une culture politique commune. Étude L’affaire Dreyfus, 1894-1906 p. 144-145 Je comprends Q Il est accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. J’analyse W Zola défend Dreyfus au nom des valeurs portées par les Droits de l’homme et du citoyen : égalité, liberté, justice, vérité. E Certains antidreyfusards sont républicains : c’est le cas du président du Conseil Jules Méline. Le document 4 met d’ailleurs en scène un Dreyfus condamné et chassé par Marianne elle-même. R Plusieurs types d’arguments sont avancés par les an‑ tidreyfusards et ces derniers n’agissent pas toujours selon les mêmes motivations. Ils défendent l’honneur de l’armée et les intérêts supérieurs de la patrie et de la raison d’État. Humiliée par la défaite de 1870, l’armée veut sa revanche contre l’Allemagne et ne peut pas être accusée d’erreur judiciaire. On ne peut pas la fragiliser en reconnaissant cette erreur en dépit des preuves accumu‑ lées. L’antisémitisme joue un grand rôle : Dreyfus est un officier juif et donc considéré comme un « sans-patrie », il ne peut pas être loyal à la patrie française, il est forcément un traitre. Le document 3 le caricature sous les traits de Judas et reprend des arguments de catholiques antiré‑ publicains. Certains antidreyfusards sont effectivement porteurs de valeurs antirépublicaines : antiparlementaires, ils dénoncent les compromissions des républicains inca‑ pables de défendre les intérêts nationaux. Je raisonne T La République affronte des oppositions qui remettent en cause son existence, incarnées par exemple par des catholiques et une extrême-droite nationaliste. Elle doit faire aussi face à des divisions internes, deux conceptions de la Républiques s’opposant. Y Dreyfus est gracié, réhabilité et réintégré dans l’armée. Les dreyfusards imposent une conception de la République comme garante des Droits de l’homme et du citoyen. Les libertés individuelles et les droits des citoyens sont plus importants que la raison d’État. Étude La laïcisation de la société et de l’État J’extrais des informations Q Les lois Ferry sur l’instruction obligatoire et l’école pri‑ maire gratuite et laïque datent de 1881 et 1882. En 1882, la loi sur l’école primaire laïque est votée. En 1886, une nouvelle loi établit la prise en charge de l’enseignement par des instituteurs laïques dans les écoles publiques. W Ces lois ne s’appliquent pas aux écoles privées. Un ensei‑ gnement privé catholique continue à instruire des élèves. J’analyse E L’école devenant obligatoire, toutes les familles sont obli‑ gées de scolariser leurs enfants. Le principal argument est la nécessité d’une école publique, gratuite et neutre, qui ne doit pas proposer un enseignement religieux pouvant heurter les choix religieux des familles. Cela contredirait la liberté individuelle de culte. R L’Église catholique est assimilée à un animal prédateur et parasite, qui maintient sous son influence la popula‑ tion en développant des réseaux et en marquant de son empreinte des lieux. L’affiche est anticléricale car elle est hostile envers le clergé et dénonce son influence dans la vie publique et politique. En utilisant le noir et des couleurs sombres, elle place l’Église du côté du mal. Elle montre que l’anticléricalisme des républicains est une tradition antérieure à la IIIe République, puisqu’elle fait référence à un discours prononcé par Gambetta en 1863, sous le Second Empire. T La loi de séparation des Églises et de l’État entraine une réorganisation de la gestion matérielle des édi‑ fices religieux et des biens matériels qui doivent pris en charge par des associations privées cultuelles et non plus par l’État. Des inventaires doivent être établis et c’est l’occasion pour des catholiques opposés à la loi de 1905 d’exprimer, parfois avec violence, leur colère, en tentant d’empêcher ces inventaires. Des incidents, nécessitant parfois l’intervention de militaires, éclatent dans plusieurs départements. Je raisonne Y L’Église catholique est une force d’opposition à la Répu‑ blique. Largement alliée aux royalistes, insérée dans la société et disposant de réseaux d’influence, elle peut diffuser des idées antirépublicaines. Pour éduquer les enfants aux valeurs de la République et les former comme citoyens républicains, pour fonder la culture républi‑ caine, les républicains ont besoin de soustraire le pouvoir politique, l’administration et l’enseignement à l’autorité religieuse. La laïcisation de la société et de l’État est un processus visible à travers les lois scolaires et la loi de 1905. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 45 p. 146-147 45 19/07/2016 18:24 S’entrainer p. 151 1 Je fais une recherche sur les symboles de la République Q Auteur : Aimé-Jules Dalou Titre : Le Triomphe de la République Commanditaire : La ville de Paris Date : Inauguration en 1899 Nature : Groupe monumental en bronze Dimensions : Un monument gigantesque de 12 mètres de haut, 22 mètres de long, 12 mètres de large, les figures faisant environ 4,50 mètres de haut. Lieu : Square de la place de la Nation, au centre de la place de la Nation, à cheval sur les 11e et 12e arrondissements de Paris. Image commentée page 47. Aimé-Jules Dalou (1838-1902), sculpteur, est un artiste engagé. Il a participé à la commune de 1871. Il doit s’exiler après la Semaine sanglante (mai 1871). De retour en France à la faveur de l’amnistie des communards, le gouvernement lui demande de mettre son art au service de la République. En 1879, il présente une maquette en plâtre au concours ouvert pour un monument à la République à Paris. En 1880, la ville de Paris commande le groupe monumental pour la place de la Nation. En 1889, le modèle en plâtre est présenté à l’Exposition universelle de Paris qui fête le centenaire de la Révolution française. En 1899, le groupe monumental est inauguré alors qu’un deuxième procès s’ouvre contre Dreyfus. C’est l’occasion d’une grande fête républicaine. Méthode Confronter deux documents p. 152 Q Le document 1 est un texte composé d’extraits d’un programme politique, tiré d’une affiche reproduite dans le journal L’Action française, organe de presse d’extrêmedroite. Il date de 1908. Le document 2 est un extrait d’un discours de Jean Jaurès prononcé en 1906, à l’occasion de sa présentation aux élections législatives dans une circonscription d’Albi. Jean Jaurès est alors député socialiste. Les deux textes ont été produits sous la IIIe République. W Le document 1 dénonce l’influence des juifs et des pro‑ testants sur la République. Ouvertement antisémite et xénophobe, il considère le régime républicain comme ennemi des catholiques et des Français. L’Action française veut rétablir une monarchie alliée à l’Église catholique. Jean Jaurès salue les progrès de la laïcisation de l’État, concrétisés par la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Il affirme aussi que la loi du 21 mars 1905, ins‑ taurant un service militaire de deux ans obligatoire pour 46 9782210106178_001-128_LDP4.indb 46 tous et supprimant la possibilité de se faire remplacer, fait progresser l’égalité entre les citoyens et permet de mieux diffuser la culture républicaine. Il met en valeur enfin les progrès de la législation sociale en faveur des travailleurs. E Les deux documents proposent un jugement critique du régime républicain. Le premier est antirépublicain et appelle à la restauration d’une monarchie catholique ; il dénonce les lois républicaines établies depuis les années 1880. Le second exprime un jugement plus positif sur la République en place et sur les évolutions en cours : Jean Jaurès souhaite cependant que soient garantis plus de droits sociaux. On peut y voir une critique du choix premier des républicains de n’établir, dans les années 1880, que des lois garantissant les libertés individuelles et politiques et des droits politiques. Sujet guidé p. 153 Exercice 1. Analyser et comprendre un document Q Le premier document est un texte législatif, il est consti‑ tué par les deux premiers articles de la loi Ferry du 28 mars 1882 sur la création d’une école primaire gratuite et laïque. Quand cette loi est votée, les républicains contrôlent, depuis seulement trois ans, les différents leviers du pouvoir. Ils ont pour principal objectif d’enraci‑ ner la République. Le second document est un graphique, construit par un historien à partir de données statistiques sur les effectifs de garçons et de filles scolarisés dans l’enseignement primaire au XIXe siècle. Il permet de mettre en perspective le texte de loi et d’apporter des éclairages sur les objectifs poursuivis par les républicains. W Les effectifs progressent de 1832 à 1886, plus fortement entre 1832 et 1881 qu’entre 1881 et 1886. On remarque aussi des inégalités entre la scolarisation des garçons et des filles. Les garçons étaient plus scolarisés dès le départ et les progrès de la scolarisation leur ont toujours plus bénéficié, même si l’on note un rattrapage de la scolarisation des filles. E On peut remarquer que les progrès de la scolarisation dans l’enseignement primaire se sont essentiellement réalisés avant le vote de la loi de 1882. L’alphabétisation de la population française avait donc déjà eu lieu. La loi de 1882 ne marque pas de rupture dans cette évolution. R Le principal objectif de l’école républicaine est de former des citoyens qui adhèrent à la culture républicaine. L’ins‑ truction des filles et des garçons est différenciée et l’on prépare chacun à son rôle social. En cela, rien ne change. Le principal changement réside dans la laïcisation de l’école publique. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Les symboles de la République Marianne coiffée du bonnet phrygien marche d’une façon assurée La République est en marche. Elle triomphe. Marianne se tient sur un globe La République doit triompher partout dans le monde Un forgeron avec un marteau. Il symbolise le travail. Une femme tenant une main de justice Un enfant portant un livre. Il symbolise l’instruction. Les lions représentent la force populaire. Ils supportent la sculpture en même temps qu’ils la font avancer. Le peuple devient moteur de la République. Un enfant tenant une balance, symbolisant l’égalité Homme tenant une flamme, c’est le génie de la liberté. Il symbolise le progrès. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 47 47 19/07/2016 18:24 CHAPITRE 8 – HISTOIRE Conditions féminines dans une société en mutation p. 154 à 171 La mise en œuvre du programme Ce chapitre s’inscrit dans le thème 3 du programme, consa‑ cré à la société, à la culture et à la politique dans la France du xixe siècle. Les conditions féminines dans une société en mutation constituent le sous-thème 2. Quel statut, quelle place, quel nouveau rôle pour les femmes dans une société marquée par leur exclusion politique ? Femmes actives et ménagères, bourgeoises, paysannes ou ouvrières, quelles sont leurs conditions de vie et leurs revendications ? Il ne s’agit pas de parler de la femme en général mais bien d’identifier les différents statuts des femmes du xixe siècle, de comprendre leurs aspirations et leurs luttes, de réfléchir à l‘impact des décisions politiques sur leur statut et leur situation quotidienne, de connaitre quelques figures fémi‑ nines exceptionnelles qui ont marqué l’histoire des idées, des arts ou des sciences. Ce chapitre doit aussi permettre de poser des questions et des jalons qui seront réinvestis en classe de 3e, notamment dans le sous-thème, femmes et hommes dans la société des années 1950 aux années 1980 : nouveaux enjeux sociaux et culturels, réponses politiques. ▶▶ La première étude « Les droits et les devoirs des femmes au e siècle » (p. 158-159) propose une vision large de la situation juridique et politique des femmes à cette époque en France. ▶▶ La deuxième étude « Les femmes de la campagne » (p. 160-161) permet aux élèves de comprendre à quels travaux les femmes sont affectées à la campagne : travail non rémunéré, travail à domicile ou tâches ménagères. Quelques métiers spécifiques sont aussi abordés comme celui des nourrices et des religieuses institutrices. ▶▶ La troisième étude « Les femmes dans le monde indus‑ triel » (p. 162-163) s’intéresse au travail des femmes à l’usine, à la mine, et à la lutte ouvrière afin de mobiliser les notions construites au cours de l’étude de la révolution industrielle. ▶▶ La quatrième étude « Le temps des pionnières, 1870- 1914 » (p. 164-165) dresse les portraits de femmes qui ont ouvert de nouvelles voies. Louise Michel, Hubertine Auclert, Sarah Bernard ou encore Marie Curie ont marqué leur époque par leurs combats ou leurs découvertes. Bibliographie-sitographie ▶▶Ouvrages pour les enseignants • Héritier F., Perrot M., Agacinski S., Bacharan N., La plus belle histoire des femmes, © Éditions Seuil, 2011. • Batigliola F., Histoire du travail des femmes, © Éditions La Découverte, 2008. • Perrot M., Mon histoire des femmes, © Éditions Seuil, 2006. • Textes rassemblés par Charlot P. et Gasparini É., La femme dans l’histoire du droit et des idées politiques, © Éditions universitaires de Dijon, 2008. • Zancarini-Fournel M., Histoire des femmes en France, xixe-xxe siècle, coll. « Didact histoire », © Presses universitaires de Rennes, 2005. • Battagliola F., Histoire du travail des femmes, coll. Repères, © Éditions La Découverte, 2004. ▶▶Sites internet • www.metropole-rouen-normandie.fr/portraits-de-sept-femmes Les portraits de sept femmes qui se sont battues pour les droits des femmes. • http://education.francetv.fr/matiere/economie/seconde/quiz/l-histoire-des-femmes-les-femmes-et-les-hommes L’historienne Michelle Perrot aborde la question des rapports entre les femmes et les hommes, et des évolutions du statut de la femme dès la fin du xixe siècle. • www.histoire-image.org/hors-series/femmes L’Histoire par l’image publie un hors-série sur les femmes, de la Révolution française à 1939 : leurs conditions de vie, leurs rôles dans la société et leurs évolutions tout au long du xixe siècle. 48 9782210106178_001-128_LDP4.indb 48 © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24 Les corrigés des questions et des exercices Se repérer dans le temps p. 156-157 Q En 1804, le Code civil des Français est promulgué. Il instaure l’incapacité juridique des femmes mariées : les femmes ne peuvent pas prendre de décision ou d’engagement sous peine de les voir annulés par la loi. Les femmes n’ont aucun droit : elle reste sous la domi‑ nation de leur mari. W En 1848, le suffrage n’est pas universel puisque les femmes sont exclues du vote. E La loi de 1881 permet aux femmes d’aller à l’école ce qui est un indéniable progrès. Étude Les droits et les devoirs des femmes p. 158-159 Je situe Q Le texte 1a a été écrit sous l’Empire et le texte 1b sous la IIIe République. J’extrais des informations W La loi Naquet est une avancée pour les femmes puisqu’elle les autorise à divorcer sous certaines conditions. E Proudhon s’oppose à la candidature des femmes à l’Assemblée nationale. Il refuse que les femmes entrent en politique. Je raisonne R Les droits économiques et les droits politiques sont refusés aux femmes. T Les femmes doivent savoir recevoir et se tenir en société. Elles doivent savoir cuisiner et tenir le logis. Étude Les femmes de la campagne p. 160-161 Je situe Q Elles exercent une activité agricole, en travaillant aux champs mais aussi une activité industrielle à domicile. W Aux champs, les femmes sont une main-d’œuvre d’ap‑ point : certaines tâches leur sont réservées, ici la cueillette. Lorsque les femmes font un travail industriel à domicile, elles ramènent un salaire supplémentaire. Je comprends E Les nourrices peuvent être facilement renvoyées. Elles ne peuvent pas garder leurs enfants avec elles. R Les religieuses enseignent. Je rédige Q À la campagne, les femmes travaillent aux champs, souvent sans rémunération. Elles travaillent également à domicile pour bénéficier d’un salaire d’appoint. À la ville, le nombre d’ouvrières augmente dans les usines. Les conditions de travail y sont difficiles et les salaires très bas. Dans les familles bourgeoises, les nourrices venues de la campagne prennent en charge les enfants. Étude Les femmes dans le monde industriel J’extrais des informations Q Les conditions de travail des femmes dans les usines et à la mine sont très difficiles. Elles doivent travailler dès l’âge de six ans. Elles travaillent entre quinze et dix-huit heures par jour, dimanche et jours fériés compris. Le salaire est très bas. W Les femmes de Méru veulent une augmentation de salaire et des améliorations de leur condition d’hygiène. Je raisonne E C’est sous la IIIe République que cette législation est mise en place. R L’élève choisit un droit et justifie son choix. Je confronte des documents T En 1913, les ouvrières des soieries lyonnaises ne doivent pas travailler plus de 11 heures par jour, elles ne doivent plus travailler le dimanche et la nuit. Étude Le temps des pionnières p. 164-165 Je situe Q Louise Michel et Hubertine Auclert s’illustrent dans la politique, Sarah Bernard dans le domaine artistique et Marie Curie dans celui de la science. W 1870 : Louise Michel participe à la Commune. 1881 : Hubertine Auclert crée le journal, La Citoyenne. 1893 : Sarah Bernard prend la direction du théâtre de la Renaissance. 1903 : Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique. J’extrais des informations E Louise Michel participe à la Commune. R Hubertine Auclert réclame le droit de vote pour les femmes. T Marie Curie a obtenu le prix Nobel pour ses travaux sur la radioactivité. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 9782210106178_001-128_LDP4.indb 49 p. 162-163 49 19/07/2016 18:24 S’entrainer p. 169 1. Analyser un document sur la maternité Q Ce livre traite de l’art de l’accouchement. WL’auteur, Madame Boivin, a dédié ce livre à son professeur Madame La Chapelle. EIl est destiné aux apprenties sagefemmes. RCes deux femmes sont des maitresses sagefemmes. TLes femmes qui vivent en ville accouchent à l’hôpital et plus chez elles. 2. Analyser un texte littéraire sur la maternité QIl s’agit d’un extrait de Madame Bovary, Mœurs de province, écrit par Flaubert en 1857. Elle est d’abord étonnée puis elle espère accoucher au plus vite. Elle semble subir la maternité sans vraiment l’avoir désirée. WElle veut un fils car elle considère que les hommes sont plus libres que les femmes. Ceci reflète bien la situation d’une époque où les femmes ne peuvent s’émanciper de la tutelle de leur mari. RLa fin du texte, à partir de la phrase « un homme, au moins, est libre » (l. 9) montre qu’Emma ne parvient pas à se sou‑ mettre aux règles de la société dans laquelle elle vit. TLe roman peut être une source pour l’historien-ne car il révèle les mœurs de l’époque. Cependant, il doit être croisé avec des documents sources comme des archives ou des témoignages. Méthode Lire une photographie p. 170 QIl s’agit d’une photographie prise à Paris devant les ­Galeries Lafayette. Il s’agit d’une photographie de rue. WCe sont des hommes qui tiennent les étals. La foule qui se rue vers l’entrée est constituée en majorité de femmes. Il s’agit pour la plupart de femmes bourgeoises vêtues d’une jupe et d’un plastron et coiffées d’un chapeau. Les Galeries Lafayette vendent des nouveautés et des articles de mode. ELe grand magasin offre dans un même espace de nom‑ breuses marchandises. Cette grande diversité de produits a été rendue possible par la standardisation et la pro‑ duction en plus grand nombre. Attirées par les affiches publicitaires ou les catalogues, les femmes, d’abord de la bourgeoisie puis des classes moyennes, quittent leur foyer et se pressent pour découvrir cet extraordinaire lieu d’abondance. C’est avec les grands magasins que se répand la notion de « la Parisienne ». Les femmes sortent seules en public et dans les rues. Elles tiennent donc désormais une place dans la sphère économique comme cliente ou comme employées. 50 9782210106178_001-128_LDP4.indb 50 Sujet guidé p. 171 Exercice 1. Analyser et comprendre un document Q Il s’agit d’une photographie de la fin du xixe siècle qui nous montre des femmes au travail dans une conserverie de poissons à Concarneau en Bretagne. W Au premier plan, on distingue des paniers. Au deuxième plan, des femmes travaillent, assises à des tables. Elles doivent certainement nettoyer le poisson avant sa mise en conserve. On a l’impression que le travail est très organisé : les femmes portent le même tablier et la même coiffe blanche. Elles sont assises les unes à côté des autres et semblent exécuter la même chose. E La main-d’œuvre dans cet atelier est exclusivement féminine. Les femmes sont installées de part et d’autre d’une table, où l’on voit des paniers. Elles font toutes le même travail. Sur cette photographie, on ne voit ni la pénibilité ni les mauvaises conditions de travail. Exercice 2. Maitriser différents langages pour raisonner La femme mariée doit d’abord assurer la bonne tenue de son foyer et l’éducation des enfants. À la campagne, les femmes travaillent aux champs sans rémunération. Elles travaillent également à domicile (elles tissent par exemple pour un marchand fabricant installé en ville et sont payées à la pièce) pour bénéficier d’un revenu d’appoint. À la ville, le nombre d’ouvrières augmente dans les usines. Les conditions de travail y sont difficiles et les salaires très bas. Les familles bourgeoises embauchent des domestiques et des nourrices venues de la campagne. Si la femme travaille, elle ne peut pas disposer de son salaire avant 1907 : la femme est considérée comme mineure. Égale à un enfant, elle n’a aucun droit économique, aucun droit politique ni civil. Elle est placée sous le contrôle de son mari, ou de son père si elle n’est pas mariée. La femme est une épouse et une mère. « Faire des enfants » doit être sa priorité. Bien que le principe d’égalité entre femmes et hommes soit proclamé par la Révolution française, la femme participe peu à la vie politique. En 1848, le suffrage universel reste masculin. Certaines femmes, comme Hubertine Auclerc, militent pour l’égalité politique entre femmes et hommes. Ce sont les premières féministes. À partir des années 1881-1882, l’instruction primaire devient obligatoire. Des écoles de filles et de garçons sont créées séparément. Depuis le Second Empire, l’enseignement secondaire s’est ouvert aux femmes mais ses contenus sont moins exigeants que ceux prévus pour les hommes. Ils ne permettent pas de poursuivre une scolarité à l’université. Ce n’est qu’au début du xxe siècle que des étudiantes, comme Marie Curie, parviennent à mener de brillantes études. Ainsi, par l’action de certaines femmes, les mentalités com‑ mencent à changer pendant la Troisième République. © Magnard, 2016 – Histoire Géographie Enseignement moral et civique 4e – Livre du professeur 19/07/2016 18:24