THEMA Victor Hugo Pour clore l’année Victor Hugo qui marque le bicentenaire de sa naissance, “Thema” présente trois visages du grand écrivain : le dramaturge, avec Ruy Blas dans une version réalisée par Jacques Weber avec Gérard Depardieu et Carole Bouquet ; l’écrivain engagé, avec son autoportrait en “exilé” ; et le poète, avec une fantasmagorie toute hugolienne… 20.45-00.10 jeudi 12 décembre 2002 Contact presse : Grégoire Mauban / Dorothée van Beusekom / Souad Khaldi - 01 55 00 70 42 / 73 25 / 70 43 [email protected] / [email protected] / [email protected] Retrouvez les dossiers de presse en ligne sur www.artepro.com 20.45 Ruy Blas D’après Victor Hugo Adaptation : Jean-Claude Carrière. Réalisation : Jacques Weber Avec : Jacques Weber (Don Cesar de Bazan), Carole Bouquet (Marie de Neubourg, la reine), Gérard Depardieu (Don Salluste), Xavier Gallais (Ruy Blas) Coproduction : GMT, France 3, ARTE France (France, 2002-1h48mn) Deux ans après l’adaptation de Bérénice, Gérard Depardieu, Carole Bouquet et Jacques Weber se retrouvent pour Ruy Blas. Une superbe production tournée en décors naturels au Portugal. Fin du XVIIe siècle à la cour d’Espagne. Démis de sa charge par la reine, condamné à l’exil, le seigneur Don Salluste fomente sa vengeance. À son cousin, Don Cesar, devenu brigand, il propose de pourfendre la dame, mais ce dernier refuse. Furieux, Don Salluste le fait envoyer aux galères et fait endosser à son valet Ruy Blas son habit ; il fait de lui un comte, chargé de s’introduire auprès de la reine afin de la perdre. Mais Ruy Blas, secrètement amoureux de la royale épouse, n’a de cesse que de la servir… Romantisme éclairé Jouée dans une authentique demeure portugaise, avec de magnifiques éclairages et de somptueuses couleurs, la transposition cinématographique de Jacques Weber est réussie à plus d’un titre. Les personnages masculins, riches en contraste, rendent aux vers hugoliens toute leur richesse : accents romantiques de Ruy Blas, gouaille d’un Don Cesar qui a rejoint la cause du peuple, roublardise de Don Salluste. L’humour le dispute à la gravité. Xavier Gallais, jeune comédien aux allures romantiques, est superbe d’aisance et de conviction, Gérard Depardieu machiavélique à souhait, et Jacques Weber tout bonnement réjouissant. L’adaptation de Jean-Claude Carrière nous rend familière la plume du dramaturge. Mais Ruy Blas n’est pas seulement un grand drame romantique. C’est aussi une farce sous laquelle se profile l’histoire de la décadence d’une monarchie, où l’on voit la noblesse piller l’État et affamer le peuple. Sous Ruy Blas pointe la question politique : les vicissitudes du royaume d’Espagne sont pour Victor Hugo l’occasion de se placer à nouveau en défenseur du peuple et en accusateur de la corruption des puissants. Rediffusion le 16 décembre à 00.50 .2 22.35 L’exilé Documentaire de Henry Colomer (France-2002-52mn) Textes et dessins de Victor Hugo Coproduction : ARTE France, Artline Films, BNF, Musée d’Orsay À travers les textes et les dessins de Victor Hugo, une plongée autobiographique dans l’intimité créatrice du poète exilé, toujours en prise avec l’histoire. Original et magnifique. Comme un journal de bord, les dessins et les extraits d’œuvres de Victor Hugo dévoilent, année après année, le versant le plus tumultueux de sa vie. De 1851 à 1870, son exil suite au coup d’État bonapartiste plonge le poète dans un désarroi créateur. Ses prises de position virulentes contre “Napoléon le petit” ou contre la peine de mort vont de pair avec des méditations plus personnelles et existentielles : “Notre vie est faite de mort, telle est la loi terrifiante. Nous sommes sépulcres.” Les tumultes de l’histoire font écho à ceux de l’âme, que ce soit dans la littérature ou dans les dessins. En 1870, le poète qui affirmait “le jour où la République rentrera, je rentrerai” tient parole… Dessine-moi un exil “J’ai fini par y mêler du crayon, du fusain, de la sépia, du charbon et toutes sortes de mixtures qui arrivent à peu près à rendre ce que j’ai dans le cœur et surtout dans l’esprit”, expliquait Victor Hugo à propos de ses dessins. Dans ce documentaire, ces dessins, omniprésents, éblouissent par leur puissance évocatrice. La leçon d’histoire se mêle au plaisir du texte et de l’image : chaque œuvre, mise en parallèle avec des extraits littéraires, est abordée dans ses dimensions à la fois historique et artistique. La caméra chemine d’un point à l’autre des dessins, au rythme des mots du poète, accentuant ainsi le ressort dramatique de ces œuvres picturale qui font parfois l’objet d’animations virtuelles. On y prend un plaisir immense. .3 23.25 Ce que dit la bouche d’ombre Documentaire de Jean-François Jung (France, 2002-35mn) Coproduction : La Compagnie des Taxi-brousse, ARTE France, Office national des films du Canada Le verbe hugolien forme la trame de ce film qui nous projette dans le monde poétique fabuleux de Victor Hugo. Le titre du film est emprunté au dernier long poème des Contemplations, et sa trame est constituée de divers textes de l’écrivain : extraits de poésies, de drames, de romans et témoignages forment un verbe hugolien unique, inédit. Ce que dit la bouche d’ombre, c’est ce que disent tous les gouffres, qu’ils soient souterrains, sous-marins ou galactiques. C’est ce que dit le Ciel tout autant que les tombes et les sépulcres que l’œuvre de Hugo ne cesse de fréquenter. Le film puise dans les Procès verbaux des séances des tables parlantes de Jersey : au fur et à mesure qu’ils sont appelés, les personnages d’une séance de spiritisme introduisent les mondes et les thèmes chers à Hugo : la mort, l’ombre, l’océan, le rêve, le ciel… La bouche d’ombre, c’est donc aussi la table spirite qui, précisément, parle. “Je suis la bouche obscure et soufflant sur les phares, Va-t’en, malheur à toi, ver luisant qui t’égares.” “Tout est une voix et tout est un parfum, Tout dit dans l’infini quelque chose Fantasmagorie hugolienne à quelqu’un. Une pensée emplit Chaque mot de Ce que dit la bouche d’ombre est le tumulte superbe, issu de l’œuvre de Hugo. Au-dessus du chaudron Dieu n’a pas fait un bruit bouillant de ces “voix choisies”, des visions fument, sans y mêler le Verbe.” des personnages entrent en scène, des masques s’agitent. Au détour d’un vers surgissent les marines et les manoirs hantés des dessins du poète. Ruines, tombeaux et statues moyenâgeuses nous plongent dans son univers romantique. Le film de Jean-François Jung est une invitation à écouter la beauté du phrasé hugolien : “Les fleurs aiment la mort, et Dieu les fait toucher / Par leurs racines aux eaux, par leur parfum aux âmes.” .4 Ce que dit la bouche d’ombre Le titre de ce film est celui du dernier long poème des Contemplations. Les textes de Victor Hugo qui constituent notre bande-son ne sont pas pour autant puisés dans cette œuvre seule, loin s’en faut. Ils sont seulement liés aux sens multiples qu’ouvre cette puissante formule, mystère qui prend écho dans toute l’œuvre hugolienne. Ce que dit la bouche d’ombre, c’est par exemple ce que disent les gouffres, ceux de la terre, de la mer ou du ciel. C’est ce que disent les tombes, les sépulcres, que l'œuvre de Hugo n’a cessé de fréquenter et d’invoquer. L’écrivain ira même, de 1853 à 1855, jusqu’à pratiquer des expériences spirites. À cette même période il s’apprête à publier Les Contemplations, et il laisse entendre que Ce que dit la bouche d’ombre est un poème en partie lié aux manifestations de la Table spirite, une écriture qui lui est en quelque sorte commandée par la Table... D’où l’importance que nous avons accordée, en y revenant comme à un repère, aux Procès-verbaux des séances des Tables Parlantes à Jersey, intégrés depuis longtemps, comme une sorte d’apocryphe, au sein des Œuvres complètes de Victor Hugo. La bouche d’ombre, c’est souvent celle de cette Table qui parle... Ses paroles, consignées par un système qu’il ne rentre pas dans notre propos poétique de détailler techniquement, sont toujours censées venir de la mort, venir des esprits. Le rapport à la Table, c’est pour Hugo le rapport aux ténèbres, au gouffre de la tombe, à ce qu’il appelle L’Ombre du sépulcre. Toute sépulture chez Hugo menace d’une résurrection, et le film convoque des textes où plane (théâtre, prose ou poésie) le thème du Commandeur. Cette figure est très présente chez l’auteur, et notre première fantasmagorie est d’ailleurs une évocation de la mise en terre du moine Torquemada, véritable enterré vivant promis sans doute à une vengeresse résurrection… La musique qui soude notre choix de thèmes et de textes, c’est le Verbe, le Verbe avec un grand « V », au sens biblique des commencements et des fins... À ces mots, à ces sons, nous avons affecté des visions ; d’où le terme de Fantasmagorie... Une grande part de cet univers visuel s’inspire directement de dessins et peintures de Victor Hugo lui-même, qui deviennent les décors de théâtre de notre fiction, ou le kaléidoscope d’une imagerie virtuelle. Celle-ci transforme cette œuvre graphique comme la chaleur émanant du chaudron des sorcières déforme à travers l’air, en rêves tremblants, l’univers derrière elle. Les soleils d’encres de Victor Hugo se remettent à couler… Jean-François Jung Dans l'ombre infinie et indéfinie, il y a quelque chose, ou quelqu'un, de vivant ; mais ce qui est vivant là fait partie de notre mort. Victor Hugo. L’Homme qui rit. .5 Les textes dits sont tirés des œuvres suivantes : Procès-verbaux des séances des Tables Parlantes à Jersey Torquemada Les Contemplations. Ce que dit la bouche d’ombre Les Contemplations La Légende des siècles Les Années Funestes Les Quatre Vents de l'esprit Le Tas de pierres L’Homme qui rit Les Travailleurs de la mer Notre-Dame de Paris La Fin de Satan Les Burgraves Dieu Plus d’infos sur www.arte-tv.com ARTE a décidé d'accompagner le film de Jean-François Jung d'un site Internet. Ce site permet de compulser les textes de Victor Hugo dits dans le film , mais aussi de découvrir les étapes successives de maturation/fabrication/ d'un film. Conception, préparation, tournage, montage, trucages, diffusion… Découvrirez comment se fait un documentaire de création en consu lt ant www. a rt e - t v. c o m . .6