CCAFU Sous comité "Organes génitaux externes" Comité de Cancérologie de l'Association Française d'Urologie. Forum AFU 2006 PRISE EN CHARGE DES TUMEURS GERMINALES TESTICULAIRES DE STADE I (N0, M0) Responsable du Comité Jean-Louis DAVIN PRISE EN CHARGE DES TUMEURS GERMINALES TESTICULAIRES DE STADE I (N0, M0) Forum du Sous comité "Organes génitaux externes" Comité de Cancérologie de l'Association Française d'Urologie. Paris Décembre 2006 En France, l'incidence des tumeurs germinales est de 4,82/ 100000. Elle est en constante augmentation depuis 30 ans. Le cancer du testicule est le premier cancer de l'homme entre 20 et 35 ans. Chez l'adolescent, les tumeurs mixtes et non séminomateuses restent les plus fréquentes, alors que les séminomes prédominent après l'age de 20 ans et peuvent s’observer après la cinquantaine. La prise en charge thérapeutique repose sur l’analyse anatomopathologique de la pièce d’orchidectomie et l’identification de facteurs de risque. RECOMMANDATIONS DIAGNOSTIQUES La démarche diagnostique inclus systématiquement : l’examen clinique : palpation du testicule tumoral et du testicule controlatéral, recherche d’une gynécomastie, d’un ganglion de Troisier ou d’une masse abdominale. Le dosage sérique pré-opératoire des marqueurs: HCG totale (avec fraction ß libre éventuelle), alpha foeto protéine (AFP) et LDH. En cas d'élévation initiale, ils seront redosés en post opératoire après un minimum de 4 semaines (demi vies de l'αFP: 5- 6 jours. Celle de l'HCG totale est de 1 à 2 jours). La persistance d'un taux élevé définit le stade IS (maladie micro-métastatique à imagerie normale). L'échographie- Doppler testiculaire du testicule tumoral et du testicule controlatéral (sonde haute fréquence > 10 MHz). Elle recherche des aspects évocateurs de tumeur bénigne (kyste épidermoïde) et étudie l’extension locale. La tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne en coupes jointives (scanner multibarettes). L’examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire constitue un élément déterminant dans le choix des attitudes thérapeutiques. Il précise l’histologie (tumeur non séminomateuse [TGNS] et ses composants, ou séminomateuse [TS]) et permet de préciser les facteurs de risque tumoraux dans les stades I: taille tumorale, envahissement du rete testis, emboles vasculaires (veineux ou lymphatiques), carcinome embryonnaire (CE) majoritaire. L'utilisation de la fiche de compte rendu type est recommandée. Ces éléments permettent de classer les tumeurs de stade I en trois groupes pronostiques, selon l'importance de leur risque métastatique rétropéritonéal (voir Tableau). La précision de ces facteurs de risque est cependant limitée. Pour les TGNS, les valeurs prédictives positives et négatives sont meilleures pour les groupes de faible risque que pour ceux à risque élevé où la valeur prédictive positive est au mieux de l'ordre de 50%. En pratique la tendance actuelle est de regrouper les patients de risque faible et intermédiaire. Ces critères de classification sont encore moins discriminants pour les TGS. RECOMMANDATIONS THERAPEUTIQUES La conservation du sperme, de valeur médico-légale, est proposée systématiquement. Elle sera idéalement réalisée avant l’orchidectomie. La castration réalisée par voie inguinale avec ligature séparée haute des éléments du cordon est le premier temps du traitement et représente le standard thérapeutique. En présence d’un testicule unique, une chirurgie partielle peut être discutée en cas de lésion de moins de 20 mm, située à distante du rete testis. Cette tumorectomie n’est envisageable que chez un patient motivé, apte à la surveillance stricte et n'ayant pas de signes d'hypogonadisme (dosage de la testostérone, FSH, LH normaux). Des biopsies de la pulpe testiculaire doivent être réalisées à distance du lit tumoral. La présence fréquente de NIT autour de la tumeur (90% des cas) fera systématiquement discuter une radiothérapie scrotale secondaire. I - Les tumeurs germinales non séminomateuses de stade I (pT1 à pT4, N0, M0, marqueurs normalisés après la castration) A - Méthodes thérapeutiques 1- La surveillance: Le protocole doit être strictement respecté. Il repose sur l’examen clinique, le dosage des marqueurs et le scanner thoraco-abdo-pelvien. La durée est de 5 ans. Les marqueurs sont dosés tous les mois la première année, puis tous les deux mois la deuxième année, tous les trois mois la troisième année, puis deux fois par an les deux années suivantes. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est réalisé tous les trois mois la première année, tous les quatre mois la deuxième année, et tous les six mois les trois années suivantes. 2- Le curage ganglionnaire d’évaluation est un curage rétro péritonéal unilatéral modifié. La conservation nerveuse est recommandée. Le curage coelioscopique reste encore expérimental. A gauche, il concerne la région latéroaortique et s’étend jusqu’à l’origine de l’artère mésentérique inférieure. A droite, il concerne la région précave et inter-aortico-cave jusqu’à la bifurcation iliaque. 3- La chimiothérapie repose sur deux cures de Bléomycine, Etoposide, Cisplatine (BEP) administrées à 21 jours d’intervalle. B - Les indications: La décision repose sur une discussion pluridisciplinaire. L’objectif est de préserver le pronostic favorable (95 % de guérison) et de minimiser les séquelles potentielles. L’attitude thérapeutique est fonction des facteurs pronostiques (cf tableau), du patient (choix d'une modalité, compliance au traitement), de l'urologue (expérience du curage). La surveillance est à privilégier chez les patients à faible risque. En cas d'impossibilité ou de refus, un curage rétropéritonéal doit être discuté. La chimiothérapie est le traitement de choix des patients à risque élevé. Chez les patients à risque intermédiaire, la surveillance, la chimiothérapie ou le curage rétropéritonéal sont des options valides. En cas de curage positif, 2 cures de BEP seront administrées s’il existe plus de 3 à 6 ganglions envahis de moins de 2 cm, ou en présence d’un ganglion métastasé de plus de 5 cm, ou d'images de rupture capsulaire. Dans les autres cas, la surveillance seule est suffisante. Le Tératome (chimio-résistant) soulève des questions particulières. Sa présence dans la tumeur primitive serait un facteur protecteur de l'envahissement ganglionnaire rétropéritonéal. Un curage devra cependant être discuté en cas de présence majoritaire associée à un envahissement vasculaire sur la pièce d'orchidectomie, ou quand il est associé à une tumeur à marqueurs normaux lors du diagnostic. Dans tous les cas, une surveillance stricte et prolongée est nécessaire. II - Les tumeurs germinales séminomateuses de stade I (pT1 à pT4, N0, M0, marqueurs normalisés après la castration): A - Remarques La présence initiale d’une élévation faible ou modérée de l’HCG ne modifie pas l’attitude thérapeutique. Par contre toute élévation d'AFP doit faire considérer la tumeur comme une TGNS, et la traiter comme telle. Le séminome spermatocytaire est dépourvu de risque métastatique. Il concerne le sujet âgé. Sa filiation avec le séminome reste encore controversée. Le traitement se limite à une orchidectomie. B - Méthodes thérapeutiques 1 - La radiothérapie de 20 Grays reste le traitement de référence. Le champ inclus la région lombo-aortique. L'irradiation iliaque homolatérale n'est pas indispensable sous réserve d'une surveillance spécifique. 2 - La surveillance seule est associée à un risque de récidive de l'ordre de 20% à 7 ans. La plupart des rechutes surviennent pendant les 2 premières années, mais elles peuvent être très tardives. Elles sont principalement localisées dans le rétropéritoine. Ses modalités pratiques sont moins bien définies que pour les TGNS mais elle doit être plus prolongée. Une option raisonnable est de réaliser tous les 4 mois pendant 3 ans un dosage des marqueurs et un scanner abdomino-pelvien. Une évaluation thoracique est réalisée une fois sur 2. Après 3 ans, la surveillance est semestrielle pendant pendant 4 ans, puis annuelle pendant 2 ans. La durée de cette surveillance pose la question de son acceptation et de la compliance des patients. 3 - La chimiotherapie est une option récente. Elle repose sur l'utilisation d'une seule cure de Carboplatine, à une dose fixée par une AUC à 7. Les données actuelles avec un recul limité de l'ordre de 5 ans montrent une efficacité comparable à la radiothérapie avec une tolérance excellente. Les données à long terme (survie, toxicité, traitement des récidives secondaires) restent hypothétiques. C - Indications thérapeutiques Ces différentes modalités permettent d’obtenir une guérison dans plus de 95% des cas. Le choix thérapeutique repose sur les mêmes règles que pour les TGNS (facteurs pronostique, patient). Chez les patients à faible risque, bien informés et très compliants, la surveillance est une option raisonnable. Un traitement adjuvant est conseillé chez les patients à risque élevé ou non compliant. Le choix entre la radiothérapie ou la chimiothérapie sera discuté au cas par cas. La radiothérapie est la méthode la plus ancienne et la mieux évaluée à long terme. Elle a bénéficié de progrès techniques récents. L’avantage de la chimiothérapie est sa simplicité de réalisation. Elle doit être mise en balance avec l’incertitude des résultats à très long terme. CONCLUSION Les tumeurs germinales testiculaires de stade I représentent un groupe hétérogène de lésions. La réalisation systématique d'une radiothérapie adjuvante en cas de TGS et d'une chimiothérapie adjuvante en cas de TGNS mérite d’être reconsidéré à la lumière des facteurs pronostiques et des caractéristiques du patient. Chaque possibilité thérapeutique repose sur des règles strictes dont le respect est la condition indispensable de l'efficacité et de la tolérance. La surveillance succède à la phase thérapeutique. Elle doit être systématique et prolongée. Il s’agit de la garantie d'une guérison actuellement obtenue chez plus de 95% des patients. Tableau: Classification pronostique des tumeurs germinales testiculaires (risque métastatique) T. non séminomateuse Risque faible Risque intermédiaire Risque élevé Pas d'envahissement envahissement envahissement vasculaire vasculaire vasculaire ET OU ET pas de CE CE majoritaire CE majoritaire majoritaire T. séminomateuse T. < 40 mm T. > 40 mm ET ET rete testis non rete testis envahis envahis COMPTE RENDU SYNOPTIQUE ORCHIDECTOMIE Identité Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Prénom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Né le : _ _ / _ _ / _ _ _ _ N° de dossier (IPP) : _ _ _ _ _ _ _ N° d’examen : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Préleveur : _ _ _ _ _ _ _ Pathologiste: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Date d’intervention: _ _ / _ _ / _ _ _ Date du Compte rendu : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Données épidémiologiques Code postal domicile : _ _ _ _ _ _ Code postal commune de naissance : _ _ _ _ _ _ Renseignements Côté : droit gauche Motif de consultation : Masse Anomalie écho Autre (MD1) Antécédents : Cryptorchidie : oui non Tumeur testiculaire ou germinale : non précisé non oui si oui (MD2 et MD6) Taux des marqueurs : HCG totale : …..mUI/ml (nl : ) Alphafoeto-protéine : ….ng/ml (nl : ) LDH ……UI/ml (nl : ) Type de prélèvement (MD4) Macroscopie Photo oui non Fixation : Formol Bouin AFA Autre Congélation : oui non Taille du prélèvement (testicule ou tumorectomie) : ….X…X…cm Taille de la tumeur (grand axe) : Cordon ….cm … cm non évaluable malin résultat différé Nombre de blocs tumeur/total : …. Examen extemporané bénin Nom du pathologiste …………………………….. Histologie Constituants (MD5) Tumeurs germinales (MD6) Si TGNS Séminome : oui non Teratome : ≤50% 50-80% ≥80% Carcinome Embryonnaire : ≤50% 50-80% T. Vitelline : oui Choriocarcinome : ≥80% non oui non Autre : Lésions associées (si tumeur germinale) C syncytiotroph. isolées oui non oui Prolifération germinale intratubulaire ( NGIT) non Autre tumeur (MD8) Si tumeur des cordons sexuels : critères de malignite : -Mauvaise limitation oui non - Atypies oui non - nombre de mitoses/ 10 champs à fort grossissement : … Emboles vasculaires non Nécrose : non oui Immunomarquage : oui oui MD9 (optionnel) si oui % de la masse : __% non Résultats de l'immuno-marquage (optionnel et libre) Extension STADE TNM (uniquement pour tumeur germinale):pT0 Ptis pT1 pT2 pT3 pT4 Si séminome pur pT1 envahissement rete testis : oui Marges sur le cordon: positive négative non CONCLUSION : texte libre Liens automatiques: Items histologiques Emboles NGIT Marges du cordon FICHE TECHNIQUE ORCHIDECTOMIE N° anapath N° congélation Identification des blocs/lames Tumeur Rete testis Epididyme Cordon Section du cordon Parenchyme testiculaire à distance de la tumeur Autre Immunohistochimie matériel fixé matériel congelé Technique manuelle automatisée Références de l’automate……………….. Après renaturation par la chaleur Avec témoin non Anticorps N°lame oui non oui Si oui, interne Fournisseur Dilution externe Témoin (N°) Autres techniques CODES CODE ADICAP |__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__| CODE ICDO |__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__|__| MENUS DEROULANTS MD1 Motifs de consultation (autres) 1- Infertilité 2- Gynécomastie 3- Puberté précoce 4- Anomalie hormonale 5- Traumatisme 6- Infection MD2 Traitements 1- Chirurgie 2- Chimiothérapie 3- Radiothérapie MD4 Type de prélèvement 1- Orchidectomie totale 2- Orchidectomie partielle 3- Biopsie homolatérale 4- Biopsie controlatérale 5- Tumorectomie MD5 Constituants histologiques 1- tumeur germinale MD6 2- lésions associées 3- autre tumeur MD8 MD6 Tumeurs germinales 1- Séminome pur 2- TGNS (tumeur germinale non séminomateuse) ou tumeur germinale mixte : constituants histologiques MD7 3- Choriocarcinome pur 4- Seminome spermatocytaire 5- Autre MD7 1- seminome 2- tératome 3- carcinome embryonnaire 4- tumeur vitelline 5- choriocarcinome 6- autre MD8 Autres tumeurs 1- T des cordons sexuels et du stroma gonadique MD10 2- Carcinoïde 3- T épithéliale de type ovarien MD11 4- Néphroblastome des annexes 5- Paragangliome du cordon 6- T hématopoiétique MD12 7- T des tubes collecteurs et du rete testis MD13 8- T des structures paratesticulaires MD14 9- T mésenchymateuse MD15 10- Métastase MD9 1- intratumoral 2- intratesticulaire péritumoral 3- dans le cordon MD10 Tumeurs des cordons sexuels et du stroma gonadique 1- T à c de Leydig bénigne ou maligne 2- T à c de Sertoli MD16 3- T de la granulosa MD17 4- Fibrothécome ou fibrome 5- T non différenciée ou mixte ou maligne 6- gynandroblastome MD11 Tumeurs épithéliales de type ovarien 1- T séreuse borderline 2- Carcinome séreux 3- Carcinome endométrioide 4- Cystadénome mucineux 5- Cystadénocarcinome mucineux 6- tumeur de Brenner MD12 Tumeurs hématopoiétiques 1- Lymphome 2- Leucémie 3- Plasmocytome MD13 Tumeurs des tubes collecteurs et du rete testis 1- Adénome 2- Carcinome MD14 Tumeurs des structures paratesticulaires 1- Tumeur adénomatoïde 2- Mésothéliome malin 3- Mésothéliome bénin 4- Adénocarcinome de l’épididyme 5- Cystadénome papillaire de l’épididyme 6- T neuroectodermique mélanotique 7- T desmoplastique à petites cellules rondes MD15 Tumeurs mésenchymateuses du cordon spermatique et des annexes testiculaires 1- Liposarcome 2- Leiomyosarcome 3- MFH 4- Rhabdomyosarcome 5- Lipome 6- Leiomyome 7- Neurofibrome 8- T à cellules granuleuses 9- Angiofibrome cellulaire 10- Autres MD16 T à cellules de Sertoli 1- Riche en lipides 2- Sclérosante 3- A grandes cellules calcifiante 4- T à cellules de Sertoli maligne MD17 T à cellules de la granulosa 1- de type adulte 2- de type juvénile