
que [ces âmes exceptionnelles]  firent pour se mettre en accord avec le meurtre 
- et pour dire ainsi où est notre fidélité ». 
L'auteur, dans ce texte, y a mis beaucoup de vécu, démontrant la plupart des 
clichés révolutionnaires. Il était, dit-on, soucieux de présenter des assassins 
éprouvant des sentiments humains, comme la pitié, la peur, l'amour, la 
compassion. Soucieux aussi de dénoncer et comprendre l'idéalisme poussé à 
l'extrême pour une cause, pour la justice et la liberté, jusqu'à y sacrifier 
fièrement sa vie, la tête haute. La première partie, qui se passe avant l'attentat, 
tourne autour d'un discours révolutionnaire théorique, de la confrontation des 
idées et des hommes. La deuxième (soit les deux derniers actes), est beaucoup 
plus pratique, humaniste, jusqu'à la déclaration d'amour finale, terrible, de la 
seule femme du groupe. 
La mise en scène de Melançon est sage, classique. Mis à part quelques 
explosions, elle n’offre aucun artifice. L'avantage d'une telle mise en scène fait 
ressortir la force indéniable du texte et de son message. Par contre, du côté des 
comédiens, certains passages manquent rigoureusement de naturel, jusqu'à un 
jeu qui paraît forcé. D'un autre côté, les échanges plus musclés sont bien 
sentis ; les voix éclatent, on se fait face, la tension monte. Denis Gravereaux 
réussit aisément à se démarquer, malgré le peu de temps de scène que lui 
accorde son personnage, soit un policier qui enquête sur celui qui a lancé la 
bombe contre le grand-duc. Tout en finesse, posé, mais puissant, Gravereaux 
apporte beaucoup à son personnage, qui pourrait être plutôt terne et 
conventionnel. Maxime Denommée juxtapose l'idéalisme et la naïveté avec 
aisance et Philippe Lambert incarne avec aplomb le révolutionnaire 
intransigeant, qui agit sans compromis. De par son importance, la Dora de 
Jacinthe Lagüe, sorte d’hégérie socialiste traditionnelle, amoureuse et douce, 
mériterait une force de caractère et physique plus tendue, elle qui doit 
s'imposer dans un groupe d'hommes où la violence règne comme seul moyen 
de se faire entendre.  
Crédit photos : Robert Etcheverry 
Le décor, en première partie, représente l'intérieur d'un appartement simple 
mais luxueux. Puis, on retrouve Kaliayev (Maxime Denommée) dans sa prison. 
La propreté de ces lieux (surtout la prison) détonne ou surprend. Ceci ne 
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