CAFOC AUVERGNE - 2014
Nous avons vu précédemment que, dans notre monde en perpétuelle évolution, les innovations
sont toujours plus nombreuses et viennent challenger la capacité de chacun à modifier ses
pratiques, à découvrir de nouveaux outils, à apprendre plus, plus vite et plus souvent. Aujourd’hui, à l’ère
du numérique, les informations utiles pour apprendre débordent plus que jamais des lieux officiels de
savoir.
De plus, l’accessibilité instantanée et permanente à une multitude de ressources vient transformer les
rapports au savoir tant de la part de ceux qui apprennent que de ceux qui ont pour vocation d’enseigner.
L’apprenant dans cet environnement n’est plus uniquement destinataire du savoir dispensé par le
formateur mais il devient acteur. Il participe à son propre apprentissage, collabore avec le formateur et les
autres apprenants et enfin il partage son savoir et ses connaissances.
Les apprenants souhaitent importer leur pratique sociale du Web dans leur pratique d’apprentissage, aussi
bien dans la sphère personnelle que dans la sphère professionnelle. En particulier :
• ils souhaitent apprendre avec une autonomie croissante par l‘interaction dans les réseaux sociaux
privés et professionnels,
• ils considèrent l’apprentissage comme une activité sociale, participative, collaborative,
• l’apprenant doit être contributeur actif, co-concepteur d’idées, de connaissances.
Cette attente de pratiques collaboratives bouleverse les modalités habituelles d’apprendre et d’enseigner et
bouscule les logiques individuelles en place. Comme le dit Michel Serres dans son livre « Petite Poucette
», nous vivons actuellement, avec le numérique, une révolution de la même envergure que l’invention de
l’écriture puis plus tard de l’imprimerie, engendrant de profondes mutations sociales, politiques et
cognitives et qui aura des conséquences au moins aussi importantes sur notre rapport au savoir.
Autrement dit, plus le numérique se développe et plus la possibilité d’apprendre hors des espaces formels
est élevée et plus les formateurs risquent d’avoir des décalages par rapport aux attentes des apprenants.
Cette évolution sociétale oblige plus que jamais les formateurs à réinventer leurs rôles pour construire
l’espace classe comme un nouvel espace pédagogique favorisant le travail collaboratif et les productions
collectives, le dialogue formateur/apprenants et les échanges entre les apprenants. Le formateur ne saurait
rester sur son piédestal, sans s’intéresser aux liens qui se tissent au travers des réseaux sociaux
numériques:
• Il est invité à se rapprocher de ceux qu’il forme.
• Il est appelé à devenir expert en environnement humain et à composer ou recomposer des liens
pour faciliter l’apprentissage.
Ainsi, la question qui se pose aujourd’hui aux formateurs est de favoriser plus de rencontres pour s’éloigner
d’une vision transmissive de la formation datant du XIXème siècle, organisé par discipline, de façon linéaire
et programmée. Comme cette ancienne approche rigide de la formation n’incite pas à apprendre par nous-
mêmes, à découvrir et à expérimenter, il faut que les formateurs mettent en place un modèle plus riche et
plus souple où l’apprenant est acteur et actif.
En particulier, les nouvelles façons plus collaboratives de travailler, dont nous avons parlé, exigent de
repenser les stages et de les mailler dans de véritables écosystèmes d’apprentissage plus fertiles plus
fournis en interactions humaines dans et hors des centres de formation et favorisant le partage de savoirs.
Ces écosystèmes encouragent la constitution d’une apprenance avec une façon plus horizontale
d’apprendre et d’enseigner valorisant l’autoformation. Ce concept d’apprenance développé par Philippe
Carré pourrait faciliter l’apprentissage des adultes car il permet de lier les hommes les uns aux autres,
d’apprendre les uns par les autres en s’engageant ensemble dans l’action. Denis Cristol formule
l’hypothèse que la capacité d’apprendre et de s’engager d’un individu croit au fur et à mesure qu’il
comprend et sait utiliser le rôle formateur des interactions avec les autres. Il développe pour cela une
sociabilité en ligne.