Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), no2, mars/avril 2003
analyseur de masse en tandem (MS/
MS) permet de déterminer la séquence
exacte des peptides analysés. L’ana-
lyse d’échantillons protéiques très
complexes, comprenant plusieurs
dizaines de milliers de peptides, est
alors possible. L’information obtenue
par le séquençage du génome humain
devient alors très pertinente puisqu’il
est possible de définir avec précision
les protéines d’intérêt en comparant la
séquence protéique obtenue par SM
aux séquences protéiques déduites
des séquences nucléotidiques codantes
ou des EST répertoriées dans les bases
de données internationales. L’analyse
d’échantillons très complexes permet
d’envisager l’étude du protéome par
SM dans un très proche avenir comme
un examen de routine.
La fragmentation des échantillons
protéiques par protéine-array (voir
ci-après) a également été proposée.
Cela favorise une sélection des pro-
téines sur des critères fonctionnels et
non plus sur leurs propriétés physico-
chimiques.
Analyse qualitative
des modifications
post-traductionnelles
Le couplage du gel 2D ou de la chro-
matographie liquide à la SM permet
de répertorier les protéines présentes
dans un échantillon biologique à un
instant donné. Néanmoins, cette ana-
lyse ne reflète que partiellement les
variations qualitatives des protéines.
En effet, les protéines peuvent subir
des modifications post-traduction-
nelles dont certaines surviennent
durant leur synthèse (glycosylation,
sulfatation, hydroxylation, protéo-
lyse), alors que d’autres participent
aux mécanismes de régulation de
l’activité biologique, comme la phos-
phorylation de certains acides aminés.
Pendant de nombreuses années, les
méthodes disponibles étaient compli-
quées, dépendant de la radioactivité,
et peu spécifiques. La SM a fortement
simplifié ces analyses puisqu’elle
permet d’identifier précisément les
modifications post-traductionnelles
d’une protéine donnée. La phospho-
rylation en est un exemple. Cette
modification qualitative des protéines
participe aux mécanismes de régu-
lation de leur activité biologique.
Pour les enzymes, l’effet peut être
une inhibition ou bien une activation
de la fonction enzymatique. Il est bien
connu que le niveau de phosphory-
lation des récepteurs régule leur inter-
action avec d’autres protéines. Cet
état est modulé très finement par des
kinases ou des phosphatases parfois,
elles-mêmes régulées par phosphory-
lation. La SM a fortement simplifié
l’étude de ces mécanismes de régu-
lation en permettant une étude directe
de la phosphorylation des protéines.
Analyse quantitative
du protéome
L’analyse quantitative est un point très
important de l’analyse de l’expression
des protéines. Malheureusement, la
spectrométrie de masse ne permet pas
une analyse quantitative du protéome.
Les variantes proposées sont plutôt
des méthodes semi-quantitatives.
Analyse des interactions
protéiques
Le protéome est défini par la popu-
lation protéique présente dans un
échantillon au moment du prélève-
ment. La destinée d’une protéine est
d’interagir avec une autre protéine
jusqu’à former un réseau protéique
fonctionnel. Le déterminisme du pro-
téome dans une cellule dépend du
génome, identique dans toutes les
cellules, mais aussi de l’état de diffé-
rentiation de la cellule. Mais en même
temps, cette différentiation cellu-
laire dépend des réseaux protéiques.
Comme nous l’avons vu précédem-
ment, la spectrométrie de masse per-
met de faire un état des lieux des pro-
téines présentes à un moment donné
mais elle ne renseigne pas sur l’as-
pect fonctionnel, et notamment sur
les interactions protéine-protéine.
Plusieurs méthodologies cherchent
à résoudre ce point fondamental,
indispensable à la compréhension
des mécanismes moléculaires et
à l’émergence de thérapeutiques
innovantes. Leur diffusion est pour
l’instant limitée aux laboratoires de
recherche. Deux grandes voies sont
suivies : une approche génétique et
une approche plus directement liée
à la biochimie des protéines.
L’approche génétique
Les méthodes génétiques sont fondées
sur les techniques d’ADN recombi-
nant. Contrairement aux approches
décrites précédemment, les protéines
sont modifiées. L’approche ayant
retenu le plus d’attention ces dernières
années est la méthode dite en double-
hybride. Cette technique consiste à
rechercher les protéines interagissant
avec la ou les protéines d’intérêt
(protéine appât) grâce à un système
ingénieux développé dans la levure.
Ce système est fondé sur la complé-
mentarité existant entre un domaine
de liaison à l’ADN et un domaine de
transactivation de facteurs de trans-
cription. Si ces deux domaines sont
fusionnés à des protéines qui inter-
agissent, il y aura expression d’un
gène rapporteur contenant l’élément
de réponse reconnu par le domaine
de liaison à l’ADN. Cette méthode a
permis la caractérisation de nombreux
cofacteurs des récepteurs nucléaires.
Une autre approche utilisant les
protéines recombinantes consiste à
rajouter une étiquette à des protéines
appâts en modifiant l’ADN codant
pour ces protéines. Cet ADN est
ensuite introduit dans des cellules
eucaryotes afin que les protéines
recombinantes interagissent avec
leurs partenaires. Les complexes pro-
téiques sont ensuite purifiés en utili-
sant une colonne d’affinité spécifique
de l’étiquette rajoutée. Les protéines
associées sont alors caractérisées
par spectrométrie de masse. Cette
méthodologie renseigne sur l’aspect
fonctionnel.
Dossier
Génome
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