Céphalée due à une surutilisation de médicaments

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Céphalée due à une surutilisation de médicaments
Définition
La céphalée due à une surutilisation de médicaments est une céphalée chronique apparaissant chez les patients
souffrant d’une céphalée primaire (en particulier la migraine). La surutilisation de médicaments est un fort facteur de
risque d’augmenter la fréquence des céphalées ; cela peut s’aggraver d’une céphalée épisodique (moins de 15 jours avec
céphalée par mois) vers une céphalée chronique (plus de 15 jours avec céphalée par mois au cours d’une période
minimale de 3 mois).
La surutilisation de médicaments peut se produire à la suite de la prise trop fréquente d’analgésiques, de composés
médicamenteux d’analgésiques, d’ergotamines, de triptans et d’opioïdes, s’ils sont pris de manière régulière (> 10 jours
par mois). Les critères de diagnostic pour la céphalée due à une surutilisation de médicaments sont définis par la société
internationale des céphalées (International Headache Society, IHS).
Épidémiologie de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
La céphalée due à une surutilisation de médicaments est signalée partout dans le monde. La prévalence selon la
population est signalée comme étant de 0,7 % à 1,7 %. La prévalence varie selon les différents pays. La céphalée due à
une surutilisation de médicaments semble être plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (cela peut être dû à
une prévalence plus élevée de migraine chez les femmes). La céphalée due à une surutilisation de médicaments est
signalée chez jusqu’à 15 % des patients traités dans des centres spécialisés dans les céphalées. La prévalence
rapportée de la céphalée due à une surutilisation de médicaments dépend fortement des critères de diagnostic.
Le type de céphalée sous-jacente le plus fréquent dans le cadre de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
est la migraine. Parmi les patients qui arrivent avec une céphalée quotidienne dans les centres spécialisés dans les
céphalées, la céphalée due à une surutilisation de médicaments est un des diagnostics les plus fréquents, suspectée
chez jusqu’à 50 % de ces patients.
Facteurs de risque pour la céphalée due à une surutilisation de médicaments
Les patients souffrant de céphalée due à une surutilisation de médicaments sont plus susceptibles d’avoir un revenu et un
niveau d’éducation plus bas que la population générale. On a trouvé que la fréquence du niveau de surutilisation de
médicaments était plus élevée chez les immigrants de pays d’Europe du Sud ou de l’Est et chez la première génération
d’immigrants que chez la seconde génération. Le fardeau de la céphalée est signalé comme étant plus élevé chez les
patients souffrant de céphalée due à une surutilisation de médicaments qui entraîne une diminution de la qualité de vie.
Les patients souffrant d’autres troubles douloureux (douleur musculo-squelettique chronique, maladies rhumatismales)
peuvent également développer une céphalée due à une surutilisation de médicaments en raison de la prise quotidienne
d’analgésiques, en particulier si ces patients présentent un antécédent de céphalée primaire.
Physiopathologie de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
La céphalée due à une surutilisation de médicaments peut être causée par la prise de :
• Analgésiques simples (ibuprofène, acétaminophène/paracétamol, acide acétylsalicylique, métamizol et autres)
• Ergotamines
• Composés d’analgésiques (contenant de la caféine, des barbituriques et autres en plus des analgésiques
simples)
• Triptans
• Opioïdes
Le risque de développement d’une céphalée semble être différent selon les substances et peut être plus élevé avec les
ergotamines, les opioïdes, les triptans et les composés d’analgésiques comparativement aux analgésiques simples.
La physiopathologie de la céphalée due à une surutilisation de médicaments n’est pas encore clairement comprise. La
sensibilisation centrale, les facteurs génétiques, les changements endocriniens et des mécanismes psychologiques
(stratégies d’adaptation, facteurs d’apprentissage et de comportement) peuvent être impliqués. Dans le cadre de la
céphalée due à une surutilisation de substances ayant des effets psychotropes (barbituriques, opioïdes ou caféine), des
facteurs supplémentaires peuvent jouer un rôle. Toutefois, dans la plupart des cas, la surutilisation de médicament n’est
pas une vraie accoutumance à des substances.
Caractéristiques cliniques de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
Le type de céphalée sous-jacente le plus fréquent dans le cadre de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
est la migraine. Les patients souffrant de céphalée due à une surutilisation de médicaments signalent leur première crise
de céphalée plus tôt au cours de leur vie que les patients souffrant de migraine, mais ne souffrant pas de céphalée due à
une surutilisation de médicaments. Les critères de diagnostic et de diagnostic différentiel de la céphalée due à une
surutilisation de médicaments ont été fournis par l’IHS. La définition a changé au fil du temps et de nombreuses
publications portent sur plusieurs de ses aspects. Les caractéristiques cliniques de la céphalée primaire sous-jacente
s’altèrent lorsque la surutilisation continue. La céphalée est située plus bilatéralement (comparativement au fait d’être plus
unilatérale dans le cadre de la migraine). La douleur pulsative typique de la céphalée de la migraine peut se transformer
en une douleur sourde.
Traitement de la céphalée due à une surutilisation de médicaments
Comme cela a été rapporté pour la première fois en 1951, l’arrêt des médicaments chez les patients souffrant de
céphalées chronique et des prises quotidiennes d’ergotamines ont réduit la fréquence de leurs céphalées. Le traitement
de la céphalée a ainsi entraîné la reconnaissance d’une maladie jusqu’alors inconnue. Par conséquent, les directives
actuelles suggèrent l’arrêt immédiat ou l’arrêt progressif du médicament analgésique surutilisé. Un traitement de sevrage
hospitalisé est recommandé pour les patients surutilisant des opioïdes, des benzodiazépines ou des barbituriques en
raison de leurs effets psychotropes. Un traitement prophylactique avec des substances recommandées pour la
prophylaxie de la céphalée est nécessaire. Les effets du traitement prophylactique peuvent s’améliorer après le traitement
par l’arrêt du médicament. Les corticostéroïdes (prédnisone) peuvent être utiles pour le traitement des symptômes de
sevrage. Le sevrage du médicament et le traitement dans des centres spécialisés dans les céphalées et contextes de
traitement multidisciplinaires peuvent être bénéfiques pour les patients souffrant de céphalée due à une surutilisation de
médicaments.
Pronostic après le traitement par sevrage du médicament
Le taux de rechute après l’arrêt du médicament était de 30 % au bout d’un an dans plusieurs études. Par conséquent,
après le traitement par sevrage du médicament, les patients doivent être suivis pour prévenir une rechute de la
surutilisation du médicament. Le taux de rechute peut diminuer si les patients sont traités dans le cadre de programmes
multidisciplinaires. Les facteurs de risque de rechute sont notamment une migraine de fréquence élevée après le
traitement par sevrage du médicament, être un patient de sexe masculin, prendre des associations d’analgésiques après
le traitement par sevrage du médicament ou prendre le médicament causatif à nouveau après l’arrêt.
Références
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Copyright © 2011 International Association for the Study of Pain
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