Brest -18 janvier 2013 Thème III – Gestion, usages, conservation Sous thème : Biodiversité Comment la gestion conservatoire peut- elle permettre le maintien et la restauration de la biodiversité en accompagnant les changements d’usages pour un développement durable ? Photo Gladu Comment la connaissance des interactions biotiques peutelle faciliter les actions de gestion/conservation en mer d’Iroise ? De l’étude des sous-systèmes d’interactions à la modélisation du réseau trophique global de la zone Iroise Christian Hily,* Nolwenn Quillien *, Aline BlanchetAurigny **, Géraldine Lassalle*** *UMR 6539 LEMAR – IUEM - Univ. Bretagne Occidentale ** Ifremer Labo DYNECO – Ifremer, Brest * UMR 7266 LIENSs Univ. La Rochelle Problématique : Constat : les travaux de recherche menés ces dernières années en Mer d’Iroise se focalisent sur un (ou un petit nombre de) compartiment(s) particulier(s) de l’écosystème et les principales interactions avec les compartiments trophiques les plus proches. De même chaque action de gestion conservatoire mise en œuvre par le Parc marin d’Iroise cible un compartiment particulier et les actions directes anthropiques sur ce compartiment (mono ou pluri spécifique et fonctionnel). = Focus sur des sous-systèmes d’éléments fortement connectés faisant partie d’un vaste réseau complexe d’interactions, structuré par ces sous-systèmes. Présentation : 1 - Sur la base de quelques uns des travaux de recherche les plus récents et en cours, illustrer quelques sous-systèmes d’interactions avec lesquels des actions anthropiques sont plus ou moins fortement connectées. 2 – Illustrer comment un modèle conceptuel d’écosystème permettrait de positionner à la fois les sous-systèmes entre eux et vis-à-vis des actions de changement d’usages stimulés par le PNMI et faciliter l’identification des nœuds-clé du fonctionnement et des actions de gestion. (premier ensemble d’activités dans ZABRI) 3 – Illustrer comment dans une seconde étape il serait possible de développer une approche écosystémique pour évaluer les impacts des activités humaines et des mesures conservatoires, par modélisation du réseau trophique. Première partie Quelques travaux de recherche récents et en cours en Zone Iroise impliquant l’étude des interactions trophiques Premier exemple : Identification des sources alimentaires à la base de l’organisation trophique de l’écosystème benthique : question : quelle est l’origine de la matière organique consommée par les animaux suspensivores (consommateurs primaires)? Invertébrés benthiques et biomarqueurs : témoins du fonctionnement trophique de l'écosystème côtier LEMAR - Thèse de Caroline Nérot - 2011 LEMAR Quelle est l’origine des sources alimentaires des bivalves des fonds sédimentaires en Iroise? Microphyto benthos, phytoplancton, MOP, autres…?? Débris de laminaires : valeurs élevées en δ13C : sources probables pour les bivalves Sous système des champs de blocs intertidaux archipel de Molène Rôle des échouages hivernaux de macroalgues Modifié d’après Le Hir 2002 Milieu pélagique Production de macroalgues Nutriments et MOP Fragmentation Prédateurs Détritivores Décomposition Micro- et méiofaune Microbrouteurs Débris d’algues Biofilm Microphytobenthos Déposivores Suspensivores Echouages intertidaux Exemple 2 : Evolution des réseaux d’interactions : Les fluctuations des populations d’ophiures (échinodermes) reflètent les évolutions à moyen/long terme des sources de matière et d’énergie et des relations prédateur-proies en mer d’Iroise K Hiscock Thèse de Aline Blanchet-Aurigny (Labo Dyneco Ifremer Brest) décembre 2012 - collaboration Lemar (M. Guillou Dir.) et PNMI Les populations d’ophiures épigées Ophiothrix fragilis et Ophiocomina nigra à la pointe de Bretagne: évolution et écologie trophique Sites Rade de Brest - Baie de Douarnenez – Baie des Blancs Sablons Approche basées sur les comparaisons de situations espacées de 20 ans de différences de distribution spatiales des abondances et sur les recherches très détaillées des sources de nourriture par les analyses des isotopes stables de C et N et des acides gras. Changements dans la structure du réseau d’interactions : résultats + hypothèses à confirmer En l’absence des prédateurs et compétiteurs, Ophiocomina nigra (comportement trophique opportuniste : diatomées – débris de macroalgues – méiofaune) est favorisée par les changements environnementaux (diversification des sources et l’augmentation des flux) / Ophiotrix fragilis (suspensivore spectre + étroit : diatomées) 2008 - 2011 1982 - 1986 Luidia 2sp A. rubens + M. glacialis Ophiotrix fragilis Ophiocomina nigra MOPM Consommateurs primaires Sources MOPS MOPT A. rubens + M. glacialis Compétiteurs spatiaux et prédateurs Ophiotrix fragilis MOPM Ophiocomina nigra MOPS U MOPT Exemple 3 : quelles sont les modifications induites dans la structure et le fonctionnement du soussystème (réseau trophique) soumis aux marées vertes sur les plages de la mer d’Iroise? Impacts des MARées Vertes sur le fonctionnement des Ecosystèmes Littoraux et en particulier sur le rôle de zone de nourricerie des plages de sable fin en Bretagne (Programme MARVERIK , J. Grall coord.) Thèse en cours – Nolwenn Quillien Collaborations : Observatoire marin de l’IUEM, LEMAR, PNMI, Ifremer, Åbo Akademi (Finlande), Agrocampus Rennes. Q1 : Effets sur les paramètres physicochimiques et influence de l’hydrodynamisme ? Q2 : Effets sur la biodiversité spécifique et fonctionnelle ? Q3 : Modification du réseau trophique benthique ? Q4 : Impacts sur la fonction de zone de nurserie ? Kervel (Impacted beach) Sous-système étudié: Plages de sable fin en domaine intertidal (illustration simplifiée) Grands compartiments étudiés : Méiofaune Macrofaune Prédateurs ? Ichtyofaune benthodémersale juvénile ? ? ? Consommateurs Macroalgues ? ? ? Producteurs Sources potentielles : Phytoplancton Macroalgues Microphytobenthos PLAGE de SABLE FIN à Donax Outils pour l’étude des réseaux trophiques : isotopes stables (C, N & S) et acides gras. Premiers résultats : • Eau de mer bien oxygénée en journée mais hypoxies enregistrées la nuit • Structure des communautés benthiques nettement différente entre les plages impactées et celle de la plage contrôle • Diversité supérieure de la macrofaune sur la plage non impactée • Biomasse des organismes appartenant à la méiofaune largement supérieure sur les plages impactées comparée à celle de la plage contrôle • Structure trophique de la communauté de nématodes différente entre les plages impactées et la plage contrôle • Sole (Pegusa lascaris) 5 fois plus abondante sur la plage contrôle. Recrutement des juvéniles plus tardif sur les plages impactées • Sources de nourriture différentes? Décalage dans la signature isotopique en δ13C : les organismes vivant à Saint-Nic ont une signature plus enrichie en 13C que ceux échantillonnés dans l’anse de Dinan À suivre : Etude de l’impact des mesures de gestion des marées vertes (comparaison T0 [plage impactée par les MV] et T1 [algues ramassées par des engins]) Partie II Projet ZABRI Biodiversité pour 2013 Le projet ZABRI : Proposer un modèle conceptuel du réseau d’interactions du réseau trophique de la partie Iroise de la zone atelier, intégrant les activités humaines et les actions conservatoires « un » modèle = ensemble de modèles imbriqués (dimensions spatiale et temporelle et différents niveaux d’intégration des compartiments fonctionnels) la connectance : proportion de liens effectivement réalisés dans le système, par rapport au nombre total de liens mathématiquement possibles (GARDNER et ASHBY,1970). C = connectance C= Varie entre 0 et 1 (aussi en %) L S (S - 1) / 2 S = nombre d’espèces L = nombre de liens Nb : Notion quasiment impossible à connaître précisément dans un écosystème complexe mais son approche permet de préciser la structure principale du réseau d’interactions Implique la connaissance de la biodiversité fonctionnelle ( nb de compartiments et les principales interactions entre ces compartiments) Réseau trophique plateau continental NE des USA D’après Link, 2002. Mar. Ecol. Progr. Ser., 230 : 1-9 1 562 liens 17 Modifié de Boudouresque, cours 2010 Homme Orques, cachalots, marsouins Phoques Oiseaux Requins Baleines Loligo Morue Gastropodes Hareng Oursins Cténophores Holothuries Calanus sp. Autres copépodes Tuniciers Phytoplancton Porifera Gammaridés Polychètes 18 Connectance et stabilité des systèmes Les modèles mathématiques montrent que les communautés les plus stables ont une complexité faible (peu d'espèces, ou connectivité faible). Mais un système complexe sera plus stable s’il est composé par des sous-systèmes (éléments fortement connectés) relativement indépendant (faiblement connectés) des autres sous-systèmes. (Organisation hiérarchique) En Iroise : identifier ces sous-systèmes et leur place dans l’ensemble du réseau d’interactions et les conséquences directes et indirectes des activités humaines (y compris les actions de conservation) - Faciliter la perception du fonctionnement ( et disfonctionnement), des interactions qui expliquent au sein des compartiment s fonctionnels la diversité spécifique – élaborations de scénarios - Identifier les actions de recherche nécessaires pour comprendre ces interactions - Préparer l’étape suivante en accumulant les données quantitatives (biomasses) sur l’écosystème de la zone Iroise Partie 3 : Perspectives à plus long terme : Modélisation du réseau trophique de la zone Iroise pour l’évaluation des impacts des mesures de gestion conservatoire sur les compartiments à enjeux majeurs Principe : S’il est possible d’évaluer l’impact des pêcheries sur les maillons de l’écosystème on peut de manière équivalente évaluer les impacts des mesures de régulation ou d’évolution des pratiques d’exploitation ou des effluents Modèles de types Ecopath /Ecosim (EwE) et Eco Troph (ET) Suite aux résultats du PNEC GDG et thèse Le Loc’h 2004 (Lemar)… Lassalle, Le Loc’h, Hily et al, 2011, Progress in Oceanography Lower trophic levels and detrital biomass control the Bay of Biscay continental shelf food web: implications for ecosystem management Impact trophique (biomasse) des principaux compartiments de l’écosystème Mixed Trophic Impact (MTI routine, Ulanowicz and Puccia, 1990) In Lasalle et al 2011 Indique l’effet d’une petite augmentation de biomasse d’un groupe d’espèces (impactante) aura sur la biomasse d’un autre groupe (impacté) Développement de la démarche : Problématique : Mammifères marins menacés par les interactions avec les pêcheries dans le GDG Méthodes : Modèle prenant en compte les débarquements , les rejets de pêche et les captures accidentelles Simulation (ET modèle) des effets de l’augmentation des efforts de pêches sur les prises accidentelles des top predators (Mam. Marins en maj) An ecosystem approach for the assessment of fisheries impacts on marine top predators: the Bay of Biscay case study Lassalle, Gascuel, Le Loc’h et al, 2012, ICES - J. of Marine Science -Résultats : -l’écosystème est à la limite du seuil de surexploitation globalisé - que l’augmentation des efforts de pêche menacent les grands dauphins par déplétion de leur ressources alimentaires -- que l’augmentation des efforts de pêche menaces les dauphins communs et les phoques par le biais des captures accidentelles Pour l’Iroise une démarche méthodologique équivalente pourrait permettre d’évaluer les impacts des mesures de gestion conservatoire sur les différents compartiments à forts enjeux Merci de votre attention