<L’ÉCONOMIE EN LORRAINE FORMATION APPRENTISSAGE Les PME plus hésitantes à recruter en 2012 Les résultats de la quatrième édition du baromètre Apprentis d’Auteuil-Ipsos l’annonce : quatre chefs d’entreprise sur dix ont l’intention d’avoir moins recours à l’apprentissage en 2012. Au contraire, les entreprises où la pyramide des âges est élevée voit leurs effectifs fondre et cherche à recruter. L’apprentissage le permet. Mais ne trouve pas toujours des candidats. Jean-Claude Mamprin avec des apprentis sur un poste de travail à l’usine de Metz. Photo DR En Lorraine les PME compte y avoir recours afin de compenser les nombreux départs à la retraite. Et chez PSA Peugeot Citroën à Metz on développe une culture de l’apprentissage. Cette enquête menée entre le 28 novembre et le 7 décembre dernier, auprès d’un échantillon représentatif de 306 chefs d’entreprise, essentiellement des PME de 1 à 499 salariés, confirme que « les intentions d’embauche en apprentissage sont en berne pour 2012 ». Si 40 % n’ont pas l’intention d’y avoir recours, 43 % hésitent et ne savent pas vraiment s’ils le feront. En revanche quelque 14 % déclarent vouloir accélérer le recrutement par la filière de l’apprentissage. De fait en dépit des nombreuses mesures incitations financières et fiscales l’apprentissage laisse nos entrepreneurs encore sceptiques. Si bon nombre se plaignent du manque de candidats à l’apprentissage, d’autres jugent et ça revient régulièrement dans leur propos, le profil des candidats inadapté. Enfin pour un grand nombre de patrons de PME le mode de financement par le biais de la taxe d’apprentissage reste « opaque et mal connue » pour plus de 70 % d’entre eux. Néanmoins plus de 80 % jugent cette taxe importante pour favoriser le développement de l’apprentissage. En clair pour 74 % des patrons de PME les axes majeurs de la réforme initiée par Nadine Morano, la ministre lorraine de l’Apprentissage et de la formation professionnelle, sont encore mal connus. Dominique Klein, directeur des services de la Chambre de métiers de la Moselle, estime que le fait d’avoir réalisé cette enquête en fin d’année, alors que « les campagnes pour l’apprentissage ne démarre qu’au printemps » peut en partie expliquer les hésitations des entreprises, outre le fait naturellement d’une conjoncture pas très favorable en ce moment. En attendant dans le monde du BTP ou de l’artisanat les entrepreneurs restent plutôt favorable au recours à l’apprentissage, alors que dans un grand groupe comme PSA Peugeot Citroën, au sein des deux usines lorraines, on pratique une politique de l’apprentissage tout à fait exemplaire. 58 x 58 mm 58 x 58 mm 80 80 €€ « NOUS AVONS BESOIN D’APPRENTIS ! » Au sein des PME de l’artisanat, des services, du BTP la demande en apprentis ne faiblit pas. Les Affiches - Moniteur « Je suis un convaincu de l’apprentissage. J’ai essayé de mettre en place une formation. On a dans notre profession du mal à recruter. J’ai fait des essais avec des apprentis. Dans nos métiers qui se professionnalisent avec des qualifications, des formations nous n’avons malheureusement que peu de candidats à l’apprentissage. Dans mon domaine ce n’est pas la conjoncture qui nous bride ». Guy Rollin est le patron d’Euronet Industrie, une PME de près de 200 salariés spécialisée dans la propreté et le nettoyage. Mais si la crise a eu des effets sur son activité très lié au monde industriel, il reconnaît une réelle difficulté à drainer des candidats apprentis vers les métiers du nettoyage. « C’est peut-être aussi lié à l’image de ce métier » dit-il. Il n’est pas le seul dans ce cas. « Les entrepreneurs du BTP utilisent la filière de l’apprentissage pour former et recruter. Il y a une tradition séculaire dans le BTP. Environ 20 % d’entre elles font appel à l’apprentissage. À la fédération nous mobilisons les entreprises pour qu’elles forment des apprentis, car il faudra du personnel qualifié quand il y aura une véritable reprise dans notre activité » assure Olivier Defretin de la fédération du BTP de Moselle. Mais il constate que les chiffres de la rentrée 2011 au CFA du BTP de Montigny-les-Metz ont enregistré une baisse de 7 %. « C’est assez inquiétant. C’est vrai qu’il y a aussi peut être une réticence des entrepreneurs à prendre des jeunes qui n’ont pas toujours les comportements pour être apprentis. On ne fera pas de miracle si on continue à nous envoyer entre guillemets les derniers de la classe ». 58 x 70 mm 100 € LA CULTURE DE L’ARTISANAT D’autres en revanche s’appuient sur l’apprentissage pour réajuster leurs effectifs et former surtout les personnels appelés à remplacer les départs massifs à la retraite qui s’annoncent. Ainsi Gilles qui dirige une PME de l’imprimerie dans la région messine. « Nous avons besoin d’apprentis. Nous avons des personnels qui vont partir à la retraite. Alors nous cherchons à recruter. Et en prenant un apprenti on peut le former en deux trois ans avec le concours d’un senior. Et ça optimise le travail de ce futur retraité. Cette année on en a pris. Notre problème c’est de trouver des bons éléments ». En attendant dans l’artisanat « on ne ressent pas une désaffection vers l’apprentissage. On enregistre une progression légère, dans ce contexte économique c’est bien. Et la culture de l’apprentissage est tellement ancrée dans l’artisanat. C’est important car c’est le renouvellement des générations à venir » affirme Dominique Klein directeur des services de la Chambre de métiers. Même si ça dépend des métiers. Ainsi au Pôle des métiers du CFA de Forbach le directeur Roland Klein constate « que l’apprentissage se porte très bien dans les métiers de l’alimentation où l’activité est porteuse. Moins bien dans ceux de l’automobile où la conjoncture est plus difficile où l’on recrute moins et on fait moins appel à des jeunes apprentis ». « AVEC L’APPRENTI ON SE REMET EN QUESTION » Chez PSA Peugeot Citroën à Metz le recours à l’apprentissage est une culture ancrée dans l’entreprise. Un exemple à suivre pour les PME. L’apprentissage est ancré de longue date dans les mœurs de PSA Peugeot Citroën. Certes il s’agit naturellement d’une stratégie menée par le groupe et déclinée au sein de chaque unité qui dispose pour la plupart de locaux dédiés à la formation. Mais elle peut inspirer des patrons de PME. « Bon an mal an nous accueillons sur le site de l’usine de boîtes de vitesse de Metz entre 30 et 40 apprentis. Nous leur apportons beaucoup dans la découverte d’un métier, du monde du travail, mais eux aussi nous apportent énormément ». Jean-Claude Mamprin, 58 ans, 40 années sur le site, est en charge des relations avec les écoles à l’usine de Metz. Mais il est et reste avant tout un maître d’apprentissage pour les nombreux candidats qui passent dans ses services. « Ils nous remettent en question, nous apportent un souffle d’air frais dans les services » souligne Hélène Boulic, en charge de la communication qui a formé des apprentis. « En attendant on leur apprend les règles de la vie au travail et ça commence par la ponctualité. Ici ce n’est plus de la théorie, c’est de la pratique. Ils vivent le métier comme le vit le maître d’apprentissage sur son poste de travail avec les mêmes contraintes. Et il faut que ça fonctionne. Parfois on en prend âgés de 15 ans. Il faut compléter leur éducation et ils vont ensuite jusqu’au Bac pro » insiste JeanClaude Mamprin. Et n’est pas tuteur qui veut. Les volontaires sont formés à l’usine. « Les apprentis, du BEP au Bac pro, BTS ou ingénieur forment un véritable vivier pour nos ressources humaines » concède le responsable. Certes les apprentis ne font souvent que passer par l’usine pour obtenir leur diplôme, mais pour certains « c’est l’opportunité d’une pré-embauche » lorsque l’activité le permet. Ainsi sur les deux dernières années trois apprentis ingénieur ont été recrutés, pas forcément à Metz mais sur d’autres sites du groupe. « Un diplômé par apprentissage possède l’avantage d’avoir exercé le travail et ça compte au moment du recrutement » termine Jean-Claude. 58 x 85 mm 58 x 85 mm 120 120 €€ Bernard KRATZ