Apprentissage
Les métiers du bois se réinventent
en sortant du cadre
Savoir-faire manuel
et avancées
technologiques
sont indissociables
dans une branche
qui recrute
Iris Mizrahi
Office pour l’orientation,
la formation professionnelle
et continue (OFPC)
«Même si on travaille encore à l’éta-
bli, le secteur du bois a énormé-
ment évolué avec l’usinage.» Denis
Schneeberger, patron de l’entre-
prise éponyme, insiste sur la néces-
sité de s’adapter en permanence
afin de répondre aux besoins du
marché, tout en préservant un sa-
voir-faire séculaire.
Sa florissante PME reflète juste-
ment cette philosophie. Elle em-
ploie des menuisiers et des ébénis-
tes confirmés et forme une relève à
même de maîtriser à la fois le geste
de l’artisan et l’usage de machines
à la pointe de la technologie.
Sortir du bois
Formes épurées et panneaux lisses,
les designs actuels des architectes
d’intérieur nécessitent une évolu-
tion des systèmes de fabrication.
Outre les bois nobles, les composés
multiplis, les stratifiés ou les résines
acryliques liées à des minéraux
naturels sont autant de nouveaux
matériaux qui ouvrent des champs
d’exécution aussi complexes que
performants.
La machine à commande numé-
rique permet ainsi à l’artisan régio-
nal de réinvestir les marchés des
portes et fenêtres, des cuisines ou
encore des meubles de bureau. «On
fabrique à nouveau des produits
d’usine tout comme des éléments
compliqués jusqu’alors délaissés
pour des raisons de coût, observe le
patron. Dans notre entreprise, on
maîtrise désormais toute la chaîne
de production.» Si le volet concep-
tuel du métier tend à croître, le sa-
voir-faire manuel reste indispensa-
ble pour comprendre le bois et l’usi-
ner correctement. Ce lien entre
l’usinage et le travail à la main justi-
fie les formations longues (quatre
ans) auxquelles s’astreignent les ap-
prentis de la branche.
Les filles y fleurissent d’ailleurs
de plus en plus grâce, notamment, à
la modernisation de l’outillage et
à une manutention allégée. «Elles
jouent un rôle essentiel dans l’agen-
cement et l’ébénisterie pour leur fi-
nesse d’exécution, assure l’entrepre-
neur. Et les perspectives d’évolution
professionnelle sont sans limite.»
Métier branché
Wara Alvarez Nughes, son appren-
tie ébéniste de première année,
incarne à la perfection cette nou-
velle vague de jeunes ambitieux.
Intéressée par le design d’intérieur
et de meubles, elle se lance dans
une formation par correspon-
dance. Mais la perspective d’un ave-
nir professionnel incertain et des
discussions constructives avec un
ami charpentier l’orientent sur
l’ébénisterie. Un stage chez Denis
Schneeberger suffira à la convain-
cre de la pertinence d’un choix aux
ramifications multiples.
«J’ai la chance d’acquérir un sa-
voir-faire en travaillant de mes
mains, d’évoluer dans un domaine
créatif avec la possibilité de poursui-
vre mes études et peut-être d’ouvrir
ma propre boîte. J’ai enfin trouvé ma
voie, assure la jeune femme de
26 ans, seule fille d’une fratrie de
quatre. Mon choix est aussi une es-
pèce de défi de tous les jours, une
lutte contre les clichés.» En tra-
vaillant le bois, sa créativité se nour-
rit de l’infinie diversité des réalisa-
tions possibles. «Je suis abonnée à
des sites de bricolage et de décora-
tion. Cela me donne envie d’être
dans l’action.»
CFC massif
Basile Sobczak, 21 ans, apprenti me-
nuisier en école, a, quant à lui, opté
pour une vie de bohème dans un
chalet construit de ses mains. «J’ai
découvert l’attrait du bois avec la
nécessité de me bâtir un toit», com-
mente celui qui vise désormais l’ob-
tention d’un CFC, après des années
de boulots précaires. «J’ai expéri-
menté le travail du bois en autodi-
dacte durant six ans, confie le jeune
homme. A l’école, je consacre toute
mon énergie au cumul des connais-
sances en découvrant l’avancée
technologique et l’importance de la
sécurité intrinsèquement liée à la
dangerosité des machines.»
Tous les apprentis du domaine
du bois suivent une première année
de formation en tronc commun au
Centre de formation profession-
nelle Construction. Les bases théo-
riques et techniques sont acquises à
l’école durant un semestre afin que
les apprentis en formation duale in-
tègrent leur entreprise avec des no-
tions élémentaires, dont la manipu-
lation de certaines machines.
Wara Alvarez Nughes et Basile Sobczak s’exercent à l’usage d’une machine au Centre de formation
professionnelle Construction, à Genève. IRIS MIZRAHI/OFPC-SISP
Zoom sur les métiers du bois,
mercredi 16 novembre de 14 h à
16 h. Présentation des forma-
tions, démonstrations, rencon-
tres et échanges avec des
enseignants, des professionnels
A la Cité des métiers
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et des apprentis.
Cité des métiers, rue Prévost-
Martin 6. Entrée libre.
Programme complet sur
www.citedesmétiers.ch/geneve
sous la rubrique «Agenda». I.M.