Journal Identification = ABC Article Identification = 0799 Date: April 3, 2013 Time: 2:9 pm
Ann Biol Clin, vol. 71, n◦2, mars-avril 2013 197
Pic bêta par interférence de l’ioméprol
est égale à 58 g/L, et les concentrations des autres fractions
de l’électrophorèse sont : 20,8 g/L d’albumine (40,2-47,6),
6,1 g/L de fraction alpha 1 (2,1-3,5) ; 9,8 g/L de fraction
alpha 2 (5,1-8,5) ; 2,4 g/L de fraction bêta 1 (3,4-5,2) ;
8,2 g/L de fraction bêta 2 (2,3-4,7), 10,7 g/L de fraction
gamma (8,0-13,5). La fibrinogénémie est de 9 g/L (2-
4 g/L). Une immunofixation (Hydragel 4 IF) sur Hydrasys®
(Sebia) a été réalisée à notre initiative à partir du même
échantillon et ne retrouve pas de protéine monoclonale.
La protéinurie des 24 heures est mesurée à 200 mg/24 h
(<150 mg/24 h) avec une diurèse des 24 heures de
40 mL. L’électrophorèse des protéines urinaires (Hydragel
5 protéinurie, Sebia) sur Hydrasys®montre un profil de
protéinurie mixte et l’absence d’anomalie évoquant une
protéine de Bence Jones.
Après avoir éliminé une gammapathie monoclonale,
nous avons donc suspecté une interférence analytique.
L’hypothèse d’une interférence était corroborée par une
nouvelle électrophorèse, réalisée à partir du sérum prélevé
au début de l’hospitalisation, au cours de laquelle il n’était
pas objectivé de pic (figure 1B). La consultation du dossier
A
B
Figure 1. A. Profil électrophorétique du patient le jour suivant
l’injection de produit de contraste iodé. Pic au début de la frac-
tion bêta 2 (flèche). B. Profil électrophorétique du patient 2 jours
avant l’injection de produit de contraste iodé.
du patient a retrouvé l’injection intraveineuse de 90 mL
d’ioméprol (Altana pharma, Mée-sur-Seine, France), un
produit de contraste iodé, lors de la réalisation d’un scan-
ner abdomino-pelvien, la veille du prélèvement sanguin
pour l’électrophorèse. À partir d’un échantillon de sérum
prélevé chez ce patient pour le suivi biologique en hémodia-
lyse, un mois après l’hospitalisation, deux électrophorèses
capillaires des protéines sériques ont été réalisées, l’une
sans le produit de contraste, l’autre avec l’ioméprol dilué
au 1/200e. La présence d’un pic dans la fraction bêta a
été de nouveau retrouvée avec l’ioméprol dilué au 1/200.
L’hypothèse retenue, quant à la présence du pic, a donc été
la présence du produit de contraste, ioméprol, absorbant à
200 nm.
Discussion
La proportion de laboratoires de biologie médicale utili-
sant l’électrophorèse capillaire pour l’étude des protéines
sériques augmente au fil des années en France, comme
en témoigne le dernier contrôle national de qualité des
analyses de biologie médicale de l’ANSM (anciennement
Afssaps), comportant une évaluation des méthodes élec-
trophorétiques [1], qui note une part égale d’utilisateurs
d’électrophorèse capillaire et en gel d’agarose (44 %), alors
que l’année précédente l’utilisation de la technique en gel
d’agarose était encore majoritaire. Dans ce contexte, il est
important pour le biologiste de connaître les limites de cette
technique notamment les interférences analytiques pos-
sibles, comme il est fait cas ici. Contrairement à la méthode
en gel d’agarose, la quantification des différentes fractions
protéiques n’est pas réalisée par densitométrie mais par
détection à 200 nm, grâce à un filtre UV, longueur d’onde
d’absorption des liaisons peptidiques [2]. Il est nécessaire
d’insister sur cette interférence aux produits de contraste
iodé en électrophorèse capillaire car même si elle a déjà été
décrite dans la littérature [2, 3], l’ioméprol migre dans la
fraction bêta, alors que la majorité des produits de contraste
iodé migre dans la fraction alpha 2 [3]. L’ioméprol est un
produit de contraste iodé monomérique non ionique, cou-
ramment utilisé en imagerie médicale. Ce produit ne se
fixe pas aux protéines plasmatiques et n’est pas métabolisé
par l’organisme [4], l’interférence est causée par le niveau
de migration de l’ioméprol au cours de l’électrophorèse
capillaire et par son spectre d’absorption [3]. Ce pro-
duit de contraste iodé est éliminé par le rein, la clairance
du produit est donc diminuée chez les patients avec une
insuffisance rénale [5]. Le prélèvement sanguin ayant été
réalisé moins de 24 heures après le scanner, le produit de
contraste iodé était encore vraisemblablement présent à une
concentration sérique importante chez le patient. Chez deux
patients avec une fonction rénale non altérée et bénéficiant
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