différenciation et la stratégie du créneau. Voyons, au travers d’exemples, en quoi la logistique
et les TIC peuvent contribuer à asseoir l’une ou l’autre des stratégies génériques :
– Logistique et domination par les coûts. Une entreprise pratique une stratégie de
domination par les coûts lorsqu’elle cherche à réduire ou à éviter des coûts qu’elle devrait
normalement assumer, gagnant ainsi un avantage face à ses compétiteurs. Cette stratégie revêt
un intérêt évident lorsque la réduction des coûts est directement perceptible par le
consommateur (Aubert, 1997). Les postes les plus concernés par une baisse potentielle des
coûts grâce à l’usage des technologies et des TIC sont prioritairement les achats, la gestion de
production et la logistique (Tchokogué et al., 2001). On peut prendre l’exemple des lecteurs
optiques utilisant les codes-barres qui ont permis à plusieurs entreprises de diminuer leurs
coûts de mise à jour des stocks et de facturation, et ainsi de réduire leurs pertes (Aubert,
1997). L’entreprise FedEx, grâce à son système Super tracker, peut non seulement assurer le
suivi en temps réel du colis, mais aussi déterminer la route optimale de livraison et la mise à
jour quasi-instantanée des transactions.
– Logistique et différenciation. La stratégie de différenciation, comme son nom l’indique,
permet à la firme de se distinguer de ses concurrents par la qualité et/ou l’originalité de son
système d’offre. Elle est largement utilisée dans le secteur industriel où les entreprises ne
manquent pas d’imagination pour fidéliser leurs clients en proposant des services fortement
différenciateurs qui facilitent leur vie. Mais les distributeurs alimentaires et spécialisés ne sont
pas en reste. Crespo de Carvalho (1999) en donne un certain nombre d’exemples en Europe
dans lesquels la maîtrise logistique joue un rôle essentiel. Ainsi, la livraison sur rendez-vous,
au domicile des clients, de commandes passées par téléphone ou télécopie supprime de
fastidieux déplacements vers des points de vente ou des points-relais. Evidemment, il en va de
même avec le commerce en ligne qui utilise simplement un support technologique plus
avancé. De manière plus générale, la stratégie de différenciation mobilisant la logistique
s’appuie sur des services sur mesure propres à chaque filière d’activités. Ainsi, dans la filière
textile-habillement, il sera possible d’envisager une personnalisation des collections par
enseigne, des emballages et étiquetages spécifiques, ou encore d’une fréquence particulière de
réassortiment (Senkel, 2000).
– Logistique et stratégie du créneau. Elle consiste à segmenter le marché d’une façon à
offrir une gamme de produits qui corresponde à un groupe précis d’acheteurs. C’est la
stratégie de prédilection des entreprises qui officient sur des marchés où, justement, la
différenciation sur les produits et services est difficile à obtenir. C’est le cas des acheteurs
ayant des critères d’achat qui changent d’une manière constante et « zappent » régulièrement
entre des marques concurrentes. Nous pouvons citer l’exemple d’Amazon qui, en dépit de sa
faible rentabilité, a su devenir la référence dans le monde de l’édition. Son système
d’information permet de disposer de l’historique du client, de l’évolution de ses goûts et de
ses préférences, et de lui proposer des produits et services qui correspondent à ses attentes. Il
s’agit ici d’un créneau que seul Amazon a su exploiter, bien sûr copié mais pour l’instant
rarement égalé. C’est également la stratégie adoptée par Western Publishing, éditeur
américain de livres universitaires. Ayant un accès direct aux terminaux des magasins, il
connaît l’état précis des ventes et utilise cette information pour approvisionner les détaillants
en l’espace d’une nuit. L’apport de la logistique est capital dans ce cas de figure et constitue
le point nodal de la stratégie du créneau.
Un détour par l’approche stratégique issue des travaux de Porter (1980) indique
clairement que, tant dans la phase amont que dans la phase aval de la fabrication d’un produit
ou d’un service, la logistique tient une place centrale en vue d’atteindre les objectifs fixés par
l’entreprise. Ceci conduira d’ailleurs l’auteur, lorsqu’il conceptualisera par la suite la chaîne
de valeur (Porter, 1985), à identifier deux composantes logistiques importantes au sein des
activités principales : l’inbound logistics et l’outbound logistics, maladroitement traduites en