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LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 955 l FÉVRIER 2016 LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 955 l FÉVRIER 2016
souvent en moins de 12 heures, elle s’accompagne
d’une grande anxiété et d’une impossibilité à dé-
glutir ou à s’allonger. En cas de dyspnée intense,
le risque d’arrêt respiratoire est majeur, et le jeune
patient doit être adressé en urgence vers un centre
compétent avant toute évaluation diagnostique.8
Cause plus fréquente, la laryngite sous-glot-
tique est d’origine virale et survient habituelle-
ment entre 6 mois et 3 ans au décours d’une rhino-
pharyngite banale ; elle se caractérise par une
dyspnée inspiratoire aiguë avec toux rauque. En
l’absence de signes de gravité, la prise en charge
est ambulatoire : corticothérapie per os (1 mg/kg
de dexaméthasone ou 20 gouttes/kg/j de bétamé-
thasone) en 1 prise pendant 48 heures. Dans le
cas contraire, des nébulisations d’adrénaline et de
corticoïdes sont proposées en milieu hospitalier.
Toute dyspnée laryngée avant l’âge de 6 mois doit
faire éliminer un angiome sous-glottique ou une
sténose laryngée par une endoscopie.
Enfi n, l’inhalation de corps étranger (dyspnée
aux 2 temps) peut aussi provoquer une insuffi sance
respiratoire aiguë dans la population infantile.
Elle est responsable de surinfections bronchiques
ou pulmonaires récidivantes. Au moindre doute,
une radiographie pulmonaire doit être réalisée.
SUJET ÂGÉ : TRÈS EXPOSÉ
Les causes d’insuffi sance respiratoire aiguë (IRA)
d’origine infectieuse sont multiples. Au-delà de
65 ans, la fréquence et la gravité des pneumo-
pathies augmentent (encadré 3). Cliniquement, la
fi èvre (souvent moins élevée que chez l’adulte plus
jeune, par exemple 38 °C) est parfois absente mais
la tachypnée, elle, quasi constante. Cela s’accom-
pagne parfois de douleur, toux, encombrement
bronchique, qui orientent évidemment le diagnos-
tic, mais au moins aussi souvent de signes extra-
thoraciques, tels que confusion mentale, troubles
de l’équilibre avec ou sans chute, signes digestifs
(anorexie, vomissements, douleurs abdominales),
ou enfi n décompensation d’une comorbidité, no-
tamment cardiaque, pouvant égarer le diagnostic.
À l’auscultation, les anomalies presque toujours
unilatérales (râles crépitants), mais pas constantes,
ont une bonne valeur prédictive positive.
Selon l’Afssaps, la Spilf et la SPLF, un âge > 65 ans
avec au moins un facteur de risque mais aussi une
hypoxie aiguë (encadré 2) font adresser le patient
à l’hôpital.
L’écologie microbienne des infections commu-
nautaires est la même que dans la population
générale et l’antibiothérapie recommandée est
identique. En revanche, en présence de troubles
de la déglutition, les pneumopathies dites d’inha-
lation sont extrêmement fréquentes. Les micro-
organismes en cause sont alors les bacilles gram
négatifs et anaérobies de la sphère oro-pharyngée
et l’amoxicilline-acide clavulanique est préconisée.3
Le traitement symptomatique repose sur une
bonne hydratation et sur la kinésithérapie respi-
ratoire en cas d’encombrement. Pas d’antitussifs
ni de mucolytiques. Chez certains patients, une
toux sèche post-infectieuse invalidante, voire
insomniante, peut perdurer plusieurs semaines.
Une corticothérapie inhalée, voire générale en
cure courte, permet souvent de faire régresser les
symptômes. En cas d’hypoxie persistante, malgré
la résolution de l’infection, il faut évoquer une
décompensation cardiaque ou une pathologie
thrombo-embolique. En l’absence d’explication,
le patient âgé peut être orienté vers un pneumo-
logue pour investigation et éventuelle oxygéno-
thérapie.
Enfi n, une IRA fébrile peut être le mode de pré-
sentation de différentes pathologies extrapulmo-
naires, en particulier l’insuffi sance ventriculaire
gauche, décompensée par une infection quelle
qu’elle soit. L’examen clinique ainsi que le dosage
du BNP ou du NT-proBNP orientent vers l’un ou
l’autre de ces diagnostics.
GRIPPE, EN CAUSE À TOUT ÂGE
La grippe due aux orthomyxovirus infl uenzæ est
responsable d’épidémies annuelles hivernales,
voire de pandémies. Elle peut être à l’origine de
pneumopathies virales, de surinfections respi-
ratoires bactériennes et parfois de myocardites.
Chaque année en France et en dehors des grandes
pandémies comme celle de 2015, on estime que la
grippe touche 5 à 7 millions de personnes (soit 5 à
10 % des adultes et 20 à 30 % des enfants), et est
3 . Plus de pneumonies chez le sujet âgé ?
– Modifi cation de structure du parenchyme pulmonaire (moindre
élasticité).
– Diminution de force et augmentation de la charge de travail des muscles
thoraciques.
– Grande prévalence des troubles intermittents de déglutition d’origine
neurologique.
– Fréquence des RGO (de liquides non acides, donc non bactéricides) et
des phénomènes d’inhalation.
– Diminution du fl ux salivaire, mauvaise hygiène dentaire, modifi cation
de la fl ore oropharyngée et baisse de la clairance mucociliaire trachéale.
– Altération des réponses immunitaires locales de l’épithélium bronchique
et des parois alvéolaires.
– Immunosénescence physiologique aggravée par la fréquente dénutrition
protéino-énergétique et les comorbidités, notamment infl ammatoires
et infectieuses.
– Pathologies bronchopulmonaires préexistantes (BPCO, emphysème,
asthme, séquelles tuberculeuses).
– Vie en institution favorisant les épidémies.
– Utilisation (trop ?) fréquente d’antibiotiques avec colonisation par des
bactéries résistantes.
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