Ennio Floris : La rupture cartésienne et la naissance d’une philosophie de la culture dans les œuvres juvéniles de J.-B. Vico
Le De nostri temporis studiorum ratione (1708) : 7- Le « cogito » cartésien et l’interprétation vichienne du doute
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À ce propos, on peut se demander comment Vico a
pu donner du cartésianisme une interprétation lui
permettant de le critiquer sans le renier. Or le De
ratione ne contient pas de texte concernant directe-
ment le cogito. Cependant cette assimilation per-
sonnelle du cartésianisme reste sous-jacente à
l’œuvre, et il serait fâcheux de ne pas chercher à la
faire ressortir. Parmi les textes vichiens concernant
le cogito, l’un d’entre eux semble refléter une telle
approche : celui d’une annotation que l’auteur
avait ajoutée à la dernière édition de la Science
nouvelle et qui remonte – fait curieux à première
vue – à 1731. Quoi qu’écrite à une époque tardive,
cette glose contient la démarche personnelle criti-
que à laquelle Vico est toujours resté fidèle.
Il convient de rappeler qu’à la suite de Platon et
d’Aristote, les philosophes de la Renaissance, tels
Ficino et Campanella, avaient employé le doute
dans leur recherche épistémologique. Vico n’a
jamais considéré l’approche critique par le doute
comme la propriété exclusive de Descartes. Selon
la tradition philosophique, il a recherché son
propre itinéraire critique, par lequel il a osé se
mesurer avec le grand philosophe français.
Ce texte nous permet donc de connaître le fonde-
ment de l’attitude critique de Vico et les limites de