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Un cinquième pilier ne doit pas être oublié: le
pilier culturel qui fait référence aux facteurs
intangibles qui font qu’une société fonctionne
efficacement, la capacité à formuler une vision,
le niveau de confiance et l’appropriation de
valeurs.1
Multiples initiatives pour la mise en
réseau et la promotion de l’innovation
L’étude a permis de répertorier de nombreuses
initiatives qui se rejoignent toutes vers le
même objectif : créer un espace intégré autour
de la Méditerranée pour la recherche, le
développement technologique et l’innovation.
Peuvent ainsi être citées : la création récente de
Medinnov, réseau de pôles technologiques et
d’agence de promotion de l’investissement ;
divers projets européens dont ESTIME pour
l’évaluation du potentiel de recherche et
d’innovation dans les pays MEDA ; des
initiatives comme celle du réseau de
prospective pour le Monde Méditerranéen
(IpemMed) ou encore des projets des Nations
Unies portées par l’ESCWA pour la région
Moyen Orient ou par l’ONUDI à travers sa
plateforme Platech des parcs technologiques et
scientifiques en Afrique et Moyen Orient.
Comme Platech, la plupart de ces initiatives
font référence aux parcs technologiques &
scientifiques ou technopôles qui sont, d’après
la définition proposée par l’Association
internationale des parcs scientifiques (IASP),
des « organismes gérés par des spécialistes et
dont le but principal consiste à accroître la
richesse de sa communauté par la promotion
de la culture de l’innovation ainsi que de la
compétitivité de ses entreprises et institutions
fondées sur le savoir qui y sont associées ou
implantées. »2
Comme l’ont souligné les multiples états des
lieux réalisés récemment, de nombreux parcs
dit technologiques ont été créés récemment tels
que Berytech à Beyrouth, le Technopark de
Casablanca, le Pôle El Ghazala près de Tunis
ou Smart Village en périphérie du Caire. Dans
la plupart des pays MENA, de nouveaux
projets de type parc technologique &
scientifique peuvent aussi être cités.
1 voir notamment Arab Human Development
Report 2003. Building a knowledge society.
New York : UNDP.
2 www.iasp.ws
Limites des parcs technologiques &
scientifiques pour promouvoir les
synergies entre les acteurs
Plusieurs études menées sur les premiers parcs
opérationnels montrent que ces parcs se
veulent avant tout des sites d’accueil attractifs
pour les entreprises locales ou multinationales
du secteur des services d’ingénierie
informatique et d’externalisation des processus
métiers. En particulier, la plupart de ces projets
visent à positionner les pays de la région sur le
marché très prometteur des services offshore.
En revanche, comme l’a montré le travail mené
par l’Institut de Recherche sur le Maghreb
Contemporain (IRMC) sur les dynamiques
technopolitaines dans le Maghreb3, plusieurs
de ces parcs rencontrent de nombreuses
difficultés pour favoriser effectivement des
synergies entre entreprises, ou entre entreprises
et institutions de la connaissance.
Ce constat est cohérent avec plusieurs études
réalisées dans d’autres pays qui ont mené des
programmes de parcs scientifiques et
technologiques. L’OCDE4 a aussi souligné les
limites du modèle « technopole réel » tels qu’il
a été développé en France, au Japon ou à
Taiwan. Il est en effet souligné que la co-
location des acteurs sur un même site ne suffit
pas pour favoriser de véritables synergies
nécessaires au processus d’innovation. Pour y
parvenir, un parc doit s’inscrire dans une
politique régionale cohérente de promotion de
l’innovation. Ainsi dans de nombreux
exemples de réussite, les missions d’animation
et d’accompagnement des entreprises ont été
séparées de l’aménagement de parcs ou ont été
dévolues à des structures spécifiques et qui ont
compétence sur l’ensemble du territoire
métropolitain.
Ce constat peut mener à de premières
recommandations afin que les missions
d’accompagnement des entreprises, de mise en
réseau, d’incubation, etc. soient clairement
séparées et que des systèmes de suivi-
évaluation de leurs actions soient mis en
œuvre.
3 MEZOUAGHI Mihoub (2003-2005).
insertion des TIC au Maghreb. Programme de
recherche de l’IRMC.
4 OCDE (2005). Building Competitive
Regions. Strategies and governance. Paris :
OECD.