Mastère d’action publique
Promotion 2005-2006
Thèse professionnelle
Pierre Douillard
Gouvernance territoriale de l’innovation
Quels échanges entre métropoles de la région MENA ?
Organisme d’accueil
KNA-MENA – Banque Mondiale
World Bank Institute/Middle East and North Africa Region
Villa Valmer-271 Corniche Kennedy
13007 Marseille-France
Correspondant au sein de l’organisme d’accueil :
Monsieur Guy Fleuret
Directeur de thèse professionnelle :
Monsieur Pierre Veltz
ii
Remerciements
Mes remerciements vont d’abord à l’ensemble de l’équipe de KNA-MENA, à Loraine,
Nathalie, Nacima, Mona, Hana, Frauke, Dalila, Janette, Chantal, Gilles, Guy, Edouard et Gaël
qui m’ont accueilli et accompagné pendant les quatre mois de ma mission à la Villa Valmer.
Je n’oublie pas Andrew, consultant GDLN pour KNA-MENA, qui m’a sensibilisé aux vertus
de l’enseignement à distance. Je remercie aussi Delphine Crevola et Sylvain Houpin,
courageux initiateurs des projets de la Commission Méditerranée de CGLU et du PICDUM,
ainsi que nos partenaires de la ville de Marseille, Clotilde Boutrolle, Audeline Laifa, Carine
Schlewitz, Jean-Claude Aroumougom et Loïc Gireaudon, qui mont fourni des éclairages
précieux sur la coopération décentralisée et les enjeux de sa coordination.
Mes remerciements vont aussi à nos collègues des autres bureaux de la Banque Mondiale, et
tout particulièrement à l’équipe K4D à Paris, Justine White et Jean-Eric Aubert. Je remercie
enfin l’ensemble des personnes qui m’ont permis d’élargir mon champ d’étude et de
comprendre de nombreux enjeux de l’innovation et des problématiques spécifiques aux pays
de la région MENA, grâce à l’Institut de la Méditerranée (Angélique Pelleau, Jean-Claude
Tourret et Jean-Louis Reiffers), à Méditerranée Technologie (Gabriella Fiori et Jean-Pierre
Sallei), à l’IpemMed (Jean-Louis Guigou et Pierre Beckouche), à Marseille Innovation
(Christian Rey et Lofti Hamdi), au projet Estime (Anne Sophie Boisard et Rigas Arvanitis), à
l’AFD (Nils Devernois, Hervé Bougault, Bruno Clavreul et beaucoup d’autres) et grâce aux
précieux apports de Pierre Veltz (ENPC), de Jean-Marie Rousseau (CE/DG Recherche), de
Mihoub Mezouaghi (IRMC) et d’Abdelkader Djeflat (Maghtech).
iii
Résumé
L’Agence KNA-MENA de la Banque Mondiale à Marseille a lancé en 2006 un programme de
sensibilisation aux bonnes pratiques en matière de technopole à destination de la région
MENA. La présente étude visait à produire un rapport préparatoire pour ce programme. Les
premières recherches ont conduit rapidement à identifier de nombreuses initiatives similaires
sur la région Méditerranée et ont mené à une redéfinition du programme pour s’interroger
plus largement sur la gouvernance territoriale de l’innovation et sur les bonnes pratiques pour
le partage d’expériences relative à cette thématique. Les conclusions principales sont de se
concentrer sur la diffusion des stratégies de développement économique local et d’innover en
matière d’échanges de connaissance.
Mots-clés : gouvernance territoriale, économie de la connaissance, innovation, développement
économique local, suivi et évaluation, Méditerranée, technopole
Abstract
KNA-MENA, an agency of the World Bank located in Marseilles, launched in 2006 a
program to raise awareness of best practices in science park within the MENA region. The
present study aimed at producing a preliminary report for the unfolding program. While
researching, many similar initiatives around the Mediterranean Region have been identified. It
led to a new definition of the program, focussing on a wider questioning of the meaning of
local governance of innovation, and on best practices concerning experience sharing in this
field. The main conclusions are to focus on dissemination of local economic development
strategies and to innovate in matters of knowledge sharing.
Keywords : territorial governance, knowledge based economy, innovation, local economic
development, monitoring and assessment, Mediterranean Region, science park
Quatre pages
Echanges entre territoires de l’innovation dans la région MENA
L’Agence de la Banque Mondiale
installée à Marseille depuis 2004,
dénommée KNA-MENA (Knowledge
Network Agency for the Middle East &
North Africa Region), a pour mission « la
mise en réseau de la connaissance à
destination de la région Afrique du Nord
et Moyen Orient ». Actuellement en
phase pilote, l’Agence s’est concentrée
sur les thématiques du développement
urbain et de la gouvernance locale et a
dans ce cadre lancé en 2006 un
programme ambitieux sur les outils
territoriaux qui favorisent la synergie
entre institutions d’enseignement,
centres de recherches, et entreprises
pour stimuler l’innovation au niveau
local. La présente étude devait
permettre à partir d’un état des lieux
des travaux et initiatives sur cette
thématique de préparer la suite du
programme. Elle a conduit à souligner
plusieurs enjeux pour l’échange entre
territoires de l’innovation.
Vers des économies de la connaissance
La transition des économies des pays de la
région de la MENA vers des économies basées
sur la connaissance, c’est-à-dire tirées par le
progrès technique, l’innovation et
l’apprentissage continue, répond à plusieurs
enjeux : notamment diversifier les secteurs de
production, renforcer l’intégration de ces pays
dans l’économie mondiale, en particulier avec
l’Europe, et relancer les mécanismes de
croissance pour répondre aux problèmes du
chômage qui touche particulièrement les
jeunes diplômés.
La Banque Mondiale a proposé une
méthodologie d’évaluation de la préparation
d’un pays à l’économie de la connaissance à
partir d’indicateurs regroupés en quatre piliers1
l’environnement économique et institutionnel,
le niveau de compétence, le système
d’innovation et l’infrastructure de com-
munication et d’information. (voir encadré 1).
1 AUBERT J.E. & REIFFERS J.L. (2003).
Knowledge Economies in the Middle East and
North Africa. Toward new development
strategies. Washington DC : World Bank
Encadré 1 : Application de la Méthodologie d’évaluation de la connaissance à quelques pays de MENA
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Un cinquième pilier ne doit pas être oublié: le
pilier culturel qui fait référence aux facteurs
intangibles qui font qu’une société fonctionne
efficacement, la capacité à formuler une vision,
le niveau de confiance et l’appropriation de
valeurs.1
Multiples initiatives pour la mise en
réseau et la promotion de l’innovation
L’étude a permis de répertorier de nombreuses
initiatives qui se rejoignent toutes vers le
même objectif : créer un espace intégré autour
de la Méditerranée pour la recherche, le
développement technologique et l’innovation.
Peuvent ainsi être citées : la création récente de
Medinnov, réseau de pôles technologiques et
d’agence de promotion de l’investissement ;
divers projets européens dont ESTIME pour
l’évaluation du potentiel de recherche et
d’innovation dans les pays MEDA ; des
initiatives comme celle du réseau de
prospective pour le Monde Méditerranéen
(IpemMed) ou encore des projets des Nations
Unies portées par l’ESCWA pour la région
Moyen Orient ou par l’ONUDI à travers sa
plateforme Platech des parcs technologiques et
scientifiques en Afrique et Moyen Orient.
Comme Platech, la plupart de ces initiatives
font référence aux parcs technologiques &
scientifiques ou technopôles qui sont, d’après
la définition proposée par l’Association
internationale des parcs scientifiques (IASP),
des « organismes gérés par des spécialistes et
dont le but principal consiste à accroître la
richesse de sa communauté par la promotion
de la culture de l’innovation ainsi que de la
compétitivité de ses entreprises et institutions
fondées sur le savoir qui y sont associées ou
implantées. »2
Comme l’ont souligné les multiples états des
lieux réalisés récemment, de nombreux parcs
dit technologiques ont été créés récemment tels
que Berytech à Beyrouth, le Technopark de
Casablanca, le Pôle El Ghazala près de Tunis
ou Smart Village en périphérie du Caire. Dans
la plupart des pays MENA, de nouveaux
projets de type parc technologique &
scientifique peuvent aussi être cités.
1 voir notamment Arab Human Development
Report 2003. Building a knowledge society.
New York : UNDP.
2 www.iasp.ws
Limites des parcs technologiques &
scientifiques pour promouvoir les
synergies entre les acteurs
Plusieurs études menées sur les premiers parcs
opérationnels montrent que ces parcs se
veulent avant tout des sites d’accueil attractifs
pour les entreprises locales ou multinationales
du secteur des services d’ingénierie
informatique et d’externalisation des processus
métiers. En particulier, la plupart de ces projets
visent à positionner les pays de la région sur le
marché très prometteur des services offshore.
En revanche, comme l’a montré le travail mené
par l’Institut de Recherche sur le Maghreb
Contemporain (IRMC) sur les dynamiques
technopolitaines dans le Maghreb3, plusieurs
de ces parcs rencontrent de nombreuses
difficultés pour favoriser effectivement des
synergies entre entreprises, ou entre entreprises
et institutions de la connaissance.
Ce constat est cohérent avec plusieurs études
réalisées dans d’autres pays qui ont mené des
programmes de parcs scientifiques et
technologiques. L’OCDE4 a aussi souligné les
limites du modèle « technopole réel » tels qu’il
a été développé en France, au Japon ou à
Taiwan. Il est en effet souligné que la co-
location des acteurs sur un même site ne suffit
pas pour favoriser de véritables synergies
nécessaires au processus d’innovation. Pour y
parvenir, un parc doit s’inscrire dans une
politique régionale cohérente de promotion de
l’innovation. Ainsi dans de nombreux
exemples de réussite, les missions d’animation
et d’accompagnement des entreprises ont été
séparées de l’aménagement de parcs ou ont été
dévolues à des structures spécifiques et qui ont
compétence sur l’ensemble du territoire
métropolitain.
Ce constat peut mener à de premières
recommandations afin que les missions
d’accompagnement des entreprises, de mise en
réseau, d’incubation, etc. soient clairement
séparées et que des systèmes de suivi-
évaluation de leurs actions soient mis en
œuvre.
3 MEZOUAGHI Mihoub (2003-2005).
insertion des TIC au Maghreb. Programme de
recherche de l’IRMC.
4 OCDE (2005). Building Competitive
Regions. Strategies and governance. Paris :
OECD.
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