FICHE RÉGIONALE MENA
Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA)
La Région MENA comprend les pays suivants : Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Cisjordanie et
Gaza, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Iran, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Malte,
Maroc, Oman, Qatar, Syrie, Tunisie, Yémen
LES DÉFIS DU DEVELOPPEMENT
La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) est une région d’une grande diversité
économique qui comporte à la fois de riches économies pétrolières du Golfe et des pays pauvres
en ressources par rapport à leur population, tels que l’Egypte, le Maroc, et le Yémen. Pendant
une grande partie du dernier quart de siècle, deux facteurs ont profondément influencé la
prospérité économique de la région : le prix du pétrole et l’héritage de politiques et structures
économiques dans lesquels l’État avait un rôle dominant.
La région a connu une croissance exceptionnelle ces deux dernières années. En 2003 et 2004,
le taux de croissance économique moyen a dépassé 5,6 pour cent par an, soit la plus forte
croissance de la décennie, et une nette augmentation si l'on considère la moyenne annuelle de
3,6 pour cent des années 90. Au cours de ces deux dernières années, la croissance moyenne
par habitant dans la région MENA a atteint 3,5 pour cent, ce qui représente le meilleur résultat de
la région en matière de croissance depuis le milieu des années 70.
Allant de pair avec cette performance solide en matière de croissance, le chômage un défi
critique en matière de développement, qui affecte virtuellement toute l'économie de la région a
diminué avec la hausse des cours du pétrole de 2000 à 2004. D'après les estimations le taux de
chômage a régressé, passant de 14,9 pour cent de la population active en 2000 à 13,4 pour cent
à l'heure actuelle, soit une augmentation de 37 pour cent en matière de création d'emplois
pendant les années 90. A bien des égards, la région MENA connaît donc un boom économique.
Néanmoins, cette accélération de la croissance économique dans la région ne doit pas faire
baisser les bras. D'abord, elle n'est pas très largement répandue. Si l'on compare la croissance
des années 90 à celle des deux dernières années, on peut constater que 97 pour cent de la
reprise de la croissance proviennent de quatre pays Arabie Saoudite, République Islamique
d'Iran, Algérie, et les Emirats Arabes Unis. En fait, quasiment la moitié des pays de la région ont
connu des ralentissements économiques dans les années 90. De façon plus significative, la
croissance économique par habitant de la région MENA ces deux dernières années accuse du
retard par rapport à celle des autres régions.
En outre, les prévisions actuelles indiquent des taux de croissance qui seront insuffisants pour
attaquer de front avec l’impact voulu le chômage qui sévit dans la région MENA et constitue un
de ses principaux problèmes de développement. Près de cent millions d'emplois devront être
crées dans les vingt prochaines années afin de compenser l'arrivée de nouveaux arrivants sur le
marché du travail et d’absorber les chômeurs actuels. Ceci signifie que le nombre d'emplois
dans la région devra être multiplié par deux au cours de cette période, ce qui nécessitera des
taux effectifs de croissance économique soutenue de 6 à 7 pour cent par an en moyenne
pendant cette période.
L’évaluation des récents progrès de MENA dans les différentes réformes qu’elle a entreprises
montre un rythme de réforme dans l’ensemble inférieur à celui des autres régions. Mise à part la
réforme du commerce, où MENA a fait des progrès notables, la région a pris beaucoup de retard
sur les autres régions. Les progrès qu’elle a réalisés dans sa réforme de l'environnement des
affaires sont les plus faibles au monde. Le manque d’amélioration de la gouvernance dans la
région est particulièrement préoccupant. Bien que chaque domaine de réforme structurelle soit
important en soi, le manque de progrès dans la réforme de la gouvernance, en particulier en
matière d’obligation de rendre compte dans le secteur public, pourrait avoir des conséquences
très négatives sur les chances de réussite d'un effort plus étendu de réforme économique.
L’assistance de la Banque mondiale
L’objectif essentiel de la Banque mondiale dans la région est d’aider les pays à réduire la
pauvreté. Pour l’atteindre, la Banque préconise une stratégie d’accélération de la dynamique de
réformes des politiques et de développement des institutions. Cette stratégie est, selon elle,
essentielle à la création d’un climat favorable à la venue d’investissement, à la création
d’emplois, et à une accélération de la croissance.
Le montant du programme de prêt de la Banque se monte pour l'exercice 2005 à 1,3 milliard de
dollars. Ce programme finance réformes et investissements dans le secteur public et privé, la
prestation de services sociaux élémentaires aux groupes vulnérables, la réforme de l'éducation,
la gestion des ressources naturelles et l'approvisionnement en eau, les investissements
agricoles, et le développement de l'infrastructure. En réponse à l'intérêt croissant de la région
pour un appui soutenu de la Banque aux réformes de politiques, la Banque continue à partager
savoir et conseils techniques par le biais de différentes activités d’analyse, de conseil et de
formation. Le partage du savoir a été au coeur de l'assistance au développement de la Banque
aux pays du Golfe depuis déjà plusieurs années.
La Banque continue à élargir sa gamme de services au-delà des opérations directes de prêt dans
plusieurs domaines importants. Tout d’abord, elle encourage les entrées d’investissements
privés dans la région grâce à l’usage actif de ses garanties qui aident à diminuer la perception de
risque des investisseurs et le coût pour les emprunteurs. Ensuite, la Banque continue à travailler
étroitement avec ses institutions sœurs, la Société financière internationale (SFI), qui favorise le
développement économique à travers le secteur privé, et l’Agence multilatérale de garantie des
investissements (MIGA), qui encourage l’investissement étranger dans les pays en
développement en fournissant des garanties aux investisseurs étrangers.
Les principaux domaines de la Banque mondiale dans la région MENA
Pour aider la région MENA à relever les défis qui la confrontent, la Banque mondiale fournit une
assistance portant sur un grand nombre de secteurs et de domaines d’activités. Les formes
précises de cette assistance dans chacun des pays sont dictées par sa situation propre et par
ses objectifs nationaux. Toutefois, cinq domaines sont communs à toute la région et
systématiquement pris en compte dans chacune des interventions de la Banque mondiale dans
un pays.
Efficacité et gouvernance du secteur public
Le renforcement institutionnel pour améliorer la responsabilisation et l’efficacité du secteur public
est un thème clé de la coopération et des services-conseil de la Banque mondiale à la région
MENA. En septembre 2003, la Banque a publié un ouvrage majeur consacré à la région et
intitulé “Better Governance for Development in the Middle East and North Africa: Enhancing
Inclusiveness and Accountability” (Vers une meilleure gouvernance au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord : Améliorer l’inclusivité et la responsabilisation). Ce livre, rédigé en collaboration
avec un réseau d’universitaires de renom de la région, propose aux gouvernements et à la
société civile des options pour améliorer les mécanismes de gouvernance dans la région
La Banque mondiale consacre des ressources importantes sous forme d’activités d’études et de
prêts pour appuyer la réforme dans le secteur public au niveau national. L’analyse des processus
budgétaires au Yémen, en Jordanie, en Iran et le nouveau prêt pour la réforme de l'administration
publique au Maroc constituent des exemples particulièrement marquants de ces activités.
Certaines de celles-ci, comme le prêt d’appui à la réforme du secteur public en Jordanie et le
programme d'assistance technique en Egypte en vue d’établir une gestion budgétaire basée sur
la performance, ont enregistré des progrès significatifs. La réforme du secteur public reste
également un élément central du programme à moyen terme de la région. Des revues des
dépenses publiques sont en cours ou prévues dans plusieurs pays y compris l'Egypte, l'Algérie,
le Liban et l'Iran. Des initiatives sont également en cours en ce qui concerne le secteur public en
Iraq. Au niveau régional et, conformément aux priorités récemment adoptées par la Commission
pour la gouvernance dans le secteur public, un accent particulier est mis sur la réalisation d’une
étude comparative des questions importantes de gouvernance et de prestation de services.
Le développement du secteur privé et la création d'emploi
Une croissance soutenue en vue d’augmenter les revenus et étendre les bénéfices aux pauvres
est essentielle pour créer des emplois et réduire la pauvreté. Aider les pays à accélérer et
maintenir leur croissance est un volet très important dans l'appui de la Banque mondiale à la
région MENA. Á cet effet, la Banque mondiale a mis en place un certain nombre d'outils destinés
à soutenir les efforts des pays pour instaurer un climat favorable à l'investissement, mieux gérer
leurs entreprises et créer un secteur financier dynamique. Ces outils comprennent : des
évaluations du climat de l'investissement (Algérie, Maroc, Tunisie, Syrie, Oman, Yémen et
Egypte); des évaluations du secteur financier (Algérie, Maroc, Tunisie, Jordanie, Egypte, Koweït,
Oman et Liban), et un appui à la facilitation du commerce (Maroc, Jordanie, Syrie). La Banque
mondiale appuie également les programmes de réforme dans les pays du Golfe au moyen de
conseils de politiques et d’assistance technique. En outre, elle appuie et encourage les
partenariats entre le secteur privé et le secteur public pour le développement des infrastructures.
Par exemple, la Banque mondiale a aidé les autorités aéroportuaires égyptiennes à financer
l'extension de l'aéroport du Caire et à en privatiser la gestion. En Tunisie, la Banque mondiale a
collaboré avec le gouvernement pour la mise en place d'une stratégie de partenariat entre le
secteur public et le secteur privé pour développer et gérer des services d’infrastructures.
Une éducation à caractère plus universel
Comparé à d’autres régions du monde, les pays de la région MENA investissent une plus grande
proportion de leur PIB dans l'éducation. Malgré cela, la région est toujours confrontée à des
difficultés pour asseoir un système éducatif de haute qualité à tous les niveaux et promouvoir un
apprentissage et des formations en continu qui puissent répondre aux besoins du marché du
travail. C’est pourquoi l'amélioration du système éducatif est un volet important dans la stratégie
de la Banque mondiale visant au développement d’une économie du savoir et à la facilitation de
la transition économique des pays de la région MENA. Un tel développement ne peut se faire
sans une éducation de qualité et sans l'esprit de créativité. La Banque mondiale aide ces pays à :
(i) assurer l'accès équitable à l'éducation et la poursuite des études jusqu’à leur terme; (ii)
améliorer la qualité et la pertinence de l'éducation primaire, secondaire et supérieure ; (iii)
renforcer les capacités dans la gestion de l'éducation à la fois dans le secteur public et dans les
communautés locales ; (iv) améliorer l'efficacité des services éducatifs ; et (v) garantir la
pérennité des financements des investissements publics dans le secteur de l'éducation. Mais la
Banque mondiale va plus loin. Elle s'intéresse aussi à ceux qui ont été rejetés par le système
éducatif, tels les enfants déscolarisés, travailleurs, handicapés, et autres enfants en difficulté. Á
cet effet, elle encourage les pays de la région MENA à développer des réponses à caractère
multisectoriel pour s'assurer que cette frange de la population participe également à l'expérience
éducative.
La Banque mondiale répond à des besoins divers et variables par le transfert des connaissances
et par des prêts. Son assistance va de l’appui à la mise en œuvre au Yémen de la "Fast Track
Initiative", cette nouvelle initiative destinée à accélérer la réalisation des objectifs de « l'Education
pour tous », à l’amélioration des capacités des systèmes éducatifs jordaniens, tunisiens, et
marocains pour les adapter aux exigences de l’économie du savoir à l’échelle mondiale. Les
projets en Jordanie, en Tunisie, et au Maroc ont mis l'accent sur l'amélioration de la qualité de
l'éducation et l’introduction des technologies de l'information en milieu scolaire. Le travail sectoriel
en Tunisie et au Maroc a permis de mieux cerner les coûts et options de financement de
l'enseignement supérieur. La Banque mondiale a aussi permis la mise en place des groupes de
travail composés de représentants du Yémen, d'Egypte, de Jordanie et du Maroc pour
développer des stratégies en faveur des enfants vulnérables. Enfin, les études sectorielles et les
projets ont permis de réaliser des progrès en faveur de la petite enfance en Jordanie et en
Egypte.
La gestion durable des ressources en eau
Les pays de la région MENA abritent cinq pour-cent de la population mondiale mais disposent de
moins d'un pour-cent des réserves en eau douce renouvelable. Alors que la quantité d'eau
disponible (d'un pays et d'une région) reste relativement constante, de multiples raisons
entraînent une augmentation constante de la demande en eau qui dépasse les capacités de ces
pays. Ces raisons sont les suivantes : absence d'une politique de réforme portant sur la
tarification et sur les institutions ; croissance de la population ; migration des zones rurales vers
les zones urbaines et augmentations des revenus des ménages. Par exemple,
l’approvisionnement en eau n’atteint plus que le tiers de son niveau en 1960 et sera réduit de
moitié dans les 25 années à venir si les tendances actuelles de consommation se poursuivent.
Le programme d'appui de la Banque mondiale dans les pays de la région MENA comprend à la
fois des activités de conseils et des prêts, en vue de résoudre ces problèmes complexes d'une
manière durable. Au cours de l'année fiscale 2004, les équipes de la Banque mondiale ont
collaboré activement avec les gouvernements de l’Arabie Saoudite, du Yémen, de l’Iran, du
Maroc et de l’Egypte, pour préparer des documents de stratégie sectorielle qui recommandent
des solutions spécifiques à ces différents pays. Par ailleurs, un effort a été entrepris pour
améliorer la gestion des eaux internationales, notamment à travers l'Initiative du Bassin du Nil
(unissant l'Egypte aux pays riverains en amont du Nil). Les prêts d'investissement appuient les
réformes concernant l'utilisation de l'eau, la gestion intégrée des ressources en eau,
l'amélioration de l'irrigation, le développement du système d'évacuation des eaux usées et
l'hygiène dans les pays de la région MENA. La Banque mondiale prépare également des projets
de réhabilitation pour l'approvisionnement en eau, les services d'hygiène et d'irrigation en Iraq.
La problématique hommes-femmes
Les progrès réalisés dans la réduction des inégalités entre les sexes et mesurés par les
indicateurs sociaux ont été impressionnants dans les pays de la région MENA, grâce notamment
aux investissements importants des pouvoirs publics dans les secteurs de l'éducation et de la
santé. Les femmes en ont été les principaux bénéficiaires. Malgré cela, l’entrée de la femme
dans la sphère publique reste très lente. C’est ce que disent les indicateurs portant sur la
participation des femmes à la population active et au monde politique. Leurs valeurs indiquent
que les pays de la région MENA seraient à la traîne, par rapport aux autres pays en
développement. Cette situation a un impact important sur la croissance et le développement des
pays de la région. Le rapport type de la Banque mondiale sur la problématique du genre et le
développement dans les pays de MENA intitulé « Gender and Development in MENA : Women in
the public sphere » (La problématique hommes-femmes et le Développement dans la région
MENA : entrée des femmes dans la sphère publique), précise les barrières économiques,
sociales et juridiques qui empêchent l'égalité des chances, l'égalité devant la loi, et l'égalité des
voix. Pour amorcer un changement dans ce sens, priorité doit être donnée aux droits de la
femme de façon à tirer profit de l’avantage comparatif de la Banque mondiale en matière de
développement économique et à renforcer le travail des autres institutions qui se consacrent à la
défense des droits.
La région MENA a récemment adopté une stratégie d'approche du genre à trois étapes pour
appuyer les droits économiques des femmes. Cette stratégie consiste à: (a) assurer l'accès des
femmes aux ressources publiques (politique budgétaire de l’approche du genre- répondant
essentiellement aux besoins des femmes pauvres); (b) permettre aux femmes d’avoir des
chances égales à celles des hommes en matière de participation à la population active (en
ciblant en particulier les femmes appartenant à la classe ouvrière et à la classe moyenne dont le
revenu dépend de leur salaire) ; et (c) promouvoir l'accès des femmes aux opportunités de
création d’actifs et de richesses (aider les femmes entrepreneurs en leur donnant la
connaissance et la capacité d'assumer des responsabilités en tant que leaders et décideurs). La
mise en oeuvre de cette stratégie se fera par son intégration plus poussée dans les travaux
d’analyse et les interventions opérationnelles de la Banque mondiale, dans les partenariats, et à
l’intérieur d’un vaste réseau consacré à la problématique hommes femmes et disposant d’un
centre d'expression en farsi et en arabe. Elle sera également au centre des discussions du
Conseil consultatif pour la problématique hommes femmes afin de s’assurer que le programme
de la Banque répond aux priorités de ses clients.
Perspectives d’avenir
Pour aider à relever les divers défis auxquels la région fait face, la Banque mondiale veillera à
apporter son soutien aux objectifs de développement à long terme, uniques à chaque pays. Elle
veillera aussi à renforcer les partenariats pour le développement avec la société civile et les
pauvres afin de mieux comprendre leurs besoins et avec les organisations de développement
pour garantir le partage du savoir.
Tous les chiffres en dollars sont exprimés en dollars EU équivalents de septembre 2005
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Á Washington: Sereen Juma, téléphone: 1 (202) 473-7199; Fax: 1 (202) 522-0003; Email:
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