IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © IX - LE VITALISME DE NIETZSCHE NIETZSCHE représente aussi la critique du Rationalisme et de l'Idéalisme mais dans une nouvelle perspective qui a deux facettes : - Un versant négatif, de critique des principaux concepts et des valeurs qui ont traditionnellement servies à expliquer le monde dans la culture occidentale. - Un versant positif, la tentative de compréhension et l'explication de la vie comme le fond profond de ce dont tout apparaît. Il s'ensuit que sa philosophie soit connue comme Vitalisme *. Vitalisme Appliqué à NIETZSCHE, il se réfère à la revendication de la vie comme une réalité irréductible à la raison et plus authentique et originaire que celle-ci. Cette exposition il ne la mène pas de manière systématique, mais en suivant le développement de divers sujets qui apparaissent le long de son oeuvre. NIETZSCHE est un grand écrivain, ce qui rend spécialement intéressante la lecture de ses oeuvres. Mais à la fois, son style aphoristique, de brèves phrases qui invitent à la réflexion, l’abondance de métaphores ou des "masques" sous lesquels se dissimulent ses idées, rend difficile sa compréhension. Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) Né en 1844 à Roecken, dans le royaume de Saxe, près de Leipzig, Friedrich Nietzsche est un fils de pasteur. Il fait de brillantes études de philologie avant d'être nommé, à vingt-quatre ans, professeur de philologie classique à Bâle. Mais sa véritable passion est la philosophie et, en 1871, il écrit son premier ouvrage majeur : L’origine de la tragédie, qui est très mal accueilli par les philologues qui refusent d'y voir un ouvrage de philologie. C'est aussi l'époque de sa grande amitié avec Richard Wagner à qui il dédie ce livre. En 1876, malade, il prend congé de l'université et se met à voyager. Ainsi va-t-il en Suisse, en Italie, et dans le midi de la France. Il publie, en 1880, Le Voyageur et son ombre. Il rompt avec Wagner parce qu'il estime que ses travaux s'opposent désormais fondamentalement à l'œuvre du musicien. La période qui va de 1880 à 1889 est une période d'intense création philosophique qui précède l'effondrement final : Le Gai Savoir (1881-1882) ; Ainsi parlait Zarathoustra (1882-1885) ; Par-delà le Bien et le Mal (1886) ; La Généalogie de la morale (1887). A Turin, en janvier 1889, il subit une violente crise et est interné. Selon le diagnostic officiel, il est atteint de " paralysie progressive ". Sa mère le prend chez elle, et sa sœur, Elisabeth, soigne Nietzsche jusqu'à sa mort, à Weimar, en 1900. Elle publiera de façon posthume en 1901 l'ouvrage inachevé intitulé La Volonté de puissance. Le nationalsocialisme utilisera, durant les années 1930, la pensée de Nietzsche sans que sa sœur, alors très âgée, s'y oppose. 1 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Nietzsche a tout d'abord subi l'influence de la culture et de la réflexion helléniques. Il salue l'audace des présocratiques (Thalès, Parménide, Héraclite) en les opposant à Socrate, ce " plébéien inculte ", ainsi qu'à Platon. Mais la philosophie de Schopenhauer le frappe également. Le Monde comme volonté et comme représentation le bouleversera. Nietzsche rejettera par la suite le pessimisme ainsi que l'idéal ascétique de Schopenhauer. De même, Nietzsche a longtemps admiré Richard Wagner avant de lui reprocher l'atmosphère de kermesse de Bayreuth, ainsi que son adhésion à l'Allemagne de l'Empire, que Nietzsche tient pour corruptrice de la civilisation. Nietzsche a traqué, sous toutes ses formes, l'illusion des arrières mondes: ce qui compte, c'est notre monde, en tant qu'il est joie, création et plénitude vitale, volonté de puissance. La volonté de puissance, envisagée comme énergie conquérante et dominatrice, volonté d'un surplus de force active et dynamique, faculté créatrice et plénitude de l'âme, consiste, sous sa forme la plus haute, à créer. Le " surhomme " condense alors l'homme libre d'esprit et de cœur, le créateur, le point le plus haut de l'humanité. L'esclave, quant à lui, reste le faible, celui qui ne peut créer authentiquement et vit dans le ressentiment, c'est-à-dire dans ce sentiment de rancune et d'amertume que ressentent les faibles devant les créateurs et les maîtres. Le ressentiment est posé par Nietzsche comme étant l'origine des valeurs morales qu'il s'agit de renverser. La volonté de puissance se place au centre de la philosophie de Nietzsche. Elle forme le " moteur " de l'Univers. Elle se définit comme une " force " à la fois créatrice et destructrice, qui meut sans but un univers fermé et éternel, dans lequel tout se modifie sans cesse sous l'effet des cycles que cette force effectue. Ainsi, tout état de cet univers revient périodiquement (l'Éternel Retour). Cette force provoque une irrésistible augmentation de puissance, conduisant tout être à s'enrichir par des créations et des acquisitions nouvelles qui détruisent en même temps d'autres êtres. La vie est un des aspects de cette volonté de puissance : elle se manifeste chez l'homme aussi bien par des créations de valeurs que par la domination du fort sur le faible. Cette conception de l'Univers rentre en totale opposition avec les théories distinguant un monde vrai et un monde apparent, avec les morales classiques, ainsi qu'avec l'idée d'un devenir soumis au progrès. La vision nietzschéenne conduit à une virulente critique de toutes les idées établies et débouche sur un nihilisme total porteur de valeurs nouvelles. 1 La VISION TRAGIQUE de la VIE Dans La naissance de la tragédie dans l'esprit de la musique (1871) on ébauche les sujets fondamentaux de la philosophie de NIETZSCHE. Dans celle-ci il décrit la "vie" comme le fond originaire et profond d’où apparaît tout ce qui est concret, individuel et changeant ; l'"art", comme le meilleur organe pour l'interpréter, au lieu de la science ou la philosophie, et l'"intuition", comme méthode de compréhension de la "vie" qui ne peut pas être recueillie par la raison car une compréhension conceptuelle de celle-ci n’est pas possible. Selon NIETZSCHE cette réalité vitale a su être recueillie par la tragédie grecque, qui incarne le véritable esprit grec. 2 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 1.1 L’apollinien et le dionysiaque NIETZSCHE considérait que les forces originaires de la culture grecque avaient été deux forces esthétiques qui se combattent mutuellement mais qui ne peuvent pas exister l'une sans l'autre : l’apollinien, ce qui représente l'ordre, la lumière, la mesure, la limite, le principe d'individu, et son adversaire, le dionysiaque, qui est le symbole du flux profond de la vie elle-même, qui casse toutes les barrières et ignore toutes les limitations, que reflète l'unité primordiale de tout au-dessus du principe d'individu. Avec le rationalisme de Socrate arrive, selon NIETZSCHE, la décadence de la culture grecque et de la philosophie authentique et le début de l'époque de la raison et de l'homme théorique. Le "socratisme" est le phénomène opposé à ce qui est dionysiaque, ce qui signifie de prédominance de la rationalité intellectuelle, incapable de recueillir la vie qui coule derrière toutes les figures. NIETZSCHE affirme qu'il est nécessaire de récupérer la "vision tragique" du monde. Il présente cette image du monde comme une réalité dans laquelle la vie et la mort, la naissance et la décadence sont entrelacées. Mais naissance et décadence sont seulement des aspects d’une et même vague de la vie, "le chemin vers le haut et le chemin vers le bas sont un seul et le même", avait dit HÉRACLITE. Cette oscillation de la vie est ce que NIETZSCHE appelle "l'opposition de l’apollinien et du dionysiaque". Et il arrive à donner à la vie elle-même le nom de Dionysos, en la considérant comme le fond originaire du monde. Pour NIETZSCHE la philosophie est art, sagesse tragique, regard qui pénètre dans la lutte originaire des principes antagoniques que représentent Dionysos et Apollon. Dans la pensée de NIETZSCHE ont distingue trois périodes : Période Influences Caractéristiques Philosophie grecque - Critique de la philosophie présocratique. socratique-platonicienne, porteuse de valeurs SCHOPENHAUER et décadentes. WAGNER. - Critique la métaphysique, Positiviste ou VOLTAIRE et les français illustrés de la religion, l'art et la illustrée morale. (1878-1882) - Évaluation positive de la science. Romantique (1871-1877) Critique (1883-1888) - Il développe ses idées les plus originales : surhomme, mort de Dieu, volonté de pouvoir, éternel retour. - Destruction les valeurs traditionnelles et la nécessité d'un nouveau système de valeurs. Oeuvres principales - La naissance de la tragédie (1871) ; Considérations inactuelles (1873-1876). Humain, trop humain (1878); Le Gai Savoir (1882). Ainsi parlait Zarathoustra (18831885) ; Par-delà le bien et le mal (1886) ; Pour une généalogie de la morale (1887) ; Le Crépuscule des idoles (1889). 3 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 2 LA RELATIVITÉ DE LA CONNAISSANCE L’intellect humain, la connaissance, est pour NIETZSCHE une ressource "des êtres les plus malheureux" (les êtres humains). Il accomplit la fonction de les conserver dans l'existence, mais en même temps il les fait se tromper sur la valeur de celle-ci. Ayant besoin de vivre en société, et pour éviter la guerre de tous contre tous, on fixe ce qui à partir d'alors doit être vérité. On invente une désignation des choses uniformément valable et obligatoire (qui est, par conséquent, conventionnelle) et apparaît ainsi le contraste entre la vérité et le mensonge. La "vérité" ne dépend pas, par conséquent, des choses elles-mêmes mais de l'utilisation correcte des conventions du langage. Le "mensonge" de l'intellect consiste à faire croire qu'à travers les concepts on recueille la vie. Ceux-ci représentent le plus grand obstacle pour comprendre la réalité comme devenir. 2.1 Les concepts dissimulent la vérité NIETZSCHE se demande ce qu'il arrive avec les conventions du langage et si celles-ci s'accordent avec les choses. Lui-même répond qu'avec les mots on n'arrive jamais à la vérité. La vérité est le déguisement le plus trompeur de la raison. Les mots expriment des métaphores pures des choses. Ils se transforment en concepts quand ils sont appliqués à une pluralité d'individus et cessent de se référer à l'expérience singulière. Tout concept se forme par comparaison de cas non égaux, en abandonnant les différences individuelles, bien que la nature ne connaisse pas les formes ni les concepts. Le concept est le résidu d'une métaphore. Celles-ci sont, à leur tour, des reflets de l'homme, parce que ce dont il s'agit dans la connaissance c’est de rendre compréhensible le monde comme chose humanisé. C'est pourquoi, en prenant l’être humain comme mesure de toutes les choses, on tombe dans l'erreur de croire qu'on a ces choses devant soi comme des objets purs. C'est-à-dire, l'homme crée les concepts et ensuite oublie (manque de mémoire inconscient) que c’est lui-même qui les a créés. 2.2 Homme conceptuel et homme intuitif NIETZSCHE oppose l'homme conceptuel, qui utilise la logique et ne peut pas connaître les choses comme elles sont, à l'homme intuitif. Celui-ci, se valant de l'intuition et grâce à l'art, peut arriver à comprendre la vie mieux que le scientifique. L'"intuition" est le mode de captage de ce fond obscure et profond qu’est la vie. La vie échappe à toute compréhension conceptuelle et seulement à travers l'art on obtient son expression. 4 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Il comprend l'intuition comme une espèce de divination, de regard qui pénètre comme un rayon dans l'essence des choses. Quand l'homme intuitif prédomine, il parvient à former une culture et à établir la domination de l'art sur la vie, tandis que l'homme qui est guidé seulement par des concepts et par des abstractions ne parvient qu’à conjurer le malheur. 3 LA CRITIQUE DE LA CULTURE OCCIDENTALE NIETZSCHE fait une disqualification de la culture occidentale dans son ensemble. Il attaque de manière particulière la philosophie, la religion et la morale, mais sa critique comprend aussi l'art, la science, la politique, le système éducatif, le rôle de la femme, et la multitude d'intellectuels d'époques passées et de son temps auxquels il considère responsables du chemin suivi par la culture. La critique de la culture occidentale est une critique mordante, qui effectuée à grands coups. C’est le sous-titre de d'une des oeuvres fondamentales la "philosophie du marteau", de cette période : Crépuscule des idoles ou Comment philosopher avec le marteau. Il l'appelle ainsi parce qu'il prétend frapper et démonter les concepts et les constructions culturelles afin de montrer leur vide. Sa critique pourrait être résumée en disant que face aux anciennes valeurs grecques qui exprimaient la vie elle-même, dans la culture occidentale il reste place seulement pour une préoccupation pour des idées conceptualisées, éloignées de tout ce que nous pouvons sentir comme vie. Nous sommes ainsi restés avec des mots vides de tout contenu. Pour se référer à cette perte des valeurs classiques, NIETZSCHE utilise le terme décadence. 3.1 Décadence et nihilisme NIETZSCHE pose le problème de la décadence de la culture occidentale depuis sa préoccupation pour la situation politique et culturelle allemande du moment. Les systèmes démocratiques, le Socialisme et la culture industrielle sont aussi des formes de décadence pour NIETZSCHE. Une culture allemande idéale devrait mettre fin à tous ces phénomènes de décadence : Judaïsme, Christianisme, science spécialisée, Socialisme… Cette décadence que NIETZSCHE dénonce n'affecte pas seulement l'Allemagne, mais c'est un phénomène de dégénération globale de la culture de l'humanité. La décadence des valeurs authentiques de la vie, la perte de sens de l'existence, c'est ce que NIETZSCHE appelle Nihilisme. Et il accuse la Nihilisme Le terme nihilisme vient du latin nihil, qui signifie "rien". Pour NIETZSCHE, il signifie d'abord, n'attribuer à la vie aucune valeur, dévaloriser la vie. Ceci se fait quand au lieu de la vie on place une certaine valeur fictive, comme, par exemple, font PLATON ou le Christianisme quand ils attribuent à un monde suprasensible une valeur au-dessus de la vie, le monde des Idées dans le cas de PLATON, ou l'idée de Dieu ellemême dans le Christianisme. Deuxièmement, nihilisme signifie aussi la réaction face aux valeurs avec lesquelles se remplace la valeur de la vie. Ainsi, dans le nihilisme on refuse Dieu, ce qui est vrai, le bien. C’est le sens de l'expression "mort de Dieu". 5 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © religion, en particulier la chrétienne, d’être responsable de cela. Aussi par la voie de la connaissance on peut tomber dans le nihilisme, comme "vérité" qui est le fruit d'une rationalisation, et c’est ce qui a arrivé avec la philosophie et la science occidentales à partir de SOCRATE et de PLATON. Par conséquent, termes comme "Dieu", "l’au-delà", "vie vraie", "salut", "béatitude", dit-il dans l’Antéchrist, sont synonymes de "rien". Seulement un dépassement des valeurs, que le "surhomme" - qui affirme les valeurs de la vie - est dans la condition d'effectuer, permettrait le dépassement de ce nihilisme, de cette négation de la vie qu’ont développé la morale, la religion, la philosophie et y compris la science. 3.2 La critique de la philosophie La critique de la philosophie est entamée avec l'analyse du rôle exercé par SOCRATE dans la constitution de la philosophie occidentale. L'équation socratique "raison = vertu = bonheur" lui paraît extravagante et contraire à la vie, donc, pour lui, le bonheur est équivalent à l’instinct dans une vie de plénitude ascendante. Après la critique de SOCRATE il entame l'attaque globale à la métaphysique en commençant par PLATON. Celui-ci inaugure une interprétation morale de l'être, en mettant le Bien comme Idée suprême, qui remplace l'interprétation que faisaient du monde les philosophes présocratiques et qui, selon NIETZSCHE, elle était plus proche à la réalité. Pour NIETZSCHE, l'erreur la plus grave de la philosophie consiste dans la sousestimation de ce qui change, du devenir, et du rejet conséquent du monde réel spatiotemporel, en mettant à sa place un monde imaginé, auquel ils appellent "monde vrai". De là dérive aussi le discrédit que souffre la connaissance sensible. Pour NIETZSCHE, seulement le "devenir" existe. Il n'y a aucun monde d'Idées éternelles (comme soutient PLATÓN), il existe seulement le monde spatio-temporel expérimentable par les sens. La métaphysique est une invention, une fiction de l'homme pour échapper à la caducité, du changement, du temps. Cet idéalisme créateur de fictions doit être démasqué. 6 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Il rejette ainsi l'opposition entre "monde vrai" et "monde apparent", propre de la philosophie profonde platonicienne, parce qu'il considère que c'est une reproduction erronée de ce qui existe. NIETZSCHE propose l'inversion de l'ontologie et de l'évaluation qui a été faite de l'être jusqu'à présent. Ce qui avait été considéré jusqu'ici apparence - ce qui est sensible, temporaire, ce qui coule dans le devenir – est ce qui est réel pour NIETZSCHE, et, par contre, ce qui jusqu'à présent on croyait le véritable être, qui est intemporel, qui est éternel, Dieu, est une invention de la pensée. 3.3 La critique de la religion Le départ de cette critique est la défense de l'athéisme. La "mort de Dieu" signifie, pour NIETZSCHE, la suppression de la transcendance des valeurs, la découverte que ceux-ci sont des créations humaines. Dieu est une dimension de l'existence humaine projetée hors de celle-ci par l'homme. NIETZSCHE attaque de manière particulièrement radicale la religion chrétienne. Il considère que le Christianisme est "l'ennemi mortel du type supérieur de l'homme" qui a séduit la philosophie européenne, qui "porte dans ses veines du sang de théologiens". Le Christianisme est la manifestation éloquente de la "déviation des instincts". Il consiste en l'invention d'un transmonde idéal et d'une dévaluation du monde terrestre. C’est une forme de platonisme, un "platonisme pour le peuple", une forme vulgaire de métaphysique. 3.4 La critique de la morale La préoccupation morale est fondamentale dans la philosophie de NIETZSCHE. Il prétend se situer "au-delà du bien et du mal", c'est-à-dire, analyser les racines d’où proviennent les valeurs morales, les forces et les instincts d’où ils naissent. Une fois de plus sa méthode est la "généalogie". Il analyse l'origine de la morale chez les Grecs et le virement que souffrent les concepts moraux à partir de SOCRATE et de PLATON. NIETZSCHE porte la critique de la morale à un terrain dans lequel sont touchés y compris les valeurs défendues par l'Illustration, dans la mesure où celles-ci ne cessent d'être une sécularisation des vieilles valeurs chrétiennes. Il attaque ainsi aussi "le formalisme moral" kantien et son aspiration à l'universalité des préceptes moraux. 7 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © Morale de seigneurs et morale d'esclaves Dans Par-delà le bien et le mal, NIETZSCHE déclare que derrière la prétention d'universalité et d’objectivité des valeurs morales on dissimule des systèmes de préférences d'aspect affectifs. Une fois établie cette thèse, il distingue deux types de morales : morale de seigneurs et morale d'esclaves. La première naît "des états d'âme élevés", c’est une morale chevaleresque, créative, qui implante des valeurs et pour cela elle est active, c’est la morale propre du surhomme et elle est une morale qui aime la "mort de Dieu". La morale d'esclaves naît de la peur. Sa racine est dans l'instinct de vengeance contre tout mode de vie supérieur, et prétend l'égalité de tous les hommes, l'amour de l’autre. Elle ne crée pas de valeurs, mais elle les trouve devant elle et elle est pour cela passive. Ce n'est pas une morale d'action, mais de réaction et de rancoeur. Cette critique de la morale il l'applique à l'histoire de la culture occidentale, qu’il conçoit comme une promotion des valeurs plébéiennes au détriment des valeurs aristocratiques, qui se culmine dans les mouvements sociaux d'émancipation entamés par la Révolution française. 4 LES VALEURS DE LA NOUVELLE CIVILISATION Une fois développée sa critique à la culture occidentale, NIETZSCHE affirme la nécessité de construire sur ses ruines les fondements d'une nouvelle civilisation. Avant de créer les nouvelles valeurs il faut détruire celles qui existent. Cette tâche, il la développe dans la seconde partie de Ainsi parlait Zarathoustra. À travers le développement des sujets "la mort de Dieu", "le surhomme", "la volonté de pouvoir" et "l'éternel retour" il propose l’idée du dépassement du nihilisme. 4.1 La mort de Dieu L'expression "mort de Dieu" avait été déjà utilisée précédemment par ECKHART, LUTHER, HEGEL… elle fait une allusion à l'abandon croissant de la vision religieuse chrétienne du monde dans la culture européenne à partir de la Renaissance, phénomène qui a été aussi appelé "sécularisation de la culture". Cela suppose la substitution progressive de l'idée de Dieu, comme "sens" du monde, soutien de l'autorité établie, responsable de l'ordre moral, etc., par d'autres idées comme la raison, le progrès, l'humanité. L'Illustration a laissé intactes les valeurs morales, bien qu'elle ait contribué à leur sécularisation. NIETZSCHE, de manière plus radicale, affirme que la "mort de Dieu" suppose la mort des valeurs absolues. La "mort de Dieu" ouvre deux possibilités à l’être humain : un appauvrissement de l'homme avec un athéisme superficiel et un relâchement moral, et c'est ce que 8 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © NIETZSCHE veut signifier avec l'image du "dernier homme", ou l'autre possibilité, la projection consciente de nouveaux idéals créés par l'homme : le"surhomme". 4.2 L'avènement du surhomme Le sujet du "surhomme" figurait déjà d'une certaine manière dans les premières oeuvres de NIETZSCHE quand il parle du "génie" et de l'"esprit libre". Le "surhomme" est le héros futur, le philosophe à venir, celui qui comprendra les grandes vérités de la "mort de Dieu" et "de la volonté de pouvoir", l'essence de la vie. Il faut préparer le monde pour la venue de ce "surhomme". Pour cela il faudra créer des valeurs et des façons de vivre qui le rendent possible. Le "surhomme" est, donc, un objectif de l'homme et il se présente comme une décision des plus forts, des plus lucides, qui sont ceux qui doivent préparer sa venue. Il convient de signaler que NIETZSCHE n'a jamais conçu à le "surhomme" dans un sens ethnique, comme une certaine interprétation de sa pensée a prétendu de façon équivoque. Le "surhomme" de NIETZSCHE est l'individu libre et créatif, qui est disposé à se dépasser continuellement, qui est étranger aux conventions et aux contraintes morales, religieuses ou idéologiques qui empêchent le libre développement de sa spontanéité et de ses instincts. 4.3 La volonté de pouvoir NIETZSCHE comprend par "volonté de pouvoir" la lutte de la vie qui doit continuellement se dépasser, qui détermine tout ce qui existe. C’est la tendance de base de mobilité de tout ce qui existe avec un caractère fini. De tout C’est la lutte constante et l'antagonisme de tout ce qui est individuel contre tout le reste. La manière d'affirmer "la volonté de pouvoir" est la transmutation de toutes les valeurs. Toute "volonté de pouvoir" termine avec l’immutabilité du temps déjà passé. "La volonté de pouvoir" pourrait se référer au présent et au futur, mais non au passé ; mais, toutefois, cette “volonté” ne pourrait-elle pas aussi l’englober? Apparaît ainsi le sujet du temps et l'idée de l'"éternel retour". 9 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © 4.4 L'éternel retour L'"éternel retour" pose la question de la relation de "la volonté de pouvoir" avec le temps, présent, passé et futur. NIETZSCHE a dit que l'idée de l'"éternel retour de la même chose" était sa pensée plus profonde. Toutefois, c'est un des sujets qu’il a moins élaboré du point de vue théorique. Quand on admettait l'idée de Dieu, on considérait que de Lui jaillissait le temps et retournait à Lui. Les choses périssables et caduques étaient balayées par le temps et il ne s’échappait seulement que ce qui était spirituel, qui retournait à sa véritable patrie éternelle. Tout ce qui ne pouvait pas échapper au temps devait périr. Par contre NIETZSCHE prétend récupérer l'éternité pour ce monde, en annulant la dichotomie des deux mondes - matériel ou périssable et spirituel ou éternel - et en récupérant ainsi le sens de ce qui est terrestre. Il essaye de nier la condition périssable de ce qui est réel. Ce qui est réellement, c’est "le moment qui passe", et c'est ce qu'il faut aimer. Ainsi, il conçoit l'"éternel retour" comme "une répétition de la même chose" : la même chose qui se défait et se recompose de façon continue. Pour NIETZSCHE, le plus important n'est pas que la répétition soit dans le temps, mais la subversion du temps pour l'éternité, c'est-à-dire, que le caractère de répétition est l'essence occulte du cours du temps. Le temps lui-même est répétition. L'éternel retour affecte la totalité des choses. 10 IES. Miguel de Molinos 2º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © NIETZSCHE Forces originaires de la culture : l’apollinien et le dionysiaque Vision tragique La vérité Cachée par la raison de la vie Cachée par le langage La vie est comprise par intuition et celle-ci est opposée au concept Décadence de la culture occidentale Métaphysique : fiction pour fuir Critique de la de l'existence Critique de la culture occidentale philosophie Proposition d'inversion de l'ontologie Critique de la religion : il soutient la suppression de la transcendance des valeurs Critique de la morale : il conçoit la civilisation occidentale comme une promotion des valeurs plébéiennes La nouvelle civilisation : mort de Dieu ; le surhomme ; la volonté de pouvoir ; l'éternel retour 11