SESSION 2010 CONCOURS COMMUN POLYTECHNIQUE (ENSI) FILIERE MP MATHEMATIQUES 2 PROBLÈME : QUELQUES UTILISATIONS DES PROJECTEURS I. Questions préliminaires 2 A est = 0 puis∀n > 2, An = 0. On en déduit que exp(A) = I2 + A = la matrice élémentaire E2,1 . Par suite A 1 1 1 0 . De même, B2 = 0 puis exp(B) = I2 + B = . Ensuite, 0 1 1 1 1 1 1 0 2 1 exp(A) × exp(B) = = . 0 1 1 1 1 1 0 1 D’autre part, A + B = puis (A + B)2 = I2 . On en déduit que ∀n ∈ N, (A + B)2n = I2 puis (A + B)2n+1 = A + B. 1 0 Par suite, 1. +∞ +∞ +∞ X X X 1 1 1 (A + B)n = (A + B)2n + (A + B)2n+1 n! (2n)! (2n + 1)! n=0 n=0 n=0 ! ! +∞ +∞ X X 1 1 = I2 + (A + B) = ch(1)I2 + sh(1)(A + B) (2n)! (2n + 1)! n=0 n=0 ch(1) sh(1) = . sh(1) ch(1) exp(A + B) = exp(A) = 2. 1 1 0 1 1 , exp(B) = 1 0 1 2 1 ch(1) , exp(A) × exp(B) = et exp(A + B) = 1 1 sh(1) sh(1) ch(1) . Pour tout (A, B) ∈ (Mn (R))2 , si les matrices A et B commutent, exp(A) × exp(B) = exp(A + B). II. Un calcul d’exponentielle de matrice à l’aide des projecteurs spectraux, cas diagonalisable 3. Polynôme interpolateur de Lagrange Soit P ∈ Rr−1 [X]. P ∈ Ker(φ) ⇒ (P(λ1 ), . . . , P(λr )) = (0, . . . , 0) ⇒ P = 0 (car un polynôme de degré au plus r − 1 ayant au moins r racines deux à deux distinctes est nul). Donc Ker(φ) = {0} et φ est une application linéaire injective. Comme Rr−1 [X] et Rr sont deux R-espaces vectoriels ayant même dimension finie r, on en déduit que φ est un isomorphisme de Rr−1 [X] sur Rr . En particulier, le r-uplet (eλ1 , . . . , eλr ) a un antécédent et un seul par φ noté L ou encore il existe un unique polynôme L de Rr−1 [X] tel que ∀i ∈ J1, rK, L(λi ) = eλi . 4. (a) (Si r = 1 ou r = 2, les différents produits vides considérés sont conventionnellement égaux à 1) Soit (i, j) ∈ J1, rK2 . r Y λi − λk • Si i = j, li (λj ) = li (λi ) = = 1. λi − λk k=1 k6=i • Si i 6= j, li (λj ) = r r Y Y λj − λj λj − λk λj − λ k = × = 0. λi − λk λi − λ j λi − λk k=1 k6=i k=1 k∈{i,j} / 2 ∀(i, j) ∈ J1, rK , li (λj ) = http ://www.maths-france.fr 1 1 si i = j = δi,j . 0 si i 6= j c Jean-Louis Rouget, 2010. Tous droits réservés. (b) Soit P = r X eλi li . Chaque polynôme li est de degré r − 1 et donc P est un élément de Rr−1 [X]. De plus, pour j ∈ J1, rK, i=1 r X P(eλj ) = eλi li (λj ) = i=1 r X eλi δi,j = eλj . i=1 Par unicité de L, on en déduit que P = L et donc L= r X eλi li . i=1 5. Une propriété de l’exponentielle (a) On sait que tout endomorphisme d’un espace de dimension finie est continu sur cet espace. Puisque Mn (R) est un R-espace de dimension finie, l’endomorphisme de Mn (R) défini par M 7→ PMP−1 est continu sur Mn (R). On note f cet endomorphisme (b) Pour tout entier naturel k, on a (PDP−1 )k = PDk P−1 et donc pour tout entier naturel p, ! ! p p p X X X (PDP−1 )k Dk Dk −1 P =f . =P k! k! k! k=0 k=0 k=0 p X Dk k! ! Maintenant, f est continue sur Mn (R) et en particulier, f est continu en D. La suite converge vers exp(D) k=0 !! p X Dk converge vers f(exp(D)) = P exp(D) P−1 . quand p tend vers +∞ et donc, par continuité de f en D, la suite f k! k=0 ! p p X X Dk (PDP−1 )k Comme d’autre part, f = converge vers exp(PDP−1 ), on a montré que exp(PDP−1 ) = P exp(D) P−1 . k! k! k=0 k=0 ∀P ∈ GLn (R), ∀D ∈ Dn (R), exp(PDP−1 ) = P exp(D) P−1 . 6. Notons α1 , . . . , αr , les ordres de multiplicité respectifs des valeurs propres λ1 , . . . , λr , de la matrice A. Puisque la matrice A est diagonalisable, il existe P ∈ GLn (R) telle que A = PDP−1 où D = diag(λ1 , . . . , λ1 , . . . , λr , . . . , λr ). | {z } | {z } α1 αr Déjà +∞ +∞ k +∞ +∞ k +∞ k +∞ k X X X X X X Dk λr 1 λ1 λ1 λr exp(D) = . . , eλr}) ) = diag(e| λ1 , .{z . . , eλ1}, . . . , |eλr , .{z ,..., = diag( ,..., ,..., k! k! k! k! k! k! k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 α1 αr {z } {z } | | α1 αr = diag(Lλ1 ), . . . , L(λ1 ), . . . , L(λr ), . . . , L(λr )) = L(D). | {z } {z } | α1 αr La question précédente permet alors d’écrire exp(A) = exp(PDP−1 ) = P exp(D) P−1 = PL(D)P−1 . Enfin, si on pose r−1 X L= ak Xk , k=0 PL(D)P −1 =P r−1 X ak D k k=0 ! P−1 = r−1 X ak PDP−1 k=0 k = r−1 X ak Ak = L(A). k=0 On a montré que ∀A ∈ Mn (R), A diagonalisable ⇒ exp(A) = L(A). 7. Posons P = k X ai Xi ∈ R[X]. Par définition, v(x) = λx. Mais alors ∀i ∈ N, vi (x) = λi x puis i=0 (P(v))(x) = k X i=0 http ://www.maths-france.fr i ai v ! (x) = k X i ai v (x) = i=0 2 k X i=0 ai λ i ! x = P(λ)x. c Jean-Louis Rouget, 2010. Tous droits réservés. 8. r (a) Puisque v est diagonalisable, E = ⊕ Ek . Soit alors i ∈ J1, rK. k=1 • Soit x ∈ Ei . Alors v(x) = λi x puis d’après la question précédente et la question 4.a), (li (v))(x) = li (λi )x = x. • Soient j ∈ J1, rK \ {i} puis x ∈ Ej . Alors v(x) = λj x puis (li (v))(x) = li (λj )x = 0. Mais alors, par linéarité de li (v), pour r tout x de ⊕ Ek , (li (v))(x) = 0. k=1 k6=i En résumé, pour tout x de Ei , (li (v))(x) = x et pour tout x de r Ek , (li (v))(x) = 0. Ceci montre que li (v) est le ⊕ k=1, k6=i r projecteur sur Ei parallèlement à ⊕ Ek . k=1 k6=i r ∀i ∈ J1, rK, li (v) est le projecteur sur Ei parallèlement à ⊕ Ek . k=1 k6=i (b) On en déduit que exp(A) = L(A) = r X eλi li (A) où li (A) est la matrice de la projection li (v). i=1 III. Un calcul d’exponentielle de matrice à l’aide des projecteurs spectraux, cas non diagonalisable 9. On sait qu’un en endomorphisme d’un K-espace vectoriel de dimension finie est diagonalisable si et seulement si son polynôme minimal est scindé sur K à racines simples. Puisque le polynôme (X − 1)2 (X − 2) est à racines simples, l’endomorphisme u n’est pas diagonalisable. 1 10. La matrice 0 0 1 0 1 0 convient. 0 2 11. Les polynômes (X − 1)2 et (X − 2) sont premiers entre eux car sans racine commune dans C. Puisque (u − id)2 ◦ (u − 2id) = 0, le théorème de décomposition des noyaux permet alors d’écrire E = Ker(u − id)2 ⊕ Ker(u − 2id). 12. Puisque les endomorphismes u et id commutent, p + q = (u − id)2 + u ◦ (2id − u) = u2 − 2u + id + 2u − u2 = id. 13. D’après la question 12, pour tout x de E, x = p(x) + q(x) = (u − id)2 (x) + u ◦ (2id − u)(x) (∗). Or (u − 2id)(p(x)) = (u − 2id) ◦ (u − id)2 (x) = 0 et donc p(x) ∈ Ker(u − 2id). De même, (u − id)2 (q(x)) = (u − id)2 ◦ u ◦ (2id − u)(x) = −u((u − id)2 ◦ (u − 2id)(x)) = 0 (deux polynômes en u commutent) et donc q(x) = x − p(x) ∈ Ker(u − id)2 . En résumé, pour tout x de E, p(x) ∈ Ker(u − 2id) et x − p(x) ∈ Ker(u − id)2 . On sait alors que p est le projecteur sur Ker(u − 2id) parallèlement à Ker(u − id)2 . Enfin, puisque q = id − p d’après la question 12, p et q sont des projecteurs associés ou encore q est le projecteur sur Ker(u − id)2 parallèlement à Ker(u − 2id). 14. (a) On a vu précédemment que pour tout x de E, (u − 2id)(p(x)) = 0. (b) Par suite, pour tout x de E, u(p(x)) = 2p(x) et donc pour tout x de E et tout entier naturel k, uk (p(x)) = 2k p(x) ou encore ∀k ∈ N, uk ◦ p = 2k p. (c) Pour tout entier naturel m, m X ui i=0 i! ! ◦p = m X ui i=0 i! ◦p = m X 2i i=0 i! ! p. Quand m tend vers +∞, m X 2i i=0 i! ! p tend vers e2 p. Maintenant, l’application f 7→ f ◦ p est un endomorphisme de l’espace de dimension finie L(E) et donc cette application est continue sur L(E). Comme à la question 5.b), on en déduit que ! ! m m X X ui ui exp(u ◦ p) = lim ◦ p = lim ◦ p = e2 p. m→ +∞ m→ +∞ i! i! i=0 i=0 exp(u) ◦ p = e2 p. http ://www.maths-france.fr 3 c Jean-Louis Rouget, 2010. Tous droits réservés. 15. Puisque deux polynômes en u commutent pour k > 2, (u − id)k ◦ q = (u − id)k ◦ u(2id − u) = −u ◦ (u − id)k−2 ◦ (u − id)2 ◦ (u − 2id) = u ◦ (u − id)k−2 ◦ 0 = 0. ∀k > 2, (u − id)k ◦ q = 0. Comme les endomorphismes id et u − id commutent, on peut alors écrire exp(u) ◦ q = exp(id + u − id) ◦ q = exp(id) ◦ exp(u − id) ◦ q = (eid) ◦ exp(u − id) ◦ q =e +∞ X 1 ((u − id)k ◦ q) (par continuité de l’application f 7→ f ◦ q sur L(E)) k! k=0 = e(q + (u − id) ◦ q) = e u ◦ q. exp(u) ◦ q = e u ◦ q. 16. D’après la question 12, exp(u) = exp(u) ◦ (p + q) = exp(u) ◦ p + exp(u) ◦ q = e2 p + e u ◦ q = e2 (u − id)2 + eu ◦ u ◦ (2id − u) = −eu3 + (e2 + e)u2 − 2e2 u + e2 id = −e(4u2 − 5u + 2id) + (e2 + e)u2 − 2e2 u + e2 id (car u3 − 4u2 + 5u − 2id = (u − id)2 ◦ (u − 2id) = 0) = (e2 − 3e)u2 + (−2e2 + 5e)u + (e2 − 2e)id. exp(u) = (e2 − 3e)u2 + (−2e2 + 5e)u + (e2 − 2e)id. IV. Calcul de distances à l’aide de projecteurs orthogonaux 17. On sait que d(x, F) = kx − pF (x)k où de plus, si (e1 , . . . , ep ) est une base orthonormée de F, pF (x) = p X hx, ei iei . i=1 hx, ni n. Redémontrons-le. Il existe λ ∈ R tel que pVect(n) = λn. Le réel λ est knk2 hx, ni ce qui fournit hx − λ ∈ n, ni = 0 puis λ = . knk2 18. Soit x ∈ E. On sait que pVect(n) (x) = déterminé par la condition x − λ ∈ n⊥ On en déduit que pH (x) = x − pH⊥ (x) = x − pVect(n) (x) = x − hx, ni n. knk2 ∀x ∈ E, pH (x) = x − hx, ni n. knk2 19. Une application (a) L’application ϕ : M 7→ Tr(M) est une forme linéaire non nulle sur Mn (R). L’ensemble des matrices dont la trace est nulle, est le noyau de ϕ et est donc un hyperplan de Mn (R). X Pour tout (A, B) ∈ (Mn (R))2 , hA, Bi = ai,j bi,j . En particulier, ∀A ∈ Mn (R), 16i,j6n hA, In i = X ai,j δi,j = 16i,j6n n X ai,i = Tr(A). i=1 Donc In est un élément non nul de H⊥ qui est de dimension 1 puisque H est un hyperplan. On en déduit que H⊥ = Vect(In ). (b) D’après les questions 17 et 18, hM, In i |hM, In i| |Tr(M)| d(M, H) = kM − pH (M)k = kpH⊥ (M)k = = In = . 2 kIn k kIn k n ∀M ∈ Mn (R), d(M, H) = http ://www.maths-france.fr 4 |Tr(M)| . n c Jean-Louis Rouget, 2010. Tous droits réservés. 20. Et pour une norme non euclidienne ? F = {λ(1, 0), λ ∈ R} = {(λ, 0), λ ∈ R}. Or, pour λ ∈ R, N∞ (x − λ(1, 0)) = N∞ ((1 − λ, 1)) = max{|λ − 1|, 1}. Par suite, ∀λ ∈ R, N∞ (x − λ(1, 0)) > 1 avec égalité si et seulement si |λ − 1| 6 1 ce qui équivaut à 0 6 λ 6 2. Donc d∞ (x, F) = 1 et les points m de F pour lesquels cette distance est atteinte sont les points du segment d’extrémités (0, 0) et (2, 0). http ://www.maths-france.fr 5 c Jean-Louis Rouget, 2010. Tous droits réservés.