R e v u e d e m é d e c ine g é né r a l e f ondé e s u r l e s pr e u v e s Hépato-gastro-entérologie Maladies inflammatoires du tube digestif : maladie de Crohn et rectocolite hémorragique (p. 4) Cirrhose compensée : dépistage et surveillance (p. 8) Revue de la littérature Comment peut-on explorer le colon en 2011 ? (p. 12) Déontologie - Réflexion Appropriation par le médecin de famille des termes de la loi sur le droit des malades et la fin de vie, dite « Loi Léonetti » (p. 15) « ce que nous savions, ce que nous faisions… Ce que nous avons appris, ce que nous devrions faire » N°56 - Juin 2011 Une nouvelle source d’Inspiration dans la BPCO* Traitement de 1ère intention chez les patients dont la gêne respiratoire est devenue permanente, malgré l’utilisation pluriquotidienne d’un bronchodilatateur de courte durée d’action (1) L’inhalateur Onbrez® Breezhaler®permet d’inhaler le médicament contenu dans une gélule d’Onbrez® Breezhaler® TRAITEMENT BRONCHODILATATEUR CONTINU DE L’OBSTRUCTION DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ LES PATIENTS ADULTES ATTEINTS DE BRONCHO-PNEUMOPATHIE CHRONIQUE OBSTRUCTIVE (BPCO) Spécialités disponibles et non remboursées à mars 2011 Onbrez® Breezhaler® ne doit pas être utilisé dans le traitement de l'asthme compte tenu de l'absence de données à long terme dans cette indication. La dose recommandée est l'inhalation du contenu d'une gélule de 150 microgrammes une fois par jour à l'aide de l'inhalateur Onbrez® Breezhaler®. La posologie ne doit être augmentée que sur avis médical. ONBREZ BREEZHALER 150 µg, 300 µg Poudre pour inhalation en gélules (indacatérol) FORME, PRÉSENTATION ET COMPOSITION Poudre pour inhalation en gélule dosée à 150 µg ou 300 µg d’indacatérol sous forme de maléate d’indacatérol. Dose délivrée par l’embout buccal de l’inhalateur Onbrez Breezhaler : 120 µg (pour dosage 150 µg) ou 240 µg (pour dosage 300 µg) d’indacatérol sous forme de maléate d’indacatérol. DONNÉES CLINIQUES Indications thérapeutiques Onbrez Breezhaler est indiqué en traitement bronchodilatateur continu de l’obstruction des voies respiratoires chez les patients adultes atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Posologie - mode d'adm. Dose recommandée : inhalation du contenu d’une gélule de 150 µg 1 fois par jour à l’aide de l’inhalateur Onbrez Breezhaler. La posologie ne doit être augmentée que sur avis médical. L’inhalation du contenu d’une gélule de 300 µg 1 fois par jour à l’aide de l’inhalateur Onbrez Breezhaler peut apporter un bénéfice clinique supplémentaire pour diminuer l’essoufflement, en particulier chez les patients atteints de BPCO sévère. La dose maximale préconisée est de 300 µg 1 fois par jour. Onbrez Breezhaler doit être administré quotidiennement à heure fixe dans la journée. En cas d’omission d’une dose, la dose suivante doit être prise à l’heure habituelle le lendemain. Pas d’ajustement posologique chez les patients âgés. Pas d’indication spécifique pour l’utilisation d’Onbrez Breezhaler chez les enfants et adolescents (en dessous de 18 ans). Pas d’ajustement posologique chez les patients présentant une insuffisance hépatique légère à modérée. Pas de données concernant l’administration d’Onbrez Breezhaler chez les patients atteints d’insuffisance hépatique sévère. Pas d’ajustement posologique chez les patients présentant une insuffisance rénale. Mode d’adm. Pour inhalation seulement. Les gélules Onbrez Breezhaler doivent être administrées en utilisant uniquement l’inhalateur Onbrez Breezhaler. Les gélules Onbrez Breezhaler ne doivent pas être avalées. Contre-indications Hypersensibilité à la substance active, au lactose ou à l’un des autres excipients. Mises en garde spéciales et précautions particulières d'emploi Ne pas utiliser chez les patients asthmatiques compte tenu de l’absence de données à long terme dans le traitement de l’asthme. L’inhalation peut entraîner un bronchospasme paradoxal pouvant engager le pronostic vital. En cas de bronchospasme paradoxal, le traitement doit être arrêté immédiatement et remplacé par un autre traitement. Pas d’indication en traitement de secours, c’est à dire dans le traitement des épisodes aigus de bronchospasme. En cas d’aggravation de la BPCO pendant le traitement, l’état du patient et la conduite thérapeutique de la BPCO devront être réévalués. La dose quotidienne ne doit pas excéder la dose maximale de 300 µg. Prudence chez les patients présentant des affections cardiovasculaires (maladie coronarienne, infarctus aigu du myocarde, arythmies, hypertension), chez les patients présentant des épisodes convulsifs ou une thyrotoxicose et chez les patients présentant une réponse idiosyncrasique aux agonistes bêta-2-adrénergiques. L’indacatérol peut provoquer chez certains patients des effets cardiovasculaires cliniquement significatifs, se manifestant par des augmentations de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle et/ou des symptômes. Dans ce cas, il peut être nécessaire d’interrompre le traitement. Les agonistes bêta-2-adrénergiques peuvent induire chez certains patients une hypokaliémie significative, qui peut entraîner des effets indésirables cardiovasculaires. La diminution de la kaliémie est généralement transitoire et ne nécessite pas de supplémentation. Chez les patients présentant une BPCO sévère, les effets hypokaliémiants peuvent être potentialisés par l’hypoxie et par des traitements concomitants, ce qui peut accroître la prédisposition aux arythmies cardiaques. L’inhalation de doses élevées d’agonistes bêta-2-adrénergiques peut entraîner des élévations de la glycémie. La glycémie doit être surveillée plus étroitement chez les patients diabétiques après l’instauration du traitement. Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions Onbrez Breezhaler ne doit pas être utilisé en association avec d’autres agonistes bêta-2-adrénergiques à longue durée d’action ou avec des médicaments contenant des agonistes bêta-2-adrénergiques à longue durée d’action. L’effet hypokaliémiant possible des agonistes bêta-2-adrénergiques peut être potentialisé en cas de traitement concomitant par des agents hypokaliémiants tels que les dérivés de la méthylxanthine, les corticoïdes ou les diurétiques non épargneurs de potassium, ceux-ci devront donc être utilisés avec précaution. Pas d’administration avec des bêta-bloquants (y compris des collyres) à moins d’une nécessité absolue. Si leur utilisation s’avère indispensable, il est préférable d’utiliser des bêta-bloquants cardiosélectifs, mais ils devront être administrés avec prudence. Interactions métaboliques et avec les transporteurs L’inhibition des principaux responsables de l’élimination de l’indacatérol, le CYP3A4 et la glycoprotéine P (Gp) multiplie par près de 2 fois l’exposition systémique à l’indacatérol. L’amplitude de l’augmentation de l’exposition due à des interactions n’entraîne pas de risque. Grossesse et allaitement Ne doit être utilisé pendant la grossesse que si les bénéfices attendus l’emportent sur les risques potentiels. Interrompre l’allaitement ou d’interrompre/suspendre le traitement, en prenant en considération le bénéfice de l’allaitement pour l’enfant et le bénéfice attendu du traitement pour la mère. Effets indésirables Synthèse du profil de sécurité d'emploi Les effets indésirables les plus fréquents aux doses recommandées ont été : rhinopharyngite (9,1 %), toux (6,8 %), infections respiratoires hautes (6,2 %) et céphalées (4,8 %). Dans la plupart des cas, ils ont été d’intensité légère ou modérée et leur fréquence diminuait avec la poursuite du traitement. Les effets indésirables fréquents F (≥ 1/100, < 1/10), peu fréquents PF (≥ 1/1 000, < 1/100) sont présentés ci-dessous : F : Rhinopharyngite, Infection respiratoire haute, Sinusite, Diabète et hyperglycémie, Céphalées, Cardiopathie ischémique, Toux, Douleur laryngopharyngée, Rhinorrhée, Congestion des voies Respiratoires, Spasmes musculaires, Œdème périphérique PF : Paresthésies, Fibrillation auriculaire, Douleur thoracique non cardiaque PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES Propriétés pharmacodynamiques Classe pharmacothérapeutique : Agonistes bêta-2-adrénergiques de longue durée d’action, code ATC : R03AC18. Instructions pour l’utilisation, la manipulation et l’élimination : se référer au RCP complet Liste I Onbrez Breezhaler 150 µg : EU/1/09/593/001 (16.06.2010) ; CIP 399 821-7 – Boîte de 10 gélules + 1 inhalateur Onbrez Breezhaler 150 µg : EU/1/09/593/002 (16.06.2010) ; CIP 399 822-3 – Boîte de 30 gélules + 1 inhalateur Onbrez Breezhaler 300 µg : EU/1/09/593/006 (16.06.2010) ; CIP 399 824-6 – Boîte de 10 gélules + 1 inhalateur Onbrez Breezhaler 300 µg : EU/1/09/593/007 (16.06.2010) ; CIP 399 825-2 – Boîte de 30 gélules + 1 inhalateur Spécialités Non Remb. Séc. Soc.- Non Agréé Collect à juin 2010 (demande d'admission à l'étude) Novartis Pharma S.A.S. 2 et 4, rue Lionel Terray 92500 Rueil-Malmaison Tél : 01.55.47.60.00 Information médicale : Tél : 01.55.47.66.00 [email protected] "Pour une information complète, consulter le texte intégral du résumé des caractéristiques du produit, soit sur le site internet de l'Afssaps si disponible, soit sur demande auprès du laboratoire." FMI091-5 V3720 - Mars 2011 * Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive. (1) Avis de la Commission de la Transparence du 15 12 2010. Il existe des alternatives médicamenteuses. Editorial N° 56 - Juin 2011 Éditeur Régifax 45-47, rue d’Hauteville 75010 Paris Tél. : 01 47 70 00 96 Fax : 01 48 24 15 39 Patrick DUCREY - Directeur de la publication Directeur de la publication Patrick DUCREY Rédacteur en chef François Philippe Comité de lecture E. Azogui, Marseille S. Benichou, Beaulieu M. Bismuth, Labarthe sur Leze Y. Bourhis, Nantes D. Caselles, Nice C. Charani, Roubaix J-N. Coeroli, Marseille P. Desprez, Caen T. Dubon, Bordeaux B. Escourrou, Le Fossat C. Frydman, Montpellier G. Granet, Ste-Foy-lès-Lyon P. Lauwick, Roubaix B. Lefrancq, Lille A. Levy, New York M. Meltz, Lyon J. Rambaud, Bompas G. Recorbet, Marseille B. Regnault, Granville D. Richter, Jarny J. Rossant Lumbroso, Nice M. Ruetsch, Dessenheim G. Van Qui, Toulouse J-Y. Vogel, Husseren Wesserling Coordination de la rédaction Solenne Le Bohec [email protected] P&P au service de la formation des généralistes l’occasion de ce 56ème numéro de cette revue, le signataire des éditoriaux des 55 numéros précédents et fondateur de Preuves & Pratiques, Alain SEBAOUN, m’a passé le flambeau opérationnel de cette aventure qui fédère et crée, grâce à l’Association des Rencontres Médicales Pluridisciplinaires Preuves & Pratiques présidée par Guy THUILIER, des projets de formation et d’information exclusivement destinées aux médecins généralistes. A Au cours des 9 années de notre collaboration, j’ai accompagné Alain SEBAOUN qui a fait preuve d’une inlassable persévérance pour trouver les moyens de mettre sur pied des projets de formation ambitieux et pertinents qui ont abouti à faire de Preuves & Pratiques un acteur important de la formation des médecins généralistes. Qu’il trouve ici les justes remerciements qui lui sont dus ! Dans ce numéro consacré majoritairement à l'hépato-gastro-entérologie, vous trouverez des mises au point sur les MICI et la cirrhose ainsi qu’une revue de la littérature sur l’exploration du colon. Vous trouverez aussi, et c’est une première, un article de réflexion sur le loi Léonetti. Nous vous proposons depuis peu un nouvel outil d’information mensuel qui rencontre un succès croissant, le webjournal P&P de 30 minutes, en direct un jeudi soir par mois à 20h30 sur www.preuvesetpratiques.com. N’hésitez pas à vous connecter ! Prix de la revue au numéro : 10 € Nous vous donnons rendez-vous en septembre et octobre pour vos prochains congrès Preuves & Pratiques régionaux à Clermont-Ferrand, Nantes, Rennes et Bordeaux. Abonnement (1 an - 4 numéros) France / Etranger : 40 € Bonne lecture, Bimestriel réservé au corps médical Dans ce numéro, présence de documents asilés Patrick DUCREY ■ Tirage : 21.000 exemplaires Conception : Agence CCC PAO : Editiel Ltée Impression : De Bussac, France Membres des comités : M. ARNOULD, Strasbourg E. AZOGUI, Marseille M. BACHELET, Saint Sebastien / Loire J. BARANGER, Clermont Ferrand S. BENDAVID, Paris S. BENICHOU, Beaulieu C. BERRARD, Poitiers M. BISMUTH, Labarthe sur Leze E. BOTBOL, Strasbourg O. BOURGEOIS, Saint Orens de Gameville Y. BOURHIS, Nantes E. BOURROUNET, Vinassan C. BRONNER, Strasbourg M. CARRERE, Montferrier Sur Lez D. CASELLES, Nice C. CAZARD, Lherm Pour vous inscrire, consulter nos programmes, consulter les différents numéros de la revue, vous pouvez vous connecter à notre site Internet www.preuvesetpratiques.com C. CHARANI, Roubaix J-N. CHARPY, Lyon E. CHARRE, Le Cannet J. CLAVERO, Paris J-N.COEROLI, Marseille G. DAHAN, Nantes P. DESOBRY, Warloy Baillon P. DESPREZ, Caen J-M. DEVIENNE, Lille T. DUBON, Bordeaux D. DUBOURG, Saint Viaud G. DUCOS, Pessac M. DUCROS, Reims G. DUROUX, La Teste De Buch G. ERRIEAU, Paris S. FERRACCI, Marmande J-J. FERRON, Nantes A. FIORLETTA, Rombas B. FOURRIER, Cesson-Sevigne L. FRYDMAN, Montpellier J-P. GARMY, Cusset B. GARRIGUE, Chauvigny J-B. GASC, Marseille P. GELLIE, Pessac M-F. GERARD, Vicherey F. GHISONI, Plan Du Var M-J. GILBERT, Romagnat J-M. GRALL, Ploudiry X. GRALL, Brest G. GRANET, Ste Foy lès Lyon P. GUY, Dompierre Sur Besbre G. HAMONIC, Pleudihen Sur Rance S. HARMANT, Pau G. HASSID, Paris M. HILFIGER, Saint Etienne Du Bois B. JEFFREDO, Bains Sur Oust P. LABURTE, Metz J-P. LARRUMBE, Velaux P. LAUWICK, Roubaix B. LEFRANCQ, Lille J-M. LETZELTER, Strasbourg A. LEVY, New York B. LOUIS, Villeurbanne J-C. LUCAS, Portet Sur Garonne S. LUTIAU, Reze G. LYON, Paris E. MAGNIERE, Montlucon P. MARIE, Cormelles V. MASSON, La Madeleine A. MASSONNEAU, Saint Sebastien / Loire H. MAUBON, Nimes D. MAUFROY, Paris M. MELTZ, Lyon P. NAUDE, Seichamps J-L. NOEL, St Germain du Corbeis J-L. NOTINI, Caen A. NOUAILLES, Saint Erme Outre et Ramecourt D. PAREZ, Concarneau J-L. PECQUEUX, Epinal H. PENAUD, Liguge J-B. PERREIN, Bordeaux J-F. PERROCHEAU, Cherbourg Octeville P. PETERS, Narbonne A. PROCHASSON, Metz P. PRUAL, Rennes J. RAMBAUD, Bompas G. RECORBET, Marseille B. REGNAULT, Granville D. RICHTER, Jarny J-C. ROBERT, Villers sur Mer J. ROSSANT LUMBROSO, Nice B. ROUALET, Troyes F. ROYER, Essey les Nancy M. RUETSCH, Dessenheim J-Y. SCHLIENGER, Cormicy F. SCHMITT, Joue les Tours D. SIMON, Carignan P. TERRET, Rennes G. THUILIER, Paris G. VAN QUI, Toulouse J-Y. VOGEL, Husseren Wesserling P. VOGT, Mulhouse R. WANG, St Max D. WEIL, Hangenbieten G. ZERBE, Gennes 4 Hépato-gastro-entérologie Maladies inflammatoires du tube digestif : maladie de Crohn et rectocolite hémorragique Du traitement des symptômes au concept de « cicatrisation muqueuse » et à la prévention du cancer Docteur Philippe Aygalenq, Grasse* La connaissance des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin évolue rapidement à la lumière de nouvelles notions épidémiologiques, physiopathologiques et surtout thérapeutiques qui bouleversent la prise en charge de ces patients souvent jeunes. Le développement des traitements en continu et une surveillance beaucoup plus précise des critères de guérison, mais aussi des effets secondaires, vont transformer l'implication des médecins traitants dans le suivi de ces pathologies chroniques. Preuves : Ce que nous savions L es maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont des atteintes inflammatoires du tube digestif évoluant par poussées symptomatiques. De cause inconnue, elles ont un pic de survenue entre 15 et 35 ans. L’incidence de la maladie de Crohn (MC) semble en augmentation (12/100 000), celle de la rectocolite hémorragique (RCH) reste stable (11/100 000). La MC peut toucher l’ensemble du tube digestif, avec une prédominance pour l’iléon et/ou le colon, la RCH n’atteint que le colon. Un tiers des malades vont présenter des atteintes extradigestives (rhumatologiques, hépatiques, cutanés, thrombotiques…). Le traitement est resté basé jusqu’à peu sur le principe du « step up », passant du traitement le plus simple vers le plus puissant, en réservant le recours à la chirurgie aux échecs du traitement médical, ou lors d’une complication septique aiguë. Premier traitement, les 5-ASA sont peu efficaces dans le traitement d’attaque de la MC (en dehors des formes iléales pures) mais restent efficaces dans le traitement et la prévention des poussées de RCH. Lorsqu’ils sont insuffisants, le traitement d’attaque des crises reposait le plus souvent sur une corticothérapie locale ou générale de 2 à 3 mois, efficace sur les symptômes mais incapable de modifier l’histoire naturelle (taux de récidives, complica- tions). Il était recommandé de suivre l’amélioration des symptômes, mais la cicatrisation des lésions muqueuses vues en endoscopie (inflammation, ulcération) n’était pas contrôlée. Plusieurs études ont néanmoins montré que ces lésions histologiques pouvaient persister sous corticoïdes malgré l’amélioration, voire la disparition, des symptômes cliniques. La signification péjorative de cette persistance de lésions tissulaires sur l’évolution est restée longtemps discutée. Dans les formes rebelles ou multi-récidivantes, la corticothérapie orale devait être arrêtée, en raison de ces effets secondaires au long cours. Le recours à des traitements d’entretien par immunosuppresseurs (azathioprine, méthotrexate, 1990) puis par les anti-TNF alpha (infliximab 1999, adalimumab, 2008) s’est donc développé pour concerner aujourd’hui 60 % des patients. Ces traitements, une fois installés et efficaces, sont poursuivis pour de nombreuses années, peut-être à vie, du fait d’un taux de rechutes élevées à l’arrêt. De plus en plus de médecins traitants sont et seront donc amenés à suivre et à surveiller des MICI sous immunosuppresseurs ou anti-TNF alpha. Il reste que ces 2 pathologies sont responsables d’une morbidité importante avec une diminution de la qualité de vie et des séquelles fonctionnelles dans les formes évoluées ou opérées. La gestion du traitement a donc été revue à la lumière de nouveaux tra- vaux sur ces traitement immunosuppresseurs et anti-TNF. Par ailleurs, un sur-risque néoplasique colique a été confirmé dans ces 2 maladies, surtout lorsqu’elles touchent l’ensemble du colon formant une « pancolite ». Ce risque semble corrélé à la durée d’évolution et à l’extension colique de l’atteinte inflammatoire. Ces deux sujets ont fait l’objet de données nouvelles, qui modifient la prise en charge et la surveillance de ces patients au cabinet du médecin traitant. Preuves : Ce que nous avons appris Concernant l’efficacité des nouveaux traitements sur l’évolution des MICI Le caractère récidivant et invalidant de ces pathologies est confirmé : de larges études de cohortes récentes ont précisé le caractère récidivant et invalidant de ces maladies. Dans la MC, le risque de recours à la chirurgie est de 24 % dans l’année qui suit le diagnostic, de 50 % dans les 10 ans qui suivent le diagnostic. Seul 10 % des malades atteints de MC n’ont qu’une poussée dans leur vie. Dans la RCH, seuls 25 % des patients n'ont pas eu de rechute 7 ans après la date du diagnostic ; à l’inverse, 18 % ont plus d’une poussée par an. Sur l'ensemble des RCH, 16 % ont recours à une chirurgie à 10 ans, ce chiffre passant à 35 % de colectomie totale chez les patients qui ont une atteinte de tout le colon (pancolite). La mauvaise surprise est venue des études de population montrant que ce recours à la chirurgie n’avait pas diminué entre les années 1980 et 2005 malgré l’amélioration de la prise en charge et l’utilisation des immunosuppresseurs et des antiTNF alpha. Maladies inflammatoires du tube digestif : maladie de Crohn et rectocolite hémorragique Du traitement des symptômes au concept de « cicatrisation muqueuse » et à la prévention du cancer Infections Affections malignes Azathioprine EBV, CMV HPV, Herpès Cancers spino-, baso-cellulaires Lymphome Méthotrexate EBV Lymphome Ciclosporine Pneumocystis, aspergillus Cancersspino-cellulaires Lymphome, Kaposi Anti-TNF BK, mycobactéries Legionella, pneumocystis, listeria Lymphome Cancers spino-, baso-cellulaires Tableau 1 : Risque principaux des patients sous immuno-suppresseurs ou sous anti-TNF alpha (D’après Pr J Cosnes) Les recommandations actuelles précisent les indications, contreindications et modalités de suivi de ces traitements (Consensus européen ECCO2-3). L’évolution ultime du concept « step-down » est celui de la « cicatrisation muqueuse », cherchant à obtenir une amélioration symptomatique mais aussi une disparition de l’inflammation muqueuse sous traitement. Ceci est indiqué pour l’instant dans le suivi post chirurgical des MC où l’on recommande une coloscopie systématique entre 6 mois et un an après la chirurgie chez les sujets asymptomatiques sous traitement. Dans les études sur les immunosuppresseurs et les anti-TNF, la cicatrisation muqueuse est aujourd’hui le meilleur indice pronostique évolutif, notamment en termes de diminution du recours à la chirurgie. Il est donc possible à l’avenir que la surveillance des malades soit plus intensive, recherchant la cicatrisation muqueuse soit par des examens morphologiques systématiques (entéro-IRM, endoscopies) et/ou avec des marqueurs biologiques qui ne sont pas encore validés (type : calprotectine fécale ?). 44 Risque de cancer RCH / durée d’évolution RCH ayant débuté à 20 ans 20% 18% 8% 5% 0,10% 2% 0% C H H 50 an RCH à 30 ans s s s an an 70 30 e Homme 50 ans à à m Homme 70 ans C R R om Risque de cancer colique chez les patients ayant une MICI Les patients atteints de MICI sont une population à risque élevé de cancer colorectal. Initialement découvert sur les RCH, ce risque est en fait dépendant de l’étendue des lésions coliques que ce soit une RCH ou une MC, avec un sur-risque important pour ceux dont tout le colon est atteint (pancolite). Ce sur-risque fait qu’un patient jeune de 40 ans qui a 20 ans d’évolution d’une RCH a deux fois plus de risque d’avoir un cancer du colon qu’un homme de 70 ans1 (QS Schéma). Risque de cancer RCH / durée d’évolution La notion nouvelle est que les aminosalicylés, essentiellement les 5-ASA en France, sont des agents préventifs de ce sur-risque. Donnés en traitement d’entretien de la RCH et de la MC, ils ont montré une diminution de moitié du risque de cancer à condition qu’ils soient pris régulièrement. Cette donnée a été reprise dans le dernier consensus européen (ECCO) et a donné lieu à une extension d’AMM de certaines de ces spécialités. Il faut donc s’employer à expliquer l’intérêt de ces traitements et de leur prise régulière à vie. L’autre notion nouvelle est qu’un suivi endoscopique systématique est recommandé dans les MICI, en dehors des poussées symptomatiques. Ces endoscopies explorent la totalité de la muqueuse colique en s’aidant de colorations vitales et de biopsies systématiques étagées. La recherche de dysplasie est un marqueur essentiel, pouvant imposer une colectomie préventive. En effet, le taux de cancer retrouvé sur un colon opéré après une biopsie avec une dysplasie de haut grade est de 42 %. Cette surveillance vous est détaillée dans le chapitre Pratiques. H Ces notions sont venues étayer l’idée qu’il ne s’agit pas de maladies périodiques évoluant par poussées entrecoupées de phase de retour ad integrum, mais bien d’une évolution inflammatoire chronique, aboutissant à la « destruction intestinale » définitive. Cette idée est particulièrement adaptée à la MC où les malades passent du phénotype inflammatoire au début de leur maladie, vers le phénotype perforant (fistule) et/ou sténosant, beaucoup moins sensible aux traitements médicaux, qui agissent surtout sur la composante inflammatoire. Ceci expliquerait l’absence de diminution du recours à la chirurgie dans les études rétrospective en population, car les immunosuppresseurs et les anti-TNF ont été prescrits initialement sur des formes multi-récidivantes et évoluées, moins sensibles à ces traitements. Les études récentes sur des formes débutantes traitées d’emblée par anti-TNF, montrent que ces traitements diminuent significativement à la fois les récidives, mais aussi le recours à la chirurgie. Cette théorie aboutit au concept dit du « step-down » où les patients sont traités par un traitement puissant : anti-TNF +/- dès la première poussée avec critère de gravité ou dès la première récidive requérant la corticothérapie avec des résultats qui semblent meilleurs en terme d’efficacité clinique et histologique. Etudiés initialement dans les séries pédiatriques, ce concept s’étend aujourd’hui aux formes adultes pour éviter au maximum le recours itératif aux corticoïdes, dont on sait maintenant qu’ils ne sont que des traitements suspensifs. Le traitement est ensuite laissé en entretien avec une seule des classes thérapeutiques : immunosupresseurs ou anti-TNF. Cette attitude est renforcée actuellement par le recul du suivi des effets secondaires de ces traitements et notamment le résultat d’une cohorte française : CESAME, qui a regroupé plus de 12 000 MC et 8 000 RCH. Ces travaux sont en faveur d’une bonne tolérance sous réserve d’un risque faible, infectieux, mais aussi, néoplasique (lymphome, cancer cutanées et génitaux). Ces traitements doivent donc s’accompagner d’un suivi étroit qui concerne directement le médecin traitant. RCH à 40 ans RCH à 50 ans 5 6 Cardiologie Hépato-gastro-entérologie 44 Pratiques : Ce que nous faisions Discussion Traiter les malades symptomatiques. Attendre l’aggravation pour changer de traitement. Adresser les patients en centre spécialisé quand ils sont symptomatiques. Méconnaître le risque de cancer colorectal dans une population souvent jeune. L’augmentation régulière de l'incidence de ces maladies et surtout le développement de traitement continu va forcément augmenter l'implication des médecins traitants dans le suivi. Le concept de « destruction intestinale » va privilégier de plus en plus un traitement curatif permettant d'espérer la cicatrisation muqueuse histologique dès les premières crises, souvent poursuivi en préventif à longue échéance. Ces traitements puissants ont des effets secondaires qui doivent être connus, prévenus en matières infectieuse et néoplasique par une surveillance continue qui doit impliquer le médecin traitant. L'observance est fondamentale et passe forcément par l'information et l'adhésion des médecins de famille. Des recommandations complexes ont été éditées, il sera donc à la charge des spécialistes d'en informer les médecins traitants en leur donnant des conduites à tenir simples, mais efficaces. C'est à ce prix que ces évolutions thérapeutiques majeures permettront de diminuer la morbidité de ces pathologies invalidantes touchant des sujets jeunes. Pratiques : Ce que nous devrions faire Dépister les MICI le plus tôt possible, ne pas laisser évoluer une cassure de la courbe pondérale chez les enfants dont la tolérance aux symptômes digestifs entraîne souvent un retard diagnostic. Ne pas négliger le bilan des diarrhées chroniques chez l'adulte. Plus le traitement est optimisé tôt, meilleures sont les chances d'efficacité thérapeutique. Faire un bilan infectieux de départ chez tous les patients atteints de MICI dès le diagnostic, car le recours aux antiTNF ou aux immunosuppresseurs peut se faire en urgence et concernera en moyenne 2/3 des patients dans leur évolution. Outre la recherche des sérologies virales, le bilan infectieux devra mettre à jour les vaccins avant que ces traitements ne soient utilisés car de nombreux vaccins ne peuvent pas être faits sous ces traitements. La liste des vaccins recommandés chez les patients porteurs de MICI comprend les vaccins classiques plus l’hépatite B et le pneumocoque. Une attention particulière est à porter au vaccin de la tuberculose. Le bilan à faire est disponible sur le site : http://www.snfge. org/01-Bibliotheque/0D-Pratiques-cliniques/Reco_hors_HAS/MICI_CheckList_anti-TNF.pdf Motiver l’adhésion au 5-ASA en traitement préventif continu en raison d'une efficacité préventive sur le risque néoplasique. La surveillance de ce traitement comprend une surveillance de la fonction rénale et de la protéinurie tous les 6 mois et la tolérance est le plus souvent excellente. Motiver l'arrêt du tabac dans la MC où c'est un facteur péjoratif majeur de l'évolution de la maladie. Savoir surveiller la prescription d’azathioprine avec une numération et un bilan hépatique trimestrielle après la phase d'installation. Connaître le risque infectieux des immunosuppresseurs (surtout viral) et des anti-TNF (surtout bactérien intracellulaire et notamment tuberculeux) et savoir faire un bilan rapide lors d’un épisode infectieux qui survient sous immunosupresseur ou anti-TNF. Savoir surveiller le risque néoplasique des immunosupresseurs et des antiTNF avec un examen dermatologique, gynécologique et général régulier. Une surveillance, au moins annuelle, en gastro-entérologie spécialisée est recommandée. Savoir adresser au gastro-entérologue des la 8ème année d’évolution les patients atteints de MICI, même asymptomatiques, pour l’évaluation et la surveillance du risque néoplasique colique. Comme tous les patients reperés comme groupe à haut risque de cancer colorectal (recommandation ANAES 2004), ces patients sortent du dépistage organisé par hémocult et doivent être adressés d'emblée au spécialiste pour coloscopie. Lors du signalement, ces patients sont mentionnés comme déjà suivis par coloscopie. La surveillance débute à 8 ans d’évolution pour les malades atteints d'une pancolite, qu'elle soit sur une maladie de Crohn ou sur une rectocolite hémorragique, et à 15 ans pour une colite gauche isolée. Le rythme des endoscopies est ensuite tous les deux à trois ans. *Dr Philippe Aygalenq Cabinet Aygalenq Boulant Delasalle Clinique du Palais - 25 Avenue Chiris 06130 Grasse [email protected] Les maladies inflammatoires du tube digestif sont en pleine révolution, mais c'est dans l'association d'une prise en charge hyper spécialisée et d'un relais efficace vers le médecin traitant que ces avancées permettront un réel bénéfice de santé dans la population. La gestion des nouveaux traitements se fera le plus souvent en continu et la surveillance des effets secondaires comme de l'adhésion et de l'efficacité devra être commune. Références 1. Eaden Ja et al. The risk of colorectal cancer in ulcerative colitis: a meta-analysis. GUT 2001 48 : 526–35. u 2. Currents trends in inflammatory bowel disease : The natural History. Langholz A. Ther Adv Gastroenterol 2010 3(2)77-86. u 3. The second European evidence-based Consensus on the diagnosis and management of Crohn's disease: Current management. Dignass A, European Crohn's and Colitis Organisation (ECCO). J Crohns Colitis. 2010 Feb;4(1):28-62. Epub 2010 Jan 15. u 4 Biancone L. European Based evidencence consensus on the management of ulcerative colitis. J Crohn Colitis 2008; 2: 63-92. u MICI et cancers de l’intestin. Costes L. Les Journées Francophones d'Hépato-gastroentérologie et d'Oncologie Mars 2011. Post U 2011. 139144. u Histoire naturelle de la maladie de Crohn. Peyrin Biroulet L. Les Journées Francophones d'Hépato-gastroentérologie et d'Oncologie Mars 2011. Post U 2011. 105-111. u Particularités des MICI chez l'enfant. Hugot JP. Les Journées Francophones d'Hépato-gastroentérologie et d'Oncologie Mars 2011. Post U 2011. 95-102. u Ces présentations seront visibles sur le site de la société Française de gastro-entérologie sous le lien JFHOD2011 dans quelques jours au lien suivant : http://www.snfge.asso.fr/09-Espace-congres/0B-Scientifiques/scientifiques.asp u Dès 14 ans, pour vos patientes Une protection large ✓ cancer du col de l’utérus ✓ lésions précancéreuses du col de l’utérus ✓ lésions précancéreuses de la vulve ✓ lésions précancéreuses du vagin Sanofi Pasteur MSD - SNC au capital de 60 000 000 € - RCS LYON B 392 032 934 - FR00462 - février 2011 dus à certains types oncogènes d’HPV ✓ verrues génitales externes dues à des types HPV spécifiques Recommandations officielles : AVIS DU COMITE TECHNIQUE DES VACCINATIONS et du CONSEIL SUPERIEUR D’HYGIENE PUBLIQUE DE FRANCE, SECTION DES MALADIES TRANSMISSIBLES relatif à la vaccination contre les papillomavirus humains 6, 11, 16 et 18 (séances du 9 mars 2007, www.sante.gouv.fr) . Rappellent leur recommandation d’organiser le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus par frottis cervico-utérin sur l’ensemble du territoire, la vaccination contre les papillomavirus 16 et 18 ne pouvant s’y substituer ; . Rappellent leur recommandation pour que des actions d’information et de formation soient développées en direction des professionnels de santé sur la complémentarité de la vaccination et du dépistage ainsi que sur la façon d’aborder le thème de la sexualité avec leurs jeunes patientes ; . Rappellent leur recommandation pour qu’une campagne de communication visant à promouvoir le dépistage du cancer du col de l’utérus et à rappeler son intérêt, aussi bien chez les femmes vaccinées que chez les femmes non-vaccinées, soit mise en place par l’autorité sanitaire ; . Recommandent, dans la perspective de la prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus ainsi que de la prévention des condylomes vulvaires, la vaccination des jeunes filles de 14 ans, afin de protéger les jeunes filles avant qu’elles ne soient exposées au risque de l’infection HPV ; . Recommandent que le vaccin soit également proposé aux jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n’auraient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard, dans l’année suivant le début de la vie sexuelle, proposition qui pourrait être faite à l’occasion d’une primo-prescription de contraception, d’un recours à une pilule du lendemain, d’une consultation pour tout autre motif ; . Recommandent l’élargissement des dispositifs actuels pour permettre une prise en charge financière des adolescentes souhaitant être vaccinées sans avis parental ; . Recommandent qu’il soit expliqué par le médecin et avant la vaccination la nécessité et les modalités du dépistage, le schéma de vaccination, l’absence préférable de grossesse au cours du mois suivant chaque injection, l’absence d’efficacité sur la prévention d’environ 30 % des cancers, l’éventualité qu’un rappel devienne nécessaire et qu’il soit remis un document écrit indiquant la date à laquelle devra être fait le premier dépistage ; . Recommandent qu’il soit fait obligation aux firmes produisant ou amenées à produire un vaccin HPV de promouvoir simultanément dans leur communication l’utilisation de ce vaccin et le dépistage des lésions du col de l’utérus et de mentionner l’absence d’efficacité sur la prévention d’environ 30 % des cancers ; . Demandent que des études d’impact en santé publique soient menées dans les domaines suivant : tolérance ; surveillance des malformations congénitales chez les enfants des femmes qui auraient été vaccinées par erreur pendant la grossesse ou ayant démarré une grossesse immédiatement après la vaccination ; durée de protection ; incidence des lésions cancéreuses et précancéreuses ; émergence de nouveaux génotypes oncogènes et écologie des génotypes d’HPV ; protection croisée avec les génotypes autres que 16 et 18 ; impact de la vaccination sur le dépistage et impact de la vaccination sur les comportements de prévention des infections sexuellement transmissibles ; . Souhaitent que soit créé un centre national de référence consacré aux papillomavirus ; . Demandent que des études soient menées spécifiquement sur la vaccination chez les jeunes filles et jeunes femmes immunodéprimées ; . Rappellent que l’utilisation du préservatif participe à la prévention des autres infections sexuellement transmissibles ; la pérennité des campagnesde promotion de l’utilisation de ces préservatifs doit donc être assurée. AVIS DU HAUT CONSEIL DE LA SANTÉ PUBLIQUE RELATIF À LA VACCINATION CONTRE LES INFECTIONS À PAPILLOMAVIRUS HUMAINS DES JEUNES FILLES ÂGÉES DE 14 À 23 ANS (17 DÉCEMBRE 2010). Dans cet avis, le HCSP considère que dans l’état actuel des connaissances, et dans le cadre de la stratégie de vaccination contre les infections à papillomavirus humains des jeunes filles âgées de 14 à 23 ans, il n’y a plus lieu de recommander de façon préférentielle l’un des deux vaccins. Il rappelle que les deux vaccins disponibles contre les infections par les HPV ne sont pas interchangeables, et que toute vaccination initiée avec l’un d’eux doit être menée à son terme avec le même vaccin. Gardasil®, Vaccin Papillomavirus Humain [Types 6, 11, 16, 18] (Recombinant, adsorbé). Suspension injectable en seringue préremplie (dose de 0.5 ml). Avant agitation : liquide clair avec un précipité blanc; après agitation : liquide blanc, trouble. COMPOSITION* : Protéine L1 de HPV 6 (20 µg), HPV 11 (40 µg), HPV 16 (40 µg) et HPV 18 (20 µg) adsorbées sur sulfate d’hydroxyphosphate d’aluminium amorphe. Excipients : NaCl, L-histidine, Polysorbate 80, Borate de sodium, eau ppi. DONNEES CLINIQUES : Indications thérapeutiques : Gardasil est un vaccin indiqué à partir de 9 ans pour la prévention des : - lésions génitales précancéreuses (du col de l’utérus, de la vulve et du vagin) et du cancer du col de l’utérus dus à certains types oncogènes de Papillomavirus Humains (HPV), - verrues génitales externes (condylomes acuminés) dues à des types HPV spécifiques. Voir les rubriques «Mises en garde spéciales et précautions d’emploi» et «Propriétés pharmacodynamiques» pour des informations importantes sur les données soutenant ces indications. Gardasil doit être utilisé sur la base des recommandations officielles. Posologie et mode d’administration* : Primovaccination = 3 doses selon schéma : 0, 2, 6 mois. Nécessité d’une dose de rappel non établie. Voie IM deltoïde. Ne pas injecter en IV. Admin. en SC et ID non recommandées car non évaluées. Contre-indications : Hypersensibilité aux substances actives ou à l’un des excipients du vaccin. Les sujets ayant présenté des symptômes indiquant une hypersensibilité après l’administration d’une dose de Gardasil ne doivent pas recevoir d’autres doses de Gardasil. L’administration de Gardasil doit être différée chez les individus souffrant d’une maladie fébrile aiguë sévère. Cependant, la présence d’une infection mineure, comme une infection modérée des voies respiratoires supérieures ou une fièvre peu élevée, n’est pas une contre-indication à la vaccination. Mises en garde et précautions d’emploi* : La décision de vacciner une femme doit prendre en compte son risque d’avoir été précédemment exposée aux HPV et le bénéfice potentiel de la vaccination. Pour tout vaccin inj, un traitement médical doit être disponible immédiatement, en raison de rares réactions anaphylactiques. Des syncopes peuvent survenir après toute vaccination, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes. Ainsi les personnes vaccinées doivent être suivies avec attention environ 15 minutes suivant son administration. Gardasil protège contre les maladies provoquées par les HPV 6, 11, 16 et 18 principalement. Par conséquent, les mesures de précaution appropriées vis-à-vis des MST doivent continuer à être prises. Pas d’effet thérapeutique. Non destiné à prévenir la progression de lésions préexistantes. Ne remplace pas les tests de dépistage de routine du cancer du col de l’utérus. Pas de données sur utilisation chez immunodéficients (possibilité de non réponse). Administrer avec prudence chez thrombocytopéniques ou sujets avec trouble de la coag. (risque de saignement). Aucune donnée disponible pour permettre l’interchangeabilité avec d’autres vaccins HPV. Interactions*. Grossesse*: La vaccination doit être reportée après le terme de la grossesse. Allaitement* : Administration possible. Effets sur aptitude à conduire / utiliser des machines* : Non étudié. Effets indésirables* : Très fréquents : fièvre; érythème, douleur, gonflement au site d’inj. Fréquents : ecchymose, prurit au site d’inj. Expérience après mise sur le marché*. Surdosage* PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES*. DONNEES PHARMACEUTIQUES* : Incompatibilités : Ne pas mélanger avec d’autres médicaments. Précautions de conservation : Au réfrigérateur (entre 2°C et 8°C). Ne pas congeler. Précautions d’élimination et manipulation* : Ne pas utiliser si présence de particules étrangères ou si décoloration. Bien agiter avant utilisation. Cf RCP pour instructions d’utilisation. CIP 377 130-1 : boîte de 1– Liste I – Remb. Séc. Soc. 65% dans les populations recommandées. Agréé Coll. - 123,66 €. SANOFI PASTEUR MSD, SNC - 8 rue Jonas Salk - 69007 Lyon. Info Med et pharmacovigilance : Tél. 0825 VACCIN (822246). 08/10Ar. * Pour une information complète, consulter le RCP sur le site de l’EMA : http://www.ema.europa.eu 8 Hépato-gastro-entérologie Cirrhose compensée : dépistage et surveillance Professeur Cyrille Féray, Nantes* La cirrhose est une affection dont la fréquence augmente dans les pays occidentaux du fait de l'incidence croissante de l'infection par le virus de l'hépatite C et de l'obésité, ainsi qu’en raison de la consommation d'alcool qui reste élevée. Deux complications fréquentes sont à prendre particulièrement en compte : le carcinome hépato-cellulaire (CHC) et l’hypertension portale. Le dépistage précoce des cirrhoses permet d’intervenir efficacement sur l’évolution vers le carcinome hépato-cellulaire et de mettre en place des mesures de prise en charge de l’hypertension portale. Malheureusement, le diagnostic de cirrhose est souvent fait trop tard au stade des complications alors que des moyens simples non invasifs existent pour dépister cette affection dont le pronostic spontané s'est amélioré. Preuves : Ce que nous savions Diagnostic de la cirrhose a cirrhose est une perte de l'architecture hépatique théoriquement définitive, secondaire à une ou à des pathologies chroniques, dont les causes dominantes au niveau mondial sont les virus (virus de l'hépatite B ou C) et l'alcool. D'autres étiologies, génétiques (hémochromatose), autoimmunes, métaboliques, voire médicamenteuses, sont plus rares. Au stade compensé, le diagnostic de cirrhose n’est pas évident : l'examen clinique, une dysmorphie à l'échographie, la mise en évidence de signes d'hypertension portale nécessitant la réalisation d'une endoscopie étant peu sensibles à un stade précoce. Une biopsie hépatique était souvent nécessaire pour affirmer le diagnostic. Inversement, au stade décompensé avec ascite ou insuffisance hépatique, le diagnostic définitif de cirrhose était souvent porté pour peu qu'il existe une dysmorphie hépatique. L Pronostic de la cirrhose compensée Une fois la cirrhose constituée, le risque de carcinome hépatocellulaire (CHC), 8 000 cas/an en France, était bien connu avec une incidence annuelle variant de 1 à 8 % suivant les étiologies (fort pour les hépatopathies virales, faible pour les hépatopathies auto-immunes, intermédiaire pour les cirrhoses alcooliques). Le pronostic de la cirrhose compensée (et jamais décompensée) à court terme est lié à l’activité de la maladie causale : une infection virale B faible, un sevrage en alcool conduisent à une survie de 90 % à 5 ans. Inversement, la survie d’un buveur cirrhotique est inférieure à 50 % à 5 ans. Le diagnostic de cirrhose, même au stade compensé, est lourd de conséquences, nécessitant pour le patient une recherche systématique et indéfinie du cancer du foie, une surveillance de l'hypertension portale ainsi évidemment qu'un traitement de la cause de l'hépatopathie impliquant le sevrage en alcool, d'éventuels traitements antiviraux ou immunosuppresseurs. En cas de décompensation ou de CHC, la transplantation hépatique est certainement le meilleur traitement mais il existe un décalage obligatoire entre le nombre de patients potentiels (> 5 000/an) et le nombre de transplantations (1 000/an). Pratiques : Ce que nous faisions Des gestes invasifs Le diagnostic de cirrhose permet une prévention efficace des complications hémorragiques de l'hypertension portale. Une endoscopie permet facilement, sans anesthésie générale, de diagnostiquer des varices œsophagiennes ou gastriques, de les coter ainsi que de rechercher des signes de gastropathie et d'hypertension portale. Si les varices sont de stade 2, un traitement par béta-bloquant a montré son efficacité en termes de prévention de l'hémorragie digestive et de survie2,3. La prise de pression por- tale (par voie transjugulaire puis sus-hépatique bloquée) était la référence, en fait peu pratiquée, pour mesurer le gradient transhépatique et guider les thérapies. Des groupes à risques L’effort de dépistage de la cirrhose reposant sur l’imagerie, l’endoscopie voire la biopsie hépatique, se concentrait sur des groupes restreints : les patients ayant une infection (connue) par le VHB ou le VHC et les patients forts buveurs. L’école américaine décrivait déjà les cirrhoses secondaires au syndrome dysmétabolique et à l’obésité (non-alcoholic steato hepatitis), mais cette entité semblait invisible aux hépatologues européens issus majoritairement de pays viticoles. Il était usuel de classer comme cirrhose éthylique tous les patients sans autre cause apparente d’hépatopathie pour peu qu’il existât une consommation d’alcool. Un dépistage du CHC dans l’ensemble mal suivi Le problème essentiel était celui de la surveillance indéfinie de ces patients par une imagerie hépatique afin de détecter la survenue d'un CHC à un stade précoce. Le dépistage du CHC sur foie cirrhotique n'est pas facile, surtout en cas de macro-nodules de cirrhose et en raison de la fréquence de dysplasies hépatiques. Faite par échographie sans qu’elle ait démontré une efficacité sur la survie, la surveillance nécessite une expertise certaine sous peine d'être totalement inefficace. La fréquence de surveillance était usuellement de 6 mois. La Cirrhose compensée : dépistage et surveillance tomodensitométrie ou la résonance magnétique n'avait pas de place dans le dépistage. Preuves : Ce que nous avons appris La composante métabolique aggrave les maladies hépatiques Dans les pays avec faible incidence virale comme dans l'Europe du Nord, les cirrhoses touchent un nouveau public. Le groupe étiologique le plus représenté actuellement est constitué de patients porteurs d'un syndrome dysmétabolique (hypertension artérielle, tour de taille > 90 cm pour les hommes, dyslipidémie, diabète ou état prédiabétique). Dans ce groupe à risque, ce sont les buveurs chroniques, souvent avec une consommation d’alcool modérée, qui développent une cirrhose, la fréquence augmentant avec l’âge. La progression du nombre de personnes en surpoids nous a (enfin) appris que certains patients porteurs d'un syndrome métabolique ou d'une obésité pouvaient en l'absence de toute consommation d'alcool développer une cirrhose. Dans les pays où la consommation d'alcool reste soutenue, cette proportion de patient est relativement faible. Chez les diabétiques, et notamment chez les insulino-requérants l'incidence du cancer du foie est forte surtout chez les patients âgés. Ces patients posent beaucoup moins de problèmes addictologiques que les patients avec une cirrhose purement alcoolique qui deviennent minoritaires. Ils ont une meilleure compliance et peuvent faire de bons candidats pour la transplantation hépatique sous réserve, non tant de l'âge, mais des comorbidités associées. Le diagnostic de la cirrhose L'élastométrie impulsionnelle est le moyen actuel non invasif, peu onéreux pour le dépistage de la cirrhose. Elle utilise les ultrasons et permet de mesurer la dureté du foie en transcostal. Elle est théoriquement fiable pour détecter les fibroses sévères notamment cirrhotiques et il faut peu de temps pour la réaliser (médecin ou infirmière). C'est l'outil idéal de première intention. Son unité est le kilo pascal. Une élastométrie supérieure à 15 kPa suggère fortement une cirrhose. Là encore, une atteinte aiguë sur une hépatopathie peut artificiellement augmenter les chiffres et faire porter un diagnostic de cirrhose. La répétition de cette mesure est utile d'une part pour confirmer le diagnostic mais également pour suivre les patients. Cet examen a un taux d'échec chez les patients ayant un surpoids mais reste néanmoins possible. Les patients qui ont une faible dureté du foie mesurée à l'élastométrie impulsionnelle ont une faible hypertension portale et peu de complications. Inversement, les patients avec une grande dureté du foie devront impérativement avoir une endoscopie pour apprécier l'hypertension portale. Les test non invasifs sanguins (Fibro Test®, FibroMètre®) donnent des moins bons résultats mais leur combinaison avec le Fibroscan® devrait augmenter les performances du diagnostic non invasif de cirrhose. Les alternatives invasives pour documenter la cirrhose sont la fibroscopie œsogastrique pour la recherche de signes d'hypertension portale et évidemment la biopsie du foie. Celle-ci reste indispensable si l'étiologie n'est pas évidente ou si les tests non invasifs sont contradictoires. La réversibilité de la cirrhose La survenue de maladies aiguës surajoutées à une maladie chronique peut simuler une décompensation d'une cirrhose pour peu qu'il existe une ascite ou un ictère. L'exemple le plus fréquent est celui de l'hépatite alcoolique survenant sur un foie fibrosé mais non cirrhotique. Le diagnostic de cirrhose ne doit pas être porté trop rapidement même si l’existence d’une ascite rend probable l’existence d’une cirrhose constituée. D'autre part, la réversibilité de certaines lésions cirrhotiques semble bien documentée en cas d'arrêt de la cause : sevrage en alcool, guérison virologique de l'hépatite C. Il est donc clair que certains patients sont classés de façon abusive comme cirrhotiques et qu'il ne faut pas hésiter à avoir recours à une biopsie pour le diagnostic définitif de cette affection. L'efficacité des thérapies antivirales Il n'est pas rare que la détection d'une cirrhose conduise secondairement au diagnostic d'une infection par le VHB ou le VHC. Les thérapies ont fait des progrès considérables notamment dans la population difficile des patients cirrhotiques. L'arrivée actuelle des antiprotéases anti-VHC proposées aux seuls patients cirrhotiques devrait permettre de ralentir considérablement l'évolution de ces patients. Le diagnostic de CHC par la seule imagerie Les progrès de l'imagerie sont flagrants au détriment de l'échographie qui est opérateurdépendant et est difficile chez les sujets obèses de plus en plus nombreux. Les tomodensitométries (TDM) spiralées centrées sur le foie dont les protocoles d'injection sont bien définis, sont sensibles et spécifiques. Les petits CHC, inférieur à 2 cm, sont identifiables. L'imagerie par résonance magnétique est encore plus sensible que la TDM. Ce n’est que récemment que l’intérêt de la surveillance des cirrhotiques a été démontré dans une large étude4. Rare exception en oncologie, le diagnostic de CHC peut être établi sans preuve histologique si le diagnostic de cirrhose est certain. Une image hypervasculaire au temps artériel avec une image hypodense au temps portal authentifiée sur deux imageries différentes suffirait au diagnostic de certitude. En cas d’apparition de telles images, de taille tumorale > 3 cm et a fortiori si l’alfa-fœto protéine est élevée, la corrélation est quasi-totale. L’enjeu est important car la biopsie peut être dangereuse avec des risques d’hémorragie et d’essaimage tumoral. Néanmoins, il existe une part d’erreur qui peut être inacceptable quand des thérapies comme la résection ou la transplantation hépatique sont en jeu. L'indication de la biopsie doit être faite en milieu spécialisé et multidisciplinaire. La diminution des complications de l'hypertension portale Les sujets à risque hémorragique sont bien connus et il est clair que les ligatures sont efficaces 44 9 10 Hépato-gastro-entérologie et peuvent rendre inutile l'utilisation traditionnelle et validée de bêta-bloquants. Les deux thérapies préventives sont envisageables5. La mortalité par hémorragie digestive a considérablement diminuée ces deux dernières décennies dans la population de sujets suivis pour une cirrhose. Pratiques : Ce que nous devrions faire 44 Dépister les états dysmétaboliques C'est certainement dans cette population que doit porter l'effort de dépistage de la cirrhose puis du cancer du foie. Ces patients ont une stéatose hépatique d'origine métabolique et alcoolique associée à une cytolyse qui persistent souvent à l'arrêt de l'alcool. Ce sevrage, s’il est réel, peut induire un surpoids qui peut aggraver le syndrome métabolique. Ces patients sont menacés par d'autres cancers, celui du pancréas ou du colon, et ont évidemment des complications vasculaires potentielles. L’examen clinique est très important chez ces sujets ayant un embonpoint. En effet, la palpation n'est pas forcément aisée mais la détection d'un début de circulation collatérale, une érythrose palmaire, des petits angiomes stellaires, une leuconychie sont des indices précieux même s'ils traduisent déjà une certaine évolution de la cirrhose. Le diagnostic de cirrhose peut être également évoqué devant les signes biologiques : l'élévation des ASAT > ALAT est un Discussion Le médecin généraliste est l’acteur central du dépistage et de la prise en charge de la cirrhose compensée. L’examen clinique garde toute son importance mais il convient de ne pas négliger l’identification des facteurs de risques, au 1er rang desquels, l’état dysmétabolique reconnu comme cause de cirrhose. Le dépistage sensible et totalement non invasif de la cirrhose (et des états qui la précèdent) repose sur l’élastométrie hépatique. La surveillance du patient cirrhotique est au minimum bisannuelle : bilans clinique, biologique (bilan hépatique, alfa-fœto protéine, coagulation) et radiologique. L’éducation thérapeutique, avec l’aide de structures ou d’infirmières spécialisées, est un outil à développer pour augmenter le nombre de cirrhotiques surveillés correctement. très bon signe, une thrombopénie ou une leucopénie, un temps de prothrombine à la partie basse de la normale sont des signes indirects de cirrhose. Bien entendu, un bilan hépatique rigoureusement normal n'exclut en rien une cirrhose mais suggère plutôt que la cause de cette cirrhose n'est pas active au moment de l'examen. Souvent, c'est l'imagerie qui fait évoquer la cirrhose. Une splénomégalie, un foie dysmorphique avec des phénomènes d'atrophie ou hypertrophie ou alors un aspect granuleux du contour hépatique sont d'excellents signes. Bien entendu, l'existence d'une reperméation de la veine ombilicale ou d’une splénomégalie est quasiment un signe de certitude de cirrhose. La place de l’élastométrie dans le dépistage de la fibrose hépatique est évidente dans cette population. Supérieure à 13 kPa, elle correspond à une cirrhose (F4) dans plus de 90 % des cas et à une maladie sévère (F3 ou F4) dans tous les cas. Dépister les infections virales pour prévenir la cirrhose Le médecin traitant doit se rappeler que la prévalence du VHB ou du VHC est toujours très importante en Afrique, Europe de l'est et évidemment en Asie. Tous les patients nés ou ayant vécu dans ces pays devraient se voir proposer une sérologie qui peut être faite éventuellement dans un centre de dépistage anonyme et gratuit. Le diagnostic de cirrhose virale sera relativement fréquent chez les plus âgés ou les buveurs. Organiser une surveillance de la cirrhose compensée Comme pour les cancers, il faut “annoncer” le diagnostic de cirrhose avec une certitude diagnostique. Le patient doit être informé de l’intérêt et de la nécessité d’une surveillance clinique, biologique et par imagerie hépatique régulière et indéfinie. Chez ces patients, souvent symptomatiques, la compliance peut être faible. Le rôle du médecin traitant est crucial pour motiver le patient. Une excellente approche est celle de l’éducation thérapeutique. Il convient de prendre en compte le risque qu’une fois la maladie causale maîtrisée (guérison de l’hépatite C par exemple), le patient ne soit plus suivi. Le risque de CHC demeure alors que celui de décompensation est plus bas mais cela ne justifie pas un relâchement de la surveillance. L’utilisation de la TDM dans le dépistage du CHC est légitime quand l’échographie est difficile (surpoids) ou que les facteurs de risques se multiplient (virus, diabète, durée de la cirrhose, dureté hépatique). Une surveillance par TDM alternant avec échographie peut être une solution pragmatique. L’évaluation prospective de la cirrhose par élastométrie devrait prendre une place importante, guidant la réalisation des endoscopies digestives de contrôle et prédisant l’évolution vers la décompensation. Diagnostic de CHC Après un engouement en faveur des critères de diagnostic non invasif, il convient d’en revenir à une attitude plus classique en oncologie plaçant la preuve histologique comme référence du diagnostic de CHC. En effet, à l’heure où plusieurs options thérapeutiques, y compris à visée curative, peuvent être proposées aux malades, le recours systématique aux critères non invasifs expose au risque d’erreur diagnostique, surtout en cas de petites tumeurs. L’utilisation des critères non invasifs doit se faire dans des conditions techniques et d’interprétation rigoureuses, notamment des examens d’imagerie, ce qui nécessite d’être discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire. En l’absence de ces conditions, le recours à la biopsie est indispensable. L’intérêt de l’histologie est de pouvoir étudier l’expression de cibles thérapeutiques. Avec les progrès des thérapies ciblées dans le traitement du CHC (anti-VEGF, anti-tyrosine kinase, inhibiteur de la voie mTOR), l’évaluation histologique aura certainement un intérêt supplémentaire. Traiter la cause de la cirrhose En dehors de la question du sevrage définitif en alcool, le traitement spécifique de la maladie sous jacente est primordial. En cas d’infection par le VHB, un traitement (par entécavir ou ténofovir) est largement recommandé en cas de cirrhose quel que soit le niveau de réplication. 11 Cirrhose compensée : dépistage et surveillance En cas d’infection par le VHC, la cirrhose en elle-même, nonobstant le génotype viral ou le polymorphisme prédictif IL28B6 est un facteur de faible réponse et source de complications, notamment infectieuses (bactériennes) et hématologiques (thrombopénie, anémie, leucopénie). L’arrivée des antiprotéases est un espoir pour ces patients souvent rechuteurs ou non-répondeurs à un traitement antérieur. A ce jour et dans le système de santé français, ce sont les patients cirrhotiques, infectés par le génotype1, qui sont les premiers depuis le début de 2011 à recevoir les antiprotéases dont la commercialisation est attendue dans les prochains mois. En dehors des traitements antiviraux spécifiques, l’insulino-requérance est une cible trop peu fréquemment recherchée et traitée. Enfin, une composante auto-immune est souvent ignorée notamment chez les sujets âgés pour lesquels il existe un pic de fréquence de ces maladies. Quoi que la part de l’alcool comme seul facteur étiologique d’une cirrhose diminue, la dépendance pour l’alcool reste une vraie question pour laquelle peu de progrès semblent avoir été faits. Certaines structures hospitalières proposent de nouvelles solutions de sevrage et des approches motivationnelles dont les résultats ne sont pas à négliger s’ils s’appuient sur un levier somatique qui est en l’occurrence l’existence d’une affection dangereuse comme la cirrhose. *Pr Cyrille Féray Institut des Maladies de l'Appareil Digestif CHU de Nantes [email protected] La confirmation du diagnostic de la cirrhose compensée est aujourd’hui plus facile grâce à l’apparition d’une technique non-invasive : l'élastométrie impulsionnelle. La mise en place d'une stratégie optimale de détection et de suivi se base sur cinq principes de base : 1. Dépister les virus hépatropes, notamment chez les personnes ayant vécu en Afrique ou en Asie 2. Dépister l’état dysmétabolique cause émergente et importante de cirrhose, surtout en cas de consommation régulière d’alcool 3. Aider au sevrage en alcool 4. Organiser la surveillance du cirrhotique 5. Motiver le patient Références : u 1. Sherman M. Hepatocellular carcinoma: epidemiology, risk factors, and screening. Seminars in liver disease 2005;25:143-154. u 2. Lebrec D, Poynard T, Bernuau J, et al. A randomized controlled study of propranolol for prevention of recurrent gastrointestinal bleeding in patients with cirrhosis: a final report. Hepatology Baltimore, Md 1984;4:355-358. u 3. Pagliaro L, D'Amico G, Sorensen TI, et al. Prevention of first bleeding in cirrhosis. A meta-analysis of randomized trials of nonsurgical treatment. Annals of internal medicine 1992;117:59-70. u 4. Zhang BH, Yang BH, Tang ZY. Randomized controlled trial of screening for hepatocellular carcinoma. Journal of cancer research and clinical oncology 2004;130:417-422. u 5. Gonzalez R, Zamora J, Gomez-Camarero J, et al. Meta-analysis: Combination endoscopic and drug therapy to prevent variceal rebleeding in cirrhosis. Annals of internal medicine 2008;149:109-122. u 6. Thomas DL, Thio CL, Martin MP, et al. Genetic variation in IL28B and spontaneous clearance of hepatitis C virus. Nature 2009;461:798-801. Nom : Prénom : Type adresse : c Cabinet c Hôpital c Autre : ............................................................................................................................................ Adresse : Ville : Code postal : Fax : Tél. : E.Mail : Souscrit un abonnement au journal c c France 40 € TTC Etranger 40 € TTC c c Mobile : pour un an Tarif étudiant 20 € (sur justificatif ) Au-delà de 10 abonnements : 20 € - Règlement par chèque , à l’ordre de CCC. - A adresser à CCC - 32, rue de Paradis - 75010 Paris Date : Signature : cachet PP56 - RE57 12 Revue de la littérature Comment peut-on explorer le colon en 2011 ? Docteur Bruno RICHARD-MOLARD, Bordeaux* Dans le domaine de l’endoscopie, il est bien difficile de faire des choix entre toutes les innovations observées au travers des publications spécialisées et ceux-ci seront donc arbitraires. La coloscopie reste l’examen de référence mais des alternatives sont apparues comme la coloscopie virtuelle et la capsule colique, dont les places respectives doivent être définies. En ce qui concerne la coloscopie, il faut signaler des nouveautés, dans le domaine technique, mais également dans les procédures de préparation, dans le domaine de l’évaluation de la qualité de la réalisation de cet examen. Ce point est important, compte tenu du rôle majeur de la coloscopie dans le dépistage du cancer colo rectal (CCR), enjeu de santé publique. Preuves : Ce que nous savions a coloscopie optique reste l’examen de référence pour explorer le colon et le rectum. Environ 1,2 millions de coloscopies sont réalisées chaque année en France1. La moitié des examens est motivée par des symptômes, l’autre par le dépistage primaire ou secondaire du CCR. Environ 20 % suivent un test Hémoccult® positif réalisé dans le cadre du dépistage national, proportion qui ne peut qu’augmenter avec le développement de la campagne de dépistage généralisé du CCR. Dans 61 % des cas, les coloscopies montraient une pathologie, la plupart du temps des polypes et permettaient de découvrir par extrapolation 43 000 cancers dans l’année. Enfin, 33 % des coloscopies comportaient une polypectomie. L Preuves : Ce que nous avons appris 1. Amélioration de la technique La réalisation de colorations, la chromoendoscopie permet de mieux caractériser et différencier les polypes pour distinguer les polypes hyperplasiques qui n’ont pas de potentiel dégénératif et les polypes adénomateux, qui peuvent présenter des aspects variables en fonction du degré d’évolution, la dysplasie, vers des lésions cancéreuses. La coloration peut être réalisée avec des colorants comme l’indigo carmin ou le bleu patenté, mais également par des colorations virtuelles2. Ainsi, les constructeurs d’endoscope (Fujinon, Olympus, Pentax pour ne citer que les plus importants) ont tous développé des systèmes de traitement de l’image, utilisant des filtres, comme le Fice, le Narrow Band Imaging, ou l’I-scan, qui permettent de visualiser la morphologie glandulaire, le « pit pattern », dont l’arrangement plus ou moins harmonieux permet de classer les lésions et de distinguer les polypes en dysplasie sévère voire des cancers in situ. Cependant, même s’il existe des études discordantes, la plupart des publications montrent que ces techniques, efficaces pour mieux caractériser les lésions, ne permettent pas d’améliorer le taux de détection des adénomes3. Toujours dans le domaine technique, l’avènement de la haute définition a permis d’obtenir des images d’une excellente qualité sur des écrans larges avec un détail et une précision toujours plus grands. Les procédés de zoom, de magnification de l’image améliorent encore la visualisation des lésions2. D’autres avancées technologiques sont au stade de l’évaluation comme l’endomicroscopie qui permet d’obtenir pendant l’examen une analyse quasi histologique par un procédé laser4. 2. La qualité de la coloscopie : comment et pourquoi évaluer ? La qualité de la coloscopie a fait l’objet de travaux multiples, d’autant que le dépistage du CCR est une préoccupation de santé publique. La coloscopie est le seul examen recommandé lors d’un test positif. La positivité des tests fécaux attendue dans le cadre d’une campagne de dépistage national est de l’ordre de 2,5 % des tests. 50 % des coloscopies réalisées montreront des lésions, pour deux tiers des polypes et pour un tiers des tumeurs, mais il existe des variations de taux de détection des adénomes (TDA) entre les endoscopistes5. C’est pourquoi le TDA est proposé comme critère potentiel de qualité de la coloscopie. En moyenne, les travaux montrent en cas de risque moyen 25 % d’adénomes chez l’homme et 15 % chez la femme6. Le temps de retrait de l’endoscope est un critère possible de qualité, corrélé au TDA bien que cela soit contesté, et dans les recommandations, il doit être supérieur à 6 mn7. Enfin, le taux de polypectomie a été proposé également comme critère de qualité, car il serait corrélé au TDA et plus simple à mettre en œuvre8. La préparation du colon est un élément important de la qualité de l’examen. Environ 5 % des coloscopies sont un échec, soit 50 à 60 000, pour 40 % d’entre elles liées à la mauvaise préparation1. Des préparations nouvelles à base de comprimés de Na-Phosphate ou de picosulfate de magnésium permettraient de gagner en acceptabilité et donc indirectement en qualité. 3. La résection des polypes La coloscopie est la seule technique exploratoire qui permette l’ablation immédiate des polypes. Rappelons que 300 000 coloscopies annuelles (1 sur 4) comportent une polypectomie1. La résection des polypes a été améliorée par la réalisation de « mucosectomie », consistant à soulever la lésion, parfois volumineuse, en injectant un liquide dans la sous-muqueuse, le plus souvent du sérum physiologique, ce qui permet d’une part, d’obtenir des pièces de résection complète emportant la sous-muqueuse, et d’autre part, de diminuer le risque de perforation. Comment peut-on explorer le colon en 2011 ? La dissection sous-muqueuse par voie endoscopique permet la résection pas à pas sous la tumeur avec des outils de dissection endoscopique spécifiques. Elle autorise la résection de tumeurs superficielles larges supérieures à 20 mm, classées au plus T1, c'est-à-dire ne dépassant pas la sous-muqueuse et sans adénopathie, soit N0, dans de bonnes conditions techniques et de sécurité. Pour l’instant cette technique d’inspiration japonaise est en évaluation dans certains centres universitaires, car « chronophage », coûteuse et sans prise en charge spécifique. 4. Le problème des antiagrégants plaquettaires (AAP) et des anticoagulants En France et en 2003, plus d’un million de patients recevaient des AAP, parfois une bithérapie. Un tiers des coloscopies est réalisé sous AAP. Il existe plusieurs recommandations, notamment une recommandation de pratiques rédigée par la société française d’endoscopie digestive (SFED) en coopération avec la société française d’anesthésie réanimation (SFAR) et les cardiologues9, et une recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS) est en cours d’élaboration. En pratique, il faut distinguer les gestes à haut risque hémorragique : gastrostomie per endoscopique, sphinctérotomie, ponction de kystes sous échoendoscopie, dilatation, des gestes à risque hémorragique contrôlable : polypectomie, et tout geste simplement diagnostic, y compris avec biopsies. Tous les gestes peuvent être réalisés sous salicylés. En cas de haut risque de thrombose (stent actifs de moins d'un mois), il faut différer le geste et attendre la possibilité d’arrêter le clopidogrel. En cas de risque thrombotique moyen, arrêt du clopidogrel et laisser sous salicylés. Pour les AVK, en cas de nécessité de maintenir un traitement anticoagulant, relais par les hépariniques. A noter la polémique sur l’association délétère entre les inhibiteurs de pompe à protons et le clopidogrel. Après plusieurs études, sauf en cas de risque élevé de thrombose, il est plutôt recommandé d’associer les deux en raison du risque hémorragique lié à l’aspirine faible dose. 5. Les techniques alternatives non invasives La coloscopie virtuelle (CV) La CV permet de reconstituer l’image du colon par scanner. Elle est obtenue par une acquisition en scanner multi détecteur puis une reconstruction sur console, qui nécessite une formation spécifique du radiologue et qui prend du temps. Une préparation du colon reste indispensable. L’examen est réalisé sans anesthésie. Il faut respecter les contre-indications (risque lié à l’insufflation, sigmoïdite diverticulaire, syndrome occlusif, antécédent récent de chirurgie digestive) en raison d’un risque de perforation (0 à 4 %). La technique est jugée peu performante pour les petits polypes < à 10 mm, dont on sait que la moitié sont des adénomes. Elle a fait l’objet de plusieurs mises au point de l’HAS, la dernière remontant à 201010. Les indications retenues de la CV sont la vidéo coloscopie incomplète, les comorbidités compromettant la sécurité du patient. La demande personnelle d’un patient dans le cadre du dépistage national n’est pas validée. La vidéo capsule colique La capsule vidéo, dont les indications sont maintenant validées et prises en charge pour l’exploration de l’intestin grêle, a été adaptée aux spécificités de l’examen colique (durée de vie plus longue, démarrage des images plus tardif, deux têtes). Elle nécessite une préparation colique spécifique. Plusieurs études ont été publiées, confirmant la faisabilité, son utilité, son caractère non invasif et des indications comparables à celles de la coloscopie virtuelle, avec des résultats qui restent en deçà de ceux de la coloscopie optique11. Cependant, le prix de la capsule est élevé et aucun remboursement n’a pu encore être obtenu, ni pour la capsule ni pour l’acte. Sigles CCR : cancer colo rectal SFED : société française d’endoscopie digestive HAS : Haute Autorité de Santé La coloscopie optique est en 2011 l’examen de référence pour la recherche de lésions rectocoliques. Les améliorations successives de la technique mais également des procédures sont à connaître, car elles devraient permettre d’améliorer l’efficacité du dépistage du CCR et faire diminuer l’incidence et la mortalité du CCR. Les techniques alternatives ont leurs places dans l’arsenal du dépistage. La remise en cause des connaissances est dans ce domaine comme dans d’autres à envisager régulièrement tant les techniques sont évolutives. *Dr Bruno RICHARD-MOLARD SCP Polyclinique Bordeaux - Nord Aquitaine 33300 Bordeaux [email protected] Références 1. Canard JM et al : La coloscopie en France en 2008 : résultats de l’enquête de deux jours d’endoscopie en France. Acta Endosc. (2010) 40:58-65. 2. Su MY et al. Comparative study of conventional colonoscopy, chromoendoscopie, and narrow band imaging systems in differential diagnosis of neoplastic and nonneoplastic colonic polyps. Am J Gastroenterol 2006;101:2711-2716. u 3. Hoffman et al. High definition colonoscopy combined with i-scan is superior in the detection of colorectal neoplasias compared with standard video colonoscopy : a prospective randomized controlled trial. Endoscopy 2010;42:827-833. u 4. Sanduleanu S et al. In vivo diagnosis and classification of colorectal neoplasia by chromo-endoscopy guided by confocal laser endomicroscopy. Vlin Gastroenterol Hepatol 2010;8:371-378. u 5. Bretagne et al. Variation between endoscopists in rates of detection of colorectal neoplasia and their impact on a regional screening program based on colonoscopy after fecal occult blood testing. Gastrointest Endosc 2010. 71(2):335-41. u 6. Levin B et al. Screening and surveillance for the early detection of colorectal cancer and adenomatous polyps, 2008: a joint guideline from the American Cancer Society, the US Multi-Society Task Force on Colorectal Cancer, and the American College of Radiology. Gastroenterology. 2008 May;134(5):1570-95. u 7. Barclay RJ et al. Colonoscopic withdrawal times and adenoma detection during screening colonoscopy. N Engl J Med 2006;355:2533-41. u 8. Williams JE et al. Polypectomy as a quality measure for colonoscopy. Gastrointest Endosc. 2010 (sous presse). u 9. Recommandation SFED. u 10. HAS Coloscopie virtuelle. Janvier 2010. u 11. Van Gossum et al. Capsule endoscopy versus colonoscopy for the detection of polyps and cancer. NEJM 2009;361:264-70. u u 13 DYSFONCTION ÉRECTILE Le pla isir d ans (1) Fisher WA et al. Improving the sexual Quality of life of couples affected by erectile dysfunction : a double-blind, randomized, placebo controlled trial of vardenafil. J.Sex. Med.2005; 2 : 699-708 - Amelioration significative versusplacebo du score de la qualité de vie sexuelle évaluée en fonction de la durée de l’éréction pour la partenaire (63% vs 29 %) ; p < 0.0001 (critère principal d’évaluation de l’efficacité). 20079 - 0211 - Bayer Santé - SAS au capital de 47.857.291,14 € - 706 580 149 RCS Lille DENOMINATION DU MEDICAMENT : LEVITRA® 5 mg, 10 mg, 20 mg, comprimé pelliculé. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE : 5 mg, 10 mg, 20 mg de vardénafil (sous forme de chlorhydrate trihydraté). Excipients : crospovidone, stéarate de magnésium, cellulose microcristalline, silice colloïdale anhydre, macrogol 400, hypromellose, dioxyde de titane (E171), oxyde de fer jaune (E172), oxyde de fer rouge (E172). INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES : Traitement de la dysfonction érectile chez l’homme adulte. La dysfonction érectile correspond à l’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection du pénis suffisante pour une activité sexuelle satisfaisante. Une stimulation sexuelle est requise pour que LEVITRA® soit efficace. LEVITRA® n’est pas indiqué chez la femme. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION ✸: Par voie orale. Utilisation chez l’homme adulte : dose recommandée : 10 mg à prendre selon les besoins, environ 25 à 60 minutes avant toute activité sexuelle, au maximum une fois par jour. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose peut être portée à 20 mg ou réduite à 5 mg. Dose maximale recommandée : 20 mg. Utilisation chez l’homme âgé : Pas de nécessité d’ajustement posologique. Augmentation de dose jusque 20 mg : prudence en tenant compte de la tolérance individuelle. Utilisation chez les insuffisants rénaux légers à modérés : aucun ajustement posologique. Utilisation chez les insuffisants rénaux sévères : débuter par 5 mg. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose pourra être augmentée à 10 mg puis à 20 mg. Utilisation chez les insuffisants hépatiques légers à modérés : débuter par 5 mg. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose pourra être augmentée ultérieurement. La dose maximum recommandée chez les patients présentant une insuffisance hépatique modérée (classification B de Child-Pugh) est de 10 mg (voir rubrique Contre-indication). Utilisation chez les enfants et adolescents : non indiqué chez les personnes de moins de 18 ans. Il n’y a pas d’indication spécifique pour l’utilisation de Levitra chez les enfants. Utilisation chez les patients prenant d’autres médicaments : (1) en cas d’association avec l’érythromycine ou la clarithromycine, inhibiteurs du CYP3A4, la dose de vardénafil ne doit pas excéder 5 mg. CONTRE-INDICATIONS : • Hypersensibilité au vardénafil ou à l’un des excipients • Administration concomitante avec les dérivés nitrés ou les donneurs de monoxyde d’azote (comme le nitrite d’amyle) quelle que soit la forme. • Patients ayant une perte de la vision d’un œil due à une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIAN) associée ou non à une exposition antérieure à un IPDE5. • Hommes pour lesquels l’activité sexuelle est déconseillée (ex : troubles cardiovasculaires sévères tels que l’angor instable ou l’insuffisance cardiaque sévère). • Insuffisance hépatique sévère. • Insuffisance rénale terminale nécessitant une dialyse. • Hypotension (pression artérielle < 90/50 mmHg). • Antécédent récent (6 derniers mois) d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus du myocarde. • Angor instable. • Troubles héréditaires dégénératifs connus de la rétine. • Homme de plus de 75 ans : administration concomitante avec les puissants inhibiteurs du CYP3A4 kétoconazole et itraconazole (forme orale). • Utilisation concomitante avec des inhibiteurs de protéase anti-VIH tels que le ritonavir et l’indinavir (très puissants inhibiteurs du CYP3A4). MISES EN GARDE SPÉCIALES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI ✸. INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MÉDICAMENTS ET AUTRES FORMES D’INTERACTIONS ✸. GROSSESSE ET ALLAITEMENT ✸. EFFETS SUR L’APTITUDE À CONDUIRE DES VÉHICULES ET À UTILISER DES MACHINES ✸ EFFETS INDÉSIRABLES ✸ : Très fréquents:céphalée, bouffées vasomotrices. Fréquents : vertige, congestion nasale, dyspepsie, nausée. SURDOSAGE ✸ PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ✸. PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES ✸ : Classe pharmacothérapeutique : médicament utilisé dans la dysfonction érectile, code ATC : G04BE09. PROPRIÉTÉS PHARMACOCINÉTIQUES ✸. DONNÉES DE SÉCURITÉ PRÉCLINIQUE ✸. DONNEES PHARMACEUTIQUES ✸. DURÉE DE CONSERVATION : 3 ans. Ce médicament ne nécessite pas de précaution particulière de conservation. NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTÉRIEUR : Blisters PP/Aluminium en boîtes de 4, 8 et 12 comprimés. PRESENTATIONS ET NUMEROS AU REGISTRE COMMUNAUTAIRE DES MEDICAMENTS : EU/1/03/248/002 : LEVITRA® 5 mg 4 comprimés. EU/1/03/248/006 : LEVITRA® 10 mg 4 comprimés, EU/1/03/248/007: LEVITRA® 10 mg 8 comprimés. EU/1/03/248/010 : LEVITRA® 20 mg 4 comprimés, EU/1/03/248/011: LEVITRA® 20 mg 8 comprimés. EU/1/03/248/012 : LEVITRA® 20 mg 12 comprimés. NUMEROS D’IDENTIFICATION ADMINISTRATIVE : LEVITRA® 5 mg : 4 comprimés : 361 828-4. LEVITRA® 10 mg : 4 comprimés : 361 832-1 ; 8 comprimés : 361 833-8. LEVITRA® 20 mg : 4 comprimés : 361 836-7 ; 8 comprimés : 361 837-3 ; 12 comprimés : 361 839-6 TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE : Bayer Schering Pharma AG - D-13342 Berlin - Allemagne. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE : Liste I – Mis sur le marché en mars 2003. Médicaments non remboursés par la Sécurité Sociale – Non agréés à l’usage des collectivités. DATE DE PREMIERE AUTORISATION / DATE DE RENOUVELLEMENT : 6 mars 2003 / 6 mars 2008. DATE DU DERNIER RECTIFICATIF D’AMM : 3 décembre 2010. ✸ Pour une information plus complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le site internet de l’Afssaps ou sur demande auprès de notre laboratoire. Des informations détaillées sur ce médicament sont disponibles sur le site internet de l’Agence européenne du médicament (EMA) http://www.ema.europa.eu/. BAYER SANTE – Standard : 03 28 16 34 00 - Pharmacovigilance (N° Vert) : 0 800 87 54 54 www.bayerscheringpharma.fr. V01/11 la durée Déontologie - Réflexion Appropriation par le médecin de famille des termes de la loi sur le droit des malades et la fin de vie, dite « Loi Léonetti » Professeur Didier de Broucker, Lille* Ces dix dernières années, l’évolution de la législation sur les droits des malades a modifié l’approche médicale, identifiant de nouveaux enjeux cliniques et éthiques dans la relation médecin-malade et précisant les nouveaux droits des malades, tout en dictant aux médecins de nouvelles règles de conduites. Cette évolution prend toute son importance dès lors qu’elle concerne les patients en fin de vie. Preuves : Ce que nous savions Depuis l’antiquité, la relation médecinmalade a reposé sur une forme de paternalisme représentant le médecin comme un homme de devoir et de savoir mais aussi de pouvoir. Inconsciemment, le patient se soumettait, admiratif, respectueux et obéissant. La première rédaction du code de déontologie médicale, après la seconde guerre mondiale, s’écartait peu de cette vision paternaliste. Par ailleurs, le développement des progrès techniques et scientifiques a permis d’améliorer l’espérance de vie en combattant efficacement de plus en plus de maladies très souvent au bénéfice du patient mais parfois en risquant d’en occulter sa fragilité et de déséquilibrer le rapport bénéficerisque des actions entreprises. A la faveur du développement des associations de défense des malades et des usagers de la santé, il faut attendre les années 1990 pour voir apparaître les textes législatifs faisant état d’un droit à l’information pour tout patient, ce qui sous-entendait l’obligation pour le médecin non seulement d’informer son patient mais aussi de recueillir son consentement pour toute initiative le concernant. Si les lois de bioéthique de 1994 ou la charte du patient hospitalisé de 1995 constituent une avancée importante, c’est bien la révision du code de déontologie médicale, la même année, qui a officialisé le mieux la relation médecin-malade : « le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état d’exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposé, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ces conséquences ». C’est dans cette logique et cet esprit, sans en contredire la finalité, que le législateur a promulgué la loi du 04 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite loi Kouchner1 dont l’un des principaux objectifs était de garantir à toute personne, sans discrimination, l’égal accès aux soins nécessités par son état de santé après avoir reçu une information claire, lui permettant de participer à la prise de décision. Cette loi a mis en avant des valeurs fondamentales concernant d’une part, pour le patient, son autonomie et ses libertés par l’introduction entre autre de la notion de consentement libre et éclairé, et d’autre part, pour les soignants, les notions de solidarité et de respect de la dignité du malade en toutes circonstances. Cette loi a introduit pour la première fois une distinction entre le patient en état d’exprimer sa volonté et celui ne l’étant pas. La possibilité pour tout patient de désigner une personne de confiance a été introduite : « toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire à cette fin. Cette désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment. Si le malade le souhaite, la personne de confiance l’accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses décisions ». Il était également reconnu aux malades, la possibilité de refuser un traitement, comme celle de pouvoir accéder si nécessaire aux soins palliatifs2. Le médecin, quant à lui, voyait inscrit, dans l’article 37 du code de déontologie, le devoir de soulager les souffrances de son patient, de l’accompagner ainsi que ses proches et de ne pas pratiquer d’obstination déraisonnable (terme remplaçant celui « d’acharnement thérapeutique »). Cependant, quelques temps après la promulgation de cette loi, les conditions dramatiques du décès de Vincent Humbert émurent la Nation et une commission parlementaire, présidée par le Docteur Jean Léonetti, député maire d’Antibes, eut pour mission, de réfléchir à ces situations complexes qui a abouti à un « toilettage » de la loi de mars 2002 et à la promulgation de la loi du 22 avril 2005, relative aux droits des malades et à la fin de vie. Pas moins de 15 articles venaient amender ou compléter les termes de sa grande sœur, votée 3 ans auparavant ! Avant de détailler la loi, il importe d’en préciser les motifs et les limites : renforcer les droits du malade en général et reconnaître les droits spécifiques aux malades en fin de vie en écartant toute idée de dépénalisation de l’euthanasie. 44 15 16 Déontologie - Réflexion 44 Preuves Ce que nous avons appris 3 Tout d’abord, en fin de vie, la loi affirme son refus de l’obstination déraisonnable c’est-à-dire de tous les actes « lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie ». Le médecin peut dès lors soit ne pas les entreprendre, soit les suspendre mais en sauvegardant la dignité du mourant et en assurant la qualité de sa vie en dispensant des soins appropriés dits de confort, même si ces derniers sont susceptibles d’abréger son existence. Dans ce même esprit, les droits des patients se trouvent ainsi renforcés, leur permettant d’exprimer leur volonté. Il importe ici cependant de dissocier le patient capable d’exprimer sa volonté de celui qui ne l’est pas. Lorsqu’une personne consciente, capable d’exprimer sa volonté en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, décide de limiter, voire d’arrêter tout traitement, le médecin doit respecter sa volonté, après l’avoir informée des conséquences de son choix et après avoir inscrit cette décision dans son dossier médical. Il doit aussi sauvegarder la dignité de son patient et assurer la qualité de sa fin de vie, par des traitements de confort exigés par la situation clinique. Il est clair que si la décision du patient correspond à l’évaluation et aux options médicales, cela ne présente a priori pas de difficulté dans son application. Par contre, si le patient est dans une posture de refus d’un traitement proposé par son médecin, il importe à ce dernier de savoir si son patient a bien compris les tenants et aboutissants de son choix. C’est ici que prend toute son importance, la notion d’information éclairée dont le thérapeute doit s’assurer que son patient en a parfaitement compris les enjeux sous-tendus par son refus, en réitérant ses explications et au besoin en faisant appel à un confrère pour donner une information complémentaire au patient. Il est fondamental pour le médecin de bien faire comprendre au patient, à sa famille et à ses proches, la démarche diagnostique et thérapeutique qui est la sienne, dans le respect des bonnes pratiques et dans le souci premier de prodiguer, en la circonstance, les meilleurs soins possibles4. Si le patient maintient sa décision, il faudra la respecter et ne pas l’abandonner5. Si, en revanche, le patient est inconscient ou incapable d’exprimer sa volonté (par une maladie psychiatrique ou des troubles cognitifs par exemple), le médecin qui en a la responsabilité doit mettre en œuvre une procédure collégiale de prise de décision inscrite dans l’article 37 du code de déontologie médicale, en s’enquérant en premier lieu, de l’existence éventuelle de directives anticipées rédigées par son patient, antérieures à son état, ou à défaut, en contactant la personne de confiance désignée par ce dernier, ou à défaut, la famille ou les proches. Là ne s’arrête pas sa mission. En effet, il doit également s’enquérir de l’avis d’au moins un confrère, sans lien de subordination avec lui, et de tous les soignants susceptibles d’apporter leur contribution, et ce dans une évaluation la plus objective afin d’assurer la meilleure prise de décision possible. Quatre points fondamentaux ne doivent en aucun cas être oubliés : •Si la décision finale revient toujours au médecin responsable du patient, il doit l’inscrire obligatoirement dans le dossier médical ; le non-respect de cette procédure rend le médecin « hors la loi ». •En cas d’hospitalisation du patient, le choix d’un confrère à solliciter pour avis doit idéalement se porter sur le médecin traitant. Si le patient est à son domicile, la procédure doit aussi être scrupuleusement respectée, le médecin traitant est alors considéré comme le médecin responsable du patient. •La notion de directives anticipées est nouvelle et inscrite pour la première fois par le législateur dans la loi Léonetti6. Les directives anticipées donnent en effet la possibilité au patient de se prononcer sur les modalités thérapeutiques de sa fin de vie, en acceptant ou refusant qu’on lui administre des antalgiques dont les effets secondaires risquent d’abréger sa vie, en acceptant ou refusant l’arrêt de l’alimentation artificielle, en acceptant ou refusant les traitements autres que les soins de confort, en acceptant ou refusant une sédation, en acceptant ou refusant une hydratation, encore que celle-ci soit plus considérée en phase palliative terminale comme un soin de confort que comme un traitement. Cependant, si les directives anticipées peuvent clairement spécifier un refus de traitement ou de tout acharnement thé- rapeutique, elles ne peuvent spécifier de demande explicite d’abréger l’existence par une euthanasie. •La désignation d’une personne de confiance est mieux connue en raison des dispositions légales qui font obligation aux établissements sanitaires et sociaux d’en solliciter la désignation auprès d’un patient, lors de son admission, quel qu’en soit le motif, libre à lui d’accepter ou de refuser cette procédure. Les confusions ou les difficultés apparaissent, entre autre car ce genre de désignation, lors d’une hospitalisation, se limite à la durée du séjour et n’a donc pas un caractère pérenne. Pratiques Ce que nous faisions Le médecin proposait et le plus souvent, le patient suivait ses conseils ou si ce ne pouvait être lui, la famille faisait de même. Dans les situations, assez rares, où le patient refusait, il s’ensuivait une rupture comme si l’alliance thérapeutique était devenue caduque. Tout se passait comme si chacun suivait sa voie et, pour le médecin, cette rupture était réelle : il se retirait. Lorsque le patient en fin de vie n’était pas capable d’exprimer sa volonté, la prise de décision du médecin se faisait la plupart du temps, sans concertation protocolée, ce qui en soi n’était pas forcément condamnable mais pouvait très certainement le fragiliser en cas de décision de limitation ou d’arrêt de traitement voire d’instauration d’un traitement à double effet ; il pouvait pénalement, en cas de contestation des proches, être inquiété. Pratiques Ce que nous devrions faire C’est bien simple : nul n’étant censé ignorer la loi, il faut donc l’appliquer, selon les termes précis détaillés précédemment. Cependant, il ne faut pas mésestimer les réelles difficultés rencontrées dans son application. La place et le rôle du médecin traitant peuvent ici être déterminants, tant pour les malades que pour les soignants. 1. Les difficultés dans l’application de la loi et ses conséquences en médecine générale La première difficulté majeure réside dans la méconnaissance de la loi7 promulguée il y a six ans, ce qui ne peut Appropriation par le médecin de famille des termes de la loi sur le droit des malades et la fin de vie, dite « Loi Léonetti » que nous interpeller sur les réticences probables de chacun à aborder la problématique des situations de fin de vie, signifiant ainsi une certaine forme de tabou de la mort. La procédure de prise de décision collégiale, si elle est mal appliquée à l’hôpital, pourrait paraître irréalisable à domicile, tant il apparaît plus difficile de réunir tous les acteurs décisionnels dans le cadre d’une prise de décision concernant un patient en fin de vie. Cet obstacle est, en fait, loin d’être insurmontable, sous la condition expresse que le médecin traitant en soit le promoteur. Décider de ne pas entreprendre une investigation ou un traitement à la lumière de l’évolution clinique d’un patient n’apparaît pas forcément difficile dans le respect des termes de la loi. A l’opposé, aborder la limitation ou l’arrêt d’un traitement pose beaucoup plus de problème, surtout si ce dernier a été instauré par une autre équipe médicale que celle qui a en charge initialement le patient ; la difficulté se majore si le malade a rejoint son domicile ou son lieu de vie avec une pression bien plus grande pour le médecin traitant, surtout si son patient n’est pas capable d’exprimer sa volonté et que les avis des proches ne sont pas à l’unisson. Prescrire des soins dits de confort nécessite de définir ce que nous entendons par « confort », ou ce que nous pourrions repérer comme « inconfort » chez un patient en fin de vie. Naturellement, viennent en premier les soins de nursing, généralement bien conduits. La difficulté porte en fait sur l’utilisation des antalgiques de niveau III et sur les médications susceptibles d’entraîner une sédation ; en effet, il est question de bien définir l’intentionnalité de la prescription de ces traitements et de bien déterminer les modalités posologiques pour aboutir à l’effet escompté : calmer une douleur, apaiser une angoisse. Sont énoncés ici les principes éthiques d’intentionnalité et de proportionnalité des soins prodigués. Le législateur reconnaît cependant que pour atteindre l’objectif fixé, il n’est pas exclu que les décisions prises puissent raccourcir l’espérance de vie. Concrètement, si un patient en fin de vie souffre, la priorité est d’apaiser ses douleurs même si cela majore le risque des effets secondaires imputables aux morphiniques : c’est le principe du double effet. De même, peut se poser la question de limiter, voire d’arrêter, certains traitements s’ils n’ont pour seul but que de prolonger l’existence d’un patient en fin de vie sans espoir d’amélioration. En dehors du fait que ce genre de décision doit être soumis à l’accord du patient s’il est capable d’exprimer sa volonté ou doit faire l’objet d’une prise de décision collégiale dans le cas contraire, il importe ici de s’arrêter à la définition du mot « traitement ». La question qui taraude les soignants et les familles est celle de l’alimentation. La voie orale est assurément physiologique mais si elle n’est plus possible, les voies entérale ou parentérale doivent-elles être considérées comme des soins de confort indispensables ou comme des traitements déraisonnables ? La symbolique est telle concernant l’alimentation que les décisions sont toujours difficiles à prendre et difficiles à accepter par les proches. Les repères médicaux doivent alors reposer sur la parfaite évaluation de la situation clinique et l’analyse pertinente des avantages ou des inconvénients d’une alimentation artificielle à débuter, limiter ou arrêter. Les directives anticipées ne sont pas sans poser, elles aussi, des questions. Tout d’abord, leur validité repose sur un écrit, daté et signé et se limite à une période de trois ans, renouvelable, mais aussi révocable. Ensuite, leur rédaction s’inscrit dans le cadre d’une anticipation future, qu’elle soit physique ou psychique et on peut concevoir aisément, les réticences à l’évocation d’une telle possibilité. Par ailleurs, les difficultés sont réelles à formaliser « sur papier », alors qu’il est beaucoup plus facile de formuler oralement les grands principes généraux en cas d’incident grave, touchant à notre autonomie physique ou psychique. Actuellement, la présentation par un patient ou par ses proches, des directives anticipées, reste du domaine de l’exception. C’est la raison pour laquelle certaines associations de malades ou de bénévoles ont élaboré des modèles utiles aidant le patient dans cette démarche, en la couplant, il est vrai, à la sensibilisation toute aussi importante, de la désignation pérenne d’une personne de confiance. La notion de personne de confiance est, elle, mieux connue du grand public. Cependant, elle n’échappe pas à une réflexion de fond, sur la place de ce tiers, dans la relation médecin/malade en termes d’alliance thérapeutique8. Que va signifier l’arrivée de la personne de confiance pour qu’elle ne soit pas qu’un tiers, mais au contraire pour qu’elle porte cette alliance surtout en cas d’incapacité par le malade d’exprimer sa volonté car la personne de confiance se trouvera ainsi détentrice d’un consentement substitué ? On conçoit bien le principe de solidarité qui peut animer ce tiers qui au demeurant n’aura jamais de pouvoir décisionnel ! Par ailleurs, décider pour soi-même est complexe. Est-ce plus facile pour autrui ? Moralement, être porteur de la confiance d’autrui, est-ce se considérer comme simple conseiller ou comme capable de se substituer au patient, avec lequel, s’il est conscient, il y a obligation morale à rester en lien ? Si la personne de confiance ne fait pas partie de la famille, ne risque-t-elle pas d’être en porte à faux en engendrant de possibles conflits d’intérêt, posant ainsi la question de la reconnaissance de son rôle ou de sa légitimité ? La volonté clairement exprimée par un patient à un moment donné de sa vie, face à une décision hypothétique, est-elle forcément celle qu’il aurait à émettre au moment de la prise réelle de décision, s’il avait était capable de s’exprimer ? Les droits des majeurs sous tutelle doivent être exercés par le tuteur, juridiquement désigné comme personne de confiance ; ce dernier, garant de l’équilibre financier et social d’un individu a-t-il une légitimité à gérer sa santé ? Enfin, en autorisant le médecin traitant à être désigné comme personne de confiance, la loi, tout en reconnaissant sa place, ses qualités humaines et la confiance que lui porte le malade, aurait pu risquer d’établir une confusion quant à ses missions ; cependant ici, le législateur a reconnu les difficultés réelles engendrées par la responsabilité portée par la personne de confiance et c’est pour cette raison qu’elle a considéré à juste titre, que le médecin traitant pouvait probablement être le meilleur conseiller pour son malade et porteur de ses volontés en cas d’incapacité. D’autres difficultés existent concernant l’application de la loi ; trois derniers éléments non exhaustifs doivent être soulignés. Tout d’abord, la nécessité d’assurer une traçabilité des prises de décision et des procédures appliquées 44 17 18 Déontologie - Réflexion Discussion Les problèmes cliniques et éthiques soulevés ces derniers temps par certaines situations difficiles rencontrées chez des patients en fin de vie a amené le législateur à promulguer une loi unique au monde, qui garantit les droits des patients dans le respect de leur dignité et de leur autonomie et les devoirs des médecins les protégeant ainsi dans toutes les prises de décision qu’ils auront à prendre s’ils respectent déontologiquement les termes de la loi. 44 en totale transparence pour tous ; même d’application difficile, cela protège le médecin au regard de la loi. Ensuite, il est apparu qu’entre les intentions et leurs applications, il existait un frein non négligeable : la méconnaissance des protocoles palliatifs mal connus de beaucoup de médecins car d’application peu coutumière. C’est ici insister sur la nécessité d’une information et d’une formation auprès de tous ceux qui sont concernés par ces situations de fin de vie. Enfin, si tout paraît bien encadré sur le plan clinique, le médecin aura, sur le plan éthique, à se poser parfois la question : faut-il privilégier le respect du sujet ou le respect de son autonomie ? Et cela amène aussi une autre réflexion : le respect de la souveraineté individuelle d’un patient (qui est une autre manière de désigner son autonomie), cette dernière pouvantelle toujours coexister avec le respect de notre propre autonomie de soignant ? 2. Place et rôle du médecin traitant A tort, les dispositions de la loi sur le droit des malades et la fin de vie sont présentées comme réservées à la pratique hospitalière. S’il est vrai que les décès sont beaucoup plus fréquents en institution, il ne faut pas oublier qu’ils peuvent survenir au domicile ou dans les lieux de vie des patients comme entre autres, les EPHAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) ou les MAS (Maisons d’Accueil Spécialisées pour personnes handicapées). Appropriation par le médecin de famille des termes de la loi sur le droit des malades et la fin de vie, dite « Loi Léonetti » Le médecin a donc une double mission d’anticipation et de veille dans l’application de la loi. Convaincu du bien fondé de la démarche, le médecin traitant pourra dès lors anticiper la désignation d’une personne de confiance ou la rédaction de directives anticipées et ce d’autant qu’il aura été un des premiers informés. Si la situation clinique de son patient évolue défavorablement, il faudra prendre en compte la vulnérabilité voire la fragilité de ce dernier en lui expliquant et en l’aidant à faire les meilleurs choix. D’une manière plus générale, un contrat moral lie le médecin à son patient et, en termes d’alliance, il s’avère indispensable de bien informer son patient et ses proches. Une première approche, par la loi de mars 2002 sur les droits des malades, peut permettre de dédramatiser la situation et d’aborder plus sereinement la loi Léonetti qui, elle, est plus concrète sur les situations de fin de vie9. Le médecin traitant a en plus une mission de veille concernant le respect des procédures, y compris si son patient est hospitalisé et encore plus, bien entendu, s’il est à son domicile ou dans son lieu de vie. Par veille, il faut ici comprendre le souci de respecter l’autonomie du malade mais aussi la bonne application des soins de confort et le refus d’une obstination déraisonnable. Le médecin traitant a une opportunité réelle dans toute la démarche d’application de la loi, par la possibilité qui lui est offerte, d’être désigné personne de confiance. Cette désignation est, chacun le comprend, un acte important, trop souvent négligé. Le médecin pourra en la circonstance, être d’une aide précieuse, s’il accepte d’être personne de confiance pour son malade. Il sera aussi un conseiller utile pour ce dernier, dans ses choix, s’il est encore capable d’exprimer sa volonté, mais il le sera aussi si cela n’est plus le cas, par une triple approche auprès de la personne de confiance, si elle est différente de lui, ou auprès des proches en expliquant de la manière la plus claire et la plus compréhensible possible la situation, en jugeant le niveau de rationalité de son (ses) interlocuteur(s) et enfin en respectant le choix d’autrui. Même si, in fine, la décision revient toujours au médecin, l’exercice de son art s’en trouvera valorisé par cette approche où le dialogue est primordial, dans le souci du respect de la dignité du patient par une écoute attentive et respectueuse de tous ceux qui, autour de ce dernier, ont la responsabilité de sa prise en charge. * Pr Didier de Broucker Unité de soins palliatifs CH St VIncent de Paul - Bd de Belfort BP 387 59020 Lille cedex [email protected] La loi dite Léonetti sur le droit des malades et la fin de vie offre une triple perspective : • Tout d’abord pour le patient dont les droits sont renforcés tout en maintenant son autonomie réelle s’il est capable d’exprimer ses volontés, ou son autonomie substituée s’il ne l’est pas, grâce à la personne de confiance ou à la rédaction de directives anticipées. • Ensuite, pour le médecin qui, en respectant les termes de la loi, se trouve conforté dans ses missions du prendre soin, tout en le protégeant. • Enfin, à l’échelle internationale, cette loi est un exemple et devrait être un modèle pour tous les pays qui s’interrogent sur les meilleures dispositions à prendre dans la gestion des situations difficiles de la fin de vie. Références : 1. Loi n°2002-303 du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal Officiel de la République Française - 5 mars 2002. u 2. de Broucker D. :« De la circulaire Laroque du 26 août 1986 à la loi Léonetti d’avril 2005 » in Manuel de Soins Palliatifs. Paris – Dunod – 2009. 37-45. u 3. Loi n°2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie. Journal Officiel de la République Française – 23 avril 2005. u 4. Ordre des Médecins – le patient, le médecin et la société : dix principes pour une confiance partagée – Mai 2007, 7p. www.conseil-national.médecin.fr. u 5. Richard J.F. : « Loi Léonetti et consentement des soignants au refus de traitement des malades » in Manuel de Soins Palliatifs. Paris-Dunod. 895-910. u 6. Thirry-Borg. D. « Directives anticipées : un sujet très délicat » - Cancérologie digestive. Vol 2 n°2- 2010129-130. u 7. de Bazelaere C., Laval G., Aubry R. :Loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie : une loi mal connue parce que mal expliquée. » Rev. Prat. 2009- Avr. 59 (6) 768-773. u 8. de Broucker D., Delerue M., Poulain C. et Jacquemin D. : « Enjeux cliniques et éthiques du recours à la personne de confiance ». Ethica Clinica 2007 n°48 43-47. u 9. Droits des malades et fin de vie : les dix questions à vous poser (document à conserver et à emporter si vous êtes hospitalisé). La VIE 20y09, 8p. u Ranélate de strontium 2g Médicament de 1 intention* re • Traitement de l’ostéoporose chez la femme ménopausée • Réduit le risque de fractures vertébrales et de la hanche Forme un os de qualité** PROTELOS. Composition et forme : Ranélate de strontium : 2 g. Excipient à effet notoire : aspartame (E951). Granulés pour suspension buv. Boîte de 28 sachets. Indications : Traitement de l’ostéoporose chez la femme ménopausée. PROTELOS réduit le risque de fractures vertébrales et de la hanche. Poso. et mode d’administ.§ : 1 sachet/j en une seule prise quotidienne par voie orale, au moment du coucher et de préférence au moins 2 h après le dîner. Supplémentation en calcium et vitamine D si nécessaire. CTJ = 1,58 €. Contre-indications : Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Mises en garde et préc. d’emploi§ : • Ins. rénale : Clcr < 30 ml/min • Ins. rénale chronique • Patientes à risque accru d’événements veineux thromboemboliques (EVT), y compris patientes avec antécédents • Phénylcétonurie • Syndromes d'hypersensibilité : DRESS (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms), parfois d'évolution fatale. Apparition entre la 3e et la 6e semaine et évolution favorable dans la plupart des cas à l’arrêt de PROTELOS et après traitement par les corticostéroïdes. En cas d'éruption cutanée, arrêter immédiatement et définitivement PROTELOS. Si arrêt en raison d'une réaction d'hypersensibilité, ou autre réaction allergique grave, ne pas reprendre PROTELOS. Interactions§ : • Aliments, lait et produits dérivés, médic. contenant du calcium • Hydroxydes d’aluminium et de magnésium • Tétracyclines et quinolones. Grossesse, Allait.§ : contre-indiqué. Aptitude à conduire§ : aucun ou qu'un effet négligeable. Effets indésirables§ : généralement légers et transitoires • Les plus fréquemment rapportés : nausées et diarrhées en début de trait. • Céphalées, pertes fécales, dermatites, eczéma, EVT, troubles de la conscience, perte de mémoire, convulsions, augmentation de la créatine phosphokinase. • Post-commercialisation : vomissements, douleurs abdominales, irritations de la muqueuse buccale, réactions d'hypersensibilité cutanée pouvant s'accompagner d'une augmentation des transaminases sériques et d'une pyrexie, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome DRESS, nécrolyse épidermique toxique, alopécie, douleurs musculosquelettiques, hyperréactivité bronchique, œdème périphérique, état confusionnel, insuffisance médullaire, éosinophilie et lymphadénopathie (associées à des réactions d’hypersensibilité cutanée). Propriétés§ : PROTELOS augmente la formation osseuse et diminue la résorption osseuse. Il rééquilibre ainsi le métabolisme osseux en faveur de la formation. LISTE I. AMM 34009 365 170 3 5, EU/1/04/288/003 (boîte de 28 sachets). Prix : 44,36 €. Remboursé Sécurité sociale à 65 % dans le traitement de l’ostéoporose post-ménopausique pour réduire le risque de fractures vertébrales et de la hanche : chez les patientes ayant fait une fracture par fragilité osseuse ; en l’absence de fracture, chez les femmes ayant une diminution importante de la densité osseuse (T score < -3) ou ayant un T score -2,5 associé à d’autres facteurs de risque de fracture en particulier, un âge > 60 ans, une corticothérapie systémique ancienne ou actuelle à une posologie 7,5 mg/j d’équivalent prednisone, un indice de masse corporelle < 19 kg/m2, un antécédent de fracture de l’extrémité du col du fémur chez un parent du 1er degré, une ménopause précoce (avant l’âge de 40 ans). Coll. Info. Médicale : Servier Médical. 35 rue de Verdun, 92284 Suresnes Cedex. Tél. : 01 55 72 60 00. Les Laboratoires Servier - 22, rue Garnier - 92578 Neuilly sur Seine Cedex. §Pour une information complète, consulter le RCP disponible sur le site Internet de l’EMA http://www.ema.europa.eu/. 1 Votre partenaire dans l’ostéoporose post-ménopausique *Il existe des alternatives médicamenteuses pour la majorité des femmes avec ostéoporose post-ménopausique. **Protelos rééquilibre le métabolisme osseux en faveur de la formation (cf paragraphe propriétés du RCP). 11 RT 13 P/03.11 prise par jour TRAITEMENT DU TROUBLE DÉPRESSIF MAJEUR de s s e l d n e r p e Et l a v ie r us ! Jouer avec ses enfants Se sentir bien dans son corps Reprendre son travail Revoir ses amis Sortir Rire CYMBALTA® 30 mg et 60 mg, gélule gastro-résistante (duloxétine). INDICATIONS : •Traitement du trouble dépressif majeur. •Traitement de la douleur neuropathique diabétique périphérique. •Traitement du trouble anxiété généralisée. Cymbalta est indiqué chez l’adulte. Pour plus d’informations, voir rubrique « Propriétés pharmacodynamiques » du RCP. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION(*) : • Trouble dépressif majeur : Posologie initiale et pour le maintien de la réponse : 60 mg/jour. • Trouble anxiété généralisée : Posologie initiale recommandée : 30 mg/jour pour le trouble anxiété généralisée sans trouble dépressif majeur associé et 60 mg/jour en cas de trouble dépressif majeur associé. Dose d’entretien habituelle : 60 mg/jour. Si réponse insuffisante, augmentation jusqu’à 90 mg ou 120 mg possible. • Douleur neuropathique diabétique périphérique : Posologie initiale et d’entretien : 60 mg/jour. Augmentation possible jusqu’à 120 mg en cas de réponse insuffisante. Evaluer la réponse thérapeutique après 2 mois de traitement. Chez les patients ayant une réponse initiale insuffisante, une réponse au-delà de cette période est peu probable. CTJ : 1,15 € (gél. à 60 mg) ; 1,52 € (gél. à 30 mg, bte de 28). CONTRE-INDICATIONS : • Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. • Association aux inhibiteurs de la mono-amine oxydase non sélectifs (IMAO), irréversibles (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions » du RCP). • Maladie hépatique entraînant une insuffisance hépatique (voir rubrique « Propriétés pharmacocinétiques » du RCP). • Association à la fluvoxamine, à la ciprofloxacine ou à l’énoxacine (inhibiteurs puissants du CYP1A2), associations entraînant une augmentation des concentrations plasmatiques de duloxétine (voir rubrique « Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions » du RCP). • Insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 ml/min) (voir rubrique « Mises en garde spéciales et précautions d’emploi » du RCP). • L’instauration du traitement par CYMBALTA est contre-indiquée chez les patients présentant une hypertension artérielle non équilibrée qui pourrait les exposer à un risque potentiel de crise hypertensive (voir rubriques « Mises en garde spéciales et précautions d’emploi » et « Effets indésirables » du RCP). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI(*) : • Prudence dans les situations suivantes : antécédent d’épisode maniaque ou diagnostic de trouble bipolaire et/ou convulsions, pression intra-oculaire élevée ou risque de glaucome aigu à angle fermé, traitement par d’autres médicaments associés à des atteintes hépatiques, chez les patients prenant des anticoagulants et/ou des médicaments modifiant la fonction plaquettaire et ceux prédisposés aux saignements, chez les patients à risque augmenté d’hyponatrémie comme les patients âgés, cirrhotiques, déshydratés ou traités par diurétiques. •Surveillance de la pression artérielle recommandée chez les patients présentant une hypertension artérielle et/ou une cardiopathie. • Prudence lors d’association avec d’autres antidépresseurs ; association avec les IMAO sélectifs réversibles déconseillée. • Risque suicidaire : - Trouble dépressif majeur et trouble anxiété généralisée : La dépression est associée à un risque accru d’idées suicidaires, d’auto-agression et de suicide persistant jusqu’à obtention d’une rémission significative. Surveillance étroite en début de traitement, jusqu’à obtention d’une amélioration clinique et particulièrement chez les sujets à risque (patients de moins de 25 ans traités par antidépresseur, patients ayant des antécédents d’évènements de type suicidaire ou d’idées suicidaires significatives avant le début du traitement et patients présentant d’autres troubles psychiatriques). • Douleur neuropathique diabétique périphérique : comme pour les antidépresseurs, des cas isolés d’idées et de comportements suicidaires ont été rapportés avec la duloxétine ou peu après son arrêt. (cf. supra concernant facteurs de risque suicidaire dans la dépression et incitation des patients à signaler toute pensée ou sentiment de détresse). - Utilisation déconseillée chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans. • Lors de l’arrêt du traitement, diminuer progressivement la posologie sur une durée d’au moins 2 semaines. • Sujet âgé : Prudence en raison de données limitées en cas de traitement à la posologie maximale (120 mg/jour) pour trouble dépressif majeur ; et en cas d’utilisation dans le trouble anxiété généralisée. • Risque d’akathisie, l’augmentation des doses peut être préjudiciable dans ce cas. • En raison de la présence de saccharose, les patients atteints d’intolérance au fructose, de syndrome de malabsorption du glucose et du galactose, ou de déficit en saccharose-isomaltase, ne doivent pas prendre ce médicament. INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES(*) : • Prudence si association de CYMBALTA avec d’autres médicaments ou substances agissant sur le SNC dont l’alcool, des médicaments sérotoninergiques, des médicaments principalement métabolisés par le CYP2D6 en particulier si leur index thérapeutique est étroit, des anticoagulants oraux ou antiagrégants plaquettaires, le millepertuis • Ne pas prescrire CYMBALTA dans les 14 jours suivant l’arrêt d’un IMAO. Ne pas initier un IMAO avant un délai d’au moins 5 jours après l’arrêt de CYMBALTA. GROSSESSE et ALLAITEMENT(*) : Grossesse : administration uniquement si les bénéfices potentiels justifient les risques fœtaux potentiels. Des données épidémiologiques suggèrent que l’utilisation des ISRS au cours de la grossesse pourrait augmenter le risque d’hypertension pulmonaire persistante chez le nouveau-né (HPPN). Bien qu’aucune étude n’ait exploré l’association entre HPPN et un traitement par IRSNA, ce risque potentiel ne peut être exclu avec la duloxétine. Comme pour d’autres médicaments sérotoninergiques, des symptômes de sevrage peuvent survenir chez le nouveau-né dont la mère a été traitée par la duloxétine en fin de grossesse. Allaitement : administration déconseillée. CONDUITE ET UTILISATION DE MACHINES(*) : Nécessité d’éviter en cas de sédation ou vertiges. EFFETS INDÉSIRABLES(*) : Très fréquents (≥ 1/10) : céphalées, somnolence, sensations vertigineuses, nausées, sécheresse de la bouche. Fréquents (≥ 1/100, < 1/10) : palpitations, tremblements, paresthésies, vision floue, acouphènes, diarrhée, vomissements, éruption cutanée, hypersudation, spasmes musculaires, douleurs musculo-squelettiques, fatigue, douleur abdominale, insomnie, anxiété, agitation, baisse de la libido. Peu fréquents (≥ 1/1 000, < 1/100) : augmentation de la créatinine phosphokinase (CPK), tachycardie, arythmie supraventriculaire, hypertension, dyskinésie, akathisie, syndrome des jambes sans repos, mydriase, rétention urinaire, douleur thoracique, réactions de photosensibilité, hyperglycémie (particulièrement chez les patients diabétiques), idées suicidaires, syncope, hypotension orthostatique, hémorragie gastro-intestinale, augmentation de la pression artérielle, malaise, hépatite, augmentation des enzymes hépatiques, hémorragie gynécologique et désorientation. Rares (≥ 1/10 000, < 1/1000) : syndrome sérotoninergique, agitation psychomotrice, symptômes extrapyramidaux, convulsions, glaucome, crise hypertensive, insuffisance hépatique, ictère, syndrome de Stevens-Johnson, œdème de Quincke, hyponatrémie, SIADH, réaction anaphylactique, comportements suicidaires, manie, hallucinations, agressivité et colère. L’arrêt du traitement par duloxétine (particulièrement s’il est brutal) induit fréquemment des symptômes de sevrage, généralement d’intensité légère à modérée et spontanément résolutifs. PHARMACODYNAMIE(*) : • Antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline. (*) Pour une information complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le site internet de l’Afssaps. LISTE I Remb. Séc. Soc. à 65 % dans les seules indications : - Traitement du trouble dépressif majeur ; - Traitement de la douleur neuropathique diabétique périphérique chez l’adulte. Collect. Non remb. Séc. Soc. et non agréé Collect. dans l’indication « Traitement du trouble anxiété généralisée ». Modèle hospitalier : Collect. - NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTERIEUR : CYMBALTA - gélules gastro-résistantes - voie orale - plaquettes thermoformées : 30 mg - boîte de 7 - EU/1/04/296/006 – CIP 3400937023757 - Prix : 5,71 € ; 30 mg - boîte de 28 - EU/1/04/296/001 – CIP 3400936586451 - Prix : 21,25 € ; 60 mg - boîte de 28 - EU/1/04/296/002 – CIP 3400936586512 - Prix : 32,12 € ; 60 mg - boîte de 100 (chaque emballage multiple contient 5 boîtes de 20 gélules) - EU/1/04/296/008 - CIP 3400957077730 - Modèle hospitalier. Date de dernière révision : 27 janvier 2011. Titulaire de l’Autorisation de Mise sur le Marché : Eli Lilly Nederland BV, Grootslag 1-5, NL-3991 RA Houten, Pays-Bas. LILLY FRANCE SAS 13, rue Pagès 92158 SURESNES Cedex. Tél. : 01.55.49.34.34. Information Médicale et Pharmacovigilance : Tél. (n° vert) : 0800 00 36 36 - Fax : 01 55 49 33 07 - Société par Actions Simplifiée au capital de 358 511 701 € - 609 849 153 R.C.S. Nanterre - CYMBALTA _ MLA _ version1-février2011. - FRCYM00249 - Juin 2011 - © Lilly - Tous droits de reproduction réservés. Efficace pour viser la rémission complète